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RECITS DE MES VOYAGES EN ASIE DEPUIS 2002
26 juillet 2015

ANNEE 2002: THAILANDE - LAOS - CAMBODGE

   ANNEE 2002

Thaïlande - Laos - Cambodge

THAÏLANDE

 Vol Nice/Bangkok.

Nous sommes le 23 Février 2002, il est 18 h 50, mon avion de la compagnie SAS décolle enfin. Après un modeste repas servi à bord, composé d’une cuisse de poulet et d’une omelette (certainement mon dernier repas continental), l’avion atterrit à Copenhague. En attendant l’envol du long courrier pour Bangkok,  je flâne pendant plus de quatre heures dans les galeries de l’aéroport. Le vol est annoncé, je m’empresse de regagner la porte B 32. Avant que le sommeil ne me gagne j’entreprends quelques mots fléchés, écoute de la musique puis regarde Harry Potter. Le film terminé, je consulte les informations sur la situation de mon vol. L’avion survole Varsovie puis la mer noire, l’altitude est de 9000 mètres, la vitesse de 900 km/h et la température extérieure entre -48 à -60°C. Je plonge rapidement dans un profond sommeil pour me réveiller quelques heures plus tard à l’à-pic de Téhéran. L’avion poursuit sur Kaboul, Karachi, Delhi, Calcutta, et entame sa longue descente sur Bangkok.

Mon arrivée à Bangkok.

15 h 15 heure locale (10 h 15 en France). Après avoir accompli les diverses formalités de rigueur et traversé les multiples couloirs de l’aéroport Don Muang, j’arrive dans le grand hall où m’attend Alain.   Alain, c’est mon copain grassois qui vit depuis plus de 17 ans  en Thaïlande au Nord-Est de Bangkok. J’ai droit à un accueil chaleureux et sans plus attendre nous allons récupérer mes valises et quittons l’aéroport pour nous rendre au parking. Il faut maintenant que je m’acclimate. Le soleil plombe sur Bangkok, il fait 39°C. Une fois dans la fourgonnette climatisée Alain me conduit au quartier Sukunvit. C’est l’enfer ! Une activité à couper le souffle et une vie trépidante règnent sur la capitale Thaïlandaise. Cette activité est partagée par plus de dix millions d’habitants qui vivent au milieu d’un vacarme infernal ponctué de grondements de moteurs de coups de klaxons, d’un enchevêtrement de véhicules de tous genres, toutes tailles, toutes couleurs, et un déferlement de tuk-tuk, de motos et de songthaews. je suis impressionné par ces policiers et ces chauffeurs de taxi, qui pour échapper à l’agression du monoxyde de carbone portent des masques de tissu blanc fixés sur le bas du visage, tenus par deux élastiques. Une heure de route sépare l’aéroport Don Muang et le quartier Sukunvit où je dois m’installer. En Thaïlande on roule à gauche mais le plus souvent au milieu. Bonjour la circulation ! C’est à la vitesse moyenne de 25 à 30 km/h que nous pénétrons dans la capitale et nous y resterons jusqu’à notre arrivée à l’hôtel « Royal Benja ». L’hôtel est un gratte-ciel de 38 étages, il se situe au soi (rue) N°7, près de la station de métro « Nana ». A peine arrivé, un groom se précipite vers moi et s’empare de mes bagages avec mille courbettes. Je me présente à la réception pour l’affectation de ma chambre. C’est la chambre 3413, au 34 éme étage, une véritable suite de 45 mètres carrés avec deux pièces, trois lits et une salle de bain de 18 m2. Pas de répit, après un bien agréable bain et un break de trente minutes je repars avec Alain au siège de Aromaflor, sa société de compositions aromatiques, adresse: Aromaflor, 943 Rama IX road, Kwang Suan Luang, Bangkok.

Bangkok: la rue - les transports.

Se jeter seul dans les rues de Bangkok est une épreuve, il faut se familiariser avec les gens, les enseignes, l’écriture Thaï  et la langue aux multiples intonations et aux accents aiguës très prononcés. Bien que le quartier Sukunvit ne reflète pas le vrai visage de la Thaïlande, quelques conseils me sont bénéfiques pour ne pas me laisser tenter de nuit comme de jour par les mœurs pratiquées dans cette ville. Le quartier est un gigantesque marché avec un nombre indescriptible de boutiques et d’échoppes de tous genres: souvenirs, gadgets, pièces d’art douteuses, contrefaçons........Des restaurants, en veux tu ? En voilà ! des fixes, des ambulants, mais aussi des boites de nuit, des bars à nanas et à entraîneuses. Vite ! Une bière “Singha” dans un gogo girls bar entouré de ravissantes créatures souriantes aux yeux noir en amandes, à la chevelure longue et noire et à la peau lisse comme de la soie. Après cette halte nous poursuivons sur Mooban Seri, là où habite Alain. La route est encore longue et durant le trajet Alain a le temps de me donner quelques conseils sur les moyens de déplacements dans l’infernale métropole. Le taxi est le meilleur moyen de transport à Bangkok, après 35 bahts (0,80 euro) de prise en charge, c’est le compteur qui fait le prix. Tous les taxis sont climatisés et c’est fort agréable dans les embouteillages. Sinon, il y a les bus urbains qui permettent de relier tous les points de la ville pour une poignée de bahts (monnaie locale), mais ce sont de véritables saunas ambulants, excepté les bus  gouvernementaux de couleur orange qui sont excessivement climatisés. Et puis il y a les tuk-tuk à n’utiliser que si l’on est pressé, ils se faufilent de partout à travers la circulation dense, mais ils pratiquent souvent des tarifs à la tête du client selon les heures ou les quartiers à desservir. Les tuk-tuk vont très vite et ne se contentent que de deux personnes. Souvent, ils sont  beaucoup plus remplis de marchandises diverses que de passagers. Il y a aussi les Songthaews, des sortes de minibus sans vitres qui peuvent transporter jusqu’à douze personnes entassées. Le prix d’une course est dérisoire mais il est difficile de connaître leur réseau. Le “Sky train” est un magnifique métro aérien moderne qui ne dessert que très peu de destinations, il a la réputation d’être très cher pour les thaïlandais. Bangkok est construite sur des marécages et le meilleur moyen pour se déplacer dans le cœur de la ville est le bateau ou les pirogues longues queues à moteur. Le vieux Bangkok, “Thonburi” est truffé de “klongs” (canaux) qui permettent de s’infiltrer de partout. Bangkok est traversée par la rivière “Chao Praya”, où de nombreux bateaux-bus vont de port en port pour desservir un bon nombre de hauts lieux touristiques.

Ma première soirée chez Alain.

Arrivé à Aromaflor je fais la connaissance de Tim,  le sympathique et souriant employé d’Alain. Nous regagnons la maison d’Alain qui est située dans un quartier calme de la ville loin du trafic dans un petit oasis, tout près du stade olympique, adresse: Mooban Seri, Bankapi, 11 soi 7. La villa d’Alain est immense, elle est entourée d’un agréable jardin exotique qui dégage une senteur d’herbe humide. Alain me présente Puk son épouse, ses deux enfants et le personnel féminin. Une bonne a la charge de l’entretien et une nounou s’occupe des enfants. Il y a aussi un invité, Philippe Collet, un parfumeur qui travaille à Grasse chez expression parfumée, il est en voyage d’affaires à Bangkok. Après quelques pastis nous passons à table pour déguster de la viande au curry, des nouilles thaï frites un Thom Yam Kaï et du riz thaï accompagné de légumes variés de cacahuètes et de crevettes. Tous ces petits plats sont très relevés et ont un goût de citronnelle de gingembre et de bergamote. Pour accompagner ces bons petits plats Alain ouvre une bouteille de bordeaux. Il est 21 heures, les moustiques passent à l’attaque, quatre puissants ventilateurs chassent ces désagréables bestioles (les moustiques n’aiment pas le vent !). Il fait encore 33 °C, nous traînons jusqu’à 2 heures du matin puis un taxi vient nous chercher. Philippe et moi même regagnons nos hôtels respectifs. Demain ce sera ma première journée lâché tout seul dans Bangkok.

Les orchidées  -  Rencontre de Rattana.

Ma première nuit au « Royal Benja » m’a été fort réparatrice. Après un petit déjeuner moitié thaï moitié européen, me voila parti pour la découverte de la ville. Je commande un taxi qui me dépose sans mon consentement chez un tailleur de costumes puis dans la plus grande fabrique de bijoux de Bangkok. Arrêt intéressé, car le chauffeur qui y conduit des clients potentiels reçoit un pourboire et des bons d’essence. Ces arrêts imprévus, imposés et sans intérêt m’ont fait perdre beaucoup de temps. Je me fais alors déposer et poursuis à pied pour tenter maintenant d’atteindre la rivière Chao Phraya qui traverse Bangkok du nord au sud. La Chao Phraya sera mon point de départ et mon repère pour visiter les curiosités du vieux Bangkok. Dans tous les petits ports qui jalonnent la rivière je trouve des échoppes qui sont très animées de l’aube jusqu’au soir très tard. Je traverse le gigantesque pont  Rama VII qui enjambe la Chao Praya et me retrouve sur l’autre rive où se trouve le grand marché aux fleurs, le plus grand de Bangkok. Stupéfaction ! Les orchidées sont déchargées à la fourche, il y en a des tonnes de toutes les  formes et de toutes les couleurs, une merveille !  Des femmes devant leurs étalages utilisent des immortelles et des boutons de jasmin pour  confectionner des colliers, des gerbes, des couronnes, et des bracelets destinés à être remis à Bouddha en guise d’offrandes. L’orchidée est la fleur emblème de la compagnie aérienne Thaï Airway.  Il a fallut attendre le 19ème siècle pour comprendre qu’il ne fallait pas mettre les orchidées en pots car leurs racines ont besoin de lumière solaire, de chaleur et d’humidité. C’est dans les années soixante qu’un français a découvert le micro-bouturage et par conséquent leur multiplication. Il existe aujourd’hui 3000 espèces d’orchidées différentes. En quittant le marché, je ne sais plus où je me trouve. Après plus d’une heure dans ce labyrinthe, impossible de me remettre sur le bon chemin. Comment aller au temple du bouddha couché ?  Je tourne en rond et me retrouve à l’endroit même où je suis déjà passé plusieurs fois. Je suis bel et bien perdu ! J’interpelle un jeune thaï qui ne connaît pas un mot d’anglais et tente de comprendre où se trouve le fameux temple, mais c’est en vain ! Que faire ? J’avance de quelques mètres et rencontre une ravissante piétonne à la fine silhouette et au sourire étincelant. Elle parle l’anglais et connaît très bien Bangkok. Je viens de tirer le gros lot !  C’est Rattana, mon joker !  Elle m’attrape par le poignet et m’entraine hors de ce coin que je commençais à maudire. Je suis maintenant rassuré et prends le temps de contempler les magnifiques portes d’accès au temple mais aussi la belle silhouette de Rattana. Elle me conduit au Wat Pho, le fameux temple du bouddha couché. L’entrée est payante pour les touristes mais gratuite pour les thaïlandais. Nous déposons nos chaussures pour pénétrer dans l’enceinte.  Sublime !

 Le temple Wat Pho.

Le Wat Pho a été édifié par le roi Rama 1er au XVIII ème siècle, c’est le plus vieux et le plus grand temple de Bangkok. On y rencontre beaucoup de bonzes pratiquant la méditation et des diseurs de bonne aventure. A l’entrée du temple il  a deux gigantesques personnages de pierre coiffés d’un haut de forme coloré. A l’intérieur du temple un immense bouddha couché de 45 mètres de long et de 15 mètres de haut est recouvert d’une fine pellicule d’or, ses pieds sont incrustés de nacre, sa position couchée est celle qui précède l’atteinte du nirvana, point de libération du cycle des réincarnations. Au fond de l’enceinte je me rends à l’école des massages traditionnels où des étudiantes se font la main. La séance dure trois quarts d’heure à l’aide de deux herbes différentes et coûte 180 bahts (4 euros). A l’issue du massage je retrouve Rattana et la conduis au fond du jardin exotique très ombragé où se trouve un petit kiosque à boissons. Nous faisons une longue pause, le temps de nous désaltérer et de faire plus ample connaissance. Dès lors, je suis pris en main et je peux ranger mon plan de Bangkok. Je fais maintenant entièrement confiance à ma guide. Elle a 41 ans et possède un commerce dans la galerie marchande de la grande surface “Carrefour” où elle vend des vêtements féminins et emploie une vendeuse de confiance. Elle a beaucoup de liberté.  Il fait très chaud cet après midi, de grosses gouttes de transpiration coulent sur mon visage, Rattana plonge sa main dans son sac et en sort un mouchoir en papier avec lequel elle m’essuie le front, elle est vraiment trop attentionnée ! La journée n’est pas terminée, nous nous dirigeons vers le Wat Phra Kaeo et le grand palais, qui sont deux autres merveilles de Bangkok.

Le temple Wat Phra Kaeo.

Le Wat Phra Kaeo et le grand palais sont un ensemble construit sous Rama IV en 1867 pour fêter le centième anniversaire de la dynastie Chakri (dynastie fondée par le Roi  Rama I, premier Roi de Thaïlande). L’enceinte du grand palais couvre 220  hectares, dont le temple Wat Phra Kaeo, temple bouddhique le plus fabuleux de Thaïlande édifié pour accueillir le bouddha d’émeraude. L’ensemble architectural est une envolée de toitures multicolores, de Chedî (tombes) scintillantes et de sculptures mythologiques. Les styles se mélangent, tout est en vrac. On y trouve des monuments divers: statues de gardiens colossales, bibliothèque, Panthéon royal, de nombreux pavillons et la salle du bouddha d’émeraude. Le bouddha d’émeraude est en jade verdâtre, et il est un peu ce que la vierge est pour Lourdes. Le bouddha est dans la position de méditation, assis les jambes repliées. Il est placé en haut d’un piédestal à dix mètres du sol et ne mesure que 75 centimètres, il  est très coquet !  L’autel sur lequel il est érigé est en bois incrusté d’or et les portes en nacre. De belles fresques retracent la vie de Bouddha où les trois mondes y sont évoqués: celui du désir, celui de la forme et celui de l’absence de forme. Mon caméscope chauffe ! C’est tellement beau !

 Les barges royales.

La journée qui avait très mal démarrée est devenue paradisiaque. Nous n’allons cependant pas traverser tout Bangkok aujourd’hui. Rattana sait maintenant que je ne suis pas dans son pays pour quelques jours mais que mon séjour en Asie durera longtemps, d’autant que j’ai encore énormément à faire au nord du pays, au Laos et au Cambodge. Il est grand temps maintenant d’aller déjeuner, j’invite Rattana dans un petit restaurant de quartier où nous continuons à faire encore mieux connaissance. Bon ! Cet après midi nous partons visiter le musée des barges royales, le musée est ancré sur les rives de la Chao Praya, il est construit sur pilotis sur le Khlong (canal) « Bangkok Noï ». C’est un immense hangar qui abrite huit barges monstrueuses parfaitement décorées et sculptées. Ces barges servent à véhiculer la famille royale lors des grandes réceptions et des fêtes de la cour. La plus ancienne barge mesure 43 mètres de long et compte 54 places assises pour les rameurs. Mon portable se met à sonner, je suis très surpris, tiens ! C’est Luc, un copain qui m’appelle de France, il ne sait pas que je suis parti et m’invite à une soirée à Auribeau. Ce sera pour une prochaine fois !

 Le temple de l’aube.

Sur l’autre rive de la Chao Praya se trouve le majestueux Wat Arun, ou « temple de l’aube ». Arun provient du nom de « Aruna » la déesse indienne de l’aurore. Le temple a été édifié au XIX ème siècle par Rama II et III, il est situé à Thonburi, autrefois capitale du pays. Le Prang (la tour) principal au centre de l’édifice est haut de 86 mètres, il est entièrement recouvert de morceaux de mosaïques cassées et ressemble à un immense patchwork. Pour admirer Bangkok de très haut et tirer quelques photos aériennes je grimpe les marches raides du prang. Rattana qui a la trouille m’attends à la réception. Après huit kilomètres de marche dans Bangkok, Rattana décide de m’accompagner jusqu’à l’hôtel “Royal Benja“. Un bon bain et une heure de relaxation sont bienvenus avant de rejoindre le piano bar pour y prendre un cocktail bien mérité.  Nous décidons d’aller dîner dans un restaurant coréen de Sukunvit près du marché de nuit. Excellent menu composé de mets délicats mais particulièrement relevés. Dommage !   Rattana regagne alors Bang Bua Thong au nord-ouest de Bangkok proche de Nonthaburi. Quand à moi, pour me remettre de cette belle journée, je m’en vais passer deux heures dans une boutique Internet pour y créer une adresse E-mail et envoyer mes premiers messages en France. Voici mon adresse électronique: mauricecostantin@orange.fr  Il est 1 h 30 du matin, il y a encore beaucoup de monde dans les rues et il fait 33°C. Je rentre siroter une dernière “Singha“ et gros dodo.   

Le marché flottant de Damoens Saduak.

Dring !  Dring !  Il est 7 heures, un monstrueux petit déjeuner m’attend, un véritable repas avec toutes les spécialités de tous les pays du monde. Je suis le seul européen au milieu de Thaïlandais, Japonais, Chinois, Coréens, Néo Zélandais et Australiens. Une fois rassasié je me dirige à la réception pour y déposer les clefs, et qui vois-je ? Rattana ! Elle s’est levée très tôt pour venir de Bang Bua Thong jusqu’ici à Sukunvit. Elle avait dans la tête de me faire découvrir son merveilleux pays mais peut être aussi de mieux me découvrir. Nous embarquons pour Damoens Saduak, avec elle il me sera plus facile de m’y rendre car ce n’est pas la porte à coté. Damoens Saduak se situe à cent kilomètres à l’ouest de Bangkok. Cette petite ville est réputée pour son gigantesque marché flottant qui est unique en Thaïlande mais très fréquenté par les touristes. Le détour en vaut cependant la peine. Ici toutes les vendeuses sont coiffées du traditionnel chapeau de bambou tressé semi conique, elles sont assises au fond de leurs barques et vendent toutes les denrées possibles, en général des fruits et des légumes d’une fraîcheur exceptionnelle. Beaucoup de ces petites embarcations sont  équipées de barbecues, de mini grills ou de fours, ainsi on peut manger de barque à barque à tout moment de la journée. Je m’arrête sur un ponton pour louer une barque équipée d’un moteur et négocie avec le batelier qui aura pour charge de nous balader sur les khlongs toute la matinée en amoureux comme à Venise. Quel cadre merveilleux ! Les mains se tendent d’une barque à l’autre, c’est un éternel échange de fruits, de poissons séchés, de boissons diverses. Rattana connaît bien le coin et demande au batelier de nous promener loin des canaux battus. Nous pénétrons dans des lieux moins fréquentés, le batelier coupe le moteur et continue à la rame, la barque avance tout doucement, ainsi il est plus facile de filmer, de s’arrêter plus souvent et de se rapprocher de la population. Les maisons de bois sur pilotis sont ravissantes et toutes décorées de pots de fleurs de toutes les couleurs. C’est presque authentique, des femmes puissent de l’eau pour faire la vaisselle, d’autres lavent leur linge à même le canal. Autour d’elles, les enfants se baignent et les plus vieux enfoncés dans de minuscules barques, pêchent. C’est sublime !

Rose Garden.

Nous quittons Damoens Saduak vers 14 heures et décidons d’aller à “Rose  Garden“. Rose Garden est un grand parc d’attractions avec d’innombrables boutiques, un superbe petit lac et un amphithéâtre couvert dans lequel on peut assister deux fois par jour à un spectacle folklorique typiquement thaïlandais. Le spectacle auquel nous assistons est agrémenté de théâtre classique, de défilés, de jeux d’adresse, de boxe Thaï, de reconstitutions de scènes de vie locale, de combats au sabre et de danses folkloriques, dont la danse des ombrelles et la danse des éventails. Non loin de l’amphithéâtre nous allons nous promener dans le célèbre jardin des roses pour aller voir l’atelier de peinture sur ombrelles. Avant de quitter Rose Garden nous allons faire un dernier tour à la fosse aux éléphants où les pachydermes offrent un spectacle de travaux des champs insolite mais pas vraiment passionnant ! A l’issue de cette journée chargée en émotions c’est un taxi qui nous ramène à Bangkok. Ce soir Rattana ne rentrera pas chez elle car je lui offre l’hospitalité, elle s’installera avec moi au Royal Benja. Après une sieste et quelques massages nous revoilà sur pieds pour rejoindre le piano bar. En face de la station de métro “Nana“, se trouve le restaurant français où l’on peut manger du foie gras, il est fermé aujourd’hui. Nous changeons alors totalement d’idée et finissons  dans un restaurant égyptien pour y déguster des pigeons et du blé. Après ce bon repas, un dodo bien mérité vient à point.

La maison de Jim Thompson.

Par ce beau matin de février nous nous rendons à la maison de Jim Thompson en empruntant un taxi, un tuk-tuk et le Sky Train. L’entrée est payante, 100 Bahts (2 Euros). Il s'agit d’une des dernières véritable maison thaïlandaise en teck, implantée au centre de Bangkok au bord d’un khlong dans un merveilleux jardin exotique luxuriant.  Jim Thompson était un ancien agent de la C.I.A reconverti pour relancer le marché de la soie. Il disparut mystérieusement un beau jour de 1967 en Malaisie. Très louche !  Dans cette maison j’apprécie particulièrement la succession de pièces toutes différentes les unes des autres, décorées d’objets d’art de pur style thaïlandais: vaisselles, sculptures, porcelaines, bouddhas de bois ou de jade. Alors qu’une étudiante thaïlandaise nous raconte en anglais l’histoire du site, elle s’écroule et tombe subitement dans les pommes. Les ventilateurs s’activent, une dame sort de son sac la pommade magique “tiger balm” et lui masse les tempes. Mais pas de miracle, il faut alerter le Samu local. Chose faite, nous continuons la visite sans guide !

Le palais Suam Pakard.

Après la maison de Jim Thompson c’est à Suam Pakard Palace que nous nous rendons, plus exactement à la maison du gouverneur, 100 Bahts la visite (2 euros). Au fond d’un immense parc avec des parterres de nénuphars se trouve un ensemble de six maisons traditionnelles en bois, reliées entre elles par des passerelles de teck. Elles appartiennent à la princesse Chumbhot, femme d’affaires et collectionneuse de pièces d’art. Chacune des pièces de ces maisons renferment des objets d’art uniques: des sculptures Khmères, des boîtes incrustées de nacre, des boîtes à bétel en ivoire, des instruments de musique, des poteries, des masques superbement peints. Le pavillon du fond faisait parti du monastère, à l’intérieur on y  trouve des panneaux de bois peints de laque noire et dorés à l’or fin. Nous faisons un maigre repas dans les allées du parc et Rattana décide de me faire goûter une spécialité de couleur rougeâtre, un mélange de raisins secs, glace pilée, lait entier, poudre de noix de coco, le tout recouvert de sirop de grenadine. Un mélange très nourrissant mais très écœurant à mon goût  !

Chinatown.

A quelques enjambées du quartier Thewet, le Flowers Market est le marché des plantes tropicales et des orchidées. Il y fait très chaud et une nouvelle halte s’impose pour boire un liquide laiteux mi-gris, mi-verdâtre, du « Vitamilk », excellent pour éveiller les sens, dur à avaler mais plein de vitamines ! Maintenant, pour aller au quartier Indien et à Chinatown nous retournons vers la Chao Phraya et prenons le bateau bus archi bondé. En traversant le quartier indien nous longeons des boutiques de vêtements admirables et de tissus vendus au mètre, entre autre, des saris aux couleurs flamboyantes. L’atmosphère change subitement et voici le panneau Chinatown. Aussitôt, d’innombrables échoppes s’offrent aux passants: des commerces à bijoux, des apothicaires et des cantines fumantes et ambulantes d’où se dégagent les senteurs de la Chine profonde. Nous nous enfonçons dans les minuscules ruelles de part et d’autre de Charoen Krung, et là, c’est le bric-à-brac de vieilleries de tous genres et des odeurs terrifiantes de viandes fumées et de poisson séché. Des fruits d’importation en veux-tu ? En voilà: des pommes de Corée, des poires d’Australie, du raisin d’Amérique, cinq fois plus chers que les produits locaux. Pour une poignée de bahts je me fais coiffer et raser par un barbier vitrine sur rue. Six petits chinois me dévisagent les grands yeux écarquillés. Des vieillards tout fripés assis sur des billots de bois fument des “Beedees” (cigarettes indiennes) et boivent du mauvais whisky, les plus jeunes vident leurs chopes de Tsing Tao (bière chinoise) et chantonnent. Tout au fond d’une ruelle se trouve “le marché aux voleurs” où sont vendues les marchandises chapardées et près du temple chinois de Leng Noi Yee foisonnent les boutiques d’antiquaires dans une atmosphère “Tintin et le lotus bleu“. Devant l’entrée de l’hôpital chinois il y a un superbe temple bouddhique, une halte recueillement s’impose, Rattana comme toutes les thaïs est croyante et superstitieuse, elle fait brûler trois bâtons d’encens et dépose deux grosses fleurs de lotus aux pieds de Bouddha, puis agenouillée, elle se signe trois fois et récite quelques mantras. Journée malgré tout bien remplie, nous regagnons l’hôtel assez tôt pour une petite sieste réparatrice et puis ce soir nous partirons dîner dans un restaurant à la criée. Sur une immense esplanade se trouvent pas moins d’une trentaine de restaurants situés côte à côte, et au beau milieu de la place des centaines de chaises et quelques tables. Chaque restaurateur au pied de sa boutique brandit sa carte tout en criant pour promouvoir son plat du jour. Je me déplace pour aller passer commande et aussitôt les serveuses s’activent et chargent notre table de bols, d’assiettes, de sauces piquantes et de riz blanc. Un gros serveur nous apporte un saladier rempli de petites anguilles encore vivantes. Pour les manger il faut les ébouillanter en les trempant dans une soupe à 80 degrés sans les couper et les porter à la bouche comme de gros spaghettis. C’est succulent ! Dodo ! Demain je quitterai le Royal Benja pour aller m’établir à Bang Bua Thong Chez Rattana.

Mon appartement à Bang Bua Thong.

J’ai trouvé un nouveau toit à Bang Bua Thong sur la commune de Nonthaburi au nord-ouest de Bangkok  (un peu comme Nanterre par rapport à Paris), adresse: Rattanakorn Chararot, 161/20 soï Maïtree Util, M.Nareenakon, Bangrak Pattana. Bang Bua Thong. Nonthaburi. Rattana vit avec sa sœur Bang On qui a six ans de moins qu’elle et qui travaille à la direction de la grande chaîne de magasins d’enseigne japonaise “Jusco”. Bang On est une fille admirable et travailleuse, elle abat  treize heures de boulot par jour. Bang On a toujours le sourire et aime bien plaisanter. Avec sa sœur elles ont acheté cette maison accolée à une autre, dans un lotissement à proximité d’un khlong. Pour pénétrer dans mon nouvel appartement il faut que je me déchausse  et que je traverser une courette. Au rez-de-chaussée il y a une pièce unique qui sert de salon, de salle à manger et de cuisine, il n’y a que très peu de meubles. Des escaliers permettent d’accéder à l’étage où se trouvent deux petites chambres et une grande salle de bain. Heureusement que l’étage est climatisé car cet appartement est un véritable sauna. Désormais je vivrai ici jusqu’à mon départ pour le nord.

Rencontre de Kwang et visite de Golden Mountain.

Aujourd’hui c’est samedi Rattana doit aller à Pathunam pour y rencontrer les grossistes en vêtements et négocier les nouvelles collections, quant à moi, me voila largué seul dans les rues de Bangkok. J’ai décidé d’aller visiter « Golden mountain » et le « Wat Si Saket. » J’ai mis beaucoup de temps pour trouver mon chemin et il est déjà 11h30. Pour me saouler des bonnes senteurs épicées, je m’arrête devant un restaurant typiquement thaïlandais où les plats mijotent dans de grandes marmites, . Apparaît alors Kwang, la fille du restaurateur. Kwang parle l’anglais aussi mal que moi, elle me prend en sympathie et n’arrête plus de me causer moitié thaï moitié anglais. Tous les voisins du quartier sont alertés par ma présence et viennent découvrir la curiosité “Bimbo”, le seul ici à la peau blanche et aux cheveux blancs, le “Farang” (l’étranger). En Thaïlande les thaïs, hommes et femmes sont copie conforme, tout le monde a les cheveux noirs, les yeux noirs bridés, la peau lisse et le sourire en prime. Bien guidé dans mon choix culinaire j’opte pour un ragoût de porc haché accompagné de feuilles de basilic et d’ail. Avec ce plat suivent de petits bols remplis d’une nourriture inconnue à mon palais, parfois succulente, parfois écœurante. Kwang vient me tenir compagnie et déjeune avec moi. Le repas durera deux heures. Le restaurant c’est Kanolpan Lekkansuvan, adresse: Kanolpan Lekkansuvan soi 52/8 Mahajak Road  Tel: 09786 74 12. Maintenant en possession des précieux renseignements que j’ai obtenus auprès de Kwang, je poursuis mon chemin et me dirige vers Golden Mountain. Il me faut quinze minutes pour gravir les 330 marches de l’escalier en colimaçon qui grimpe au sommet de la colline. Là haut se dresse un gigantesque temple avec un grand chedhi central (un tombeau)  de couleur jaune or. Le « Wat Si Saket » est habité par un grand nombre de bonzes tous très cultivés, j’ai la chance d’assister à un t’chat en anglais, donné par le doyen mais je ne m’attarde pas car il faut que je rentre tôt, Tim, l’employé de mon copain Alain doit venir nous chercher à Bang Bua Thong pour aller dîner en famille. A peine arrivé à la maison, la voiture d’Alain pilotée par Tim est déjà là, vite une douche rapide et nous partons vers Mooban Seri. Tim travaille depuis six ans chez Alain, lannée prochaine il quittera la société pour un an afin d’aller accomplir une vie d’ascète et pratiquer la méditation. Beaucoup de thaïs se sacrifient pour cette expérience, c’est un peu leur service militaire au service de la religion. Nous débarquons au domicile d’Alain, je présente ma copine qui sympathise de suite avec Puk l’épouse d’Alain. Après quatre pastis, les plats déferlent sur la table ainsi que deux bouteilles de Bordeaux. Tout le monde se met en quatre pour que cette soirée soit mémorable. Après les spécialités thaïs et le bon rouge, Alain va décongeler le roquefort qu’il a l’habitude de conserver religieusement. Il sera vite deux heures du matin. Ah ! Ca fait plaisir d'un peu parler français et surtout de se remémorer les bons vieux souvenirs d’enfance grassoise. 3h30 , il faut rentrer. Allo Taxi !

Muang Borang ou Ancient City.

Aujourd’hui dimanche Rattana et sa sœur passeront la journée avec moi à Ancient City.  A l’entrée du domaine nous louons trois vélos pour parcourir les kilomètres indispensables pour ne rien louper de ce site. Ancient City est la folie du concessionnaire Mercédès pour la Thaïlande. Milliardaire, il a laissé la quasi totalité de sa fortune pour recréer et reconstituer 80 grands monuments à taille presque réelle sur plusieurs dizaines d’hectares. La reconstitution est superbe, entre autre celle du temple Khao Phra Wihan, celle du temple khmer construit sur une colline artificielle, et celle du Sanphet Prasat, le grand temple d’Ayutthaya. Il a aussi recréé un marché flottant avec ses passerelles ses kiosques et ses  maisons de bois. C’est sur ce site que nous prenons le déjeuner. Nous optons pour un Thom Yam Kung, (soupe de poisson thaïlandaise à la citronnelle et au gingembre) et une Khao Tom Pla, (soupe à la sauce de poisson). Un délice !

La ferme aux crocodiles

Après plus de cinq heures passées à Muang Borang nous prenons un Songthaew pour nous faire déposer à la ferme aux crocodiles. 300 bahts l’entrée (6 euros). Spectacle hallucinant ! Je n’avais jamais vue autant de crocodiles de ma vie  en si peu de temps, (60 000 bestioles de 9 espèces différentes). Le plus impressionnant est le Salt-water qui mesure plus de 4 mètres de long. Au fil du spectacle nous assistons à des scènes impressionnantes, entre autre l’heure du repas des sauriens. Des enfants du haut d’un ponton attachent des pièces de viande fraîche au bout d’un fil solide qu’ils présentent aux crocodiles affamés qui se battent pour les dévorer. Tous les après midi il y a deux spectacles de domptage. Au péril de sa vie un saltimbanque maîtrise la bestiole et pour une poignée de bahts il enfouit son crâne entre les mâchoires du monstre. Dans un bâtiment près de l’entrée se trouve la couveuse où éclosent les œufs, ici les crocodiles ne font que 20 à 25 centimètres de long. Tout au fond du parc sont parqués les doyens en bout de vie, ils sont entassés les uns sur les autres, il y en a des centaines, ça pue ! C’est affreux !  Nous quittons la ferme pour Bang Bua Thong. A l’issue d’une petite hygiène corporelle nous nous rendons dans un restaurant thaï (mi-thaï, mi-européen). C’est très propre et tous les plats sont bien chargés en gingembre, ça ne peut faire que du bien. La nuit fut excellente !

 Le marché du week-end

Aujourd’hui nous voilà partis au marché de Chatuchak. Un tuk-tuk nous dépose à la station de métro Siam et nous descendons à Mo Chit, l’ultime station au nord de Bangkok sur Pahon Yothin Road. Ce lieu est l’enfer du bruit et de la pollution, la densité du trafic routier est démente. Vite ! Nous allons nous réfugier sous les bâches colorées du marché et là, nous trouvons de tout: souvenirs en tous genres, vêtements typiques thaïs, matériel de cuisine, alimentation, animaux, tissus et cotonnade, objets d’artisanat local…. Ici c’est la mode à tout petit prix: maillot de bain pour trois dollars, tee shirt pour deux dollars...... Sous des kilomètres d’allées bâchées il y a des points de repos, des restaurants traditionnels et des attractions, à savoir les célèbres combats de coqs. Nous avons une petite faim et par bonheur nous trouvons un restaurant qui cuisine à merveille les Pad Thaï. C’est le plat national réalisé à partir de nouilles de farine de riz sautées arrosées de citron vert et saupoudrées de piments, le tout garni de cacahuètes et chargé en sauce au poisson. Très relevé si l’on ne précise pas « Maï Pet », mais très bon ! Après les emplettes nous retournons au foyer. Sous l’escalier de bois qui mène aux chambres il y a un petit autel tout illuminé au cœur duquel repose un mini Bouddha derrière trois pots de fleurs. Tous les matins, Rattana et sa sœur font brûler des bâtons d’encens. La fumée monte à l’étage et gagne mes narines, c’est l’heure du petit déjeuner: thé au citron ou au gingembre, œufs au plat, saucisses thaïs, et riz blanc. Ce matin je passe un long moment à entretenir le petit jardin qui se trouve derrière la maison, j’arrache les mauvaises herbes et change l’eau de la coupelle remplie de fleurs de nénuphars. Je vais ensuite me balader dans le lotissement où je rencontre d’adorables voisins pour passer un moment à jouer au ballon avec les enfants. Partout je suis super bien accueilli, je m’attarde, discute avec tout le monde, avec la bouche et avec les mains. Le temps passe vite, il est temps de se mettre à table. Après le riz blanc gluant et une montagne de fruits frais: mangues, leeches, pastèque, pomelos, et durian, les ventilateurs s’actionnent et la climatisation se met en branle, ce sera alors une longue et “chaude” sieste avant d’aller récupérer Bang On chez “Jusco”. Dans la galerie marchande de “Jusco”, en attendant que Bang On termine sa journée nous prenons un expresso thaï au goût de nescafé. C’est dans ce magasin que j’ai trouvé mon livre de cuisine thaïlandaise en français. Un taxi nous prend tous les trois et nous regagnons la maison pour y prendre notre dernier repas ensemble. Et oui ! Demain à l’aube je quitterai la capitale pour quelques jours, afin d’aller conquérir l’ouest du pays.

Rencontre de France à Kanchanaburi

Ce matin à 6 h 30 précise je me rends à mon rendez-vous où je suis accueilli par une guide et un chauffeur de bus chargés de récupérer huit étrangers avec qui je vais partir vivre une petite aventure. Il y a un français, “bibi”, deux australiens, deux danoises, un jap, un couple d’écossais et une belge. La belge se prénomme France, c’est la seule avec qui il m’est facile de communiquer du fait quelle pratique un très bon français, elle n’est pas très belle mais qu'elle gentillesse ! Adresse: demarbaix.france@hotmail.com. Nous ne nous quitterons plus d’une semelle pendant notre exode. France est une photographe érudite, je m’en suis rendu compte à notre première halte au cimetière des alliés de Kanchanaburi, dès qu’elle s’est mise à mitrailler les centaines de tombes. Kanchanaburi est une gentille bourgade située à 150 kilomètres à l'ouest de Bangkok. La ville s’étend sur cinq kilomètres, le long de la rivière Kwaï. Avant d’aller déjeuner, nous allons visiter le JEAATH museum. Le musée rassemble des objets, des images et des gravures qui rappellent les incroyables souffrances endurées par les prisonniers de guerre pour la construction du chemin de fer reliant le Siam au Myanmar (Birmanie). La visite des prisons et des dortoirs des prisonniers est particulièrement  émouvante.  JEAATH sont les initiales de Japan, England, América, Australia, Thailand et Holland. Il est Midi, nous prenons notre premier repas en groupe dans le centre de la ville près du temple Lak Muang où les femmes viennent prier contre la stérilité face à un gigantesque phallus recouvert d’or. Le repas terminé, nous allons visiter la grotte de la “nonne flottante”. Située dans le temple de Tham Mongkon Thong , la nonne “Among” est dans un bassin, de l’eau jusqu’à la taille, elle réalise les différentes positions du Bouddha, jambes croisées les deux mains sur la poitrine, allongée sur le coté comme l'ascète, jusqu’à la position ultime des derniers instants de Bouddha quand il parvient au Nirvana. A la fin de sa prestation elle arrose les fidèles avec l’eau sacrée du bassin.

Le pont de la rivière Kwaï

Hello ! Le soleil brille ! Brille ! Brille ! Sous 39°C  nous voici sur le pont de la rivière Kwaï immortalisé par le roman de Pierre Boulle et le film de David Lean, où en 1942 trente mille prisonniers occidentaux et cent mille ouvriers asiatiques ont œuvré pour réaliser 415 kilomètres de voie ferrée. Travaux prévus par les japonais pour envahir l’Inde, mais ils n’y sont jamais parvenus. Aujourd’hui encore quelques trains à vapeur conduisent jusqu’à Namtok. Cette ligne relie l’ouest du pays à Bangkok. Heureusement qu’il y a de l’eau de partout car il fait une chaleur torride. France tourne de l’œil, je l’installe dans un coin ombragé et avec un “kleenex” imbibé d’eau je lui éponge le visage. Elle se remettra lentement. Nous passons le reste de l’après midi à Erawans waterfalls pour admirer de superbes cascades dans le cadre agréable d’un parc national protégé. Un chemin remonte sept niveaux de cascades mais en cette saison il n’y a pas énormément d’eau. C’est quand même très impressionnant. Une petite trempette dans l’eau froide nous a fait un grand bien à tous mais surtout à France qui était particulièrement déshydratée. Pour clôturer la journée nous nous rendons à notre futur repère “The big mama’s house”, une charmante guesthouse faite de bambou et de bois. Le restaurant et la réception surplombent la falaise qui plonge dans la rivière Kwai Noi (la petite Kwai). Les chambres qui nous sont affectées sont flottantes, elles sont situées en bas de la falaise au fil de l’eau sur des radeaux en bambous amarrés à la rive par de gros cordages. Pour accéder à nos chambres il nous faut descendre une soixantaine de marches à pic par des escaliers à la japonaise, une véritable escalade ! Dans nos huttes bien sobres il y a un matelas confortable entouré d’une large moustiquaire, une table basse et rien d’autre. Pour se rendre aux toilettes et aux douches il faut grimper l’escalier à pic, de même que pour se rendre au restaurant. C’est absolument pittoresque ! Nous prenons possession des lieux et nous nous dirigeons à l’accueil pour y prendre un verre de bienvenue. C’est la pause cartes postales, et chacun fait plus ample connaissance. Quelle chance de parler français avec France car les australiens et les écossais ont un accent déplorable. Cette nuit c’est la pleine lune. Quel cadre reposant ! Seuls  les cris des hulottes troublent le calme absolu qui règne ici. La lune se reflète dans Kwai Noi ainsi que les petits lampions rouges qui entourent la terrasse du restaurant. Un léger souffle agite les moulins à prières. C’est vraiment un coin extraordinaire et romantique. France me raconte sa vie, une sorte de complicité s’établie entre nous, nous discutons jusqu’à 1h30 du matin, France est très cultivée c’est une créature fascinante, issue d’un milieu artistique,  elle écrit et illustre des livres pour les petits enfants, elle adore voyager et a déjà mis les pieds en Birmanie et en Inde. Le courant passe super bien entre nous. C’est dans la pénombre qu’il nous faut maintenant descendre avec beaucoup de prudence les soixante marches raides. Une fois les pieds sur notre radeau nous contemplons encore quelques minutes la rivière. Toute la nuit nous sommes bercés par le courant de la rivière et par les appels des geckos : «ok! to ké!  ok! to! ké! ».

 Vers les villages des réfugiés birmans.

Il fait encore nuit à cinq heures du matin lorsque j’ai déjà les pieds sur les gros bambous de ma chambre flottante. Je laisse France à ses rêves et m’installe les jambes dans la rivière pour un bain de pieds en attendant le lever du soleil. Le soleil vient prendre la place de la lune, Kwaï Noï devient rouge orangée. Sur le radeau d’à coté l’écossais et le japonais font surface, petit à petit tout le monde est debout et grimpe au restaurant pour y prendre le petit déjeuner, passer aux douches et partir vers l’insolite. Nous commençons la journée par des kilomètres en 4x4 pour débarquer au bout du monde dans un village de réfugiés enfuit de Birmanie. Un véritable retour en arrière. Toutes les habitations sont en bois, recouvertes de feuilles de bananiers. Au cœur du village, l’artère principale est en terre battue rougeâtre, il y a des boutiques minuscules, sommaires et archaïques où l’on trouve des légumes du poisson séché et du lait en poudre. Les mémés dorment à même le sol sur des tissus sales, et lorsque passent les enfants à vélo elles reniflent la poussière qu’ils soulèvent du sol. Des enfants quasiment dévêtus jouent avec des jouets confectionnés par eux même à l’aide d’objets de récupération: bâtons, morceaux de plastique, planches.... Ici les gens vivent le plus simplement du monde, tous les habitants sont attachants, les tout petits ont peur de nous, les plus grands font les intéressants. Impossible de se comprendre, on échange des sourires, on lit dans les regards, on parle avec les mains, on dessine par terre. Mon caméscope intrigue mais il devient très vite une attraction, chacun veut se voir apparaître dans l’écran LCD pour s’éclater de rire. Quel bon moment passé dans ce village ! Il nous faut regagner le 4x4 pour aller déjeuner, je profiterai de cette halte pour aller poster mes cartes postales. Après un modeste repas, le 4x4 nous récupère pour nous déposer sur l’autre rive où nous attend une grande pirogue à moteur. Pendant une heure et demie nous remontons le cours de la rivière jusqu’à notre guesthouse. Ce soir nous prenons le même repas que la veille, mais on ne s’en lasse pas. Avant le dodo l’aubergiste nous a organisé une soirée agrémentée d’un spectacle, toute la famille s’investi à la lueur des bougies, un enfant de  douze ans tapote sur une sorte de tam-tam et sa petite sœur de six ans danse alors que ses parents frappent dans leurs mains. Ce spectacle est très monotone et à mon goût il dure un peu trop. Ca n’en fini plus, les enfants sont crevés et s’endorment presque sur leurs instruments de musique, c’est affreux ! Le meilleur moyen pour qu’ils s’arrêtent c’est de faire diversion. Tout le monde doucement regagne alors discrètement son radeau et bonne nuit ! Demain il faudra se lever tôt pour affronter notre journée de bambou rafting.

Mini croisière sur Kwaï Noï.

A l’aube, alors que le soleil commence à pointer, deux immenses et robustes radeaux en bambous nous attendent tout près de nos huttes. C’est en traversant en équilibre sur de larges planches bancales que nous embarquons. Il y a cinq personnes sur un radeau et six sur l’autre et nous voila partis. Le courant nous entraîne et le batelier tente de diriger l’embarcation avec un long bambou qu’il plante de tous ses bras dans le fond de la rivière et qu’il pousse pour la mettre dans le bon courant. Et du courant il n’y en a pas beaucoup en cette saison, aussi j’en profite pour filmer notre descente. Nous sommes dans un cadre merveilleux, le décor est reposant, les paysages sont sublimes et l’ambiance est très bonne, tout le monde s’apprécie et apprécie cette aventure. La descente dure deux heures. Le long des rives j’aperçois des enfants qui se baignent, des femmes qui puisent de l’eau, des bonzes qui se recueillent. Parfois un bateau longue-queue à moteur vient troubler le calme qui règne sur la rivière Kwaï Noï. Un songthaew nous attend rive gauche, il nous emmène visiter “Helf Fire Pass” puis le tristounet musée où il n’y a que des photos retraçant l’atroce sort qu’ont subit les ouvriers du rail. Durant ce chantier inutile, la majorité des ouvriers ont péri par la malaria, le tétanos ou le choléra.

Le train de Namtok et le retour sur Bangkok.

Nous sommes à Namtok, terminus du tortillard qui emprunte le pont de la rivière Kwaï, à 138 kilomètres seulement de la frontière du Myanmar (Birmanie). En attendant le départ du train nous avons largement le temps de nous restaurer sous la tonnelle d’un petit restaurant. Soudain la grosse cloche de bronze tinte et tout le monde se précipite sur l’unique voie pour assiéger le train. Les voyageurs sont surchargés de ballots, de caisses et de fagots. Le train amorce la longue descente et roule au pas, au moment où il frôle la falaise toutes les têtes sont aux fenêtres, les rails ne reposent plus sur la terre ferme mais sur des pilotis maintenus par des poutrelles d’acier et des madriers. En contrebas coule la rivière, c’est à moins de 10 kilomètres à l'heure que nous avançons, et à cette vitesse j’ai tout mon temps pour filmer correctement l’événement. Dans le wagon une famille de minorités ethniques d’origine birmane est vêtue de costumes traditionnels aux couleurs flamboyantes, des enfants ont les yeux grand ouverts, ils sont émerveillés, c’est certainement leur premier voyage en train. Toutes les deux ou trois minutes des vendeurs de nourriture défilent, certains apportent de l’eau dans des bouteilles en plastique blanc, d’autre des jus de fruits. On peut manger de tout dans le train, des cuisses de poulets, des concombres, du riz compacté enveloppé dans des feuilles de bananier... Le contrôleur assis en face de moi ne me quitte pas des yeux, je dois lui plaire ! Il aimerait bien s’adresser à moi mais il ne parle pas un mot d’anglais, à coté de lui vient s’asseoir une diseuse de bonne aventure, elle lui prend la main pour y lire dans les lignes. Un grand fracas métallique et le grincement des freins immobilisent le train, avant qu’il ne pénétre sur le célèbre pont, là aussi il avance au pas pour éviter tout accident, car des dizaines de touristes en quête de photos insolites, s’entassent entre le vide et le train en marche. A l’entrée du pont près des piliers d’accès se trouvent deux gros obus de un mètre de haut qui sont là en guise de décoration. Nous sommes à Kanchanaburi et dans vingt minutes sonnera le départ pour notre retour sur Bangkok. Nous échangeons nos adresses avec France car nous allons nous quitter avec un petit pincement au cœur. Il est possible que nous nous retrouvions dans le nord dans quelques semaines, mais en attendant j’ai surtout follement envie d’aller retrouver Rattana.  Du terminal de la gare ferroviaire de Thonburi c’est une véritable corvée pour aller à Bang Bua Thong où Rattana m’attend à l’entrée du lotissement. Arrivé à destination, tout est prêt, une grande assiette de fruits, une “Singha” bien fraîche, les herbes pour le massage et un bain moussant. Ce soir de retrouvaille nous resterons à la maison. Rattana me présente ses voisins. Dans le lotissement il y a un jardin commun, nous allons ramasser des poivrons et des herbes diverses que je ne connais pas. Tous ces ingrédients serviront à cuisiner le poisson sec que Rattana  n’a pas oublié de mettre à tremper. Soirée télé ! La télé thaïlandaise est d’une nullité sans précédent, dix minutes de film, dix minutes de pub et ainsi de suite jusqu’à la fin du film. Si ce n’est pas une émission de divertissement hyper naïve, c’est un film à l’eau de rose. Ca pleure sans arrêt et je n’arrive plus à faire la relation avec le slogan qui va si bien à la Thaïlande, “ Pays du sourire”.  Dodo très réparateur et demain nous irons à Bangkok.

 Le temple de marbre et le marché aux amulettes.

A Bangkok nous avons décidé de visiter le temple de marbre, le « Wat Benjamabopitr », il est absolument charmant. Il est construit en marbre de Carrare, quant à la céramique des toitures elle provient de Chine. Deux beaux lions au sexe bien dessiné gardent la grande porte de teck sculptée. A l’intérieur un énorme Bouddha conserve les cendres de Rama V mort en 1910. Dans le cloître il y a 52 Bouddhas de bronze dans des positions différentes de tous les styles de l’Asie. Rattana m’emmène au marché aux amulettes, où des dizaines de boutiques proposent des centaines de “bouddhasseries”. Ici les bonzes et les bonzesses viennent se ravitailler pour leurs temples. On a le choix entre des maxi-bouddhas et des mini-bouddhas, assis, debout, couchés.... des chapelets, des gerbes d’encens, des amulettes animalières et des pendentifs. Amusant et curieux ! Après avoir bien léché les étalages nous passons à coté de “Démocraty monument” d’une laideur incontestable puis tout près du Giant Swing et de la statue de Rama I.  Nous regagnons Bang Bua Thong par la rivière et par le bus climatisé.  Il est grand temps de faire le point avant mon départ pour le nord. Je laisserai le maximum de mes affaires personnelles ici pour ne pas me surcharger de choses inutiles. Je vais quitter Rattana pour plusieurs jours. 900 kilomètres séparent Bangkok du Triangle d’or et je suis euphorique à la pensée que la grande aventure va commencer pour moi et à savoir que je vais me plonger dans la Thaïlande profonde. Je suis un peu angoissé et j’ai un petit pincement au cœur car je vais quitter Rattana et le confort de vie dont j’ai bénéficié jusqu’à présent.

Ayutthaya, la cité archéologique et mon départ pour le Nord.

 Rattana est inquiète de notre séparation, elle pense que c’est fini entre nous, que je vais l’oublier et que je ne retournerai plus la retrouver. Elle est persuadée que je vais la quitter volontairement et que je vais me perdre au fin fond de son pays que j’aime beaucoup. Je fais le point pour ne rien oublier. Dans mon sac il n’y aura que le strict minimum: la pharmacie, des affaires de toilette, mon matériel photo et vidéo, très peu de vêtements, mes papiers indispensables, mes guides et mon road book où tous les jours  j’écris tout ce que je vois, partout où je passe et tout ce que je ressens. Tout cela me sera très précieux lorsque je rentrerai en France. Bang On est venue pour me saluer et me faire ses adieux. Bang On cherche un compagnon et veut absolument que je lui trouve un français comme moi, mais comme moi il n’y en a qu’un, donc je lui explique que ça va être difficile. Nous avalons quelques mauvaises herbes et sans tarder nous regagnons la chambrée car demain le soleil ne sera pas encore levé au moment où nous serons à la station Hua Lampong, (gare centrale de Bangkok). Il est 5 h 30, la gare de Hua Lampong est déjà bondée, le trafic ferroviaire est particulièrement intense ici car c’est la plaque tournante pour toutes les destinations: à l’est l’I-Sam et le Cambodge, au sud les îles et la Malaisie, à l’ouest la Birmanie, au nord  le triangle d’or et la frontière du Laos. C’est le grand adieu, Rattana m’abandonne à moi même, je vais maintenant me référer à mon guide du routard et à lonely planet. Dans le hall principal les voyageurs matinaux ou les résidus de la nuit somnolent encore à même le sol. Je me fais un passage entre la foule pour arriver à la plateforme n° 4 où le train pour Ayutthaya est déjà à quai. Ayutthaya est à 1h30 au nord de Bangkok, et ce sera ma première escale avant le grand nord car Ayutthaya est une ville incontournable. Phra Nakon Sri Ayutthaya ou “ville sainte d’Ayutthaya” est l’ancienne capitale du Siam qui a été fondée en 1350 (à peu près vers Louis XIV en France). Rasée en 1767 par les Birmans, c’est alors Bangkok qui devint la capitale du pays. Tout près de la gare d’Ayutthaya, je trouve une guesthouse sympa et très bien tenue pour 150 bahts la nuit (3 euros). Je suis très prés du canal qui contourne la ville juste en face un magasin de location de vélo, super ! Une pluie diluvienne s’abat sur la ville, il est 13 heures, il y a une humidité écrasante et il fait une chaleur insupportable. L’orage ne durera qu’une heure. La chaleur redouble et rapidement l’évaporation efface toute trace d’eau, l’activité reprend. Pour 30 bahts la journée, même pas un euro, je loue un vélo, c’est le meilleur moyen pour se déplacer dans cette ville parfaitement plate. Je pars repérer les lieux pour me faciliter la tâche de demain. Après repérage je rebrousse chemin pour me rendre au centre ville, et pour y arriver il faut que j’embarque le vélo dans le transbordeur et que je rejoigne l’autre rive. Chose faite, je pénètre dans une boutique Internet climatisée pour y passer un moment. Souvent je m’envoie mes propres écrits pour les récupérer dans ma boite électronique lorsque je rentre en France. J’envoie aussi assez régulièrement de mes nouvelles à Yannis en France pour qu’il reste sur mes traces. Ca fait du bien au cœur lorsqu’on est loin de chez soi  de recevoir des nouvelles des personnes qui nous sont chères. Internet c’est le top lorsqu’on voyage, c’est là que l’on se rend compte de l’importance d’un tel outil. Je reprends le transbordeur pour aller acheter trois DVD en anglais (7 euros). J’entreprends une longue marche en ville pour trouver un restaurant qui fait du porc au basilic et pour ne pas finir sur du pimenté et du salé je traverse la rue et passe chez le glacier d’en face pour y prendre un dessert glacé. De nouveau j’emprunte le transbordeur et retourne à la guesthouse car demain sera une journée chargée en visites.

Le site archéologique d’Ayutthaya.

Au lever, quelques nuages couvrent la ville, la température a légèrement baissé. Excellente journée pour pédaler. Je quitte la guesthouse et enfourche le vélo. La ville d’Ayutthaya est un îlot entièrement cerné de rivières et de canaux. Le site archéologique est très étendu, il faudrait des journées pour en faire le tour à pied. Chaque entrée aux temples est payante, (une somme dérisoire). Je pédale sur trois kilomètres jusqu’à l’un des ensembles des plus intéressants, le Wat Yai Chai Mongkol, un temple construit en 1360. Au milieu de celui-ci s’élève un chedî construit pour fêter une victoire contre les birmans. Le temple est entouré de dizaines de bouddhas tous drapés d’orange, à l’intérieur du sanctuaire se trouve un gros bouddha de cuivre et sur le chemin qui mène au chedî un long bouddha est couché. Un kilomètre plus loin, le Wat Phranan Choeng, d’aspect très moderne abrite un bouddha assis de dix neuf mètres de haut tout en briquettes. Ici ça sent l’encens à des mètres à la ronde car de nombreux fidèles viennent s’y recueillir. Dans les murs du temple il y a une multitude de niches, chacune abrite un mini bouddha, il y en a 48 000 en tout, (ils représentent les 48 000 paroles de Bouddha). Je ne les ai pas comptés. A cinq kilomètres au nord-ouest je rejoins l’ensemble le plus imposant d’Ayutthaya, le Wat Phra Sri Samphet édifié au XV ème siècle. Trois immenses chedîs symbolisent les trois rois qui y régnèrent. L’architecture est élégante au milieu d’un cadre verdoyant et paisible. Tout à coté, le Viharn abrite le bouddha de bronze de vingt mètres, (le plus haut du pays).  Une halte est nécessaire car je meurs de soif. J’avale un demi-litre de coca et enchaîne ma visite vers le Wat Phra Meru. La particularité de ce dernier, c’est qu’il a conservé un magnifique plafond à caissons en bois laqué d’or, et ce qui est curieux, c’est que son Bouddha est vêtu du costume royal. Qu’il est laid !  Je gare le vélo car il me faut grimper de nombreuses marches dans un décor de ruines pour atteindre le Wat Phraram Uchaya de style angkorien et plonger dans les ruines de l’imposant Wat Mahathat où furent retrouvés d’innombrables bijoux et objets religieux de très grande valeur. Après douze kilomètres à vélo et cinq à pied, sur le chemin de ma guesthouse, je croise le dernier Praal des éléphants existant en Thaïlande. Des dizaines d’éléphants vêtus et ornés de rouge et d’or trimbalent les touristes, principalement des japonais qui adorent ça. Les japs sont partisans du moindre effort, marcher ou pédaler c’est trop dur pour eux ! Cet exercice permet aux pachydermes de gagner beaucoup de bahts. Pour eux, le baht est leur principal gagne bananes. Ce soir j’ai les cuisses dures comme du béton. Je rends le vélo et vais me relaxer. Rattana n’est plus là pour les massages. Une bonne “Singha” et je fonce à U-Thong road au marché Hua Raw où je découvre de nombreuses cuisines propres et pas chères. Ce soir khao phat (riz frit), phak kung phat (assortiment de légumes frits) et une kaeng chut (soupe aux crevettes), puis avant de regagner le dodo je vais déguster un sundee au chocolat au “Mac Do” d’en face. Demain direction Lop Buri.

Lop Buri : La cité des singes sacrés.

A 8 heures précises, l’hymne national thaïlandais retentit dans le hall et sur le quai de la gare ferroviaire d’Ayutthaya, tous les thaïs déposent leurs sacs et se mettent au garde à vous, pour une minute environ. Ce cérémonial a lieu tous les matins tous les soirs et tous les jours dans tous les lieux publics. Après l’hymne tout s’enflamme, l’animation reprend et c’est l’attente. Voici les paroles de l'hymne national thaïlandais:    "La Thaïlande est faite de la chair et du sang de ses citoyens. Le sol de la mère patrie appartient à ses enfants et demeure leur soutient permanent sans exception. Tous les Thaïs sont résolus à rester unis, ils chérissent la paix,mais n'ont pas peur de combattre. Ils ne laisseront jamais personne les soumettre. Il sacrifieront chaque goutte de sang pour la nation et garantir au pays une éclatante victoire "  Le prochain train me déposera à Lop Buri où il me faudra patienter encore cinq heures avant ma correspondance pour Phitsamulok. J’ai donc le temps de rentrer dans la ville des “singes sacrés”. A la sortie de la gare j’aperçois le premier singe symbolisé par une gigantesque statue de macaque grise au cul rose. J’appelle un pousse-pousse pour aller au Wat Sam Yod et au temple de Kala. Une dizaine de petits singes m’attaquent et me fauchent deux paquets de biscuits et l’appareil photo. Un garde intervient armé d’une longue verge pour lui faire lâcher prise. C’est très courant, les singes trop collants sont mâtés. Les singes se sont établis au temple hindouiste Prang Sam Yod car les habitants les nourrissent avec tous les restes du marché. A l’entrée du temple des étals vendent des bananes naines pour être distribuées aux bestioles. Je suis tombé au moment magique des offrandes, c’est spectaculaire de voir défiler des centaines de dévots chargées de nourriture qu’ils vont déposer sur l’autel déjà surchargé de victuailles. De derrière le temple monte une musique désagréable et monotone pleine de fausses notes, se sont les aveugles et les infirmes qui viennent mendier avec leurs instruments à musique très archaïques et tout rafistolés. Je ne traîne pas plus longtemps pour regagner la gare bien avant le départ du dernier train pour Phitsamulok avec lequel je voyagerai jusqu’à 16h30. Arrivé à Phitsamulok  il me faut prendre un autre bus pour Sukhothai. Encore 1h30 de route et me voila à Banthai guesthouse où je négocie un bungalow pour 200 baht la nuit (4 euros). Je suis très bien tombé car il s'agit d’une pension familiale très chaleureuse située dans un cadre extrêmement agréable sur les rives de la rivière Yom, à seulement cinq minutes du centre ville.

 Sukhothaï et son site archéologique.

Le site de Sukhothai est entouré de collines boisées, c’est le plus prestigieux centre archéologique de Thaïlande où un très grand nombre de temples sont disséminés dans  une nature superbe. Ce soir je me rends dans le Sukhothaï moderne tout près du marché aux buffles et aux zébus où des dizaines de commerçants ambulants se disputent l’emplacement. C’est là que je déguste le hu cha lam (ailerons de requins accompagnés de crabes) et la délicieuse omelette aux moules et au soja. Un vrai régal ! A pied je regagne Banthai guesthouse et saute sous la douche. Je n’oublie pas d’imbiber de répulsif  la moustiquaire qui entoure mon lit car ici l’atmosphère est propice aux piqures. Avant de m’endormir je prépare ma journée de demain qui sera destinée à la découverte de tout le site de l’ancien Sukhothaï. Le meilleur moment pour découvrir le site et savourer les somptueux décors c’est le matin très tôt car l’éclairage est fabuleux et il n’y a pas grand monde. Le bip ! bip ! de mon portable sonne le réveil, il est 6 heures du matin. Une demi-heure après je suis dans la rue, il fait déjà bien chaud et me dirige vers la station des songthaews. Il n’y a que deux passagers dans le premier songthaew, Bimbo et une vendeuse de noix de coco avec sa marchandise qui occupe les deux tiers du véhicule. Nous roulons à forte allure et dans un virage les noix de coco chavirent et vont se fracasser sur la chaussée. A la porte du site je m’acquitte du droit d’entrée et m’attarde chez un brocanteur qui vend des vélos d’occasion, j’en achète un pour 600 bahts (12 euros). A ce prix je ne risque pas grand chose et le vélo me rendra de grands services. Sukhothaï provient du sanskrit (langue du bouddhisme théravada) et signifie “naissance du bonheur”. La dynastie de Sukhothaï connut un roi nommé “Rama le fort” qui créa l’alphabet thaï et établit de bonnes relations diplomatiques avec la Chine. C’est lui qui instaura le bouddhisme comme religion nationale pendant son règne entre 1275 et 1317. Très progressiste il créa une atmosphère d’amitié de liberté et d’ouverture vers le monde extérieur. Dès que je pénètre sur le site je découvre des merveilles de pierres et m’abandonne à rêver. L’enceinte qui est la vieille ville mesure 1,8 km de long sur 1,5 km de large. Elle est entourée de remparts à l’intérieur desquels sont érigés cinq temples dont le Wat Mahathat, le plus imposant, réservé à la famille royale. Des douves l’entourent sur un kilomètre. Devant lui, se dresse une imposante esplanade bordée de deux rangées de colonnes et au milieu un chedî sculpté. Sur les côtés il y a deux bouddhas prisonniers de murs de briques. Le Wat Sri Sawai possède trois prangs hindouistes de style Lop Buri. Le Wat Sra Si est entouré d’un charmant petit lac, c’est le temple du « Bouddha au gros nez ». Le Wat Sarasak possède à sa base une magnifique frise d’éléphants sculptés. Le Wat Trapang Ngoen a un chedî en forme de pousse de lotus. A l’extérieur de la vieille ville se trouvent six temples dans un rayon de cinq  kilomètres. Le plus ancien de Sukhothaï est le Wat Phra Pai Luang. Au nord-ouest le Wat Sri Chum est une sorte de blockhaus rébarbatif surmonté d’un bouddha de quinze mètres, un escalier encastré permet de grimper sur sa tête. Le Wat Chang Lom est intéressant pour ses nombreuses sculptures. Le Wat Saphan Hin est très difficile d’accès, pour atteindre le Bouddha et le viharn, j’escalade un escalier de pierres abrupt. Le Wat Chang Rop est en piteux état. Quant au Wat Chetupon il dispose de quatre Bouddhas debout et marchant. Ce fut la journée des Wat !  Avant mon retour sur la ville nouvelle je me repose une bonne heure à l’entrée du parc près du marché. La spécialité du coin est le poulet grillé à la broche. Plus de dix broches colossales supportent chacune près de quinze poulets. Une bonne odeur de grillade et d’herbes se dégage du quartier et donne l’eau à la bouche. J’avale près d’un litre d’eau bouillie et refroidie car ici l’eau courante donne la courante. J’enfourche mon vélo et regagne Banthai. Admirable journée culturelle ! Ce soir au marché de nuit je côtoie  un commerçant qui vend une denrée bien particulière, il est spécialisé en insectes, son étal est composé de bassines remplies de blattes, de sauterelles déshydratées, de cigales séchées, et de gros vers blancs de bambous. Je goûterai demain !

Rencontre de  Wong  -  Kamphaeng Phet.

Ce soir je vais manger dans le même restaurant qu’hier car je me suis trop régalé la veille. Sur le chemin du retour une gentille commerçante de Singhavat road s’apprête à fermer sa boutique de frusques. Attiré par une chemise à carreaux orange, je me laisse tenter pour quatre euros. Je propose à la souriante commerçante d’aller boire un pot et nous partons dans une sorte de piano bar. A l’issue de plus d’une heure de conversation et de deux bières “lao” nous nous séparons jusqu’à demain. Elle s’appelle Wong !  Ce matin j’ai décidé de faire la grasse matinée. Après le petit déjeuner je laisse le vélo à Banthai et me dirige au magasin de Wong, la boutique à frusque d’hier soir. Wong est extraordinaire ! Dommage que je dois quitter Sukhothaï  pour Kamphaeng Phet. En route !  Kamphaeng Phet est située le long de la rivière Ping. La spécialité du coin est la canne à sucre et la banane petit doigt que l’on retrouve dans la préparation locale le Kluay Kaï (la banane à l’œuf ). Kamphaeng Phet signifie “muraille de diamant”. Derrière la grande muraille se trouvent des temples monumentaux mais en partie en ruines dont le Wat Phra That construit au beau milieu d’une forêt de résineux où des milliers de cigales émettent un bruit de fond surprenant. Certains thaïlandais à l’aide de filets à petites mailles piègent les cigales pour les mettre à sécher car elles sont  destinées à être mangées. A deux kilomètres au nord de la ville je vais sur le site de Aranyak dans un parc protégé loin du vacarme de la ville, je ne m’attarderai qu’au Wat Chang Rop au chedî de style Sri Lankais ceint de 68 corps d’éléphants taillés dans la pierre. A 13 heures je déjeune près de la gare de bus tout près du musée, les tables et les bancs sont en béton, trois bonzes me tiennent compagnie. Demain je partirai pour Chiang Maï.  J’ai beaucoup de temps devant moi cet après midi, aussi je vais me relaxer une heure dans le jardin public pour y rédiger quelques cartes postale puis je retourne à la guesthouse pour me faire une beauté car ce soir je dînerai avec Wong. Nous prenons le temps de mieux nous connaître puis entamons une promenade nocturne le long de la rivière Yom. Il fait très chaud ce soir et nous terminerons au frais dans le jardin de Banthaï guesthouse.

 Chiang Maï.

C’est mon grand départ pour Chiang Maï. Petit à petit je me rapproche du nord. Je dois me débarrasser du vélo et m’en vais le donner au pauvre type que j’avais rencontré hier près de l’arrêt des bus. Sac au dos, j’enfourche un tuk-tuk qui me dépose au terminal routier car c’est en bus que je me rends à Chiang Maï. Six heures de route inconfortables et me voici dans le cœur de la ville, je saute dans le premier taxi pour le Novotel situé au nord. Confortable mais bordélique !  Chiang Mai est la ville la plus grosse de cette province, elle compte 220 000 habitants. A part quelques constructions anarchiques assez récentes, Chiang Maï reste une cité agréable dont on tombe vite sous le charme. Chiang Maï est appelée “ la rose du nord”. Ici ce n’est pas encore le trafic et le vacarme de Bangkok, mais ça ne tardera pas à le devenir. Chiang Maï est située dans une région intéressante par sa douceur de vivre, sa cuisine et son environnement propice aux treks. Les gens du coin sont attachants, la ville est jeune et très animée et on ne s’y ennuie pas. La ville n’est pas très étendue, elle est délimitée par quatre canaux qui forment un parfait carré à l’intérieur duquel se trouvent les bâtiments administratifs, les temples, les commerces et les guesthouses. Le centre actif de la ville est Tha Phae Gate, il s’y passe toujours quelque chose d’attractif. Le meilleur moyen de transport à Chiang Maï est le vélo car la ville est parfaitement plate. Le Novotel se situe à presque trois kilomètres du centre ce qui justifie la location d’un vélo pour tout mon séjour. Cette fin d’après midi je m’emploie à trouver des repères pour aborder dès demain la visite de la ville et des environs dans les meilleures conditions. A Chiang Maï il n’y a pas moins de 350 temples, aussi je me débarrasse des lacets de mes Van’s  pour la journée. Le temple le plus ancien de la ville est le Wat Chang Man avec une façade élégante toute faite de bois sculpté, il renferme le Bouddha de marbre qui aurait plus de 2000 ans. Quant au Wat Phra Sing, c’est bien le plus intéressant, il est équipé d’élégants piliers et d’une charpente de bois ornée d’admirables fresques du XVI ème siècle. Le Wat Chedî Luang possède un Chedî de 85 mètres de haut, c’est lui qui abritait le bouddha d’émeraude qui est actuellement au Wat Phra Kaeo à Bangkok. Ce temple a été détruit partiellement par un tremblement de terre puis par les canons birmans. De Wat en Wat je termine fondu et regagne le Novotel.

Rencontre de Wui -  L’artisanat et le marché de nuit. 

Ma première soirée à Chiang Maï je vais la passer à Tha Phae Gate tout près du canal où il y a des dizaines de cabarets et de gogo girls bars. Je pénètre dans l’un d’eux, celui qui m’inspire le plus, et passe plus d’une heure autour d’une bibine avec une dénommée Wui. Elle est employée ici comme beaucoup d’autres de ses collègues pour tenir compagnie aux routards solitaires, elle m’explique les pratiques courantes exercées dans son établissement. Quiconque souhaite de la compagnie pour une soirée, pour plusieurs jours ou plusieurs semaines peut négocier la sortie de l’une d’entre elles en s’acquittant de 400 bahts (10 euros). Ensuite, chaque jour il faut lui donner 500 bahts (10 euros) la loger et la nourrir. Wui est tellement belle et nature que je me laisse tenter pour quelques jours, de plus, elle me propose de m’aider, de me faire connaître la région et de me faciliter dans mes futures démarches. Je ne regretterai pas ma décision. Coût de l’opération pour quatre jours 2400 bahts (60 euros), sans compter les options. Je quitte donc le gogo avec Wui, en espérant que le courant passera bien entre nous. Le lendemain matin très tôt je vais louer un deuxième vélo car nous irons ensemble à Bosang. Pas de problème pour sortir de la ville car Wui connaît très bien Chiang Maï et sa région. Bosang est une petite localité située à douze kilomètres à l’est de Chiang Maï où sont concentrées toutes les fabriques et les usines de souvenirs vendus sur toute la Thaïlande. C’est la source, là où l’on peut s’approvisionner et s’équiper pour très peu de bahts. On y trouve: soie, teck, osier, argent, papiers de soie, poteries, ombrelles, éventails, pierres taillées, laques......  90 % de la production artisanale du pays provient de Bosang. Il est passionnant d’observer les artisans à travers les différentes phases de leurs réalisations. Les soieries par exemple, depuis l’élevage des vers à soie jusqu’à la peinture sur soie et la confection des vêtements. Le travail de l’argent est un travail très minutieux qui consiste à assembler de minuscules anneaux pour créer des bijoux. La fabrique des ombrelles utilise un procédé qui remonte à deux siècles. Et puis nous allons voir comment est fabriqué le papier de soie dans lequel sont insérées des pétales de roses, les laques noires peinte à l’or fin, la réalisation des baguettes utilisées pour manger et le tressage de l’osier pour réaliser des objets utilitaires. Le soir venu, nous passons à l’auberge pour y prendre l’apéro. Wui me propose d’aller  dîner au “Galare Food Center” en face le marché de nuit. Le night bazar de Chiang Maï ouvre à 18 heures jusqu’à très tard dans la nuit. Le marché est essentiellement destiné aux touristes. Il se trouve dans Chang Khlan road et on y trouve tout ce que l’on a vu cet après midi. La sortie est agréable car le quartier est très animé, il y a beaucoup de restaurants où se déroulent des spectacles, des danses folkloriques et des combats de boxe. Dans ce marché il n’y a pas de fruits ni de légumes mais des objets de pacotille, de mauvais parfums, de la fausse soie, des contrefaçons de vêtements, des CD, des DVD et des bijoux de moindre valeur. Par ci, par là des dealers tentent de passer des stupéfiants. Au Galare, Wui me conseille un dîner kantoke, c’est un plateau en teck ou bambous chargé de toutes les spécialités culinaires régionales : curry thaï, plats très épicés, charcuterie de Chiang Maï et riz gluant. Après le repas nous nous installons à la terrasse pour assister aux danses interprétées par les tribus montagnardes: la danse du riz, la danse du sabre, la danse de la pluie.... (La soirée et le repas 7 dollars). Wui est très attachante et m’apprend beaucoup de choses sur les mœurs et la culture traditionnelle de son pays.

Les villages de minorités ethniques.

Demain, j’abandonnerai Wui une grande partie de la journée car j’ai décidé de me rendre à moto vers les sommets et y découvrir les villages où vivent en tribus les minorités ethniques. Pendant mon absence elle se chargera de me faire les démarches pour m’obtenir les visas qui me permettront de rentrer au Laos et au Cambodge.  Je me lève tôt pour aller louer une moto, 300 bahts la journée (6 euros). Le moteur gronde et me voila parti direction Fang. Ma première halte sera Chiang Dao Caves. Les grottes sont situées à cinq kilomètres de la route principale, pour 50 bahts je me paye un guide avec une lampe à pétrole qui me conduira à la “ville étoile”, au fond de la grotte, pour y voir des Bouddhas et des mini temples cachés derrière des stalagmites géantes. Les galeries se rétrécissent, l’atmosphère est oppressante, un vol de chauves souris m’effraie,  la lueur de la lampe  vacille et soudain s’éteint, le guide ne trouve plus ses allumettes, il faut donc attendre les prochains touristes...... La légende raconte qu’un chasseur a pénétré dans cette grotte pour y poursuivre une biche et qu’il n’en est jamais ressorti. Tradition oblige, avant de quitter la cave il faut donner à manger aux poissons sacrés. Le bandana noué sur la tête je pousse ensuite vers Fang sous une chaleur torride et à travers la poussière soulevée par la moto. L’endroit est très vallonné, pour admirer le paysage où coule la rivière Yok je grimpe jusqu’au sommet de la colline et découvre un colossal Bouddha tout peint de blanc qui domine la vallée. Spectacle éblouissant, décor de rêve, les méandres de la rivière rouge pourpre serpentent à l’intérieur d’une immense forêt de cocotiers. Sur les rives de la Yok il y a un chapelet de huttes de bambous amarrées d’où se jettent les enfants couverts de boue, c’est magnifique ! Je regagne les rives de la rivière Yok et questionne quelques villageois pour savoir où je peux trouver des femmes Karen connues sous le nom de « femmes girafe ».  Ce n’est pas très facile d’accéder à ce village, mais avec un peu de persévérance m’y voici. Le village Karen dans lequel je me retrouve n’a rien de très authentique, mais quelle stupéfaction ! Ces femmes sont spectaculaires. Les rares touristes viennent s’aventurer pour les voir comme on va voir des bêtes dans un zoo. Quatre vingt mille karens vivent dans cette région du nord proche du Myanmar et du Laos. Les Karens ne sont installés en Thaïlande que depuis 1950, ils ont fuit la junte birmane. Ce sont en quelque sorte des réfugiés politiques. Pour certaines, la coutume des anneaux autour du cou viendrait du fait que ceux-ci protègent contre les griffes du tigre en cas d’attaque. Pour d’autres, ce serait un privilège réservé aux femmes nées un jour de pleine lune. Leur village n’est pas très authentique mais je compte bien en découvrir d’autres lorsque je serai à Mae Hong Son. Les vieilles femmes et les fillettes occupent leurs journées sur des métiers à tisser pour confectionner des écharpes et des bracelets destinés aux touristes égarés. J’utilise le caméscope avec prudence et discrétion car toutes n’admettent pas d’être filmées.  En retournant sur Fang je m’arrête aux hot spring, des sources d’eau très chaudes qui jaillissent du sol. Le temps dont je dispose me permet de me rendre dans un autre village de tribu Lahus. Les Lahus sont d’origine sino-tibétaine il y en a encore près de 60 000 en Thaïlande et vivent sur les hauteurs à partir de 1000 mètres d’altitude. Il existe plusieurs Lahus: les lahus Nyis (rouges), les Lahus Nas (noirs), ils cultivent le riz le maïs et l’opium, ce sont d’excellents chasseurs à l’arbalète. Les Lahus sont animistes, ils croient aux esprits et possèdent des sorciers. Les rues du village offrent l’admirable spectacle de la vie locale. Tout ce qui se passe ici est passionnant, j’ai la  chance d’assister au repas quotidien, à la vaisselle sur la place publique, à regarder les femmes s’occuper des bébés, à voir les enfants capturer les coqs errants, les attacher par les pattes et  les faire s’affronter pour combattre à mort. Je serai bien resté plus longtemps ici mais il faut que je rende la moto à 18h30, la route est longue et Wui m’attend.  Ce soir nous nous promenons à vélo tout le long des canaux qui ceinturent la ville et nous nous rendons dans un cyber café car j’ai des messages à envoyer à Yannis et à mes copains qui maîtrisent internet. Tout proche de la cyber boutique nous nous arrêtons à la terrasse d’un restaurant en plein air, Wui commande une salade de papaye sucrée, arrosée de sauce de poisson, de crevettes, de tomates , de crabes et de piments, le tout écrasé au mortier. Quant à moi j’opte pour du laab, viande de porc hachée arrosée de sang, très peu cuite et parsemée de piments. Nous rentrons à l’hôtel pour discuter longuement de notre éphémère rencontre puis organiser notre journée de demain.

 Les orchidées et les serpents.

Samedi 16 mars, une rude journée à vélo nous attend. Nous partons visiter la ferme aux orchidées et la ferme aux serpents. Nous pédalons vers le nord en direction Fang et trois kilomètres après nous tournons à gauche direction Mae Rim où nous gouttons à la spécialité locale, la soupe de nouilles. A la sortie de Mae Rim un panneau sur la gauche indique la direction pour Mae Sa Butterflyes and Orchid Farm. Pour un prix dérisoire nous entrons dans la ferme aux orchidées. Avant d’atteindre les serres nous traversons un superbe jardin exotique planté d’arbres, mi-bonsaïs, mi-adultes et nous traversons la verdure pour arriver devant une multitude d’espèces florales accrochées à des supports métalliques au dessus de nos têtes. Les racines à l’air les orchidées offrent leurs superbes coloris qui vont du mauve au jaune-orangé, du rouge moucheté de noir au bleue turquoise avec des traînées jaunes presque fluo, c’est absolument superbe !  Avant de sortir, nous sommes canalisés vers la volière aux papillons exotiques, puis vers les chats siamois. A la boutique à touristes j’achète une broche émaillée représentant une orchidée, un beau bijou destiné à Rattana lorsque je rentrerais à Bangkok, car son anniversaire sera le 2 avril et je ne serais pas sur place pour le lui fêter. Nous profitons de cette pause pour nous désaltérer puis nous nous dirigeons à la ferme aux serpents. L’accès à Mae Sa Snake Farm est cher 250 bahts (5 euros). Avant d’assister au spectacle terrifiant nous observons les différentes races de reptiles qui mordent, étouffent et empoissonnent leurs proies. Le spectacle dure 40 minutes, au péril de sa vie un jeune thaï joue et excite un gros cobra noir et se lance dans une périlleuse démonstration, il attrape la bête par les dents et l’écrase jusqu’à ce quelle attaque, il termine alors par le baiser de la mort. A l’issue du spectacle nous allons nous relaxer à Mae Sa Waterfalls, le débit des cascades n’est pas terrible mais nous sommes dans un endroit très ombragé, ça fait du bien ! Pour finir la journée nous nous arrêtons dans les jardins royaux de Suang Lang où se trouve un tribal museum sans grand intérêt. Le soleil commence à passer de l’orange foncé au rouge, nous attendons son coucher pour rejoindre ensuite Chiang Maï et le marché de nuit. Ce soir repas au self, spécialités coréennes et japonaises. Demain je passerai ma dernière journée avec Wui car après demain elle regagnera son gogo  girls bar et moi Mae Hong Son.

Le temple Doï Suthep et les tribus Méos.

C’est mon dernier jour autour de Chiang Maï et compte tenu que le Temple Wat Doi Suthep est un lieu incontournable je dois lui consacrer une bonne partie de cette journée. Il se trouve à 25 kilomètres au nord de Chiang Mai, à mille mètres d’altitude. La montée est très raide, je laisse le vélo près de la grille d’entrée du zoo et prends un songthaew. Quinze minutes après me voici sur un plateau où se trouve un grand parking. J’atteins le temple après avoir gravi près de 300 marches bordées de bas en haut par deux  gigantesques dragons bicolores. Pour les paresseux il est possible de prendre un funiculaire. Au sommet, sur l’esplanade la vue panoramique sur Chiang Maï est superbe. Le temps de souffler un instant, je rentre au coeur du site où se trouve un chedî géant entièrement couvert d’or, il renferme les cendres de Bouddha. Ce temple est le plus vénéré de la région et contrairement aux autres, celui-ci est  occupé par des bonzesses. A quelques kilomètres du temple se trouve le village de Doi Puy où vivent des Méos originaires du Sud de la Chine. Peu de gens vont visiter ce village car il n’y a pas toujours des moyens de transport pour s’y rendre. Aussi, je m’associe à un groupe d’étudiantes d’Ayutthaya et nous louons un minibus. Une piste poussiéreuse de huit kilomètres nous y mène, c’est vraiment très beau ! Les femmes Méos sont reconnaissables à leurs superbes jupes plissées couleur indigo couvertes de jolies broderies. Les Méos Guas Mbas viennent du Laos et cultivent le pavot qui est leur principale source de revenus. Les Méos sont polygames, les vieux fument encore l’opium. Les costumes traditionnels de couleurs vives tranchent sur le décor verdoyant et se marient aux couleurs des fleurs très abondantes. Des femmes assises brodent, d’autres dessinent sur des tissus blancs avec du charbon de bois. Les trois étudiantes ayutthayennes louent une tenue vestimentaire Méo pour une séance photographie, j’en profite pour filmer la scène. Le temps passe, Il ne faut pas que je rate le dernier songthaew qui attend devant le temple car je dois retourner récupérer mon vélo au zoo. Le zoo est comme tous les autres, je ne m’y attarde pas et rentre à l’hôtel pour une trempette et préparer mon départ de demain pour Mae Hong Son.

En route pour Mae Hong Son.

A l’aube, ma copine Wui me quitte, ou plutôt, c’est moi qui quitte Wui. Il n’y a qu’un bus par semaine pour Mae Hong Son et il emprunte la terrible route infernale aux 1864 virages. 250 kilomètres séparent Chiang Maï de Mae Hong Son, six heures de trajet dans des conditions  insupportables dues à la chaleur et l’inconfort du bus.

Le bus est occupé par de nombreux Lissus d’origine sino-tibétaine et des Yaos venus du Sud de la Chine. Les lissus sont insupportables. Dans le bus ça crie, ça vomit, ça mange.... Le bus s’arrête très souvent pour les besoins physiologiques des passagers, arrêts pipi, arrêts caca, arrêts casse croûte, arrêts vomis, arrêts officiels. Le bus est dans un piteux état, les sièges bougent et les tôles aussi, mais les freins sont en bon état. Parfois c’est la grosse angoisse, on est tous mélangés et entassés, de plus, le chauffeur est particulièrement violent. Je suis le seul blanc, devant moi deux enfants très sages ont peur de moi. Dans l’allée d’autres enfants sont assis sur des sacs de légumes et de noix de coco. Ca sent la bouffe, la transpiration, il fait très très chaud et on ne roule pas vite, l’air n’arrive même pas à me parvenir. Sur les bords de la route des paysans remontent des rizières, ils sont surchargés de fardeaux et avancent à petits pas, ils tentent de faire arrêter le bus qui fait mine de ne pas les voir car il ne peut plus les prendre. C’est l’arrêt officiel dans un petit village où des tréteaux chargés de nourriture sont protégés par des parasols à demi déchirés. Des cuisses de poulets, des fruits, des beignets, s’offrent à moi. Ca sent bon, meilleur que dans le bus ! Les enfants m’observent me fixent et n’osent pas bouger. Je suis la curiosité, l’étrange chose. Ces enfants ne sont pas collants ni agressifs, bien au contraire ils sont figés et craintifs. J’essaie de les mettre à l’aise en souriant, je manipule le caméscope, ils sont curieux cherchent à comprendre. Le trajet sera encore long et nous aurons le temps de sympathiser. L’arrêt aussi est long, et le bus est stationné en plein soleil, il fait 38 °C. Le bus klaxonne, c’est  le moment du départ, tout le monde se rue, les enfants hurlent et pleurent, le moteur gronde et c’est parti ! Il reste 90 kilomètres à couvrir, encore deux heures et demi de route. Nous traversons des zones aux paysages magnifiques, jungles de cocotiers, de manguiers, de tecks, et des rizières en escaliers.

 Mae Hong Son et ses temples.

Mae Hong Son est maintenant tout proche. Mae Hong Son est un gros village de province à l’écart du monde, enclavé dans un cadre sauvage mais très enchanteur. Le village est construit au fond d’une vallée, il est encerclé de montagnes. Au centre du village il y a un  véritable joyau, un petit lac argenté dans lequel se reflète le superbe Wat Chong Klang. Mae Hong Son est comparable à un petit village Suisse mais à l’orientale. La particularité de Mae Hong Son est que le village est la plaque tournante pour l’opium cultivé dans tout le triangle d’or et près de la frontière du Myanmar. A Mae Hong Son il y a deux rues principales, Khumlumprapas road et Singhana Barung road, c’est ici que se déroule toute l’activité du village et que se trouvent les restaurants, les commerces et les guesthouses. Mais c’est au bord du lac que je trouve à me loger, à “Friend Guesthouse” en face le superbe Wat Chong Klang qui a pratiquement les pieds dans l’eau. “Friend guesthouse” est construite en bois, l’accueil y est remarquable, le bâtiment d’à coté est la maison des patrons, ils sont adorables. Ils ont ouvert une laverie et un petit restaurant chaleureux et convivial. Le patron connaît quelques mots de français. Ce soir je ne traînerai pas car je suis harassé par l’éprouvant trajet. Demain je m’organiserai pour entreprendre la découverte de Mae Hong Son et sa superbe région.  Aujourd’hui je vais avoir 170 kilomètres à couvrir, et loue une moto car ici c’est très vallonné. Matinée religio-culturelle que j’aborde par la visite du Wat Kamtor où est installée actuellement l’armée royale. La reine est pour quelques jours dans une de ses résidences secondaires de montagne. Impossible de pénétrer dans le temple, j’enchaîne donc vers le Wat Pha Nom dont le sanctuaire abrite un bouddha de onze mètres de haut. Dans un cercueil gardé par deux effrayants dragons sont conservées les cendres de la famille royale de Mae Ho. Tout à coté du temple s’élève une statue, celle de Phrayasighanat, premier roi de la ville. Le Wat Hua Wieng se trouve dans un cadre très reposant, un Bouddha birman possède encore son carrelage d’origine, il a résisté aux intempéries, il est aujourd’hui protégé par un grillage. Un routard anglais fait du stop au pied de la colline qui domine la ville, il ne veut manifestement pas monter les trois kilomètres qui conduisent au Wat Doi Kong Mu. Je l’embarque sur ma moto et nous grimpons péniblement la rampe raide qui y mène. Le Wat Doi Kong Mu est très vaste, il est tout peint en blanc, depuis la terrasse qui l’entoure je peux jouir de la plus belle vue sur toute la ville et y voir tous les autres temples, le petit lac et même la piste du petit aéroport. Jadis des bandits occupaient et menaçaient ce site, ils furent chassés par leurs ancêtres. Aujourd’hui le Wat Doi Kong Mu est très vénéré, quasiment tous les jours les dévots le contournent plusieur fois en apportant des boutons de fleur de lotus aux pieds de Bouddha.

 Villages de réfugiés Chinois, Lissus et Karens.

J’ai beaucoup de kilomètres à parcourir pour aller à Maew Aw, un village de réfugiés chinois qui ont fuit l’ancien régime de Mao. Je suis reçu au domicile d’une gentille famille qui se fait un plaisir à me préparer un bon repas. L’intérieur se résume à une pièce unique avec un coin repas où tout s’y passe, une multitude d’ustensiles de cuisine sont pendus au plafond et contre les murs. Le sol est en terre battue et dans le coin qui sert de chambre, un bébé dort les poings fermés dans un hamac tendu entre deux poteaux. Assise sur une planche qui repose sur deux grosses pierres une dame chinoise me tend un bol de riz, deux baguettes et une assiette en plastique chargée d’une purée de lentilles entourée d’oignons et de poivrons émincés, j’accompagne ce modeste repas avec un “pepsi” tiède. Le top, c’est le thé qui vient juste d’être cueilli derrière le hangar qui jouxte la maison. J’ai rarement bu un thé avec un tel parfum ! Le bébé se réveille, une fillette va le chercher pour me le montrer, il est tout mignon et pas farouche. Elle l’entortille autour de ses hanches avec un long tissu et l’emmène promener. Lorsque je mets les pieds hors de cet insolite restaurant tous les enfants du coin alertés par ma présence m’attendent pour m’emmener visiter leur village où il n’y a pas grand chose à voir. Je croise un troupeau de buffles guidés par deux petits garçons, ils les emmènent à la rivière au bas du village, je les accompagne et ils en sont très fiers. Alors que les buffles se roulent dans la boue j’aide les enfants à confectionner une balançoire. Je remonte récupérer la moto et après quelques kilomètres je m’engage dans un village de Lissus où je ne suis vraiment pas à l’aise car ceux-ci m’entourent et me baratinent pour tenter de me vendre un peu de “chit“. Je suis obligé d’acheter quelques grammes de marijuana dont je me débarrasserai très rapidement pour ne pas risquer les pires des représailles de la part des autorités. Pour retourner sur Mae Hong Son j’emprunte une route de montagne. A tous les croisements  je suis arrêté par l’armée car la reine est en déplacement dans le secteur. J’arrive tard à Mae Hong Son, je passe à “Friend House” et fonce dans une boutique Internet. Ce n’est pas ce qui manque ici. Après la consultation de mes messages, j’en rédige quelque uns pour donner signe de vie puis je dînerai autour du lac. La nuit est magnifique, le Wat Chong Klang illuminé comme un arbre de noël se mire dans le lac. Je rencontre beaucoup de familles Thaïs qui viennent se promener. Elles font le tour du lac en moins d’une demi-heure. Cette nuit est tellement belle que j’en fais deux fois le tour. Le coin est paisible et propice à la méditation. L’architecture du temple est de style birman, le monastère est tout en bois recouvert de fresques métalliques, la grande salle des prières est construite sur pilotis et renferme des statues impressionnantes car elles expriment la douleur et le mystère. A coté du temple se dresse une statue de Bouddha en béton brut et des chedîs couverts d‘or. Avec tous les renseignements que je possède pour me rendre au village de Ban Naï Soï m’y voici sans difficultés. J’arrive alors pour partager des moments inoubliables avec des Karens. Ici c’est authentique et les touristes sont rares. Pour l’instant le seul intrus du village c’est moi. Je suis en train de vivre des heures surréalistes avec des villageois très actifs. Le village s’étale sur un kilomètre, il y a une grande rue principale en terre battue bordée de maisonnettes en bois, en bambous et en chaumes. Les hommes travaillent dur, ils transportent de lourds fardeaux de chaume et de bambous géants pour construire d’autres maisons. Il y a un va et vient incessant de femmes girafe qui vont puiser l’eau à deux kilomètres à la ronde, elles sont suivies de leurs enfants dont les fillettes au long cou. Tous les enfants font leur toilette sur la place publique devant un bidon de deux cents litres d’eau. Les fillettes lustrent leurs anneaux à l’aide de « Miror ». Dès l’âge de cinq ans les filles portent ces horribles cercles de bronze et l’on ressent bien qu’elles ont des difficultés à accomplir les gestes de la vie courante surtout lorsqu’elles cueillent les mangues ou qu’elles labourent ou tissent. Porter ces anneaux est un titre honorifique, mais si toutefois la femme devient infidèle on lui ôte les anneaux, ainsi elle ne peut vivre que couchée. Tous les villageois ont le sourire et ma présence ne les dérange pas, chacun m’offre à boire et à manger. Une fillette confectionne des tuiles avec des végétaux pour couvrir sa maison, d’autres enfants jouent avec des jouets confectionnés par eux même, les tout petits font la sieste recouverts de toiles de tulle afin  d’être protégés des abeilles. Tout en haut du village sur la butte se trouve une chapelle chrétienne construite en bambous, sur l’écriteau est indiqué “ Saint joseph christian church”, à l’intérieur, au dessus de l’autel est pendu le portrait de la vierge dessiné à la main sur un tissu et sur l’autel sont disposés deux vases et deux bougies. Il n’y a que trois bancs dans la chapelle mais c’est bien suffisant.  Je me fais un réel plaisir à filmer les enfants qui ne me quittent plus, ils veulent se voir dans l’écran du caméscope, ils sont une vingtaine ravis et me suivent de partout. L’école publique est en plein air, sur la place il y a un grand tableau noir et en face quatre rangées de bancs où les enfants et les adultes assistent aux cours. Dommage qu’il n’y a pas de possibilité d’hébergement dans ce village,  j’aurai tant aimé passer une nuit ici et y rester une journée de plus. Je regagne la moto, escorté par les bambins et les adultes, et j’ai un petit pincement au cœur au moment où je démare. Ces belles images de Ban Naï Soï resteront longtemps gravées en moi. J’arrive tard à Mae Hong Son mais j’ai le temps de remonter au Wat Doi Klong Mu pour jouir une dernière fois du panorama sublime sur la ville toute illuminée.

 Paï et la grotte de Soppong

Avant de retourner à Chiang Mai pour y retirer mes visas pour le Laos et le Cambodge je m’arrête à Paï, le petit Katmandou thaïlandais. Paï est le rendez vous de beaucoup de routards, le village est situé dans un environnement enchanteur. A Paï je loge à “River lodge” pour cinq euros la nuit dans un bungalow sur pilotis qui surplombe la rivière. Une douzaine de bungalows sont répartis autour d’une immense prairie, les patrons du site sont deux jeunes d’origine indienne. Je trouve une moto à louer que j’utiliserai demain matin et la gare sous les pilotis de mon bungalow, ce n’est pas nécessaire de l’enchaîner et de la cadenasser car en Thaïlande on ne vole pas, sauf peut être rarement dans les grandes villes. A 8 heures du matin je pars pour Mo Paeng Waterfalls, c’est le week-end, il y a beaucoup de gens qui se baignent et des familles qui font un pique-nique, on y fait des rencontres et des connaissances. Après m’être désaltéré je continue vers la ferme aux éléphants. Beaucoup de gens possèdent trois à quatre éléphants, ils les utilisent pour les travaux des champs. J’arrive juste au moment où les fermiers rentrent des champs et conduisent les bêtes à leur refuge pour y être lavées avec de longs manches en bambous montés de balais brosse. Je rentre ensuite pour visiter Paï que je ne connais pas encore. Le marché est la principale attraction du village, c’est un véritable garde à manger dans la rue. A tout moment de la journée il est possible de faire ses emplettes ou de manger, ici le coin friture où les saucisses éclatées mijotent dans de grands bacs de graisse, là bas le coin des insectes à consommer sur place ou à emporter, et bien entendu tous les fruits et légumes locaux, du poisson de rivière et des langoustes bleues venues de Birmanie. Les deux principaux temples de Paï n’ont rien d’extraordinaire surtout lorsqu’on a vu ceux de Chiang Maï et de Mae Hong Son. Cette nuit je dîne au restaurant de “River Lodge” pour y tester les légumes grillés sur barbecue, très original ! Je passe ensuite plus d’une heure sur le balcon de ma paillote à écrire quelques cartes postales et à me faire dévorer par les moustiques à la lueur de la pleine lune et de trois bougies. Je plonge ensuite dans un profond sommeil.  Aujourd’hui je me rends à Soppong, à 45 kilomètres de Paï. A Soppong il n’y a que quelques maisons le long de la route principale et rarement des touristes. Les seuls touristes présents sont des thaïs car il y a la superbe grotte de Tham Lod. L’entrée est gratuite mais il faut se faire accompagner d’un guide payant . Je m’associe avec un couple de thaïs et leurs deux enfants et nous entamons la visite. Nous traversons la rivière Lang qui circule sous terre sur des kilomètres. A la période des moussons il n’est plus possible de visiter la grotte car l’eau obstrue l’entrée. Le guide en tongs dérape à tout moment. Nous empruntons des échelles de bois pour passer de galerie en galerie, c’est très physique et surtout très impressionnant. La visite dure près de deux heures et je trouve que c’est vraiment trop. La troisième partie s’accomplit en barque, les enfants du couple thaï sont paniqués surtout lorsqu’un vol de chauves-souris se déploie sur nos têtes.

Soirée et kermesse à Chiang Maï.

Après Soppong, aujourd'hui je traverse la région magnifique de Mac Lana  et arrive dans un village Shan construit autour d’un temple birman. Ici aussi, les Lahus proposent de la drogue. Ce soir pour ma dernière nuit à Paï je resterai à “River Lodge” car demain j’aborderai la descente sur Chiang Maï où je dois récupérer Wui et mes deux visas. A Chiang Mai je ne retournerai plus au Novotel que j’ai trouvé trop bruyant mais à “Rama II Guesthouse” qui m’a été conseillée par un routard Suisse que j’ai rencontré à Paï.  Je ne suis pas déçu car elle est située tout près de Tha Phae Gate le centre vivant de la ville. Je m’y installe puis vais retrouver ma copine Wui au gogo girl bar. Nous nous rendons  à l’agence qui s’est chargée de me faire obtenir mes visas, je m’acquitte de trente dollars et nous allons passer un moment au jardin public. Je dépose Wui à son job et termine la journée au marché de nuit pour y rencontrer des artistes peintres, des dessinateurs qui reproduisent à merveille des tableaux de scènes de la vie locale thaï, et des naturalistes qui conservent scorpions, papillons, scarabées.... Près du self se trouvent les boutiques d’ustensiles destinés à la maison, un véritable bric-à-brac de lampes décoratives en papier de soie, de nappes décorées d’éléphants, de bols et baguettes de toutes formes et couleurs. Il faut rentrer maintenant, et demain je passerai la journée à la kermesse. La journée suffit à peine pour flâner dans la grande kermesse de Chiang Maï, tout un quartier est assiégé par des forains, des commerçants, des troubadours et des musiciens qui viennent de toutes les villes du Nord. Au quartier des artisans il est tout à fait possible de créer soi même des pièces d’art, de jouer aux échecs ou même de se faire masser les pieds par des apprenties pleines de dextérité. La cour du Wat Bupharam est complètement transformée en gigantesque restaurant, on peut y prendre des cours de cuisine thaïlandaise. Je m’entraîne alors à réaliser le canard à la noix de coco et les calamars au citron. La fin d’après midi est proche, je me dirige vers ma guesthouse pour ranger mes affaires car demain je partirai pour Chiang Raï et le Triangle d’or.

Chiang Raï, le Triangle d’or et la drogue.

Rien d’excitant à Chiang Raï, mais cette escale me permettra d’explorer la très belle région du Triangle d’or où les paysages sont uniques. Chiang Raï est située dans un endroit stratégique tout contre le Laos et le Myanmar. Je m’installe à “Lotus guesthouse” au Soï 247 de Singhaklaï, dans un endroit cool et gentil pour quatre euros la nuit. Ici comme dans beaucoup d’autres guesthouses les patrons proposent des treks à pied, à moto, en raft ou radeaux et à dos d’éléphants. Mais je choisis de me débrouiller tout seul d’autant qu’explorer le coin avec prudence est tout à fait réalisable.  La moitié de l’opium illicite consommé dans le monde provient du Triangle d’or, une région appelée, “région des 3 frontières”  ( Laos, Thaïlande, Myanmar ). Ce sont des tribus d’origine chinoise ou sino-birmanes qui cultivent le pavot. Dans cette région se développe le banditisme et il est parfois dangereux de s’aventurer très haut en montagne sans guide local. A Sop Ruak, au point de rencontre des trois pays les cars à touristes sont nombreux. Je préfère la partie nord-ouest plus authentique, là où passent les caravanes d’opium descendant des zones birmanes. Certaines transportent jusqu’à vingt tonnes d’opium. Ce commerce est entre les mains du KMT. A Sop Ruak se trouve la maison de l’opium, un petit musée où sont exposées les pipes à opium, les couteaux, les balances et les poids sculptés. Un panneau explique que le Paver Somniférium est une plante d’origine méditerranéenne, un autre panneau pédagogique explique en thaïlandais et en anglais les dangers de la drogue. La reproduction d’une cabane de drogués est caractérisée par un fumeur maigre et cadavérique allongé la tête reposant sur un opium pillow (sorte de chevalet).  La drogue en Thaïlande est un fléau, aussi, des mesures très sévères ont été prises. Aujourd’hui il y a prés de vingt cinq occidentaux sous les verrous. Les peines d’emprisonnement sont longues, (jusqu’à 20 ans). Une prison pour occidentaux a été construite pour les contrevenants aux lois. L’opium est une résine qui provient du pavot, le pistil de la fleur est incisé et la pâte blanche qui s’écoule est récoltée le lendemain, elle est devenue brune au soleil. Une récolte de 20 000 mètres carrés de pavot permet d’obtenir  un “joy” d’opium, (1,6 kilo), c’est l’unité de mesure. Un joy se négocie autour de 1300 euros. En raffinant dix joys on obtient de la morphine qui est traitée pour ne donner qu’un kilo d’héroïne pure. Les dealers coupent l’héroïne plus d’une dizaine de fois et la revendent pour 150 euros le gramme. Le pavot est originaire du bassin méditerranéen, il fut cultivé par les grecs et introduit en extrême orient par les marchands arabes. Les paysans fumaient une partie de leur récolte et le reste servait de marchandise d’échange. Les minorités ethniques qui ont fuit la Chine et la Birmanie sont rentrées en Thaïlande avec les poches pleines de graines de pavot. Les champs de fleurs rouges commencèrent à s’épanouir dans les années 50. La guerre au Vietnam et les trafics louches de l’armée américaine ont contribué à développer les marchés européens et américains. Après l’interdiction de la culture en 1958 les rebelles du K.M.T (kuomingtang) qui avaient fuit l’armée de Chang Kaï-Chek prirent en main le trafic et s’installèrent au nord de la Thaïlande en pleine jungle. A la tête de ce trafic se trouve le dénommé Khun Sa, un homme invisible et intouchable qui dirige une véritable société anonyme de la drogue. Il fit bâtir des dizaines de laboratoires de raffinement en pleine jungle. En 1970 explosa le marché mondial de l’héroïne. Depuis 1980 les autorités thaïlandaises font la guerre à Khun Sa qui fut obligé de déguerpir. La Thaïlande et la Birmanie sont maintenant d’accord pour combattre le trafic par des opérations de brûlage des champs par l’armée. En contre partie le gouvernement laotien qui laisse faire, récupère des parts de marché. Aujourd’hui les paysans Lissu, Yao ou Méo poursuivent clandestinement la culture et la vente. Khun Sa court toujours !  Je m’établis pour deux nuits à Mae Saï tout près du poste frontière avec le Myanmar, à “Mae Saï Plaza guesthouse” où je loue un bungalow aux tuiles de bois, juste en face la Birmanie. Mae Saï est un patelin joyeux et coloré, tout le monde vit, piaille, s’amuse, s’active et se baigne. Les habitants des deux pays cohabitent à merveille et font leur train-train quotidien en se fichant pas mal des problèmes de frontière. Tous les cent mètres des bacs font la navette de rive à rive dans l’indifférence totale, mais gare à moi si je tente faire de même. L’indifférence n’est qu’apparente car des douaniers dotés de grandes jumelles veillent sans cesse pour tenter de piéger l’intrus. Aux abords du pont règne une sacrée activité et une incessante animation. Des tribus du Myanmar, des Akhas et des paysans birmans sont revêtus d’admirables longyi (sorte de sarong), ils traversent la rivière pour faire des achats ou pour travailler. Demain j’irai visiter l’usine de taille de jade et d’albâtre. Chose faite ! Thong Tavee factory dispose d’ateliers de taille et de ponçage mais la poussière y est tellement insupportable que je ne m’y suis pas attardé. Je me dirige alors au Wat Doï Wao pour découvrir le magnifique panorama sur le Myanmar et gravir les deux cents marches pour aller trouver l’affreux scorpion géant. Demain je basculerai sur les rives du Mékong et m’installerai à Chiang Saen. Chiang Saen est certainement le village le plus authentique de la région, les touristes ne se bousculent pas, c’est un vrai bout du monde où les gens sont d’une gentillesse extrême. Je m’installe à “Chiang Saen guesthouse” face au Mékong et au Laos. Ici je passe beaucoup de mon temps au bord du fleuve pour voir défiler les barges surchargées de marchandises diverses arrivant de Chine à destination du Laos ou de la Thaïlande. J’ai vite fait le tour de cette mini bourgade et de ses romantiques temples en ruines: le Wat Mum, le Wat Muang, le Wat Roi kho.

Retour à Bangkok et Bang Bua Thong.

Maintenant il faut que je songe à regagner Bangkok depuis Chiang Raï et ce n’est pas une mince affaire. J’opte pour la solution du bus de nuit gouvernemental, il met douze heures pour parvenir à Bangkok. Les longs trajets sont souvent assurés par ces types de bus confortables et climatisés. Dans le bus des hôtesses pleine d’attention pour les passagers apportent à boire et à manger. Le bus va très vite et les arrêts sont fréquents et nécessaires pour se délasser, mais il est difficile de dormir. Le bus arrive à Bangkok à 5h30 du matin à Northerm Station, ce n’est pas très pratique pour me rendre à Bang Bua Thong où m’attend Rattana. Le bus N° 744 me rapproche du centre de Bangkok, je prends un tuk tuk qui me dépose au port de That Thien puis je remonte la Chao Praya jusqu’à Nonthaburi. Rattana m’attend depuis midi. L’accueil est très chaleureux. Pas une minute à perdre, je fonce prendre un bon bain puis j’ai droit aux traditionnels massages. A l’issue d’une heure de sieste une bonne odeur monte de la cuisine, Rattana prépare le repas du soir.  Je descends au rez-de-chaussée où je retrouve Bang On qui est venue accompagnée de la tante, de l’oncle et des deux nièces. Les présentations sont rapides, on s’assoie tous à même le sol et l’apéro bière et noix de coco est servi suivi d’une multitude de petits plats. C’est toujours aussi délicieux !  Voila un peu plus d’un mois que je suis en Thaïlande et je suis loin d’être lassé. La France est loin de moi et je fais le point sur cette vie à l’asiatique. Vie délicieuse que je dois à l’extraordinaire philosophie des thaïlandais et à leur art de vivre exceptionnel. Outre la gentillesse des gens il y a dans ma tête tout ces beaux décors, ces paysages paradisiaques et aussi cette nourriture appétissante qui me convient parfaitement. Bon ! Il manque le bon pain à la française et le fromage mais on s’en passe facilement. Ce qui me manque surtout, depuis tout ce temps passé loin de chez moi c’est de ne plus pratiquer ma langue natale, et qu'il m’arrive de perdre le sens de l’orientation. C’est peut être parce qu’en Thaïlande on roule à gauche, et aussi au fait de ne pas avoir de repères car les enseignes et les panneaux sont en caractères thaï. Je n’ai pas compté le nombre de fois que je me suis perdu dans Bangkok, chose qui ne m’était jamais arrivé à Athènes, Istanbul ou Marrakech. Le seul moyen pour m’orienter c’est de me fier aux panneaux publicitaires style Coca, Sony, Panasonic, Orange, Pepsi........ Tout cela est sans grande importance quand on se sent bien et ce ne sont pas ces détails qui me feront rebrousser chemin. J’ai encore beaucoup à voir et à faire dans ce sud-est asiatique  Nous n’avons rien programmé aujourd’hui et nous partons flâner dans Bang Bua Thong pour déjeuner au bord du khlong. Nous allons retrouver l’oncle qui est tout fier de connaître les noms des joueurs de football de l’équipe de France. Cet après midi nous restons avec toute la famille bien au frais dans la maison climatisée. Demain matin nous ferons la grasse matinée et le programme de la journée sera cool.

 L’île des potiers.

Lever à 10 heures, toute la famille fini de se préparer pendant que j’avale un œuf au plat, des rondelles de saucisson thaï et un bol de thé au gingembre. A deux kilomètres à pied de la maison nous atteignons le canal où attendent trois pirogues prêtes à partir pour l’île de Khokred.  La vie sur le canal est paisible, seul le bruit du moteur des pirogues vient troubler le calme qui règne ici.  Le décor est éblouissant, nous longeons des habitations de bois  construites sur pilotis et décorées de vases de géraniums de toutes les couleurs. Les pilotis sont très hauts  afin de se protéger des hautes eaux pendant les moussons. La pirogue fait du porte à porte pour déposer les gens chez eux, elle ralentit et les passagers sautent sur leurs pontons. Sur les eaux les hommes âgés passent leur journée à pêcher blottis dans de minuscules barques. Les femmes agenouillées lessivent, les enfants turbulents se jettent de leurs balcons dans l’eau boueuse du canal. Un bateau épicerie ravitaille les habitants et d’autres, chargés de matériaux de construction livrent à domicile.  L’ambiance est délicieuse ! On à l’impression qu’ici les gens vivent en perpétuelle inondation et qu’ils se sont organisé pour que tout fonctionne normalement. Nous accostons et prenons un bac qui relie la terre ferme à l’île de Khokred ou “ île des potiers”. La vie sur l’île est d’un calme surprenant, un véritable havre de paix. Les seuls touristes que l’on croise ici sont thaïlandais, aucun guide ne mentionne ce coin au large de Bangkok. Rattana est un amour, grâce à elle j’ai pu connaitre un si bel endroit. Sur Khokred vivent de véritables artistes qui confectionnent et décorent des poteries merveilleuses que l’on ne trouve qu’ici. La terre glaise est propre à cette île, les artistes confectionnent aussi des statuettes animales, des Bouddhas, des dragons, des singes...... Dans les ruelles de l’île les peintres décorent avec habileté leurs œuvres d’art à l’aide de peintures spéciales, ils n’utilisent que sept couleurs. Partout sur l’île il y a de délicieuses cantines, nous nous installons à l’ombre d’un eucalyptus géant pour y déguster des pâtes orange, du poisson d’eau douce et un cornet de coco râpé. Nous traînons sur l’île jusqu’à très tard en veillant bien de ne pas louper le dernier bateau  pour retourner. Nous rentrons complètement ravi de cette sortie et nous prenons l’apéro avec de la bière singha et un melon whater. Après le repas nous allons faire une petite promenade nocturne dans le lotissement. Demain nous irons à la ville sainte de Nakhon Pathon.

Nakhon Pathon haut lieu du bouddhisme.

Nakhon Pathon est une ville considérée comme le berceau de l’enseignement bouddhique. En pénétrant dans la ville on ne peut pas manquer le plus grand chedî du monde, il est haut de 120 mètres et tout recouvert de tuiles de chine vernissées. La cité fut fondée trois siècles avant notre ère par le souverain indien Asko Ka. Avant d’aborder la visite nous nous arrêtons au marché où Rattana achète quelques cafards, des sauterelles, de la “porchetta” et des boissons pour notre pique-nique. L’imposant bâtiment s’offre face à nous, orange, or, rose et blanc, il ne passe pas inaperçu, c’est un véritable décor de cinéma. La visite doit s’effectuer en le contournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Nous passons devant le musée où se trouve le Bot destiné aux ordinations des jeunes moines. Nous pique-niquons à l’ombre du banian, (arbre sacré), en face du bouddha couché en phase d’atteinte du nirvana. Le cadre est idéal pour méditer sur les principes de la “voie du milieu” qui fait courir bien d’européens. Il y a même un vieux bonze qui passe la journée à enseigner les grands principes de cette philosophie. Tout autour du grand chedî dans les allées ombragées des fillettes ramassent les pétales de toutes les fleurs qu’elles trouvent et les mettent à sécher. Ces pétales serviront lors des cérémonies pour être déposées dans des vasques et abandonnées à l’eau. Petite séance vidéo sur la première terrasse du chedî pour fixer Rattana sur ma cassette. Pour regagner Bang Bua Thong ça n’a pas été facile. Cette soirée sera ma dernière soirée auprès de Rattana avant mon grand départ pour le Laos et le Cambodge. Bang On est rentrée tôt, nous passons à table et nous nous installons devant la télé. Les émissions de télé thaï sont tellement cul-cul que je me branche sur CNN pour les infos. Demain je laisserai plus de la moitié de mes affaires personnelles chez Rattana pour ne partir qu’avec un petit sac à dos et mon caméscope.  

 

LE LAOS  et  VIENTIANE

 

Vendredi 29,  il est 5 heures du matin. Dans une heure je serai à l’aéroport Domestique de Don Muang tout au nord de Bangkok. Mon départ pour Vientiane est prévu à 8h15 et une heure après j’aurai les pieds sur le sol laotien. Me voici à l’aéroport de Wattay, au Nord Ouest de Vientiane. Après quelques formalités douanières obligatoires je passe au bureau de change. Stupéfaction !  1 dollar égale 9400 Kips. Je change 100 dollars soit 940 000 kips et je me retrouve avec cinq centimètres de billets empilés. J’ai vite compris pourquoi une simple carte postale et un coca m’ont coûté 1800 kips (0,20 euro). La location d’une moto pour la journée coûte 15 000 kips (1,6 euros), une nuit dans une guesthouse 25 000 kips (2,7 euros). Après vingt minutes de tuk tuk me voici dans les rues de Vientiane où rien n’est semblable à Bangkok. Ici tout est calme et semble endormi, il n’y a que très peu de véhicules à quatre roues mais énormément de vélos, de mobylettes et de tuks tuk. Mes premières images de la ville vont vers celles des maisons coloniales au bord des grandes avenues, il n’y a pas d’immeubles ni de bidonvilles. Le nom de Vientiane vient de Viang Chan “ville de la lune”, il provient du Mékong qui dessine une grande courbe en forme de quart de lune. Aujourd’hui Vientiane est une ville sacrée, c’est la capitale du pays, et cela depuis la construction du temple Wat That Luang qui renferme un cheveu du bouddha. Bien avant, la capitale du Laos était Luang Prabang. Les français sont arrivés à Vientiane à la fin du XIX ème siècle, ils construisirent des écoles, des hôpitaux et des casernes jusqu’en 1930. L’architecture des bâtiments a été calquée sur le modèle des villas du sud de la France et dans les quartiers résidentiels on y rencontre des maisons de style 1960. La ville est aujourd’hui en perpétuel chantier. Il est facile de se déplacer dans la ville.  Mon point de repère sera le Mékong et le long quai Fa Ngum qui le longe. Les panneaux indicateurs sont écrits en caractères alphabet romain et en dessous en laotien. Je choisis “Mic guesthouse” un logement pas vraiment confortable mais extrêmement bien situé pour rayonner dans la ville. Devant la réception de la guesthouse deux hommes jouent aux dames avec des capsules de bière, ils quittent leur partie pour m’accueillir et m’indiquer ma chambre. A peine installé je ne perds pas une minute et me lance à la découverte de la ville. Je me procure un plan sommaire de Vientiane et très vite j’ai l’impression de retourner 50 ans en arrière, surtout lorsque j’arrive au marché Talat Sao qui est le centre vivant de la citée. Tout se passe sous trois immenses halles, c’est le marché d’état aux prix contrôlés où il est impossible de marchander. Une aile du marché est spécialisée dans les produits venus principalement de Chine et de Thaïlande. Mon premier repas laotien pris à l’extérieur du hall sera sommaire, une soupe de nouilles et du poulet grillé. De l’autre coté de l’avenue Lane Xang  le marché de Khua Din est plus passionnant que le précédent avec plus de couleur locale. Des paysans se retrouvent pour vendre les produits de leurs exploitations dans une atmosphère joyeuse. Ici c’est le mélange de bonnes odeurs et de puanteurs. Le boucher tranche la viande fraîche au milieu d’une nuée de mouches que les femmes chassent à l’aide de sacs plastiques attachés au bout d’une verge de bambou. Dans le coin des poissons gluants à tête de serpent se trouvent aussi les anguilles et les grenouilles qui frétillent dans des bassines couvertes de grillage à poules. Le coin le plus parfumé est le coin des tabacs et des écorces, on trouve ici la “ganga” ou marijuana. Le coin le plus bruyant est celui où se trouvent les bestiaux vivants, les porcs grognent et les poules jacassent. Et puis miracle ! Je viens de trouver du pain comme chez nous, de véritables baguettes à la française. Je repère le coin pour éventuellement y retourner. Toutes les laotiennes portent le chapeau conique ajusté par une petite ficelle qu’elles passent sous le menton. Je m’éloigne maintenant pour me diriger vers le Wat Hasatinhimit construit par un architecte français et n’irai pas plus loin pour cette première sortie dans Vientiane. Je regagne le cœur de la ville en passant par le centre culturel et le musée puis m’engage dans des ruelles pour me retrouver sur la grande place au centre de laquelle se trouve une admirable fontaine entourée de commerces, principalement des restaurants. Le plus surprenant  est ce restaurant très réputé,  “Le Provençal” dans lequel je mangerai laotien.  Aujourd’hui samedi le programme de ma journée est bien chargé. Le ciel est gris, il fait très chaud et me voilà parti pour louer un vélo afin de  me rendre au Wat Sisaket. Je m’arrête à Patuksay Gate, une sorte d’arc de triomphe situé face au palais présidentiel. Sa décoration est inspirée de la mythologie lao, il a été construit en 1960 en commémoration à toutes les guerres. Du bas, je peux admirer sa voûte bleue ciel et or. J’accède au sommet par un escalier en colimaçon et du haut, quelle vue panoramique imprenable sur Vientiane !

 Le Wat Sisaket le pont de l’amitié et le Bouddha parc.

En l’espace de quelques minutes le ciel s’assombrit et devient noir d’encre, des trombes d’eaux s’abattent sur la ville. Je reste réfugié sous l’arc de triomphe en compagnie de nombreux laotiens surpris comme moi  par cette soudaine mini tornade qui ne durera qu’une heure. Je reprends le vélo, les routes sont gonflées d’eau et de boue rougeâtre, dix minutes plus tard me voila au Wat Sisaket. Sisaket ou “les cheveux de la reine” est construit dans le style siamois, il est resté intact depuis 1818. Sa caractéristique principale est qu’il est le seul à posséder plusieurs milliers de statuettes de bouddhas, très exactement 8892 bouddhas, disposés deux par deux dans de petites alvéoles creusées dans les murailles du cloître. Ces statuettes sont en bois, en pierre, en bronze ou en argent. Le temple présente cinq admirables pans, dommage que les peintures murales intérieures soient aussi détériorées. Une gouttière de bois en forme de naja sert à arroser les statuettes lors de la fête du jour de l’an. A l’extérieur du temple de style birman il y a une bibliothèque et des tombes qui renferment des reliques funéraires.  Il y a toujours des centimètres d’eau dans les rues mais le ciel est plus dégagé, ce type d’orage violent est courant en cette saison mais il fait cependant bien chaud. Je reprends la bicyclette car seize kilomètres m’attendent pour aller au Bouddha Parc. La route que j’emprunte est agréable et m’oblige plusieurs haltes pour prendre le temps de bien observer toutes ces scènes de la vie quotidienne des laotiens. Tout le monde est très accueillant et j’ai envie de passer beaucoup de mon temps à partager des instants attachants à regarder chaque geste et chaque sourire. J’ai passé beaucoup de temps ici et poursuis vers “le pont de l’amitié” construit en 1994 pour relier le Laos à la Thaïlande. Ce pont qui enjambe le Mékong il est long de un kilomètre et a été financé par les australiens. Tout proche du pont se trouve l’entrée du “Bouddha Parc” nomé Wat Xieng Khuan. A l’intérieur du parc sont édifiées plusieurs statues laides et monumentales  qui invoquent le Panthéon Lao et Hindouiste. Ces statues de mauvais goût, construites en béton projeté ont été réalisées en 1950 par un bonze. Le seul édifice dans lequel je pénètre est une citrouille géante en béton, pour accéder au sommet il faut que j’emprunte des escaliers dans la pénombre, tout en haut se trouve un arbre de vie, lui aussi en béton, mais du sommet de la citrouille quelle vue panoramique impressionnante  sur le parc et les statues ! Au fond du parc est cachée une gargote où je m’arrête pour siroter le lait frais d’une grosse noix de coco. Les seize kilomètres du retour sont pénibles mais je continue à passer un agréable moment. Je fais un bout de route accompagné d’une maman à vélo qui tire une carriole dans laquelle son enfant dort à poings fermés. Il m’est difficile de communiquer avec les habitants, mais qu’importe, nous échangeons des gestes et des sourires et tout se passe à merveille. A Vientiane, je monte me relaxer sur la terrasse de mon appartement puis retourne sur la grande place pour y écrire quelques cartes postales. Beaucoup de familles viennent se balader ici ainsi que de nombreux routards qui font escale avant de monter sur Luang Prabang comme je vais le faire dans quelques jours. Lorsque les familles s’en vont se sont les rabatteurs à prostituées qui débarquent, et là, il ne faut pas tomber dans le piège. Les rabatteurs proposent des soirées particulières en discothèque en compagnie de minettes très jeunes et alléchantes qui ont pour consigne de plumer les pigeons. Ces rabatteurs sont de mèche avec la police locale qui débarque pour réclamer un paquet de Kips aux pauvres touristes qui se sont laissé tenter, car oui, c’est prohibé ! Il vaut mieux faire des rencontres le long du Mékong, c’est plus romantique ! Bonne nuit !

 Le temple Wat That Luang et les rives du Mékong.

C’est dimanche, je reprends le vélo pour me rendre au Wat That Luang. Il fait quelques degrés de moins, la pluie de la veille a fait du bien. Le quartier est animé par un charmant marché sombre, recouvert de bâches sales et déchirées, je m’y arrête pour déjeuner, mais je ne sais vraiment pas ce que j’ai dans l’assiette, une espèce de bouillie écœurante par sa consistance et son aspect, c’est probablement une mixture de lentilles et de riz gluant accompagnée de boulettes de viande, mais quelle viande ? J’espère que ce ne soit pas du chien d’élevage. C’est très relevé mais ce n’est pas mauvais du tout. Après ce délicieux repas je pénètre dans le Wat That Luang dominé par un immense stupa sacré qui renferme  les cendres de la hanche de Bouddha. C’est le monument le plus important du Laos, le plus fort symbole de l’unité nationale et de l’identité religieuse du pays. Le temple fut édifié à partit de 1566 par le roi Setthathirat, il est recouvert de feuilles d’or. Le reliquaire est surmonté d’un cloître carré de 68 mètres de coté. La base de 48 mètres de côté est entourée d’une ceinture de créneaux en forme de fleurs de lotus. Les logements qui entourent le cloître sont pris d’assaut lors de la fête des offrandes qui dure plusieurs jours et se termine par une retraite aux flambeaux.  Après le Wat That Luang, je vais côtoyer le merveilleux, les rives du Mékong avec ses paysages de rêve où règne une ambiance de repos et de paix. De partout des cantines  préparent des repas rapides aux bons parfums d’épices. Je prends un dessert, une galette de riz frit trempée dans du lait de coco et saupoudrée de cannelle. Le coin est tellement beau que j’y reste pour attendre la tombée du jour. Il ne faut pas manquer le coucher du soleil sur ce fleuve magique, le ciel devient orangé et l’eau du Mékong pourpre. Les pêcheurs aux carrelets arrivent nombreux et retirent de grandes quantités de poisson argentés. Quelle journée ! Et quelle soirée merveilleuse ! Je rentre au cœur de la ville, et face au Mékong j’aperçois le restaurant  “le côte d’azur”. Il m’oblige une dernière halte avant d’aller me coucher. Il me reste à voir le marché aux bestioles: volailles, porcs, serpents, grenouilles, civettes, anguilles...... Insolite ! Mais bonjour les odeurs. Au centre de Vientiane se trouvent deux temples, le Wat Ong Xeu et le Wat Impeng, dans ce dernier existe une école bouddhique dans laquelle je suis très chaleureusement accueilli par une maîtresse qui me permet de filmer ses élèves. Quel grand retour en arrière que d’admirer cette école de même style que celles que nous avons connues en France juste après guerre vers les années 45. J’ai aussi la permission d’aller filmer l’école de danses classiques laotiennes. Les fillettes costumées sont surprises de ma visite inattendue, elles sont en train de répéter une gestuelle très gracieuse, la maîtresse leur demande de me démontrer leur dernier exercice enseigné.  Avant de rentrer je retourne de nouveau sur les rives du Mékong, je ne peux pas m’en passer ! Quant à demain, je quitterai Vientiane pour Luang Prabang. Il est 18h30 le ciel redevient subitement noir, je fonce sous un préau pour me mettre à l’abri, de nouvelles trombes d’eau s’abattent sur la ville, l’orage redouble d’intensité et je suis obligé d’attendre l’accalmie. Je rejoindrai ma guesthouse après une heure et demie d’attente. Demain, objectif nord Laos.

 Luang Prabang et ses temples.

Le bus quotidien qui relie Vientiane à Luang Prabang parcourt le trajet en treize heures dans des conditions de confort plutôt pénibles. Aussi, après quatre heures de route je décide de descendre  à Vang Vieng. La ville est située près de la rivière Nam Song, le site est superbe et peuplé de Hmongs et de Yaos. Vang Vieng est le lieu des grottes sacrées et des pèlerinages. Le paysage est enchanteur il est composé de falaises calcaires et de sortes de pains de sucre verdoyants, ce qui lui a valu le nom de “baie d’Along du Laos”. Pour bien profiter de ce coin merveilleux je m’installe à “Poukham guesthouse“, une grande maison avec des colonnes bleues et dorées. Je me procure un plan de la région et loue un vélo pour me rendre à travers d’admirables rizières et pains de sucre. J’arrive à la grotte de Tham  Phapouak, à six kilomètres au Nord de Vang Vieng. La grotte n’a rien de curieux mais la vue sur la vallée est de toute beauté. Je loue une grosse bouée (chambre à air de camion) et me laisse flotter au gré du courant de la rivière Nam Song. C’est le meilleur moyen pour découvrir et admirer les si jolis rivages. Le courant me transporte jusqu’à la station de tuk tuk, où l’un d’eux m’emmènera, récupérer mon vélo.  Luang Prabang est encore bien loin. Le bus fait une longue halte à Kasi où des attaques sont courantes entre Hmongs et militaires pour leur conflit  du contrôle de la drogue. En l’an 2000  une attaque a fait une vingtaine de morts dans le camp de l’armée. Luang Prabang ou “Muang Sua” signifie “Java” car les javanais avaient envahi une partie du Laos à l’époque khmère. La ville est bâtie au confluent du Mékong et de le rivière Nam Kane. Cette cité est la splendeur du Laos. L’électricité n’y est apparue qu’en 1990 et la première moto en 1994. Le meilleur moyen pour visiter la ville est de marcher pour s’imprégner du climat de la ferveur religieuse qui y règne et savourer l’impressionnante beauté de ses temples. La ville de Luang Prabang compte 26 000 habitants et est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Pas de problèmes pour se loger à Luang Prabang, les guesthouses poussent comme des champignons. C’est à “Sysomphone guesthouse” que je m’installe dans une ravissante pension pour quatre euros la journée, elle est dirigée par une famille trop adorable. Demain je me lèverai tôt pour découvrir la dimension spirituelle de la ville. A 6 heures du matin je suis déjà dans l’artère principale de la ville. Juste au lever du soleil j’assiste au défilé de centaines de bonzes qui partent recueillir les offrandes auprès de la population. Le spectacle est très beau, des bonzes tout d’orange vêtus tendent aux passants leurs pots de terre cuite à large ouverture afin que la population leur donne une poignée de riz gluant. La cérémonie dure une vingtaine de minutes puis tous regagnent leurs temples respectifs. J’aborde ensuite la longue visite des temples, il y en a environ une trentaine mais je me contenterai des quelques incontournables.  Le Wat Xieng Thong “ville de l’arbre de l’illumination”, le plus riche de la ville, a été construit en 1560 par le roi Setthathirat. Proche de lui la chapelle du bouddha sacré « chapelle rouge » est superbement décorée et incrustée de mosaïques de verre d’inspiration japonaise. Sur la façade arrière du temple je reste en admiration devant une belle mosaïque de verre représentant l’arbre de boddhi « arbre de l’illumination ».  A l’intérieur, des fresques racontent la légende de Tao Chanthaphanith, elles représentent les supplices infligés aux damnés. Les ivrognes sont ébouillantés, les voleurs sciés en deux, les menteurs pendus par la langue et ceux qui ont trompé leur femme grimpent à un arbre épineux. Quant au Wat Ma, il est entouré par des fresques représentant les animaux du Laos et l’animal mythique. Derrière le temple je suis impressionné par la présence d’une colossale pirogue de vingt cinq mètres destinée à recevoir cinquante rameurs. Elle est utilisée au mois de septembre lors de la fête des pirogues.

 Les massages.

Assez pour aujourd’hui ! De temple en temple je regagne ma pension puis m’en vais manger dans une paillote qui surplombe le Mékong. Ce soir j’ai décidé de manger typiquement lao, au menu: algues au sésame frites, friture de poisson chat et salade de poulet épicée. Demain relax !  La cabane de bois de la croix rouge lao est transformée en un salon de massages traditionnels aux herbes. Pour mon tonus j’y passe plus d’une heure. A cinq reprises consécutives j’ai droit à dix minutes de massage puis cinq minutes de repos devant une tasse de thé. Ici au Laos la tradition des massages vient d’Inde et de Chine, elle est liée à la tradition bouddhique mise en pratique à travers les quatre états de l’esprit divin enseignés par “l’illuminé”: la bonté, la compassion, la joie de vivre, la sérénité. Les massages sont très répandus au Laos tout comme en Thaïlande, la mère apprend à ses filles à masser leur père, qui à son tour les masse. On se masse entre soi le plus naturellement du monde, c’est un acte quotidien et familial de réconfort et de convivialité. Il existe beaucoup de fondations et d’écoles de massages au Laos. Dans ces écoles sont enseignés les trois principaux types de massages: massage du pied, massage traditionnel complet pendant deux heures, et massage aux herbes. Ces massages sont tout à fait sages et de bonne qualité.  Me voilà sur pied pour affronter  encore quelques Wat et attendre la tombée du jour pour monter sur la montagne sacrée, le mont Phousi ou “gros tas de riz”. Le ciel passe au rouge, les lumières de la ville s’allument et les cloches des monastères tintent. Le mont Phousi fut le centre religieux le plus important tout au long de l’histoire de la ville. Demain je laisserai de côté temples grottes et bouddhas.  Aujourd’hui le ciel est couvert et j’appréhende un nouveau déluge, aussi je m’équipe d’un parapluie pour aller visiter des villages de pêcheurs et me rendre jusqu’à Ban Xanbaï, le “village des jarres”. A Ban Xanbaï les paysans distillent l’alcool de riz. L’alcool de riz est appelé lao-lao, c’est la boisson alcoolisée la plus populaire du pays. Pour l’obtenir il faut faire fermenter du riz gluant cuit dans des jarres, l’additionner de levure et d’eau, et sous huit jours l’amidon du riz sous l’effet de la levure se transforme en alcool. On obtient le vin de riz sucré “lao kham kham” qui est distillé dans des fûts métalliques posés sur des braises.  Pour mon retour sur Luang Prabang je décide de prendre un bateau sur la rivière Mam Ou qui se jette dans le Mékong et me laisse bercer jusqu’à Pak. Je ne regrette pas ma décision car je passe au milieu de paysages splendides et longe de spectaculaires falaises calcaires. Par ce cours d’eau on peut remonter jusqu’à la frontière chinoise, mais il faut attendre les hautes eaux. Je comptais quitter Luang Prabang mais je n’ai pas encore tout vu, je vais donc m’accorder une journée supplémentaire. Quant à ce soir, je dîne au restaurant Duang Champa où je commande une salade de tripes et viande séchée. Ce restaurant est  franco-lao il sert aussi de la langue de bœuf  à la sauce piquante des glaces et des sorbets.

 Les orpailleuses et la province de Xieng Khouang.

Quelle chance ! Je passe à travers les orages, cela me permet d’aller plus en aval du Mékong. En louant une barque je dérive vers Bane Tiane un village de potiers. Toutes les familles vivent du travail de la terre glaise. Des jarres de toutes dimensions sont fabriquées à la main avec des tours rudimentaires, puis disposées au soleil pour sécher progressivement avant d’être enfournées dans des fours à bois. Les potiers se sont doucement reconvertis à la fabrique de tuiles nécessaires pour rénover les temples. En aval du fleuve je rencontre des orpailleuses, avril, mai et juin sont les mois propices à cette activité car les eaux sont basses. Sur le rivage, les femmes creusent la terre puis elles la lavent pour extraire une poussière noire où scintillent quelques paillettes d’or. Après la maigre récolte elles ajoutent du mercure et chauffent le tout, le mercure en s’évaporant libère l’or. Cet or est ensuite revendu aux bijoutiers de la ville. Moins authentique le village de Ban Phanom  assiégé par les touristes qui viennent pour s’enquérir de magnifiques œuvres tissées soit disant en soie (20 % de soie seulement).  A trois ou quatre kilomètres de Ban Phanom je croise la tombe de Henri Mouhot, un français originaire de Montbéliard, passionné de l’Asie, il mourut en 1861 à l’âge de 35 ans épuisé par les fièvres. C’était un aventurier du Siam, Cambodge et Laos. Ce soir je fais le point, il serait bien dommage de regagner déjà Vientiane, sans pousser plus à l’est pour traverser la plaine des  jarres et m’arrêter à Xieng Khouang. La province de Xieng Khouang est montagneuse et peuplée de minorités ethniques Thaïs et Hmongs qui pratiquent la culture du riz sur brûlis et du pavot. La route fréquentée par de nombreux camions de marchandises est particulièrement dangereuse. La plaine des jarres compte plusieurs centaines de jarres de toutes tailles certaines pèsent jusqu’à trois tonnes, beaucoup ont été détruites par les bombardements américains et d’autres ont été pillées, mais il reste de quoi se faire une idée. On suppose que ces jarres remontent à trois ou quatre mille ans et personne ne connaît vraiment le secret de leur fabrication. Mon retour sur Vientiane est épuisant. Le temps a vite passé et demain je m’envolerai pour le Cambodge.

 

 LE CAMBODGE

 

Courte nuit ! Me voila debout à 6 heures du matin afin de me rendre à l’aéroport de Wattey pour y attendre mon vol pour Phnom Penh.  Deux heures de vol depuis l’aéroport Wattey de Vientiane jusqu’à l’aéroport Pochentong à Phnom Penh. J’accomplis quelques formalités de rigueur et passe au bureau de change où j’obtiens 400 000 riels pour 100 dollars. Je quitte le grand hall, il fait une chaleur torride, je me dirige vers la station de taxis et demande d’être conduit au centre de Phnom Penh. Le chauffeur n’en fait qu’à sa tête et se trompe volontairement pour me diriger dans l’hôtel de son choix. Je me dispute et demande à être conduit à “Keov Mean Guesthouse” tout près du marché central de la capitale. La guesthouse est très bien tenue et très bon marché, 23 000 riels par jour (5  euros). Adresse: 51 Pasteur street à Sangkat Phsar Thney. Kandoun Penh Tél: 012 921 324. Le patron est sympa, il loue sa moto pour 15 600 riels la journée (4 euros). La moto est un excellent moyen pour se déplacer dans Phnom Penh à condition d’avoir un bon plan de la ville et avoir consacré au moins une demi-journée pour s’adapter à la conduite démente.  Le Cambodge est le “Pays du sourire“, bien qu’il soit devenu hélas ! synonyme de génocide et de terreur. Ce petit pays est médiatisé par le meilleur, le fameux site d’Angkor et par le pire, les Khmers rouges. Comment ne pas tomber amoureux et sous le charme d’un si beau pays et d’une population si attachante. Sur le Cambodge plane l’étonnant mystère des temples et la magie des eaux du Tonle Sap. Le pays s’étend sur 180 000 km2 et compte 12 millions d’habitants dont l’espérance de vie est de 55 ans. Il est dirigé par une monarchie constitutionnelle à tendance dure. Son roi est Norodom Sihanouk Varman.

 Phnom Penh et génocide.

A l’époque coloniale Phnom Penh fut surnommée “la perle de l’Asie du sud Est”. Les français en firent la ville la plus importante du bassin du Mékong. Mélange de bâtiments et hôtels flambants neufs au milieu de dépotoirs et de maisons qui ont gardé les traces de la guerre. La capitale est malgré tout souriante même avec la présence de nombreux réfugiés et mutilés de guerre. Le grand boulevard Monivong est très agité à l’image de Bangkok. Le palais royal implanté sur les rives du Mékong et du Tonlé Sap est un enchantement pour les yeux. La nuit la ville est dangereuse en matière de sécurité car les autorités baissent les bras devant le problème de la pauvreté.  Horreur ! Voici le lycée appelé S-21 construit par les français et qui est devenue la prison la plus terrifiante du Cambodge. D’avril 1975 à janvier 1979 près de 20 000 personnes y sont passées, subissant les pires des tortures avant d’être achevées par les khmers rouges dans le camp d’extermination de Choeung Ek. Dans la cour de la récréation se trouve une potence à côté des tombes. Au pied de la potence sont alignées les jarres dans lesquelles les détenus étaient noyés. Les lits en fer sur lesquels étaient attachés les prisonniers enchaînés ont à leurs pieds des boites de munitions qui servaient de pots de chambre. Beaucoup de médecins, d’ingénieurs, de professeurs, de soldats vietnamiens, de journalistes, de moines bouddhistes, et de chanteurs très connus ont été enfermés et tués ici. Dans les salles de classe de nombreuses photos de jeunes filles, vieillards, enfants et hommes  au visage défiguré par l’horreur couvrent les murs. Dans la dernière salle une “œuvre d’art” représente le territoire cambodgien après le régime des khmers rouges. Un amas de vraies têtes de morts symbolisent la terre, et le sang représente les fleuves, d’autres toiles montrent comment exterminer les enfants... Je sors d’ici écœuré et atterré. Après la visite du musée ou figurent les portraits des bourreaux et des dirigeants dont celui de Pol Pot, je poursuis vers Choeung Ek à 17 kilomètres de la ville. Choeung Ek était un véritable camp de la mort exploité pendant trois ans par les Khmers rouges. Ici  se trouvent les anciens fours crématoires et les fosses communes. Il en existe plus de cent, celles qui ont été mises au jour sont signalées par des panneaux rédigés en khmer et en anglais. On peut ainsi connaître le nombre d’ossements découverts et savoir que pour économiser les balles et les cartouches les bourreaux avaient pour consigne d’achever les prisonniers à coups de crosse. Dans le mémorial construit en 1988 on y trouve des milliers de crânes entassés sur des étagères en verre. Je ne suis resté que peu de temps sur ce site. Malgré les 37 degrés sous abri j’ai la chair de poule et les poils hérissés. Sur la route qui me conduit à la ville je m’arrête dans un petit village de minorités ethniques, c’est le jour du marché. C’est magnifique ! Le temps de me remettre de mes émotions et d’essayer d’oublier je regagne la capitale en passant par le quartier des bidonvilles. Demain je laisserai de coté l’affreux pour côtoyer le luxueux palais royal.

 Le palais royal.

Aujourd’hui me voici à la croisée des trois rivières, le Mékong, le Tonle Sap et la Brassac.  Du kiosque qui se trouve sur les quais j’admire face à moi le majestueux et immense palais royal construit au XX ème siècle par des architectes français et cambodgiens. Dans la propriété il y a une multitude de bâtiments dont un pavillon où ont lieu les grandes cérémonies et un autre, offert par Napoléon III au roi Norodom en 1870. Au cœur du site se trouve le palais résidence de Sihanouk et la gigantesque salle du trône surmontée d’un bouddha aux quatre visages. L’édifice mesure cent mètres de long et renferme un trône en or. Il y a encore de nombreux pavillons, l’un dédié aux cendres des rois, d’autres à la prière. Dans l’enceinte se trouve aussi la pagode d’argent dont le sol est pavé de 5000 carreaux d’argent  (1 kg chacun). On y découvre aussi une centaine de bouddhas dont celui d’émeraude et le bouddha d’or de 80 kilos incrusté de 9500 diamants.  Je regagne “Keov Mean guesthouse” et tout proche du marché central je trouve un restaurant très bien tenu pour y manger du bœuf mariné au citron servi avec un œuf frit, des oignons et des frites, ça s’appelle “khmer burger”. Les quelques curiosités gastronomiques au Cambodge résident dans les fruits aux parfums des tropiques: mangues, pastèques, jacquiers, noix de coco. Les cambodgiens adorent aussi les criquets, les sauterelles, les araignées grillées, et les cuisses de grenouilles épicées. Demain je passerai la journée à me cultiver dans les musées de la ville et irai à l’alliance française pour rencontrer des cambodgiens qui parlent français aussi bien que moi.

 Le peuple cambodgien.

A 7 heures du matin une chaleur torride plane déjà sur la ville, j’emprunte l’avenue Monireth Charles De Gaulle puis le boulevard Pasteur pour arriver au musée national  situé tout proche du palais royal, j’y passerai trois heures pour mieux apprendre à connaître le pays.  Le Cambodge était l’empire le plus puissant de l’Asie du sud-est entre 802 et 1432 après JC. Aussi, il conserve son plus beau vestige, la métropole d’Angkor, construite par les khmers. Les habitants du Cambodge sont donc des descendants directs des khmers et s’en donnent volontiers et fièrement le qualificatif. Le peuple cambodgien a connu la gloire, la défaite, l’humiliation, la domination, la colonisation par d’autres puissances et a été marqué par l’ingérence de puissances étrangères. Aujourd’hui son mode de vie, ses croyances ses valeurs sont restées semblables à ceux de leurs ancêtres khmers. Le peuple cambodgien est principalement tourné vers la culture du riz dans les plaines fertiles et vers la pêche le long et autour du Tonle Sap. Mais il y a aussi des bûcherons dans les régions vallonnées, des cultivateurs de sucre de palme dans le centre du pays et des horticulteurs.  La journée de travail est longue au Cambodge, elle commence à 6 heures et se termine à 18 heures. Les hommes labourent à l’araire tirée par des buffles, les femmes repiquent le riz, les  vieux réparent les outils et posent des pièges pour le gibier, les jeunes pêchent pour le repas du lendemain, les filles tissent, tressent les nattes et les sacs, elles cueillent aussi les condiments. Les paysans khmers ont pour coutume de vivre dans des maisons individuelles construites par eux même aidés de leurs parents et voisins. Les maisons rectangulaires de neuf mètres de long sur six mètres de large ont un plancher de bois et sont dressées sur des pieux  de bois entre trois et six mètres du sol pour être protégées des eaux et de la variation d’intensité des crues. Les toitures sont recouverte de chaumes et inclinée pour résister aux moussons. On accède au foyer par des échelles après avoir retiré ses chaussures. Ces maisons n’ont pas de fenêtres, il y a plusieurs chambres séparées par des cloisons en palmes séchées tressées. Les pauvres n’ont qu’une seule pièce. La cuisine est parfois isolée ou carrément à l’extérieur et les meubles sont rares. Des nattes et des coussins servent au repos, des jarres et des coffres à vêtements servent de mobiliers. Il y a beaucoup d’outils pendus aux murs et chaque famille possède sa statue de bouddha dans un coin de la pièce principale.    Uniquement dans les grandes villes les habitants sont vêtus à l’européenne. Dans les régions rurales les khmers portent des vêtements traditionnels. Le sampot, pièce de coton ou de soie d’environ trois à quatre mètres de long et un mètre de large est porté enroulé autour de la taille, attaché devant et descendant à mi-mollets. Les femmes portent le sarong accompagné d’une blouse et d’un châle, les hommes portent une chemise, une tunique et de longues chaussettes. Les garçons portent shorts et chemisettes, les filles blouses et jupes. L’alimentation des paysans khmers est simple, elle ressemble à celle des chinois  et des vietnamiens. Le repas typique consiste à manger une boule de riz avec les doigts, quatre à cinq poissons séchés et un peu de prahoc (pâte épicée faite de poisson sec et salé ayant fermenté dans des jarres). Le riz, le poisson et l’eau suffisent comme besoins de base. Le riz est volontairement mal moulu ainsi il conserve mieux ses vitamines. L’élément principal de l’assaisonnement est le tuk-treg (huile de poisson fermentée et très épicée). Le samla, sorte de soupe ou ragoût remplace la boisson durant le repas. Un repas réussi implique une combinaison savante de saveurs d’épices, douces et amères. Les légumes, le bœuf, le porc, la volaille, les œufs et les fruits sont aussi des denrées importantes.

 Balade à Phnom Penh.

Là haut perché se trouve le Wat Phnom, un coin de Phnom Penh que j’adore. Je m’y rends tôt ce matin pour apprécier son éclairage. Ce coin est très agréable au milieu d’un parc boisé où se trouve une colline de quarante mètres de haut au sommet de laquelle est érigé le temple le plus important de la ville, le Wat Phnom. J’emprunte de larges marches d’escaliers pour me trouver sur la première terrasse près du sanctuaire le plus vieux de la ville. On ne peut pas entrer dans le stupa qui renferme les cendres du roi fondateur de la ville. Ce site est sacré et très attachant, on y rencontre des charmeurs de serpents, des adorateurs de Bouddha, des vendeurs de boissons, des diseurs de bonne aventure, des vendeurs d’oiseaux en cages destinés à être délivrés par les fidèles, des vendeurs de billets de loterie. Comme un enfant, je m’offre une balade à dos d’éléphant dans les allées du parc. Je vais ensuite me prélasser à la terrasse d’un bar restaurant et passe un long moment à observer les gestes quotidiens des familles et à écrire des cartes postales car j’ai beaucoup d’inspiration aujourd’hui. La vie est belle ici, j’y reviendrai demain...... Avant de regagner mon logement je fais un détour pour me rendre au marché central de Phnom Penh. Psaar Thmay est le centre vivant de la ville, la circulation est anarchique, il n’y a pas de règles chacun fait comme il veut, l’atmosphère est colorée et parfumée, on trouve tout parmi les 2000 stands répartis sur cinq secteurs différents: tissus, électroménager, gadgets, épiceries, alimentation générale. Au centre de la coupole se trouve le grand marché aux bijoux, aux pierres précieuses et aux montres. Cette grande halle a été construite par deux architectes français en 1937, son dôme ressemble à une gigantesque soucoupe volante de 45 mètres de diamètre. Je passe une grande partie de la soirée avec la famille qui tient la guesthouse et m’aperçois vite que les khmers sont des gens d’un naturel joyeux. Leur gaieté et leur humour sont remarquables, ils adorent les chansons, les histoires et les fêtes, ils m’apprennent aussi qu’en avril c’est le nouvel an, en mai la fête des sillons sacrés, en octobre la fête bouddhique de kathen, en novembre la fête du retrait des eaux et l’anniversaire du roi sans oublier la commémoration de la naissance et de la mort de Bouddha.  Les khmers comme la plupart des asiatiques sont très prudes, la nudité les offense. La société khmère est monogame, la femme joue un rôle important dans la famille, elle décide au sein du ménage de tout ce qui concerne le budget familial et l’éducation des enfants. Mariée, la femme khmère garde son nom de jeune fille. Les parents sont très attentionnés et accordent une large liberté à leurs enfants. Les khmers sont pieux, le bouddhisme théravada est la religion d’état, les autres religions sont tolérées mais les adeptes en sont rares. Le bouddhisme au Cambodge est davantage qu’une religion, il est une méditation sur la souffrance humaine dont ils recherchent la suppression. Les khmers se réunissent régulièrement à la pagode. Quelques minorités ethniques de mahométans ou cambodgiens musulmans vivent dans la province de Kampot au sud et le long du lac de Tonle Sap. On trouve aussi des sino-cambodgiens dans les villes et des minorités montagnardes appelées les khmers loeu qui subsistent grâce à la culture et à la chasse. Au Cambodge les lois de l’hospitalité supposent qu’on accueille agréablement le visiteur et qu’on l’invite à pénétrer, je m’en suis bien rendu compte ce soir. Demain je m’embarquerai pour le site archéologique d’Angkor.

 La rivière et le lac Tonle Sap.

Pour me rendre à Angkor je choisis la solution fluviale, il faudra que je me rende à Siem Reap et que je m’y m’installe pour quelques jours. Ce matin à 5 heures le patron de “Keov Mean” me charge sur sa moto pour me déposer quelques minutes plus tard au port fluvial de Phnom Penh  sur la rive droite de la rivière Tonle Sap. De nombreux passagers se pressent pour trouver la meilleure place dans le bateau. Tout le monde est lourdement chargé et j’aide les personnes âgées à enjamber le ponton pour monter dans les cabines. Le prix du billet aller-retour est de 50 $  (300 kilomètres séparent les deux villes), soit six à sept heures de bateau. Je choisis de voyager sur le toit avec un enfant que m’a confié sa maman, il a appris l’anglais à l’école et doit rejoindre sa mémé à Siem Reap. Depuis le toit du bateau j’ai une vue à 380 degrés et peux me régale à observer les scènes de  vie locale le long des rives de ce fleuve magique et impressionnant. Le bruit du moteur  couvre les cris des passagers émerveillés, lorsqu’on croise de petits villages lacustres le bateau coupe le moteur et se laisse dériver. Nous passons tout près des petites embarcations secouées par les remous et  chargées de filets de pêche, le trafic sur la rivière est très dense. C’est la saison de sécheresse, le niveau de l’eau est très bas. Le bateau stoppe soudainement au beau milieu de la rivière, l’hélice vient de toucher le fond. L’attente sera d’une heure avant qu’une autre embarcation en provenance de Kompong Chhnang vienne à notre secours. Notre bateau sera rapidement délesté de tous les bagages et provisions lourdes qui nous seront restitués à l’arrivée. En amont la rivière s’élargit de plus en plus et nous voici dans le grand lac de Tonle Sap. Le lac de Tonle Sap est le plus grand du pays et le plus grand d’Asie du sud-est, il se gonfle et se dégonfle au rythme des moussons et les cités lacustres se déplacent au gré du niveau des eaux. Le Tonle Sap est un affluent du Mékong, lorsque le Mékong est trop gonflé, le Tonle Sap récupère son trop plein et inverse son cours.  Le lac est un lieu magique, un site de vie intense, le paradis des pêcheurs. Les merveilleux villages que je longe sont pleins de poésie et de gaieté. La vie est au fil de l’eau, les paillotes de chaume et bambou sont fixées à d’énormes flotteurs, d’autres sont attachées à de petites pirogues à moteur pour être sans cesse déplacées. Les enfants se rendent à l’école flottante en bateau, les femmes font leur marché en pirogues, les habitants attendent le passage du bateau épicerie, les bateaux à moteur vont faire le plein à la station service flottante, les porcs et les poules vivent dans des cages-radeaux flottantes et on fabrique le prahoc à l’usine flottante. La traversée du lac est longue, je ne vois plus le temps passer. Encore une heure pour atteindre Siem Reap. Le bateau ne peut pas accoster sur le rivage, un port flottant est aménagé au milieu des eaux. Ici, j’attends l’arrivée d’une petite embarcation qui a la charge de me récupérer et m’emmener sur la terre ferme. Une multitude de petites embarcations traversent le village lacustre, j’ai l’impression d’être dans une ville inondée, c’est sublime ! Me voici sur la terre ferme ou attendent des dizaines de motos-taxis, une d’elles me véhicule jusqu’à Siem Reap par une piste défoncée.

 Siem Reap et rencontre de Toï.

Dix huit kilomètres à parcourir dont douze kilomètres sur une route défectueuse avant de me retrouver à Siem Reap. Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient tenter ce bel exode il est fortement recommandé de réserver le bateau à l’avance à Phnom Penh, et pour découvrir les coins les plus cachés j’ai une bonne adresse à Siem Reap: Terre Cambodge, Tooi tooi bar téléphone 012 843 401 e-mail : tercamb@hotmail.com   A Siem Reap j’ai du mal à trouver une guesthouse qui me convienne car ici il y a énormément de grands hôtels destinés aux tours opérator assiégés par des touristes qui ne connaissent rien du genre et du mode de vie des cambodgiens et qui sont à mon goût trop critique négative. Ca y est ! J’ai trouvé “Sunrise guesthouse”, très bien située dans la ville, et loin du tourisme de groupe. Elle est mignonne et les propriétaires sont d’une gentillesse extrême, adresse: Wat Bo Street, proche du Bayon restaurant. Toï, la sœur de la patronne est mignonne, elle se prend d’amitié pour moi, ce qui me facilitera les démarches pour aller affronter le splendide site d’Angkor. Siem Reap est le point de départ pour la découverte du site. Pour gagner du temps Toï me recommande d’aller acheter mon “Pass” pour accéder au site dès 16 heures cet après midi. Nous partons ensemble à moto et ainsi nous pouvons déjà entreprendre la visite jusqu’à 18 heures. Par contre demain nous paierons un guide qui parle français et nous le suivrons toute la journée à travers le site fabuleux d’Angkor

 Le majestueux temple d’Angkor.

Le majestueux temple d’Angkor est incontestablement le plus célèbre des temples khmers dans le monde entier, avec son labyrinthe, ses cinq tours emblème du pays et ses bas reliefs qui s’étendent sur près de 800 mètres. Angkor signifie « Pagode de la ville ». Ce temple montagne a été construit en 37 ans, il est entièrement dédié à Vishnou dieu suprême de l’hindouisme. Les murs d’enceinte du temple forment un rectangle de 1030 mètres de long sur 800 mètres de large. Ils représentent la chaîne sur laquelle repose le mont Meru, centre de l’univers pour les hindouistes. Autour des enceintes se trouvent des douves de 190 mètres de large et deux à trois mètres de profondeur, elles étaient autrefois infestées de crocodiles qui protégeaient des assaillants. Pour pénétrer j’emprunte la superbe allée de 200 mètres de long couverte de dalles en pierres et  passe à coté de la statue de Vishnou de trois mètres de haut avec ses huit bras remplis de colliers de fleurs et maquillé de toutes sortes de poudres magiques. Je passe un porche et me trouve dans une autre allée de 300 mètres.  Des deux cotés se trouvent des balustrades de pierres représentant des najas (serpents géants à 7 têtes), gardiens des richesses de la terre. Ma copine Toï a eu une riche idée de me pousser à faire cette visite en fin d’après midi, il fait moins chaud et nous avons gagné beaucoup de temps. Demain j’irai la chercher très tôt et nous irons rejoindre le guide motorisé que nous suivrons roue dans roue.

Les cités khmères d’Angkor.

A 6 heures quelqu’un frappe à ma porte, c’est Toï qui est plus matinale que moi, je me secoue et fonce chercher la moto. Toï enfourche la bécane, s’accroche à moi et nous fonçons à l’entrée du domaine où le guide nous attend. Le guide s’appelle Kraeng, son français à accent asiatique est très marrant, mais on ne se moque pas ! Il est très cultivé et dévoué. Nous partons pour une longue journée dans une inestimable forêt de pierres. La capitale khmère s’étend sur 400 kilomètres, c’est un site mythique dont on parlera longtemps “angkore“. Des milliers d’admirateurs viennent de tous les coins du monde pour exciter leur imagination et favoriser leur inspiration. Il faut se dépêcher d’y aller avant l’explosion touristique qui est déjà bien partie. La ville royale d’Angkor Thom se trouve à deux kilomètres environ du majestueux temple, elle est ceinte par de monumentales murailles de huit mètres de haut sur une longueur de douze kilomètres. Cinq portes géantes permettent l’entrée dans la ville. Par la porte sud nous atteignons le Bayon  “montagne magique” où  une forêt de têtes gigantesques regardent dans toutes les directions, elles ont inspiré le réalisateur du film “Tom Raider“. C’est le matin, au moment de l’ouverture du site que les 200 visages  sont  plus beaux et plus impressionnants. Kraeng très organisé nous propose une halte dégustation et un drink avant de poursuivre vers la grande pyramide du Baphuon “l’ancêtre caché”, il nous conduit ensuite à la terrasse des éléphants et  la terrasse du roi lépreux. Les terrasses sont à six mètres de haut, c’est là que se pratiquaient les crémations. Kraeng nous laisse libre plus d’une heure et cela nous permet de flâner, de nous reposer un instant, de manger et de faire plus ample connaissance avec Toï. Elle ne parle que très peu l’anglais et il m’est difficile de bien communiquer pour exprimer mes sentiments pour elle. Je ne sais pas ce qu’elle veut tirer de moi. Je demanderai à Kraeng qu’il veuille bien me servir d’interprète.  Kraeng vient nous récupérer à la terrasse des éléphants et nous passons la totalité de l’après midi dans le fascinant Ta Phrom. Le Ta Phrom a quelque chose de romantique et de fantastique. Ici, la nature a repris ses droits et je ne sais plus qui des vestiges ou de la végétation s’est installé en premier. Les fromagers (arbres géants) croissent et se développent à vive allure, leurs graines sont transportées par les oiseaux et déposées entre les pierres. En grossissant elles disloquent les édifices, les racines dévorent les statues et ceinturent les remparts, les branches traversent portes et fenêtres. C’est un véritable chaos, un enchevêtrement de pierres et de végétation. Aujourd’hui on ne sait même plus si se sont les racines qui soutiennent les ruines ou si ce sont les ruines qui maintiennent les arbres. Le site a quelque chose d’angoissant, la journée les cigales chantent et la nuit les chauves souris font la ronde et  dansent. En fin d’après midi quand les rayons du soleil sont au plus bas ce lieu a quelque chose de magique et de surréaliste.  Une journée ne suffit pas pour visiter tout le site car il faut traverser des hectares de pierres et de végétation, je donne rendez vous a Kraeng qui nous attendra demain à la porte ouest de la ville royale. Quant à moi et Toï nous regagnons Siem Reap. Ravis de notre journée nous nous séparons plus d’une heure pour nous retrouver dans le jardin de “Sunrise guesthouse” afin d’aller dîner dans un super restaurant thaïlandais de la ville, le « Chivit Thaï », un très bon resto dans un cadre raffiné avec une ambiance feutrée. Nous nous installons autour d’une table basse éclairée aux chandelles et commandons de succulents plats: une soupe au lait de coco et du panaeng curry avec des aubergines sautées. Un repas délicieux pour seize euros à deux. T est émerveillée et me propose d’aller finir la soirée au Zanzy bar pour y écouter de la musique et boire une bière « Angkor ». Nous rentrerons tard à Sunrise.  Réveil pénible et petit déjeuner rapide ce matin car Kraeng nous attend pour aller explorer la partie ouest de la cité hydraulique. Il nous emmène directement au Preah Khan. Il s'agît d’une véritable ville de plus de cinquante hectares entourée de douves, c’est la ville de “la fortune royale victorieuse”. A Preah Khan ou “épée du roi sacré” la végétation tout comme au Ta Phrom a repris ses droits dans les ruines. A quelques kilomètres d’ici le Neak Pean “les serpents enroulés”, un endroit étonnant, une sorte de grand bassin entouré d’escaliers au milieu duquel se dresse un sanctuaire. Des animaux fantastiques sont sculptés sur le temple dont deux najas géants et un cheval mythique. Le bassin est une réplique du lac Anavatapta dans l’Himalaya. Les quatre déversoirs symbolisent les sources des quatre grands fleuves sacrés: le Yang Tsé, le Huang Hé, le Mékong et le Chaidamuhe.

Hors des sentiers battus.

Pendant des kilomètres sur des pistes défoncées la poussière soulevée par la moto de Kraeng que je suis roue dans roue, m’oblige à garder les distances. Très rapidement nous sommes recouverts d’une poussière rougeâtre, Toï s’accroche à moi et m’écrase les côtes.  Une halte s’impose, Kraeng nous recommande beaucoup d’attention car le site est dangereux, il est truffé de mines déposées par les khmers rouges mais aussi par l’armée locale pour protéger les accès aux temples. Une société française, la COFRA a procédé au déminage mais lorsqu’on parle de déminage c’est bien entendu aux abords des vestiges que les travaux ont eu lieu mais pas forcément à deux cents mètres à la ronde. Les risques d’explosion sont très faibles surtout avec la présence d’un guide qui connaît le site et sait très bien où il ne faut pas s’aventurer dans la jungle. Seuls les enfants imprudents et inconscients du danger sont sujets à de graves accidents qui risquent de les priver des membres inférieurs. Un autre risque dont Kraeng nous met en garde est la présence de nombreux scorpions qui nichent de partout dans les tumulus de pierres chaudes. Nous sommes maintenant informés par les conseils de Kraeng et nous poursuivons vers de groupe de Roluos en traversant de magnifiques villages champêtres. Les maisons sont en feuilles de palmier à sucre et toutes sur pilotis. Chaque famille possède son lopin de terre et cultive le riz.  Le groupe de Roluos est de style pré-angkorien, le Loleil alimentait l’ancienne capitale en eaux, le Preah Kô “bœuf sacré” est dédié au dieu indien Shiva et le Bakong construit en grés  ressemble à Angkor Wat, en plus petit. Il reste encore des centaines de temples à visiter mais j’avoue avoir fait le tour des incontournables. Avant de quitter Kraeng nous faisons une longue pause à la buvette de l’accueil devant un coca bien frais. Il est tard et nous regagnons Siem Reap pour aller prendre un bon bain réparateur avant d’aller manger une pizza napolitaine au resto Bayon puis nous passons un long moment au “Liquid Bar”. Demain nous louerons deux vélos pour aller visiter le village de Phnom Krom.  C’est par une petite piste compacte et carrossable que nous choisissons de pédaler pendant dix kilomètres pour arriver dans ce village plein de couleur et de poésie, une petite Venise asiatique. Moyennant une donation nous parvenons à visiter un élevage avec ses gigantesques viviers où s’agitent des milliers de poissons. Les pisciculteurs s’amusent en leur jetant à manger pour les faire sauter hors de l’eau. A la saison sèche le village est à huit cents mètres du bord de l’eau, à la saison des pluies le village est au milieu des eaux. Vers 13 heures nous mangeons chez l’habitant une fondue cambodgienne. Il fait une chaleur abominable, avant d’aller nous relaxer dans un coin ombragé le long du ruisseau nous allons visiter un élevage de canards et rentrons très tôt à Sunrise pour faire le point sur ce merveilleux temps passé dans cette région.  Je descends près du marché où se trouvent des cybers boutiques afin d’envoyer quelques nouvelles vers la France. Après ma séance courrier je récupère Toï et nous nous rendons dans l’immense marché couvert de Siem Reap, un véritable piège à touristes ! Il faut savoir que Siem Reap est l’étape incontournable pour les circuits organisés qui veulent visiter le site d’Angkor, et parmi ces touristes il y a beaucoup de pigeons. Demain je quitterai Toï car à cinq heures du matin, une moto-taxi viendra me chercher pour m’emmener au bord du Tonle Sap, là où partent les mini-bateaux qui desservent la station flottante située à un kilomètre du rivage. Quel dommage de quitter cette région du Cambodge où je me trouvais si bien.

Le retour en ville.

La descente sur Phnom Penh est longue et je suis toujours émerveillé par ces paysages de rêve que je traverse. Surprise ! A mon arrivée au port fluvial de Phnom Penh le patron de “Keov Mean guesthouse” m’attend avec sa moto, il connaît très exactement les horaires des bateaux et ne m’a pas oublié. Demain je resterai une dernière journée à Phnom Penh et après demain je m’envolerai vers le sud de la Thaïlande sur l’île de Phuket point de départ pour les îles Koh Phi Phi et Koh Lanta. Je dispose encore d’une journée et j’en profite pour faire une balade nostalgique dans l’Indochine française pour visiter les deux symboles de la présence française au Cambodge. Tout d’abord l’ambassade française et puis l’hôpital Calmette. D’autres bâtiments d’architecture coloniale ont beaucoup de charme: la grande poste, l’hôtel Manolis, la mairie de Phnom Penh construite par les français, la bibliothèque nationale, et la cour de justice. Le grand hôtel Wat Phnom a lui aussi été restauré par la France, quant à l’hôtel le plus prestigieux de la ville, l’hôtel royal, il a été rebaptisé  “Raffles Hôtel”. Après cette longue promenade je tiens à regagner le Wat Phnom par le pont Chruoy Changvar, le plus grand du Cambodge, long de 710 mètres, il est appelé “pont japonais”. Je m’installe à la terrasse d’un resto-bar au pied de la butte où se trouve le temple et passe un moment à rêvasser.   Demain direction l’aéroport de Pochentrong pour regagner la Thaïlande. Adieu ! Cambodge merveilleux.

 

THAILANDE

 

 Phuket et l’île de Koh Phi Phi.

 L’avion quitte Phnom Penh à 11 heures et fait escale à Bangkok, j'arriverai à l’aéroport de Phuket à 15 heures. A Phuket je saute dans le premier bus qui me mène à Phuket Town, et m’installe pour une nuit seulement à « On On Hôtel ». Demain je partirai pour l’île de Koh Phi Phi. Comme j’ai beaucoup de temps cet après midi pour aller visiter le « Phuket aquarium marine center » et le « Phuket orchid garden », je me rends vite au port pour réserver mon bateau de demain, car il est temps d’aller manger. Tout près de mon hôtel se trouve le restaurant Mae Porn, le plat du jour est succulent: bœuf sauté au maïs jeune, accompagné de riz cuit au lait de coco. Bonne nuit ! C’est de justesse que j’attrape le bateau de 8 heures pour Koh Phi Phi. Je m’installe sur le pont avant et y resterai durant toute la traversée, c’est à dire 2 heures. Une traversée merveilleuse ! J’ai rarement vu une eau aussi propre et aussi limpide. A perte de vue des rochers comme des champignons poussent dans les eaux et plus on approche de Koh Phi Phi plus il y en a. Le bateau ne peut pas accoster sur la plage, il jette l’ancre à 200 mètres du rivage et tous les passagers doivent alors se déchausser et poursuivre les pieds dans l’eau, chaussures à la main et sacs sur les épaules, jusqu’à la plage de sable blanc où les baigneurs contemplent la scène. Le problème de cette île c’est qu’elle est trop belle et par conséquent elle attire nombreux les touristes. Koh Phi Phi est un ensemble de deux îles, Phi Phi Lee et Phi Phi Don, seule cette dernière est habitée, elle est complètement entourée d’eau turquoise et la beauté de ses fonds fait le bonheur des plongeurs.  La plage sur laquelle je débarque est à deux kilomètres du village, je m’y rends par le bord de mer, les pieds dans le sable brûlant. Sur mon trajet je tombe sur une admirable crique et m’y arrête. Je ne poursuis pas plus loin car ici c’est un petit paradis où ne se trouvent pas plus de cinq bungalows, l’un d’eux est libre et je m’y installe. Je ne suis qu’à dix minutes à pied du village, c’est le rêve ! A peine installé je me jette dans l’eau qui est tiède. Il n’y a pas beaucoup de fond et il faut aller très loin, jusqu’à 300 mètres pour ne plus avoir pied. A cette distance du rivage je me rends mieux compte de la beauté de cette côte. Les bateaux longues-queues viennent troubler le calme de l’île, ils sont nombreux à balader les touristes. Koh Phi Phi est “l’île aux esprits“, elle fut longtemps le repère des pirates de la mer d’Andaman. De hautes falaises de calcaire cachent un labyrinthe de cavernes sur lesquelles les indigènes au péril de leur vie viennent cueillir les nids d’hirondelles. L’île de Phi Phi Don a la forme d’un H  et de chaque coté de la partie horizontale du H se trouvent deux plages dos à dos, Ton Sai et Loh Dalum, il est donc facile de passer du sud au nord. Demain je me rendrai dans le cœur du village qui est entièrement voué au tourisme. Il n’y a pas de véhicule sur l’île, l’unique moyen de déplacement est le bateau. Un seul sentier mène à Ton Sai et Rantee Beach et un autre sur les hauteurs où le point de vue est sublime. Il n’y a pas encore beaucoup de béton sur l’île mais ça va très vite évoluer. L’environnement est encore relativement bien respecté car les “Ressorts” sont bien souvent des bungalows sous cocotiers. Beaucoup de touristes viennent de Phuket pour passer une seule journée sur l’île, aussi les moments privilégiés sont le matin avant le débarquement et la soirée et la nuit après l’embarquement.  Au village il y a beaucoup de commerces à souvenirs et principalement des restaurants. Il est possible de manger des fruits de mer à toute heure de la journée. Je traverse le village et tout au bout, un sentier et de nombreux escaliers mènent au sommet de l’île à travers des plantations d’ananas et des cocotiers. Il faut une bonne heure sous la chaleur pour atteindre le point culminant et de là haut quel spectacle fabuleux que cette vue panoramique à 380 degrés. D’ici on peut se rendre compte que les eaux sont certainement les plus belles du globe avec celles des Maldives et de la mer rouge. C’est ici que Léonardo di Caprio a tourné des séquences du film “la plage”. Pendant mes journées je consacre beaucoup de mon temps dans l’eau et sur le sable blanc au pied de mon bungalow. Ce soir je dîne en ville au restaurant  “Thai Bird”. Ce restaurant propose une soupe de nouilles au bœuf et un curry de calamars cuisiné traditionnellement, un véritable délice ! J’y retournerai demain pour goûter à autre chose. C’est à une heure du matin que je rentre gentiment au bungalow, mais avant d’aller me coucher je prends mon dernier bain de la journée ou mon premier bain du lendemain. L’eau est proche de 32 degrés et je me laisse bercer par les vagues.  Après une grasse matinée et avant l’arrivée des touristes, je reprends à nouveau un bain. Au village, je me régale avec un petit déjeuner aux fruits puis sur la plage de Loh Dalum je loue un bateau longue-queue pour aller au nord-est de l’île à Ao Loh Ba-Kao pour une journée de farniente. Ce soir je dîne aux fruits de mer cuits sous mes yeux et demain j’irais à Phi Phi Lee.  Koh Phi Phi Lee est une île inhabitée, je m’y rends pour découvrir la gigantesque grotte “Viking cave”, c’est ici que les thaïlandais viennent ramasser les fameux nids d’hirondelles qui sont revendus à des prix fous aux chinois qui en sont très friands pour leur pouvoir aphrodisiaque. Il y a régulièrement de sérieux accidents à pratiquer cette cueillette à l’aide d’échelles en bambous sommairement attachées les unes aux autres. Les hirondelles construisent leurs nids avec leur salive, quand on les prive de leurs nids, elles en construisent un autre mais jamais un troisième car elles n’ont plus assez de salive. Alors les petits oiseaux se retrouvent sans maison et meurent. Sacrilège !  Dans la grande grotte je trouve des peintures rupestres représentant des jonques. En sortant de la grotte les thaïs vendent du pain de mie pour donner à manger aux poissons sacrés. Demain sera ma dernière journée sur l’île, une journée consacrée au repos et au courrier.

 L’île de Koh Lanta.

 Un seul bateau par jour quitte Koh Phi Phi pour Koh Lanta et la traversée dure deux heures. Le bateau accoste maintenant au débarcadère du port de Ban Saladan au nord de l’île de Lanta Yai. Koh Lanta est un archipel de quinze îles classées parc national en 1990, la plupart des îles sont inhabitées. L’île principale est Lanta Yai, elle est calme et a gardé sa quasi virginité. Les bungalows sont situés sur la côte ouest où les plages sont agréables. Je m’installe à “Kaw Kwang Beach Resort“, une excellente adresse à bas prix, au calme et avec beaucoup de commodités. Les patrons sont sympas et il existe un service de location de vélos et motos. Lanta Yaï s’étend sur 24 kilomètres de long et 5 kilomètres de large, une seule route carrossable longe la côte ouest sur 20 kilomètres, sinon se sont des pistes défectueuses. Je loue une moto pour quelques jours et entame la visite de l’île.  Alors que je me rends à la grotte de Maï Kaeo, une dame et sa fille m’arrêtent affolées. La maman m’explique que sa fille vient d’avoir un accident et qu’elle a du mal à se déplacer, elle me supplie d’amener la gamine à l’hôpital de campagne de Lanta Town. Me voila parti avec la fillette vers la rive est de l’île. A Ban Je Lee un paysan m’indique la bonne route et après dix bornes me voici à l’hôpital. Je confie la fillette aux infirmières qui me demandent d’attendre le diagnostic du docteur. La fillette a une méchante foulure, j’attends qu’elle soit plâtrée pour la retourner chez elle. Et là, je suis accueilli  comme un sauveur et suis invité à dîner. Les parents de l’enfant me sont vraiment reconnaissants et me proposent asile pour tout le temps que je resterai sur l’île. J’accepte très volontiers, mais avant je dois retourner à “Kaw Kwang beach” pour payer la note et restituer la moto. Le papa de la gamine consacrera la journée de demain à me faire découvrir le plus profond de son île, entre autre la grotte de Maï Kaeo que j’ai loupée hier à cause de ma bonne action. Nous y accédons à dos d’éléphant par une piste en pleine jungle. Il m’emmène ensuite voir une superbe chute d’eau à pied depuis Ao Khlong. Fier d’être avec moi il me conduit au port de Lanta Town pour me présenter à ses copains. Chacun sort son anglais et est heureux de partager un instant avec moi. Je suis très bien sur cette île, tellement bien que j’aimerai y rester plus longtemps. Mais le temps m’est compté, car dans trois jours je dois retourner à Bangkok pour fêter Songkram avec Rattana que je n’ai plus vu depuis deux mois maintenant. En attendant je passe ici d’excellents moments à partager beaucoup de choses attachantes de la vie quotidienne avec cette famille. Demain nous passerons une journée sur les îles vierges environnantes.  Départ très tôt en famille, les copains qui travaillent au port nous prêtent une pirogue à moteur et nous partons pour une exploration de la nature à l’état brut. La maman a prévu le pique-nique pour nous assurer le déjeuner. Nous naviguons au-dessus du corail pour atteindre les grottes marines, traversons les mangroves et accostons dans un endroit ombragé pour déjeuner. Ce soir j’ai décidé d’inviter le couple et l’enfant à Ban Saladan au “Lanta Palm Beach” sous les cocotiers. Pieds nus dans le sable tiède, nous dégustons un Tom Yam Khun (soupe de poissons à la citronnelle) et des poissons en papillotes. Cinq kilomètres nous séparent de la maison pour un dodo bien mérité. Je profiterai de la journée de demain pour faire le point avant mon retour à Bangkok.  Aujourd’hui je reste à la maison pour écrire lire et apprendre quelques mots de thaïlandais. La langue Thaï est proche du chinois, elle s’est enrichie de tournures khmer, de sanskrit et de pali (langue originaire de l’Inde). L’alphabet thaï comprend 44 consonnes et 11 voyelles. Un mot peut aussi bien servir de nom, de verbe, d’adjectif ou d’adverbe. Il y a cinq tons et ils sont le fondement du parler thaï, un même mot peut avoir cinq significations différentes,  “Maï maï maï maï maï “ signifie à peu de chose près “le bois vert ne brûle pas”. Bon ! Le principal est de connaître quelques mots de la vie courante, quelques mots de courtoisie et savoir compter. Le fait d’être resté proche de cette famille m’a fait réagir devant certains comportements et j’en ai profité pour en savoir plus sur les mœurs des thaïs.  Plusieurs fois par jour les thaïs vont à la pagode certainement plus par superstition que par conviction religieuse. Après la prière à Bouddha les thaïs veulent connaître leur avenir et pratiquent la méthode des “bâtonnets”. Une vingtaine de bâtonnets sont placés dans une boite ronde ouverte sur le haut, ils la prennent et la secouent à deux mains jusqu’à ce qu’un bâtonnet tombe. Alors, moyennant une offrande le bonze déchiffre les inscriptions qui figurent sur le bâtonnet.  Frapper du poing sur un gong de bronze en faisant un vœu et libérer un oiseau captif est pratique courante, c’est le signe du respect d’une des vertus principales, le respect de la vie sous toutes ses formes. Je ne savais pas pourquoi l’on trouve de partout des décorations symbolisées par des najas. Le naja est l’animal qui protégea bouddha des intempéries, il est le lien entre le ciel et la terre, entre l’esprit et le prophète. L’offrande à Bouddha la plus prisée est la fleur, voila pourquoi toutes ces compositions florales, entre autres les malais qui sont des colliers de fleurs de boutons de jasmin, de roses, de pâquerettes ou d’orchidées que l’on trouve à tous les rétroviseurs des bus en gage de chance et de bonne route. Les jads pans sont de gros boutons de fleurs de lotus ils représentent la pureté et la beauté. Le bonheur et la réussite sont représentés par les bais-sris, pyramides de feuilles de bananiers pliées et piquetées de boutons de fleurs.  Pour mon dernier dîner sur Koh Lanta un monstrueux barbecue thaï m’attend. Il s'agit de faire cuire des crevettes, des calamars des œufs et du canard sur une sorte de coupole métallique préalablement enduite de graisse animale, c’est excellent accompagné de riz blanc parfumé et c’est très convivial. A la fin du repas j’ai droit à ce mauvais whisky avant ma dernière nuit sur Koh Lanta.

 Krabi et la baie de Phang Nga.

Au petit matin toute la famille s’apprête à me réserver un très chaleureux au revoir et m’accompagne à l’embarcadère où le bateau pour Krabi m’attend. Krabi est un petit port très agréable où règne une atmosphère provinciale. Je ne resterai qu’une journée à Krabi car avant de rejoindre Bangkok je compte passer par Phang Nga. Je profite de ma journée à Krabi pour aller au cimetière des coquillages. Au cours des millénaires des plaques de coquillages ont formé des dalles solides qui s’enfoncent dans la mer. Avant de rentrer je me rends au Wat Tham Seua, un monastère bouddhique très curieux adossé à une haute paroi rocheuse dans une forêt tropicale superbe. Pour accéder au temple je gravis un escalier bordé de cellules monacales en bois puis j’aborde un sentier et longe les cellules où vivent les moines coincés dans leurs grottes. Cette balade est insolite et un rien mystique. Avant de retourner au “K.R Mansion hôtel” je vais dîner sur le marché où se trouvent des dizaines de cantines ambulantes, je passe un long moment à table avec des étudiants en vacance pour une semaine. Ils fêteront Songkhram ici. Demain je me rendrai à l’arrêt des bus pour partir à Phang Nga.  Le bus “Deluxe” n’est pas encore arrivé, il me faut attendre une heure, le temps de me désaltérer et d’acheter quelques friandises, des fruits séchés et des galettes pour la route. A 90 kilomètres au nord de Phuket la baie de Phang Nga est plantée et parsemée de pitons calcaires recouverts de végétation, de véritables champignons de mer dont la base est rongée par l’eau qui a creusé des grottes naturelles impressionnantes. Ce site est unique au monde et l’ambiance est archi touristique, il se trouve à sept kilomètres du bourg de Phang Nga. Je fais l’excursion à travers la baie par mes propres moyens en louant une pirogue plutôt que d’être entassé dans un de ces bateaux de type “bateaux-mouches”. La pirogue à moteur longe une épaisse forêt de mangrove, ici c’était le repère de gavials (les plus gros crocodiles du monde). Au moment où je pénètre dans la baie j’aperçois des peintures rupestres qui recouvrent les parois calcaires.  Et puis, face à moi un décor unique au monde me crève les yeux. A perte de vue de gigantesques formations calcaires à pic dans la mer de toutes tailles et toutes formes m’offrent un spectacle éblouissant. Je rentre dans la baie, la pirogue passe sous une arche marine et j'atteins la grotte de Tham Lot. Tout près d’elle, le célèbre “Rocher de James Bond”, l’île de Koh Pinggan où a été tourné “l’homme au pistolet d’or” avec Roger Moore. L’île est minuscule et j’évite d’accoster. Demain je terminerai par l’île Koh Pannyi.  Nouvelle journée en pirogue pour atteindre le gipsy village, village lacustre de Koh Pannyi, entièrement constitué de maisons en bois sur pilotis. Le village est habité par les gitans de la mer. Je vais visiter l’école pour éviter l’artère principale où sont entassées d’innombrables boutiques de souvenirs prises d’assaut par les touristes. Je fais ensuite une balade sur les pontons de bois aux planches désaccordées et retourne au bourg pour envoyer quelques cartes postales, quelques E-mails puis téléphoner à Rattana que je retrouverai demain. Je fonce ensuite réserver un bus pour Bangkok et me rends au port pour dîner.

 Retour à Bangkok, jour de l’an chinois et fête de l’eau.

De Phang Nga à Bangkok il y a quatre heures de trajet en bus climatisé. J’arrive à 13 heures aux abords du parc de Lumpini au sud-est de Bangkok. Plus de problèmes pour regagner Bang Bua Thong, je sais maintenant comment naviguer dans la capitale. Bus jusqu’à la rivière Chao Praya, bateau-bus jusqu’à la dernière station de Nonthaburi et bus jusqu’à Bang Bua Thong. Rattana est resplendissante et surtout très heureuse de me retrouver, la maison est toute décorée de fleurs en papier de soie car ce week end sera le jour de l’an chinois et la fête de l’eau “Songkhram”. Pendant cette fête tout s’arrête, les entreprises ferment, les écoles aussi, tous les gens sont dans la rue, il y a du théâtre et des orchestres de partout.  Les thaïs aiment faire la fête et se laissent vite emporter par l’alcool. Chaque année durant Songkhram c’est à peu près une centaine de morts par accidents à Bangkok et un peu plus à Chiang Mai, dans le reste du pays on ne sait pas. Demain matin avec Rattana nous irons à Kao San Road  l’après midi et la nuit nous la passerons au parc de Sanam Luang. A Kao San Road l’ambiance est à son comble, une foule compacte déambule dans tous les sens, c’est la bousculade la plus totale. Durant deux jours et deux nuits il faut s’asperger mutuellement d’eau et s’enduire le visage d’une sorte de farine mélangée à l’eau qui est parfumée au jasmin. La tenue de rigueur est le short, le débardeur et les tongs. Plus on est trempé et plus on est couvert de blanc plus on est heureux. Jadis, les thaïs utilisaient de petits bols pour jeter l’eau sur la figure des gens mais aujourd’hui tout est bon, depuis le seau, le pistolet à eau, la lance et même les fusils à air comprimé qui ont une portée de six à huit mètres.  Déjà quelques jours avant la fête les hôtels de Bangkok sont assiégés et archi combles, les réservations se font un mois à l’avance. Les trains venus de tous coins du pays prennent deux fois plus de passagers que ce que leur nombre le permet. Les personnes âgées restent enfermées, c’est démentiel ! Nous sommes trempés de la tête aux pieds et n’avons pas le temps de sécher pour prendre le bus qui mène à Sanam Luang Parc où la fête bat son plein. Les bus et les voitures sont aussi des proies aux jets d’eau. Les passagers qui dégoulinent trempent les sièges, mais  qu’importe !  A Sanam Luang au cœur de la kermesse il est interdit de s’asperger car il y a de nombreux stands de nourriture ou de souvenirs religieux, par contre on doit asperger les petits autels bouddhiques qui ont été érigés dans toutes les allées.  Rattana a acheté une dizaine de petits flacons remplis d’un liquide jaunâtre parfumé au jasmin, elle m’en donne trois pour aller les verser sur la tête d’un Bouddha assis. Il est bientôt minuit nous sommes toujours trempés alors nous calmons le jeu en allant lécher les boutiques. Il y a même un stand où l’on enseigne l’amour de son prochain. Je me fais lire dans les lignes de la main mais l’interprétation et la traduction en mauvais anglais ne m’apprend pas grand chose. Je commence à en avoir assez et compte bien rentrer rapidement. C’est foutu, car le trajet retour durera trois heures, trois heures d’embouteillages et de queues. Nous arrivons harassés pour nous jeter dans la baignoire et foncer au lit. Nous ferons surface le lendemain à onze heures pour un copieux petit déjeuner.  Aujourd’hui sera comme hier, dans le lotissement les enfants attaquent avec leurs pistolets à eau. Ils jouent autour de la maison des esprits. Il en existe toujours une à coté d’un immeuble ou dans un lotissement. C’est une petite pagode colorée posée sur un pilier. Cette demeure miniature abrite l’esprit de la maison “ Phra Phum”. La maison des esprits ou “Phis” est la première chose qui est construite, elle n’est pas placée n’importe où, surtout pas à l’ombre. L’édifice comprend une pièce avec terrasse destinée à recevoir les offrandes. Chaque soir un bouquet de fleurs quelques bâtonnets d’encens et des bougies sont disposées sur une petite galerie. A chaque anniversaire de l’immeuble, le jour de l’an et lors de cérémonies particulières des aliments sont offerts selon un rituel bien précis avant onze heures. L’étranger invité doit demander la permission d’entrer, si non, il risquerait de très mal dormir, l’esprit viendrait s’installer sur sa poitrine pour engendrer d’horribles cauchemars.

Le grand retour.

Il ne me reste plus qu’une semaine avant de quitter la Thaïlande. Rattana n’arrive pas à se mettre en tête que je dois bientôt l’abandonner. Nous entamons une longue discussion et établissons un projet. Dans neuf mois je retournerai en Asie en transitant par Bangkok et nous prenons comme décision pour l’année prochaine de rentrer tous les deux en France pour au moins trois mois. Demain dès que les administrations seront ouvertes nous irons nous renseigner sur les formalités à accomplir afin que ce soit réalisable.  Je n’arrive pas encore à réaliser qu’il faut que je quitte cette terre et que va s’arrêter cette merveilleuse aventure. Pour les quelques jours qui me restent à passer à Bangkok je dois téléphoner à mon ami Alain pour convenir d’un rendez-vous  pour un dernier repas thaïlandais ensemble. Plus que deux jours pour retourner revoir une dernière fois tous les coins que j’ai tant adoré à Bangkok: les bords de la Chao Praya, Golden mountain, le wat Phra Kaeo, le wat Arun, Suam Pakard Palace, Lumpini parc, Jim Thompson House, Chinatown...............

Le départ.

Ce soir à 22 heures alors que ma valise et mon sac à dos sont prêts, Rattana téléphone au taxi qui va nous accompagner à l’aéroport Don Muang. Nous roulons une heure sur la Toll Road et nous voici dans le grand hall pour accomplir les formalités d’embarquement.  C’est au moment où l’avion décolle que je réalise que la dernière page d’un bouquin est tournée. Je n’arrive pas à dormir et le trajet me paraît sans fin. Trop de choses trottent dans ma tête. C’est en arrivant à Copenhague que je me rends vraiment compte que je viens de quitter une bien belle planète.  Aéroport Nice Côte d’azur et puis Grasse. Pendant plus de quinze jours ma tête et mon cœur resteront tournés vers l’Asie.

 Deux mois plus tard !

Je travaille pour préparer mon prochain départ et me rapproche des autorités françaises pour obtenir l’imprimé nécessaire afin que Rattana puisse rentrer en France avec moi en mars prochain. Grâce à la magie d’Internet nous échangeons beaucoup. Rattana me fait parvenir trois photos d’identité, j'établis le dossier et le lui renvoie. Nous pensons que trois mois en France sont nécessaires car Rattana comme tous les thaïs rêve de voir Paris et les hautes montagnes couvertes de neige. Les quelques mois d’hiver qui me restent à  passer en France je les consacre à la préparation de mon prochain itinéraire en Asie du sud-est. Je décide donc que se sera la Thaïlande, les régions du Nord-est le long du Mékong, l’extrême Est et l’I-Sam puis le Sud Laos.

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RECITS DE MES VOYAGES EN ASIE DEPUIS 2002
  • Mes récits de voyages en Asie du Sud Est depuis 2001. Pays Visités: Thaïlande chaque année, Laos 3 fois, Cambodge 3 fois, Inde 2 fois, Népal 3 fois, Birmanie 2 fois, Malaisie 3 fois, Vietnam 2 fois.
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