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RECITS DE MES VOYAGES EN ASIE DEPUIS 2002

26 juillet 2015

ANNEE 2002: THAILANDE - LAOS - CAMBODGE

   ANNEE 2002

Thaïlande - Laos - Cambodge

THAÏLANDE

 Vol Nice/Bangkok.

Nous sommes le 23 Février 2002, il est 18 h 50, mon avion de la compagnie SAS décolle enfin. Après un modeste repas servi à bord, composé d’une cuisse de poulet et d’une omelette (certainement mon dernier repas continental), l’avion atterrit à Copenhague. En attendant l’envol du long courrier pour Bangkok,  je flâne pendant plus de quatre heures dans les galeries de l’aéroport. Le vol est annoncé, je m’empresse de regagner la porte B 32. Avant que le sommeil ne me gagne j’entreprends quelques mots fléchés, écoute de la musique puis regarde Harry Potter. Le film terminé, je consulte les informations sur la situation de mon vol. L’avion survole Varsovie puis la mer noire, l’altitude est de 9000 mètres, la vitesse de 900 km/h et la température extérieure entre -48 à -60°C. Je plonge rapidement dans un profond sommeil pour me réveiller quelques heures plus tard à l’à-pic de Téhéran. L’avion poursuit sur Kaboul, Karachi, Delhi, Calcutta, et entame sa longue descente sur Bangkok.

Mon arrivée à Bangkok.

15 h 15 heure locale (10 h 15 en France). Après avoir accompli les diverses formalités de rigueur et traversé les multiples couloirs de l’aéroport Don Muang, j’arrive dans le grand hall où m’attend Alain.   Alain, c’est mon copain grassois qui vit depuis plus de 17 ans  en Thaïlande au Nord-Est de Bangkok. J’ai droit à un accueil chaleureux et sans plus attendre nous allons récupérer mes valises et quittons l’aéroport pour nous rendre au parking. Il faut maintenant que je m’acclimate. Le soleil plombe sur Bangkok, il fait 39°C. Une fois dans la fourgonnette climatisée Alain me conduit au quartier Sukunvit. C’est l’enfer ! Une activité à couper le souffle et une vie trépidante règnent sur la capitale Thaïlandaise. Cette activité est partagée par plus de dix millions d’habitants qui vivent au milieu d’un vacarme infernal ponctué de grondements de moteurs de coups de klaxons, d’un enchevêtrement de véhicules de tous genres, toutes tailles, toutes couleurs, et un déferlement de tuk-tuk, de motos et de songthaews. je suis impressionné par ces policiers et ces chauffeurs de taxi, qui pour échapper à l’agression du monoxyde de carbone portent des masques de tissu blanc fixés sur le bas du visage, tenus par deux élastiques. Une heure de route sépare l’aéroport Don Muang et le quartier Sukunvit où je dois m’installer. En Thaïlande on roule à gauche mais le plus souvent au milieu. Bonjour la circulation ! C’est à la vitesse moyenne de 25 à 30 km/h que nous pénétrons dans la capitale et nous y resterons jusqu’à notre arrivée à l’hôtel « Royal Benja ». L’hôtel est un gratte-ciel de 38 étages, il se situe au soi (rue) N°7, près de la station de métro « Nana ». A peine arrivé, un groom se précipite vers moi et s’empare de mes bagages avec mille courbettes. Je me présente à la réception pour l’affectation de ma chambre. C’est la chambre 3413, au 34 éme étage, une véritable suite de 45 mètres carrés avec deux pièces, trois lits et une salle de bain de 18 m2. Pas de répit, après un bien agréable bain et un break de trente minutes je repars avec Alain au siège de Aromaflor, sa société de compositions aromatiques, adresse: Aromaflor, 943 Rama IX road, Kwang Suan Luang, Bangkok.

Bangkok: la rue - les transports.

Se jeter seul dans les rues de Bangkok est une épreuve, il faut se familiariser avec les gens, les enseignes, l’écriture Thaï  et la langue aux multiples intonations et aux accents aiguës très prononcés. Bien que le quartier Sukunvit ne reflète pas le vrai visage de la Thaïlande, quelques conseils me sont bénéfiques pour ne pas me laisser tenter de nuit comme de jour par les mœurs pratiquées dans cette ville. Le quartier est un gigantesque marché avec un nombre indescriptible de boutiques et d’échoppes de tous genres: souvenirs, gadgets, pièces d’art douteuses, contrefaçons........Des restaurants, en veux tu ? En voilà ! des fixes, des ambulants, mais aussi des boites de nuit, des bars à nanas et à entraîneuses. Vite ! Une bière “Singha” dans un gogo girls bar entouré de ravissantes créatures souriantes aux yeux noir en amandes, à la chevelure longue et noire et à la peau lisse comme de la soie. Après cette halte nous poursuivons sur Mooban Seri, là où habite Alain. La route est encore longue et durant le trajet Alain a le temps de me donner quelques conseils sur les moyens de déplacements dans l’infernale métropole. Le taxi est le meilleur moyen de transport à Bangkok, après 35 bahts (0,80 euro) de prise en charge, c’est le compteur qui fait le prix. Tous les taxis sont climatisés et c’est fort agréable dans les embouteillages. Sinon, il y a les bus urbains qui permettent de relier tous les points de la ville pour une poignée de bahts (monnaie locale), mais ce sont de véritables saunas ambulants, excepté les bus  gouvernementaux de couleur orange qui sont excessivement climatisés. Et puis il y a les tuk-tuk à n’utiliser que si l’on est pressé, ils se faufilent de partout à travers la circulation dense, mais ils pratiquent souvent des tarifs à la tête du client selon les heures ou les quartiers à desservir. Les tuk-tuk vont très vite et ne se contentent que de deux personnes. Souvent, ils sont  beaucoup plus remplis de marchandises diverses que de passagers. Il y a aussi les Songthaews, des sortes de minibus sans vitres qui peuvent transporter jusqu’à douze personnes entassées. Le prix d’une course est dérisoire mais il est difficile de connaître leur réseau. Le “Sky train” est un magnifique métro aérien moderne qui ne dessert que très peu de destinations, il a la réputation d’être très cher pour les thaïlandais. Bangkok est construite sur des marécages et le meilleur moyen pour se déplacer dans le cœur de la ville est le bateau ou les pirogues longues queues à moteur. Le vieux Bangkok, “Thonburi” est truffé de “klongs” (canaux) qui permettent de s’infiltrer de partout. Bangkok est traversée par la rivière “Chao Praya”, où de nombreux bateaux-bus vont de port en port pour desservir un bon nombre de hauts lieux touristiques.

Ma première soirée chez Alain.

Arrivé à Aromaflor je fais la connaissance de Tim,  le sympathique et souriant employé d’Alain. Nous regagnons la maison d’Alain qui est située dans un quartier calme de la ville loin du trafic dans un petit oasis, tout près du stade olympique, adresse: Mooban Seri, Bankapi, 11 soi 7. La villa d’Alain est immense, elle est entourée d’un agréable jardin exotique qui dégage une senteur d’herbe humide. Alain me présente Puk son épouse, ses deux enfants et le personnel féminin. Une bonne a la charge de l’entretien et une nounou s’occupe des enfants. Il y a aussi un invité, Philippe Collet, un parfumeur qui travaille à Grasse chez expression parfumée, il est en voyage d’affaires à Bangkok. Après quelques pastis nous passons à table pour déguster de la viande au curry, des nouilles thaï frites un Thom Yam Kaï et du riz thaï accompagné de légumes variés de cacahuètes et de crevettes. Tous ces petits plats sont très relevés et ont un goût de citronnelle de gingembre et de bergamote. Pour accompagner ces bons petits plats Alain ouvre une bouteille de bordeaux. Il est 21 heures, les moustiques passent à l’attaque, quatre puissants ventilateurs chassent ces désagréables bestioles (les moustiques n’aiment pas le vent !). Il fait encore 33 °C, nous traînons jusqu’à 2 heures du matin puis un taxi vient nous chercher. Philippe et moi même regagnons nos hôtels respectifs. Demain ce sera ma première journée lâché tout seul dans Bangkok.

Les orchidées  -  Rencontre de Rattana.

Ma première nuit au « Royal Benja » m’a été fort réparatrice. Après un petit déjeuner moitié thaï moitié européen, me voila parti pour la découverte de la ville. Je commande un taxi qui me dépose sans mon consentement chez un tailleur de costumes puis dans la plus grande fabrique de bijoux de Bangkok. Arrêt intéressé, car le chauffeur qui y conduit des clients potentiels reçoit un pourboire et des bons d’essence. Ces arrêts imprévus, imposés et sans intérêt m’ont fait perdre beaucoup de temps. Je me fais alors déposer et poursuis à pied pour tenter maintenant d’atteindre la rivière Chao Phraya qui traverse Bangkok du nord au sud. La Chao Phraya sera mon point de départ et mon repère pour visiter les curiosités du vieux Bangkok. Dans tous les petits ports qui jalonnent la rivière je trouve des échoppes qui sont très animées de l’aube jusqu’au soir très tard. Je traverse le gigantesque pont  Rama VII qui enjambe la Chao Praya et me retrouve sur l’autre rive où se trouve le grand marché aux fleurs, le plus grand de Bangkok. Stupéfaction ! Les orchidées sont déchargées à la fourche, il y en a des tonnes de toutes les  formes et de toutes les couleurs, une merveille !  Des femmes devant leurs étalages utilisent des immortelles et des boutons de jasmin pour  confectionner des colliers, des gerbes, des couronnes, et des bracelets destinés à être remis à Bouddha en guise d’offrandes. L’orchidée est la fleur emblème de la compagnie aérienne Thaï Airway.  Il a fallut attendre le 19ème siècle pour comprendre qu’il ne fallait pas mettre les orchidées en pots car leurs racines ont besoin de lumière solaire, de chaleur et d’humidité. C’est dans les années soixante qu’un français a découvert le micro-bouturage et par conséquent leur multiplication. Il existe aujourd’hui 3000 espèces d’orchidées différentes. En quittant le marché, je ne sais plus où je me trouve. Après plus d’une heure dans ce labyrinthe, impossible de me remettre sur le bon chemin. Comment aller au temple du bouddha couché ?  Je tourne en rond et me retrouve à l’endroit même où je suis déjà passé plusieurs fois. Je suis bel et bien perdu ! J’interpelle un jeune thaï qui ne connaît pas un mot d’anglais et tente de comprendre où se trouve le fameux temple, mais c’est en vain ! Que faire ? J’avance de quelques mètres et rencontre une ravissante piétonne à la fine silhouette et au sourire étincelant. Elle parle l’anglais et connaît très bien Bangkok. Je viens de tirer le gros lot !  C’est Rattana, mon joker !  Elle m’attrape par le poignet et m’entraine hors de ce coin que je commençais à maudire. Je suis maintenant rassuré et prends le temps de contempler les magnifiques portes d’accès au temple mais aussi la belle silhouette de Rattana. Elle me conduit au Wat Pho, le fameux temple du bouddha couché. L’entrée est payante pour les touristes mais gratuite pour les thaïlandais. Nous déposons nos chaussures pour pénétrer dans l’enceinte.  Sublime !

 Le temple Wat Pho.

Le Wat Pho a été édifié par le roi Rama 1er au XVIII ème siècle, c’est le plus vieux et le plus grand temple de Bangkok. On y rencontre beaucoup de bonzes pratiquant la méditation et des diseurs de bonne aventure. A l’entrée du temple il  a deux gigantesques personnages de pierre coiffés d’un haut de forme coloré. A l’intérieur du temple un immense bouddha couché de 45 mètres de long et de 15 mètres de haut est recouvert d’une fine pellicule d’or, ses pieds sont incrustés de nacre, sa position couchée est celle qui précède l’atteinte du nirvana, point de libération du cycle des réincarnations. Au fond de l’enceinte je me rends à l’école des massages traditionnels où des étudiantes se font la main. La séance dure trois quarts d’heure à l’aide de deux herbes différentes et coûte 180 bahts (4 euros). A l’issue du massage je retrouve Rattana et la conduis au fond du jardin exotique très ombragé où se trouve un petit kiosque à boissons. Nous faisons une longue pause, le temps de nous désaltérer et de faire plus ample connaissance. Dès lors, je suis pris en main et je peux ranger mon plan de Bangkok. Je fais maintenant entièrement confiance à ma guide. Elle a 41 ans et possède un commerce dans la galerie marchande de la grande surface “Carrefour” où elle vend des vêtements féminins et emploie une vendeuse de confiance. Elle a beaucoup de liberté.  Il fait très chaud cet après midi, de grosses gouttes de transpiration coulent sur mon visage, Rattana plonge sa main dans son sac et en sort un mouchoir en papier avec lequel elle m’essuie le front, elle est vraiment trop attentionnée ! La journée n’est pas terminée, nous nous dirigeons vers le Wat Phra Kaeo et le grand palais, qui sont deux autres merveilles de Bangkok.

Le temple Wat Phra Kaeo.

Le Wat Phra Kaeo et le grand palais sont un ensemble construit sous Rama IV en 1867 pour fêter le centième anniversaire de la dynastie Chakri (dynastie fondée par le Roi  Rama I, premier Roi de Thaïlande). L’enceinte du grand palais couvre 220  hectares, dont le temple Wat Phra Kaeo, temple bouddhique le plus fabuleux de Thaïlande édifié pour accueillir le bouddha d’émeraude. L’ensemble architectural est une envolée de toitures multicolores, de Chedî (tombes) scintillantes et de sculptures mythologiques. Les styles se mélangent, tout est en vrac. On y trouve des monuments divers: statues de gardiens colossales, bibliothèque, Panthéon royal, de nombreux pavillons et la salle du bouddha d’émeraude. Le bouddha d’émeraude est en jade verdâtre, et il est un peu ce que la vierge est pour Lourdes. Le bouddha est dans la position de méditation, assis les jambes repliées. Il est placé en haut d’un piédestal à dix mètres du sol et ne mesure que 75 centimètres, il  est très coquet !  L’autel sur lequel il est érigé est en bois incrusté d’or et les portes en nacre. De belles fresques retracent la vie de Bouddha où les trois mondes y sont évoqués: celui du désir, celui de la forme et celui de l’absence de forme. Mon caméscope chauffe ! C’est tellement beau !

 Les barges royales.

La journée qui avait très mal démarrée est devenue paradisiaque. Nous n’allons cependant pas traverser tout Bangkok aujourd’hui. Rattana sait maintenant que je ne suis pas dans son pays pour quelques jours mais que mon séjour en Asie durera longtemps, d’autant que j’ai encore énormément à faire au nord du pays, au Laos et au Cambodge. Il est grand temps maintenant d’aller déjeuner, j’invite Rattana dans un petit restaurant de quartier où nous continuons à faire encore mieux connaissance. Bon ! Cet après midi nous partons visiter le musée des barges royales, le musée est ancré sur les rives de la Chao Praya, il est construit sur pilotis sur le Khlong (canal) « Bangkok Noï ». C’est un immense hangar qui abrite huit barges monstrueuses parfaitement décorées et sculptées. Ces barges servent à véhiculer la famille royale lors des grandes réceptions et des fêtes de la cour. La plus ancienne barge mesure 43 mètres de long et compte 54 places assises pour les rameurs. Mon portable se met à sonner, je suis très surpris, tiens ! C’est Luc, un copain qui m’appelle de France, il ne sait pas que je suis parti et m’invite à une soirée à Auribeau. Ce sera pour une prochaine fois !

 Le temple de l’aube.

Sur l’autre rive de la Chao Praya se trouve le majestueux Wat Arun, ou « temple de l’aube ». Arun provient du nom de « Aruna » la déesse indienne de l’aurore. Le temple a été édifié au XIX ème siècle par Rama II et III, il est situé à Thonburi, autrefois capitale du pays. Le Prang (la tour) principal au centre de l’édifice est haut de 86 mètres, il est entièrement recouvert de morceaux de mosaïques cassées et ressemble à un immense patchwork. Pour admirer Bangkok de très haut et tirer quelques photos aériennes je grimpe les marches raides du prang. Rattana qui a la trouille m’attends à la réception. Après huit kilomètres de marche dans Bangkok, Rattana décide de m’accompagner jusqu’à l’hôtel “Royal Benja“. Un bon bain et une heure de relaxation sont bienvenus avant de rejoindre le piano bar pour y prendre un cocktail bien mérité.  Nous décidons d’aller dîner dans un restaurant coréen de Sukunvit près du marché de nuit. Excellent menu composé de mets délicats mais particulièrement relevés. Dommage !   Rattana regagne alors Bang Bua Thong au nord-ouest de Bangkok proche de Nonthaburi. Quand à moi, pour me remettre de cette belle journée, je m’en vais passer deux heures dans une boutique Internet pour y créer une adresse E-mail et envoyer mes premiers messages en France. Voici mon adresse électronique: mauricecostantin@orange.fr  Il est 1 h 30 du matin, il y a encore beaucoup de monde dans les rues et il fait 33°C. Je rentre siroter une dernière “Singha“ et gros dodo.   

Le marché flottant de Damoens Saduak.

Dring !  Dring !  Il est 7 heures, un monstrueux petit déjeuner m’attend, un véritable repas avec toutes les spécialités de tous les pays du monde. Je suis le seul européen au milieu de Thaïlandais, Japonais, Chinois, Coréens, Néo Zélandais et Australiens. Une fois rassasié je me dirige à la réception pour y déposer les clefs, et qui vois-je ? Rattana ! Elle s’est levée très tôt pour venir de Bang Bua Thong jusqu’ici à Sukunvit. Elle avait dans la tête de me faire découvrir son merveilleux pays mais peut être aussi de mieux me découvrir. Nous embarquons pour Damoens Saduak, avec elle il me sera plus facile de m’y rendre car ce n’est pas la porte à coté. Damoens Saduak se situe à cent kilomètres à l’ouest de Bangkok. Cette petite ville est réputée pour son gigantesque marché flottant qui est unique en Thaïlande mais très fréquenté par les touristes. Le détour en vaut cependant la peine. Ici toutes les vendeuses sont coiffées du traditionnel chapeau de bambou tressé semi conique, elles sont assises au fond de leurs barques et vendent toutes les denrées possibles, en général des fruits et des légumes d’une fraîcheur exceptionnelle. Beaucoup de ces petites embarcations sont  équipées de barbecues, de mini grills ou de fours, ainsi on peut manger de barque à barque à tout moment de la journée. Je m’arrête sur un ponton pour louer une barque équipée d’un moteur et négocie avec le batelier qui aura pour charge de nous balader sur les khlongs toute la matinée en amoureux comme à Venise. Quel cadre merveilleux ! Les mains se tendent d’une barque à l’autre, c’est un éternel échange de fruits, de poissons séchés, de boissons diverses. Rattana connaît bien le coin et demande au batelier de nous promener loin des canaux battus. Nous pénétrons dans des lieux moins fréquentés, le batelier coupe le moteur et continue à la rame, la barque avance tout doucement, ainsi il est plus facile de filmer, de s’arrêter plus souvent et de se rapprocher de la population. Les maisons de bois sur pilotis sont ravissantes et toutes décorées de pots de fleurs de toutes les couleurs. C’est presque authentique, des femmes puissent de l’eau pour faire la vaisselle, d’autres lavent leur linge à même le canal. Autour d’elles, les enfants se baignent et les plus vieux enfoncés dans de minuscules barques, pêchent. C’est sublime !

Rose Garden.

Nous quittons Damoens Saduak vers 14 heures et décidons d’aller à “Rose  Garden“. Rose Garden est un grand parc d’attractions avec d’innombrables boutiques, un superbe petit lac et un amphithéâtre couvert dans lequel on peut assister deux fois par jour à un spectacle folklorique typiquement thaïlandais. Le spectacle auquel nous assistons est agrémenté de théâtre classique, de défilés, de jeux d’adresse, de boxe Thaï, de reconstitutions de scènes de vie locale, de combats au sabre et de danses folkloriques, dont la danse des ombrelles et la danse des éventails. Non loin de l’amphithéâtre nous allons nous promener dans le célèbre jardin des roses pour aller voir l’atelier de peinture sur ombrelles. Avant de quitter Rose Garden nous allons faire un dernier tour à la fosse aux éléphants où les pachydermes offrent un spectacle de travaux des champs insolite mais pas vraiment passionnant ! A l’issue de cette journée chargée en émotions c’est un taxi qui nous ramène à Bangkok. Ce soir Rattana ne rentrera pas chez elle car je lui offre l’hospitalité, elle s’installera avec moi au Royal Benja. Après une sieste et quelques massages nous revoilà sur pieds pour rejoindre le piano bar. En face de la station de métro “Nana“, se trouve le restaurant français où l’on peut manger du foie gras, il est fermé aujourd’hui. Nous changeons alors totalement d’idée et finissons  dans un restaurant égyptien pour y déguster des pigeons et du blé. Après ce bon repas, un dodo bien mérité vient à point.

La maison de Jim Thompson.

Par ce beau matin de février nous nous rendons à la maison de Jim Thompson en empruntant un taxi, un tuk-tuk et le Sky Train. L’entrée est payante, 100 Bahts (2 Euros). Il s'agit d’une des dernières véritable maison thaïlandaise en teck, implantée au centre de Bangkok au bord d’un khlong dans un merveilleux jardin exotique luxuriant.  Jim Thompson était un ancien agent de la C.I.A reconverti pour relancer le marché de la soie. Il disparut mystérieusement un beau jour de 1967 en Malaisie. Très louche !  Dans cette maison j’apprécie particulièrement la succession de pièces toutes différentes les unes des autres, décorées d’objets d’art de pur style thaïlandais: vaisselles, sculptures, porcelaines, bouddhas de bois ou de jade. Alors qu’une étudiante thaïlandaise nous raconte en anglais l’histoire du site, elle s’écroule et tombe subitement dans les pommes. Les ventilateurs s’activent, une dame sort de son sac la pommade magique “tiger balm” et lui masse les tempes. Mais pas de miracle, il faut alerter le Samu local. Chose faite, nous continuons la visite sans guide !

Le palais Suam Pakard.

Après la maison de Jim Thompson c’est à Suam Pakard Palace que nous nous rendons, plus exactement à la maison du gouverneur, 100 Bahts la visite (2 euros). Au fond d’un immense parc avec des parterres de nénuphars se trouve un ensemble de six maisons traditionnelles en bois, reliées entre elles par des passerelles de teck. Elles appartiennent à la princesse Chumbhot, femme d’affaires et collectionneuse de pièces d’art. Chacune des pièces de ces maisons renferment des objets d’art uniques: des sculptures Khmères, des boîtes incrustées de nacre, des boîtes à bétel en ivoire, des instruments de musique, des poteries, des masques superbement peints. Le pavillon du fond faisait parti du monastère, à l’intérieur on y  trouve des panneaux de bois peints de laque noire et dorés à l’or fin. Nous faisons un maigre repas dans les allées du parc et Rattana décide de me faire goûter une spécialité de couleur rougeâtre, un mélange de raisins secs, glace pilée, lait entier, poudre de noix de coco, le tout recouvert de sirop de grenadine. Un mélange très nourrissant mais très écœurant à mon goût  !

Chinatown.

A quelques enjambées du quartier Thewet, le Flowers Market est le marché des plantes tropicales et des orchidées. Il y fait très chaud et une nouvelle halte s’impose pour boire un liquide laiteux mi-gris, mi-verdâtre, du « Vitamilk », excellent pour éveiller les sens, dur à avaler mais plein de vitamines ! Maintenant, pour aller au quartier Indien et à Chinatown nous retournons vers la Chao Phraya et prenons le bateau bus archi bondé. En traversant le quartier indien nous longeons des boutiques de vêtements admirables et de tissus vendus au mètre, entre autre, des saris aux couleurs flamboyantes. L’atmosphère change subitement et voici le panneau Chinatown. Aussitôt, d’innombrables échoppes s’offrent aux passants: des commerces à bijoux, des apothicaires et des cantines fumantes et ambulantes d’où se dégagent les senteurs de la Chine profonde. Nous nous enfonçons dans les minuscules ruelles de part et d’autre de Charoen Krung, et là, c’est le bric-à-brac de vieilleries de tous genres et des odeurs terrifiantes de viandes fumées et de poisson séché. Des fruits d’importation en veux-tu ? En voilà: des pommes de Corée, des poires d’Australie, du raisin d’Amérique, cinq fois plus chers que les produits locaux. Pour une poignée de bahts je me fais coiffer et raser par un barbier vitrine sur rue. Six petits chinois me dévisagent les grands yeux écarquillés. Des vieillards tout fripés assis sur des billots de bois fument des “Beedees” (cigarettes indiennes) et boivent du mauvais whisky, les plus jeunes vident leurs chopes de Tsing Tao (bière chinoise) et chantonnent. Tout au fond d’une ruelle se trouve “le marché aux voleurs” où sont vendues les marchandises chapardées et près du temple chinois de Leng Noi Yee foisonnent les boutiques d’antiquaires dans une atmosphère “Tintin et le lotus bleu“. Devant l’entrée de l’hôpital chinois il y a un superbe temple bouddhique, une halte recueillement s’impose, Rattana comme toutes les thaïs est croyante et superstitieuse, elle fait brûler trois bâtons d’encens et dépose deux grosses fleurs de lotus aux pieds de Bouddha, puis agenouillée, elle se signe trois fois et récite quelques mantras. Journée malgré tout bien remplie, nous regagnons l’hôtel assez tôt pour une petite sieste réparatrice et puis ce soir nous partirons dîner dans un restaurant à la criée. Sur une immense esplanade se trouvent pas moins d’une trentaine de restaurants situés côte à côte, et au beau milieu de la place des centaines de chaises et quelques tables. Chaque restaurateur au pied de sa boutique brandit sa carte tout en criant pour promouvoir son plat du jour. Je me déplace pour aller passer commande et aussitôt les serveuses s’activent et chargent notre table de bols, d’assiettes, de sauces piquantes et de riz blanc. Un gros serveur nous apporte un saladier rempli de petites anguilles encore vivantes. Pour les manger il faut les ébouillanter en les trempant dans une soupe à 80 degrés sans les couper et les porter à la bouche comme de gros spaghettis. C’est succulent ! Dodo ! Demain je quitterai le Royal Benja pour aller m’établir à Bang Bua Thong Chez Rattana.

Mon appartement à Bang Bua Thong.

J’ai trouvé un nouveau toit à Bang Bua Thong sur la commune de Nonthaburi au nord-ouest de Bangkok  (un peu comme Nanterre par rapport à Paris), adresse: Rattanakorn Chararot, 161/20 soï Maïtree Util, M.Nareenakon, Bangrak Pattana. Bang Bua Thong. Nonthaburi. Rattana vit avec sa sœur Bang On qui a six ans de moins qu’elle et qui travaille à la direction de la grande chaîne de magasins d’enseigne japonaise “Jusco”. Bang On est une fille admirable et travailleuse, elle abat  treize heures de boulot par jour. Bang On a toujours le sourire et aime bien plaisanter. Avec sa sœur elles ont acheté cette maison accolée à une autre, dans un lotissement à proximité d’un khlong. Pour pénétrer dans mon nouvel appartement il faut que je me déchausse  et que je traverser une courette. Au rez-de-chaussée il y a une pièce unique qui sert de salon, de salle à manger et de cuisine, il n’y a que très peu de meubles. Des escaliers permettent d’accéder à l’étage où se trouvent deux petites chambres et une grande salle de bain. Heureusement que l’étage est climatisé car cet appartement est un véritable sauna. Désormais je vivrai ici jusqu’à mon départ pour le nord.

Rencontre de Kwang et visite de Golden Mountain.

Aujourd’hui c’est samedi Rattana doit aller à Pathunam pour y rencontrer les grossistes en vêtements et négocier les nouvelles collections, quant à moi, me voila largué seul dans les rues de Bangkok. J’ai décidé d’aller visiter « Golden mountain » et le « Wat Si Saket. » J’ai mis beaucoup de temps pour trouver mon chemin et il est déjà 11h30. Pour me saouler des bonnes senteurs épicées, je m’arrête devant un restaurant typiquement thaïlandais où les plats mijotent dans de grandes marmites, . Apparaît alors Kwang, la fille du restaurateur. Kwang parle l’anglais aussi mal que moi, elle me prend en sympathie et n’arrête plus de me causer moitié thaï moitié anglais. Tous les voisins du quartier sont alertés par ma présence et viennent découvrir la curiosité “Bimbo”, le seul ici à la peau blanche et aux cheveux blancs, le “Farang” (l’étranger). En Thaïlande les thaïs, hommes et femmes sont copie conforme, tout le monde a les cheveux noirs, les yeux noirs bridés, la peau lisse et le sourire en prime. Bien guidé dans mon choix culinaire j’opte pour un ragoût de porc haché accompagné de feuilles de basilic et d’ail. Avec ce plat suivent de petits bols remplis d’une nourriture inconnue à mon palais, parfois succulente, parfois écœurante. Kwang vient me tenir compagnie et déjeune avec moi. Le repas durera deux heures. Le restaurant c’est Kanolpan Lekkansuvan, adresse: Kanolpan Lekkansuvan soi 52/8 Mahajak Road  Tel: 09786 74 12. Maintenant en possession des précieux renseignements que j’ai obtenus auprès de Kwang, je poursuis mon chemin et me dirige vers Golden Mountain. Il me faut quinze minutes pour gravir les 330 marches de l’escalier en colimaçon qui grimpe au sommet de la colline. Là haut se dresse un gigantesque temple avec un grand chedhi central (un tombeau)  de couleur jaune or. Le « Wat Si Saket » est habité par un grand nombre de bonzes tous très cultivés, j’ai la chance d’assister à un t’chat en anglais, donné par le doyen mais je ne m’attarde pas car il faut que je rentre tôt, Tim, l’employé de mon copain Alain doit venir nous chercher à Bang Bua Thong pour aller dîner en famille. A peine arrivé à la maison, la voiture d’Alain pilotée par Tim est déjà là, vite une douche rapide et nous partons vers Mooban Seri. Tim travaille depuis six ans chez Alain, lannée prochaine il quittera la société pour un an afin d’aller accomplir une vie d’ascète et pratiquer la méditation. Beaucoup de thaïs se sacrifient pour cette expérience, c’est un peu leur service militaire au service de la religion. Nous débarquons au domicile d’Alain, je présente ma copine qui sympathise de suite avec Puk l’épouse d’Alain. Après quatre pastis, les plats déferlent sur la table ainsi que deux bouteilles de Bordeaux. Tout le monde se met en quatre pour que cette soirée soit mémorable. Après les spécialités thaïs et le bon rouge, Alain va décongeler le roquefort qu’il a l’habitude de conserver religieusement. Il sera vite deux heures du matin. Ah ! Ca fait plaisir d'un peu parler français et surtout de se remémorer les bons vieux souvenirs d’enfance grassoise. 3h30 , il faut rentrer. Allo Taxi !

Muang Borang ou Ancient City.

Aujourd’hui dimanche Rattana et sa sœur passeront la journée avec moi à Ancient City.  A l’entrée du domaine nous louons trois vélos pour parcourir les kilomètres indispensables pour ne rien louper de ce site. Ancient City est la folie du concessionnaire Mercédès pour la Thaïlande. Milliardaire, il a laissé la quasi totalité de sa fortune pour recréer et reconstituer 80 grands monuments à taille presque réelle sur plusieurs dizaines d’hectares. La reconstitution est superbe, entre autre celle du temple Khao Phra Wihan, celle du temple khmer construit sur une colline artificielle, et celle du Sanphet Prasat, le grand temple d’Ayutthaya. Il a aussi recréé un marché flottant avec ses passerelles ses kiosques et ses  maisons de bois. C’est sur ce site que nous prenons le déjeuner. Nous optons pour un Thom Yam Kung, (soupe de poisson thaïlandaise à la citronnelle et au gingembre) et une Khao Tom Pla, (soupe à la sauce de poisson). Un délice !

La ferme aux crocodiles

Après plus de cinq heures passées à Muang Borang nous prenons un Songthaew pour nous faire déposer à la ferme aux crocodiles. 300 bahts l’entrée (6 euros). Spectacle hallucinant ! Je n’avais jamais vue autant de crocodiles de ma vie  en si peu de temps, (60 000 bestioles de 9 espèces différentes). Le plus impressionnant est le Salt-water qui mesure plus de 4 mètres de long. Au fil du spectacle nous assistons à des scènes impressionnantes, entre autre l’heure du repas des sauriens. Des enfants du haut d’un ponton attachent des pièces de viande fraîche au bout d’un fil solide qu’ils présentent aux crocodiles affamés qui se battent pour les dévorer. Tous les après midi il y a deux spectacles de domptage. Au péril de sa vie un saltimbanque maîtrise la bestiole et pour une poignée de bahts il enfouit son crâne entre les mâchoires du monstre. Dans un bâtiment près de l’entrée se trouve la couveuse où éclosent les œufs, ici les crocodiles ne font que 20 à 25 centimètres de long. Tout au fond du parc sont parqués les doyens en bout de vie, ils sont entassés les uns sur les autres, il y en a des centaines, ça pue ! C’est affreux !  Nous quittons la ferme pour Bang Bua Thong. A l’issue d’une petite hygiène corporelle nous nous rendons dans un restaurant thaï (mi-thaï, mi-européen). C’est très propre et tous les plats sont bien chargés en gingembre, ça ne peut faire que du bien. La nuit fut excellente !

 Le marché du week-end

Aujourd’hui nous voilà partis au marché de Chatuchak. Un tuk-tuk nous dépose à la station de métro Siam et nous descendons à Mo Chit, l’ultime station au nord de Bangkok sur Pahon Yothin Road. Ce lieu est l’enfer du bruit et de la pollution, la densité du trafic routier est démente. Vite ! Nous allons nous réfugier sous les bâches colorées du marché et là, nous trouvons de tout: souvenirs en tous genres, vêtements typiques thaïs, matériel de cuisine, alimentation, animaux, tissus et cotonnade, objets d’artisanat local…. Ici c’est la mode à tout petit prix: maillot de bain pour trois dollars, tee shirt pour deux dollars...... Sous des kilomètres d’allées bâchées il y a des points de repos, des restaurants traditionnels et des attractions, à savoir les célèbres combats de coqs. Nous avons une petite faim et par bonheur nous trouvons un restaurant qui cuisine à merveille les Pad Thaï. C’est le plat national réalisé à partir de nouilles de farine de riz sautées arrosées de citron vert et saupoudrées de piments, le tout garni de cacahuètes et chargé en sauce au poisson. Très relevé si l’on ne précise pas « Maï Pet », mais très bon ! Après les emplettes nous retournons au foyer. Sous l’escalier de bois qui mène aux chambres il y a un petit autel tout illuminé au cœur duquel repose un mini Bouddha derrière trois pots de fleurs. Tous les matins, Rattana et sa sœur font brûler des bâtons d’encens. La fumée monte à l’étage et gagne mes narines, c’est l’heure du petit déjeuner: thé au citron ou au gingembre, œufs au plat, saucisses thaïs, et riz blanc. Ce matin je passe un long moment à entretenir le petit jardin qui se trouve derrière la maison, j’arrache les mauvaises herbes et change l’eau de la coupelle remplie de fleurs de nénuphars. Je vais ensuite me balader dans le lotissement où je rencontre d’adorables voisins pour passer un moment à jouer au ballon avec les enfants. Partout je suis super bien accueilli, je m’attarde, discute avec tout le monde, avec la bouche et avec les mains. Le temps passe vite, il est temps de se mettre à table. Après le riz blanc gluant et une montagne de fruits frais: mangues, leeches, pastèque, pomelos, et durian, les ventilateurs s’actionnent et la climatisation se met en branle, ce sera alors une longue et “chaude” sieste avant d’aller récupérer Bang On chez “Jusco”. Dans la galerie marchande de “Jusco”, en attendant que Bang On termine sa journée nous prenons un expresso thaï au goût de nescafé. C’est dans ce magasin que j’ai trouvé mon livre de cuisine thaïlandaise en français. Un taxi nous prend tous les trois et nous regagnons la maison pour y prendre notre dernier repas ensemble. Et oui ! Demain à l’aube je quitterai la capitale pour quelques jours, afin d’aller conquérir l’ouest du pays.

Rencontre de France à Kanchanaburi

Ce matin à 6 h 30 précise je me rends à mon rendez-vous où je suis accueilli par une guide et un chauffeur de bus chargés de récupérer huit étrangers avec qui je vais partir vivre une petite aventure. Il y a un français, “bibi”, deux australiens, deux danoises, un jap, un couple d’écossais et une belge. La belge se prénomme France, c’est la seule avec qui il m’est facile de communiquer du fait quelle pratique un très bon français, elle n’est pas très belle mais qu'elle gentillesse ! Adresse: demarbaix.france@hotmail.com. Nous ne nous quitterons plus d’une semelle pendant notre exode. France est une photographe érudite, je m’en suis rendu compte à notre première halte au cimetière des alliés de Kanchanaburi, dès qu’elle s’est mise à mitrailler les centaines de tombes. Kanchanaburi est une gentille bourgade située à 150 kilomètres à l'ouest de Bangkok. La ville s’étend sur cinq kilomètres, le long de la rivière Kwaï. Avant d’aller déjeuner, nous allons visiter le JEAATH museum. Le musée rassemble des objets, des images et des gravures qui rappellent les incroyables souffrances endurées par les prisonniers de guerre pour la construction du chemin de fer reliant le Siam au Myanmar (Birmanie). La visite des prisons et des dortoirs des prisonniers est particulièrement  émouvante.  JEAATH sont les initiales de Japan, England, América, Australia, Thailand et Holland. Il est Midi, nous prenons notre premier repas en groupe dans le centre de la ville près du temple Lak Muang où les femmes viennent prier contre la stérilité face à un gigantesque phallus recouvert d’or. Le repas terminé, nous allons visiter la grotte de la “nonne flottante”. Située dans le temple de Tham Mongkon Thong , la nonne “Among” est dans un bassin, de l’eau jusqu’à la taille, elle réalise les différentes positions du Bouddha, jambes croisées les deux mains sur la poitrine, allongée sur le coté comme l'ascète, jusqu’à la position ultime des derniers instants de Bouddha quand il parvient au Nirvana. A la fin de sa prestation elle arrose les fidèles avec l’eau sacrée du bassin.

Le pont de la rivière Kwaï

Hello ! Le soleil brille ! Brille ! Brille ! Sous 39°C  nous voici sur le pont de la rivière Kwaï immortalisé par le roman de Pierre Boulle et le film de David Lean, où en 1942 trente mille prisonniers occidentaux et cent mille ouvriers asiatiques ont œuvré pour réaliser 415 kilomètres de voie ferrée. Travaux prévus par les japonais pour envahir l’Inde, mais ils n’y sont jamais parvenus. Aujourd’hui encore quelques trains à vapeur conduisent jusqu’à Namtok. Cette ligne relie l’ouest du pays à Bangkok. Heureusement qu’il y a de l’eau de partout car il fait une chaleur torride. France tourne de l’œil, je l’installe dans un coin ombragé et avec un “kleenex” imbibé d’eau je lui éponge le visage. Elle se remettra lentement. Nous passons le reste de l’après midi à Erawans waterfalls pour admirer de superbes cascades dans le cadre agréable d’un parc national protégé. Un chemin remonte sept niveaux de cascades mais en cette saison il n’y a pas énormément d’eau. C’est quand même très impressionnant. Une petite trempette dans l’eau froide nous a fait un grand bien à tous mais surtout à France qui était particulièrement déshydratée. Pour clôturer la journée nous nous rendons à notre futur repère “The big mama’s house”, une charmante guesthouse faite de bambou et de bois. Le restaurant et la réception surplombent la falaise qui plonge dans la rivière Kwai Noi (la petite Kwai). Les chambres qui nous sont affectées sont flottantes, elles sont situées en bas de la falaise au fil de l’eau sur des radeaux en bambous amarrés à la rive par de gros cordages. Pour accéder à nos chambres il nous faut descendre une soixantaine de marches à pic par des escaliers à la japonaise, une véritable escalade ! Dans nos huttes bien sobres il y a un matelas confortable entouré d’une large moustiquaire, une table basse et rien d’autre. Pour se rendre aux toilettes et aux douches il faut grimper l’escalier à pic, de même que pour se rendre au restaurant. C’est absolument pittoresque ! Nous prenons possession des lieux et nous nous dirigeons à l’accueil pour y prendre un verre de bienvenue. C’est la pause cartes postales, et chacun fait plus ample connaissance. Quelle chance de parler français avec France car les australiens et les écossais ont un accent déplorable. Cette nuit c’est la pleine lune. Quel cadre reposant ! Seuls  les cris des hulottes troublent le calme absolu qui règne ici. La lune se reflète dans Kwai Noi ainsi que les petits lampions rouges qui entourent la terrasse du restaurant. Un léger souffle agite les moulins à prières. C’est vraiment un coin extraordinaire et romantique. France me raconte sa vie, une sorte de complicité s’établie entre nous, nous discutons jusqu’à 1h30 du matin, France est très cultivée c’est une créature fascinante, issue d’un milieu artistique,  elle écrit et illustre des livres pour les petits enfants, elle adore voyager et a déjà mis les pieds en Birmanie et en Inde. Le courant passe super bien entre nous. C’est dans la pénombre qu’il nous faut maintenant descendre avec beaucoup de prudence les soixante marches raides. Une fois les pieds sur notre radeau nous contemplons encore quelques minutes la rivière. Toute la nuit nous sommes bercés par le courant de la rivière et par les appels des geckos : «ok! to ké!  ok! to! ké! ».

 Vers les villages des réfugiés birmans.

Il fait encore nuit à cinq heures du matin lorsque j’ai déjà les pieds sur les gros bambous de ma chambre flottante. Je laisse France à ses rêves et m’installe les jambes dans la rivière pour un bain de pieds en attendant le lever du soleil. Le soleil vient prendre la place de la lune, Kwaï Noï devient rouge orangée. Sur le radeau d’à coté l’écossais et le japonais font surface, petit à petit tout le monde est debout et grimpe au restaurant pour y prendre le petit déjeuner, passer aux douches et partir vers l’insolite. Nous commençons la journée par des kilomètres en 4x4 pour débarquer au bout du monde dans un village de réfugiés enfuit de Birmanie. Un véritable retour en arrière. Toutes les habitations sont en bois, recouvertes de feuilles de bananiers. Au cœur du village, l’artère principale est en terre battue rougeâtre, il y a des boutiques minuscules, sommaires et archaïques où l’on trouve des légumes du poisson séché et du lait en poudre. Les mémés dorment à même le sol sur des tissus sales, et lorsque passent les enfants à vélo elles reniflent la poussière qu’ils soulèvent du sol. Des enfants quasiment dévêtus jouent avec des jouets confectionnés par eux même à l’aide d’objets de récupération: bâtons, morceaux de plastique, planches.... Ici les gens vivent le plus simplement du monde, tous les habitants sont attachants, les tout petits ont peur de nous, les plus grands font les intéressants. Impossible de se comprendre, on échange des sourires, on lit dans les regards, on parle avec les mains, on dessine par terre. Mon caméscope intrigue mais il devient très vite une attraction, chacun veut se voir apparaître dans l’écran LCD pour s’éclater de rire. Quel bon moment passé dans ce village ! Il nous faut regagner le 4x4 pour aller déjeuner, je profiterai de cette halte pour aller poster mes cartes postales. Après un modeste repas, le 4x4 nous récupère pour nous déposer sur l’autre rive où nous attend une grande pirogue à moteur. Pendant une heure et demie nous remontons le cours de la rivière jusqu’à notre guesthouse. Ce soir nous prenons le même repas que la veille, mais on ne s’en lasse pas. Avant le dodo l’aubergiste nous a organisé une soirée agrémentée d’un spectacle, toute la famille s’investi à la lueur des bougies, un enfant de  douze ans tapote sur une sorte de tam-tam et sa petite sœur de six ans danse alors que ses parents frappent dans leurs mains. Ce spectacle est très monotone et à mon goût il dure un peu trop. Ca n’en fini plus, les enfants sont crevés et s’endorment presque sur leurs instruments de musique, c’est affreux ! Le meilleur moyen pour qu’ils s’arrêtent c’est de faire diversion. Tout le monde doucement regagne alors discrètement son radeau et bonne nuit ! Demain il faudra se lever tôt pour affronter notre journée de bambou rafting.

Mini croisière sur Kwaï Noï.

A l’aube, alors que le soleil commence à pointer, deux immenses et robustes radeaux en bambous nous attendent tout près de nos huttes. C’est en traversant en équilibre sur de larges planches bancales que nous embarquons. Il y a cinq personnes sur un radeau et six sur l’autre et nous voila partis. Le courant nous entraîne et le batelier tente de diriger l’embarcation avec un long bambou qu’il plante de tous ses bras dans le fond de la rivière et qu’il pousse pour la mettre dans le bon courant. Et du courant il n’y en a pas beaucoup en cette saison, aussi j’en profite pour filmer notre descente. Nous sommes dans un cadre merveilleux, le décor est reposant, les paysages sont sublimes et l’ambiance est très bonne, tout le monde s’apprécie et apprécie cette aventure. La descente dure deux heures. Le long des rives j’aperçois des enfants qui se baignent, des femmes qui puisent de l’eau, des bonzes qui se recueillent. Parfois un bateau longue-queue à moteur vient troubler le calme qui règne sur la rivière Kwaï Noï. Un songthaew nous attend rive gauche, il nous emmène visiter “Helf Fire Pass” puis le tristounet musée où il n’y a que des photos retraçant l’atroce sort qu’ont subit les ouvriers du rail. Durant ce chantier inutile, la majorité des ouvriers ont péri par la malaria, le tétanos ou le choléra.

Le train de Namtok et le retour sur Bangkok.

Nous sommes à Namtok, terminus du tortillard qui emprunte le pont de la rivière Kwaï, à 138 kilomètres seulement de la frontière du Myanmar (Birmanie). En attendant le départ du train nous avons largement le temps de nous restaurer sous la tonnelle d’un petit restaurant. Soudain la grosse cloche de bronze tinte et tout le monde se précipite sur l’unique voie pour assiéger le train. Les voyageurs sont surchargés de ballots, de caisses et de fagots. Le train amorce la longue descente et roule au pas, au moment où il frôle la falaise toutes les têtes sont aux fenêtres, les rails ne reposent plus sur la terre ferme mais sur des pilotis maintenus par des poutrelles d’acier et des madriers. En contrebas coule la rivière, c’est à moins de 10 kilomètres à l'heure que nous avançons, et à cette vitesse j’ai tout mon temps pour filmer correctement l’événement. Dans le wagon une famille de minorités ethniques d’origine birmane est vêtue de costumes traditionnels aux couleurs flamboyantes, des enfants ont les yeux grand ouverts, ils sont émerveillés, c’est certainement leur premier voyage en train. Toutes les deux ou trois minutes des vendeurs de nourriture défilent, certains apportent de l’eau dans des bouteilles en plastique blanc, d’autre des jus de fruits. On peut manger de tout dans le train, des cuisses de poulets, des concombres, du riz compacté enveloppé dans des feuilles de bananier... Le contrôleur assis en face de moi ne me quitte pas des yeux, je dois lui plaire ! Il aimerait bien s’adresser à moi mais il ne parle pas un mot d’anglais, à coté de lui vient s’asseoir une diseuse de bonne aventure, elle lui prend la main pour y lire dans les lignes. Un grand fracas métallique et le grincement des freins immobilisent le train, avant qu’il ne pénétre sur le célèbre pont, là aussi il avance au pas pour éviter tout accident, car des dizaines de touristes en quête de photos insolites, s’entassent entre le vide et le train en marche. A l’entrée du pont près des piliers d’accès se trouvent deux gros obus de un mètre de haut qui sont là en guise de décoration. Nous sommes à Kanchanaburi et dans vingt minutes sonnera le départ pour notre retour sur Bangkok. Nous échangeons nos adresses avec France car nous allons nous quitter avec un petit pincement au cœur. Il est possible que nous nous retrouvions dans le nord dans quelques semaines, mais en attendant j’ai surtout follement envie d’aller retrouver Rattana.  Du terminal de la gare ferroviaire de Thonburi c’est une véritable corvée pour aller à Bang Bua Thong où Rattana m’attend à l’entrée du lotissement. Arrivé à destination, tout est prêt, une grande assiette de fruits, une “Singha” bien fraîche, les herbes pour le massage et un bain moussant. Ce soir de retrouvaille nous resterons à la maison. Rattana me présente ses voisins. Dans le lotissement il y a un jardin commun, nous allons ramasser des poivrons et des herbes diverses que je ne connais pas. Tous ces ingrédients serviront à cuisiner le poisson sec que Rattana  n’a pas oublié de mettre à tremper. Soirée télé ! La télé thaïlandaise est d’une nullité sans précédent, dix minutes de film, dix minutes de pub et ainsi de suite jusqu’à la fin du film. Si ce n’est pas une émission de divertissement hyper naïve, c’est un film à l’eau de rose. Ca pleure sans arrêt et je n’arrive plus à faire la relation avec le slogan qui va si bien à la Thaïlande, “ Pays du sourire”.  Dodo très réparateur et demain nous irons à Bangkok.

 Le temple de marbre et le marché aux amulettes.

A Bangkok nous avons décidé de visiter le temple de marbre, le « Wat Benjamabopitr », il est absolument charmant. Il est construit en marbre de Carrare, quant à la céramique des toitures elle provient de Chine. Deux beaux lions au sexe bien dessiné gardent la grande porte de teck sculptée. A l’intérieur un énorme Bouddha conserve les cendres de Rama V mort en 1910. Dans le cloître il y a 52 Bouddhas de bronze dans des positions différentes de tous les styles de l’Asie. Rattana m’emmène au marché aux amulettes, où des dizaines de boutiques proposent des centaines de “bouddhasseries”. Ici les bonzes et les bonzesses viennent se ravitailler pour leurs temples. On a le choix entre des maxi-bouddhas et des mini-bouddhas, assis, debout, couchés.... des chapelets, des gerbes d’encens, des amulettes animalières et des pendentifs. Amusant et curieux ! Après avoir bien léché les étalages nous passons à coté de “Démocraty monument” d’une laideur incontestable puis tout près du Giant Swing et de la statue de Rama I.  Nous regagnons Bang Bua Thong par la rivière et par le bus climatisé.  Il est grand temps de faire le point avant mon départ pour le nord. Je laisserai le maximum de mes affaires personnelles ici pour ne pas me surcharger de choses inutiles. Je vais quitter Rattana pour plusieurs jours. 900 kilomètres séparent Bangkok du Triangle d’or et je suis euphorique à la pensée que la grande aventure va commencer pour moi et à savoir que je vais me plonger dans la Thaïlande profonde. Je suis un peu angoissé et j’ai un petit pincement au cœur car je vais quitter Rattana et le confort de vie dont j’ai bénéficié jusqu’à présent.

Ayutthaya, la cité archéologique et mon départ pour le Nord.

 Rattana est inquiète de notre séparation, elle pense que c’est fini entre nous, que je vais l’oublier et que je ne retournerai plus la retrouver. Elle est persuadée que je vais la quitter volontairement et que je vais me perdre au fin fond de son pays que j’aime beaucoup. Je fais le point pour ne rien oublier. Dans mon sac il n’y aura que le strict minimum: la pharmacie, des affaires de toilette, mon matériel photo et vidéo, très peu de vêtements, mes papiers indispensables, mes guides et mon road book où tous les jours  j’écris tout ce que je vois, partout où je passe et tout ce que je ressens. Tout cela me sera très précieux lorsque je rentrerai en France. Bang On est venue pour me saluer et me faire ses adieux. Bang On cherche un compagnon et veut absolument que je lui trouve un français comme moi, mais comme moi il n’y en a qu’un, donc je lui explique que ça va être difficile. Nous avalons quelques mauvaises herbes et sans tarder nous regagnons la chambrée car demain le soleil ne sera pas encore levé au moment où nous serons à la station Hua Lampong, (gare centrale de Bangkok). Il est 5 h 30, la gare de Hua Lampong est déjà bondée, le trafic ferroviaire est particulièrement intense ici car c’est la plaque tournante pour toutes les destinations: à l’est l’I-Sam et le Cambodge, au sud les îles et la Malaisie, à l’ouest la Birmanie, au nord  le triangle d’or et la frontière du Laos. C’est le grand adieu, Rattana m’abandonne à moi même, je vais maintenant me référer à mon guide du routard et à lonely planet. Dans le hall principal les voyageurs matinaux ou les résidus de la nuit somnolent encore à même le sol. Je me fais un passage entre la foule pour arriver à la plateforme n° 4 où le train pour Ayutthaya est déjà à quai. Ayutthaya est à 1h30 au nord de Bangkok, et ce sera ma première escale avant le grand nord car Ayutthaya est une ville incontournable. Phra Nakon Sri Ayutthaya ou “ville sainte d’Ayutthaya” est l’ancienne capitale du Siam qui a été fondée en 1350 (à peu près vers Louis XIV en France). Rasée en 1767 par les Birmans, c’est alors Bangkok qui devint la capitale du pays. Tout près de la gare d’Ayutthaya, je trouve une guesthouse sympa et très bien tenue pour 150 bahts la nuit (3 euros). Je suis très prés du canal qui contourne la ville juste en face un magasin de location de vélo, super ! Une pluie diluvienne s’abat sur la ville, il est 13 heures, il y a une humidité écrasante et il fait une chaleur insupportable. L’orage ne durera qu’une heure. La chaleur redouble et rapidement l’évaporation efface toute trace d’eau, l’activité reprend. Pour 30 bahts la journée, même pas un euro, je loue un vélo, c’est le meilleur moyen pour se déplacer dans cette ville parfaitement plate. Je pars repérer les lieux pour me faciliter la tâche de demain. Après repérage je rebrousse chemin pour me rendre au centre ville, et pour y arriver il faut que j’embarque le vélo dans le transbordeur et que je rejoigne l’autre rive. Chose faite, je pénètre dans une boutique Internet climatisée pour y passer un moment. Souvent je m’envoie mes propres écrits pour les récupérer dans ma boite électronique lorsque je rentre en France. J’envoie aussi assez régulièrement de mes nouvelles à Yannis en France pour qu’il reste sur mes traces. Ca fait du bien au cœur lorsqu’on est loin de chez soi  de recevoir des nouvelles des personnes qui nous sont chères. Internet c’est le top lorsqu’on voyage, c’est là que l’on se rend compte de l’importance d’un tel outil. Je reprends le transbordeur pour aller acheter trois DVD en anglais (7 euros). J’entreprends une longue marche en ville pour trouver un restaurant qui fait du porc au basilic et pour ne pas finir sur du pimenté et du salé je traverse la rue et passe chez le glacier d’en face pour y prendre un dessert glacé. De nouveau j’emprunte le transbordeur et retourne à la guesthouse car demain sera une journée chargée en visites.

Le site archéologique d’Ayutthaya.

Au lever, quelques nuages couvrent la ville, la température a légèrement baissé. Excellente journée pour pédaler. Je quitte la guesthouse et enfourche le vélo. La ville d’Ayutthaya est un îlot entièrement cerné de rivières et de canaux. Le site archéologique est très étendu, il faudrait des journées pour en faire le tour à pied. Chaque entrée aux temples est payante, (une somme dérisoire). Je pédale sur trois kilomètres jusqu’à l’un des ensembles des plus intéressants, le Wat Yai Chai Mongkol, un temple construit en 1360. Au milieu de celui-ci s’élève un chedî construit pour fêter une victoire contre les birmans. Le temple est entouré de dizaines de bouddhas tous drapés d’orange, à l’intérieur du sanctuaire se trouve un gros bouddha de cuivre et sur le chemin qui mène au chedî un long bouddha est couché. Un kilomètre plus loin, le Wat Phranan Choeng, d’aspect très moderne abrite un bouddha assis de dix neuf mètres de haut tout en briquettes. Ici ça sent l’encens à des mètres à la ronde car de nombreux fidèles viennent s’y recueillir. Dans les murs du temple il y a une multitude de niches, chacune abrite un mini bouddha, il y en a 48 000 en tout, (ils représentent les 48 000 paroles de Bouddha). Je ne les ai pas comptés. A cinq kilomètres au nord-ouest je rejoins l’ensemble le plus imposant d’Ayutthaya, le Wat Phra Sri Samphet édifié au XV ème siècle. Trois immenses chedîs symbolisent les trois rois qui y régnèrent. L’architecture est élégante au milieu d’un cadre verdoyant et paisible. Tout à coté, le Viharn abrite le bouddha de bronze de vingt mètres, (le plus haut du pays).  Une halte est nécessaire car je meurs de soif. J’avale un demi-litre de coca et enchaîne ma visite vers le Wat Phra Meru. La particularité de ce dernier, c’est qu’il a conservé un magnifique plafond à caissons en bois laqué d’or, et ce qui est curieux, c’est que son Bouddha est vêtu du costume royal. Qu’il est laid !  Je gare le vélo car il me faut grimper de nombreuses marches dans un décor de ruines pour atteindre le Wat Phraram Uchaya de style angkorien et plonger dans les ruines de l’imposant Wat Mahathat où furent retrouvés d’innombrables bijoux et objets religieux de très grande valeur. Après douze kilomètres à vélo et cinq à pied, sur le chemin de ma guesthouse, je croise le dernier Praal des éléphants existant en Thaïlande. Des dizaines d’éléphants vêtus et ornés de rouge et d’or trimbalent les touristes, principalement des japonais qui adorent ça. Les japs sont partisans du moindre effort, marcher ou pédaler c’est trop dur pour eux ! Cet exercice permet aux pachydermes de gagner beaucoup de bahts. Pour eux, le baht est leur principal gagne bananes. Ce soir j’ai les cuisses dures comme du béton. Je rends le vélo et vais me relaxer. Rattana n’est plus là pour les massages. Une bonne “Singha” et je fonce à U-Thong road au marché Hua Raw où je découvre de nombreuses cuisines propres et pas chères. Ce soir khao phat (riz frit), phak kung phat (assortiment de légumes frits) et une kaeng chut (soupe aux crevettes), puis avant de regagner le dodo je vais déguster un sundee au chocolat au “Mac Do” d’en face. Demain direction Lop Buri.

Lop Buri : La cité des singes sacrés.

A 8 heures précises, l’hymne national thaïlandais retentit dans le hall et sur le quai de la gare ferroviaire d’Ayutthaya, tous les thaïs déposent leurs sacs et se mettent au garde à vous, pour une minute environ. Ce cérémonial a lieu tous les matins tous les soirs et tous les jours dans tous les lieux publics. Après l’hymne tout s’enflamme, l’animation reprend et c’est l’attente. Voici les paroles de l'hymne national thaïlandais:    "La Thaïlande est faite de la chair et du sang de ses citoyens. Le sol de la mère patrie appartient à ses enfants et demeure leur soutient permanent sans exception. Tous les Thaïs sont résolus à rester unis, ils chérissent la paix,mais n'ont pas peur de combattre. Ils ne laisseront jamais personne les soumettre. Il sacrifieront chaque goutte de sang pour la nation et garantir au pays une éclatante victoire "  Le prochain train me déposera à Lop Buri où il me faudra patienter encore cinq heures avant ma correspondance pour Phitsamulok. J’ai donc le temps de rentrer dans la ville des “singes sacrés”. A la sortie de la gare j’aperçois le premier singe symbolisé par une gigantesque statue de macaque grise au cul rose. J’appelle un pousse-pousse pour aller au Wat Sam Yod et au temple de Kala. Une dizaine de petits singes m’attaquent et me fauchent deux paquets de biscuits et l’appareil photo. Un garde intervient armé d’une longue verge pour lui faire lâcher prise. C’est très courant, les singes trop collants sont mâtés. Les singes se sont établis au temple hindouiste Prang Sam Yod car les habitants les nourrissent avec tous les restes du marché. A l’entrée du temple des étals vendent des bananes naines pour être distribuées aux bestioles. Je suis tombé au moment magique des offrandes, c’est spectaculaire de voir défiler des centaines de dévots chargées de nourriture qu’ils vont déposer sur l’autel déjà surchargé de victuailles. De derrière le temple monte une musique désagréable et monotone pleine de fausses notes, se sont les aveugles et les infirmes qui viennent mendier avec leurs instruments à musique très archaïques et tout rafistolés. Je ne traîne pas plus longtemps pour regagner la gare bien avant le départ du dernier train pour Phitsamulok avec lequel je voyagerai jusqu’à 16h30. Arrivé à Phitsamulok  il me faut prendre un autre bus pour Sukhothai. Encore 1h30 de route et me voila à Banthai guesthouse où je négocie un bungalow pour 200 baht la nuit (4 euros). Je suis très bien tombé car il s'agit d’une pension familiale très chaleureuse située dans un cadre extrêmement agréable sur les rives de la rivière Yom, à seulement cinq minutes du centre ville.

 Sukhothaï et son site archéologique.

Le site de Sukhothai est entouré de collines boisées, c’est le plus prestigieux centre archéologique de Thaïlande où un très grand nombre de temples sont disséminés dans  une nature superbe. Ce soir je me rends dans le Sukhothaï moderne tout près du marché aux buffles et aux zébus où des dizaines de commerçants ambulants se disputent l’emplacement. C’est là que je déguste le hu cha lam (ailerons de requins accompagnés de crabes) et la délicieuse omelette aux moules et au soja. Un vrai régal ! A pied je regagne Banthai guesthouse et saute sous la douche. Je n’oublie pas d’imbiber de répulsif  la moustiquaire qui entoure mon lit car ici l’atmosphère est propice aux piqures. Avant de m’endormir je prépare ma journée de demain qui sera destinée à la découverte de tout le site de l’ancien Sukhothaï. Le meilleur moment pour découvrir le site et savourer les somptueux décors c’est le matin très tôt car l’éclairage est fabuleux et il n’y a pas grand monde. Le bip ! bip ! de mon portable sonne le réveil, il est 6 heures du matin. Une demi-heure après je suis dans la rue, il fait déjà bien chaud et me dirige vers la station des songthaews. Il n’y a que deux passagers dans le premier songthaew, Bimbo et une vendeuse de noix de coco avec sa marchandise qui occupe les deux tiers du véhicule. Nous roulons à forte allure et dans un virage les noix de coco chavirent et vont se fracasser sur la chaussée. A la porte du site je m’acquitte du droit d’entrée et m’attarde chez un brocanteur qui vend des vélos d’occasion, j’en achète un pour 600 bahts (12 euros). A ce prix je ne risque pas grand chose et le vélo me rendra de grands services. Sukhothaï provient du sanskrit (langue du bouddhisme théravada) et signifie “naissance du bonheur”. La dynastie de Sukhothaï connut un roi nommé “Rama le fort” qui créa l’alphabet thaï et établit de bonnes relations diplomatiques avec la Chine. C’est lui qui instaura le bouddhisme comme religion nationale pendant son règne entre 1275 et 1317. Très progressiste il créa une atmosphère d’amitié de liberté et d’ouverture vers le monde extérieur. Dès que je pénètre sur le site je découvre des merveilles de pierres et m’abandonne à rêver. L’enceinte qui est la vieille ville mesure 1,8 km de long sur 1,5 km de large. Elle est entourée de remparts à l’intérieur desquels sont érigés cinq temples dont le Wat Mahathat, le plus imposant, réservé à la famille royale. Des douves l’entourent sur un kilomètre. Devant lui, se dresse une imposante esplanade bordée de deux rangées de colonnes et au milieu un chedî sculpté. Sur les côtés il y a deux bouddhas prisonniers de murs de briques. Le Wat Sri Sawai possède trois prangs hindouistes de style Lop Buri. Le Wat Sra Si est entouré d’un charmant petit lac, c’est le temple du « Bouddha au gros nez ». Le Wat Sarasak possède à sa base une magnifique frise d’éléphants sculptés. Le Wat Trapang Ngoen a un chedî en forme de pousse de lotus. A l’extérieur de la vieille ville se trouvent six temples dans un rayon de cinq  kilomètres. Le plus ancien de Sukhothaï est le Wat Phra Pai Luang. Au nord-ouest le Wat Sri Chum est une sorte de blockhaus rébarbatif surmonté d’un bouddha de quinze mètres, un escalier encastré permet de grimper sur sa tête. Le Wat Chang Lom est intéressant pour ses nombreuses sculptures. Le Wat Saphan Hin est très difficile d’accès, pour atteindre le Bouddha et le viharn, j’escalade un escalier de pierres abrupt. Le Wat Chang Rop est en piteux état. Quant au Wat Chetupon il dispose de quatre Bouddhas debout et marchant. Ce fut la journée des Wat !  Avant mon retour sur la ville nouvelle je me repose une bonne heure à l’entrée du parc près du marché. La spécialité du coin est le poulet grillé à la broche. Plus de dix broches colossales supportent chacune près de quinze poulets. Une bonne odeur de grillade et d’herbes se dégage du quartier et donne l’eau à la bouche. J’avale près d’un litre d’eau bouillie et refroidie car ici l’eau courante donne la courante. J’enfourche mon vélo et regagne Banthai. Admirable journée culturelle ! Ce soir au marché de nuit je côtoie  un commerçant qui vend une denrée bien particulière, il est spécialisé en insectes, son étal est composé de bassines remplies de blattes, de sauterelles déshydratées, de cigales séchées, et de gros vers blancs de bambous. Je goûterai demain !

Rencontre de  Wong  -  Kamphaeng Phet.

Ce soir je vais manger dans le même restaurant qu’hier car je me suis trop régalé la veille. Sur le chemin du retour une gentille commerçante de Singhavat road s’apprête à fermer sa boutique de frusques. Attiré par une chemise à carreaux orange, je me laisse tenter pour quatre euros. Je propose à la souriante commerçante d’aller boire un pot et nous partons dans une sorte de piano bar. A l’issue de plus d’une heure de conversation et de deux bières “lao” nous nous séparons jusqu’à demain. Elle s’appelle Wong !  Ce matin j’ai décidé de faire la grasse matinée. Après le petit déjeuner je laisse le vélo à Banthai et me dirige au magasin de Wong, la boutique à frusque d’hier soir. Wong est extraordinaire ! Dommage que je dois quitter Sukhothaï  pour Kamphaeng Phet. En route !  Kamphaeng Phet est située le long de la rivière Ping. La spécialité du coin est la canne à sucre et la banane petit doigt que l’on retrouve dans la préparation locale le Kluay Kaï (la banane à l’œuf ). Kamphaeng Phet signifie “muraille de diamant”. Derrière la grande muraille se trouvent des temples monumentaux mais en partie en ruines dont le Wat Phra That construit au beau milieu d’une forêt de résineux où des milliers de cigales émettent un bruit de fond surprenant. Certains thaïlandais à l’aide de filets à petites mailles piègent les cigales pour les mettre à sécher car elles sont  destinées à être mangées. A deux kilomètres au nord de la ville je vais sur le site de Aranyak dans un parc protégé loin du vacarme de la ville, je ne m’attarderai qu’au Wat Chang Rop au chedî de style Sri Lankais ceint de 68 corps d’éléphants taillés dans la pierre. A 13 heures je déjeune près de la gare de bus tout près du musée, les tables et les bancs sont en béton, trois bonzes me tiennent compagnie. Demain je partirai pour Chiang Maï.  J’ai beaucoup de temps devant moi cet après midi, aussi je vais me relaxer une heure dans le jardin public pour y rédiger quelques cartes postale puis je retourne à la guesthouse pour me faire une beauté car ce soir je dînerai avec Wong. Nous prenons le temps de mieux nous connaître puis entamons une promenade nocturne le long de la rivière Yom. Il fait très chaud ce soir et nous terminerons au frais dans le jardin de Banthaï guesthouse.

 Chiang Maï.

C’est mon grand départ pour Chiang Maï. Petit à petit je me rapproche du nord. Je dois me débarrasser du vélo et m’en vais le donner au pauvre type que j’avais rencontré hier près de l’arrêt des bus. Sac au dos, j’enfourche un tuk-tuk qui me dépose au terminal routier car c’est en bus que je me rends à Chiang Maï. Six heures de route inconfortables et me voici dans le cœur de la ville, je saute dans le premier taxi pour le Novotel situé au nord. Confortable mais bordélique !  Chiang Mai est la ville la plus grosse de cette province, elle compte 220 000 habitants. A part quelques constructions anarchiques assez récentes, Chiang Maï reste une cité agréable dont on tombe vite sous le charme. Chiang Maï est appelée “ la rose du nord”. Ici ce n’est pas encore le trafic et le vacarme de Bangkok, mais ça ne tardera pas à le devenir. Chiang Maï est située dans une région intéressante par sa douceur de vivre, sa cuisine et son environnement propice aux treks. Les gens du coin sont attachants, la ville est jeune et très animée et on ne s’y ennuie pas. La ville n’est pas très étendue, elle est délimitée par quatre canaux qui forment un parfait carré à l’intérieur duquel se trouvent les bâtiments administratifs, les temples, les commerces et les guesthouses. Le centre actif de la ville est Tha Phae Gate, il s’y passe toujours quelque chose d’attractif. Le meilleur moyen de transport à Chiang Maï est le vélo car la ville est parfaitement plate. Le Novotel se situe à presque trois kilomètres du centre ce qui justifie la location d’un vélo pour tout mon séjour. Cette fin d’après midi je m’emploie à trouver des repères pour aborder dès demain la visite de la ville et des environs dans les meilleures conditions. A Chiang Maï il n’y a pas moins de 350 temples, aussi je me débarrasse des lacets de mes Van’s  pour la journée. Le temple le plus ancien de la ville est le Wat Chang Man avec une façade élégante toute faite de bois sculpté, il renferme le Bouddha de marbre qui aurait plus de 2000 ans. Quant au Wat Phra Sing, c’est bien le plus intéressant, il est équipé d’élégants piliers et d’une charpente de bois ornée d’admirables fresques du XVI ème siècle. Le Wat Chedî Luang possède un Chedî de 85 mètres de haut, c’est lui qui abritait le bouddha d’émeraude qui est actuellement au Wat Phra Kaeo à Bangkok. Ce temple a été détruit partiellement par un tremblement de terre puis par les canons birmans. De Wat en Wat je termine fondu et regagne le Novotel.

Rencontre de Wui -  L’artisanat et le marché de nuit. 

Ma première soirée à Chiang Maï je vais la passer à Tha Phae Gate tout près du canal où il y a des dizaines de cabarets et de gogo girls bars. Je pénètre dans l’un d’eux, celui qui m’inspire le plus, et passe plus d’une heure autour d’une bibine avec une dénommée Wui. Elle est employée ici comme beaucoup d’autres de ses collègues pour tenir compagnie aux routards solitaires, elle m’explique les pratiques courantes exercées dans son établissement. Quiconque souhaite de la compagnie pour une soirée, pour plusieurs jours ou plusieurs semaines peut négocier la sortie de l’une d’entre elles en s’acquittant de 400 bahts (10 euros). Ensuite, chaque jour il faut lui donner 500 bahts (10 euros) la loger et la nourrir. Wui est tellement belle et nature que je me laisse tenter pour quelques jours, de plus, elle me propose de m’aider, de me faire connaître la région et de me faciliter dans mes futures démarches. Je ne regretterai pas ma décision. Coût de l’opération pour quatre jours 2400 bahts (60 euros), sans compter les options. Je quitte donc le gogo avec Wui, en espérant que le courant passera bien entre nous. Le lendemain matin très tôt je vais louer un deuxième vélo car nous irons ensemble à Bosang. Pas de problème pour sortir de la ville car Wui connaît très bien Chiang Maï et sa région. Bosang est une petite localité située à douze kilomètres à l’est de Chiang Maï où sont concentrées toutes les fabriques et les usines de souvenirs vendus sur toute la Thaïlande. C’est la source, là où l’on peut s’approvisionner et s’équiper pour très peu de bahts. On y trouve: soie, teck, osier, argent, papiers de soie, poteries, ombrelles, éventails, pierres taillées, laques......  90 % de la production artisanale du pays provient de Bosang. Il est passionnant d’observer les artisans à travers les différentes phases de leurs réalisations. Les soieries par exemple, depuis l’élevage des vers à soie jusqu’à la peinture sur soie et la confection des vêtements. Le travail de l’argent est un travail très minutieux qui consiste à assembler de minuscules anneaux pour créer des bijoux. La fabrique des ombrelles utilise un procédé qui remonte à deux siècles. Et puis nous allons voir comment est fabriqué le papier de soie dans lequel sont insérées des pétales de roses, les laques noires peinte à l’or fin, la réalisation des baguettes utilisées pour manger et le tressage de l’osier pour réaliser des objets utilitaires. Le soir venu, nous passons à l’auberge pour y prendre l’apéro. Wui me propose d’aller  dîner au “Galare Food Center” en face le marché de nuit. Le night bazar de Chiang Maï ouvre à 18 heures jusqu’à très tard dans la nuit. Le marché est essentiellement destiné aux touristes. Il se trouve dans Chang Khlan road et on y trouve tout ce que l’on a vu cet après midi. La sortie est agréable car le quartier est très animé, il y a beaucoup de restaurants où se déroulent des spectacles, des danses folkloriques et des combats de boxe. Dans ce marché il n’y a pas de fruits ni de légumes mais des objets de pacotille, de mauvais parfums, de la fausse soie, des contrefaçons de vêtements, des CD, des DVD et des bijoux de moindre valeur. Par ci, par là des dealers tentent de passer des stupéfiants. Au Galare, Wui me conseille un dîner kantoke, c’est un plateau en teck ou bambous chargé de toutes les spécialités culinaires régionales : curry thaï, plats très épicés, charcuterie de Chiang Maï et riz gluant. Après le repas nous nous installons à la terrasse pour assister aux danses interprétées par les tribus montagnardes: la danse du riz, la danse du sabre, la danse de la pluie.... (La soirée et le repas 7 dollars). Wui est très attachante et m’apprend beaucoup de choses sur les mœurs et la culture traditionnelle de son pays.

Les villages de minorités ethniques.

Demain, j’abandonnerai Wui une grande partie de la journée car j’ai décidé de me rendre à moto vers les sommets et y découvrir les villages où vivent en tribus les minorités ethniques. Pendant mon absence elle se chargera de me faire les démarches pour m’obtenir les visas qui me permettront de rentrer au Laos et au Cambodge.  Je me lève tôt pour aller louer une moto, 300 bahts la journée (6 euros). Le moteur gronde et me voila parti direction Fang. Ma première halte sera Chiang Dao Caves. Les grottes sont situées à cinq kilomètres de la route principale, pour 50 bahts je me paye un guide avec une lampe à pétrole qui me conduira à la “ville étoile”, au fond de la grotte, pour y voir des Bouddhas et des mini temples cachés derrière des stalagmites géantes. Les galeries se rétrécissent, l’atmosphère est oppressante, un vol de chauves souris m’effraie,  la lueur de la lampe  vacille et soudain s’éteint, le guide ne trouve plus ses allumettes, il faut donc attendre les prochains touristes...... La légende raconte qu’un chasseur a pénétré dans cette grotte pour y poursuivre une biche et qu’il n’en est jamais ressorti. Tradition oblige, avant de quitter la cave il faut donner à manger aux poissons sacrés. Le bandana noué sur la tête je pousse ensuite vers Fang sous une chaleur torride et à travers la poussière soulevée par la moto. L’endroit est très vallonné, pour admirer le paysage où coule la rivière Yok je grimpe jusqu’au sommet de la colline et découvre un colossal Bouddha tout peint de blanc qui domine la vallée. Spectacle éblouissant, décor de rêve, les méandres de la rivière rouge pourpre serpentent à l’intérieur d’une immense forêt de cocotiers. Sur les rives de la Yok il y a un chapelet de huttes de bambous amarrées d’où se jettent les enfants couverts de boue, c’est magnifique ! Je regagne les rives de la rivière Yok et questionne quelques villageois pour savoir où je peux trouver des femmes Karen connues sous le nom de « femmes girafe ».  Ce n’est pas très facile d’accéder à ce village, mais avec un peu de persévérance m’y voici. Le village Karen dans lequel je me retrouve n’a rien de très authentique, mais quelle stupéfaction ! Ces femmes sont spectaculaires. Les rares touristes viennent s’aventurer pour les voir comme on va voir des bêtes dans un zoo. Quatre vingt mille karens vivent dans cette région du nord proche du Myanmar et du Laos. Les Karens ne sont installés en Thaïlande que depuis 1950, ils ont fuit la junte birmane. Ce sont en quelque sorte des réfugiés politiques. Pour certaines, la coutume des anneaux autour du cou viendrait du fait que ceux-ci protègent contre les griffes du tigre en cas d’attaque. Pour d’autres, ce serait un privilège réservé aux femmes nées un jour de pleine lune. Leur village n’est pas très authentique mais je compte bien en découvrir d’autres lorsque je serai à Mae Hong Son. Les vieilles femmes et les fillettes occupent leurs journées sur des métiers à tisser pour confectionner des écharpes et des bracelets destinés aux touristes égarés. J’utilise le caméscope avec prudence et discrétion car toutes n’admettent pas d’être filmées.  En retournant sur Fang je m’arrête aux hot spring, des sources d’eau très chaudes qui jaillissent du sol. Le temps dont je dispose me permet de me rendre dans un autre village de tribu Lahus. Les Lahus sont d’origine sino-tibétaine il y en a encore près de 60 000 en Thaïlande et vivent sur les hauteurs à partir de 1000 mètres d’altitude. Il existe plusieurs Lahus: les lahus Nyis (rouges), les Lahus Nas (noirs), ils cultivent le riz le maïs et l’opium, ce sont d’excellents chasseurs à l’arbalète. Les Lahus sont animistes, ils croient aux esprits et possèdent des sorciers. Les rues du village offrent l’admirable spectacle de la vie locale. Tout ce qui se passe ici est passionnant, j’ai la  chance d’assister au repas quotidien, à la vaisselle sur la place publique, à regarder les femmes s’occuper des bébés, à voir les enfants capturer les coqs errants, les attacher par les pattes et  les faire s’affronter pour combattre à mort. Je serai bien resté plus longtemps ici mais il faut que je rende la moto à 18h30, la route est longue et Wui m’attend.  Ce soir nous nous promenons à vélo tout le long des canaux qui ceinturent la ville et nous nous rendons dans un cyber café car j’ai des messages à envoyer à Yannis et à mes copains qui maîtrisent internet. Tout proche de la cyber boutique nous nous arrêtons à la terrasse d’un restaurant en plein air, Wui commande une salade de papaye sucrée, arrosée de sauce de poisson, de crevettes, de tomates , de crabes et de piments, le tout écrasé au mortier. Quant à moi j’opte pour du laab, viande de porc hachée arrosée de sang, très peu cuite et parsemée de piments. Nous rentrons à l’hôtel pour discuter longuement de notre éphémère rencontre puis organiser notre journée de demain.

 Les orchidées et les serpents.

Samedi 16 mars, une rude journée à vélo nous attend. Nous partons visiter la ferme aux orchidées et la ferme aux serpents. Nous pédalons vers le nord en direction Fang et trois kilomètres après nous tournons à gauche direction Mae Rim où nous gouttons à la spécialité locale, la soupe de nouilles. A la sortie de Mae Rim un panneau sur la gauche indique la direction pour Mae Sa Butterflyes and Orchid Farm. Pour un prix dérisoire nous entrons dans la ferme aux orchidées. Avant d’atteindre les serres nous traversons un superbe jardin exotique planté d’arbres, mi-bonsaïs, mi-adultes et nous traversons la verdure pour arriver devant une multitude d’espèces florales accrochées à des supports métalliques au dessus de nos têtes. Les racines à l’air les orchidées offrent leurs superbes coloris qui vont du mauve au jaune-orangé, du rouge moucheté de noir au bleue turquoise avec des traînées jaunes presque fluo, c’est absolument superbe !  Avant de sortir, nous sommes canalisés vers la volière aux papillons exotiques, puis vers les chats siamois. A la boutique à touristes j’achète une broche émaillée représentant une orchidée, un beau bijou destiné à Rattana lorsque je rentrerais à Bangkok, car son anniversaire sera le 2 avril et je ne serais pas sur place pour le lui fêter. Nous profitons de cette pause pour nous désaltérer puis nous nous dirigeons à la ferme aux serpents. L’accès à Mae Sa Snake Farm est cher 250 bahts (5 euros). Avant d’assister au spectacle terrifiant nous observons les différentes races de reptiles qui mordent, étouffent et empoissonnent leurs proies. Le spectacle dure 40 minutes, au péril de sa vie un jeune thaï joue et excite un gros cobra noir et se lance dans une périlleuse démonstration, il attrape la bête par les dents et l’écrase jusqu’à ce quelle attaque, il termine alors par le baiser de la mort. A l’issue du spectacle nous allons nous relaxer à Mae Sa Waterfalls, le débit des cascades n’est pas terrible mais nous sommes dans un endroit très ombragé, ça fait du bien ! Pour finir la journée nous nous arrêtons dans les jardins royaux de Suang Lang où se trouve un tribal museum sans grand intérêt. Le soleil commence à passer de l’orange foncé au rouge, nous attendons son coucher pour rejoindre ensuite Chiang Maï et le marché de nuit. Ce soir repas au self, spécialités coréennes et japonaises. Demain je passerai ma dernière journée avec Wui car après demain elle regagnera son gogo  girls bar et moi Mae Hong Son.

Le temple Doï Suthep et les tribus Méos.

C’est mon dernier jour autour de Chiang Maï et compte tenu que le Temple Wat Doi Suthep est un lieu incontournable je dois lui consacrer une bonne partie de cette journée. Il se trouve à 25 kilomètres au nord de Chiang Mai, à mille mètres d’altitude. La montée est très raide, je laisse le vélo près de la grille d’entrée du zoo et prends un songthaew. Quinze minutes après me voici sur un plateau où se trouve un grand parking. J’atteins le temple après avoir gravi près de 300 marches bordées de bas en haut par deux  gigantesques dragons bicolores. Pour les paresseux il est possible de prendre un funiculaire. Au sommet, sur l’esplanade la vue panoramique sur Chiang Maï est superbe. Le temps de souffler un instant, je rentre au coeur du site où se trouve un chedî géant entièrement couvert d’or, il renferme les cendres de Bouddha. Ce temple est le plus vénéré de la région et contrairement aux autres, celui-ci est  occupé par des bonzesses. A quelques kilomètres du temple se trouve le village de Doi Puy où vivent des Méos originaires du Sud de la Chine. Peu de gens vont visiter ce village car il n’y a pas toujours des moyens de transport pour s’y rendre. Aussi, je m’associe à un groupe d’étudiantes d’Ayutthaya et nous louons un minibus. Une piste poussiéreuse de huit kilomètres nous y mène, c’est vraiment très beau ! Les femmes Méos sont reconnaissables à leurs superbes jupes plissées couleur indigo couvertes de jolies broderies. Les Méos Guas Mbas viennent du Laos et cultivent le pavot qui est leur principale source de revenus. Les Méos sont polygames, les vieux fument encore l’opium. Les costumes traditionnels de couleurs vives tranchent sur le décor verdoyant et se marient aux couleurs des fleurs très abondantes. Des femmes assises brodent, d’autres dessinent sur des tissus blancs avec du charbon de bois. Les trois étudiantes ayutthayennes louent une tenue vestimentaire Méo pour une séance photographie, j’en profite pour filmer la scène. Le temps passe, Il ne faut pas que je rate le dernier songthaew qui attend devant le temple car je dois retourner récupérer mon vélo au zoo. Le zoo est comme tous les autres, je ne m’y attarde pas et rentre à l’hôtel pour une trempette et préparer mon départ de demain pour Mae Hong Son.

En route pour Mae Hong Son.

A l’aube, ma copine Wui me quitte, ou plutôt, c’est moi qui quitte Wui. Il n’y a qu’un bus par semaine pour Mae Hong Son et il emprunte la terrible route infernale aux 1864 virages. 250 kilomètres séparent Chiang Maï de Mae Hong Son, six heures de trajet dans des conditions  insupportables dues à la chaleur et l’inconfort du bus.

Le bus est occupé par de nombreux Lissus d’origine sino-tibétaine et des Yaos venus du Sud de la Chine. Les lissus sont insupportables. Dans le bus ça crie, ça vomit, ça mange.... Le bus s’arrête très souvent pour les besoins physiologiques des passagers, arrêts pipi, arrêts caca, arrêts casse croûte, arrêts vomis, arrêts officiels. Le bus est dans un piteux état, les sièges bougent et les tôles aussi, mais les freins sont en bon état. Parfois c’est la grosse angoisse, on est tous mélangés et entassés, de plus, le chauffeur est particulièrement violent. Je suis le seul blanc, devant moi deux enfants très sages ont peur de moi. Dans l’allée d’autres enfants sont assis sur des sacs de légumes et de noix de coco. Ca sent la bouffe, la transpiration, il fait très très chaud et on ne roule pas vite, l’air n’arrive même pas à me parvenir. Sur les bords de la route des paysans remontent des rizières, ils sont surchargés de fardeaux et avancent à petits pas, ils tentent de faire arrêter le bus qui fait mine de ne pas les voir car il ne peut plus les prendre. C’est l’arrêt officiel dans un petit village où des tréteaux chargés de nourriture sont protégés par des parasols à demi déchirés. Des cuisses de poulets, des fruits, des beignets, s’offrent à moi. Ca sent bon, meilleur que dans le bus ! Les enfants m’observent me fixent et n’osent pas bouger. Je suis la curiosité, l’étrange chose. Ces enfants ne sont pas collants ni agressifs, bien au contraire ils sont figés et craintifs. J’essaie de les mettre à l’aise en souriant, je manipule le caméscope, ils sont curieux cherchent à comprendre. Le trajet sera encore long et nous aurons le temps de sympathiser. L’arrêt aussi est long, et le bus est stationné en plein soleil, il fait 38 °C. Le bus klaxonne, c’est  le moment du départ, tout le monde se rue, les enfants hurlent et pleurent, le moteur gronde et c’est parti ! Il reste 90 kilomètres à couvrir, encore deux heures et demi de route. Nous traversons des zones aux paysages magnifiques, jungles de cocotiers, de manguiers, de tecks, et des rizières en escaliers.

 Mae Hong Son et ses temples.

Mae Hong Son est maintenant tout proche. Mae Hong Son est un gros village de province à l’écart du monde, enclavé dans un cadre sauvage mais très enchanteur. Le village est construit au fond d’une vallée, il est encerclé de montagnes. Au centre du village il y a un  véritable joyau, un petit lac argenté dans lequel se reflète le superbe Wat Chong Klang. Mae Hong Son est comparable à un petit village Suisse mais à l’orientale. La particularité de Mae Hong Son est que le village est la plaque tournante pour l’opium cultivé dans tout le triangle d’or et près de la frontière du Myanmar. A Mae Hong Son il y a deux rues principales, Khumlumprapas road et Singhana Barung road, c’est ici que se déroule toute l’activité du village et que se trouvent les restaurants, les commerces et les guesthouses. Mais c’est au bord du lac que je trouve à me loger, à “Friend Guesthouse” en face le superbe Wat Chong Klang qui a pratiquement les pieds dans l’eau. “Friend guesthouse” est construite en bois, l’accueil y est remarquable, le bâtiment d’à coté est la maison des patrons, ils sont adorables. Ils ont ouvert une laverie et un petit restaurant chaleureux et convivial. Le patron connaît quelques mots de français. Ce soir je ne traînerai pas car je suis harassé par l’éprouvant trajet. Demain je m’organiserai pour entreprendre la découverte de Mae Hong Son et sa superbe région.  Aujourd’hui je vais avoir 170 kilomètres à couvrir, et loue une moto car ici c’est très vallonné. Matinée religio-culturelle que j’aborde par la visite du Wat Kamtor où est installée actuellement l’armée royale. La reine est pour quelques jours dans une de ses résidences secondaires de montagne. Impossible de pénétrer dans le temple, j’enchaîne donc vers le Wat Pha Nom dont le sanctuaire abrite un bouddha de onze mètres de haut. Dans un cercueil gardé par deux effrayants dragons sont conservées les cendres de la famille royale de Mae Ho. Tout à coté du temple s’élève une statue, celle de Phrayasighanat, premier roi de la ville. Le Wat Hua Wieng se trouve dans un cadre très reposant, un Bouddha birman possède encore son carrelage d’origine, il a résisté aux intempéries, il est aujourd’hui protégé par un grillage. Un routard anglais fait du stop au pied de la colline qui domine la ville, il ne veut manifestement pas monter les trois kilomètres qui conduisent au Wat Doi Kong Mu. Je l’embarque sur ma moto et nous grimpons péniblement la rampe raide qui y mène. Le Wat Doi Kong Mu est très vaste, il est tout peint en blanc, depuis la terrasse qui l’entoure je peux jouir de la plus belle vue sur toute la ville et y voir tous les autres temples, le petit lac et même la piste du petit aéroport. Jadis des bandits occupaient et menaçaient ce site, ils furent chassés par leurs ancêtres. Aujourd’hui le Wat Doi Kong Mu est très vénéré, quasiment tous les jours les dévots le contournent plusieur fois en apportant des boutons de fleur de lotus aux pieds de Bouddha.

 Villages de réfugiés Chinois, Lissus et Karens.

J’ai beaucoup de kilomètres à parcourir pour aller à Maew Aw, un village de réfugiés chinois qui ont fuit l’ancien régime de Mao. Je suis reçu au domicile d’une gentille famille qui se fait un plaisir à me préparer un bon repas. L’intérieur se résume à une pièce unique avec un coin repas où tout s’y passe, une multitude d’ustensiles de cuisine sont pendus au plafond et contre les murs. Le sol est en terre battue et dans le coin qui sert de chambre, un bébé dort les poings fermés dans un hamac tendu entre deux poteaux. Assise sur une planche qui repose sur deux grosses pierres une dame chinoise me tend un bol de riz, deux baguettes et une assiette en plastique chargée d’une purée de lentilles entourée d’oignons et de poivrons émincés, j’accompagne ce modeste repas avec un “pepsi” tiède. Le top, c’est le thé qui vient juste d’être cueilli derrière le hangar qui jouxte la maison. J’ai rarement bu un thé avec un tel parfum ! Le bébé se réveille, une fillette va le chercher pour me le montrer, il est tout mignon et pas farouche. Elle l’entortille autour de ses hanches avec un long tissu et l’emmène promener. Lorsque je mets les pieds hors de cet insolite restaurant tous les enfants du coin alertés par ma présence m’attendent pour m’emmener visiter leur village où il n’y a pas grand chose à voir. Je croise un troupeau de buffles guidés par deux petits garçons, ils les emmènent à la rivière au bas du village, je les accompagne et ils en sont très fiers. Alors que les buffles se roulent dans la boue j’aide les enfants à confectionner une balançoire. Je remonte récupérer la moto et après quelques kilomètres je m’engage dans un village de Lissus où je ne suis vraiment pas à l’aise car ceux-ci m’entourent et me baratinent pour tenter de me vendre un peu de “chit“. Je suis obligé d’acheter quelques grammes de marijuana dont je me débarrasserai très rapidement pour ne pas risquer les pires des représailles de la part des autorités. Pour retourner sur Mae Hong Son j’emprunte une route de montagne. A tous les croisements  je suis arrêté par l’armée car la reine est en déplacement dans le secteur. J’arrive tard à Mae Hong Son, je passe à “Friend House” et fonce dans une boutique Internet. Ce n’est pas ce qui manque ici. Après la consultation de mes messages, j’en rédige quelque uns pour donner signe de vie puis je dînerai autour du lac. La nuit est magnifique, le Wat Chong Klang illuminé comme un arbre de noël se mire dans le lac. Je rencontre beaucoup de familles Thaïs qui viennent se promener. Elles font le tour du lac en moins d’une demi-heure. Cette nuit est tellement belle que j’en fais deux fois le tour. Le coin est paisible et propice à la méditation. L’architecture du temple est de style birman, le monastère est tout en bois recouvert de fresques métalliques, la grande salle des prières est construite sur pilotis et renferme des statues impressionnantes car elles expriment la douleur et le mystère. A coté du temple se dresse une statue de Bouddha en béton brut et des chedîs couverts d‘or. Avec tous les renseignements que je possède pour me rendre au village de Ban Naï Soï m’y voici sans difficultés. J’arrive alors pour partager des moments inoubliables avec des Karens. Ici c’est authentique et les touristes sont rares. Pour l’instant le seul intrus du village c’est moi. Je suis en train de vivre des heures surréalistes avec des villageois très actifs. Le village s’étale sur un kilomètre, il y a une grande rue principale en terre battue bordée de maisonnettes en bois, en bambous et en chaumes. Les hommes travaillent dur, ils transportent de lourds fardeaux de chaume et de bambous géants pour construire d’autres maisons. Il y a un va et vient incessant de femmes girafe qui vont puiser l’eau à deux kilomètres à la ronde, elles sont suivies de leurs enfants dont les fillettes au long cou. Tous les enfants font leur toilette sur la place publique devant un bidon de deux cents litres d’eau. Les fillettes lustrent leurs anneaux à l’aide de « Miror ». Dès l’âge de cinq ans les filles portent ces horribles cercles de bronze et l’on ressent bien qu’elles ont des difficultés à accomplir les gestes de la vie courante surtout lorsqu’elles cueillent les mangues ou qu’elles labourent ou tissent. Porter ces anneaux est un titre honorifique, mais si toutefois la femme devient infidèle on lui ôte les anneaux, ainsi elle ne peut vivre que couchée. Tous les villageois ont le sourire et ma présence ne les dérange pas, chacun m’offre à boire et à manger. Une fillette confectionne des tuiles avec des végétaux pour couvrir sa maison, d’autres enfants jouent avec des jouets confectionnés par eux même, les tout petits font la sieste recouverts de toiles de tulle afin  d’être protégés des abeilles. Tout en haut du village sur la butte se trouve une chapelle chrétienne construite en bambous, sur l’écriteau est indiqué “ Saint joseph christian church”, à l’intérieur, au dessus de l’autel est pendu le portrait de la vierge dessiné à la main sur un tissu et sur l’autel sont disposés deux vases et deux bougies. Il n’y a que trois bancs dans la chapelle mais c’est bien suffisant.  Je me fais un réel plaisir à filmer les enfants qui ne me quittent plus, ils veulent se voir dans l’écran du caméscope, ils sont une vingtaine ravis et me suivent de partout. L’école publique est en plein air, sur la place il y a un grand tableau noir et en face quatre rangées de bancs où les enfants et les adultes assistent aux cours. Dommage qu’il n’y a pas de possibilité d’hébergement dans ce village,  j’aurai tant aimé passer une nuit ici et y rester une journée de plus. Je regagne la moto, escorté par les bambins et les adultes, et j’ai un petit pincement au cœur au moment où je démare. Ces belles images de Ban Naï Soï resteront longtemps gravées en moi. J’arrive tard à Mae Hong Son mais j’ai le temps de remonter au Wat Doi Klong Mu pour jouir une dernière fois du panorama sublime sur la ville toute illuminée.

 Paï et la grotte de Soppong

Avant de retourner à Chiang Mai pour y retirer mes visas pour le Laos et le Cambodge je m’arrête à Paï, le petit Katmandou thaïlandais. Paï est le rendez vous de beaucoup de routards, le village est situé dans un environnement enchanteur. A Paï je loge à “River lodge” pour cinq euros la nuit dans un bungalow sur pilotis qui surplombe la rivière. Une douzaine de bungalows sont répartis autour d’une immense prairie, les patrons du site sont deux jeunes d’origine indienne. Je trouve une moto à louer que j’utiliserai demain matin et la gare sous les pilotis de mon bungalow, ce n’est pas nécessaire de l’enchaîner et de la cadenasser car en Thaïlande on ne vole pas, sauf peut être rarement dans les grandes villes. A 8 heures du matin je pars pour Mo Paeng Waterfalls, c’est le week-end, il y a beaucoup de gens qui se baignent et des familles qui font un pique-nique, on y fait des rencontres et des connaissances. Après m’être désaltéré je continue vers la ferme aux éléphants. Beaucoup de gens possèdent trois à quatre éléphants, ils les utilisent pour les travaux des champs. J’arrive juste au moment où les fermiers rentrent des champs et conduisent les bêtes à leur refuge pour y être lavées avec de longs manches en bambous montés de balais brosse. Je rentre ensuite pour visiter Paï que je ne connais pas encore. Le marché est la principale attraction du village, c’est un véritable garde à manger dans la rue. A tout moment de la journée il est possible de faire ses emplettes ou de manger, ici le coin friture où les saucisses éclatées mijotent dans de grands bacs de graisse, là bas le coin des insectes à consommer sur place ou à emporter, et bien entendu tous les fruits et légumes locaux, du poisson de rivière et des langoustes bleues venues de Birmanie. Les deux principaux temples de Paï n’ont rien d’extraordinaire surtout lorsqu’on a vu ceux de Chiang Maï et de Mae Hong Son. Cette nuit je dîne au restaurant de “River Lodge” pour y tester les légumes grillés sur barbecue, très original ! Je passe ensuite plus d’une heure sur le balcon de ma paillote à écrire quelques cartes postales et à me faire dévorer par les moustiques à la lueur de la pleine lune et de trois bougies. Je plonge ensuite dans un profond sommeil.  Aujourd’hui je me rends à Soppong, à 45 kilomètres de Paï. A Soppong il n’y a que quelques maisons le long de la route principale et rarement des touristes. Les seuls touristes présents sont des thaïs car il y a la superbe grotte de Tham Lod. L’entrée est gratuite mais il faut se faire accompagner d’un guide payant . Je m’associe avec un couple de thaïs et leurs deux enfants et nous entamons la visite. Nous traversons la rivière Lang qui circule sous terre sur des kilomètres. A la période des moussons il n’est plus possible de visiter la grotte car l’eau obstrue l’entrée. Le guide en tongs dérape à tout moment. Nous empruntons des échelles de bois pour passer de galerie en galerie, c’est très physique et surtout très impressionnant. La visite dure près de deux heures et je trouve que c’est vraiment trop. La troisième partie s’accomplit en barque, les enfants du couple thaï sont paniqués surtout lorsqu’un vol de chauves-souris se déploie sur nos têtes.

Soirée et kermesse à Chiang Maï.

Après Soppong, aujourd'hui je traverse la région magnifique de Mac Lana  et arrive dans un village Shan construit autour d’un temple birman. Ici aussi, les Lahus proposent de la drogue. Ce soir pour ma dernière nuit à Paï je resterai à “River Lodge” car demain j’aborderai la descente sur Chiang Maï où je dois récupérer Wui et mes deux visas. A Chiang Mai je ne retournerai plus au Novotel que j’ai trouvé trop bruyant mais à “Rama II Guesthouse” qui m’a été conseillée par un routard Suisse que j’ai rencontré à Paï.  Je ne suis pas déçu car elle est située tout près de Tha Phae Gate le centre vivant de la ville. Je m’y installe puis vais retrouver ma copine Wui au gogo girl bar. Nous nous rendons  à l’agence qui s’est chargée de me faire obtenir mes visas, je m’acquitte de trente dollars et nous allons passer un moment au jardin public. Je dépose Wui à son job et termine la journée au marché de nuit pour y rencontrer des artistes peintres, des dessinateurs qui reproduisent à merveille des tableaux de scènes de la vie locale thaï, et des naturalistes qui conservent scorpions, papillons, scarabées.... Près du self se trouvent les boutiques d’ustensiles destinés à la maison, un véritable bric-à-brac de lampes décoratives en papier de soie, de nappes décorées d’éléphants, de bols et baguettes de toutes formes et couleurs. Il faut rentrer maintenant, et demain je passerai la journée à la kermesse. La journée suffit à peine pour flâner dans la grande kermesse de Chiang Maï, tout un quartier est assiégé par des forains, des commerçants, des troubadours et des musiciens qui viennent de toutes les villes du Nord. Au quartier des artisans il est tout à fait possible de créer soi même des pièces d’art, de jouer aux échecs ou même de se faire masser les pieds par des apprenties pleines de dextérité. La cour du Wat Bupharam est complètement transformée en gigantesque restaurant, on peut y prendre des cours de cuisine thaïlandaise. Je m’entraîne alors à réaliser le canard à la noix de coco et les calamars au citron. La fin d’après midi est proche, je me dirige vers ma guesthouse pour ranger mes affaires car demain je partirai pour Chiang Raï et le Triangle d’or.

Chiang Raï, le Triangle d’or et la drogue.

Rien d’excitant à Chiang Raï, mais cette escale me permettra d’explorer la très belle région du Triangle d’or où les paysages sont uniques. Chiang Raï est située dans un endroit stratégique tout contre le Laos et le Myanmar. Je m’installe à “Lotus guesthouse” au Soï 247 de Singhaklaï, dans un endroit cool et gentil pour quatre euros la nuit. Ici comme dans beaucoup d’autres guesthouses les patrons proposent des treks à pied, à moto, en raft ou radeaux et à dos d’éléphants. Mais je choisis de me débrouiller tout seul d’autant qu’explorer le coin avec prudence est tout à fait réalisable.  La moitié de l’opium illicite consommé dans le monde provient du Triangle d’or, une région appelée, “région des 3 frontières”  ( Laos, Thaïlande, Myanmar ). Ce sont des tribus d’origine chinoise ou sino-birmanes qui cultivent le pavot. Dans cette région se développe le banditisme et il est parfois dangereux de s’aventurer très haut en montagne sans guide local. A Sop Ruak, au point de rencontre des trois pays les cars à touristes sont nombreux. Je préfère la partie nord-ouest plus authentique, là où passent les caravanes d’opium descendant des zones birmanes. Certaines transportent jusqu’à vingt tonnes d’opium. Ce commerce est entre les mains du KMT. A Sop Ruak se trouve la maison de l’opium, un petit musée où sont exposées les pipes à opium, les couteaux, les balances et les poids sculptés. Un panneau explique que le Paver Somniférium est une plante d’origine méditerranéenne, un autre panneau pédagogique explique en thaïlandais et en anglais les dangers de la drogue. La reproduction d’une cabane de drogués est caractérisée par un fumeur maigre et cadavérique allongé la tête reposant sur un opium pillow (sorte de chevalet).  La drogue en Thaïlande est un fléau, aussi, des mesures très sévères ont été prises. Aujourd’hui il y a prés de vingt cinq occidentaux sous les verrous. Les peines d’emprisonnement sont longues, (jusqu’à 20 ans). Une prison pour occidentaux a été construite pour les contrevenants aux lois. L’opium est une résine qui provient du pavot, le pistil de la fleur est incisé et la pâte blanche qui s’écoule est récoltée le lendemain, elle est devenue brune au soleil. Une récolte de 20 000 mètres carrés de pavot permet d’obtenir  un “joy” d’opium, (1,6 kilo), c’est l’unité de mesure. Un joy se négocie autour de 1300 euros. En raffinant dix joys on obtient de la morphine qui est traitée pour ne donner qu’un kilo d’héroïne pure. Les dealers coupent l’héroïne plus d’une dizaine de fois et la revendent pour 150 euros le gramme. Le pavot est originaire du bassin méditerranéen, il fut cultivé par les grecs et introduit en extrême orient par les marchands arabes. Les paysans fumaient une partie de leur récolte et le reste servait de marchandise d’échange. Les minorités ethniques qui ont fuit la Chine et la Birmanie sont rentrées en Thaïlande avec les poches pleines de graines de pavot. Les champs de fleurs rouges commencèrent à s’épanouir dans les années 50. La guerre au Vietnam et les trafics louches de l’armée américaine ont contribué à développer les marchés européens et américains. Après l’interdiction de la culture en 1958 les rebelles du K.M.T (kuomingtang) qui avaient fuit l’armée de Chang Kaï-Chek prirent en main le trafic et s’installèrent au nord de la Thaïlande en pleine jungle. A la tête de ce trafic se trouve le dénommé Khun Sa, un homme invisible et intouchable qui dirige une véritable société anonyme de la drogue. Il fit bâtir des dizaines de laboratoires de raffinement en pleine jungle. En 1970 explosa le marché mondial de l’héroïne. Depuis 1980 les autorités thaïlandaises font la guerre à Khun Sa qui fut obligé de déguerpir. La Thaïlande et la Birmanie sont maintenant d’accord pour combattre le trafic par des opérations de brûlage des champs par l’armée. En contre partie le gouvernement laotien qui laisse faire, récupère des parts de marché. Aujourd’hui les paysans Lissu, Yao ou Méo poursuivent clandestinement la culture et la vente. Khun Sa court toujours !  Je m’établis pour deux nuits à Mae Saï tout près du poste frontière avec le Myanmar, à “Mae Saï Plaza guesthouse” où je loue un bungalow aux tuiles de bois, juste en face la Birmanie. Mae Saï est un patelin joyeux et coloré, tout le monde vit, piaille, s’amuse, s’active et se baigne. Les habitants des deux pays cohabitent à merveille et font leur train-train quotidien en se fichant pas mal des problèmes de frontière. Tous les cent mètres des bacs font la navette de rive à rive dans l’indifférence totale, mais gare à moi si je tente faire de même. L’indifférence n’est qu’apparente car des douaniers dotés de grandes jumelles veillent sans cesse pour tenter de piéger l’intrus. Aux abords du pont règne une sacrée activité et une incessante animation. Des tribus du Myanmar, des Akhas et des paysans birmans sont revêtus d’admirables longyi (sorte de sarong), ils traversent la rivière pour faire des achats ou pour travailler. Demain j’irai visiter l’usine de taille de jade et d’albâtre. Chose faite ! Thong Tavee factory dispose d’ateliers de taille et de ponçage mais la poussière y est tellement insupportable que je ne m’y suis pas attardé. Je me dirige alors au Wat Doï Wao pour découvrir le magnifique panorama sur le Myanmar et gravir les deux cents marches pour aller trouver l’affreux scorpion géant. Demain je basculerai sur les rives du Mékong et m’installerai à Chiang Saen. Chiang Saen est certainement le village le plus authentique de la région, les touristes ne se bousculent pas, c’est un vrai bout du monde où les gens sont d’une gentillesse extrême. Je m’installe à “Chiang Saen guesthouse” face au Mékong et au Laos. Ici je passe beaucoup de mon temps au bord du fleuve pour voir défiler les barges surchargées de marchandises diverses arrivant de Chine à destination du Laos ou de la Thaïlande. J’ai vite fait le tour de cette mini bourgade et de ses romantiques temples en ruines: le Wat Mum, le Wat Muang, le Wat Roi kho.

Retour à Bangkok et Bang Bua Thong.

Maintenant il faut que je songe à regagner Bangkok depuis Chiang Raï et ce n’est pas une mince affaire. J’opte pour la solution du bus de nuit gouvernemental, il met douze heures pour parvenir à Bangkok. Les longs trajets sont souvent assurés par ces types de bus confortables et climatisés. Dans le bus des hôtesses pleine d’attention pour les passagers apportent à boire et à manger. Le bus va très vite et les arrêts sont fréquents et nécessaires pour se délasser, mais il est difficile de dormir. Le bus arrive à Bangkok à 5h30 du matin à Northerm Station, ce n’est pas très pratique pour me rendre à Bang Bua Thong où m’attend Rattana. Le bus N° 744 me rapproche du centre de Bangkok, je prends un tuk tuk qui me dépose au port de That Thien puis je remonte la Chao Praya jusqu’à Nonthaburi. Rattana m’attend depuis midi. L’accueil est très chaleureux. Pas une minute à perdre, je fonce prendre un bon bain puis j’ai droit aux traditionnels massages. A l’issue d’une heure de sieste une bonne odeur monte de la cuisine, Rattana prépare le repas du soir.  Je descends au rez-de-chaussée où je retrouve Bang On qui est venue accompagnée de la tante, de l’oncle et des deux nièces. Les présentations sont rapides, on s’assoie tous à même le sol et l’apéro bière et noix de coco est servi suivi d’une multitude de petits plats. C’est toujours aussi délicieux !  Voila un peu plus d’un mois que je suis en Thaïlande et je suis loin d’être lassé. La France est loin de moi et je fais le point sur cette vie à l’asiatique. Vie délicieuse que je dois à l’extraordinaire philosophie des thaïlandais et à leur art de vivre exceptionnel. Outre la gentillesse des gens il y a dans ma tête tout ces beaux décors, ces paysages paradisiaques et aussi cette nourriture appétissante qui me convient parfaitement. Bon ! Il manque le bon pain à la française et le fromage mais on s’en passe facilement. Ce qui me manque surtout, depuis tout ce temps passé loin de chez moi c’est de ne plus pratiquer ma langue natale, et qu'il m’arrive de perdre le sens de l’orientation. C’est peut être parce qu’en Thaïlande on roule à gauche, et aussi au fait de ne pas avoir de repères car les enseignes et les panneaux sont en caractères thaï. Je n’ai pas compté le nombre de fois que je me suis perdu dans Bangkok, chose qui ne m’était jamais arrivé à Athènes, Istanbul ou Marrakech. Le seul moyen pour m’orienter c’est de me fier aux panneaux publicitaires style Coca, Sony, Panasonic, Orange, Pepsi........ Tout cela est sans grande importance quand on se sent bien et ce ne sont pas ces détails qui me feront rebrousser chemin. J’ai encore beaucoup à voir et à faire dans ce sud-est asiatique  Nous n’avons rien programmé aujourd’hui et nous partons flâner dans Bang Bua Thong pour déjeuner au bord du khlong. Nous allons retrouver l’oncle qui est tout fier de connaître les noms des joueurs de football de l’équipe de France. Cet après midi nous restons avec toute la famille bien au frais dans la maison climatisée. Demain matin nous ferons la grasse matinée et le programme de la journée sera cool.

 L’île des potiers.

Lever à 10 heures, toute la famille fini de se préparer pendant que j’avale un œuf au plat, des rondelles de saucisson thaï et un bol de thé au gingembre. A deux kilomètres à pied de la maison nous atteignons le canal où attendent trois pirogues prêtes à partir pour l’île de Khokred.  La vie sur le canal est paisible, seul le bruit du moteur des pirogues vient troubler le calme qui règne ici.  Le décor est éblouissant, nous longeons des habitations de bois  construites sur pilotis et décorées de vases de géraniums de toutes les couleurs. Les pilotis sont très hauts  afin de se protéger des hautes eaux pendant les moussons. La pirogue fait du porte à porte pour déposer les gens chez eux, elle ralentit et les passagers sautent sur leurs pontons. Sur les eaux les hommes âgés passent leur journée à pêcher blottis dans de minuscules barques. Les femmes agenouillées lessivent, les enfants turbulents se jettent de leurs balcons dans l’eau boueuse du canal. Un bateau épicerie ravitaille les habitants et d’autres, chargés de matériaux de construction livrent à domicile.  L’ambiance est délicieuse ! On à l’impression qu’ici les gens vivent en perpétuelle inondation et qu’ils se sont organisé pour que tout fonctionne normalement. Nous accostons et prenons un bac qui relie la terre ferme à l’île de Khokred ou “ île des potiers”. La vie sur l’île est d’un calme surprenant, un véritable havre de paix. Les seuls touristes que l’on croise ici sont thaïlandais, aucun guide ne mentionne ce coin au large de Bangkok. Rattana est un amour, grâce à elle j’ai pu connaitre un si bel endroit. Sur Khokred vivent de véritables artistes qui confectionnent et décorent des poteries merveilleuses que l’on ne trouve qu’ici. La terre glaise est propre à cette île, les artistes confectionnent aussi des statuettes animales, des Bouddhas, des dragons, des singes...... Dans les ruelles de l’île les peintres décorent avec habileté leurs œuvres d’art à l’aide de peintures spéciales, ils n’utilisent que sept couleurs. Partout sur l’île il y a de délicieuses cantines, nous nous installons à l’ombre d’un eucalyptus géant pour y déguster des pâtes orange, du poisson d’eau douce et un cornet de coco râpé. Nous traînons sur l’île jusqu’à très tard en veillant bien de ne pas louper le dernier bateau  pour retourner. Nous rentrons complètement ravi de cette sortie et nous prenons l’apéro avec de la bière singha et un melon whater. Après le repas nous allons faire une petite promenade nocturne dans le lotissement. Demain nous irons à la ville sainte de Nakhon Pathon.

Nakhon Pathon haut lieu du bouddhisme.

Nakhon Pathon est une ville considérée comme le berceau de l’enseignement bouddhique. En pénétrant dans la ville on ne peut pas manquer le plus grand chedî du monde, il est haut de 120 mètres et tout recouvert de tuiles de chine vernissées. La cité fut fondée trois siècles avant notre ère par le souverain indien Asko Ka. Avant d’aborder la visite nous nous arrêtons au marché où Rattana achète quelques cafards, des sauterelles, de la “porchetta” et des boissons pour notre pique-nique. L’imposant bâtiment s’offre face à nous, orange, or, rose et blanc, il ne passe pas inaperçu, c’est un véritable décor de cinéma. La visite doit s’effectuer en le contournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Nous passons devant le musée où se trouve le Bot destiné aux ordinations des jeunes moines. Nous pique-niquons à l’ombre du banian, (arbre sacré), en face du bouddha couché en phase d’atteinte du nirvana. Le cadre est idéal pour méditer sur les principes de la “voie du milieu” qui fait courir bien d’européens. Il y a même un vieux bonze qui passe la journée à enseigner les grands principes de cette philosophie. Tout autour du grand chedî dans les allées ombragées des fillettes ramassent les pétales de toutes les fleurs qu’elles trouvent et les mettent à sécher. Ces pétales serviront lors des cérémonies pour être déposées dans des vasques et abandonnées à l’eau. Petite séance vidéo sur la première terrasse du chedî pour fixer Rattana sur ma cassette. Pour regagner Bang Bua Thong ça n’a pas été facile. Cette soirée sera ma dernière soirée auprès de Rattana avant mon grand départ pour le Laos et le Cambodge. Bang On est rentrée tôt, nous passons à table et nous nous installons devant la télé. Les émissions de télé thaï sont tellement cul-cul que je me branche sur CNN pour les infos. Demain je laisserai plus de la moitié de mes affaires personnelles chez Rattana pour ne partir qu’avec un petit sac à dos et mon caméscope.  

 

LE LAOS  et  VIENTIANE

 

Vendredi 29,  il est 5 heures du matin. Dans une heure je serai à l’aéroport Domestique de Don Muang tout au nord de Bangkok. Mon départ pour Vientiane est prévu à 8h15 et une heure après j’aurai les pieds sur le sol laotien. Me voici à l’aéroport de Wattay, au Nord Ouest de Vientiane. Après quelques formalités douanières obligatoires je passe au bureau de change. Stupéfaction !  1 dollar égale 9400 Kips. Je change 100 dollars soit 940 000 kips et je me retrouve avec cinq centimètres de billets empilés. J’ai vite compris pourquoi une simple carte postale et un coca m’ont coûté 1800 kips (0,20 euro). La location d’une moto pour la journée coûte 15 000 kips (1,6 euros), une nuit dans une guesthouse 25 000 kips (2,7 euros). Après vingt minutes de tuk tuk me voici dans les rues de Vientiane où rien n’est semblable à Bangkok. Ici tout est calme et semble endormi, il n’y a que très peu de véhicules à quatre roues mais énormément de vélos, de mobylettes et de tuks tuk. Mes premières images de la ville vont vers celles des maisons coloniales au bord des grandes avenues, il n’y a pas d’immeubles ni de bidonvilles. Le nom de Vientiane vient de Viang Chan “ville de la lune”, il provient du Mékong qui dessine une grande courbe en forme de quart de lune. Aujourd’hui Vientiane est une ville sacrée, c’est la capitale du pays, et cela depuis la construction du temple Wat That Luang qui renferme un cheveu du bouddha. Bien avant, la capitale du Laos était Luang Prabang. Les français sont arrivés à Vientiane à la fin du XIX ème siècle, ils construisirent des écoles, des hôpitaux et des casernes jusqu’en 1930. L’architecture des bâtiments a été calquée sur le modèle des villas du sud de la France et dans les quartiers résidentiels on y rencontre des maisons de style 1960. La ville est aujourd’hui en perpétuel chantier. Il est facile de se déplacer dans la ville.  Mon point de repère sera le Mékong et le long quai Fa Ngum qui le longe. Les panneaux indicateurs sont écrits en caractères alphabet romain et en dessous en laotien. Je choisis “Mic guesthouse” un logement pas vraiment confortable mais extrêmement bien situé pour rayonner dans la ville. Devant la réception de la guesthouse deux hommes jouent aux dames avec des capsules de bière, ils quittent leur partie pour m’accueillir et m’indiquer ma chambre. A peine installé je ne perds pas une minute et me lance à la découverte de la ville. Je me procure un plan sommaire de Vientiane et très vite j’ai l’impression de retourner 50 ans en arrière, surtout lorsque j’arrive au marché Talat Sao qui est le centre vivant de la citée. Tout se passe sous trois immenses halles, c’est le marché d’état aux prix contrôlés où il est impossible de marchander. Une aile du marché est spécialisée dans les produits venus principalement de Chine et de Thaïlande. Mon premier repas laotien pris à l’extérieur du hall sera sommaire, une soupe de nouilles et du poulet grillé. De l’autre coté de l’avenue Lane Xang  le marché de Khua Din est plus passionnant que le précédent avec plus de couleur locale. Des paysans se retrouvent pour vendre les produits de leurs exploitations dans une atmosphère joyeuse. Ici c’est le mélange de bonnes odeurs et de puanteurs. Le boucher tranche la viande fraîche au milieu d’une nuée de mouches que les femmes chassent à l’aide de sacs plastiques attachés au bout d’une verge de bambou. Dans le coin des poissons gluants à tête de serpent se trouvent aussi les anguilles et les grenouilles qui frétillent dans des bassines couvertes de grillage à poules. Le coin le plus parfumé est le coin des tabacs et des écorces, on trouve ici la “ganga” ou marijuana. Le coin le plus bruyant est celui où se trouvent les bestiaux vivants, les porcs grognent et les poules jacassent. Et puis miracle ! Je viens de trouver du pain comme chez nous, de véritables baguettes à la française. Je repère le coin pour éventuellement y retourner. Toutes les laotiennes portent le chapeau conique ajusté par une petite ficelle qu’elles passent sous le menton. Je m’éloigne maintenant pour me diriger vers le Wat Hasatinhimit construit par un architecte français et n’irai pas plus loin pour cette première sortie dans Vientiane. Je regagne le cœur de la ville en passant par le centre culturel et le musée puis m’engage dans des ruelles pour me retrouver sur la grande place au centre de laquelle se trouve une admirable fontaine entourée de commerces, principalement des restaurants. Le plus surprenant  est ce restaurant très réputé,  “Le Provençal” dans lequel je mangerai laotien.  Aujourd’hui samedi le programme de ma journée est bien chargé. Le ciel est gris, il fait très chaud et me voilà parti pour louer un vélo afin de  me rendre au Wat Sisaket. Je m’arrête à Patuksay Gate, une sorte d’arc de triomphe situé face au palais présidentiel. Sa décoration est inspirée de la mythologie lao, il a été construit en 1960 en commémoration à toutes les guerres. Du bas, je peux admirer sa voûte bleue ciel et or. J’accède au sommet par un escalier en colimaçon et du haut, quelle vue panoramique imprenable sur Vientiane !

 Le Wat Sisaket le pont de l’amitié et le Bouddha parc.

En l’espace de quelques minutes le ciel s’assombrit et devient noir d’encre, des trombes d’eaux s’abattent sur la ville. Je reste réfugié sous l’arc de triomphe en compagnie de nombreux laotiens surpris comme moi  par cette soudaine mini tornade qui ne durera qu’une heure. Je reprends le vélo, les routes sont gonflées d’eau et de boue rougeâtre, dix minutes plus tard me voila au Wat Sisaket. Sisaket ou “les cheveux de la reine” est construit dans le style siamois, il est resté intact depuis 1818. Sa caractéristique principale est qu’il est le seul à posséder plusieurs milliers de statuettes de bouddhas, très exactement 8892 bouddhas, disposés deux par deux dans de petites alvéoles creusées dans les murailles du cloître. Ces statuettes sont en bois, en pierre, en bronze ou en argent. Le temple présente cinq admirables pans, dommage que les peintures murales intérieures soient aussi détériorées. Une gouttière de bois en forme de naja sert à arroser les statuettes lors de la fête du jour de l’an. A l’extérieur du temple de style birman il y a une bibliothèque et des tombes qui renferment des reliques funéraires.  Il y a toujours des centimètres d’eau dans les rues mais le ciel est plus dégagé, ce type d’orage violent est courant en cette saison mais il fait cependant bien chaud. Je reprends la bicyclette car seize kilomètres m’attendent pour aller au Bouddha Parc. La route que j’emprunte est agréable et m’oblige plusieurs haltes pour prendre le temps de bien observer toutes ces scènes de la vie quotidienne des laotiens. Tout le monde est très accueillant et j’ai envie de passer beaucoup de mon temps à partager des instants attachants à regarder chaque geste et chaque sourire. J’ai passé beaucoup de temps ici et poursuis vers “le pont de l’amitié” construit en 1994 pour relier le Laos à la Thaïlande. Ce pont qui enjambe le Mékong il est long de un kilomètre et a été financé par les australiens. Tout proche du pont se trouve l’entrée du “Bouddha Parc” nomé Wat Xieng Khuan. A l’intérieur du parc sont édifiées plusieurs statues laides et monumentales  qui invoquent le Panthéon Lao et Hindouiste. Ces statues de mauvais goût, construites en béton projeté ont été réalisées en 1950 par un bonze. Le seul édifice dans lequel je pénètre est une citrouille géante en béton, pour accéder au sommet il faut que j’emprunte des escaliers dans la pénombre, tout en haut se trouve un arbre de vie, lui aussi en béton, mais du sommet de la citrouille quelle vue panoramique impressionnante  sur le parc et les statues ! Au fond du parc est cachée une gargote où je m’arrête pour siroter le lait frais d’une grosse noix de coco. Les seize kilomètres du retour sont pénibles mais je continue à passer un agréable moment. Je fais un bout de route accompagné d’une maman à vélo qui tire une carriole dans laquelle son enfant dort à poings fermés. Il m’est difficile de communiquer avec les habitants, mais qu’importe, nous échangeons des gestes et des sourires et tout se passe à merveille. A Vientiane, je monte me relaxer sur la terrasse de mon appartement puis retourne sur la grande place pour y écrire quelques cartes postales. Beaucoup de familles viennent se balader ici ainsi que de nombreux routards qui font escale avant de monter sur Luang Prabang comme je vais le faire dans quelques jours. Lorsque les familles s’en vont se sont les rabatteurs à prostituées qui débarquent, et là, il ne faut pas tomber dans le piège. Les rabatteurs proposent des soirées particulières en discothèque en compagnie de minettes très jeunes et alléchantes qui ont pour consigne de plumer les pigeons. Ces rabatteurs sont de mèche avec la police locale qui débarque pour réclamer un paquet de Kips aux pauvres touristes qui se sont laissé tenter, car oui, c’est prohibé ! Il vaut mieux faire des rencontres le long du Mékong, c’est plus romantique ! Bonne nuit !

 Le temple Wat That Luang et les rives du Mékong.

C’est dimanche, je reprends le vélo pour me rendre au Wat That Luang. Il fait quelques degrés de moins, la pluie de la veille a fait du bien. Le quartier est animé par un charmant marché sombre, recouvert de bâches sales et déchirées, je m’y arrête pour déjeuner, mais je ne sais vraiment pas ce que j’ai dans l’assiette, une espèce de bouillie écœurante par sa consistance et son aspect, c’est probablement une mixture de lentilles et de riz gluant accompagnée de boulettes de viande, mais quelle viande ? J’espère que ce ne soit pas du chien d’élevage. C’est très relevé mais ce n’est pas mauvais du tout. Après ce délicieux repas je pénètre dans le Wat That Luang dominé par un immense stupa sacré qui renferme  les cendres de la hanche de Bouddha. C’est le monument le plus important du Laos, le plus fort symbole de l’unité nationale et de l’identité religieuse du pays. Le temple fut édifié à partit de 1566 par le roi Setthathirat, il est recouvert de feuilles d’or. Le reliquaire est surmonté d’un cloître carré de 68 mètres de coté. La base de 48 mètres de côté est entourée d’une ceinture de créneaux en forme de fleurs de lotus. Les logements qui entourent le cloître sont pris d’assaut lors de la fête des offrandes qui dure plusieurs jours et se termine par une retraite aux flambeaux.  Après le Wat That Luang, je vais côtoyer le merveilleux, les rives du Mékong avec ses paysages de rêve où règne une ambiance de repos et de paix. De partout des cantines  préparent des repas rapides aux bons parfums d’épices. Je prends un dessert, une galette de riz frit trempée dans du lait de coco et saupoudrée de cannelle. Le coin est tellement beau que j’y reste pour attendre la tombée du jour. Il ne faut pas manquer le coucher du soleil sur ce fleuve magique, le ciel devient orangé et l’eau du Mékong pourpre. Les pêcheurs aux carrelets arrivent nombreux et retirent de grandes quantités de poisson argentés. Quelle journée ! Et quelle soirée merveilleuse ! Je rentre au cœur de la ville, et face au Mékong j’aperçois le restaurant  “le côte d’azur”. Il m’oblige une dernière halte avant d’aller me coucher. Il me reste à voir le marché aux bestioles: volailles, porcs, serpents, grenouilles, civettes, anguilles...... Insolite ! Mais bonjour les odeurs. Au centre de Vientiane se trouvent deux temples, le Wat Ong Xeu et le Wat Impeng, dans ce dernier existe une école bouddhique dans laquelle je suis très chaleureusement accueilli par une maîtresse qui me permet de filmer ses élèves. Quel grand retour en arrière que d’admirer cette école de même style que celles que nous avons connues en France juste après guerre vers les années 45. J’ai aussi la permission d’aller filmer l’école de danses classiques laotiennes. Les fillettes costumées sont surprises de ma visite inattendue, elles sont en train de répéter une gestuelle très gracieuse, la maîtresse leur demande de me démontrer leur dernier exercice enseigné.  Avant de rentrer je retourne de nouveau sur les rives du Mékong, je ne peux pas m’en passer ! Quant à demain, je quitterai Vientiane pour Luang Prabang. Il est 18h30 le ciel redevient subitement noir, je fonce sous un préau pour me mettre à l’abri, de nouvelles trombes d’eau s’abattent sur la ville, l’orage redouble d’intensité et je suis obligé d’attendre l’accalmie. Je rejoindrai ma guesthouse après une heure et demie d’attente. Demain, objectif nord Laos.

 Luang Prabang et ses temples.

Le bus quotidien qui relie Vientiane à Luang Prabang parcourt le trajet en treize heures dans des conditions de confort plutôt pénibles. Aussi, après quatre heures de route je décide de descendre  à Vang Vieng. La ville est située près de la rivière Nam Song, le site est superbe et peuplé de Hmongs et de Yaos. Vang Vieng est le lieu des grottes sacrées et des pèlerinages. Le paysage est enchanteur il est composé de falaises calcaires et de sortes de pains de sucre verdoyants, ce qui lui a valu le nom de “baie d’Along du Laos”. Pour bien profiter de ce coin merveilleux je m’installe à “Poukham guesthouse“, une grande maison avec des colonnes bleues et dorées. Je me procure un plan de la région et loue un vélo pour me rendre à travers d’admirables rizières et pains de sucre. J’arrive à la grotte de Tham  Phapouak, à six kilomètres au Nord de Vang Vieng. La grotte n’a rien de curieux mais la vue sur la vallée est de toute beauté. Je loue une grosse bouée (chambre à air de camion) et me laisse flotter au gré du courant de la rivière Nam Song. C’est le meilleur moyen pour découvrir et admirer les si jolis rivages. Le courant me transporte jusqu’à la station de tuk tuk, où l’un d’eux m’emmènera, récupérer mon vélo.  Luang Prabang est encore bien loin. Le bus fait une longue halte à Kasi où des attaques sont courantes entre Hmongs et militaires pour leur conflit  du contrôle de la drogue. En l’an 2000  une attaque a fait une vingtaine de morts dans le camp de l’armée. Luang Prabang ou “Muang Sua” signifie “Java” car les javanais avaient envahi une partie du Laos à l’époque khmère. La ville est bâtie au confluent du Mékong et de le rivière Nam Kane. Cette cité est la splendeur du Laos. L’électricité n’y est apparue qu’en 1990 et la première moto en 1994. Le meilleur moyen pour visiter la ville est de marcher pour s’imprégner du climat de la ferveur religieuse qui y règne et savourer l’impressionnante beauté de ses temples. La ville de Luang Prabang compte 26 000 habitants et est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Pas de problèmes pour se loger à Luang Prabang, les guesthouses poussent comme des champignons. C’est à “Sysomphone guesthouse” que je m’installe dans une ravissante pension pour quatre euros la journée, elle est dirigée par une famille trop adorable. Demain je me lèverai tôt pour découvrir la dimension spirituelle de la ville. A 6 heures du matin je suis déjà dans l’artère principale de la ville. Juste au lever du soleil j’assiste au défilé de centaines de bonzes qui partent recueillir les offrandes auprès de la population. Le spectacle est très beau, des bonzes tout d’orange vêtus tendent aux passants leurs pots de terre cuite à large ouverture afin que la population leur donne une poignée de riz gluant. La cérémonie dure une vingtaine de minutes puis tous regagnent leurs temples respectifs. J’aborde ensuite la longue visite des temples, il y en a environ une trentaine mais je me contenterai des quelques incontournables.  Le Wat Xieng Thong “ville de l’arbre de l’illumination”, le plus riche de la ville, a été construit en 1560 par le roi Setthathirat. Proche de lui la chapelle du bouddha sacré « chapelle rouge » est superbement décorée et incrustée de mosaïques de verre d’inspiration japonaise. Sur la façade arrière du temple je reste en admiration devant une belle mosaïque de verre représentant l’arbre de boddhi « arbre de l’illumination ».  A l’intérieur, des fresques racontent la légende de Tao Chanthaphanith, elles représentent les supplices infligés aux damnés. Les ivrognes sont ébouillantés, les voleurs sciés en deux, les menteurs pendus par la langue et ceux qui ont trompé leur femme grimpent à un arbre épineux. Quant au Wat Ma, il est entouré par des fresques représentant les animaux du Laos et l’animal mythique. Derrière le temple je suis impressionné par la présence d’une colossale pirogue de vingt cinq mètres destinée à recevoir cinquante rameurs. Elle est utilisée au mois de septembre lors de la fête des pirogues.

 Les massages.

Assez pour aujourd’hui ! De temple en temple je regagne ma pension puis m’en vais manger dans une paillote qui surplombe le Mékong. Ce soir j’ai décidé de manger typiquement lao, au menu: algues au sésame frites, friture de poisson chat et salade de poulet épicée. Demain relax !  La cabane de bois de la croix rouge lao est transformée en un salon de massages traditionnels aux herbes. Pour mon tonus j’y passe plus d’une heure. A cinq reprises consécutives j’ai droit à dix minutes de massage puis cinq minutes de repos devant une tasse de thé. Ici au Laos la tradition des massages vient d’Inde et de Chine, elle est liée à la tradition bouddhique mise en pratique à travers les quatre états de l’esprit divin enseignés par “l’illuminé”: la bonté, la compassion, la joie de vivre, la sérénité. Les massages sont très répandus au Laos tout comme en Thaïlande, la mère apprend à ses filles à masser leur père, qui à son tour les masse. On se masse entre soi le plus naturellement du monde, c’est un acte quotidien et familial de réconfort et de convivialité. Il existe beaucoup de fondations et d’écoles de massages au Laos. Dans ces écoles sont enseignés les trois principaux types de massages: massage du pied, massage traditionnel complet pendant deux heures, et massage aux herbes. Ces massages sont tout à fait sages et de bonne qualité.  Me voilà sur pied pour affronter  encore quelques Wat et attendre la tombée du jour pour monter sur la montagne sacrée, le mont Phousi ou “gros tas de riz”. Le ciel passe au rouge, les lumières de la ville s’allument et les cloches des monastères tintent. Le mont Phousi fut le centre religieux le plus important tout au long de l’histoire de la ville. Demain je laisserai de côté temples grottes et bouddhas.  Aujourd’hui le ciel est couvert et j’appréhende un nouveau déluge, aussi je m’équipe d’un parapluie pour aller visiter des villages de pêcheurs et me rendre jusqu’à Ban Xanbaï, le “village des jarres”. A Ban Xanbaï les paysans distillent l’alcool de riz. L’alcool de riz est appelé lao-lao, c’est la boisson alcoolisée la plus populaire du pays. Pour l’obtenir il faut faire fermenter du riz gluant cuit dans des jarres, l’additionner de levure et d’eau, et sous huit jours l’amidon du riz sous l’effet de la levure se transforme en alcool. On obtient le vin de riz sucré “lao kham kham” qui est distillé dans des fûts métalliques posés sur des braises.  Pour mon retour sur Luang Prabang je décide de prendre un bateau sur la rivière Mam Ou qui se jette dans le Mékong et me laisse bercer jusqu’à Pak. Je ne regrette pas ma décision car je passe au milieu de paysages splendides et longe de spectaculaires falaises calcaires. Par ce cours d’eau on peut remonter jusqu’à la frontière chinoise, mais il faut attendre les hautes eaux. Je comptais quitter Luang Prabang mais je n’ai pas encore tout vu, je vais donc m’accorder une journée supplémentaire. Quant à ce soir, je dîne au restaurant Duang Champa où je commande une salade de tripes et viande séchée. Ce restaurant est  franco-lao il sert aussi de la langue de bœuf  à la sauce piquante des glaces et des sorbets.

 Les orpailleuses et la province de Xieng Khouang.

Quelle chance ! Je passe à travers les orages, cela me permet d’aller plus en aval du Mékong. En louant une barque je dérive vers Bane Tiane un village de potiers. Toutes les familles vivent du travail de la terre glaise. Des jarres de toutes dimensions sont fabriquées à la main avec des tours rudimentaires, puis disposées au soleil pour sécher progressivement avant d’être enfournées dans des fours à bois. Les potiers se sont doucement reconvertis à la fabrique de tuiles nécessaires pour rénover les temples. En aval du fleuve je rencontre des orpailleuses, avril, mai et juin sont les mois propices à cette activité car les eaux sont basses. Sur le rivage, les femmes creusent la terre puis elles la lavent pour extraire une poussière noire où scintillent quelques paillettes d’or. Après la maigre récolte elles ajoutent du mercure et chauffent le tout, le mercure en s’évaporant libère l’or. Cet or est ensuite revendu aux bijoutiers de la ville. Moins authentique le village de Ban Phanom  assiégé par les touristes qui viennent pour s’enquérir de magnifiques œuvres tissées soit disant en soie (20 % de soie seulement).  A trois ou quatre kilomètres de Ban Phanom je croise la tombe de Henri Mouhot, un français originaire de Montbéliard, passionné de l’Asie, il mourut en 1861 à l’âge de 35 ans épuisé par les fièvres. C’était un aventurier du Siam, Cambodge et Laos. Ce soir je fais le point, il serait bien dommage de regagner déjà Vientiane, sans pousser plus à l’est pour traverser la plaine des  jarres et m’arrêter à Xieng Khouang. La province de Xieng Khouang est montagneuse et peuplée de minorités ethniques Thaïs et Hmongs qui pratiquent la culture du riz sur brûlis et du pavot. La route fréquentée par de nombreux camions de marchandises est particulièrement dangereuse. La plaine des jarres compte plusieurs centaines de jarres de toutes tailles certaines pèsent jusqu’à trois tonnes, beaucoup ont été détruites par les bombardements américains et d’autres ont été pillées, mais il reste de quoi se faire une idée. On suppose que ces jarres remontent à trois ou quatre mille ans et personne ne connaît vraiment le secret de leur fabrication. Mon retour sur Vientiane est épuisant. Le temps a vite passé et demain je m’envolerai pour le Cambodge.

 

 LE CAMBODGE

 

Courte nuit ! Me voila debout à 6 heures du matin afin de me rendre à l’aéroport de Wattey pour y attendre mon vol pour Phnom Penh.  Deux heures de vol depuis l’aéroport Wattey de Vientiane jusqu’à l’aéroport Pochentong à Phnom Penh. J’accomplis quelques formalités de rigueur et passe au bureau de change où j’obtiens 400 000 riels pour 100 dollars. Je quitte le grand hall, il fait une chaleur torride, je me dirige vers la station de taxis et demande d’être conduit au centre de Phnom Penh. Le chauffeur n’en fait qu’à sa tête et se trompe volontairement pour me diriger dans l’hôtel de son choix. Je me dispute et demande à être conduit à “Keov Mean Guesthouse” tout près du marché central de la capitale. La guesthouse est très bien tenue et très bon marché, 23 000 riels par jour (5  euros). Adresse: 51 Pasteur street à Sangkat Phsar Thney. Kandoun Penh Tél: 012 921 324. Le patron est sympa, il loue sa moto pour 15 600 riels la journée (4 euros). La moto est un excellent moyen pour se déplacer dans Phnom Penh à condition d’avoir un bon plan de la ville et avoir consacré au moins une demi-journée pour s’adapter à la conduite démente.  Le Cambodge est le “Pays du sourire“, bien qu’il soit devenu hélas ! synonyme de génocide et de terreur. Ce petit pays est médiatisé par le meilleur, le fameux site d’Angkor et par le pire, les Khmers rouges. Comment ne pas tomber amoureux et sous le charme d’un si beau pays et d’une population si attachante. Sur le Cambodge plane l’étonnant mystère des temples et la magie des eaux du Tonle Sap. Le pays s’étend sur 180 000 km2 et compte 12 millions d’habitants dont l’espérance de vie est de 55 ans. Il est dirigé par une monarchie constitutionnelle à tendance dure. Son roi est Norodom Sihanouk Varman.

 Phnom Penh et génocide.

A l’époque coloniale Phnom Penh fut surnommée “la perle de l’Asie du sud Est”. Les français en firent la ville la plus importante du bassin du Mékong. Mélange de bâtiments et hôtels flambants neufs au milieu de dépotoirs et de maisons qui ont gardé les traces de la guerre. La capitale est malgré tout souriante même avec la présence de nombreux réfugiés et mutilés de guerre. Le grand boulevard Monivong est très agité à l’image de Bangkok. Le palais royal implanté sur les rives du Mékong et du Tonlé Sap est un enchantement pour les yeux. La nuit la ville est dangereuse en matière de sécurité car les autorités baissent les bras devant le problème de la pauvreté.  Horreur ! Voici le lycée appelé S-21 construit par les français et qui est devenue la prison la plus terrifiante du Cambodge. D’avril 1975 à janvier 1979 près de 20 000 personnes y sont passées, subissant les pires des tortures avant d’être achevées par les khmers rouges dans le camp d’extermination de Choeung Ek. Dans la cour de la récréation se trouve une potence à côté des tombes. Au pied de la potence sont alignées les jarres dans lesquelles les détenus étaient noyés. Les lits en fer sur lesquels étaient attachés les prisonniers enchaînés ont à leurs pieds des boites de munitions qui servaient de pots de chambre. Beaucoup de médecins, d’ingénieurs, de professeurs, de soldats vietnamiens, de journalistes, de moines bouddhistes, et de chanteurs très connus ont été enfermés et tués ici. Dans les salles de classe de nombreuses photos de jeunes filles, vieillards, enfants et hommes  au visage défiguré par l’horreur couvrent les murs. Dans la dernière salle une “œuvre d’art” représente le territoire cambodgien après le régime des khmers rouges. Un amas de vraies têtes de morts symbolisent la terre, et le sang représente les fleuves, d’autres toiles montrent comment exterminer les enfants... Je sors d’ici écœuré et atterré. Après la visite du musée ou figurent les portraits des bourreaux et des dirigeants dont celui de Pol Pot, je poursuis vers Choeung Ek à 17 kilomètres de la ville. Choeung Ek était un véritable camp de la mort exploité pendant trois ans par les Khmers rouges. Ici  se trouvent les anciens fours crématoires et les fosses communes. Il en existe plus de cent, celles qui ont été mises au jour sont signalées par des panneaux rédigés en khmer et en anglais. On peut ainsi connaître le nombre d’ossements découverts et savoir que pour économiser les balles et les cartouches les bourreaux avaient pour consigne d’achever les prisonniers à coups de crosse. Dans le mémorial construit en 1988 on y trouve des milliers de crânes entassés sur des étagères en verre. Je ne suis resté que peu de temps sur ce site. Malgré les 37 degrés sous abri j’ai la chair de poule et les poils hérissés. Sur la route qui me conduit à la ville je m’arrête dans un petit village de minorités ethniques, c’est le jour du marché. C’est magnifique ! Le temps de me remettre de mes émotions et d’essayer d’oublier je regagne la capitale en passant par le quartier des bidonvilles. Demain je laisserai de coté l’affreux pour côtoyer le luxueux palais royal.

 Le palais royal.

Aujourd’hui me voici à la croisée des trois rivières, le Mékong, le Tonle Sap et la Brassac.  Du kiosque qui se trouve sur les quais j’admire face à moi le majestueux et immense palais royal construit au XX ème siècle par des architectes français et cambodgiens. Dans la propriété il y a une multitude de bâtiments dont un pavillon où ont lieu les grandes cérémonies et un autre, offert par Napoléon III au roi Norodom en 1870. Au cœur du site se trouve le palais résidence de Sihanouk et la gigantesque salle du trône surmontée d’un bouddha aux quatre visages. L’édifice mesure cent mètres de long et renferme un trône en or. Il y a encore de nombreux pavillons, l’un dédié aux cendres des rois, d’autres à la prière. Dans l’enceinte se trouve aussi la pagode d’argent dont le sol est pavé de 5000 carreaux d’argent  (1 kg chacun). On y découvre aussi une centaine de bouddhas dont celui d’émeraude et le bouddha d’or de 80 kilos incrusté de 9500 diamants.  Je regagne “Keov Mean guesthouse” et tout proche du marché central je trouve un restaurant très bien tenu pour y manger du bœuf mariné au citron servi avec un œuf frit, des oignons et des frites, ça s’appelle “khmer burger”. Les quelques curiosités gastronomiques au Cambodge résident dans les fruits aux parfums des tropiques: mangues, pastèques, jacquiers, noix de coco. Les cambodgiens adorent aussi les criquets, les sauterelles, les araignées grillées, et les cuisses de grenouilles épicées. Demain je passerai la journée à me cultiver dans les musées de la ville et irai à l’alliance française pour rencontrer des cambodgiens qui parlent français aussi bien que moi.

 Le peuple cambodgien.

A 7 heures du matin une chaleur torride plane déjà sur la ville, j’emprunte l’avenue Monireth Charles De Gaulle puis le boulevard Pasteur pour arriver au musée national  situé tout proche du palais royal, j’y passerai trois heures pour mieux apprendre à connaître le pays.  Le Cambodge était l’empire le plus puissant de l’Asie du sud-est entre 802 et 1432 après JC. Aussi, il conserve son plus beau vestige, la métropole d’Angkor, construite par les khmers. Les habitants du Cambodge sont donc des descendants directs des khmers et s’en donnent volontiers et fièrement le qualificatif. Le peuple cambodgien a connu la gloire, la défaite, l’humiliation, la domination, la colonisation par d’autres puissances et a été marqué par l’ingérence de puissances étrangères. Aujourd’hui son mode de vie, ses croyances ses valeurs sont restées semblables à ceux de leurs ancêtres khmers. Le peuple cambodgien est principalement tourné vers la culture du riz dans les plaines fertiles et vers la pêche le long et autour du Tonle Sap. Mais il y a aussi des bûcherons dans les régions vallonnées, des cultivateurs de sucre de palme dans le centre du pays et des horticulteurs.  La journée de travail est longue au Cambodge, elle commence à 6 heures et se termine à 18 heures. Les hommes labourent à l’araire tirée par des buffles, les femmes repiquent le riz, les  vieux réparent les outils et posent des pièges pour le gibier, les jeunes pêchent pour le repas du lendemain, les filles tissent, tressent les nattes et les sacs, elles cueillent aussi les condiments. Les paysans khmers ont pour coutume de vivre dans des maisons individuelles construites par eux même aidés de leurs parents et voisins. Les maisons rectangulaires de neuf mètres de long sur six mètres de large ont un plancher de bois et sont dressées sur des pieux  de bois entre trois et six mètres du sol pour être protégées des eaux et de la variation d’intensité des crues. Les toitures sont recouverte de chaumes et inclinée pour résister aux moussons. On accède au foyer par des échelles après avoir retiré ses chaussures. Ces maisons n’ont pas de fenêtres, il y a plusieurs chambres séparées par des cloisons en palmes séchées tressées. Les pauvres n’ont qu’une seule pièce. La cuisine est parfois isolée ou carrément à l’extérieur et les meubles sont rares. Des nattes et des coussins servent au repos, des jarres et des coffres à vêtements servent de mobiliers. Il y a beaucoup d’outils pendus aux murs et chaque famille possède sa statue de bouddha dans un coin de la pièce principale.    Uniquement dans les grandes villes les habitants sont vêtus à l’européenne. Dans les régions rurales les khmers portent des vêtements traditionnels. Le sampot, pièce de coton ou de soie d’environ trois à quatre mètres de long et un mètre de large est porté enroulé autour de la taille, attaché devant et descendant à mi-mollets. Les femmes portent le sarong accompagné d’une blouse et d’un châle, les hommes portent une chemise, une tunique et de longues chaussettes. Les garçons portent shorts et chemisettes, les filles blouses et jupes. L’alimentation des paysans khmers est simple, elle ressemble à celle des chinois  et des vietnamiens. Le repas typique consiste à manger une boule de riz avec les doigts, quatre à cinq poissons séchés et un peu de prahoc (pâte épicée faite de poisson sec et salé ayant fermenté dans des jarres). Le riz, le poisson et l’eau suffisent comme besoins de base. Le riz est volontairement mal moulu ainsi il conserve mieux ses vitamines. L’élément principal de l’assaisonnement est le tuk-treg (huile de poisson fermentée et très épicée). Le samla, sorte de soupe ou ragoût remplace la boisson durant le repas. Un repas réussi implique une combinaison savante de saveurs d’épices, douces et amères. Les légumes, le bœuf, le porc, la volaille, les œufs et les fruits sont aussi des denrées importantes.

 Balade à Phnom Penh.

Là haut perché se trouve le Wat Phnom, un coin de Phnom Penh que j’adore. Je m’y rends tôt ce matin pour apprécier son éclairage. Ce coin est très agréable au milieu d’un parc boisé où se trouve une colline de quarante mètres de haut au sommet de laquelle est érigé le temple le plus important de la ville, le Wat Phnom. J’emprunte de larges marches d’escaliers pour me trouver sur la première terrasse près du sanctuaire le plus vieux de la ville. On ne peut pas entrer dans le stupa qui renferme les cendres du roi fondateur de la ville. Ce site est sacré et très attachant, on y rencontre des charmeurs de serpents, des adorateurs de Bouddha, des vendeurs de boissons, des diseurs de bonne aventure, des vendeurs d’oiseaux en cages destinés à être délivrés par les fidèles, des vendeurs de billets de loterie. Comme un enfant, je m’offre une balade à dos d’éléphant dans les allées du parc. Je vais ensuite me prélasser à la terrasse d’un bar restaurant et passe un long moment à observer les gestes quotidiens des familles et à écrire des cartes postales car j’ai beaucoup d’inspiration aujourd’hui. La vie est belle ici, j’y reviendrai demain...... Avant de regagner mon logement je fais un détour pour me rendre au marché central de Phnom Penh. Psaar Thmay est le centre vivant de la ville, la circulation est anarchique, il n’y a pas de règles chacun fait comme il veut, l’atmosphère est colorée et parfumée, on trouve tout parmi les 2000 stands répartis sur cinq secteurs différents: tissus, électroménager, gadgets, épiceries, alimentation générale. Au centre de la coupole se trouve le grand marché aux bijoux, aux pierres précieuses et aux montres. Cette grande halle a été construite par deux architectes français en 1937, son dôme ressemble à une gigantesque soucoupe volante de 45 mètres de diamètre. Je passe une grande partie de la soirée avec la famille qui tient la guesthouse et m’aperçois vite que les khmers sont des gens d’un naturel joyeux. Leur gaieté et leur humour sont remarquables, ils adorent les chansons, les histoires et les fêtes, ils m’apprennent aussi qu’en avril c’est le nouvel an, en mai la fête des sillons sacrés, en octobre la fête bouddhique de kathen, en novembre la fête du retrait des eaux et l’anniversaire du roi sans oublier la commémoration de la naissance et de la mort de Bouddha.  Les khmers comme la plupart des asiatiques sont très prudes, la nudité les offense. La société khmère est monogame, la femme joue un rôle important dans la famille, elle décide au sein du ménage de tout ce qui concerne le budget familial et l’éducation des enfants. Mariée, la femme khmère garde son nom de jeune fille. Les parents sont très attentionnés et accordent une large liberté à leurs enfants. Les khmers sont pieux, le bouddhisme théravada est la religion d’état, les autres religions sont tolérées mais les adeptes en sont rares. Le bouddhisme au Cambodge est davantage qu’une religion, il est une méditation sur la souffrance humaine dont ils recherchent la suppression. Les khmers se réunissent régulièrement à la pagode. Quelques minorités ethniques de mahométans ou cambodgiens musulmans vivent dans la province de Kampot au sud et le long du lac de Tonle Sap. On trouve aussi des sino-cambodgiens dans les villes et des minorités montagnardes appelées les khmers loeu qui subsistent grâce à la culture et à la chasse. Au Cambodge les lois de l’hospitalité supposent qu’on accueille agréablement le visiteur et qu’on l’invite à pénétrer, je m’en suis bien rendu compte ce soir. Demain je m’embarquerai pour le site archéologique d’Angkor.

 La rivière et le lac Tonle Sap.

Pour me rendre à Angkor je choisis la solution fluviale, il faudra que je me rende à Siem Reap et que je m’y m’installe pour quelques jours. Ce matin à 5 heures le patron de “Keov Mean” me charge sur sa moto pour me déposer quelques minutes plus tard au port fluvial de Phnom Penh  sur la rive droite de la rivière Tonle Sap. De nombreux passagers se pressent pour trouver la meilleure place dans le bateau. Tout le monde est lourdement chargé et j’aide les personnes âgées à enjamber le ponton pour monter dans les cabines. Le prix du billet aller-retour est de 50 $  (300 kilomètres séparent les deux villes), soit six à sept heures de bateau. Je choisis de voyager sur le toit avec un enfant que m’a confié sa maman, il a appris l’anglais à l’école et doit rejoindre sa mémé à Siem Reap. Depuis le toit du bateau j’ai une vue à 380 degrés et peux me régale à observer les scènes de  vie locale le long des rives de ce fleuve magique et impressionnant. Le bruit du moteur  couvre les cris des passagers émerveillés, lorsqu’on croise de petits villages lacustres le bateau coupe le moteur et se laisse dériver. Nous passons tout près des petites embarcations secouées par les remous et  chargées de filets de pêche, le trafic sur la rivière est très dense. C’est la saison de sécheresse, le niveau de l’eau est très bas. Le bateau stoppe soudainement au beau milieu de la rivière, l’hélice vient de toucher le fond. L’attente sera d’une heure avant qu’une autre embarcation en provenance de Kompong Chhnang vienne à notre secours. Notre bateau sera rapidement délesté de tous les bagages et provisions lourdes qui nous seront restitués à l’arrivée. En amont la rivière s’élargit de plus en plus et nous voici dans le grand lac de Tonle Sap. Le lac de Tonle Sap est le plus grand du pays et le plus grand d’Asie du sud-est, il se gonfle et se dégonfle au rythme des moussons et les cités lacustres se déplacent au gré du niveau des eaux. Le Tonle Sap est un affluent du Mékong, lorsque le Mékong est trop gonflé, le Tonle Sap récupère son trop plein et inverse son cours.  Le lac est un lieu magique, un site de vie intense, le paradis des pêcheurs. Les merveilleux villages que je longe sont pleins de poésie et de gaieté. La vie est au fil de l’eau, les paillotes de chaume et bambou sont fixées à d’énormes flotteurs, d’autres sont attachées à de petites pirogues à moteur pour être sans cesse déplacées. Les enfants se rendent à l’école flottante en bateau, les femmes font leur marché en pirogues, les habitants attendent le passage du bateau épicerie, les bateaux à moteur vont faire le plein à la station service flottante, les porcs et les poules vivent dans des cages-radeaux flottantes et on fabrique le prahoc à l’usine flottante. La traversée du lac est longue, je ne vois plus le temps passer. Encore une heure pour atteindre Siem Reap. Le bateau ne peut pas accoster sur le rivage, un port flottant est aménagé au milieu des eaux. Ici, j’attends l’arrivée d’une petite embarcation qui a la charge de me récupérer et m’emmener sur la terre ferme. Une multitude de petites embarcations traversent le village lacustre, j’ai l’impression d’être dans une ville inondée, c’est sublime ! Me voici sur la terre ferme ou attendent des dizaines de motos-taxis, une d’elles me véhicule jusqu’à Siem Reap par une piste défoncée.

 Siem Reap et rencontre de Toï.

Dix huit kilomètres à parcourir dont douze kilomètres sur une route défectueuse avant de me retrouver à Siem Reap. Pour ceux d’entre vous qui souhaiteraient tenter ce bel exode il est fortement recommandé de réserver le bateau à l’avance à Phnom Penh, et pour découvrir les coins les plus cachés j’ai une bonne adresse à Siem Reap: Terre Cambodge, Tooi tooi bar téléphone 012 843 401 e-mail : tercamb@hotmail.com   A Siem Reap j’ai du mal à trouver une guesthouse qui me convienne car ici il y a énormément de grands hôtels destinés aux tours opérator assiégés par des touristes qui ne connaissent rien du genre et du mode de vie des cambodgiens et qui sont à mon goût trop critique négative. Ca y est ! J’ai trouvé “Sunrise guesthouse”, très bien située dans la ville, et loin du tourisme de groupe. Elle est mignonne et les propriétaires sont d’une gentillesse extrême, adresse: Wat Bo Street, proche du Bayon restaurant. Toï, la sœur de la patronne est mignonne, elle se prend d’amitié pour moi, ce qui me facilitera les démarches pour aller affronter le splendide site d’Angkor. Siem Reap est le point de départ pour la découverte du site. Pour gagner du temps Toï me recommande d’aller acheter mon “Pass” pour accéder au site dès 16 heures cet après midi. Nous partons ensemble à moto et ainsi nous pouvons déjà entreprendre la visite jusqu’à 18 heures. Par contre demain nous paierons un guide qui parle français et nous le suivrons toute la journée à travers le site fabuleux d’Angkor

 Le majestueux temple d’Angkor.

Le majestueux temple d’Angkor est incontestablement le plus célèbre des temples khmers dans le monde entier, avec son labyrinthe, ses cinq tours emblème du pays et ses bas reliefs qui s’étendent sur près de 800 mètres. Angkor signifie « Pagode de la ville ». Ce temple montagne a été construit en 37 ans, il est entièrement dédié à Vishnou dieu suprême de l’hindouisme. Les murs d’enceinte du temple forment un rectangle de 1030 mètres de long sur 800 mètres de large. Ils représentent la chaîne sur laquelle repose le mont Meru, centre de l’univers pour les hindouistes. Autour des enceintes se trouvent des douves de 190 mètres de large et deux à trois mètres de profondeur, elles étaient autrefois infestées de crocodiles qui protégeaient des assaillants. Pour pénétrer j’emprunte la superbe allée de 200 mètres de long couverte de dalles en pierres et  passe à coté de la statue de Vishnou de trois mètres de haut avec ses huit bras remplis de colliers de fleurs et maquillé de toutes sortes de poudres magiques. Je passe un porche et me trouve dans une autre allée de 300 mètres.  Des deux cotés se trouvent des balustrades de pierres représentant des najas (serpents géants à 7 têtes), gardiens des richesses de la terre. Ma copine Toï a eu une riche idée de me pousser à faire cette visite en fin d’après midi, il fait moins chaud et nous avons gagné beaucoup de temps. Demain j’irai la chercher très tôt et nous irons rejoindre le guide motorisé que nous suivrons roue dans roue.

Les cités khmères d’Angkor.

A 6 heures quelqu’un frappe à ma porte, c’est Toï qui est plus matinale que moi, je me secoue et fonce chercher la moto. Toï enfourche la bécane, s’accroche à moi et nous fonçons à l’entrée du domaine où le guide nous attend. Le guide s’appelle Kraeng, son français à accent asiatique est très marrant, mais on ne se moque pas ! Il est très cultivé et dévoué. Nous partons pour une longue journée dans une inestimable forêt de pierres. La capitale khmère s’étend sur 400 kilomètres, c’est un site mythique dont on parlera longtemps “angkore“. Des milliers d’admirateurs viennent de tous les coins du monde pour exciter leur imagination et favoriser leur inspiration. Il faut se dépêcher d’y aller avant l’explosion touristique qui est déjà bien partie. La ville royale d’Angkor Thom se trouve à deux kilomètres environ du majestueux temple, elle est ceinte par de monumentales murailles de huit mètres de haut sur une longueur de douze kilomètres. Cinq portes géantes permettent l’entrée dans la ville. Par la porte sud nous atteignons le Bayon  “montagne magique” où  une forêt de têtes gigantesques regardent dans toutes les directions, elles ont inspiré le réalisateur du film “Tom Raider“. C’est le matin, au moment de l’ouverture du site que les 200 visages  sont  plus beaux et plus impressionnants. Kraeng très organisé nous propose une halte dégustation et un drink avant de poursuivre vers la grande pyramide du Baphuon “l’ancêtre caché”, il nous conduit ensuite à la terrasse des éléphants et  la terrasse du roi lépreux. Les terrasses sont à six mètres de haut, c’est là que se pratiquaient les crémations. Kraeng nous laisse libre plus d’une heure et cela nous permet de flâner, de nous reposer un instant, de manger et de faire plus ample connaissance avec Toï. Elle ne parle que très peu l’anglais et il m’est difficile de bien communiquer pour exprimer mes sentiments pour elle. Je ne sais pas ce qu’elle veut tirer de moi. Je demanderai à Kraeng qu’il veuille bien me servir d’interprète.  Kraeng vient nous récupérer à la terrasse des éléphants et nous passons la totalité de l’après midi dans le fascinant Ta Phrom. Le Ta Phrom a quelque chose de romantique et de fantastique. Ici, la nature a repris ses droits et je ne sais plus qui des vestiges ou de la végétation s’est installé en premier. Les fromagers (arbres géants) croissent et se développent à vive allure, leurs graines sont transportées par les oiseaux et déposées entre les pierres. En grossissant elles disloquent les édifices, les racines dévorent les statues et ceinturent les remparts, les branches traversent portes et fenêtres. C’est un véritable chaos, un enchevêtrement de pierres et de végétation. Aujourd’hui on ne sait même plus si se sont les racines qui soutiennent les ruines ou si ce sont les ruines qui maintiennent les arbres. Le site a quelque chose d’angoissant, la journée les cigales chantent et la nuit les chauves souris font la ronde et  dansent. En fin d’après midi quand les rayons du soleil sont au plus bas ce lieu a quelque chose de magique et de surréaliste.  Une journée ne suffit pas pour visiter tout le site car il faut traverser des hectares de pierres et de végétation, je donne rendez vous a Kraeng qui nous attendra demain à la porte ouest de la ville royale. Quant à moi et Toï nous regagnons Siem Reap. Ravis de notre journée nous nous séparons plus d’une heure pour nous retrouver dans le jardin de “Sunrise guesthouse” afin d’aller dîner dans un super restaurant thaïlandais de la ville, le « Chivit Thaï », un très bon resto dans un cadre raffiné avec une ambiance feutrée. Nous nous installons autour d’une table basse éclairée aux chandelles et commandons de succulents plats: une soupe au lait de coco et du panaeng curry avec des aubergines sautées. Un repas délicieux pour seize euros à deux. T est émerveillée et me propose d’aller finir la soirée au Zanzy bar pour y écouter de la musique et boire une bière « Angkor ». Nous rentrerons tard à Sunrise.  Réveil pénible et petit déjeuner rapide ce matin car Kraeng nous attend pour aller explorer la partie ouest de la cité hydraulique. Il nous emmène directement au Preah Khan. Il s'agît d’une véritable ville de plus de cinquante hectares entourée de douves, c’est la ville de “la fortune royale victorieuse”. A Preah Khan ou “épée du roi sacré” la végétation tout comme au Ta Phrom a repris ses droits dans les ruines. A quelques kilomètres d’ici le Neak Pean “les serpents enroulés”, un endroit étonnant, une sorte de grand bassin entouré d’escaliers au milieu duquel se dresse un sanctuaire. Des animaux fantastiques sont sculptés sur le temple dont deux najas géants et un cheval mythique. Le bassin est une réplique du lac Anavatapta dans l’Himalaya. Les quatre déversoirs symbolisent les sources des quatre grands fleuves sacrés: le Yang Tsé, le Huang Hé, le Mékong et le Chaidamuhe.

Hors des sentiers battus.

Pendant des kilomètres sur des pistes défoncées la poussière soulevée par la moto de Kraeng que je suis roue dans roue, m’oblige à garder les distances. Très rapidement nous sommes recouverts d’une poussière rougeâtre, Toï s’accroche à moi et m’écrase les côtes.  Une halte s’impose, Kraeng nous recommande beaucoup d’attention car le site est dangereux, il est truffé de mines déposées par les khmers rouges mais aussi par l’armée locale pour protéger les accès aux temples. Une société française, la COFRA a procédé au déminage mais lorsqu’on parle de déminage c’est bien entendu aux abords des vestiges que les travaux ont eu lieu mais pas forcément à deux cents mètres à la ronde. Les risques d’explosion sont très faibles surtout avec la présence d’un guide qui connaît le site et sait très bien où il ne faut pas s’aventurer dans la jungle. Seuls les enfants imprudents et inconscients du danger sont sujets à de graves accidents qui risquent de les priver des membres inférieurs. Un autre risque dont Kraeng nous met en garde est la présence de nombreux scorpions qui nichent de partout dans les tumulus de pierres chaudes. Nous sommes maintenant informés par les conseils de Kraeng et nous poursuivons vers de groupe de Roluos en traversant de magnifiques villages champêtres. Les maisons sont en feuilles de palmier à sucre et toutes sur pilotis. Chaque famille possède son lopin de terre et cultive le riz.  Le groupe de Roluos est de style pré-angkorien, le Loleil alimentait l’ancienne capitale en eaux, le Preah Kô “bœuf sacré” est dédié au dieu indien Shiva et le Bakong construit en grés  ressemble à Angkor Wat, en plus petit. Il reste encore des centaines de temples à visiter mais j’avoue avoir fait le tour des incontournables. Avant de quitter Kraeng nous faisons une longue pause à la buvette de l’accueil devant un coca bien frais. Il est tard et nous regagnons Siem Reap pour aller prendre un bon bain réparateur avant d’aller manger une pizza napolitaine au resto Bayon puis nous passons un long moment au “Liquid Bar”. Demain nous louerons deux vélos pour aller visiter le village de Phnom Krom.  C’est par une petite piste compacte et carrossable que nous choisissons de pédaler pendant dix kilomètres pour arriver dans ce village plein de couleur et de poésie, une petite Venise asiatique. Moyennant une donation nous parvenons à visiter un élevage avec ses gigantesques viviers où s’agitent des milliers de poissons. Les pisciculteurs s’amusent en leur jetant à manger pour les faire sauter hors de l’eau. A la saison sèche le village est à huit cents mètres du bord de l’eau, à la saison des pluies le village est au milieu des eaux. Vers 13 heures nous mangeons chez l’habitant une fondue cambodgienne. Il fait une chaleur abominable, avant d’aller nous relaxer dans un coin ombragé le long du ruisseau nous allons visiter un élevage de canards et rentrons très tôt à Sunrise pour faire le point sur ce merveilleux temps passé dans cette région.  Je descends près du marché où se trouvent des cybers boutiques afin d’envoyer quelques nouvelles vers la France. Après ma séance courrier je récupère Toï et nous nous rendons dans l’immense marché couvert de Siem Reap, un véritable piège à touristes ! Il faut savoir que Siem Reap est l’étape incontournable pour les circuits organisés qui veulent visiter le site d’Angkor, et parmi ces touristes il y a beaucoup de pigeons. Demain je quitterai Toï car à cinq heures du matin, une moto-taxi viendra me chercher pour m’emmener au bord du Tonle Sap, là où partent les mini-bateaux qui desservent la station flottante située à un kilomètre du rivage. Quel dommage de quitter cette région du Cambodge où je me trouvais si bien.

Le retour en ville.

La descente sur Phnom Penh est longue et je suis toujours émerveillé par ces paysages de rêve que je traverse. Surprise ! A mon arrivée au port fluvial de Phnom Penh le patron de “Keov Mean guesthouse” m’attend avec sa moto, il connaît très exactement les horaires des bateaux et ne m’a pas oublié. Demain je resterai une dernière journée à Phnom Penh et après demain je m’envolerai vers le sud de la Thaïlande sur l’île de Phuket point de départ pour les îles Koh Phi Phi et Koh Lanta. Je dispose encore d’une journée et j’en profite pour faire une balade nostalgique dans l’Indochine française pour visiter les deux symboles de la présence française au Cambodge. Tout d’abord l’ambassade française et puis l’hôpital Calmette. D’autres bâtiments d’architecture coloniale ont beaucoup de charme: la grande poste, l’hôtel Manolis, la mairie de Phnom Penh construite par les français, la bibliothèque nationale, et la cour de justice. Le grand hôtel Wat Phnom a lui aussi été restauré par la France, quant à l’hôtel le plus prestigieux de la ville, l’hôtel royal, il a été rebaptisé  “Raffles Hôtel”. Après cette longue promenade je tiens à regagner le Wat Phnom par le pont Chruoy Changvar, le plus grand du Cambodge, long de 710 mètres, il est appelé “pont japonais”. Je m’installe à la terrasse d’un resto-bar au pied de la butte où se trouve le temple et passe un moment à rêvasser.   Demain direction l’aéroport de Pochentrong pour regagner la Thaïlande. Adieu ! Cambodge merveilleux.

 

THAILANDE

 

 Phuket et l’île de Koh Phi Phi.

 L’avion quitte Phnom Penh à 11 heures et fait escale à Bangkok, j'arriverai à l’aéroport de Phuket à 15 heures. A Phuket je saute dans le premier bus qui me mène à Phuket Town, et m’installe pour une nuit seulement à « On On Hôtel ». Demain je partirai pour l’île de Koh Phi Phi. Comme j’ai beaucoup de temps cet après midi pour aller visiter le « Phuket aquarium marine center » et le « Phuket orchid garden », je me rends vite au port pour réserver mon bateau de demain, car il est temps d’aller manger. Tout près de mon hôtel se trouve le restaurant Mae Porn, le plat du jour est succulent: bœuf sauté au maïs jeune, accompagné de riz cuit au lait de coco. Bonne nuit ! C’est de justesse que j’attrape le bateau de 8 heures pour Koh Phi Phi. Je m’installe sur le pont avant et y resterai durant toute la traversée, c’est à dire 2 heures. Une traversée merveilleuse ! J’ai rarement vu une eau aussi propre et aussi limpide. A perte de vue des rochers comme des champignons poussent dans les eaux et plus on approche de Koh Phi Phi plus il y en a. Le bateau ne peut pas accoster sur la plage, il jette l’ancre à 200 mètres du rivage et tous les passagers doivent alors se déchausser et poursuivre les pieds dans l’eau, chaussures à la main et sacs sur les épaules, jusqu’à la plage de sable blanc où les baigneurs contemplent la scène. Le problème de cette île c’est qu’elle est trop belle et par conséquent elle attire nombreux les touristes. Koh Phi Phi est un ensemble de deux îles, Phi Phi Lee et Phi Phi Don, seule cette dernière est habitée, elle est complètement entourée d’eau turquoise et la beauté de ses fonds fait le bonheur des plongeurs.  La plage sur laquelle je débarque est à deux kilomètres du village, je m’y rends par le bord de mer, les pieds dans le sable brûlant. Sur mon trajet je tombe sur une admirable crique et m’y arrête. Je ne poursuis pas plus loin car ici c’est un petit paradis où ne se trouvent pas plus de cinq bungalows, l’un d’eux est libre et je m’y installe. Je ne suis qu’à dix minutes à pied du village, c’est le rêve ! A peine installé je me jette dans l’eau qui est tiède. Il n’y a pas beaucoup de fond et il faut aller très loin, jusqu’à 300 mètres pour ne plus avoir pied. A cette distance du rivage je me rends mieux compte de la beauté de cette côte. Les bateaux longues-queues viennent troubler le calme de l’île, ils sont nombreux à balader les touristes. Koh Phi Phi est “l’île aux esprits“, elle fut longtemps le repère des pirates de la mer d’Andaman. De hautes falaises de calcaire cachent un labyrinthe de cavernes sur lesquelles les indigènes au péril de leur vie viennent cueillir les nids d’hirondelles. L’île de Phi Phi Don a la forme d’un H  et de chaque coté de la partie horizontale du H se trouvent deux plages dos à dos, Ton Sai et Loh Dalum, il est donc facile de passer du sud au nord. Demain je me rendrai dans le cœur du village qui est entièrement voué au tourisme. Il n’y a pas de véhicule sur l’île, l’unique moyen de déplacement est le bateau. Un seul sentier mène à Ton Sai et Rantee Beach et un autre sur les hauteurs où le point de vue est sublime. Il n’y a pas encore beaucoup de béton sur l’île mais ça va très vite évoluer. L’environnement est encore relativement bien respecté car les “Ressorts” sont bien souvent des bungalows sous cocotiers. Beaucoup de touristes viennent de Phuket pour passer une seule journée sur l’île, aussi les moments privilégiés sont le matin avant le débarquement et la soirée et la nuit après l’embarquement.  Au village il y a beaucoup de commerces à souvenirs et principalement des restaurants. Il est possible de manger des fruits de mer à toute heure de la journée. Je traverse le village et tout au bout, un sentier et de nombreux escaliers mènent au sommet de l’île à travers des plantations d’ananas et des cocotiers. Il faut une bonne heure sous la chaleur pour atteindre le point culminant et de là haut quel spectacle fabuleux que cette vue panoramique à 380 degrés. D’ici on peut se rendre compte que les eaux sont certainement les plus belles du globe avec celles des Maldives et de la mer rouge. C’est ici que Léonardo di Caprio a tourné des séquences du film “la plage”. Pendant mes journées je consacre beaucoup de mon temps dans l’eau et sur le sable blanc au pied de mon bungalow. Ce soir je dîne en ville au restaurant  “Thai Bird”. Ce restaurant propose une soupe de nouilles au bœuf et un curry de calamars cuisiné traditionnellement, un véritable délice ! J’y retournerai demain pour goûter à autre chose. C’est à une heure du matin que je rentre gentiment au bungalow, mais avant d’aller me coucher je prends mon dernier bain de la journée ou mon premier bain du lendemain. L’eau est proche de 32 degrés et je me laisse bercer par les vagues.  Après une grasse matinée et avant l’arrivée des touristes, je reprends à nouveau un bain. Au village, je me régale avec un petit déjeuner aux fruits puis sur la plage de Loh Dalum je loue un bateau longue-queue pour aller au nord-est de l’île à Ao Loh Ba-Kao pour une journée de farniente. Ce soir je dîne aux fruits de mer cuits sous mes yeux et demain j’irais à Phi Phi Lee.  Koh Phi Phi Lee est une île inhabitée, je m’y rends pour découvrir la gigantesque grotte “Viking cave”, c’est ici que les thaïlandais viennent ramasser les fameux nids d’hirondelles qui sont revendus à des prix fous aux chinois qui en sont très friands pour leur pouvoir aphrodisiaque. Il y a régulièrement de sérieux accidents à pratiquer cette cueillette à l’aide d’échelles en bambous sommairement attachées les unes aux autres. Les hirondelles construisent leurs nids avec leur salive, quand on les prive de leurs nids, elles en construisent un autre mais jamais un troisième car elles n’ont plus assez de salive. Alors les petits oiseaux se retrouvent sans maison et meurent. Sacrilège !  Dans la grande grotte je trouve des peintures rupestres représentant des jonques. En sortant de la grotte les thaïs vendent du pain de mie pour donner à manger aux poissons sacrés. Demain sera ma dernière journée sur l’île, une journée consacrée au repos et au courrier.

 L’île de Koh Lanta.

 Un seul bateau par jour quitte Koh Phi Phi pour Koh Lanta et la traversée dure deux heures. Le bateau accoste maintenant au débarcadère du port de Ban Saladan au nord de l’île de Lanta Yai. Koh Lanta est un archipel de quinze îles classées parc national en 1990, la plupart des îles sont inhabitées. L’île principale est Lanta Yai, elle est calme et a gardé sa quasi virginité. Les bungalows sont situés sur la côte ouest où les plages sont agréables. Je m’installe à “Kaw Kwang Beach Resort“, une excellente adresse à bas prix, au calme et avec beaucoup de commodités. Les patrons sont sympas et il existe un service de location de vélos et motos. Lanta Yaï s’étend sur 24 kilomètres de long et 5 kilomètres de large, une seule route carrossable longe la côte ouest sur 20 kilomètres, sinon se sont des pistes défectueuses. Je loue une moto pour quelques jours et entame la visite de l’île.  Alors que je me rends à la grotte de Maï Kaeo, une dame et sa fille m’arrêtent affolées. La maman m’explique que sa fille vient d’avoir un accident et qu’elle a du mal à se déplacer, elle me supplie d’amener la gamine à l’hôpital de campagne de Lanta Town. Me voila parti avec la fillette vers la rive est de l’île. A Ban Je Lee un paysan m’indique la bonne route et après dix bornes me voici à l’hôpital. Je confie la fillette aux infirmières qui me demandent d’attendre le diagnostic du docteur. La fillette a une méchante foulure, j’attends qu’elle soit plâtrée pour la retourner chez elle. Et là, je suis accueilli  comme un sauveur et suis invité à dîner. Les parents de l’enfant me sont vraiment reconnaissants et me proposent asile pour tout le temps que je resterai sur l’île. J’accepte très volontiers, mais avant je dois retourner à “Kaw Kwang beach” pour payer la note et restituer la moto. Le papa de la gamine consacrera la journée de demain à me faire découvrir le plus profond de son île, entre autre la grotte de Maï Kaeo que j’ai loupée hier à cause de ma bonne action. Nous y accédons à dos d’éléphant par une piste en pleine jungle. Il m’emmène ensuite voir une superbe chute d’eau à pied depuis Ao Khlong. Fier d’être avec moi il me conduit au port de Lanta Town pour me présenter à ses copains. Chacun sort son anglais et est heureux de partager un instant avec moi. Je suis très bien sur cette île, tellement bien que j’aimerai y rester plus longtemps. Mais le temps m’est compté, car dans trois jours je dois retourner à Bangkok pour fêter Songkram avec Rattana que je n’ai plus vu depuis deux mois maintenant. En attendant je passe ici d’excellents moments à partager beaucoup de choses attachantes de la vie quotidienne avec cette famille. Demain nous passerons une journée sur les îles vierges environnantes.  Départ très tôt en famille, les copains qui travaillent au port nous prêtent une pirogue à moteur et nous partons pour une exploration de la nature à l’état brut. La maman a prévu le pique-nique pour nous assurer le déjeuner. Nous naviguons au-dessus du corail pour atteindre les grottes marines, traversons les mangroves et accostons dans un endroit ombragé pour déjeuner. Ce soir j’ai décidé d’inviter le couple et l’enfant à Ban Saladan au “Lanta Palm Beach” sous les cocotiers. Pieds nus dans le sable tiède, nous dégustons un Tom Yam Khun (soupe de poissons à la citronnelle) et des poissons en papillotes. Cinq kilomètres nous séparent de la maison pour un dodo bien mérité. Je profiterai de la journée de demain pour faire le point avant mon retour à Bangkok.  Aujourd’hui je reste à la maison pour écrire lire et apprendre quelques mots de thaïlandais. La langue Thaï est proche du chinois, elle s’est enrichie de tournures khmer, de sanskrit et de pali (langue originaire de l’Inde). L’alphabet thaï comprend 44 consonnes et 11 voyelles. Un mot peut aussi bien servir de nom, de verbe, d’adjectif ou d’adverbe. Il y a cinq tons et ils sont le fondement du parler thaï, un même mot peut avoir cinq significations différentes,  “Maï maï maï maï maï “ signifie à peu de chose près “le bois vert ne brûle pas”. Bon ! Le principal est de connaître quelques mots de la vie courante, quelques mots de courtoisie et savoir compter. Le fait d’être resté proche de cette famille m’a fait réagir devant certains comportements et j’en ai profité pour en savoir plus sur les mœurs des thaïs.  Plusieurs fois par jour les thaïs vont à la pagode certainement plus par superstition que par conviction religieuse. Après la prière à Bouddha les thaïs veulent connaître leur avenir et pratiquent la méthode des “bâtonnets”. Une vingtaine de bâtonnets sont placés dans une boite ronde ouverte sur le haut, ils la prennent et la secouent à deux mains jusqu’à ce qu’un bâtonnet tombe. Alors, moyennant une offrande le bonze déchiffre les inscriptions qui figurent sur le bâtonnet.  Frapper du poing sur un gong de bronze en faisant un vœu et libérer un oiseau captif est pratique courante, c’est le signe du respect d’une des vertus principales, le respect de la vie sous toutes ses formes. Je ne savais pas pourquoi l’on trouve de partout des décorations symbolisées par des najas. Le naja est l’animal qui protégea bouddha des intempéries, il est le lien entre le ciel et la terre, entre l’esprit et le prophète. L’offrande à Bouddha la plus prisée est la fleur, voila pourquoi toutes ces compositions florales, entre autres les malais qui sont des colliers de fleurs de boutons de jasmin, de roses, de pâquerettes ou d’orchidées que l’on trouve à tous les rétroviseurs des bus en gage de chance et de bonne route. Les jads pans sont de gros boutons de fleurs de lotus ils représentent la pureté et la beauté. Le bonheur et la réussite sont représentés par les bais-sris, pyramides de feuilles de bananiers pliées et piquetées de boutons de fleurs.  Pour mon dernier dîner sur Koh Lanta un monstrueux barbecue thaï m’attend. Il s'agit de faire cuire des crevettes, des calamars des œufs et du canard sur une sorte de coupole métallique préalablement enduite de graisse animale, c’est excellent accompagné de riz blanc parfumé et c’est très convivial. A la fin du repas j’ai droit à ce mauvais whisky avant ma dernière nuit sur Koh Lanta.

 Krabi et la baie de Phang Nga.

Au petit matin toute la famille s’apprête à me réserver un très chaleureux au revoir et m’accompagne à l’embarcadère où le bateau pour Krabi m’attend. Krabi est un petit port très agréable où règne une atmosphère provinciale. Je ne resterai qu’une journée à Krabi car avant de rejoindre Bangkok je compte passer par Phang Nga. Je profite de ma journée à Krabi pour aller au cimetière des coquillages. Au cours des millénaires des plaques de coquillages ont formé des dalles solides qui s’enfoncent dans la mer. Avant de rentrer je me rends au Wat Tham Seua, un monastère bouddhique très curieux adossé à une haute paroi rocheuse dans une forêt tropicale superbe. Pour accéder au temple je gravis un escalier bordé de cellules monacales en bois puis j’aborde un sentier et longe les cellules où vivent les moines coincés dans leurs grottes. Cette balade est insolite et un rien mystique. Avant de retourner au “K.R Mansion hôtel” je vais dîner sur le marché où se trouvent des dizaines de cantines ambulantes, je passe un long moment à table avec des étudiants en vacance pour une semaine. Ils fêteront Songkhram ici. Demain je me rendrai à l’arrêt des bus pour partir à Phang Nga.  Le bus “Deluxe” n’est pas encore arrivé, il me faut attendre une heure, le temps de me désaltérer et d’acheter quelques friandises, des fruits séchés et des galettes pour la route. A 90 kilomètres au nord de Phuket la baie de Phang Nga est plantée et parsemée de pitons calcaires recouverts de végétation, de véritables champignons de mer dont la base est rongée par l’eau qui a creusé des grottes naturelles impressionnantes. Ce site est unique au monde et l’ambiance est archi touristique, il se trouve à sept kilomètres du bourg de Phang Nga. Je fais l’excursion à travers la baie par mes propres moyens en louant une pirogue plutôt que d’être entassé dans un de ces bateaux de type “bateaux-mouches”. La pirogue à moteur longe une épaisse forêt de mangrove, ici c’était le repère de gavials (les plus gros crocodiles du monde). Au moment où je pénètre dans la baie j’aperçois des peintures rupestres qui recouvrent les parois calcaires.  Et puis, face à moi un décor unique au monde me crève les yeux. A perte de vue de gigantesques formations calcaires à pic dans la mer de toutes tailles et toutes formes m’offrent un spectacle éblouissant. Je rentre dans la baie, la pirogue passe sous une arche marine et j'atteins la grotte de Tham Lot. Tout près d’elle, le célèbre “Rocher de James Bond”, l’île de Koh Pinggan où a été tourné “l’homme au pistolet d’or” avec Roger Moore. L’île est minuscule et j’évite d’accoster. Demain je terminerai par l’île Koh Pannyi.  Nouvelle journée en pirogue pour atteindre le gipsy village, village lacustre de Koh Pannyi, entièrement constitué de maisons en bois sur pilotis. Le village est habité par les gitans de la mer. Je vais visiter l’école pour éviter l’artère principale où sont entassées d’innombrables boutiques de souvenirs prises d’assaut par les touristes. Je fais ensuite une balade sur les pontons de bois aux planches désaccordées et retourne au bourg pour envoyer quelques cartes postales, quelques E-mails puis téléphoner à Rattana que je retrouverai demain. Je fonce ensuite réserver un bus pour Bangkok et me rends au port pour dîner.

 Retour à Bangkok, jour de l’an chinois et fête de l’eau.

De Phang Nga à Bangkok il y a quatre heures de trajet en bus climatisé. J’arrive à 13 heures aux abords du parc de Lumpini au sud-est de Bangkok. Plus de problèmes pour regagner Bang Bua Thong, je sais maintenant comment naviguer dans la capitale. Bus jusqu’à la rivière Chao Praya, bateau-bus jusqu’à la dernière station de Nonthaburi et bus jusqu’à Bang Bua Thong. Rattana est resplendissante et surtout très heureuse de me retrouver, la maison est toute décorée de fleurs en papier de soie car ce week end sera le jour de l’an chinois et la fête de l’eau “Songkhram”. Pendant cette fête tout s’arrête, les entreprises ferment, les écoles aussi, tous les gens sont dans la rue, il y a du théâtre et des orchestres de partout.  Les thaïs aiment faire la fête et se laissent vite emporter par l’alcool. Chaque année durant Songkhram c’est à peu près une centaine de morts par accidents à Bangkok et un peu plus à Chiang Mai, dans le reste du pays on ne sait pas. Demain matin avec Rattana nous irons à Kao San Road  l’après midi et la nuit nous la passerons au parc de Sanam Luang. A Kao San Road l’ambiance est à son comble, une foule compacte déambule dans tous les sens, c’est la bousculade la plus totale. Durant deux jours et deux nuits il faut s’asperger mutuellement d’eau et s’enduire le visage d’une sorte de farine mélangée à l’eau qui est parfumée au jasmin. La tenue de rigueur est le short, le débardeur et les tongs. Plus on est trempé et plus on est couvert de blanc plus on est heureux. Jadis, les thaïs utilisaient de petits bols pour jeter l’eau sur la figure des gens mais aujourd’hui tout est bon, depuis le seau, le pistolet à eau, la lance et même les fusils à air comprimé qui ont une portée de six à huit mètres.  Déjà quelques jours avant la fête les hôtels de Bangkok sont assiégés et archi combles, les réservations se font un mois à l’avance. Les trains venus de tous coins du pays prennent deux fois plus de passagers que ce que leur nombre le permet. Les personnes âgées restent enfermées, c’est démentiel ! Nous sommes trempés de la tête aux pieds et n’avons pas le temps de sécher pour prendre le bus qui mène à Sanam Luang Parc où la fête bat son plein. Les bus et les voitures sont aussi des proies aux jets d’eau. Les passagers qui dégoulinent trempent les sièges, mais  qu’importe !  A Sanam Luang au cœur de la kermesse il est interdit de s’asperger car il y a de nombreux stands de nourriture ou de souvenirs religieux, par contre on doit asperger les petits autels bouddhiques qui ont été érigés dans toutes les allées.  Rattana a acheté une dizaine de petits flacons remplis d’un liquide jaunâtre parfumé au jasmin, elle m’en donne trois pour aller les verser sur la tête d’un Bouddha assis. Il est bientôt minuit nous sommes toujours trempés alors nous calmons le jeu en allant lécher les boutiques. Il y a même un stand où l’on enseigne l’amour de son prochain. Je me fais lire dans les lignes de la main mais l’interprétation et la traduction en mauvais anglais ne m’apprend pas grand chose. Je commence à en avoir assez et compte bien rentrer rapidement. C’est foutu, car le trajet retour durera trois heures, trois heures d’embouteillages et de queues. Nous arrivons harassés pour nous jeter dans la baignoire et foncer au lit. Nous ferons surface le lendemain à onze heures pour un copieux petit déjeuner.  Aujourd’hui sera comme hier, dans le lotissement les enfants attaquent avec leurs pistolets à eau. Ils jouent autour de la maison des esprits. Il en existe toujours une à coté d’un immeuble ou dans un lotissement. C’est une petite pagode colorée posée sur un pilier. Cette demeure miniature abrite l’esprit de la maison “ Phra Phum”. La maison des esprits ou “Phis” est la première chose qui est construite, elle n’est pas placée n’importe où, surtout pas à l’ombre. L’édifice comprend une pièce avec terrasse destinée à recevoir les offrandes. Chaque soir un bouquet de fleurs quelques bâtonnets d’encens et des bougies sont disposées sur une petite galerie. A chaque anniversaire de l’immeuble, le jour de l’an et lors de cérémonies particulières des aliments sont offerts selon un rituel bien précis avant onze heures. L’étranger invité doit demander la permission d’entrer, si non, il risquerait de très mal dormir, l’esprit viendrait s’installer sur sa poitrine pour engendrer d’horribles cauchemars.

Le grand retour.

Il ne me reste plus qu’une semaine avant de quitter la Thaïlande. Rattana n’arrive pas à se mettre en tête que je dois bientôt l’abandonner. Nous entamons une longue discussion et établissons un projet. Dans neuf mois je retournerai en Asie en transitant par Bangkok et nous prenons comme décision pour l’année prochaine de rentrer tous les deux en France pour au moins trois mois. Demain dès que les administrations seront ouvertes nous irons nous renseigner sur les formalités à accomplir afin que ce soit réalisable.  Je n’arrive pas encore à réaliser qu’il faut que je quitte cette terre et que va s’arrêter cette merveilleuse aventure. Pour les quelques jours qui me restent à passer à Bangkok je dois téléphoner à mon ami Alain pour convenir d’un rendez-vous  pour un dernier repas thaïlandais ensemble. Plus que deux jours pour retourner revoir une dernière fois tous les coins que j’ai tant adoré à Bangkok: les bords de la Chao Praya, Golden mountain, le wat Phra Kaeo, le wat Arun, Suam Pakard Palace, Lumpini parc, Jim Thompson House, Chinatown...............

Le départ.

Ce soir à 22 heures alors que ma valise et mon sac à dos sont prêts, Rattana téléphone au taxi qui va nous accompagner à l’aéroport Don Muang. Nous roulons une heure sur la Toll Road et nous voici dans le grand hall pour accomplir les formalités d’embarquement.  C’est au moment où l’avion décolle que je réalise que la dernière page d’un bouquin est tournée. Je n’arrive pas à dormir et le trajet me paraît sans fin. Trop de choses trottent dans ma tête. C’est en arrivant à Copenhague que je me rends vraiment compte que je viens de quitter une bien belle planète.  Aéroport Nice Côte d’azur et puis Grasse. Pendant plus de quinze jours ma tête et mon cœur resteront tournés vers l’Asie.

 Deux mois plus tard !

Je travaille pour préparer mon prochain départ et me rapproche des autorités françaises pour obtenir l’imprimé nécessaire afin que Rattana puisse rentrer en France avec moi en mars prochain. Grâce à la magie d’Internet nous échangeons beaucoup. Rattana me fait parvenir trois photos d’identité, j'établis le dossier et le lui renvoie. Nous pensons que trois mois en France sont nécessaires car Rattana comme tous les thaïs rêve de voir Paris et les hautes montagnes couvertes de neige. Les quelques mois d’hiver qui me restent à  passer en France je les consacre à la préparation de mon prochain itinéraire en Asie du sud-est. Je décide donc que se sera la Thaïlande, les régions du Nord-est le long du Mékong, l’extrême Est et l’I-Sam puis le Sud Laos.

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25 juillet 2015

ANNEE 2003: THAILANDE - LAOS - THAÏLANDE

ANNEE 2003

THAÏLANDE - LAOS - THAÏLANDE

 

 

Retrouvailles.

Le temps a vite passé, nous sommes le 5 avril et me voilà cette année dans l’avion de la Swiss Air qui fait escale à Zurich. Après une attente de cinq heures je m’envole enfin pour Bangkok où j’arriverai Jeudi 6 avril dans l’après midi.  A Bangkok Rattana m’attend à l’aéroport, elle était là depuis une bonne heure. Le moment est aux retrouvailles, nous nous rendons à la terrasse du café de l’aéroport car nous avons beaucoup à nous raconter. Nous appelons un taxi pour regagner Bang Bua Thong que je suis ravi de retrouver. Je m’installe chez Rattana comme chez moi, et j’ai l’impression de n’avoir jamais quitté ce lieu. Mais je n’y resterai pas longtemps. A peine arrivé et délassé nous prenons le bus pour That Nam Noon proche du port de Nonthaburi car j’ai beaucoup de E-mails à envoyer pour informer mes proches de mon bon vol et de mon arrivée à bon port.  Le cœur de Bangkok qui me manquait énormément est maintenant à ma portée. Compte tenu que je connais bien le centre historique de la ville je décide d’aller me cultiver en assistant à une conférence traitant du bouddhisme. Rattana me rejoindra plus tard.

Temples et Bouddhisme.

En Thaïlande il y a plus de temples bouddhiques que ce qu’il y a d’églises en Italie. Le Wat c’est le nom donné au temple bouddhique, il est constitué d’une multitude d’édifices regroupés en plusieurs formes architecturales différentes. Chacun des bâtiments composant le temple correspond à une fonction bien définie: école, lieu de culte, lieu de réunion, lieu de retraite monastique. Tout homme thaïlandais passe plusieurs semaines de sa vie dans le Wat qui est le centre de la communauté citadine et villageoise. Les angles des toitures des temples sont décorés avec des motifs en forme de cornes qui éloignent les esprits malfaisants et qui sont le symbole de l’indépendance. Ces cornes sont appelées “Galae” ou “ailes libres de Thaïlande”. Dans chaque temple il y a au moins un Prang et un Chedî. Le Prang est une haute flèche en forme de doigt richement sculpté qui provient de la période d’Ayutthaya du XVII ème siècle. Le Chedî, “tour sanctuaire” abrite les cendres du saint et des hauts personnages, il repose sur une base circulaire et au milieu s’élève une flèche élancée dont les gradins symbolisent les étapes à franchir pour parvenir au nirvana. L’ensemble est souvent couvert de feuilles d’or. Un bouton de fleur surmonte tous les temples. C’est le lotus “Nelumbium spéciosum”, il symbolise la prospérité, la fertilité, la beauté et le progrès. Il est pour les thaïlandais le signe du bouddhisme et leur rappelle l’aptitude de l’âme humaine à s’extraire de l’obscurantisme pour atteindre avec tout le rituel religieux les sommets de la pureté, de la connaissance et de la sagesse.  Le bouddhisme est pratiqué par 337 millions d’habitants sur 5,6 milliards que compte notre planète. Il tend à se développer dans les pays occidentaux car il séduit bon nombre de personnes saturées du matérialisme et du monde moderne. Cette religion apparaît comme une religion tolérante, plutôt cool et souriante.  Comment est né ce bouddhisme ?  C’est en 563 avant jésus christ, en Inde, au pied de l’Himalaya qu’à l’âge de 20 ans s’échappa le riche prince Siddharta Gautema. Il fit trois rencontres, celle d’un vieillard, celle d’un malade et celle d’un mort. A partir de là, il comprit que l’homme ne pouvait échapper au temps. Il abandonna tout, famille et fortune pour entamer une vie d’ascète et parvenir au Nirvana. Pour y parvenir il médita immobile pendant 49 jours en luttant contre les tentations de Mara, le seigneur de la mort. Gautama parvint à l’état de Bouddha  “l’éveillé”, un stade de connaissance parfaite.  Durant la longue conférence à laquelle j’ai assisté, j’ai appris que la vie est assujettie à la souffrance (duhkha), que la souffrance est causée par les désirs (tanha). Conclusion: renoncer aux désirs entraîne l’arrêt de la souffrance et pour y parvenir il suffit de renoncer au monde, de se détacher de soi et suivre “l’octuple sentier”. L’octuple sentier est un mode de vie quotidien fondé sur huit principes dépendants les uns des autres: la compréhension juste, l’intention juste, la parole juste, l’action juste, le mode de vie juste, l’effort juste, la conscience juste, la concentration juste. Accepter sincèrement ces quatre vérités et ces huit principes permet de se libérer du cycle sans fin des renaissances (samsâra) et atteindre le Nirvana par la méditation. Ce n’est pas tout, il fallut propager cette pensée, aussi tous les adeptes de bouddha quittèrent l’Inde pour colporter leur pratique. Le bouddhisme conquit alors la plupart des pays asiatiques. On distingue cependant deux sortes de bouddhismes: le Mayahana “grand véhicule” rependu en Chine, au Tibet et au Japon et le Theravâda “petit véhicule” pratiqué en Asie du sud-est, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam. En Thaïlande les bonzes sont vêtus d’une robe safran, ils interviennent dans les affaires courantes et sont sollicités pour donner leur avis. Certains travaillent bénévolement à la construction ou à la rénovation des temples. Quant aux bonzesses (nonnes) elles vivent dans les monastères à l’écart des hommes, elles sont vêtues de blanc et ont le crâne rasé. Les bonzesses restent novices toute leur vie et ne jouiront jamais du prestige des bonzes. C’est la faute à bouddha qui ne voulait pas d’ordre féminin. Comme elles ne peuvent pas sortir du monastère pour aller quêter, ce sont les bonzes qui partagent avec elles la nourriture qu’ils ont récolté.

Le musée national et Bang Pha-In.

A peine remis de ma méditation, j’ai subitement une petite faim. Rattana me rejoint près de l’arbre sacré et nous partons déjeuner dans une cantine située au port de That Chang. Quelle chance, des Pad Thai ! Voici la liste des ingrédients nécessaire pour accomplir ce plat: nouilles au riz, eau, huile végétale, cébettes, carottes, soja, piment, crevettes, sucre, cacahuètes pilées, œuf, sauce au soja.  Au milieu de l’après midi avant de regagner Bang Bua Thong nous allons visiter le musée national de Bangkok. Le musée est superbe, Rattana va se procurer un plan afin de faciliter notre visite car il y a de nombreux édifices. Ici tout l’art thaïlandais y est représenté d’une façon merveilleuse. A l’entrée dans les deux grandes salles est retracée toute l’histoire et la préhistoire du pays. Nous ne négligeons rien, depuis l’exposition de tous les objets liés au transport, les collections de masques, les figurines de théâtre, les armes, les tissus et costumes traditionnels, les instruments de musique. Nous passons ensuite dans les appartements de la princesse puis à la chapelle Buddhasawan au plafond superbement décoré.  Nous regagnons la maison où Bang On qui a préparé le repas du soir nous attend. Demain nous partirons tous les trois à Bang Pha-In pour y passer la journée. Bang Pha-In est une île située sur la rivière Chao Praya proche de Ayutthaya, sur laquelle se trouve un palais royal. C’est le palais d’été construit par Rama V à la fin du XIX ème siècle. Les bâtiments sont de style européano-thaï. Au milieu du lac baigne un très joli pavillon qui est la copie d’un pavillon du grand palais de Bangkok. Après une longue séance photos avec Rattana et sa sœur nous marchons à travers l’immense parc et passons devant une sorte de grand phare pyramidal que Rama V avait fait construire en mémoire à son épouse la reine Susanda qui s’était noyée ici même, car ses serviteurs n’avait pas le droit de la toucher (même pas pour la sauver). Bien fait !  Le parc est parfaitement entretenu, il est planté de manguiers, de figuiers, d’orchidées et d’arbustes taillés en forme d’animaux. A l’issue de nos découvertes, nous rentrons à Bang Bua Thong en bateau. Demain nous irons manger chez mon copain Alain car après demain je passerai ma dernière journée à Bangkok avant de partir pour mon ascension vers le Mékong.

Déjeuner chez Alain et Bangkok.

Aujourd’hui dimanche, de bus en bus entre Bang Bua Thong et Bankapi, nous avons mis deux heures à travers les embouteillages pour atteindre le quartier où vit Alain. Mais avant de nous y rendre, nous sommes allés nous réfugier dans le Mall car un violent orage s’est abattu sur la ville. “The Mall” est un grand magasin de produits de luxe pour tout ce qui concerne l’habitat. Le sous sol est réservé aux bijoux et aux parfums. Une heure et demie plus tard nous faisons surface. La grande artère que nous traversons est couverte de dix centimètres d’eau, nous quittons nos chaussures et poursuivons pieds nus jusqu’à ce que nous trouvions un tuk-tuk qui nous déposera devant le portail de la maison d’Alain au soi 7/11 de Kwang Suan street. Après quelques pastis “51” nous passons à table.  Foie gras en entrée, pour plat de résistance canard au caramel et pour finir plateau de fromage (camembert et roquefort). Alain ramène le foie gras et le roquefort de France qu’il congèle et qu’il sort lorsqu’il reçoit des convives français. Un bon vin rouge italien accompagne ce repas. Nous passons la fin d’après midi dans la maison climatisée avant de reprendre le chemin du retour, en taxi cette fois.  Aujourd’hui nous nous faisons déposer devant le Wat Pra Kaeo où j’achète deux ombrelles en papier de soie pour 80 bahts (1,5 euro). Sur le chemin qui mène au Wat Sri Sakhet, Rattana me propose d’entrer dans le Wat Ratchanadaram où se déroule une cérémonie d’offrande à Bouddha. Un bonze très âgé arrose d’eau bénie les fidèles qui viennent nombreux pour apporter des fleurs et de la nourriture au temple. Nous longeons ensuite le marché aux amulettes pour aller visiter un temple hindou dédié à Vishnou. De retour nous flânons à Sanam Luang parc où nous passons un long moment à regarder les centaines d’enfants jouer avec leurs flamboyants cerfs-volants. Rattana s’assoie en tailleur devant un diseur de bonne aventure qui lui lit dans les lignes de la main. Une séance coûte de 50 à 400 bahts (1 à 8 euros) selon le temps passé. Demain je quitterai Bangkok pour un long périple à Phu Kradung et dans le nord du pays, le long du Mékong.

Montée vers les rives du Mékong.

Je dois aller à Phitsamulok, à 480 kilomètres au nord de Bangkok. Le bus pour Phitsamulok démarre à 5 heures et demi du matin du terminal Nord de Mo Chit, le prix du trajet est de 218 bahts (4,5 euros). Il s'agit d’un superbe bus climatisé VIP, dans lequel est servi le déjeuner par de ravissantes hôtesses. Au menu: barquette de riz gluant et porc en sauce piquante. Cette journée je la passe d’un bus à l’autre car à Phitsamulok il me faut prendre un tuk-tuk jusqu’au terminal Sud-Est pour sauter dans un autre bus pour Lomsak.  Ce n’est pas fini car à Lomsak j’attends une heure un autre bus pour Loei pour un trajet de 3 heures. J’arrive enfin à Loei, total du trajet avec trois bus plus un tuk-tuk, 800 kilomètres, (9,5 euros).  Loei est une petite ville sympatique et surtout intéressante car elle est le point de départ pour mon excursion vers Phu Kradung. Je m’installe dans une chambre tristounette car il n’y a pas tellement de choix ici et n’y resterai qu’une seule nuit. Ce soir je suis au marché de nuit où se trouvent de nombreux stands qui proposent des viandes grillées, des fruits et de petits gâteaux roulés. Avant de rentrer je vais passer un moment au Kun Yai Bar de style ranch. Tatee la gérante est mignonne à croquer, elle me fait écouter de la musique rock et me sert une “Singha”. Bonne nuit !

Le parc national de Phu Kradung.

Aujourd’hui pour me rendre au parc de Phu Kradung je prends un tuk-tuk qui me dépose au terminal nord. A 9h30 le bus pour Loei démarre.  Le parc national de Phu Kradung est le plus beau parc naturel thaïlandais, il est dominé par un vaste plateau gréseux qui s’étale sur 55 kilomètres. Pour y parvenir il me faut marcher pendant cinq heures pour atteindre 1288 mètres d’altitude. ( 8,5 kilomètres de grimpette sous 36 degrés.)  Le site selon une légende aurait été découvert il y a deux siècles par un laotien parti sur les traces d’un gaur. Aujourd’hui la réserve témoigne encore d’une vie animale très préservée car y vivent des chacals d’Asie, des écureuils noirs géants, des gibbons aux mains blanches, des éléphants et des tigres. La “montagne cloche” est couverte de variétés florales méditerranéennes, tropicales et océaniques. Je m’acquitte d’un droit d’entrée modeste pour affronter un dénivelé de 1100 mètres à travers une forêt luxuriante. La pente est raide mais cette montée est superbe et jalonnée de buvettes. Je fais un bout de chemin avec un groupe d’étudiants qui vont camper au sommet, ils sont surchargés de fardeaux et d’instruments de musique. Quant à moi, j’ai pris mes précautions en confiant à l’entrée du parc mes bagages à un porteur qui me les déposera au sommet moyennant un prix en fonction du poids. Certains passages sont particulièrement difficiles à franchir, il faut s’accrocher à des lianes et aux rochers, quelquefois des parois abruptes doivent être escaladées avec des échelles en bambous. Mon effort sera bien récompensé en arrivant au sommet pour la séance photos et vidéo. Sept bonzes me demandent de leur tirer le portrait, ils ont fait la même ascension que moi mais pieds nus. Ensemble, nous continuons la partie plate du sentier qui mène au QG. La végétation est très dense de style jungle et soudain un beau tableau surréaliste de savane africaine et de forêt méditerranéenne avec des pins provençaux le tout parsemé de rhododendrons et d’azalées.  Arrivé au QG je retrouve le groupe d’étudiants qui est en train de monter les tentes. Je négocie une sorte de cahute en bois et loue deux matelas pour avoir plus d’épaisseur. Hébergement plus location: 200 bahts (4 euros). Je passerai trois nuits ici pour pouvoir accomplir toutes les balades. Au QG se trouvent quelques boutiques pour se ravitailler ou se restaurer sommairement. Ici, tous les ingrédients et le matériel sont acheminés à pied par l’homme et la femme . Ma première nuit je la passe sous la tente des étudiants, au son de la guitare, les nanas chantent en thaï et je suis en train de vivre l’ambiance « Scouts de France ». Demain tous ensemble nous entamerons la première longue balade.  Lever à 5 heures pour aller à Nok An à 1,8 km du QG où nous attendrons le lever du soleil au bord d’une falaise abrupte. Nous sommes installés sur le colossal rocher qui surplombe la plaine de Loei sur lequel a poussé un gros pin. Le spectacle est spectaculaire !  Nous entamons maintenant une longue marche de 18 km d’est en ouest du plateau, “le tour des précipices”, pour arriver à Lomsak cliff. Nous rentrons harassés et avant de regagner la tente nous nous ravitaillons dans une gargote où nous trouvons des soupes chinoises en poudre, du riz frit, des œufs, des friandises et des boissons alcoolisées. Nous achetons des bougies et des allumettes pour une veillée musicale agrémentée du mauvais whisky local. Wee chante très bien, sa sœur nous masse pour apaiser nos courbatures. Je regagne mon toit assez tôt car demain nous avons prévu deux itinéraires merveilleux.  Il fait frisquet ce matin, deux heures sont nécessaires pour faire le “chemin des cascades”. Il y a cinq cascades: Wang Kwang, Pen Pob Maï, Phon Pob, Tham yai et Pen Pob. Ici nous sommes en contre bas du plateau et la végétation est particulièrement luxuriante. Cet après midi nous finissons par le “chemin des azalées”. Onze kilomètres aller-retour puis nous passons devant la grande cascade de Thamsok Noo, le temple du Bouddha et la mare de Ano Dard. Cette nuit à quelques mètres de mon toit, j’aperçois des yeux  scintiller dans le noir, ce sont des biches, je les contemple pendant un long moment avant de sombrer dans un profond sommeil. Demain j’entreprendrai la longue descente sur Loei. Les étudiants resteront une nuit de plus sur le plateau. Il est maintenant sept heures du matin et c’est parti pour couvrir les neuf kilomètres de descente périlleuse sur Phu Kradung town. Après quatre heures de marche je me délasse et me désaltère avant de prendre un songthaew pour Loei. Le temps ne me permet pas de passer une nuit de plus à Loei je décide donc de remonter vers le Mékong en prenant un autre songthaew.

 Le long du Mékong.

La première bourgade nichée au bord du Mékong est Chiang Khan, un havre de paix parfois dérangé par le bruit des moteurs des longues-queues qui sont le seul moyen de locomotion rapide pour les gens du coin. Le village commence à être dénaturé par un peu de béton au milieu des maisons de teck construites sur pilotis. Je m’établis à “Ton Khong guesthouse” une maison propre et sympa au prix très raisonnable (150 baths- 3euros) la nuit. Aujourd’hui Samedi, je loue un vélo pour aller me promener le long du Mékong jusqu’aux rapides de Kaeng Khut Khu où le fleuve se rétrécit dans un coude qui forme une plage. Selon la légende un énorme rocher bloquait jadis le cours du fleuve, une divinité serait intervenue pour le déplacer et redonner ainsi vie au bas Mékong. Devant le gros rocher des thaïs posent pour la séance photos de famille. Les spécialités du coin sont les confiseries traditionnelles à base de tamarin et les copeaux de noix de coco séchés et sucrés. Après une baignade dans le Mékong, je pénètre à l’intérieur des terres et emprunte un superbe itinéraire à travers les champs de coton, les rizières et les arbres fruitiers. La variété de ces arbres est considérable: bananiers, manguiers, papayers, grenadiers, tamariniers, longaniers, mangoustans, ananas... Après huit kilomètres j’arrive au village de Paben où une pancarte m’indique un chemin de terre, je l’emprunte et passe devant un petit lac pour arriver à la grotte de Paben où je m’installe pour assister a l’envolée de centaines de chauves-souris. Dès mon retour je prends une bonne douche et vais passer la soirée avec les pêcheurs du Mékong. Moment inoubliable ! Ceux-ci m’invitent à manger et participer à leur activité.  Avant d’aller au dodo je vais prendre un thé au gingembre et une glace au “Rimklong Pub” où je rencontre Sandrine, une suissesse avec qui j’irai à Sri Chiang Maï demain. Sandrine connaît une guesthouse à Sri Chiang Maï  tenue par Daniel un suisse francophone marié à une thaïlandaise. Nous nous installons donc à “Tim guesthouse” pour trois dollars la nuit. Nous sommes au bord du fleuve magique et en face de nous sur l’autre rive on aperçoit Vientiane la capitale du Laos. Nous louons deux vélos pour aller découvrir la ville qui est peuplée d’un grand nombre de minorités laotiennes et vietnamiennes ayant fuit les régimes communistes voisins. Nous passons ensuite la soirée à “Tim Guesthouse” pour manger de vrais saucissons français avec du vrai pain. Avant d’aller nous coucher la femme de Daniel nous fait écouter un CD de “Parn” la grande vedette première au “top 5” thaïlandais.  Aujourd’hui comme nous sommes deux il est préférable de louer une moto pour 200 bahts la journée (4 euros). A la sortie de Sri Chiang Mai nous passons par les fabriques de rouleaux de printemps, tenues par des réfugiés. La pâte est fabriquée à partir de farine de riz et de sel, elle est déposée sur des plaques de fonte bouillantes pour obtenir de grandes crêpes translucides qui sont ensuite étalées sur du bambou tressé et déposées en plein soleil pour sécher. Ces disques blancs translucides sont exportés dans le monde entier. Nous nous dirigeons vers Ban Phu en faisant une première halte à “Funny trees”, un grand parc entièrement couvert de buis géants taillés en formes animales, puis au Wat Nam Mong. Nous déjeunons près du marché de Thabo dans un restaurant assiégé par les écoliers des écoles environnantes. Une convention a été passée  entre les établissements scolaires, la commune et le restaurateur pour accueillir les enfants car il n’y a pas de cantines ici. Les enfants se gavent de riz gluant pimenté ou du plat national, les Pad Thai. Nous regagnons la moto pour grimper sur le sommet de la colline de Phupan où se trouve l’entrée du parc historique de Phu Phra Bat. Entre 1500 et 3000 ans av JC une communauté installée dans la région s’abritait dans de bizarres formations rocheuses, il reste aujourd’hui des peintures géométriques ocre-rouge. Certains de ces abris rocheux furent transformés en salles de culte destinées aux cérémonies religieuses. Le Ha Nang Ou Sa en forme de colossal champignon marque les huit points cardinaux de l’espace. Le Tham Phra est un abri transformé en temple hindo-bouddhique et les Tham Kon et Woor représentent des taureaux et sept hommes en position de marche. Pour retourner à Sri Chiang Maï nous trouvons une piste hors des sentiers battus et traversons de pittoresques villages absolument ravissants: Ban Tiu, Banklang Yai, Ban Pho, Ban Non Sagria, Ban Don Ko et Bab Thai Samakhi. Sandrine restera un jour de plus à Sri Chiang Maï, quant à moi je rejoindrai Nong Khai.  Sur cette route, le long des berges du fleuve nourricier je suis ébloui par des panoramas grandioses et une nature sauvage. J’ai un peu l’impression d’être dans un paradis perdu, entre la modernité thaï et la tradition laotienne. Quelques personnes parlent un mauvais français et me racontent  que certains soirs on peut rencontrer “Phrayanak” le dragon serpent du Mékong. Il se manifesterait en crachant des sortes de boules de feu dirigées par grappes vers le ciel.

Nong Khaï et les mauvaises nouvelles.

Nong Khaï est la destination phare des routards car le pont de l’amitié sur lequel je me trouvais l’année dernière est le moyen d’accès le plus facile lorsqu’on veut passer de Thaïlande au Laos ou inversement. Nong Khaï malgré son explosion touristique n’a pas balayé tout son passé car il reste encore beaucoup de demeures traditionnelles et on y cuit toujours la baguette à la française. Je m’installe à “Rimkhong” guesthouse proche des berges du Mékong, ma chambre donne sur un jardin exotique où il fait bon passer des moments à écrire, dessiner et dialoguer avec d’autres routards prêts à rentrer au Laos. Je fais la connaissance de Philippe, un avignonnais qui traîne depuis neuf mois en Asie du sud-est. Il vivait sur une péniche sur la Durance. Il a tout plaqué, vendu sa péniche à bon prix et dépense maintenant son fric là où il se sent bien. Aujourd’hui de mauvaises nouvelles font la “UNE” de tous les journaux. NEWS:Asian flu epidemic. Fears for tourism as who errs. Thaïland wrongly named as hight risk worries about the so called Asian flue Epidemic could throw the travel industry into avoc, just a fear of war is descouraging tourist for visit Thaïland is at hight risk of the Severe Acute Respiratory Syndrome (SARS) Airports , hospitals across the world on Hight Alert. Le SARS venu du sud de la Chine gagne la Thaïlande et le nord Vietnam et à compter d’aujourd’hui des mesures de précaution sont mises en place. Tout le monde sera doté de masques de tissus blanc à porter dans tous les lieux publics à grandes concentrations: gares, aéroports..... Ce n’est pas la panique mais tout le monde parle de ça. Il y a souvent la queue devant les dispensaires et les urgences car les gens croient avoir attrapé la maladie dès qu’ils ont la moindre toux. Pour nous remettre de ces mauvaises nouvelles avec l’avignonnais nous allons dîner sur le bateau restaurant qui remonte et redescend une partie du Mékong durant le temps du coucher du soleil. Mercredi 19.  Deuxième triste nouvelle ! Les américains viennent de déclarer la guerre contre l’Irak et affirment qu’ils ne feront qu’une bouchée de Sadam Hussein sans aucune perte humaine .......... Prétentieux !  Avec mon copain Philippe nous partons à bicyclette à travers la ville et allons déjeuner dans une gargote sur le bord du Mékong, nous prenons un gros poisson de 40 centimètres pour deux. Pour faire la digestion nous passons l’après midi à Sala Kaev Koo, un immense jardin, copie conforme du Bouddha parc de Vientiane. Les statues de béton représentent des divinités du panthéon hindou, elles sont encore plus minables que les Bouddhas laotiens.  Après un long repos à la guesthouse et une séquence cartes postales, nous nous retrouvons sur les quais du Mékong pour un barbecue thaï. Je quitterai le Mékong demain pour  descendre tout doucement sur Phi Maï.

Phi Maï et les berlinoises.

Le trajet est bien long, avec le train de 8 heures qui n’arrivera qu’à 13 heures à Chonabot où je ne resterai qu’une journée. A Chonabot je visite les tisseries et me trouve en admiration devant ces femmes qui avec dextérité teignent, tissent et nouent la soie. Elles travaillent des dessins multicolores selon la technique “mutmee” (teinture à nœuds). Toutes les étapes de la fabrication depuis l’élevage des vers à soie jusqu’aux produits finis sont retracées au thaï silk exibition hall. Tout à coté de Chonabot je vais dans un petit village pas comme les autres, Khok Sanga Na Ngam. Ici, ce ne sont pas les chiens qui gardent les maisons mais des colonies de cobras qui évoluent en toute liberté à l’intérieur des foyers. Une fois par an dans ce village est élue miss soie. De retour à Chonabot je vais me désaltérer près du poste de police. Des policiers en tenue réglementaire jouent à la pétanque. Je fais deux parties avec eux et suis stupéfait par leur adresse, à croire qu’ils ne font que ça de toute leur journée. Je rentre dîner au marché, quant un violent typhon dévastateur s’abat sur la ville. Je vais me réfugier sous la grande halle pour attendre l’accalmie. Après une heure et demie d’angoisse je mange et regagne mon hôtel. Demain j’arriverai à Phi Maï. Ce matin je quitte Chonabot sous la pluie battante, j’atteins la gare routière pour y prendre le bus pour Phi Maï. Durant l’orage je n’ai pas pris suffisamment de précautions et mon portable a sérieusement pris l’eau. On verra ce qu’y est possible d’y faire à mon arrivée.  Phi Maï est une tranquille petite bourgade célèbre pour son merveilleux temple Khmer construit fin du XI ème siècle. Le village n’est pas encore envahi par le tourisme et il fait bon y vivre. “Old Phi Maï guesthouse” est une grande maison de bois calme et propre située dans une impasse qui débouche sur la rue principale du village. La guesthouse joue aussi le rôle d’agence de voyage car des tonnes d’informations sur la région y sont disponibles, ainsi que les horaires de tous les moyens de transport, elle possède aussi un atelier de location et de réparation de vélos. Aussitôt installé je ne perds pas une minute pour aller visiter le parc historique qui abrite le temple qui a donné l’inspiration pour la construction des temples khmers construits à Angkor au Cambodge. Le temple s’appelle  Prasat Hin Phimaï, il faut une bonne heure pour le visiter. Il est édifié sur le principe hindouiste du mandala (centre cosmique de l’univers). L’eau qui l’entoure figure l’océan, ses murailles les montagnes et le temple la montagne légendaire mont Méru. De retour au centre du village je me rends dans une boutique de télécommunication pour tenter de faire réparer mon portable. Ce n’est pas possible ici, alors le patron de la boutique me demande de repasser demain car il va me le  porter à Korat, la ville la plus proche.  Je resterai plusieurs jours à Phi Maï car je m’y sens bien et de plus j’ai besoin de faire le point avant de retourner faire un passage à Bangkok où Rattana m’attend pour terminer les démarches relatives à sa sortie de Thaïlande avec moi. Ce matin je me rends à la boutique de téléphonie pour le diagnostic, mon portable est sauvé et j’appelle alors Rattana pour savoir si tout s’est bien passé auprès des autorités pour l’obtention de son visa pour la France. Apparemment ça coince ! Il manque des papiers et une attestation de ma part. Je la rassure car dès mon arrivée nous irons à l’alliance française pour en savoir plus et régler la situation.  Alors que je me rends à la guesthouse, à deux pas d’y arriver je remarque deux européennes le nez dans un plan, assises sur le muret du temple khmer. “ Can I help you ? ” Elles sont en train de se demander comment faire pour aller voir le banian géant. Je leur explique qu’il se trouve à trois kilomètres d’ici et que le meilleur moyen pour s’y rendre est de louer un vélo. Je les emmène à l’atelier de location au pied de ma guesthouse, leur propose de les guider et nous voila parti. Ann et Marion sont deux berlinoises pas très débrouillardes mais qui aiment bien l’aventure et les voyages. Ann fait des études vétérinaires à Berlin et Marion travaille pour une grande agence de tourisme. Elles ne pédalent pas très bien mais nous nous éclatons beaucoup. Nous couvrons les trois kilomètres pour arriver dans le joli parc qui est l’endroit de promenade préféré des thaïlandais.La particularité du banian géant de 350 ans est qu’il est si grand, qu’il a fallut lui adjoindre une structure métallique pour le soutenir. Ses branches ont repris racines à l’infini au point de couvrit 2500 mètres. L’arbre est sacré, et au pied de son immense tronc se trouve un petit temple feuillu où de nombreux fidèles viennent poser des colliers de fleurs et faire brûler de l’encens.  Avec Ann et Marion nous nous installons sous une immense tonnelle pour y déguster une glace au coco, et léchons des yeux les étalages des boutiques à souvenirs. Les deux berlinoises me proposent de les accompagner jusqu’au grand temple situé deux kilomètres plus loin par une piste abominable qui traverse une végétation luxuriante. Elles ne feront à vélo que la moitié du chemin et le reste à pied car elles n’arrivent pas à le maîtriser. Nous retournons à Phi Maï, chacun rentre pour se rafraîchir puis nous prenons rendez-vous car ce soir nous irons déguster ensemble une fondue thaïlandaise. La fondue thaïe consiste à tremper des viandes, des légumes, du poisson, des pâtes au riz, dans un bouillon qui est une sorte de soupe chinoise. Viandes: canard, foie de volaille porc. Poissons: calamars, crevettes. Légumes: chou blanc, cébettes, maïs, citronnelle fraîche et des pâtes au riz. Trois sauces accompagnent ce plat, une aigre douce, une extrêmement piquante et une au citron. C’est succulent !  Avant de rejoindre Bangkok je m’arrêterai à Ayutthaya par le train de 8h30. A Ayutthaya je retourne à la même guesthouse où j’étais si bien l’année dernière. Je passe alors une journée pour revoir le Wat Mahathat et le prang aux éléphants. Je dîne au marché de nuit et vais déguster une glace dans la galerie marchande avant de rentrer. Demain, retour à Bangkok !

Bangkok: l’orage et les démarches.

A 8 heures je m’en vais prendre le train pour la gare centrale de Hua lampong de Bangkok. Un tuk-tuk me dépose au port de That Chang et de port en port  j’arrive à Nonthaburi pour prendre le bus pour Bang Bua Thong. Je passerai alors sept jours à Bangkok avec Rattana car nous avons les formalités à accomplir pour son visa. Je profiterai aussi du séjour pour retourner dans tous les quartiers de Bangkok que j’ai beaucoup aimé. Nous sommes mardi 25, Rattana doit aller à Prathunam pour négocier les nouvelles collections féminines qu’elle doit vendre. Elle me lâche dans le grand marché et j’en profite pour pousser jusqu’au Pantip Plaza pour y acheter des CD de jeux PC pour Yannis. Ici je trouve toutes les nouveautés qui ne sont pas encore sorties en France. Je longe le Central World et m’arrête à Erawan Shrine au quartier Siam. Le ciel se noircit lentement, je retourne vite récupérer Rattana au point de rendez-vous que nous nous étions fixé. Je change quelques dollars au noir avec un commerçant pour acheter un petit meuble à bijoux merveilleusement décoré. Les gouttes de pluie deviennent énormes, nous courons à l’abri au port fluvial pour attendre le bateau pour Nonthaburi. En sortant du bus pour Bang Bua Thong l’orage est d’une violence extrême. Nous rentrons à la maison trempés car il n’y a pas d’abri ici. J’ôte mes lunettes car je n’y vois pas à cinq mètres à la ronde et fonce à travers le lotissement. Nous nous dévêtons à l’extérieur pour ne pas inonder le salon et à ce moment je me rends compte que j’ai laissé tomber mes lunettes entre l’arrêt du bus et la maison. Je m’équipe d’un parapluie et avec Rattana nous allons essayer de les retrouver en faisant le trajet à l’envers. Mais c’est difficile de les repérer dans cinq centimètres d’eau. Ca y est, les voici ! Mais dans un piteux état car un véhicule les a broyées. Demain Rattana me conduira chez son opticien à That Nam Noon.  A l’aube, après un copieux petit déjeuner nous nous rendons à That Nam Noon, chez un opticien qui me fait choisir une monture et qui me taillera les verres pour demain. Coût de l’opération 4550 bahts (95 euros). Il est maintenant temps d’aller à Thanon Sathon Road à l’alliance française à l’autre bout de Bangkok dans le quartier des ambassades. Nous sommes fouillés des pieds à la tête avant de pénétrer dans les bureaux, et là, nous nous inscrivons sur une liste d’attente. Nous sommes reçus par un employé qui parle parfaitement le français et qui commence à éplucher notre dossier. L’attestation de la police municipale de Grasse leur convient, mais l’employé me réclame un justificatif de revenus des trois derniers mois ainsi que la déclaration des revenus de l’année écoulée. Les complications commencent et je sais alors ce qui me reste à faire. J’informe Yannis par E-mail et lui demande de fouiller dans mes papiers pour retrouver ces pièces qu’il me faxera le lendemain au siège des établissements “Jusco” où travaille Bang On. Il nous faudra donc retourner à nouveau à l’alliance française.  Cet après midi profitant du fait que nous sommes dans le sud-est de Bangkok nous allons au quartier Pathumwan avec le métro aérien. A la station Siam nous faisons les grands magasins et finissons à la maison de Jim Thomson pour nous relaxer dans le jardin exotique. Bang On rentre tard avec les fameux fax. Nous sommes furieux de penser qu’il nous faudra retourner à l’autre bout de Bangkok très tôt demain matin et qu’il nous faudra faire une longue queue. Nous voici de nouveau à l’aube à l’Alliance française. Le dossier semble complet, il ne me reste plus qu’à remplir une attestation sur l’honneur rédigée manuellement et expliquant les motivations qui nous poussent à faire ce voyage ensemble. Une demi-heure après l’employé me demande un extrait de mon jugement de divorce. Comment a t’il pu savoir que je suis divorcé? D’autant que la déclaration des revenus de l’année précédente comporte toujours deux parts et demi ? Bref ! Ras le bol ! Nous attendrons cette pièce ainsi que la copie du titre de transport de Rattana. Nous retournerons à l’alliance française à mon retour du sud Laos. Entre temps j’informe Danièle (mon ex) pour qu’elle me faxe le papier qui me servira pour clôturer le dossier.  Pour me remettre de ma colère nous finissons la journée au parc de Lumpini où nous faisons du pédalo sur le lac. Avant de rentrer nous achetons des victuailles au marché de Nonthaburi, des herbes diverses, de la viande et des fruits, sans oublier une provision de “singha”. Demain matin nous irons à Chatutchak au nord de Bangkok pour le marché du week-end et l'après midi sur Kokred, l’île des potiers. Après demain je partirai pour mon second circuit vers l’extrême Est de la Thaïlande et le sud du Laos. Après cette journée bien remplie nous rejoignons les établissements “Jusco” pour attendre Bang On avec qui nous rentrons ensemble à la maison. Ce soir soupe de riz composée : d’eau, de riz, de crevettes, de citron, d’herbes et de viande de porc hachée.

Vers l’Est thaïlandais et le sud du Laos.

Dure journée ! Je fais mes adieux à Rattana et me prépare pour aller à Hua Lampong afin de prendre le train pour Surin. Le train part à 11h45 et je sais que j’arriverai à Surin vers 21h30. Le train n’est pas des plus confortables, je fais la connaissance avec une famille et joue avec les enfants, nous faisons des dessins, chacun me donne à manger et à boire, le temps me semble alors moins long. La nuit tombe, les luminaires du train ne me permettent plus de lire tant la lueur est faible. Encore deux heures et je serai à Surin. Arrivé en gare, j’appelle un samlor  pour aller à “Pirom guesthouse” située à 150 mètres du marché central. La patronne, madame Pirom n’est pas toute jeune mais mène bien son affaire, elle est diplômée de l’université de Bangkok et comprend tout de la philosophie du voyageur solitaire. Son mari organise des excursions avec sa Land Rover vers les sites khmers ou au village des éléphants. Surin est la ville célèbre pour son activité autour de l’éléphant. A Surin les éléphants sont rois, ils participent à la vie locale et s’arrêtent même aux feux rouges.

Les citadelles khmères.

La région dans laquelle je me trouve regorge de citadelles khmères. Ici la moto est le meilleur moyen pour découvrir le site. Le parc historique de Prasat Phanom Rung est édifié sur un ancien volcan entouré de plaines fertiles et de magnifiques rizières. La construction du temple colossal est dédiée au dieu Shiva, elle à duré trois siècles (du X ème au XII ème). Pour atteindre le Prasat j’enjambe une terrasse en forme de croix,  emprunte une allée de 150 mètres délimitée par 66 boutons de lotus sacrés en pierres. Je traverse ensuite un pont flanqué de balustrades en forme de najas à cinq têtes symbolisant le passage du profane au divin. Plus loin je passe un deuxième pont pour enfin pénétrer dans l’enceinte où figure une divinité assise sur un monstre et Shiva entouré de danseuses célestes. Sur la façade sud-est du sanctuaire se trouve le plus célèbre linteau de Thaïlande représentant le dieu Vishnou couché sur un serpent sortant des eaux et bien d’autres sculptures remarquables. A l’issue d’une halte à la buvette je retourne à la moto pour me diriger au Prasat Pluang dédié à Indra, le roi des dieux du panthéon védique. Au centre de deux linteaux le roi trône montant Airavata l’éléphant blanc aux quatre défenses, il est à coté de Krishna soulevant un taureau par les cornes. Je retourne en passant devant la maison des esprits construite ici pour protéger Indra des foudres et de l’enfer.  Il me reste à voir le Prasat Ta Muan, ce n’est pas facile pour y arriver mais je ne suis pas déçu lorsque je me retrouve dans les ruines au milieu de la jungle, tout près de la frontière du Cambodge. Trois kilomètres de pistes sans le moindre repère sont à couvrir pour arriver sur le site. Le site se compose d’une chapelle pour les pèlerins voyageurs, d’un hôpital, d’une auberge et d’un imposant édifice autour duquel il ne faut pas trop s’aventurer au risque de tomber sur une mine non désamorcée. La route du retour pour regagner Surin est splendide, elle traverse de petites bourgades pleines de vie et très attachantes.

Le village des éléphants.

A Surin je dîne dans un restaurant au milieu de collections de pendules européennes, de lampes de mineurs, de lustres anciens, de vieux téléphones et de la valise de Philéas Fogg. Une serveuse à l’affût d’un solitaire ne me lâche plus. Je la retrouverai demain soir à l’issue de ma journée à Taklang. Taklang se trouve à 50 bornes au nord de Surin c’est le village des éléphants par excellence dans lequel je passe une journée sympa avec les fermiers qui m’embauchent pour nourrir les bêtes avec des régimes de bananes, les brosser et les rincer. Un cornac m’emmène au grand  hôpital réservé aux pachydermes, ceux qui ont plus de 60 ans se reposent tranquillement dans cette maison de retraite. Les éléphants jeunes et valides sont prêtés aux petits fermiers pour les aider à accomplir leurs travaux des champs car aujourd’hui c’est un luxe que de posséder un éléphant. Le plus aimé est l’éléphant blanc, animal sacré du bouddhisme symbole de paix et de prospérité. La légende dit que l’éléphant blanc aurait fécondé la mère du Bouddha pour qu’elle donne naissance au grand sage. L’éléphant blanc fut l’insigne du drapeau siamois. Aujourd’hui il n’en reste plus qu'une dizaine.  Nous sommes le 2 avril, c’est l’anniversaire de Rattana, arrivé en ville je vais dans une bijouterie pour lui acheter un collier d’argent. Je lui téléphone pour lui souhaiter un bon anniversaire et pour savoir où elle en est pour notre dossier. Quelque chose me laisse présager que ça coince encore sur un point. Nous verrons cela à mon retour.

A la frontière: Khong Chiam et Chong Mek.

La deuxième grande ville thaïlandaise à l’est du pays est Ubon Ratchatani, je prends un train pour m’y rendre et de là un bus pour le Distric de Khong Chiam situé tout près de la frontière Lao-Thaï. Il n’y a pas de voyageurs occidentaux dans les parages, ici c’est le paradis béni des dieux où la rivière Moon s’unit avec le Mékong. Les eaux sombres du Mékong se marient avec celles rouge-indigo de son affluent. Je resterai quelques jours à Khong Chiam avant d’entrer au Laos. Je m’installe au milieu d’un panorama tout simplement grandiose à quelques mètres des eaux et du Wat Khong Chiam, tout proche du “Araya“, un restaurant flottant où la spécialité locale est la tortue. Demain je prendrai le “long-tail boat”. Le bateau part du ponton au niveau du restaurant “Araya”. Une longue excursion me mène à travers des îlots de sable blanc. D’ici il est formellement interdit de traverser la rivière pour atteindre le Laos, seuls les thaïlandais peuvent passer la journée en face pour faire leurs emplettes et retourner avant 18 heures.  Ce soir je dîne de nouveau au “Araya” sur la rivière aux deux couleurs puis je rentre à “Apple guesthouse”. Demain j’irai me renseigner à Chong Mek pour obtenir mon visa. Je loue donc une moto pour me rendre au poste frontière, unique voie de passage terrestre entre les deux pays. Chong Mek jouit d’une ambiance spéciale. Une atmosphère fébrile règne autour du marché particulier approvisionné exclusivement de produits laotiens: pharmacopée chinoise, jeans Lewis rapiécés, cargaisons de teck en partance pour Bangkok. Les démarches pour obtenir le visa sont compliquées, je fais des photos, je remplis des papiers et il me faudra attendre demain pour le retirer. Pas de problèmes car j’ai encore beaucoup de choses à voir dans les environs de Khong Chiam, surtout le parc national de Kaeng Tana et les rapides de Kaeng Saphue.  A une trentaine de kilomètres au nord de Khong Chiam se trouvent les impressionnantes falaises de grés qui surplombent le Mékong. Je gare la moto sur le plateau pour descendre la falaise accompagné d’une famille nombreuse qui veut absolument me servir de guide. Des sentiers et des escaliers abrupts conduisent jusqu’au milieu de la falaise et là, je découvre des peintures rupestres vieilles de 3000 ans. Sur plus de 200 mètres de long sont dessinées des scènes de chasses et de pêches très bien conservées et préservées. En y portant bien attention je distingue aussi des éléphants, des tortues, le “pla buk” (poisson chat), des mains d’hommes et des figures géométriques. Du haut de la falaise je découvre un panorama à me couper le souffle. Je longe la falaise sur près de deux kilomètres à travers une forêt luxuriante par un sentier balisé. La balade est super chouette ! Je retourne alors lentement à Khong Chiam pour y passer ma dernière nuit. Demain je retournerai au poste frontière de Chong Mek.  Je me lève donc tôt car je ne sais pas ce qui m’attend à la frontière, l’humeur des douaniers peut complètement changer d’un jour à l’autre ou d’une heure à l’autre. M’y voici ! Le visa n’est pas prêt, et dois revenir dans quatre heures. Je prends donc le temps de m’enfoncer dans le gentil marché pour passer un long moment avec les gens d’ici. Je suis le rare personnage occidental, l’attraction locale d’un moment et je suis de partout bien accueilli.  Les enfants m’escortent dans les allées poussiéreuses et me font tout découvrir. Ici sur un grand carton des thaïs et des lao s’échangent des liasses de bahts et de kips, plus loin des femmes confectionnent des coussins, là bas des jeunes bricolent leurs deux roues et fabriquent des carrioles. Au fond, sous les bâches c’est un vrai bazar, on y trouve absolument tout. Je me désaltère avec quelques commerçants qui veulent bien m’adopter quelques minutes, mais je ne dois pas traîner car le douanier susceptible risque de fermer le poste frontière.

 

LAOS : Pakse

 

 

Ca y est ! J’ai dans les mains le passeport avec le visa laotien. Les autorités ne sont pas très gracieuses mais la barrière s’ouvre. Je passe la frontière à pied pour aller prendre un taxi. Le taxi me conduit jusqu’au bac de Ban Muang Khao qui traverse la rivière Sedon et me dépose à Pakse.  Le Laos est le royaume aux “millions d’éléphants” c’est une république démocratique populaire qui s’ouvre prudemment au tourisme mais aussi un des pays les plus pauvres du monde. Pour l’apprécier il faut être discret car ce n’est pas un pays spectaculaire mais une nation fière de son passé qui cherche à se développer en préservant son identité. En cette saison le climat est dur à supporter surtout ici dans le sud avec des pics allant jusqu’à 45°C. Il fait donc très chaud et on y boit du thé vert, du café robusta, de la bière et le lao lao qui fait 50 degrés et qui a la réputation de rendre fou surtout si on le boit additionné de poudre de pierre à briquet, de bois de chevreuil où de panse d’ours. Il y a aussi du “kap ké” un alcool de riz dans lequel macère un gecko, c’est aphrodisiaque parait il ! Et pour les amateurs il y a du chanvre indien que l’on trouve sur tous les marchés, il est utilisé pour la cuisine locale, on en met dans la soupe de poulet.  Monsieur Champeroux un vieux grassois m’a fortement recommandé de visiter cette partie sud du Laos. Il est actuellement à la retraite mais travaillait au Laos pour l’INRA, au développement du café sur le plateau de Saravane où il a passé huit années de sa vie. Aujourd’hui encore il ne peut oublier ce pays et tous les merveilleux moments qu’il a passé à enseigner la culture du café aux gens du coin. Il a une envie folle d’y retourner pour retrouver toutes les personnes avec qui il a travaillé et beaucoup partagé.  Me voici donc à Pakse qui compte 25 000 âmes et qui est le chef lieu de la province de Champasak. La ville a été crée par des français au début du XX ème siècle pour en faire un point de contrôle de la navigation sur le Mékong. A Pakse il reste quelques vieilles maisons coloniales. Le palais du prince Boum Oum construit dans les années 60 est devenu un hôtel. Le patron de “Vannapha guesthouse” parle quelques mots de français, il tient cette agréable maison depuis plusieurs années, je m’y installe pour cinq euros la nuit. Demain j’irai visiter le Wat Phou.

Le temple Wat Phou.

Pour aller au wat Phou je dois me rendre à Champasak, je choisi le bateau taxi pour profiter au maximum des beaux paysages du Mékong. Deux heures plus tard je suis à l’embarcadère Ban Phaphin de Champasak où je loue une moto car Phou Assa se trouve à une vingtaine de kilomètres de la ville. Je traverse une forêt dense plantée de banians sacrés et débouche sur un plateau d’origine volcanique à l’aspect lunaire. Au haut de la falaise qui surplombe la vallée est construit un étrange ensemble aux allures de château fort, d’ici je contemple la cordière annamitique. Les laotiens vénèrent ce site depuis longtemps comme en témoigne l’empreinte des pieds de Bouddha sculptée sur la falaise. Le wat Phou “le temple de la montagne” est le berceau de la civilisation khmère, il a été édifié bien avant le temple d’Angkor. Le passé de ce temple a été révélé par Henri Parmentier de l’école française d’extrême orient. Après m’être acquitté du droit d’entrée, je me procure un plan du site et me dirige vers le Barray “grand bassin” qui servait aux joutes, aujourd’hui il sert de salle de bain pour les buffles. J’emprunte une allée de deux cents mètres bordée de sculptures représentant le Linguam (phallus) de Shiva. J’accède aux deux palais, celui du nord et celui de la femme. Je traverse les galeries et sors par une porte latérale pour déboucher sur deux autres palais, le palais sud et le palais des hommes. Avant de quitter le wat Phou je fais huit cent mètres à pied pour arriver aux ruines de Hong sida, le palais de la déesse Sida (un bien triste nom !). Je ne m’y attarderai pas car les ruines sont infestées de serpents. J’en ai assez maintenant des ruines et je regagne Pakse pour aller dîner au “Maikham’s“, un restaurant chinois très moderne où la spécialité est l’abalone et la pieuvre accompagnée de légumes au jus d’huîtres. Demain je partirai pour Saravane et les Bolovens.

Le plateau des Bolovens.

La région des Bolovens est très attachante mais la ville principale de Saravane n’a pas un grand intérêt, sinon sa cuisine où toutes les sortes d’espèces animales remplissent les casseroles: lézards, varans, caméléons, cigales en brochettes, serpents, œufs de fourmis. J’ai essayé les cigales en brochettes et j’y ai retrouvé un goût de cèpe et de miel. Depuis le plateau des Bolovens une piste m’emmène au village de Ban Ko Phoung. Le village est habité par des protomalais de l’ethnie Khaleune, ils sont  animistes et très pauvres, leur tradition est de construire leurs cercueils de leur vivant. Les cercueils sont creusés dans des troncs d’arbres et possèdent un couvercle sculpté de représentations animales. Les cercueils sont conservés sous les pilotis de leurs maisons et lorsque le propriétaire meurt on le place dans son cercueil qui sera exposé à l’air libre. On placera à coté du mort ses objets usuels et la famille continuera à lui porter à manger. Dans le village je croise des enfants qui vivent nus et gesticulent au milieu des poulets et des porcs (Bonjour le H5N1). Les vieux fument un mauvais tabac dans des pipes faites en bambou.  Je retourne à Saravane pour louer un éléphant avec son cornac afin de me faire déposer au village de Tat Sung. Là aussi les habitants sont animistes, ils célèbrent leur culte sous une hutte sacrée située au centre du village décorée de dessins naïfs. Impossible d’approcher ! Dans les rues les femmes tissent sur des métiers à tisser rudimentaires, elles tendent la trame avec leurs jambes. En arrivant à la rivière, en contrebas il y a des moulins à eau qui servent à décortiquer le riz au moyen d’un pilon actionné par une roue à aube. Les habitants du village ne paraissent pas en bonne santé, les femmes on souvent des goitres par manque d’iode et le paludisme y est endémique. Les heures que j’ai passées dans ces villages m’ont beaucoup touché, il est temps d’aller me reposer dans mon lodge avant d’affronter l’extrême sud-est.

Le district de Siphandone et Champasak.

L’extrême sud-est du Laos, c’est là où le Mékong se divise en une multitude de bras dans lesquels sont implantées des myriades d’îles. Le district s’appelle Siphandone “les quatre mille îles”. Ici le Mékong n’est plus navigable car en cette saison il n’y a pas de fonds et au moment des moussons il y a trop de rapides et de chutes d’eau. Les deux principales grandes îles dans les bras du Mékong sont “Khong” et “Khône”.  Je dois rouler deux heures et demie pour aller sur l’île de Khong, on peut aussi s’y rendre en bateau mais en cette saison de basses eaux le trajet est trop long. Je décide de m’installer pour une nuit sur l’île à “Pon’s guesthouse”, Pon est le patron, il est francophone, c’est un homme très dynamique qui organise des déplacements entre les îles. Je choisi la meilleure solution pour visiter l’île, le vélo. Je remonte l’île par la route de l’ouest où le terrain est parfaitement plat et je traverse des rizières sur huit kilomètres pour arriver sur le bord du Mékong, de l’autre coté se trouve la rive cambodgienne. Les habitants de cette région sont très souriants et adorent les étrangers. Un petit vieux me conseille d’aller à Ban Hinsiou Taï pour assister à la fabrique du sucre. Les laotiens grimpent au sommet des palmiers à l’aide de longues tiges de bambou, ils décrochent les noix qui sont ensuite vidées et longuement chauffées pour obtenir par évaporation un épais liquide qui est versé dans des godets ronds. Le sucre obtenu est alors démoulé et consommé.  Ce soir je dîne sur la rive ouest, j’entre sans conviction dans le restaurant “Souksun” et ne suis pas déçu. Sur la terrasse qui s’avance sur le Mékong je me fais servir du poulet au miel et un curry au lait de coco. Pour digestif je prends un lao-lao, l’alcool qui rend fou, j’y vais modérément.  Demain je partirai pour l’île de Khône. Pour me rendre sur l’île de Khône je suis obligé d’aller à Ban Nakasang car ici on trouve des pilotes de pirogues expérimentés qui savent naviguer entre les écueils à fleur d’eau. Sur cette île se trouvent d’anciennes maisons coloniales surtout à Ban Khône Neua où il y a l’ancien dispensaire français, l’ancienne poste toute bleue et l’école qui était une demeure pour les colons français. Moyennant un léger pécule je visite le “Niagara” du Laos, les chutes de Pha Peng. Elles sont spectaculaires et font un bruit d’enfer. Je descends au pied des chutes où l’atmosphère est presque irrespirable tellement il y a de la vapeur d’eau dans l’air. La remontée sera très longue, je dois quitter ce coin merveilleux pour regagner Paksé car il me reste à visiter Champasak et sa région.  Je m’acquite de 300 bahts (7 euros) et j’embarque pour Ban Phaphin et Champasak. Dans la rue principale de la ville se trouvent deux belles villas coloniales qui témoignent des fastes passés par les princes. L’activité principale de Champasak est le tissage. Le temps me permet d’aller au wat Phra Ong None pour y voir le Bouddha couché. La légende dit qu’un jour, un pêcheur du Mékong aiguisait son couteau sur un rocher à fleur d’eau. Le rocher se mit à saigner et le pêcheur recommença. Le rocher se mit à crier sa douleur, effrayé, le pêcheur courut alerter le village. On sortit le rocher de l’eau et l’on s’aperçu que c’était un Bouddha. Le Bouddha se mit à parler “...je ne veux pas sortir d’ici sauf si vous m’amenez au temple Vuang Kao......” Le temple Vuang Kao est aujourd’hui le wat  Phra Ong None, le temple du “Bouddha couché”.

La “Boum”.

Ma dernière nuit à Paksé je la passe dans un night club mais pas bien longtemps car demain je dois passer la journée entière dans les transports en commun. J’ai gardé de ce coin les images ineffaçables d’un peuple hyper souriant qui aime les étrangers et adorent faire la fête. Au Laos fête se dit “boum” (on a rien inventé). Toutes les occasions sont bonnes pour faire la boum. La boum se confond au soukhouan, cérémonie nécessaire pour faire retourner les âmes dans le corps. La boum la plus importante est celle du jour de l’an bouddhique “Pu Mai” du 13 au 18 avril. J’y suis en plein dedans ! C’est le moment magique de l’année où l’on plonge dans le Laos de toutes les croyances, on fait ripaille autour des temples, on s’asperge d’eau parfumée (comme à la fête du jasmin à Grasse). L’après midi les gens font de petits tas de sable où chaque grain délivre d’un péché. Le soir les villages s’allument et les cours d’amour commencent dans les monastères, il s'agit de joutes verbales arbitrées par les bonzes. Le deuxième jour de nouveau des cours d’amour et ainsi de suite jusqu’au jour particulièrement heureux, le premier jour de la nouvelle année qui marque l’arrivée de la divinité. Tout fini par un grand repas traditionnel et de nouveaux cours d’amour ! Le dernier jour de la boum il est interdit de travailler, les habitants sortent leurs énormes têtes rouges et dansent dans les rues.

 

THAÏLANDE

 

 Ex-Korat et Trat.

Mon objectif est maintenant l’île de Koh Chang mais le trajet est si long que je m’installe à Nakhon Ratchasima. Il n’y a pas de guestouse ici, mais un grand nombre d’hôtels. Je choisi l’hôtel “Pokaphan“, d’apparence sympa, mais une nuit suffira car il est très mal tenu.  Nakhon Ratchasima est l’ex-Korat, ancienne base américaine pendant la guerre du Vietnam. La ville est moderne à la même échelle que Bangkok mais elle n’a rien d’intéressant sinon que je suis tombé ici pendant la grande fête où les nuits la rue se transforme en gigantesque kermesse commerciale. La foule est dense, on se marche dessus entre les stands de fringues, les buvettes et les antiquaires. Des danseurs et des danseuses se produisent sous le rythme d’une sono insupportable tant elle est bruyante et nasillarde. Je quitte la ville sans regrets pour m’acheminer vers Trat via Prachin Buri et Chanta Buri. La route est longue, j’arrive à Trat à 16 heures le temps de trouver un bon logement. Pour 70 bahts la nuit (1,5 euro), je choisi N.P Guesthouse. A partir de Trat j’embarquerai pour l’île de Koh Chang.  Trat est une petite ville qui n’a pour seul intérêt sa position stratégique. Elle est proche de Bangkok, proche du Cambodge et proche d’un paradis, l’archipel de Koh Chang. La guesthouse qui m’a accueillie pratique l’hébergement “confiance-confiance”. En effet, la patronne me confie un carnet sur lequel est inscrit le chiffre 4 (numéro de ma chambre). Chacun des clients a son propre carnet et inscrit jour après jour la liste des consommations, des nuitées, des plats qu’ils se font servir, avec le prix à coté. Le jour du départ chacun se fait sa facture. Ce soir après avoir dîné au marché je rentre tôt car j’ai pas mal d’E-mails et de cartes à envoyer. Et quelle surprise !

Surprise !

Je suis assis devant un ordinateur en train de rédiger mon courrier quant rentre un couple d’européens qui s’adresse au patron “....can I use a computer to send  E-mail ?...”  J’ai le nez sur mon écran, j’avance le tabouret qui est à mes côtés pour inviter les routards à s’asseoir. Je continue à frapper sur mon clavier. Le mec entre dans hotmail et sa copine debout derrière lui se met à parler, je comprends alors que se sont des français. Je continue plongé dans mon courrier et la nana demande à son mec “.....tu devrais envoyer des nouvelles à Françoise, tu sais, elle a vendu le camping il y a quelques jours et ça fait maintenant longtemps que tu ne lui a plus donné signe de vie........”. Je réagis lentement, j’associe ce que j’ai entendu à ce que je pense, me retourne et reconnais le français. C’est Thomas mon neveu de Dordogne. Les bras me tombent, j’arrête tout et lui même s’écrit  ...“ Bimbo ! ”. Il me reconnaît aussitôt et n’en crois pas ses yeux. C’est bien Thomas avec sa copine hollandaise Marja.  Nous abandonnons tout et nous dirigeons au bar. Ca fait six ans que nous ne nous sommes plus vus en France. C’est trop ! On n’y croit toujours pas !  Nous restons à discuter jusqu’à une heure du matin et prenons la décision d’embarquer demain pour Koh Chang où nous resterons quatre jours ensemble sur l’île de rêve.  Ce qui est encore plus surprenant c’est qu’ils sont en Thaïlande depuis presque un mois et qu’ils sont passés par Sri Chiang Maï, par Khon Chiam, par Chonabot et que nous aurions pu nous rencontrer bien avant. C’est vraiment fou ! Ils avaient réservé dans une guesthouse à deux cents mètres de la mienne. Nous nous donnons rendez-vous pour demain sept heures chez moi à “N.P Guesthouse“.

L’île de rêve : Koh Chang.

A mon réveil, vers six heures, je croyais que j’avais rêvé d’une rencontre avec Thomas aux fins fonds de la Thaïlande. Mais je n’ai pas rêvé ! Thomas est bien présent au rendez-vous avec Marja. Nous prenons un taxi pour nous rendre au port de Laem Ngop. Beaucoup de routards sont au port et attendent le bateau pour Koh Chang. Nous obtenons nos billets pour 50 bahts la traversée (1 euro pour 1 heure de mer). Nous embarquons, c’est le début du rêve, nous commençons par une séance vidéo. La mer est magnifique et calme, les passagers du bateau sont sympas. Peu à peu la bande côtière de l’île se rapproche, nous mettrons les pieds sur terre dans quelques minutes.  Nous voici sur l’île, au petit port de Dai Kao et nous nous arrêtons à la terrasse d’une buvette pour faire le point. Où s’installer ? A l’ouest ? Au nord ? Au sud ?  Mu Koh Chang est le nom de l’archipel qui compte une cinquantaine d’îles classées parc national. La plus grande des îles est Koh Chang, elle est dominée par des montagnes couvertes de jungle. Le point culminant de l’île est 740 mètres. C’est l’île de Thaïlande la plus grande après celle de Phuket. Elle est restée intacte et vierge aux trois quarts. A l’ouest de l’île se trouvent les belles plages désertes et sauvages plantées de cocotiers. “Chang” signifie éléphant, son nom est du à sa forme (Un cul d’éléphant). L’île est faiblement habitée, son activité principale est la pêche puis la production de noix de coco et de latex. Le climat sur cette île est propice au paludisme aussi il faut prendre beaucoup de précautions et utiliser un répulsif à moustique très puissant.  Nous venons de prendre la décision de nous installer au sud-ouest de l’île, proche de Baie Lan à “Lonely Beach”. Pour nous y rendre ce n’est pas facile, les taxis pratiquent des prix exorbitants, aussi sachant que nous aurons beaucoup de déplacements à effectuer sur l’île nous louons deux motos. Deux motos pour quatre journées 2400 bahts (300 bahts la moto par jour- soit: 6 euros). La route que nous empruntons est splendide, d’un coté se trouve la mer blanche et turquoise de l’autre des falaises couvertes de jungle. Sur 25 kilomètres la route est une succession de dos d’ânes, elle est très dangereuse car il n’y a que très peu de visibilité à la sortie des bosses. Nous trouvons “Happy Hut”, une gentille guesthouse près de Lonely Beach, une piste caillouteuse plonge jusqu’au bord de mer et nous voila dans un endroit de rêve où nous pouvons jouer aux Robinson Crusoë. La réception et le restaurant est un ensemble construit en planches, bambous et chaume au cœur d’une forêt de cocotiers. A la marée montante la mer gagne nos huttes, nous nous installons dans deux bungalows l’un près de l’autre. Avant la tombée du jour nous prenons notre premier bain de mer dans une eau à 32 degrés et après une bonne douche nous nous retrouvons à la réception pour partir dîner à Ban Bao. Ban Bao est le dernier village au Sud de l’île, un charmant village, un pur joyau ! Un village typique de pêcheurs de 80 habitants, composé d’une quarantaine de maisons en tôle ondulée et en bois, toutes construites sur des pilotis. Pour circuler entre les habitations et aller au restaurant nous marchons sur des planches alignées côte à côte qui représentent les rues. De nombreux bougainvillées décorent les demeures. Ce soir au moment où nous arrivons les chalutiers partent en mer, des équipages aux visages mats et burinés entretiennent les cassiers, les filets et les lignes. Le poisson destiné à la consommation courante sèche au soleil accroché aux toits des maisons. Pour les quelques jeunes du village il y a deux salles de billard, il y a aussi une épicerie et trois restaurants. Nous choisissons celui qui a une grande terrasse qui surplombe les eaux, nous avons l’impression d’être sur le pont d’un bateau. L’accueil est chaleureux et à la lueur des lampions et de la pleine lune nous commandons une soupe de poissons thaï pour nous trois qui sera suivie par des langoustes et du poisson au basilic et cacahuètes. Nous arrosons le tout d’une bière Singha. (1600 Bahts pour 3, soit: 24 euros au total). Les phares de nos motos ne portent pas bien loin et comme nous sommes un peu chauds nous conduisons avec prudence pour parcourir les quatre kilomètres qui séparent Ban Bao de “Happy Hut“. Il est tard, la réception est fermée et regagnons nos huttes respectives. A demain !

Le tour de l’île.

Aujourd’hui nous partons pour le sud-ouest de l’île jusqu’à Sa Lak Pet et nous nous arrêtons partout où nous trouvons de beaux coins. Et de beaux coins il y en a ! En montant la piste pour atteindre la route côtière deux monstrueux cobras noirs nous coupent la route, Marja est affolée. J’avoue que c’est impressionnant ! Arrivé sur la route sablonneuse ma moto m’échappe, je chute contre la barrière de sécurité et saigne abondamment du genou. La pompe à essence est à huit cents mètres, et pendant que Thomas fait le plein des deux motos, la pompiste inquiète de mon état questionne l’épicière du coin qui vend des produits de pharmacie courante, elle me couvre d’éosine et me pose un pansement. Nous pouvons maintenant démarrer et continuer notre route pour nous arrêter en haut d’un dos d’âne où se trouve une gargote de bois qui domine la mer, nous y prenons notre petit déjeuner. La vue sur la mer et sur la bande d’îlots est superbe. Il est temps de poursuivre plus au nord, nous nous arrêtons dans la baie de Khlong Phrao où face à nous s’étendent d’immenses plages de sable blanc, parsemées de petits bungalows qui se perdent sous les cocotiers qui poussent à même le rivage. Thomas et Marja se jettent dans l’eau, quant moi je ne peux pas à cause de mes blessures. Nous redémarrons pour Baie Sai Khao “white sand beach”. Quel décor !   Dommage qu’il y ait tant de monde ici. Les touristes sont concentrés et les bars bruyants crachent de la musique anglo-saxonne. Vers douze heures nous sommes à Khlong Son, tout au nord où nous déjeunons dans une guesthouse, « Mannee guesthouse » qui nous a été recommandée par un routard français. Une piste défoncée remplace la route et s’enfonce jusqu’à la mer. La guesthouse est dans les mangroves, c’est un client qui nous reçoit, un romain qui s’est établi ici depuis maintenant dix mois. C’est un habitué du coin, ici il est chez lui, les patrons peuvent quitter leur établissement en toute confiance car il assure l’accueil. Le romain est passionné de pêche, il a trouvé ici son paradis. Un de ses copains venu de Rome pour pêcher avec lui, s’est fait dévorer la jambe par un énorme poisson et a une méchante cicatrice à la jambe. Nous mangeons à la bonne franquette, discutons longuement et fumons un petit joint avant de reprendre la route pour descendre vers l’est de l’île.  Arrivé vers le milieu de l’île nous quittons la côte pour nous enfoncer dans les terres afin d’aller voir la chute de Tha Thaan Ma, de trente mètres de haut. Nous sommes maintenant à Salak Pet un village sur pilotis identique à Ban Bao et nous nous attardons dans un élevage de crevettes pour nous rafraîchir face au portrait du roi de Thaïlande photographié à coté d’une blonde dévêtue. Il nous reste à couvrir 85 kilomètres pour rentrer à “Happy Hut”. Nous nous installons dans les hamacs de la réception pour discuter et boire une “Chang” puis attendre la nuit pour retourner au même restaurant qu’hier à Ban Bao. Même ambiance, mêmes plats, même prix ! On y retournerait bien tous les jours !  Dodo sous la moustiquaire, la porte du bungalow ouverte pour laisser entrer la lueur de la pleine lune. Il ne me reste plus que deux jours à passer sur l’île car Rattana m’attend. Thomas et Marja resteront deux jours de plus pour profiter au maximum des plages et des baignades.  C’est mon avant dernière journée sur Koh Chang, je fais la grasse matinée et à dix heures je retrouve Thomas et Marja pour prendre le petit déjeuner avec eux. La fillette du patron a capturé un petit singe, elle joue méchamment avec lui et le maltraite, aussi, nous décidons de couper la corde qui est attachée à sa patte pour qu’il se sauve. La petite se met à chialer et alerte tout le campement. A onze heures nous quittons Happy Hut pour aller à la ferme des éléphants au cœur de la jungle. La piste qui y mène est dangereuse, nous arrivons pour le repas des bêtes puis nous nous échappons pour aller voir les récoltes de latex. Les hévéas sont incisés et de petites coupelles attachées aux troncs recueillent une pâte blanche de même consistance qu’un préservatif.  L’accès devient difficile, nous nous frayons un chemin à travers les lianes, mais à la pensée de la présence de cobras noirs nous ne nous aventurons pas trop profondément. Nous débouchons dans une ferme occupée par des paysans qui récoltent les noix de coco. Deux mètres cube de noix empilées attendent d’être dépouillées de leurs poils, le travail est effectué à l’aide d’un outil particulièrement tranchant et dangereux à utiliser. Nous sortons de la jungle pour regagner la route et entamons le retour vers “Happy Hut” en faisant une halte à Lonely Beach pour nous rafraîchir avec un lait de coco. Arrivé à bon port nous prenons l’apéro en écoutant du Freddy Mercury et bien entendu nous retournerons manger à Ban Bao. Pendant une courte veillée nous discutons pour organiser nos programmes respectifs. Demain nous resterons proches de notre guesthouse car commence Songkram “fête de l’eau”. Lors de cette fête il est dangereux de circuler en deux roues car tout le monde doit jeter des gamelles d’eau sur tout le monde. Les routes sont trempées et sablonneuses, deux bons ingrédients pour favoriser les glissades et provoquer des accidents.  Nous passons donc la journée trempés des pieds à la tête à jouer avec les gens, à asperger les petits et les grands mais surtout les touristes. Les enfants sont chargés de nous approvisionner de barriques d’eau et avec des gamelles en plastique nous nous régalons à arroser le moindre passant. C’est la grosse rigolade ! Une règle existe cependant, il est interdit d’asperger les personnes âgées. Nous rentrons tard mais avant d’aller nous coucher nous allons nous jeter dans la mer tout près de notre hutte puis nous regagnons la réception pour discuter de notre organisation. Thomas et Marja resteront à Koh Chang, Thomas m’accompagnera demain matin à l’embarcadère.  Dans une semaine tous les deux passeront par Bangkok car ils doivent rentrer en Dordogne pour le boulot. Je leur donne une bonne adresse au quartier Thewet de Bangkok, le “Shanti Lodge” où ils se présenteront de ma part et je leur confie le numéro de téléphone de Rattana pour qu’ils m’appellent dès leur arrivée, ainsi j’irai les chercher pour les inviter à manger chez Rattana et aller à nouveau sur l’île des potiers “Kokred”.

Bonjour Bangkok, et au revoir la Thaïlande.

 Thomas m’embarque sur sa moto et nous parcourons les trente kilomètres pour arriver au port de Khlong Son où m’attend le bateau. C’est avec tristesse que je vois s’éloigner les côtes de Koh Chang. Après une heure de bateau me voilà au port de Laem Ngop où je prends un taxi pour Trat. Je retourne à “N.P Guesthouse” où je me sens comme chez moi. Demain je resterai à Trat pour y négocier un bus pour Bangkok. A Trat je m’installe pour me refaire le film à l’envers, je revois tous les sites que j’ai traversé, tous les gens que j’ai rencontré. Comment effacer de si belles images et de si profonds souvenirs ?  Je téléphone à Rattana pour l’informer que j’arriverai demain en milieu d’après midi. Elle me fait part de son soucis concernant notre dossier et nos démarches pour quelle puisse rentrer en France. Elle me parait pessimiste sur les conclusions des autorités. Je lui demande de prendre un rendez-vous auprès de l’alliance française pour la semaine prochaine.  Le bus de Trat pour Bangkok mettra cinq heures avant de me déposer à l’est de la capitale. Je dois maintenant traverser tout Bangkok pour rejoindre la Chao Praya et prendre le bateau-bus. Deux heures trente après j’arrive à Bang Bua Thong où Rattana m’attend avec impatience. Après cette longue séparation nous sommes ravis de nous retrouver et nous avons beaucoup à nous raconter. Nous attendons Bang On pour visionner les cassettes vidéo que j’ai filmées, mais en attendant j’offre à Rattana le bracelet d’argent que je lui ai acheté à Surin. Elle est très touchée.  Dans le lotissement, les voisins sont ravis de me retrouver, les enfants me reconnaissent et m’invitent à jouer au ballon avec eux. Ce soir j’invite Rattana et sa sœur Ban On au restaurant car après le dîner nous devons aller voir un match de boxe thaï dans un amphithéâtre au parc de Lumpini. Spectacle inoubliable ! Le combat est impitoyable, on se sert des poings mais aussi des genoux, des coudes et des pieds. Avant le combat les boxeurs se livrent à une gestuelle à cheval entre le yoga et l’expression corporelle. Ce rituel constitue une prière, une sorte d’incantation. La délicatesse des gestes contraste avec la violence du combat. Les spectateurs thaïlandais se laissent aller à des attitudes rares chez eux durant leur vie courante. Et oui ! La boxe thaï est bien un sport d’argent et de parieurs qui misent sur une des têtes présente sur le ring. Le match se termine tard, nous regagnons Bang Bua Thong ravis de notre soirée mais bien fatigués.

 Pattaya et prostitution.

Je n’avais pas tellement l’intention d’aller à Pattaya car les informations que j’avais sur cette station balnéaire étaient peu attrayantes. Rattana a tellement insistée pour que nous y allions quelques jours que je me suis laissé tenter. Je passe donc mon dernier week-end à 150 km au sud de Bangkok dans ce gigantesque luna park où l’on trouve le plus grand nombre de prostituées au mètre carré. Avant, Pattaya était un gentil port de pêche, aujourd’hui c’est une station balnéaire défigurée par l’architecture d’hôtels hideux. Pattaya est étendue le long d’une plage sale où l’eau de mer regorge de graisse de bateaux. Lorsque la nuit tombe sur Pattaya l’ambiance devient puante et la foule composée d’australiens de néo-zélandais et d’européens hagards envahit les rues bondées de girls, de lady boys et de travestis. Ici toutes les nuits démarre le commerce du sexe. Les bars sont alignés les uns contre les autres, un gras du bide vient me questionner pour savoir où j’ai trouvé la fille. La fille c’est ma copine Rattana, il a été bien reçu ! Les comptoirs des bars sont en forme de U, comme à Patpong à Bangkok, c’est pour rentabiliser et caser le plus grand nombre de filles, “d”hôtesses” comme ils disent ! Celles-ci sont aimables, douces et facile à conquérir et les nombreux pigeons sont convaincus de séduire celles avec qui ils partiront une nuit, deux jours et même une semaine. Il y a quelques années à Pattaya se pratiquait le commerce sexuel de mineures mais fort heureusement les choses ont radicalement changées. Les autorités ont décidé de frapper fort pour irradier ce fléau. Elles y sont arrivées en prenant des mesures draconiennes. Mais il existe encore quelques réseaux clandestins qui tomberont bientôt par la dénonciation.  La nuit porte conseil et c’est à mon tour de persuader Rattana de quitter ce milieu pour aller à Koh Samet. Chose faite, nous nous rendons à Ban Phe. Du ponton d’embarquement nous enfourchons un songthaew pour nous rendre au village de Na Dan, puis nous nous installons dans un bungalow de bois très confortable. Nous passons la journée sur une plage très mignonne, la plage de Ao Phaï. Nous terminons la soirée au restaurant “Samed Villa” devant un bœuf sauté au curry vert et un pancakes à l’ananas, un régal ! Demain nous reprendrons le bateau puis le bus pour regagner Bangkok.  Ce matin je n’ai pas eu le plaisir de faire la grasse matinée car je dois foncer à Santi Lodge pour récupérer Thomas et Marja qui sont de retour de Koh Chang. Alors que Rattana prépare un bon repas, je saute dans le bateau bus de huit heures pour me rendre au port de Thewet. Thomas et Marja sont à l’heure, sans plus attendre nous sautons dans le premier bateau qui remonte la Chao Phraya jusqu’à Nonthaburi. A la maison je m’empresse de faire les présentations et nous nous installons devant un grand plateau de fruits frais. A table ! Le repas que nous a préparé Rattana fut délicieux et nos ôtes ravis. Chose promise chose due, nous quittons la maison pour aller de khlong en khlong jusqu’à l’île des potiers. Nous avons passé une merveilleuse journée et Thomas et Marja doivent maintenant retourner à leur guesthouse pour un dernier jour à Bangkok avant de regagner la Dordogne.

 Mes derniers jours sur la terre Thai.

Cette semaine la première chose qu’il nous reste à faire c’est d’aller à l’alliance française pour faire le point sur l’avancée de notre demande de quitter le territoire avec Rattana. Mon dossier semble être pris en considération, mais les choses se compliquent au moment où le responsable du service des immigrations refuse à Rattana de quitter le territoire pour trois mois. Furieux de cette décision nous essayons de rencontrer un attaché du consulat. Celui -ci, après une longue attente vient nous annoncer que 28 jours seulement lui sont accordés. Les véritables raisons de cette décision nous ne les avons pas réellement comprises. Rattana a un commerce en Thaïlande et emploie une personne, les autorités n’acceptent pas la fermeture de la boutique pour plus de 28 jours. Est ce vraiment la bonne raison de ce refus ou bien nous cache t-il autre chose ? Impossible de trouver un arrangementDeux mois au moins nous les aurions bien acceptés car pour couvrir tout le programme et toutes les visites que nous  avions décidées en France il fallait bien ça. De plus, s’engager dans d’énormes frais pour si peu de temps nous semble pas raisonnable. Avant de quitter le bureau nous partons nous isoler dans le self service de l’alliance française et discutons longuement pour tenter de prendre une décision. Rattana est très déçue mais accepte avec plus de philosophie que moi cet échec. Les quelques derniers jours qui me restent à passer à Bangkok je les consacre à elle, qui sait très bien que je reviendrai la voir l’année prochaine. Elle a une idée fixe, et tient à ce que je revienne pour que je reste trois mois complets avec elle.  Mais mes projets d’aventures et mes envies d’évasion pour l’année prochaine se porteront certainement sur l’Inde, le Népal, et peut être la Malaisie...... Alors il me sera difficile de me fixer trois mois en sédentaire à Bangkok pour mon prochain séjour. J’explique à Rattana que j’ai soif de nouveaux horizons et de nouvelles découvertes. Je ne peux pas lui laisser supposer que je vais m’installer en Thaïlande. Elle s’imagine que si je viens si souvent en Thaïlande c’est pour elle. La communication est difficile avec notre anglais moyen, mais elle a très bien compris et accepte cependant de me retrouver même passagèrement l’année prochaine. A vrai dire je n’ai plus tellement l’intention d’abuser de cette situation. Nos relations durant nos deux derniers jours à Bang Bua Thong sont devenues plus froides et il me faut prendre une décision, m’engager beaucoup plus avec elle ou abandonner nos relations éphémères. J’opte pour le deuxième choix.   Le jour de mon départ au moment des préparatifs, ma tête est bercée entre l’Asie et l’Europe. Ma valise et mon sac dépassent les 30 kilos autorisés, mais je prendrai le risque de les passer même si je dois m’acquitter de la surtaxe d’aéroport. Enfin prêt, je propose à Rattana et à sa sœur d’aller manger une dernière fondue thaï à Nonthaburi plutôt qu’un mauvais sandwich à l’aéroport. Il est vingt heures nous voilà dans le hall de l’aéroport et je commence à réaliser que je vais laisser beaucoup de bons souvenirs et de bonnes choses derrière moi. Rattana sait que je lui donnerai de mes nouvelles par E-mail dès mon arrivée à Grasse. Je me dirige au guichet pour m’acquitter de la taxe d’aéroport (500 bahts-10 euros) et disparais dans la salle de contrôle des passeports.

 J’arriverai à Nice le lendemain en début d’après midi complètement déboussolé. Francis, Riri et Marcel sont présent à l’aéroport Nice Côte d’Azur pour m’accueillir et nous partons pour Grasse.  L’année prochaine se sera l’Inde ?  Le Népal ?  L’Indonésie ?  Le Vietnam ?  Le Myanmar,... Que sais-je ?

 

24 juillet 2015

ANNEE 2004: THAILANDE - INDE - NEPAL - THAILANDE

ANNEE  2004

                             

Thaïlande - Inde - Népal - Thaïlande

                                                THAÏLANDE               

 

 

 Mes premiers jours à Bangkok.

 Après quelques mois de réflexion ma décision est enfin prise. Je choisis de partir pour l’Inde du nord et le Népal. Il m’a fallut quatre mois pour déterminer exactement mon programme et m’organiser matériellement. Me voici fin prêt !  Le 3 avril 2004, avec la compagnie Thaï Airway je m’envole pour Bangkok via Paris Charles De Gaulle. Douze heures dans les airs et me voici à Bangkok qui n’a plus de mystère pour moi. A l’aéroport de Don Muang je saute dans le bus A2 pour me rendre sur les rives de la Chao Phraya, j’y prends le bateau-bus qui me débarquera dix minutes plus tard à Thewet Market, mon quartier adoré.En quelques minutes je rejoins Taewez Guesthouse et la chambre 209 que j’avais réservée. Ici je connais maintenant tout le monde et tout le monde me connaît, la patronne un peu boulotte, sa fille bien gentille mais qui n’a pas inventé la poudre et le sympathique personnel d’entretien qui rend tous les services avec le sourire. Je ne resterai pas longtemps en Thaïlande, 7 jours seulement, car mon objectif est l’Inde du nord et le Népal. Mon avion pour Calcutta est réservé pour le dix avril.

 Mes premiers jours à Bangkok je les consacre à aller rencontrer toutes mes connaissances, les commerçants de Thanon Samsen et de Sri Ayutthaya, le photographe de l’angle de Phitsamulok road, les maraîchers de Thewet Market, les employés du Seven-Eleven et Sheun, le petit vieux qui cuisine à merveille les meilleures soupes aux nouilles de Bangkok. Bangkok qui me paraissait austère et quasiment invivable m’apparaît aujourd’hui adorable car tout y est facile. La capitale Thaïlandaise m’est maintenant aussi familière que Nice. Alors que la température frise les 38°C je me rends sans plus attendre dans le centre historique que j’apprécie beaucoup. Très rapidement je suis envoûté par les bonnes senteurs qui se dégagent des cantines ambulantes et des bancs des marchés. Je ne suis pas loin du temple Wat Si Sakhet qui domine la montagne d’or et j’en profite pour aller au restaurant Kanoplan pour y retrouver Kwang. Elle n’a pas beaucoup changé mais parle nettement mieux l’anglais. Par contre J’éviterai d’aller à Bang Bua Thong pour voir ma copine Rattana sachant que dans peu de jours je m’envolerai vers Calcutta.

 L’ouest et l’accident.

 Avant de quitter la Thaïlande je dois me rendre dans l’ouest que je connais déjà bien et dont je ne peux me passer. C’est en train que je me rends à Kanchanaburi et je m’installe à « C and C guesthouse » tout près de la rivière Kwaï avant de poursuivre encore plus à l’ouest jusqu’à Namtok. A Namtok je loue une moto pour quelques jours et m’en vais aux cascades d’Erawan où l’eau n’est pas très abondante en cette saison. Les sept cascades qui se jettent dans la rivière Kwaï Noï sont moins impressionnantes qu’au moment des moussons mais le cadre est cependant merveilleux et particulièrement ombragé. Je passe la nuit dans un petit village de minorités ethniques où le chef du village m’offre l’hospitalité et me propose une hutte de bambous très sommairement aménagée en chambre, avec pour unique mobilier une table basse, un tabouret et un hamac. Demain je me rendrai au temple des tigres, aussi je ne tarde pas pour aller me coucher dans mon hamac. Ma nuit n’a pas été des plus appréciables car je n’ai pas l’habitude de dormir pendu entre deux cordes. Au petit jour, alors que le soleil est encore bas j’enfourche la moto et m’apprête à couvrir les cent trente kilomètres qui mènent au temple des tigres. La route est superbe et les paysages sont magnifiques, je roule prudemment et m’arrête à plusieurs reprises pour filmer et photographier tellement les sites sont enchanteurs. A neuf heures il fait déjà 35°C, je poursuis ma route, quand tout à coup, catastrophe ! En abordant une courbe à 90 degrés ma vitesse m’oblige à freiner de l’avant et l’accident est inévitable. La moto dérape sur le gravier et je suis éjecté sur la chaussée brûlante. La moto va finir dans un fossé et en quelques secondes je suis recouvert de sang, j’ai un genou ouvert, le coude gauche et l’avant bras brûlés et la chair de la paume de ma main droite arrachée sur sept centimètres.Le moteur de la moto continue à tourner et l’épaisse fumée qui se dégage du fossé alerte un paysan qui travaille en contrebas. Il accourt aussitôt, va arrêter le contact de la moto et récupère mon sac, mon caméscope et mon guide. Il s’approche alors de moi et m’accompagne jusqu’à sa camionnette qui se situe à un kilomètre d’ici. Je perds énormément de sang et je suis choqué, il m’embarque, charge la moto et fonce vers un dispensaire assez proche pour recevoir les premiers soins. Une infirmière me désinfecte les plaies et me recommande d’aller sans plus attendre à l’hôpital le plus proche car mon genou nécessite des points. Le brave paysan ne m’abandonne pas et m’accompagne jusqu’à Kanchanaburi à 40 kilomètres d’ici. A l’hôpital je suis tout de suite pris en charge. Beaucoup de pauvres gens font la queue et attendent leur numéro d’appel. Quant à moi, qui suis considéré comme le touriste fortuné qui paye ses prestations j’ai donc le privilège de passer en priorité, c’est assez dégueulasse et injuste ! De service en service me voilà hors de danger. Au petit matin je me réveille courbaturé et après les petits soins je demande de rencontrer le médecin chef pour qu’il me dise combien de temps je vais rester bloqué ici car je dois être à Bangkok le 8 avril. Le médecin me recommande de passer une autre nuit à l’hôpital. J’accepte et m’arme de patience pour attendre jusqu’à après demain matin.  Je quitte aujourd’hui l’hôpital, à la réception une infirmière me dirige vers le local à pharmacie et me donne des médicaments, des pansements, des désinfectants et l’ordonnance avec la posologie. Je passe à la caisse où l’on me réclame 900 Bahts (18 euros).Dehors tout près du pont de la rivière Kwaï, je me retrouve sous 38°C et tourne de l’œil, j’ai des vertiges et suis obligé de m’allonger sur un banc public. C’est le contrecoup de l’accident, le soleil et le manque de sucre me font réagir ainsi.
Il y a beaucoup de monde autour de moi, un passant s’inquiète de mon état et me porte à boire, un restaurateur m’invite à m’allonger à l’ombre dans son arrière boutique. J’y passerai deux heures avant de me remettre. Je marche au ralenti et sentant que je ne vais pas bien j’appelle un taxi pour qu’il m’emmène à “C and C guesthouse”, au frais dans la jungle sur les bords de la rivière Kwaï Noï. Je resterai la journée sous la tonnelle ombragée pour lire et écrire à Yannis: « .....Mercredi 7 avril 2004 il est 14h30.....salut Yannis, je viens de sortir de l’hôpital de Kanchanaburi, n’en parle surtout pas à mamie !  Je me suis fracassé en moto et suis couvert de bandes et de pansements aux deux coudes à la main droite et j’ai eu quatre points au genou droit. J’ai été piqué contre le tétanos et je dois prendre des antibiotiques et des antipyrétiques pendant douze jours. Heureusement que j’avais un casque car ma chute a été violente. Mon appareil photo et le caméscope ont volés en l’air, mon short et mes chaussettes étaient imbibées de sang mais je n’ai rien de cassé, les radios l’ont montré. Il vaut mieux qu’il en soit ainsi, si non je n’aurai pas pu continuer. Demain je prendrai le train pour rejoindre Bangkok................. ». Ma séance courrier terminée il est temps de me rendre à la gare pour réserver mon billet pour le train de demain.

 Mes derniers jours à Bangkok.

 Le train se met en branle à dix heures, sur le quai de la gare je fais impression avec mes bandes et mes pansements de partout, les gens m’interrogent et s’apitoient sur mon sort. J’arrive à Bangkok à treize heures et récupère ma chambre 209. Aujourd’hui j’ai tout mon temps pour préparer le minimum d’affaires personnelles pour entreprendre ma grande évasion d’après demain. Pour mon dernier jour à Bangkok je suis allé me régaler dans deux bons restaurants, un resto khmer et un resto coréen et depuis j’ai le ventre en feu. Pour éteindre le feu je pars faire une promenade dans le passé, au cœur de Thonburi, la Venise asiatique. Une multitude de Klongs (canaux) s’entrelacent et serpentent dans le quartier. C’est superbe et très pittoresque! Les canaux remplacent les rues, les péniches, les barges, les bateaux et les bacs cohabitent difficilement et se heurtent continuellement. Les maisons sont construites sur des radeaux ou sur des pilotis pour résister aux crues pendant les moussons. Les marchés sont flottants ainsi que les restaurants. Les boutiques (barbiers, bars, épiceries...) ne sont accessibles que par des passerelles de bois. Il fait très chaud, les enfants se baignent, les femmes font leur lessive dans cette eau trouble et vaseuse. Au moment où je quitte Bangkok c’est « Songkran », le jour de l’an lunaire. Pendant trois jours se déroulera la grande fête de l’eau. L’eau fait partie des rîtes religieux, pendant cette fête l’eau vole de toute part, des voitures, des balcons, des charrettes, des fenêtres. Pour s’asperger les gens utilisent des bols, des seaux, des manches, des bidons. Il n’y a jamais de trêve, jour et nuit les Thaïs deviennent fous. Chaque année pendant cette période la Thaïlande compte des centaines de morts et de blessés.  Ce soir je quitterai le paradis thaïlandais à 23 heures pour me plonger dans l’enfer Indien, car arriver à Calcutta en pleine nuit, ce n’est pas recommandé !  Avant 23 heures j’ai le temps de faire deux mots à Yannis   « ..............coucou, tu vas bientôt passer ton CCF atelier, alors met le paquet et concentre toi bien. Je souhaite que ça ne soit pas trop difficile, je te fais entièrement confiance et te dis merde. A Bangkok j’ai du repasser dans un autre hôpital pour me faire refaire les pansements car ici ils ont du mal à tenir compte tenu de la chaleur, de la teneur en humidité et de la transpiration. Il m’est difficile aussi de prendre de bonnes douches. J’ai eu très mal le lendemain de l’accident mais maintenant avec les remèdes ça va beaucoup mieux. J’ai quand même quelques difficultés pour porter mes bagages. Au fait ! je suis passé au Pantip Plazza pour faire du shopping et j’ai acheté Farcry en 3 CD, Unréal Tournament en 3 CD, et Counter Strike en 2 CD. J’ai eu le tout pour 800 bahts  (16 euros ). Quant à Half Life 2, ils ne l’auront que le mois prochain. J’y retournerai après l’Inde et le Népal...................... »  Me voila sur le chemin de l’aéroport, je me concentre sur l’Inde pour effacer la Thaïlande. Le vol a duré 2h20, l’avion est maintenant au sol indien. 

 

 

 

INDE 

 

 

Mon Arrivée à Calcutta (Kolkata).

 Dimanche 11 avril, il est deux heures du matin et me voici dans le hall de l’aéroport de Calcutta. Je me rends tout de suite compte que je viens de débarquer dans un “drôle de pays” et qu’il me faut procéder différemment qu’en Thaïlande. Je suis complètement perdu et déboussolé et cherche un moyen pour me rendre dans Calcutta. Le chauffeur d’un cab (gros taxi, noir et blanc) ne veut rien entendre de ce que je lui demande et veut absolument m’emmener dans l’hôtel de son choix. Je refuse catégoriquement et l’oblige à m’arrêter dans le quartier où se trouvent toutes les guesthouses. La nuit est noire d’encre, à trois heures du matin des milliers de gens déguenillés sont déjà dans les rues, certains sont assis en groupe sur les trottoirs et discutent à haute voix, d’autres dorment sur des cartons ou sur leurs vélos. De nombreuses familles sont allongées à même le sol, les enfants sont à moitié dévêtus. Je me demande vraiment où je suis ! Des vaches rodent autour des corps endormis. Impossible de trouver un hôtel ouvert à cette heure. Je saute donc dans un autre taxi et demande à être reconduit à l’aéroport où j’attendrai six heures du matin pour faire le point, c’est plus raisonnable ! Dans le hall de l’aéroport je rencontre un indien qui rentre de Paris, c’est un professionnel du cinéma qui travaille en France pour TV5, il se rend à Bombay pour y retrouver sa famille avant de retourner à nouveau en France, à Cannes pour le festival du film vers mi-mai. A six heures du matin nous partageons le même taxi, il demande au chauffeur de m’arrêter au niveau d’un grand carrefour et me fait prendre un autre taxi pour qu’il m’emmène à “Neelan Hôtel” dans Kid Street. Je m’installe dans la plus modeste chambre de l’établissement pour vite y dormir un moment car il est bientôt 6 heures du matin Le vacarme est insoutenable, je n’arrive pas à fermer l’œil malgré ma fatigue et mon manque de sommeil.

 Je m’occupe alors à écrire avant de me jeter dans Calcutta.   « ........stupéfiant ! ....Une démocratie qui fonctionne assez bien, quelques millénaires d’histoire, une colonisation anglaise, voici quelques ingrédients de l’Inde. A l’intérieur de cette planète vit un nombre impressionnant de pauvres gens et beaucoup de religieux (Hindous, bouddhistes, musulmans, chrétiens, jaïns, sikhs....). Tous ces êtres évoluent au milieu de la chaleur étouffante, des émeutes, des Maharadjahs, des vaches sacrées, des ablutions et des crémations. L’Inde est le 7 ème pays du monde en superficie (1 tiers des Etats Unis ou 6 fois la France) Il s’étend sur 3000 kilomètres d’est en ouest et sur 3500 kilomètres du nord au sud. L’Inde est un très grand pays considéré comme un autre continent, il n’est pas facile à visiter car il mérite qu’on lui consacre énormément de temps. Mon circuit en Inde se limitera au nord et à l’ouest, depuis la plaine du Gange où la densité de la population est la plus élevée du monde jusqu’au Rajasthan près de la frontière du Pakistan, la zone la plus désertique. Je remonterai ensuite jusqu’aux sources du Gange pour me rapprocher des premiers confins de la chaîne Himalayenne. Je m’attarderai dans des cités incontournables: Calcutta, Bénarès, Khajuraho, Agra, Orchha, Jaipur, Jodhpur, Udaipur, Jaisalmer, Bikaner, Delhi, Richihesh, Dharamsala. Je traverserai les états du Bengale occidental, du Bihar, de l’Uttar Pradesh, du Rajasthan, de l’Haryana, de l’Uttaranchal et de l’Himachal Pradesh. S’adapter à la vie indienne n’est pas chose facile, cela requiert  une patience d’ange car les trajets en bus ou en train sont épuisants..... »          

 Calcutta (Kolkata) et le temple de Kali.

 Calcutta est indescriptible. Dominique Lapierre l’a appelée “la cité de la joie” et Rudyard Kipling  “ la ville de l’épouvantable nuit ”. C’est une ville démesurée où grouillent douze millions d’individus. Les nuits à Calcutta, les rues se transforment en gigantesques dortoirs, six cent mille personnes attendent le lever du soleil enfouies sous des chiffons. La pollution est à couper au couteau et le trafic hallucinant. A Park Street, tous les jours à 14 heures la circulation change de sens et c’est alors l’anarchie. Les deux, trois ou quatre roues s’enchevêtrent, les carrioles surchargées bloquent la circulation de même que les bestiaux et les rickshaws. Pouêt ! Pouêt ! Bien que les panneaux interdisant de klaxonner soient nombreux, un conducteur moyen klaxonne 10 à 20 fois par kilomètre. Si l’on fait le compte ça aboutit à 2000 coups de klaxon sur un trajet de 100 kilomètres. La ville dite de “l’intelligentsia” indienne respire la misère. Les indiens l’aiment et ils en parlent beaucoup pour en décrire le meilleur mais se gardent bien d’en décrire le pire. J’ai très vite compris pourquoi toute cette jeunesse erre dans la ville, en effet, 65 % des enfants ne sont pas scolarisés.  Symbole de la compassion, c’est mère Térésa la “sainte des taudis” qui fondât en 1950 l’ordre religieux des missionnaires de la charité. Née sous le nom d’Agnès Gonxha Bojaxhiu en 1910 en Serbie elle rentra dans l’ordre religieux irlandais en 1929 et fut envoyée comme enseignante à Darjeeling. Mutée dans une école de Calcutta en 1937 elle fut horrifiée par le nombre d’indigents mourant dans la rue faute d’abris. C’est à partir de ce moment qu’elle ouvrit plusieurs foyers pour servir et se dévouer aux pauvres parmi les pauvres. Le Nirmal Hriday accueille aujourd’hui les mourants, le Shanti Nagar les lépreux et le Nirmala Shishu Bavan les orphelins. Début 1997, mère Térésa en mauvaise santé confia la direction de l’ordre à sœur Nirmala. Quelques jours après son 87 ème anniversaire elle s’éteignait dans sa maison le 5 septembre 1997. Des milliers de pauvres et de dignitaires du monde entier vinrent lui rendre un dernier hommage, 12 000 personnes assistèrent aux cérémonies funéraires.  Il est maintenant grand temps de me jeter dans la rue et d’aller prendre mon premier repas indien. A Suder Street je trouve un restaurant local et j’y commande le plat traditionnel, le “plat du pauvre”, le dhal (lentilles) préparées avec quelques légumes, du riz et des chapatis. Le chapati est le pain local présenté sous forme de galette de farine complète non levée et cuite au four ou sur une plaque de fonte chauffée. Après ce premier repas je décide d’aller visiter le temple de Kali pour assister à la cérémonie religieuse hebdomadaire. Pour m’y rendre je dois rejoindre la station de métro « Kaligat ». J’ai eu beaucoup de mal à trouver la bouche de métro tellement le quartier est un véritable fouillis, et comble d’inattention, je me trompe car je ne suis pas dans le bon sens et je me retrouve à la station « Esplanade », quelle galère pour me remettre dans la bonne direction. Je fais enfin surface, les bus sont bondés et difficilement utilisables. Il reste encore quelques “hommes-chevaux” à Calcutta bien qu’ils soient officiellement interdits pour éviter l’image miséreuse de la ville. Ces hommes pieds nus transportent les clients à la force de leurs bras et de leurs jambes, ils sont originaires du Bangladesh ou du Bihar. Je m’embarque donc dans un de ces Risksaw-puller et après dix minutes d’inconfort me voici devant le temple de Kali. Le quartier est fascinant mais il restera pour moi inoubliable. Le temple est construit sur un des orteils de Sati qui combattit avec Vishnou, il est moche et tout recouvert de carreaux de faïences. J’y pénètre pour l’ambiance. C’est une occasion rare que de rentrer dans un temple dédié à Kali. Kali est la déesse de la destruction et de la mort, elle est toujours présente sur les lieux des crémations, elle boit du vin et du sang et est représentée la langue pendante, un bâton orné d’une guirlande de crânes à la main. Les cheveux hirsutes, le visage grimaçant, elle piétine des jambes coupées et des restes de corps humains. Je quitte mes chaussures et un gourou vient me servir de guide, il m’emmène directement vers l’arbre sacré où les couples désireux d’avoir un enfant viennent prier et attacher un caillou à l’un de leurs cheveux, une fois le vœu exaucé ils détachent le caillou et vont faire des offrandes, généralement des fleurs de lotus (les fleurs de Kali). Au fond de la cour un emplacement est réservé pour le sacrifice des animaux. Tous les matins les futurs cadavres y sont exposés pour être ensuite dirigés vers l’autel des crémations au Kali Gaht. Le gourou me fait pénétrer dans une grotte sordide, pour y parvenir nous traversons une courette les pieds nus dans le sang des animaux sacrifiés (généralement des coqs et des chèvres noires). Une fois dans la grotte le gourou me remet un cahier et me demande d’y inscrire mon nom, j’écris Bimbo, et il m’accroche un bracelet de coton jaune autour du poignet puis m’oblige à faire une donation pour que celle ci contribue à mon bon karma. Je m’exécute pour quelques roupies bien que je n’apprécie guère cette pratique. Je viens de passer un moment vraiment inédit puis je sors très rapidement du temple. A la sortie je trouve des dizaines d’échoppes à bondieuseries. Après une longue marche je me retrouve devant Howrah Bridge, un pont monstrueux, le symbole de Calcutta, il mesure 450 m de long et supporte quotidiennement les pas d’un million de personnes, charrettes vélos, rickshaws...... Ce pont fut construit en 1943 en pleine deuxième guerre mondiale. Il était considéré comme un site stratégique et militaire. Il me reste maintenant suffisamment de temps pour aller voir où repose mère Térésa, dans son petit jardin de “Mother House” sous une petite pierre tombale sur laquelle est inscrit son nom  et “love one anothers as I have loved you” (aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimé).

 Calcutta (Kolkata) et les potiers.

 Calcutta est aussi une ville passionnante et palpitante, le parc de Maidan où je flâne des heures est inimitable, je croise des charmeurs de serpents, des magiciens, des fakirs, des dresseurs d’ours, des yogis, des astrologues, j’assiste à des matchs de cricket et regarde les enfants qui se défoulent sur des manèges actionnés manuellement.  Aujourd’hui c’est mon dernier jour à Calcutta, et j’ai prévu d’aller à Kumartuli tout au nord de la ville, un quartier en dehors de tous les classiques pour touristes. Près de 250 familles de sculpteurs vivent ici depuis des siècles. Les ateliers se succèdent dans un labyrinthe de ruelles. Les sculpteurs donnent la forme à des milliers de divinités, de statues, de bustes et de décors. Ils préparent le “carnaval”, une spectaculaire fête religieuse dédiée à Durga. Durga est le dieu suprême de l’Inde, il est d’une beauté inaccessible. Rattaché à Vishnou et à Shiva il se bat pour défendre l’ordre cosmique. Durga incarne la force et la puissance, il est représenté avec une multitude de bras combattant le “démon-buffle”. Les gigantesques statues sculptées ici sont peintes de couleurs vives et richement habillées, elles sont vouées à être transportées en cortège jusqu’à la mer où elles disparaîtront dans les flots.

Calcutta (kolkata) et les Jaïns.

Dans ce quartier je me fais accoster par un sympathique indien qui m’invite à déjeuner dans un restaurant dont je n’avais même pas vu l’enseigne. Nous gravissons des escaliers sombres pour arriver dans une salle où une centaine de clients passent d'abord à la fontaine pour se laver abondamment les mains. Nous faisons de même car la tradition veut que nous mangions avec les doigts le riz en sauce servi sur de grandes feuilles de bananier. A l’issue de ce festin j’ai du mal à me défaire du sympathique indien. Chose faite ! Il me reste à prendre mes repères pour aller au temple Jaïn de Sital Nath, le plus beau temple Jaïn du Bengale. Le temple est composé d’un merveilleux jardin des mille et une nuits avec un bassin où s’ébattent des carpes sacrées. Les socles qui portent les statues sont décorés de délicates faïences persanes et les plantes poussent dans de superbes vases de Chine. Le temple est très kitsch avec ses décors de stucs, marbres, céramiques et glaces. Des écrits en sanscrit racontent les relations entre l’hindouisme et le jaïnisme. Le temple dispose d’un gros billot de bois humide sur lequel les fidèles viennent râper du bois de santal pour obtenir une pommade jaunâtre destinée à se maquiller le visage. Devant une réplique de statue de dieux les fidèles portent leurs offrandes. Un prêtre souffle dans une conque, un autre porte sur sa bouche un masque de tissu blanc pour éviter d’avaler le moindre insecte. Les jaïns sont peu nombreux en Inde, le plus grand nombre vît au Rajasthan. Ce sont des non violents, ils refusent les armes et sont végétariens. Ils sont respectés par tous les autres indiens et n’ont jamais été persécutés. Le jaïnisme est régi par cinq règles majeures: ne tuer aucun être vivant, ne pas voler, se détacher des biens matériels, être chastes et ne pas manger la nuit. Il y en a qui balayent devant leur porte pour éviter de mettre le pied sur le moindre insecte, ils poussent même jusqu’à ne pas prendre le bus car celui-ci tue les insectes. Ils sont vêtus de blanc et se veulent d’une extrême tolérance. Professionnellement les jaïns sont dans les affaires et la joaillerie. Les métiers militaires, l’agriculture et l’élevage leurs sont interdits.  Je retourne à l’hôtel Neelan pour y ranger mes affaires. Mon train “Doom-Express” quittera la gare Howrah à 22h 30 pour Bénarès (Varanasi), il m’y conduira en parcourant 670 kilomètres en 14 h, pour 400 roupies (8 euros).

 De Calcutta (Kolkatta) à Bénarès (Varanasi), le vol.

Howarh station est la plus grande gare d’Asie, elle est démesurée, à la hauteur de Calcutta. Le grand hall est noir de monde, des corps sont étalés sur le pavé sale entre des cartons des sacs et des paniers de victuailles. Il faut enjamber les passagers pour parvenir aux quais. L’Inde possède un réseau ferré des plus denses du monde. Plus de huit millions de personnes prennent le train chaque jour. C’est le moyen de transport le moins cher du pays mais il faut faire preuve de sang froid pour obtenir son billet. Les horaires sont généralement respectés et le train est relativement propre. Je m’installe sur une banquette couchette située à mi hauteur et y dépose mes affaires afin de réserver mon emplacement, et vais m’asseoir sur le siège du bas. C’est la cohue, à quelques minutes du départ les gens se pressent et envahissent les couloirs en quête d’une place. Alors que je discute avec un jeune indien qui accompagne sa vieille maman, tout le monde se bouscule, je lève l’œil vers mes bagages, je rêve !? Une bande organisée d’habiles voleurs vient d’opérer en dix secondes, et me voila dépouillé. Le train démarre et c’est trop tard, les fuyards sont déjà loin. Je suis consterné, plus rien à faire, le train est maintenant élancé et quitte la gare. Il mettra 14 heures pour arriver à Bénarès, 14 h durant lesquelles l’angoisse m’envahit.  Il ne me reste plus rien sauf, fort heureusement la pochette que j’ai accrochée à mon cou et qui contient mon passeport, ma carte de crédit, mes billets retour, mes traveller's chèques et quelques dollars. Les voleurs ont choisi le bon sac, celui où se trouvait tout ce qui m’est cher, le caméscope, l’appareil photo, mes guides, mon road book avec des renseignements précieux qui me sont indispensables pour continuer mon voyage.  Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit tellement je suis démoralisé et hors de moi. Un tas de questions se bousculent dans ma tête, je n’ai même plus mes remèdes et mes pansements pour terminer mon traitement. La nuit a été très longue, le train approche de Bénarès où j’irai de suite au poste de police pour tenter de faire quelque chose. Qui sait ?  Il est 14h30 ce mardi 13 avril, il fait une chaleur torride sous les tôles qui recouvrent les quais de la gare de Bénarès. Je demande que l’on m’indique où se trouve le poste de police le plus proche. Avec peine j’arrive dans un véritable capharnaüm, un taudis aux murs noirs de crasse. On m’installe sur un banc de bois en attendant le “grand chef” qui n’arrivera que 40 minutes plus tard. Heureusement qu’il y a un grand ventilateur au dessus de ma tête. Le chef arrive et m’invite à me placer face à lui devant son bureau crasseux. Il me demande de lui expliquer avec précision les circonstances de cette agression et me dicte en mauvais anglais le texte qui doit figurer sur ma déclaration. En voici le détail:

 “........Dear Sir, I was travelling in train number 3000, Doom Express from Howarh to Varanasi on date 13 - 04 . Train just is started from Howarh then one man age 20 years old come and stolen my bag colour green army and brown. In my bag following containance: N°1, camescope JVC colour grey, N°2, photo camera, N°3, mobile phone nokia 0670178484, N°4, money about 3000 indian roupies, N°5, electric shawing, N° 6, tourist guide book “le routard” N°7, clothes and personal thing.So kindelly lodge my report yours Mr Costantin Mauris, Father Costantin André, Adress house 10 rue Paul Goby 06130 Grasse France . Number pasport 01cc20274 date of issue 08-2001 . To day 13 april 2004.....”

 Je sais très bien que tout ce que je viens de faire et que le temps perdu pour cette démarche n’aboutiront à rien. Je quitte le bureau et regagne l’extérieur. Devant la gare j’interpelle une moto taxi pour me rendre à l’hôtel Arti située proche de Harichandra Ghat. L’hôtel se trouve au milieu d’une rue très animée, je négocie la “single room” et un “extra bed ” pour 250 roupies (4 euros), puis je prends mon repas à la réception pour 60 roupies (1 euro).

 Bénarès (Varanasi).

 Bénarès ou Varanasi est une ville “imprégnée de prières”, elle est considérée comme la plus grande “salle de bain” du monde. Ici on constate la puissance de la religion sur les mentalités. La ville est émouvante et cynique, partout maintenant, dans les rues, sur les places, sur les Ghâts  je vais vivre dans un monde à part. Je suis ici sur une autre planète et vais côtoyer la vie et la mort et respirer le souffle de la spiritualité. Toutes les minutes je croise une vache et beaucoup de “suceurs de fric”, à savoir des mendiants, des hôteliers, des chauffeurs et commerçants avides de roupies. A peine installé je vois passer trois morts accompagnés par leurs familles. Les corps des défunts sont portés sur des sortes de brancards pour être acheminés au bas du Ghât  sur les rives du Gange pour y être brûlés. La ville est cependant gaie, pleine d’échoppes de marchés colorés et de petits métiers, toutes les rues sont propice à des animations insolites.  Bénarès est construite le long du Gange, le plus sacré des fleuves de l’Inde dans lequel aucun microbe qui se respecte ne saurait vivre dans une eau pareille. Un mythe circulait en Inde attribuant au Gange une pureté légendaire. Mais des études réalisées en 1981 ont révélé que celui-ci foisonne de bactéries, de déchets chimiques, de déchets industriels, de cadavres de vaches mortes noyées, de cadavres humains mal incinérés. Bref ! Un véritable égout à ciel ouvert. Bénarès est la ville de la mort, le vœu le plus cher à tout hindou est que son âme monte au ciel par la grâce du feu. Cela explique pourquoi je croise beaucoup de vieillards assis le long des quais qui attendent la mort prochaine. D’ailleurs, de petites huttes de bois bien discrètes servent à héberger les malades incurables qui attendent leur dernier jour. Le désir de mourir à Bénarès au bord du Gange explique aussi la profusion de palais luxueux érigés par les maharadjahs pour accueillir les riches futurs morts. Arrivé à “Arti” j’écris vite deux mots pour informer Yannis de mes déboires.  

 « ..... coucou Yannis, le moral est en baisse. Ce qui n’aurait jamais du m’arriver m’est arrivé. Dans la nuit du 12 avril entre Calcutta et Bénarès je me suis fait littéralement tout piller dans le train. Tout ce qui m’était de plus précieux s’est envolé en quelques secondes, appareil photo et bien d’autres choses qui pour moi avaient une grande importance, surtout mon road book indispensable pour bien continuer mon chemin. Il ne me reste plus que quelques vêtements et fort heureusement mes papiers mon fric..... Je suis écœuré, le moral est au plus bas mais je dois continuer. J’ai encore beaucoup à faire et à découvrir. Cette misère partout présente oblige les pauvres à pirater les riches. Je vais faire face et garder la bonne humeur. Ce n’est pas en ayant mis plusieurs fois les pieds dans les merdes de vaches que ça m’a porté bonheur. Avec le recul je crois que c’est le gourou du temple de Kali qui m’a porté la malédiction. A plus, Papa. ».

Ce matin dès 6 h je suis sur le parvis de l’hôtel, en haut de l’escalier du Ghât Harichandra et voici mon premier mort de la journée. Une procession d’une trentaine d’hommes et de femmes apporte un cadavre solidement ficelé à deux bambous et enroulé d’une étoffe orange sur les bords du Gange. Certains tapent des mains, d’autres roulent du tambour. Le corps est glissé le long des marches pour attendre la cérémonie. Il me faut maintenant trouver une boutique Internet, passer à la poste et aller faire ma réservation pour le train qui m’emmènera à Kajuraho. Je profite d’être au cœur de la ville pour m’aventurer dans des ruelles obscures. Les vaches sont nombreuses et vivent avec l’homme, les vaches sont les fossoyeurs de la ville, elles dévorent tout ce qui traîne dans les caniveaux et aux abords des marchés (même du plastique). Me voila maintenant devant mon premier computer indien, il fonctionne à merveille et me permet d’envoyer plein de bonnes et mauvaises nouvelles vers la France. Je vais ensuite siroter un “Pepsi” à la terrasse d’un troquet, il y a beaucoup de mouches agressives et les moustiques sont particulièrement assoiffés de sang. Le soir les plafonds des chambres sont farcis de geckos. Bénarès est très certainement la ville la plus sale du monde, ça pue de partout, les gens crachent sans cesse à tous les coins de rues. Je n’ai jamais vu un parc de véhicules aussi délabré qu’ici. Proche d’Arti je pénètre dans une pharmacie pour m’équiper de quelques médicaments. Mes bobos aux deux coudes sont quasiment guéris mais mon genou est toujours très enflé, j’attends qu’il aille mieux pour m’enlever moi même les points. Quant à ma main, elle est aussi très longue à guérir car je la sollicite beaucoup. Je vais acheter quelques vêtements pour refaire ma garde robe et décide d’acquérir un appareil photo très sommaire sans zoom pour 1200 roupies (24 euros). Je retourne à la boutique Internet car j’ai oublié un message urgent pour Yannis. Au fur et à mesure que les journées passent je m’aperçois qu’il me manque beaucoup de choses.

 « ...........Coucou Yannis, c’est très urgent, à la suite du vol je te demande de passer à France Télécom pour faire bloquer la carte SIM de mon portable, je te rappelle mon code “...”. Il faut aussi que tu ailles dans mon PC pour m’envoyer quelques documents et adresses. Important: il faut que tu m’inscrives les noms de toutes les villes et villages par lesquels je dois passer, ils sont dans le document que je t’ai laissé. Donne toujours de mes nouvelles à mamie mais ne lui parle pas de mes emmerdes. Bisous Papa........ »

 Un petit tour au quartier du Chowk où c’est l’anarchie la plus complète, il n’y a aucune règle et chacun roule où bon lui semble. Les rickshaws et les vélos sont particulièrement dangereux car ils ne font pas de bruit et déboulent de partout. Les commerçants avec leurs bancs occupent plus de la moitié de la route, les échoppes se jouxtent et il faut que je slalome pour poursuivre ma route. Au Chowk on trouve toutes sortes de babioles, des marchands de thé de sucreries et d’épices, des libraires, des barbiers de trottoirs, des postes téléphoniques pour se connecter avec tous les coins du monde, des fax et des photocopieuses à même la rue. Les gens du Chowk vivent au raz du sol, le mobilier est inexistant. Hier l’électricité a été coupée de 17h30 à 22h30. Quand le quartier s’est trouvé dans l’obscurité j’ai eu l’impression d’être en temps de guerre. A ce moment pas question de s’engouffrer dans les petites ruelles. Maintenant même il est 16 h et de nouveau une coupure, personne n’est en mesure de dire pour combien de temps. Les hôtels et les restaurants mettent en marche leurs groupes électrogènes et bonjour le bruit et la pollution. Tiens ! Encore un mort qui passe sous mon balcon, la famille le suit avec des bûches de bois sous les bras et sur la tête. Avant d’aller me coucher je m’installe à la terrasse d’un restaurant de bonne réputation. Aussitôt servi, des dizaines de corneilles de pies et de corbeaux m’observent, elles attendent que le moindre morceau de nourriture tombe par terre pour se jeter dessus, cela me fait un peu de compagnie, j’ai l’impression de vivre une scène des “oiseaux” d’Alfred Hitchkok. Je regagne “Arti” car je suis fondu et demain une lourde journée m’attend.

 Bénares (Varanasi) - Le Gange et les crémations

 Lever à cinq heures, je fonce au bas du Ghât où m’attend le batelier qui doit me faire descendre le Gange sur quatre kilomètres. La définition de Ghât est la suivante: marches d’escaliers qui descendent vers un point d’eau, rivière, lac ou mer et qui débouchent sur un quai où se déroulent les scènes d’ablutions et de crémations. Je m’installe dans une grande barque, et suis bien accueilli par le batelier. Sans me demander mon avis deux fillettes embarquent avec moi, elles m’accompagneront jusqu’au terminus pour tenter de me vendre un bracelet de coton avec des perles de bois de santal ainsi que des lampions confectionnés dans des barquettes faites avec des feuilles de bananiers. La descente s’effectue tout doucement à la rame. Après dix minutes de navigation je me fais arrêter au Dashaswamedh Ghât. C’est la bonne heure pour assister aux ablutions matinales. Un spectacle tout à fait fascinant, des dizaines de milliers d’indiens descendent les marches de granit. Quelle que soit la température de l’eau les indiens doivent se tremper en cinq endroits différents. Un bon hindou doit prononcer le mantra sacré, s’immerger trois fois de suite et boire une gorgée d’eau (je précise: de l’eau du Gange). Ensuite tout le monde se lave et se savonne. Après l’ablution les indiens se mêlent à la vie religieuse et commerciale. Il y a des vendeurs de fleurs, des barbiers qui crient « new blade ! new blade ! », des astrologues qui récitent de bonnes paroles, des gourous qui interprètent des textes sacrés et des sages qui font du yoga, certains d’eux se maintiennent debout des heures sur une seule jambe, telle l’attitude de Shiva. Le soir vers 19 h recommence le puja, cérémonie de culte au Gange. A ce moment s’élèvent des chants sacrés et a lieu l’offrande de la lumière au Gange. Le gentil batelier me propose de me tremper dans l’eau du Gange pour me purifier, j’invoque alors le danger que cela peut représenter avec mes blessures qui ne sont pas encore totalement guéries. Je m’en sors bien ! Tout doucement nous nous approchons du Manikarnika Ghât, après une courte halte au puits sacré de Shiva dans lequel on jette des fruits et des fleurs, le batelier me dépose à cent mètres de l’entrée du Ghât. Le Manikarnika est le principal Ghât des crémations.  L’homme le plus riche de Bénarès est un intouchable qui vend le bois pour les crémations. Alors que j’arrive, un gardien des lieux me chasse et me dirige vers le sommet d’une tour d’immeuble délabré qui surplombe l’aire de crémation. Là haut, un jeune indien outré par mon attitude à prendre des photos tente de me faire fuir. Je ne tiens pas à perdre ma place car ici je suis bien placé pour assister à la cérémonie et au déroulement des opérations. Pour pouvoir y rester je suis obligé d’acheter deux cannes en bois de santal pour sa pauvre maman qui ne tient plus debout. Le bois destiné à dresser les bûchers se vend au kilo il est très cher et les familles peu fortunées qui ne peuvent en acheter suffisamment confectionnent de petits foyers. Il arrive que des défunts ne soient pas totalement consumés, mais qu’importe ! Ils sont alors jetés dans le Gange.  Les vautours et les corbeaux achèveront le travail. Le spectacle est impressionnant, une file de macchabés attend un bûcher disponible. Les cadavres drapés de rouge sont les femmes, les drapés de blanc sont les hommes et les drapés de jaune doré sont les vieillards de tout sexe. Le corps est trempé à trois reprises dans l’eau du Gange avant d’être étendu sur un bûcher. Un individu est chargé d’aller chercher la flamme immortelle auprès de la gardienne du feu, il s’approche du mort lui glisse un morceau de graisse animale entre les gencives et y met le feu. A ce moment tous les démons sont chassés du corps. Le feu est attisé à l’aide de longues cannes de bambou, elles servent aussi à écraser les membres fumants et à repousser les chiens qui se disputent une place. Le corps se consume lentement et c’est après trois à quatre heures qu’il est parfaitement brûlé. L’odeur de poulet grillé au barbecue mêlé à l’odeur du bois de santal n’est pas vraiment désagréable. Après que l’âme ait rejoint le ciel, le corps consumé se résume à une grosse boule de goudron qui est jeté dans l’eau sacrée du Gange ainsi que les cendres du bûcher. Les pauvres qui n’ont pas les moyens de se payer du bois ne bénéficient pas d’un aussi bon Karma car ils font incinérer leurs proches dans le grand crématorium électrique qui se trouve aussi au bord du Gange. L’âme du défunt s’échappe vers le ciel par deux imposantes cheminées et la famille vient récupérer les cendres pour aller les vider dans le fleuve.

 Bénarès (Varanasi) – Les dhobi wallah.

  Je retourne à ma barque pour m’acquitter de la course et récupère mes coupelles remplies de cire et de pétales de fleurs, j’allume la mèche et les dépose dans le courant des eaux du Gange en faisant un vœu. Oui ! Qu’il ne m’arrive plus rien de grave durant le reste de mon voyage. Je regagne maintenant la terre ferme et continue la remontée des Ghâts à pied, j’évite les bouses de vaches pour ne pas finir comme ce brave routard allemand, le poignet dans le plâtre. Je m’arrête à Mir Ghât, la grande laverie à ciel ouvert. Ce sont les hommes, les dhobi-wallah (lavandiers) qui savonnent, battent, rincent et essorent le linge à une vitesse impressionnante. Des centaines de tissus colorés (draps, rideaux, vêtements, tapis...) sont alors étendus à même le sol sur les larges marches du Ghât. Des centaines voire des milliers de vêtements sont lavés tous les jours, ils sont triés par couleurs, trempés dans l’eau savonneuse et battus pour désincruster la saleté. Les boutons, les fermetures éclair et les tissus délicats ne résistent pas toujours. Une fois séchés au soleil les vêtements sont repassés avec des fers à l’ancienne. Le linge est marqué par un système habile (et secret), les dhobi-wallah les identifient parfaitement et les restituent aux clientes qui viennent les récupérer et qui s’en vont à la queue leu leu un lourd fardeau sur leur tête. Je retrouve mes repères et sors des rives du Gange pour m’enfoncer dans le labyrinthe, je m’arrête dans une mini boutique pour y acheter une statuette qui représente les symboles de Shiva, Nandi et Om. Je trouve un bureau de poste ouvert et y dépose mon courrier. Je retourne enfin à “Arti hôtel” pour y récupérer mes affaires et j’assiste à un dernier Puja.

 Le trajet jusqu’à Khajuraho.

 J’interpelle une moto-taxi et pour 50 roupies je me fais déposer à la gare centrale de Bénarès. L’heure de départ du train est  prévue à 11h30, il fera escale à Satna et à Allalabad. Même galère qu’à Calcutta pour me frayer un chemin entre ceux qui dorment et ceux qui mangent. Des vendeurs à la sauvette me proposent du dhal, des fruits, des cacahuètes, des boissons, ils sont bienvenus car j’ai une grosse faim. Le vendeur de thé va et vient avec sa grosse cruche et ses tasses en terre cuite jetables. Le train arrive sur le quai, c’est la ruée, dix mauvaises minutes à passer avant de mettre les pieds dans le wagon où je fais la connaissance de Sandrine et Farid avec qui j’irai jusqu’à Khajuraho. Sandrine est une Suissesse, elle vient de Genève, Farid est indien, il vît à Khajuraho. Ils se sont rencontrés à Paris, ont vécu ensemble et viennent se marier en Inde. Je leur souhaite beaucoup de bonheur ! Surtout à Sandrine ! Le train tombe en panne à Allalabad et nous devons attendre quatre heures avant d’en reprendre un autre jusqu’à Satna. Farid me dit qu’à Khajuraho la température frise les 42°C. En effet, ici il fait déjà très chaud et je me désaltère avec de l’eau déjà tiède, c’est affreux, mais c’est indispensable pour s’hydrater. Nous arrivons à Satna à 17 heures et à cette heure il n’est pas facile de trouver un moyen de locomotion pour atteindre notre destination par la route, aussi nous cassons la tirelire et partageons les frais pour nous payer un taxi qui à son tour tombe en panne en pleine nuit sur une route défoncée. Le chauffeur se met en quatre pour tenter de le réparer, mais c’est en vain. Nous sommes furieux, heureusement que Farid est indien et qu’il connaît bien le coin. Il arrête le seul véhicule qui fréquente cette route à cette heure avancée et nous finissons empilés dans une camionnette déjà bondée. Après une heure trente de route et une nuit blanche nous arrivons à Khajuraho pour nous installer dans un hôtel que connaît Farid. Dans cet hôtel je rencontre Alexandre, un français de Vence, c’est un individu peu fréquentable qui s’adonne à la drogue légère et délire du matin au soir. (clerpovleclerc@hotmail.com).

 Khajuraho et l’école.

 A 7 heures du matin à Khajuraho, je m’empresse de trouver une boutique Internet pour raconter mon périple à Yannis et le remercier des précieux documents qu’il m’a envoyé pour continuer mon voyage. Je trouve à louer un vélo pour aller visiter le site archéologique le plus célèbre pour ses sculptures érotiques. Les temples valent vraiment le détour et de plus ils sont situés au milieu d’un décor campagnard magnifique. Plusieurs groupes de temples ont été édifiés entre le IX ème et le XII éme siècle, ils sont uniques et surtout bien conservés. Ils sont alignés d’est en ouest, l’entrée face à l’est.  Khajuraho compte 7000 habitants c’est l’antique capitale de la dynastie Rajpoute des Chandela. Il reste aujourd’hui vingt deux temples répartis sur  trois sites différents qui appartiennent à deux religions, l’hindouisme et le jaïnisme. Le travail des sculptures sur ces temples est admirable, elles retracent la vie des rois, des guerriers, la luxure, les cérémonies intimes et des scènes “X”, parfois même super hard. Quant on est à Khajuraho on ne peut que se remémorer le Kama Sutra, le célèbre traité d’entérologie qui date du IV éme au VII éme siècle. A Khajuraho vivent des indiens très modestes. Dans le vieux village avant la sieste les habitants mangent dans des coupelles de cuivre, de zinc ou des feuilles de bananiers. Tous les membres de la famille sauf les hommes, vont faire la queue au puits central ou aux fontaines qui coulent goutte à goutte. Les femmes et les fillettes arrivent et repartent avec des jarres ou des seaux sur la tête. Il faut jusqu’à vingt minutes pour remplir une jarre de dix litres. Les repas sont préparés sur des feux dont le principal combustible est la bouse de vache, séchée. Alors que je me rends au groupe ouest, je rencontre un indien de bon conseil qui m’offre un rafraîchissement et m’invite chez lui pour un thé. Sa maison campagnarde est blanche, très basse et rectangulaire, elle est entourée d’un muret pour se protéger des animaux errants. Je franchis le petit portail pour me retrouver dans une gentille courette ombragée. Ce sympathique indien s’appelle Biju Singh Chaudan, il me présente son épouse admirablement vêtue, ses trois enfants tous mignons et les grands parents très âgés. Assis sur une natte tressée nous dégustons le thé et quelques confiseries. Nous parlons de nos pays respectifs. Biju est collectionneur de vieilleries, vases, statuettes, vieux bronzes, outils, bijoux et pierres précieuses. Il dispose d’une petite pièce de huit mètres carrés qu’il a transformée en mini musée. Comme tout indien, il aime les roupies, et a le sens des affaires, je comprends maintenant  pourquoi il m’a invité. Il tente de me vendre quelques vieilleries à des prix exorbitants, mais il est mal tombé car ses bibelots sont de mauvais goût et je n’ai nullement l’intention de me surcharger pour le reste de mon parcours. Nous nous quittons amis et il me propose cependant de passer dîner chez lui demain soir. J’accepte l’invitation et poursuis mon chemin vers la vieille école du village. L’école n’est pas plus grosse qu’une villa de cent mètres carrés. Il fait 40°C, la cour est déserte, tous les élèves sont à l’abri derrière les murs épais. Je pénètre dans une classe, une petite pièce de quatre mètres sur quatre dans laquelle se trouvent quatorze élèves assis à même le sol sur un grand tapis. Le maître est derrière son bureau, il se lève et les enfants font de même, il s’approche de moi et parle un anglais très compréhensible. Il m’invite à assister à son cour, je passe donc quelques minutes très touchantes pendant lesquelles j’observe les petites têtes aux yeux pétillants. Une fois les cours terminé il me fait visiter les trois autres classes toutes identiques et m’explique que par manque de place la moitié des élèves du village vient le matin et l’autre moitié l’après midi. Le maître me fait part que par manque d’argent il ne dispose que de peu de matériel scolaire et que les parents ne peuvent en fournir. Il me demande de faire une petite donation et comme j’ai horreur de ce principe qui est de donner des roupies sans savoir comment elles vont être utilisées je lui promets de revenir avant ce soir pour lui porter un cadeau utile.  Il est 12 h, je retourne en ville pour déguster deux chapatis, une omelette à l’oignon et pour boire deux litres d’eau en bouteilles cachetées. Je poursuis vers le quartier vivant de la ville et pénètre chez un libraire pour acheter une vingtaine de cahiers, de crayons, de gommes et de feuilles que j’apporterai ce soir à l’école du vieux village. Quel bonheur ! Chez ce libraire qui achète et revend des bouquins d’occasion je trouve une version 1999 du guide du routard en français qui remplacera celui que je me suis fait chapardé dans le train entre Calcutta et Bénarès. En fin d’après midi je fais l’effort de passer une heure dans une salle de spectacle pour assister à un concert et à des danses traditionnelles indiennes pour 250 roupies (5euros). Je ne peux pas dire que j’ai été emballé, mais bon ! Les distractions à Kajuraho sont plutôt rares et j’ai quand même passé un bon moment. Avant de rentrer je retourne à l’école pour remettre ma donation au maître d’école qui a beaucoup apprécié mon geste.

Khajuraho et ses temples.

Aujourd’hui dimanche 18 avril, au grè de mon humeur je passe de temple en temple. Ceux du groupe ouest sont accessibles moyennant 250 roupies (5 euros). Le temple de Vahara présente une magnifique statue de Vahara, troisième avatar de Vishnou sous la forme d’un sanglier. Celui de Lakshmana le mieux préservé, est entièrement dédié à Vishnou, il est sculpté de scènes érotiques très gracieuses et de scènes de sodomies animales. Vishnou a pour rôle de protéger l’univers, ses symboles principaux sont le disque, la roue du temps, la conque marine, la fleur de lotus et la massue, sa monture est l’aigle blanc à tête d’homme “garuda”. Quant au temple de Kandariya, le plus imposant, il est dédié à Shiva, là aussi les scènes d’orgies sont fascinantes, entre autres celle où l’on voit un homme satisfaisant trois femmes à la fois et celle où un singe déchire et ôte le sari à une femme pour la sodomiser. Shiva est reconnaissable par son troisième œil, il peut détruire tout ce qui ne reflète pas la réalité. Coiffé d’un chignon et de cheveux tressés il danse au milieu des flammes symbolisant le rythme perpétuel de la destruction et de la recréation. Ses symboles sont la peau de tigre et le lingam, sa monture est le taureau “nandi”. Trois autres petits temples sont tout autant recouverts de sculptures passionnantes qui narrent avec humour la vie de l’époque.

Khajuraho et la japonaise.

De retour du groupe ouest, je m’arrête devant l’atelier appartenant à une famille de potiers qui me propose de confectionner moi même des pièces utilitaires. Là, se trouve une japonaise qui tente de faire pareil que moi. Cette japonaise avec qui je cherche à communiquer en anglais me demande de parler français car elle le parle aussi bien que moi puisqu’elle a vécu longtemps à Paris. Elle est ici avec son gamin de six ans qui ne supporte pas du tout la vie locale indienne et qui fait des cauchemars toutes les nuits. Il est effrayé par les vaches, les gens et le bruit, et ne dort que deux heures par nuit. Pourquoi est-elle ici ? Que vient-elle y faire? Et bien, son mari est mort il y à six mois, et dans les écrits qu’il avait rédigés il demandait d’être incinéré en souhaitant que ses cendres soient jetées dans le Gange. C’est ce quelle vient faire en Inde en profitant cependant de ce séjour pour visiter le pays. Elle se rendra ensuite au nord du Japon pour y retrouver sa famille qu’elle n’a plus revue depuis dix huit ans.  L’hôtel dans lequel je me trouve me paraissant de plus en plus invivable, je décide d’aller m’installer avec elle au « Marble Palace », à l’opposée du marché Gole. Adresse: E-mail: palacemarble@hotmail.comCe soir je me rends avec elle et son fils chez mon copain collectionneur. Biju est ravi de me voir accompagné, il nous propose un thé et nous emmène chez son oncle qui habite à un kilomètre de chez lui. C’est un artiste qui sculpte sur des souches et des branches d’arbres. Ce qu’il fait est absolument remarquable. L’oncle nous installe sur la terrasse toiture de sa modeste maison, sa famille se presse autour de nous et très rapidement une cascade de petits plats déferlent sur un tapis de sol autour duquel nous nous asseyons en tailleur. Le poisson en sauce accompagné de riz est succulent ainsi que la “bouillabaisse” locale, une sorte de bouillon parfumé au curry dans lequel baignent de tout petits poissons grillés. Nous avons passé une merveilleuse soirée et devons regagner “Marble Palace“. Demain je préparerai mes affaires et poursuivrai vers l’ouest jusqu’à Orchha dans l’état du Madhya Pradesh, ma copine jap poursuivra vers l’est jusqu’à Bénarès. Nos chemins se seront croisés à Khajuraho.

 De khajuraho à Orchha.

La route qui sépare Khajuraho de Orchha est un véritable cauchemar (120 km en 4h30). Elle est très étroite, sinueuse, sommairement asphaltée et les bas cotés sont en terre battue. Lorsque deux véhicules se croisent chacun d’eux doit empiéter à la dernière minute sur la partie défoncée. L’angoisse m’envahit au moment où le véhicule venant en sens inverse grossit de plus en plus et donne un violent coup de volant pour éviter un choc frontal. Le risque de sortir de la route est toujours présent, c’est affreux ! De plus, le chauffeur sifflote, discute et se marre. J’ai rarement eu autant la trouille surtout que je n’ai pas encore oublié mon accident de Thaïlande. Les sièges du bus ne sont pas bien fixés et bougent de quelques centimètres dans les virages et lorsque nous passons dans des nids de poules les sacs des portes bagages dégringolent sur les passagers. Il fait très chaud, les arrêts sont fréquents, c’est insupportable. L’eau de ma bouteille est déjà tiède mais qu’importe je meurs de soif. Pour effacer le goût de vase et de désinfectant je plonge un bonbon à la menthe dans la bouteille et la secoue énergiquement pour qu’il fonde afin que l’eau devienne plus agréable à boire. Sur le siège, à mes côtés se trouve un jeune indien assez bizarre, il me baragouine plein de mots anglais chaque fois que nous croisons quelque chose de curieux: church, tree, bridge, river..... Cela me fait passer le temps. L’arrêt repas s’effectue dans un endroit désertique où se trouve une minuscule boutique entourée d’une grande bâche pour protéger du soleil brûlant. Il fait plus de 40°C, je me ravitaille en eau que j’achète à prix fort. Le bus klaxonne, le départ est proche, il me reste une heure à tenir. Arrivé à un carrefour le bus stoppe et m’invite à descendre car c’est ici que je dois attendre un rickshaw pour accomplir les huit derniers kilomètres. Quant au bus il poursuit sa route vers Jhansi.

Orchha.

Cette excursion m’a coûté 90 roupies (2 euros). A Orchha le chauffeur me dépose devant Shri Mahant Guesthouse près du temple Ram Raja. La guesthouse n’est pas de grand luxe pour 150 roupies (3 euros) la nuit, mais la chambre qui m’a été affectée donne du coté cour, elle est  fraîche car elle est toujours à l’ombre.  Orchha est une toute petite ville appelée “âme de l’Inde”, elle est bâtie sur les rives de la Betwa, affluent de la rivière Yamuna. Il fait bon de flâner dans cette romantique cité médiévale, ici sera un excellent endroit pour me reposer quelques jours car j’ai accumulé beaucoup de fatigue ces derniers temps. Je pourrais alors affronter le terrible ouest indien beaucoup plus en forme. Pour visiter les sept monuments de la ville il faut régler un droit d’accès de 30 roupies (0,70 euros). La journée suffit pour faire le tour des curiosités. J’aborde ma visite par le Raja Mahal  (Mahal signifie palais). Celui-ci très massif a été bâti entre 1531 et 1539. Je traverse plusieurs cours pour arriver au palais de cinq étages où les peintures murales racontent la légende du Ramayana, on y voit aussi Vishnou couché sur un serpent à sept têtes. En contrebas du palais une suite est réservée au fils du maharadjah afin qu’il puisse inviter des danseuses et qu’il finisse ses nuits endiablées. Un passage secret est aujourd’hui fermé car il est devenu le repère de nombreux cobras. Le musée archéologique est sans intérêt, on y voit rien tellement les vitrines sont recouvertes de crottes de chauves-souris. Le Jahangir Mahal du XVIII ème siècle a des dimensions impressionnantes, il est du style hindou et moghol. Il est admirable car au niveau pictural il marie le bleu turquoise au vert cobalt. Il est à l’ombre mais il y fait très chaud car les grandes pierres de granit absorbent la chaleur et la restituent, la réverbération rend la visite insupportable. Pour me rafraîchir les idées je me dirige vers le Phool Bagh et descends dans les souterrains d’un agréable jardin où j’attends le couchant pour traverser le petit pont de bois qui enjambe la Betwa et longer la rivière. Le sentier qui mène aux cénotaphes est parsemé de bouses de vaches. D’ici, au moment où le soleil est très bas et qu’il éclaire les murs de granit rose, le spectacle est admirable et poétique.  Je regagne ma guesthouse qui se situe dans une rue qui regorge d’activités. D’innombrables boutiques proposent des sucreries, des beignets, des objets du culte destinés aux offrandes. Je passe le porche et me retrouve sur une grande place où toutes les femmes sont là pour lécher les étalages de bois de santal, de fard, de henné et tout ce qui contribue à être belles. Des sâdhus récitent des mantras, peu à peu la populace envahit la place et attend que les grilles du temple Ram Raja s’ouvrent. Dès le début de la cérémonie les gens se bousculent pour entrevoir la minuscule statue de Shiva couronnée d’or et de diamants. Les fidèles chantent d’une façon monocorde et laissent de temps en temps échapper des cris stridents. Des prêtres contournent une dizaine de fois la statuette en tapant sur des gongs. La foule en délire est accrochée à la barrière de protection et lance des fleurs sur la statue. Une fois la cérémonie terminée tout le monde se jette aux pieds de Shiva pour déposer des offrandes. Cette cérémonie fanatique reflète la foi profonde des indiens pour leur religion mais aussi leur superstition. Après ce grand show je vais m’installer à la terrasse du Bolla restaurant en face le bureau de poste et m’attable avec une espagnole de Tolède. Elle est en vadrouille dans le secteur, nous partageons nos anecdotes respectives et commandons à manger. Tout se complique au moment où nous demandons une bière. Orchha est une ville sainte et l’alcool y est interdit. Pour nous satisfaire, l’aubergiste interpelle un jeune indien et lui demande d’aller en acheter dans la bourgade la plus proche à dix kilomètres d’ici. Le jeune enfourche sa mobylette et ne reviendra que quarante minutes plus tard avec deux canettes enroulées dans du papier journal au fond d’une boite en carton. Pour ne pas nous faire remarquer l’aubergiste nous demande de les laisser à nos pieds et de ne les boire qu’avec toute la discrétion qui s’impose.  Tout près d’Orchha se trouve la petite localité de Bhopal où le seul monument à visiter est celui érigé à la mémoire des victimes d’une abominable tragédie. La nuit du 3 décembre 1984, quarante tonnes d’iso cyanate de méthyle (un gaz très toxique utilisé dans la fabrication de pesticides) se sont déversées sur la bourgade au moment où elle était endormie. Le bilan des victimes a été estimé à 16000 personnes. Cette catastrophe est due à une multinationale basée aux Etats Unis (L’union Carbide). Je me demande pourquoi les ricains sont allés en Irak pour dénicher des armes chimiques inexistantes sachant qu’ils font preuve d’une indifférence irresponsable et dépravée à l’égard des vies humaines. La fatigue me gagne, le manque de sommeil se fait sentir. Demain je resterai au tiède et ferai en peu de courrier. Ma prochaine étape sera Agra la cité du Taj Mahal.

Courrier.

 Après une grasse matinée je me rends dans la boutique Internet que j’avais repérée hier.  “...........coucou Yannis, les boutiques Internet sont rares là où je me suis établi. Je fais le point après 22 jours assez éprouvants. Mes blessures sont maintenant résorbées. Bientôt je me retrouverais à Agra pour y visiter le célèbre Taj Mahal. En attendant j’assiste à de nombreuses cérémonies religieuses. L’endroit où je suis installé est assez agréable mais très chaud, les vaches sacrées sont avantageusement remplacées par les vautours, cela rend sinistre le décor subtil dans lequel je me trouve. Il fait près de 42°C je vis donc au ralentit. J’en suis à mon 2600 éme kilomètre en Inde c’est à dire à un tiers de mon parcours. J’espère que tout va bien pour toi, n’oublie pas de m’envoyer de tes nouvelles.............”

 “.........bien chère maman, c’est très difficile d’où je me trouve pour t’envoyer régulièrement du courrier. Des bureaux de poste il y en à mais pour trouver des timbres c’est autre chose. Je sais que tu as des nouvelles par Yannis avec qui je fais souvent le point. Je suis à un tiers de mon voyage et tout se passe à merveille. Je suis comblé par les beaux paysages et partage plein de bons moments avec les indiens et aussi avec les européens que je rencontre. Yannis a du te faire part de tout ce que j’ai vu de drôle et d’insolite. Je vais bientôt me trouver devant la Taj Mahal puis je poursuivrai vers le Rajasthan. J’espère que tout va bien ....  " 

“.........salut, je pense beaucoup à vous qui devez être devant une bonne table, car ici je n’apprécie pas du tout la bouffe locale. C’est toujours pareil, lentilles, riz, patates. La viande est rare et la bière aussi. Les gargotes sont bien souvent végétariennes, c’est affreux pour un carnivore !  Quant au pastis et au vin il vaut mieux que je n’y pense pas, seuls les chapatis (pain local) sont ma gourmandise. L’Inde c’est fabuleux, les sites et les décors sont fascinants, les mystères sont envoûtants. La vie locale est pleine de couleurs et surtout très attachante, mais elle est dure dans ces milieux surréalistes et hors du commun, ça vaut cependant la peine d’être vécu. En Inde il se passe toujours des choses inimaginables et marquantes. Dommage qu’il y fasse si chaud. Il me reste maintenant à rejoindre le Rajasthan et sa féerie avant d’atteindre Delhi, remonter aux sources du Gange et rentrer au Népal. Plein de bonnes choses à vous tous..............”

 Agra et le fort rouge.

Le trajet Orchha-Agra fut assez cool. Un rickshaw m’a promené pendant trente minutes pour aller à Jhansi une ville poussiéreuse et sans intérêt. Coup de bol ! A peine arrivé un train m’attend pour Agra. Après quatre heures de rail un taxi me dépose à “Tourist Guesthouse” à Kutchery Road. Ramesh le patron parle un mauvais français, il m’installe dans une chambre propre qui donne sur un joli jardinet. Les moustiques sont particulièrement collants et ne cessent d’attaquer. Le temps va changer, de gros nuages noirs gonflent le ciel, des éclairs illuminent la ville, le vent rafraîchit l’atmosphère mais il ne tombe pas une goutte d’eau. Je passe un long moment avec un parisien qui vient de finir de longues études de commerce et se paye un long voyage à travers l’Asie avant d’affronter la vie active. Je regagne ma chambre pour préparer ma journée de demain.   Vendredi 23 avril, très tôt je trouve Babu, un chauffeur de vélo-rickshaw qui me servira de guide, je lui explique rapidement le trajet que je veux faire et les haltes que j’ai à effectuer. Agra est la première destination touristique en Inde, près de trois millions de visiteurs par an viennent visiter le symbole universel de l’Inde, le célèbre Taj Mahal. Avant de me rendre au Taj Mahal je me fais déposer au pied du fort rouge ou “palais des empereurs Mohgols”. La forteresse énorme est bâtie le long de la Yamuna, elle contient des palais de marbre époustouflants, des mosquées et des jardins somptueux. Les remparts de grés rouges cernent le palais sur deux à trois kilomètres. Shah Jahan fut emprisonné par son fils dans une chambre du fort et de sa fenêtre il contemplait l’admirable Taj Mahal où repose sa femme adorée.

 Agra et le Taj Mahal.

Le Taj Mahal est dédié à l’amour, amour que Shah Jahan a perdu, c’est à dire son épouse Mumtaz Mahal. Fou de chagrin il fit construire ce monument en sa mémoire. Aucun architecte du royaume n’était capable de concevoir un projet à la dimension de sa douleur, il convoqua donc le plus célèbre architecte perse qui entama vingt deux années de dur labeur avec des milliers d’artisans venus du Moyen Orient et d’Europe. Le Taj Mahal est un des monuments les plus célèbres au monde. Plus de quinze mille personnes par an viennent le visiter. Le prix d’entrée est excessif, 750 roupies (18 euros). En pénétrant dans l’édifice un gardien me demande de tout déposer dans un des casiers de la consigne, même ma bouteille d’eau. Le Taj Mahal est absolument prodigieux. Ma première vision éblouissante et quasi irréelle est le mausolée de marbre blanc qui apparaît au fond du long jardin flanqué symétriquement de deux mosquées en grés rouge. Monté sur une plateforme, il se dresse colossal légèrement surélevé. Je suis pétrifié d’émotion et reste immobile durant dix minutes avant de l’approcher. L’écrivain Henri Michaux comparait le Taj Mahal à “.de la mie de pain blanc, du lait, de la poudre de talc...” Entièrement construit en marbre blanc, le bâtiment principal est orné de versets du coran incrustés sur ses parois. Tout l’édifice est parfaitement symétrique par rapport à la tombe de la reine. Du porche principal j’accède par un escalier à la crypte où se trouvent les vraies tombes qui renferment les restes de Muntaz Mahal et de Shah Mahal. A l’intérieur les sculptures sur marbre sont incrustées de pierres précieuses et semi-précieuses (rubis, jade, agate, corail, onyx, lapis-lazuli....), elles composent un ensemble floral absolument merveilleux (lotus, tulipes, jasmins, fuchsias......). Avant de quitter le Taj je reste encore quelques minutes immobile, à le contempler une dernière fois.  Mon guide et chauffeur à la fois, m’attends à l’entrée du Taj au point de rendez-vous. Sur l’esplanade des dizaines de commerçants attendent les clients que des rabatteurs sont chargés d’accrocher. Je me suis laissé tenter par un coffret à bijoux et un petit éléphant en marbre et mosaïque. Après cette merveille, le guide m’accompagne dans une usine. La grande spécialité d’Agra étant la sculpture sur marbre, dans l’atelier, des ouvriers réalisent un travail prodigieux, ils taillent, meulent et polissent des pièces de toute beauté. J’invite mon guide à prendre un rafraîchissement et dans le cours de notre discussion il me parle d’un bon restaurant non végétarien le restaurant “Zorba the Bouddha”. Je lui demande de venir me prendre ce soir à la guesthouse pour m’y conduire. Avant de regagner mon logement pour y prendre une douche je vais acheter quelques cartes postales du Taj car le mauvais appareil photo que j’ai acheté à Bénarès ne me permet pas de faire de beaux clichés. Dans le jardinet de la guesthouse l’allemand fait son courrier, je lui propose de venir ce soir au “Zorba the Boudha” avec moi. Nous nous donnons rendez-vous pour 19 heures. Nous voilà partis pour le restaurant. Les patrons du restaurant sont des disciples d’Osho, un gourou très “peace and love”. Une musique douce s’élève de la salle où murs et plafonds sont couleur pastel avec des étoiles blanches. Les chaises sont en bois laqué blanc. Le cadre fait plutôt “new age” mais les préparations culinaires sont d’une grande variété. Je me régale avec une excellente viande de mouton accompagnée de riz à l’ail. A l’issue du repas le chauffeur nous attend, il nous fait patienter longuement car de puissantes rafales de vent emportent tout, c’est une mini tornade comme hier. Des branches d’arbres tombent, des chevalets publicitaires volent, l’éclairage public est en panne totale. Après plus d’une demi-heure nous embarquons et traversons un quartier dans une totale obscurité. Les rafales soulèvent une épaisse poussière, les gens s’entourent le visage de foulards. Tant bien que mal nous voilà arrivés. (70 roupies au lieu de 20).  Encore une journée et une nuit à Agra et j’en aurai vite fait le tour.

Taj Mahal et au revoir Agra.

Ce matin j’ai une folle envie d’aller revoir le Taj Mahal depuis l’autre rive de la Yamuna, un endroit parfait pour le voir dans sa totalité. Pour m’y rendre il me faut traverser un grand pont métallique de trois kilomètres de long, le pont Juma, sur lequel je suis emporté par la foule, les vélos, les chars à bœufs, les rickshaws et les voitures délabrées. Le pont est bouchonné en permanence mais c’est le seul moyen pour franchir la Yamuna. Sur les rives de la rivière il y a des dizaines de lavandiers qui battent les tissus multicolores. A la sortie du pont des taxis attendent d’éventuels clients, j’en appelle un pour lui demander de me véhiculer jusqu’à la mosquée Utimad-ud-Daulah et me rapprocher ainsi du Taj. Le mausolée d’Utimad est le précurseur du Taj, lui aussi est décoré d’incrustations de pierres semi-précieuses. L’intérieur du mausolée est orné de marqueteries de marbre, l’ensemble des claires-voies ressemble à une véritable dentelle, le plafond à alvéoles est couvert de dorures endommagées. Je demande à mon chauffeur de faire un détour par Chini ki Rauza appelé “le mausolée de faïences” car il est revêtu de faïences émaillées. Je grimpe sur le toit de l’édifice pour apercevoir au loin le fort rouge et le Taj Mahal. Pour atteindre les rives de la Yamuna il faut que j’emprunte une piste défoncée, le taxi me laisse continuer à pieds pendant prés d’un kilomètre. Très rapidement me voila devant le prestigieux Taj qui se dore sous le soleil couchant, il passe du blanc laiteux au rose légèrement violacé. Quel spectacle magnifique! Je reste quinze à vingt minutes assis et figé devant ce décor unique au monde. Sur mon chemin j’ai repéré un bon restaurant non loin de mon logement, le “Green Park”. Après une longue douche je repars à pieds jusqu’au resto, les cloisons sont en bambous et la moquette en corde tressée. Je choisis du poulet au poivre cuit au lait de coco et bien entendu du riz et deux chapatis pour accompagnement. Je termine avec un excellent thé noir et des graines d’anis qui ont le pouvoir de faire digérer. Le tout pour 200 roupies (3 euros). Je rentre alors préparer mon départ de demain pour Jaïpur et faire un dodo bien mérité.

Jaïpur, capitale du Rajasthan.

Par ce beau matin de dimanche 25 avril je me rends à la station de bus du Red fort à l’aide d’un vélo-rickshaw et j’attends le bus “Deluxe” qui me transportera à Jaïpur en quatre heures. Le bus est confortable mais bondé d’enfants sujets à des vomissements et des envies pressantes de faire pipi, les arrêts sont donc fréquents. Je suis installé près de deux canadiennes et ça fait rudement plaisir de converser en français. Avec toutes les haltes, le bus a été retardé de deux heures, mais nous voici à Jaïpur. A Jaïpur je m’installe à « Shakuntalam guesthouse », l’accueil est chaleureux et les chambres sont modestes mais très propres pour 200 roupies la nuit (3 euros). La “ville rose”, Jaïpur est la capitale du Rajasthan, elle a été construite à quelques kilomètres de l’ancienne capitale Rajpoute d’Amber. C’est une ville récente construite à l’intérieur de hauts remparts encore intacts. Les avenues de Jaïpur sont grandes et rectilignes, il y a des bazars spécialisés dans le commerce des tissus. Dans la vieille ville la plupart des bâtiments bien conservés sont construits en grés rose, d’autres plus anciens sont rafraîchis par des couches de peinture rose, la couleur de l’hospitalité. Tout ce décor est du meilleur effet surtout le matin lorsque le soleil levant fait étinceler les deux couleurs. Jaïpur n’est pas une ville reposante, mais j’y resterai quelques jours car elle abrite un superbe palais et un étonnant observatoire. De plus, tout proche d’elle se trouve l’époustouflante forteresse d’Amber. Jaïpur est une grande ville qui s’étend sur des kilomètres, elle est grouillante et le trafic provoque de gigantesques embouteillages si bien que dans la soirée certaines artères sont mises en sens unique. Ce soir sur la terrasse de ma guesthouse j’ai une longue discussion avec deux jeunes indiens qui tentent de m’embarquer dans un trafic de perles noires. Demain j’aurai fort à faire pour découvrir une bonne partie de la ville.

 Jaïpur, city palace et Hawa Mahal.

Je redescends sur la ville et me rends compte qu’ici il n’y a pas de vaches sacrées mais beaucoup de chameaux qui bloquent la circulation. Ils sont utilisés pour transporter le matériel utile aux constructions dans le cœur de la ville, mais aussi pour tirer de grandes quantités d’eau des puits. Il n’y a pas non plus de vautours mais de magnifiques paons qui font la roue sur les toits des immeubles. Me voici au cœur de “la ville rose“, au City Palace. Pour visiter les salles du palais il faut s’organiser, tellement l’ensemble est gigantesque. J’ai eu un petit coup de cœur pour le musée des costumes avec ses vêtements d’apparat de Maharadjahs brodés d’or et pour le musée des armes et des vieux livres. Je traverse le hall des audiences et je suis impressionné par deux immenses jarres d’argent de 345 kilos et de 9000 litres de contenance. Ces jarres servaient à transporter de l’eau depuis le Gange pour les ablutions du Maharadjah de l’époque. Aujourd’hui une partie du palais est toujours occupée par le Maharadjah actuel, mais il n’y est pas souvent car il occupe la fonction d’ambassadeur d’Inde au Brunei. Tout près du City Palace se trouve le Hawa Mahal “Palais des vents”, un ensemble très particulier qui se résume à une simple façade de cinq étages qui domine la rue principale de Jaïpur. Ses fenêtres roses semi octogonales et délicatement ajourées permettaient aux dames du harem d’observer le spectacle de la rue sans être vues. Cette architecture particulière permet au vent de s’y engouffrer afin de rafraîchir l’atmosphère. Entre les deux édifices que je viens de visiter se trouve l’observatoire “ Jantar Mantar ”, un endroit insolite créé en 1728 par Jaï Singh surnommé le Newton de l’orient. Le Jantar Mantar apparaît comme un étrange ensemble de sculptures modernes et surréalistes. Chacune d’elles a une fonction bien définie: mesurer la position des étoiles, l’altitude, les azimuts et de calculer les éclipses. Le plus étonnant est le cadran solaire avec un mur de 27 mètres de haut, l’ombre qu’il projette se déplace de quatre mètres en une heure. Les indiens ont une foi absolue dans l’astrologie car elle régit les grandes décisions de leur vie. Par exemple, les fiancés doivent avoir en commun au moins 17 paramètres sur 30 pour pouvoir se marier. Ma promenade culturelle n’est pas finie car je vais maintenant à Old Ajmer Road au musée des turbans. C’est très instructif pour mieux comprendre le Rajasthan. Le turban appelé pécha, pagri ou safa est bien plus qu’un couvre chef, il est la véritable carte de visite de la personne qui le porte. La couleur détermine la caste ou l’ethnie mais aussi les évènements survenus (par exemple le bleu ou le blanc se portent pour un deuil). D’autres correspondent à la religion, la saison ou la région. La longueur d’un turban varie de neuf à vingt deux mètres selon la région. En effet, les indiens nomades se servent de leur turban pour puiser l’eau du puits. Le style drapé ou torsadé est réservé aux chameliers. Il est temps que j’aille réserver un bus pour après demain car ma prochaine halte sera Pushkar. Le bus sera un “Deluxe” et le trajet durera 3 heures (2 euros). Je repasse à la guesthouse et avant d’aller dîner je vais dans le plus beau cinéma de toute l’Inde, le Raj  Mandir, construit par les fils d’un bijoutier fanatiques de cinéma. Le cinéma est une des distractions les plus importantes en Inde. Au Raj Mandir dans la queue pour accéder à la grande salle c’est la cohue proche de l’émeute. L’industrie cinématographique indienne tourne 800 longs métrages par an, ce qui place l’Inde au premier rang mondial devant les Etats Unis d’Amérique. La majorité des films sont destinés à la consommation de gens illettrés (intrigues simplistes, thèmes à l’eau de rose, rengaines olé-olé....). Les usines de production se trouvent à Bombay surnommée “Bollywood”. Quatre vingt dix pour cent des films en langue hindi viennent d’ici, les films en tamoul viennent de Madras, ceux en kannada de Bengalore et ceux en bengali de Calcutta. Après le moment pénible qui est l’achat du billet (entre 5 et 25 roupies soit: 0,1 à 0,5 euros), me voila installé dans la grande salle. Je suis immédiatement plongé dans l’ambiance qui y règne et dans les odeurs de transpiration. L’action est à la fois sur l’écran mais aussi dans la salle. Les spectateurs réagissent par des cris de sauvages, des rires, des commentaires et des jets de coques de cacahuètes. Le thème du film est une histoire d’amour contrariée entre deux collégiens. L’histoire a tourné à la faveur du héros affronté à des méchants à la mine patibulaire. Les acteurs se mettent à chanter et danser un mélange de danses orientales et de comédie musicale américaine, tout rentre dans l’ordre et ils remettent ça toutes les dix minutes. Je quitte la salle bien avant la fin du film car c’est trop cul-cul et j’ai très faim. J’avais repéré un des meilleurs restaurants de viandes grillées de Jaïpur, j’y fonce et m’installe sous une paillote de feuilles de bambous tressées et commande, tandoori, kebab et chiken tikka. J’ai hâte de rentrer. Demain je passerai une journée entière à Amber.

La forteresse d’Amber.

Je commande un rickshaw pour qu’il m’emmène au Palais des vents, c’est là que se trouve l’arrêt du bus pour Amber. Le bus numéro 11 est bondé et prêt à partir, je m’entasse avec les passagers, ça sent la transpiration, heureusement qu’il n’y a que trente minutes de trajet. La route est sinueuse, et la chaleur accablante, nous longeons un lac quasiment asséché sur les rives duquel est bâti un merveilleux petit palais de Maharadjah. L’endroit est superbe et très romantique, à la sortie du dernier virage je suis ébloui par le spectacle de cette extraordinaire forteresse perchée sur une falaise aride. Je suis à Amber, dans la capitale de nombreuses dynasties. Le bus me dépose et avant d’entamer la dure montée je me désaltère, j’achète de quoi pique niquer, de quoi boire et je m'entoure d'un turban pour me protéger des rayons du soleil. Des éléphants font la queue pour attendre les clients qui veulent monter jusqu’à la forteresse. Je choisis de faire l’ascension à pied et en chemin je suis arrêté par une fillette qui ne me lâchera plus d’une semelle tant que je ne lui aurai pas acheté une marionnette représentant une Maharani. Un peu plus haut c’est un gamin qui m’accroche pour que je lui prenne une série de cartes postales et puis un autre qui veut à tout prix que je parte avec un éléphant taillé dans du bois de santal. La chaleur est épouvantable, la réverbération de la chaleur de la falaise brûlante mêlée au vent qui s’engouffre me provoque les mêmes sensations qu’un sèche cheveux placé à quelques centimètres de ma peau. Me voila au sommet, j’ai besoin de souffler un moment et me reposer en regardant la longue procession des pachydermes qui montent lentement. J’accède à l’édifice par une immense porte, m’acquitte du droit d’entrée, 75 roupies (1,8 euros) et me trouve sur une esplanade où je fais le point, à savoir comment aborder la visite. Le meilleur moyen est de se rallier à un groupe et de suivre le mouvement. Ceci fait nous commençons par le Ganesh Pol. Ganesh est le symbole de la chance il figure près du hall des audiences publiques où le Maharadjah se reposait dans un fauteuil d’argent massif. Le Ganesh Pol débouche dans le jardin des femmes autour duquel se trouvent trois chambres, une pour l’été, une pour l’hiver et une pour la mousson. Dans cette dernière il y a une fontaine intérieure dont l’eau coule jusque dans un coquet jardin. Nous nous trouvons maintenant dans le hall des miroirs, un gardien allume des bougies pour nous montrer les jeux des lumières qui passent d’un miroir à l’autre. Par une porte vieille de 400 ans nous pénétrons dans le Singh Palace. Douze passages secrets qui ne le sont plus maintenant conduisent aux douze appartements des favorites. A l’étage il y a le hall de la gloire où le Maharadjah écoutait sa musique préférée, jouait et regardait les danseuses. Je quitte le groupe, rebrousse chemin jusqu’au niveau de la porte d’entrée, c’est d’ici que les femmes du harem jetaient des fleurs sur le Maharadjah lorsqu’il rentrait. Pour pique niquer je me poste à l’ombre des remparts, un couple tout à mes cotés me demande de me joindre à eux, nous partageons nos modestes repas et après une longue séance photos nous échangeons nos adresse: Ashiv Soni s/o Jagdish Soni. Goal Market. Rajgarh Diss (Alwar)Rajasthan. India. Téléphone N° 01464-220950.  A mon retour à “Sakuntalam” guesthouse je fais la connaissance de deux jeunes israéliens. Ils ont fini leur service militaire (3 ans dans leur pays). Ils font ce beau voyage avant de rentrer dans la vie active à Jérusalem pour y ouvrir un restaurant. Demain je quitterai Jaïpur à six heures du matin pour Pushkar.

Pushkar.

Il est 6 heures du matin, le chauffeur de rickshaw qui doit m’emmener prendre le bus se trompe de station, heureusement que je me suis levé tôt et que je dispose de temps car la bonne station est totalement à l’opposé de la ville. Enfin arrivé j’achète mon billet 100 roupies (2 euros) pour cinq heures de route. Pour aller à Pushkar il faut passer par Janshi, supporter un passage aride et désertique puis franchir un petit col dont la route est quasiment impraticable. La descente sur Janshi se termine par une large plaine et à la bifurcation qui permet de pénétrer dans la ville le bus stoppe et le chauffeur m’invite à descendre. Je me retrouve seul au milieu de ce paysage de désolation et attends pendant près d’une heure avant d’apercevoir un indien avec sa carriole tirée par un cheval. Comme j’apprends qu’à Pushkar il n’y a pas de véhicule qui pénètre dans la ville j’accepte d’y aller avec ce moyen de locomotion quelque peu insolite. Je charge mon sac me hisse aux ridelles et nous voila partis pour le terminus, la ville de Pushkar. Pushkar est une étape incontournable au Rajasthan, c’est une jolie et agréable petite ville toute blanche implantée autour d’un romantique lac au pied de nombreuses collines. La ville est piétonne, il y règne une certaine nonchalance, je croise de nombreux “babas“, des nostalgiques de cinquante ans qui viennent en “pèlerinage”. En 1972 Pushkar était le rendez-vous de tous les hippies du monde entier. A Pushkar il y a d’innombrables boutiques de friperies et d’autres, proposant la véritable panoplie du parfait rêveur, des shiloms et des pipes destinées à l’usage du Hashish. Les “babas” d’aujourd’hui marchent sur les traces de leurs parents avec des tenues extravagantes, la tignasse désordonnée et crado. Certains jouent les Sâdhus. Pushkar est la ville où est vénéré Brahma, « le créateur », le premier dieu de la trinité Hindoue. Brahma est le créateur du monde, il est né des eaux, ses symboles sont la fleur de lotus, le spectre et le livre de Véda, sa monture est le cygne. Selon la légende Brahma se préparait à la puja qui devait avoir lieu en présence de sa femme. Son épouse se fit attendre, alors las d’attendre Brahma épousa une fille de Pushkar et jura qu’on ne célèbrerait nulle part ailleurs son culte. A Pushkar il se passe un évènement extraordinaire en novembre, la plus grande foire aux chameaux d’Inde. Même les nomades du désert du Thar viennent y participer. Une grandiose fête foraine se déroule en même temps et le jour de la pleine lune tous les indiens se jettent dans le lac au lever du soleil.  Je n’ai pas de mal pour trouver un logement. J’opte pour “Payal Guesthouse” à Sadar Bazar car elle est absolument mignonne, bien située au centre de la ville et tout proche du temple de Durga.  Demain je prendrai du temps pour découvrir la ville. Au petit matin alors qu’il fait déjà 37 °C, je monte visiter le temple de Brahma et n’y rencontre que des femmes. Elles viennent ici à l’aube pour y obtenir bonheur, mariage et fécondité. Dans cette ville sainte je suis quasiment obligé de vivre les pieds nus car tous les lieux sont religieux, les abords des temples, les rives du lac, il est même interdit de porter du cuir, et impossible de trouver à boire de l’alcool ou à manger de la viande (pas même des œufs). Les rues et les quais sont truffés de lingam de Shiva et les photos sont interdites. Toutes ces règles de bonne conduite sont rappelées sur des pancartes et il ne faut pas y déroger sous peine de ne pas pouvoir visiter longtemps Pushkar. Pour admirer Pushkar sous tous ses angles je choisi de faire le tour du lac à pied (3,5 kilomètres). Et quel bonheur ! je peux voir toutes les mosquées et tous les temples de la ville se détacher au dessus des eaux. C’est admirable, à cette heure au moment où le soleil est prêt à se coucher, les murs blancs virent au rose et la foule commence à envahir les escaliers des ghâts pour la puja alors que les enfants jouent au cricket sur la grande esplanade. Le cricket est le sport favori des indiens. L’Inde est le numéro deux mondial de cricket après l’Australie.  C’est l’heure de dîner, je monte sur la toiture terrasse du restaurant “Pink Floyd” pour y manger une soupe épicée à la tomate et un plat de spaghettis pour végétariens. Soudain un petit feux d’artifice éclate et illumine le lac et les façades des maisons. En même temps toutes les cloches des temples tintent, les prières s’échappent des mosquées et les sâdhus récitent des mantras. Sorti du restaurant je rencontre le vieux sâdhu qui a attiré mon regard et avec qui j’ai sympathisé ce matin aux abords du temple de Brahma. Il est très cultivé et parle bien l’anglais. Il a une allure excentrique mais comme sa tradition religieuse le demande il a une conduite exemplaire et un grand savoir spirituel. Il est vénéré comme tous les autres sâdhus. Des sâdhus, on en rencontre partout en Inde, certains sont couverts de cendres et sont quasiment nus. Le cou entouré d’amulettes et coiffés d’impressionnantes tignasses certains sâdhus errent, ce sont les hommes saints, ils dispensent des leçons sur les places publiques, ce sont les gourous ou les maîtres vénérés. La chevelure des sâdhus est longue et épaisse, ils ne se peignent jamais, enduisent et frottent leurs cheveux avec de la sève de Banian “l’arbre sacré”. Tout comme leur corps leur tignasse est enduite de cendres, symbole du renoncement absolu, suivant le modèle de Shiva. Après de dures pénitences le sâdhu devient siddha, soit ermite, soit ascète. On en rencontre dans des positions acrobatiques et dans des postures insensées. Debout sur une seule jambe tel les flamants roses ils font pénitence pour essayer d’atteindre la délivrance du cycle infernal des renaissances (mokça) pour fondre leur propre âme (atman) dans l’âme universelle (brahman). Le gourou, chef des communautés spirituelles est amené à atteindre “Açrama”, l’ultime phase de vie d’un brahmane sur le chemin de la vérité. Bon ! Demain je disposerai de beaucoup plus de temps, je pourrai m’attarder pour mettre un peu d’ordre dans mes affaires et rassembler mes documents qui témoignent de la religion hindoue et du système des castes.  Ce matin je pars pour Roopangarh sur la route de Shekhawati car je tiens à voir ce fort particulier dont tout le monde parle. J’accède à Roopangarh par une voûte de pierre, franchis une grande porte trois fois centenaire et débouche dans un village adorable et oublié du temps. Les échoppes minuscules sont attirantes, les vieux résidents enturbannés dégustent le thé adossés aux façades ocre et chaudes des habitations, le spectacle de la rue est séduisant et attachant. A Roopangarh se trouve un fort du XVI ème siècle ouvert très récemment en hôtel par son Maharadjah et délicieusement décoré par sa Maharani. Pas une chambre n’est semblable et tout est d’un goût exquis, surtout “la suite de la Reine” qui en coûte 2500 roupies la nuit  (rien que 60 euros). D’autres chambres pour célibataires sont plus abordables (moitié prix) et les plus accessibles 750 roupies (18 euros). Quant au restaurant du fort, il est à la hauteur de l’établissement. Avant de retourner à Pushkar je dois aller voir les milliers d’oiseaux du lac salé de Sambhar.

La religion hindoue et les castes.

Alors qu’il fait bien chaud dans les rues et sur les ghâts je décide de rester plus au frais dans le petit jardin exotique de ma guesthouse pour écrire quelques lignes sur la religion Hindoue. C’est bien complexe ! Cette religion est prédominante en Inde, elle est une des plus anciennes et compte sept cents millions de pratiquants. Elle n’a ni fondateur ni clergé et repose sur deux principes fondamentaux. Une première clef est que l’univers se fonde sur un ordre: la vérité qui maintient en existence. Par exemple si la mousson arrive en retard, s’il y a des inondations catastrophiques..... La croyance attribue ces faits à la rupture des équilibres qui ont perturbé l’ordre cosmique (le dharma). La deuxième idée est que l’homme est fait d’un corps périssable et d’une âme éternelle qui se réincarne indéfiniment d’un corps à l’autre. Dans ses différentes vies l’homme accumule des fautes et de bonnes actions. Comme la vie n’apporte que souffrance et accablement, le but de tout hindou est d’en finir au plus vite avec ce cycle infernal des réincarnations pour atteindre le Nirvana. On ne se réincarne pas au hasard, on renaît dans une caste qui correspond exactement à son casier religieux. Grâce à une bonne conduite on peut se rapprocher de l’état de pureté. Les principales croyances de l’hindouisme sont illustrées par deux épopées qui mettent en évidence le système des castes en fonction desquelles s’établit le “karma”, somme des actions passées qui conditionne la réincarnation de l’âme (samsara). Les castes chez les indiens sont un système d’origine religieuse pour le fonctionnement de la vie sociale et l’expression de leur conception du monde. La société indienne est inégalitaire contrairement à nous, “normalement”. L’esprit indien appréhende le monde d’une manière hiérarchique. Il faut le dire, malheureusement, ceux qui font partie des castes supérieures se livrent à des activités “pures” tandis que les autres tout en bas de l’échelle ont des occupations qui les rendent encore plus “impurs”. Chacun appartient à un groupe, il y en a quatre (4 varnas).

Les Brahmanes, prêtres et lettrés sortis de la bouche de Brahma.

Les Kshatriyas, guerriers sortis des bras de Brahma.

Les Vaisyas, commerçants, artisans et agriculteurs sortis des cuisses de Brahma.

Les Sudras, serviteurs sortis des pieds de Brahma.

Et puis il y a les indiens qui n’appartiennent à aucune varnas, ce sont les parias “les intouchables”.

Les Brahmanes, Kshatriyas et Vaisyas représentent 18 % de la population, les Sudras 40 % et les parias 18 %. Le reste est « les non hindouistes », principalement des musulmans et des Sikhs. Les Sikhs qui représentent 2 % de la population sont une minorité religieuse qui est très solidaire, entreprenante et présente dans l’économie, les affaires et le commerce. J’en ai rencontré beaucoup sur les routes de l’Inde car beaucoup sont chauffeurs de taxis ou de camions, ils sont reconnaissables à leur barbe non taillée et leur moustache bien entretenue. Ils portent tous un turban de couleur qu’ils n’enlèvent que rarement. Les Sikhs ne sont ni des fanatiques musulmans ni des hippies attardés mais l’élite indienne soudée autour de leur religion le Sihkisme, synthèse de l’islam monothéiste et de l’hindouisme polythéiste. Pour en finir il y a aussi les héritiers de la religion Perse, les Pârsis qui adorent le soleil et qui pour ne pas souiller les éléments après la mort se font dévorer par les vautours au sommet des “tours du silence”. J’ai grandement mérité un bon repas, et j’ai une envie folle de manger de la viande, mais où ? Nulle part ! Alors je vais dîner au “moon dance garden restaurant” en face le temple de Vishnou et commande un potage style minestrone et une pizza végétarienne. Ce soir le spectacle n’avait pas lieu, tant mieux car demain je me lèverai à cinq heures pour partir à Jodhpur.

Jodhpur.

Aujourd’hui je vais m’enfoncer dans le Rajasthan profond. Je quitte Pushkar comme lorsque j'y suis arrivé, dans une carriole tirée par un cheval et me fais arrêter à la station des bus gouvernementaux qui vont à Jodhpur, 84 roupies pour cinq heures de route (1,8 euros). Un terrible orage très bénéfique perturbe le trajet pendant plus d’une heure. Cette région est pourtant la plus ensoleillée d’Inde car ici il n’y a que treize jours nuageux par an. Quelle chance !  J’arrive à Jodhpur à onze heures et me fait déposer au cœur de la vieille ville à “Chivam Paying guesthouse”, une minuscule pension tenue par une famille nombreuse. Ma chambre se situe au dernier étage (au quatrième) et par un petit escalier je peux me trouver rapidement sur la toiture terrasse où m’est servi un rafraîchissement de bienvenue. C’est superbe ! Je domine tous les toits de la “ville bleue” et face à moi perchée sur une immense falaise se dresse la superbe forteresse de Mehrangarh. Jodhpur est la deuxième ville du Rajasthan après Jaïpur mais beaucoup plus reposante. Deux villes en une, la vieille ville composée d’un labyrinthe de ruelles étroites, fraîches, vivantes très peu fréquentées par les touristes où ne circulent aucun véhicule, et la ville moderne aux artères polluées où résonne un vacarme exténuant. La cité a donc deux visages bien opposés, elle s’étend sur plusieurs kilomètres au pied d’une forteresse majestueuse, une des plus belles et des plus imposantes de l’Inde. Mehrangarh est une ville citadelle où tout est de grés rose, elle renferme de nombreux palais somptueux. Au bas se trouve la ville bleu lavande. Cette couleur particulière est propre à Jodhpur car Jodhpur était une ville qui appartenait aux Brahmanes vénérateurs de Krishma qui a le visage bleu. La tradition perdure, surtout que le bleu adoucit la chaleur et chasse les moustiques. Jodhpur est aussi appelée “Sun City” car c’est la ville la plus ensoleillée de l’Inde. Le manque d’eau à Jodhpur causait d’énormes problèmes d’irrigation des terres. Aussi, très récemment la ville a été connectée avec le Rajiv Gandhi Lift Canal qui apporte l’eau tout droit des montagnes himalayennes. Cette ville est tellement agréable que je décide d’y rester plusieurs jours, de plus que les environs offrent de belles escapades vers les villages Vishnoïs. Jodhpur est aussi la plus grande ville proche de la frontière pakistanaise, dix pour cent de la population est dans l’armée et tous les jours j’assiste à d’importantes manœuvres militaires autant sur les pistes que dans les airs.  Mon premier après midi je le passe à flâner dans les mini ruelles faites pour la taille d’une vache. Je m’arrête tous les cinquante mètres car je suis sans cesse interpellé par les habitants très hospitaliers, j’observe les enfants qui jouent, les femmes qui tamisent le riz ou brodent. Je m’aventure à mi colline pour mieux dominer la ville, je suis émerveillé, je me plais bien ici. Avant d’aller dîner je regagne ma terrasse, le temps d’écrire tout ce que je ressens à Yannis.  “.................je suis à Jodhpur, un petit paradis sur la planète Inde. Je vis au cœur d’une vieille ville appelée “ville bleue”, elle porte bien son nom car ici façades, monuments, escaliers, toitures passent du bleu turquoise au bleu ciel et du bleu lavande au bleu outremer. C’est superbe ! Il y a à Jodhpur un parfum musulman dû à sa proximité avec le Pakistan et le soir les cris de l’Imam s’échappent des minarets des mosquées. Je suis sur le toit de ma gentille guesthouse et le spectacle de jour comme de nuit est reposant et poétique. Comme un grand rideau, en face de moi j’ai toujours cette falaise de 150 mètres de haut sur laquelle sont posées les grandes murailles d’une forteresse colossale. J’y monterai demain. A mes pieds c’est la ville avec ses incessants tintements de clochettes qui montent des temples hindous car c’est à cette heure que les indiens vont vénérer leurs multiples dieux. La falaise s’éclaire, j’ai comme une impression de vertige, le décor est spectaculaire. Je vais regagner ma chambre car malgré tout je suis bien crevé. Je te donnerai d’autres nouvelles plus tard...............”

La forteresse de Mehrangarh.

Dès l’aube j’ai les pieds dans la rue car pour effectuer l’ascension à la forteresse je préfère éviter les rayons du soleil. Depuis la ville basse il me faudra une heure pour atteindre le sommet et pénétrer dans les remparts. Une heure pendant laquelle je marche lentement en sillonnant des ruelles pentues, une piste rocailleuse et des escaliers abrupts. Il y a déjà beaucoup de monde à cette heure. Après la première épingle je suis déjà bien haut et commence à contempler les toitures bleues de la ville. Je fais un bout de chemin avec un couple courageux et leurs trois petits enfants qui ont du mal à enjamber la rocaille et les dernières marches abruptes. La maman porte le bébé enturbanné autour de sa taille, le papa aide le petit qui a quatre ans et je donne un coup de main à l’aîné qui en a cinq. Les difficultés passées je prends de l’avance pour accéder à l’entrée. L’accès à la ville fortifiée est payante, cinquante roupies (1 euro). Je franchis une porte merveilleusement ouvragée et entame une montée encore plus raide pour arriver à une autre porte délabrée et défoncée par des impacts de boulets de canons. La forteresse est un véritable nid d’aigle édifié en 1959 par le Rao Jodha son fondateur. Elle s’élève à 150 mètres au dessus de la citée et mesure un kilomètre cinq cent de long sur trois cents mètres de large. Tout est construit en grés rose rappelant la couleur du bois de teck. Mehrangarh signifie “fort en majesté”. Pour visiter les vingt cinq salles je mets un audiophone sur mes oreilles et suis bêtement les consignes. La cour du couronnement est impressionnante avec ses dizaines de fenêtres ajourées d’où les femmes pouvaient tout voir sans être vues. Je suis transporté à la salle des sièges à éléphants, à la salle aux palanquins, à la salle au trésor où se trouve le palanquin en bois et or qui servait à la première femme du Maharadjah, à la salle des armes où sont exposés des sabres avec des manches ouvragés en ivoire et dans bien d’autres salles qui renferment des bijoux, des écrits, des instruments de musique.....  En attendant de poursuivre ma randonnée culturelle je sors pour contourner les quatre kilomètres de remparts, une balade périlleuse mais inoubliable. Je domine Jodhpur et toutes les collines environnantes, il fait excessivement chaud je suis brûlé par le soleil et cours au “Mehran” le restaurant aménagé dans la forteresse où j’avale une bouteille d’eau. Ca va mieux ! Mais je vais rester à l’intérieur. Je traverse la salle d’audience du Maharadjah et débouche dans le palais des fleurs appelé “dancing hall”. Cet espace est réservé aux danses et aux réceptions, son plafond est décoré de peintures à l’or mais l’ouvrage n’est pas terminé car l’artiste qui l’a entrepris est mort avant de l’avoir achevé. Quant au plafond de la chambre du Maharadjah il est en bois de santal, ivoire et or. Dans le Holi Showk où se déroulait la fête des couleurs je me fais accrocher par un spécialiste qui me lit dans les lignes de la main pendant dix minutes gratuitement. Je n’ai rien compris de ce qui m’a raconté mais par contre si je veux en savoir plus il faut que je sorte les roupies. Je n’ai pas de temps à perdre et vais à la terrasse aux canons où un orchestre de cuivres joue “Aïda”. D’ici, au loin j’aperçois l’Umaïd Bhawan Palace et je continue jusqu’au petit temple hindou implanté à la pointe ouest de la forteresse comme sur la proue d’un paquebot. Ma visite alors terminée, je prends un peu de mon temps pour grignoter avec la famille avec qui j’ai fait une partie de l’ascension, je me fais offrir une larme de rhum et m’installe à l’ombre pour attendre que les derniers rayons du soleil s’évanouissent. Ca ne dure pas longtemps mais tout d’un coup la ville apparaît bleue-rose. Quel bonheur !  Il me faut retourner à Jodhpur où les cris du Museim résonnent déjà. La falaise s’éclaire et le vertige me reprend. Je regagne ma guesthouse pour me retaper avant d’aller dîner en ville. Ravi de ma journée je vais dans un endroit magique pour manger allongé comme un pacha ou plutôt comme un Maharadjah devant un grand feu. Ce restaurant est très cher (10 euros), il y a énormément de choix, des viandes au barbecue, des plats chinois, des pizzas et un grand buffet de fruits exotiques. Je passe une agréable soirée car j’ai en prime un spectacle donné par de magnifiques créatures aux yeux pétillants qui dansent dans des tenues légères et colorées. Demain je prendrai mon petit déjeuner sur mon toit.  Ce matin dans le centre de la ville moderne des groupes politiques installent une grande estrade près de la tour de l’horloge. A mi-mai auront lieu les élections parlementaires. Au grand marché de Jodhpur ça respire la misère autant qu’à Calcutta, c’est insoutenable. Il y a des culs-de-jatte et de nombreux lépreux qui sortent des bidonvilles pour venir s’approvisionner ici à Sardar Bazar. Autour de Clock Tower qui est mon point de repère il y a l’ambiance des petits métiers de la rue et le marché aux grains. Un commerçant végétarien propose toutes sortes de jus de fruits exotiques, sa terrasse est noire de monde, c’est aussi un point de rendez-vous où l’on peut faire la causette. Maintenant, alors qu’il fait très chaud je préfère aller flâner dans les minuscules ruelles de la ville bleue où le soleil ne passe pas. L’ambiance est très attachante à l’écart du tumulte. Les gens sont hyper charmants, chacun et chacune échangent des sourires, fait un signe de la main, des mouflets s’accrochent à moi et ne me lâchent plus les baskets. Les portes des maisons restent toujours ouvertes sur la rue et il s’échappe de bonnes senteurs d’épices et de cuisine locale, mêlées aux mauvaises odeurs des bouses de vaches. La vraie vie quoi !J’attendrai le coucher pour aller voir le Jaswant Thada et l’Umaïd Bhawan Palace, en attendant je vais visiter une galerie d’art “The great artist Tantrik Painter”, l’artiste se fait appeler Kikasso, il peint uniquement les dieux et déesses du Panthéon Hindou. Ca fait peur mais le mélange des couleurs est splendide, j’ai bien apprécié le portrait de Ganesh.  A un ou deux kilomètres du centre ville se trouve le Jaswant Thada, un superbe temple de marbre blanc nommé le “petit Taj”. Dans le beau jardin qui l’entoure il y a des dizaines de tombeaux de Maharadjahs. J’ai suffisamment de temps pour me rendre à l’Umaïd Bhawan Palace, l’immense palais du Maharadjah de Jodhpur. Il fit construire cet édifice dans les années 1930 pour résorber le chômage et la famine. Il emploie aujourd’hui trois cents personnes en permanence. L’édifice est en trois parties, la résidence du Maharadjah, l’hôtel et un musée. Les chambres rétro de l’hôtel sont hors de prix. Je quitte l’hôtel pour regagner ma guesthouse et dîne au restaurant de la gare de Jodhpur pour un prix doux. Faute de dessert je rejoins le “Janta Sweet Home” pour déguster servis dans du papier journal des gâteaux aux couleurs éclatantes et dégoulinants de miel et de sucre fondu. Ces sucreries sont vendues au poids. Je finis ma digestion sur le toit de ma chambre et plonge dans un profond sommeil. Demain je quitterai la ville pour aller découvrir quelques villages vishnoïs, il y en a de partout dans un rayon de 25 à 50 kilomètres de Jodhpur.

Les villages vishnoïs.

L’histoire des villages vishnoïs (ou bishnoïs) vaut la peine d’être contée. A la fin du XV ème siècle Jambhoji, fondateur et dieu des vishnoïs édicta 29 principes de vie: être végétarien, non violent, protéger les animaux et les arbres.............Le Maharadjah qui avait besoin de bois pour confectionner ses meubles envoya des coupeurs. Les vishnoïs furieux, demandèrent d’épargner ces arbres. Le Maharadjah ne voulut rien savoir et ordonnât la coupe. Amrita une femme vishnoï entourât de ses bras un arbre, toutes les autres femmes firent de même ainsi que les hommes et les vieillards. Les coupeurs coupèrent bras et jambes, 363 personnes furent sacrifiées. Les vishnoïs sont les premiers écolos amoureux de la nature et n’aiment pas les chasseurs. Résultat, les animaux s’en sont rendus compte et se promènent en toute confiance autour de leurs villages. J’ai pu observer un cerf, d’innombrables lézards du désert et des mangoustes. Dans ces villages j’ai longuement assisté à leurs coutumes traditionnelles tout en respectant leur culture. La principale activité artisanale est la poterie et la confection de costumes traditionnels. A l’issue de cette riche journée je dois retourner à Jodhpur où le cousin du patron de la guesthouse se propose de me véhiculer après demain jusqu’à Osyian à l’ouest de Jodhpur sur la route de Jaïsalmer. Cette étape sera bienvenue, avant d’affronter Jaïsalmer et le terrible désert du Thar. Je sais que je vais souffrir de la chaleur car là bas il fait 45°C, mais je suis persuadé que je vais passer des moments exceptionnels. Le peu de routards qui font l’expérience du Thar rentrent en mauvais état car après Jaïsalmer il n’y a plus rien. Cette épreuve je l’ai prévue car je veux voir si je tiens le coup, de toute façon si c’est trop dur je rebrousserai chemin.

 Courrier

Je fais deux mots à Yannis  car je risque de rester plusieurs jours sans donner de mes nouvelles. « ......Yannis......... à partir d’après demain je vivrai des journées difficiles dans une ville extrêmement chaude puis je partirai avec un chamelier dans le désert du Thar. Je veux essayer de tenir trois jours loin de tout avec presque rien mais beaucoup d’eau. Je viens de passer des moments inoubliables à Jodhpur où j’ai côtoyé le merveilleux. Ces derniers jours au Rajasthan m’ont offert que des plaisirs, loin du vacarme des métropoles du Bengale. J’ai apprécié les paysages comme on n’en voit pas chez nous avec des lumières uniques et des couleurs envoûtantes. Les rajasthanis sont beaux, leurs costumes respirent la gaîté, ils ont l’œil noir et le regard fixe, ils sont souriants et accueillants. Les quelques jours dans cet état m’ont bercé dans la légende des dieux aux visages multiples. Au Rajasthan hors des rares villes il n’y a pas d’eau, les lacs sont asséchés, les rivières ne coulent presque plus et pourtant il y a de la vie. Les animaux et les hommes souffrent de cette situation, surtout les rares européens. Toutes les castes de l’Inde se retrouvent au Rajasthan et j’ai eu le plaisir de rencontrer des Rajpoutes et des bergers Rebaris avec des turbans rouges sur leur tête, ainsi que leurs femmes couvertes de kilos de bijoux d’argent. J’ai même approché des vishnoïs “des écolos religieux” dont le principal idéal est l’interdiction formelle de porter atteinte à toute vie quelle soit humaine, animale ou végétale. Mon rêve est devenu réalité mais c’est dur. Il est indispensable d’être en forme et en bonne santé pour résister à la chaleur persistante et aux chocs psychologiques. Il faut aussi se satisfaire de peu de choses et accepter de faire de maigres repas. Bientôt je serai loin du confort, loin des télécommunications et loin d’Internet, ne t’inquiète pas si je ne donne plus signe de vie pendant plusieurs jours........................ »

Je redescends une dernière fois vers Clock Tower, à cette heure tardive il y a une foule d’indiens qui assistent au meeting, je les observe un moment et la faim me gagne. Je vais déguster quelques tandooris. Le terme de tandoori s’emploie pour tous les aliments qui sont cuits dans des fours en terre. Les tandooris à la viande ou au poisson ont d'abord macérés dans du yaourt épicé et pimenté. Pour accompagner mes tandoori je réclame du biryani, du riz cuit à l’étouffée, lorsqu’il est cuit à la casserole c’est du pulao. Avant de rentrer j’achète un gros paquet de tufi (bonbons au caramel) pour les distribuer aux enfants pauvres qui en raffolent et qui n’ont pas les moyens de s’en procurer, c’est mieux que de distribuer des roupies. Ma dernière journée à Jodhpur je la passe calmement dans le quartier Brahumpuri très chaleureux et que j’adore. Je rencontre des nuées d’enfants qui me demandent de les prendre en photo puis je fais un détour au marché aux fruits. Un commerçant prépare les meilleures glaces et les meilleurs lassis de Jodhpur. Le lassi est une boisson très populaire à basse de yaourts, on les trouve, natures, sucrés ou salés. Les sweets sont souvent parfumés à la rose au safran ou à la banane. Je finis avec un thé masala, le thé masala est bouilli avec du sucre, du lait, de la cardamome et des épices. C’est délicieux et revitalisant ! Près de “Hill guesthouse” tout proche de la mienne je passe quelques heures avec de jolies femmes indiennes qui m’apprennent à confectionner des bracelets. Dans la rue les pauvres récupèrent tous les plastiques qui traînent pour aller les revendre moyennant une poignée de roupies. Retour sur ma terrasse pour contempler une dernière fois Mehrangarh et le merveilleux décor que m’a offert Jodhpur. Mes affaires sont prêtes et demain direction Jaïsalmer.

Osiyan.

Le cousin du patron ne m’a pas oublié, il m’attend devant le porche de la guesthouse et c’est parti pour deux heures de route en direction de Jaïsalmer. Il me dépose à Osiyan un village où aucun touriste ne s’arrête. J’ai énormément de mal à trouver un logement, mais voici une pension, “P-Bhanu Sharma“, la seule à Osiyan. Je suis très mal accueilli et le ventilateur de ma chambre ne fonctionne pas, le patron téléphone à un électricien. En attendant que l’ouvrier arrive le patron me propose une chambre provisoire hyper climatisée et très charmante, j’y pose mes affaires et fonce prendre une bonne douche. Fin prêt, je sors pour repérer les lieux.  Osiyan est un fief jaïn. Le Sachiya Mata est au cœur du village, il est intéressant pour la ferveur religieuse qui y règne, il renferme cinq petits temples dédiés à Shiva, Ganesh, Suria, Vishnu et Laxmi. Quant au temple de Durga, tout en haut, il n’est accessible que par un long escalier bordé de pylônes couverts de miroirs à facettes, style boîtes de nuits.  Je retourne pour voir où en sont les travaux mais l’électricien n’est toujours pas là, le patron non plus. Ca sent l’arnaque ! Au moment où je retourne à ma chambre provisoire, une jeune créature s’infiltre et s’invite chez moi sans vergogne. Elle n’y va pas par quatre chemins, se jette sur moi et m’invite à danser, je tente de la calmer d’autant que je ne suis pas doué pour les danses indiennes. Mais cette nymphomane insiste et vient s’asseoir à mes côtés sur mon plumard. Je n’arrive pas bien à cerner la situation. Ou veut-elle en venir ? Je crois comprendre qu’elle ne demande qu’à ce que je lui saute dessus. Je suis sur qu’il s'agit d’un “coup monté”. Si je me laisse tenter, si je craque, un intrus viendra nous surprendre et alors bonjour les ennuis, les pires qu’ils puissent arriver en Inde. Comme je n’ai nullement envie de finir mes jours en Inde et surtout au Rajasthan que j’aime bien malgré tout, je fais diversion. Quel dommage ! Car elle est attirante et ravisante. Elle se rend compte de ma réticence mais insiste toujours, je suis à deux doigts de me laisser tenter. C’est dur à vivre ! J’implore alors tous les dieux hindous afin que l’électricien arrive. Quelle chance, j’ai été entendu.  C’est bien la première fois de ma vie qu’une fille tente de me violer. Ma chambre enfin restituée la revoilà à nouveau qui tente une nouvelle incursion. Je quitte la pension un moment pour reprendre mes esprits et retourne au village. Je sympathise avec un indien à qui je raconte cette aventure, il sourit, mais n’est pas surpris. C’est exactement ce que je pensais, il y a un an et demi la même sorcière a possédé un anglais naïf qui a eu les pires des ennuis. Pour me remettre de cette triste fin je pars me confesser au temple jaïn de Mahavira, un temple tout en calcaire local édifié au VII ème siècle. Le cœur de ce temple recèle une idole dorée, vieille de 2500 ans, censée être en sable et en larmes. Le prêtre du temple est un religieux qui arrondit ses fins de mois en louant des chambres aux routards égarés et en proposant des repas et même des Camel Safaris.  De retour vers ma pension, dans la rue je croise la nymphomane. De peur qu’elle ne vienne de nouveau me tenter, je quitte l’établissement et vais m’établir pour une nuit dans le temple de Mahavira. La chambre que m’affecte le prêtre est une pièce carrée de trois mètres sur trois avec pour seul mobilier un matelas très mince. Je n’ai pas le choix, au moins ici je serai protégé des dieux et la déesse ne viendra quand même pas me déranger ici. La chambre est ouverte sur l’extérieur, il n’y a pas de porte mais un simple rideau. C’est formidable ! Les rayons de la pleine lune veillent sur mon sommeil. De nombreux indiens dorment dans la cour à même le sol afin d’être présents très tôt demain matin pour le début de la cérémonie. Ce soir inutile d’aller au restaurant, chacun me porte quelque chose à manger, finalement je suis mieux ici qu’à “P-Bhanu Sharma Pension“. Vivement demain !

Jaïsalmer les portes du désert.

Pour joindre Jaïsalmer il faut prendre le train. Le chauffeur de rickshaw qui doit m’emmener à la gare s’arrête un long moment chez un ami pour m’inviter à boire un thé masala et déguster des biscuits à l’orange. Le temps presse car il n’y a qu’un train tous les deux jours et il n’est pas question que je le rate. La gare est en plein désert, cela me laisse présager que les quatre heures que je vais passer dans le train seront pénibles. Le train roule à 45 kilomètres à l’heure, jusqu’à Jaïsalmer le paysage est monotone, toujours le même décor fait de vastes étendues désertiques de sable, d’une ligne téléphonique et de la voie ferrée rectiligne. Il n’y a rien d’autre à voir. Le vent soulève la poussière si bien que les sièges sont recouverts d’une épaisse pellicule de sable fin. Je suis obligé de me masquer le visage avec mon bandana pour ne pas avaler cette poussière et de sucer des bonbons car j’ai la bouche sèche. Pour passer le temps je me promène dans le wagon de long en large, je suis le seul passager et il ne m’est pas possible de passer d’un wagon à l’autre. C’est long, Ca n’en fini plus. Le train freine brusquement et s’immobilise en pleine zone désertique, il vient de rentrer dans un troupeau d’ânes. Le temps des formalités je descends pour remonter dans le wagon d’à coté où les passagers sont surpris de mon apparition. Les négociations sont très longues puis tout rentre dans l’ordre. J’aperçois des antilopes et quelques vautours, c’est signe que nous approchons de la civilisation, et puis voici des paons et au loin des bicoques basses.  Ce n’est pas un mirage mais bel et bien Jaïsalmer. Cet effort et ce sacrifice pour atteindre Jaïsalmer est vite récompensé quand au loin apparaît l’époustouflante forteresse de couleur jaune qui domine le désert. On dirait un gros château de sable sur une plage immense. Cette Carcassonne du désert est impressionnante, un rempart de cinq kilomètres l’entoure. Petit à petit se découvrent de petites maisons de terre construites avec raffinement. Je rentre alors à pied dans la ville, traverse un terrain de jeux où les cris stridents des enfants viennent perturber le calme angoissant de la ville. J’ai l’impression de me trouver dans une cour d’école pendant la récréation. Une fois de plus tous mes sens sont en éveil, je me rends compte de la taille réduite de la cité et qu’il n’y a pas de véhicule contrairement aux autres villes que j’ai traversé. Il est temps que je trouve “l’Hôtel Désert”, qui doit être près du temple de Laxmi. Ca y est, je suis bien tombé, c’est un petit paradis au bout du monde pour trois euros la nuit. Je n’y dormirai que cette nuit car demain je partirai pour mon Camel Safari en solitaire. L’adresse est tellement bonne que je réserve la même chambre pour mon retour.  ajitdeserhotel@yahoo.comJaïsalmer est la patrie des Raspoutes, des bandits, voyous, voleurs et destructeurs. Aujourd’hui ils se sont calmés avec l’arrivée des musulmans. La richesse de cette ville est essentiellement due au commerce des épices, de l’opium et de l’indigo. L’argent recueilli par ce commerce a permis de construire des havelis superbes et raffinées. Les nombreux conflits avec le Pakistan tout proche a fait que l’armée s’y est installée, et les manœuvres inutiles viennent perturber la sérénité de la ville. A proximité de Jaïsalmer il y a quelques minuscules villages, le désert plat et sauvage et des dunes à perte de vue. Demain un véhicule 4x4 me déposera à Sam l’ultime village, où un chamelier m’attendra pour un bivouac de trois jours loin de tout. Je passe le reste de mon après midi avec Mohd le frère du patron de l’hôtel pour déterminer les conditions du Camel Safari et organiser mon départ de demain. Nous abordons tous les détails: horaires, prix, matériel, nourriture et provision d’eau..... L’organisateur ne doit rien oublier des détails que nous évoquons. Tout semble en bon ordre quand ce dernier me pousse à passer cinq jours dans les dunes. Je refuse catégoriquement et opte pour trois jours et deux nuits. Il m’en coûtera 400 roupies par jour, à savoir 1200 roupies pour l’expédition (25 euros).

Le désert du Thar.

A 5 heures du matin le moteur du 4x4 vient perturber le silence du quartier. Je descends de mon nid, salue Mohd et charge avec lui le matériel. Il manque de la nourriture que nous prendrons en route. Avant la grande chaleur nous nous arrêtons à Mool Sagar à cinq kilomètres de Jaïsalmer pour y récupérer du bois et des ustensiles de cuisine à remettre au chamelier. C’est parti pour Kohra, Damodra, Kanoi, et Sam. Sam est à 45 kilomètres à l’ouest de Jaïsalmer, aux portes du désert, il y a quelques gargotes, dans l’une d’elles j’avale un dernier “Pepsi” bien frais. Le chamelier arrive suivi d’une ribambelle d’enfants. Au moment où nous arrivons la sérénité des lieux est impressionnante et ça se comprend car il fait déjà très chaud et beaucoup de gens sont rentrés chez eux. Sam est un village authentique, les maisons sont rondes, ce sont de sortes de huttes en terre couvertes de branchages en guise de toiture, elles sont décorées de motifs géométriques peints. Les dunes de Sam se situent à vingt minutes à dos de chameau du village, elles s’étendent sur plusieurs kilomètres. Avinash le chamelier connaît parfaitement le coin et je suis en toute confiance avec lui. Nous avançons lentement, Avinash est assis à la base du cou du chameau quant à moi je suis perché sur un siège inconfortable entre les bosses de l’animal. Derrière moi tout le matériel est encordé: tapis, réchaud, nourriture...... Nous avons quitté Sam à 10 heures et maintenant il est 12 heures, il fait terriblement chaud et nous nous arrêtons. Avinash construit un abri sommaire dans lequel nous resterons quatre heures jusqu’à ce que le soleil descende bien bas. Pendant ce temps nous prenons un thé masala accompagné de quelques lentilles et entamons une sieste avant la deuxième étape. Il faut poursuivre pour arriver avant la nuit, je commence à avoir sérieusement mal aux fesses, aussi pour amortir les chocs Avinash me passe un tapis plié en quatre et pour protéger ma tête je sors le turban que j’avais acheté au fort d’Amber. A tout instant apparaissent des fillettes ramassant des baies et des gamins accompagnant des troupeaux de chèvres. Dans le désert le rythme des déplacements est d’environ 12 kilomètres par jour, trois heures le matin et deux heures en fin d’après midi, je trouve que c’est bien suffisant. Au loin nous apercevons un autre chameau, nous nous rapprochons et rejoignons un autre chamelier transportant une anglaise d’une trentaine d’années qui tout comme moi souhaite tenter la même expérience. Les deux chameliers déchargent le matériel et pendant ce temps nous faisons connaissance. L’anglaise s’appelle Rose et parle le français aussi bien que moi car elle travaille au pair chez une riche famille d’Antibes au boulevard Wilson. Avinash sort le bois et les allumettes et prépare un petit foyer sur lequel il nous mijote le repas du soir. Il place une plaque de fonte sur les braises et y fait cuire les boules de pain qu’il a pétri lui même. Il met ensuite à mijoter une sorte de ratatouille préalablement cuisinée et la retire du feu pour faire chauffer des œufs au plat. Le repas se terminera par un thé noir et quelques fruits secs. Camper la nuit dans les dunes, se rassembler autour d’un feu de bois et écouter les récits des chameliers resteront pour moi des souvenirs magnifiques. C’est ma première nuit à la belle étoile dans un désert. Ca a quelque chose d’envoûtant, l’angoisse m’envahit. Je suis à la fois émerveillé par ce ciel bleu outre mer qui s’assombrit très rapidement et inquiété par ce silence absolu.  Maintenant le ciel semble tout près de moi j’ai comme l’impression que les étoiles sont très facilement accessibles. Plus personne ne parle et je n’ai rien d’autre à faire que d’observer la voûte céleste. Je n’arrive pas à dormir et laisse vagabonder mon esprit et mes pensées, je repasse tout en revue et me refais le film de tout ce que j’ai traversé et enduré depuis mon arrivée à Calcutta. Je pense aussi à ce qui me reste à faire. Je gamberge, me transporte en arrière dans ma vie facile d’européen et me rends compte que chez nous les gens sont toujours en train de râler de se plaindre pour le moindre détail tandis qu’ici les gens sont heureux de tout et de rien, même ceux qui vivent sans projets. Les indiens ne se disputent pas, ne sont pas agressifs comme beaucoup de français, ils sourient toujours même face à de rudes épreuves. Cette façon d’être est certainement due à leur religion. Impossible de fermer l’œil, le moindre bruit est amplifié, autant que les ronflements du chamelier et que la toux de Rose. Et puis la pensée de voir apparaître un chacal, un gros lézard du désert ou un serpent fait que je ne suis pas tranquille. Bref, je ne pense pas que je vais passer une seconde nuit à la belle étoile. Je ne dors toujours pas, il est quatre heures du matin, je me ballade sur la dune et m’assoie sur le sable pour toujours observer le même décor, j’attends alors le lever qui est long à venir. Quatre heures trente, les deux chameliers font surface et puis c’est Rose qui à une sale tête et qui apparemment n’a pas beaucoup appréciée cette nuit. L’odeur du thé masala me ravigote. Je demande à Avinash d’écourter ce safari et de plier bagages pour vite retourner à Sam. Rose veut aussi en finir et retrouver son confort. Nous faisons le trajet retour à quatre ainsi le temps passe plus vite. A peine arrivé à Sam je me jette sur un « Pepsi » frais que je n’ai jamais autant apprécié. Je n’ai plus qu’une envie, de vite retourner à “Désert Hôtel” et foncer dans la salle de bain. Le 4x4 qui avait pour mission de venir me chercher à Sam n’est pas là, c’est normal car je n’avais pas à écourter d’un jour mon raid. Je profite donc de celui de Rose et nous rentrons ensemble à Jaïsalmer. Rose loge dans la vieille ville à l’hôtel “Samrat“, elle se fait déposer avant moi et nous nous promettons de nous retrouver demain pour aller découvrir ensemble la cité. Je n’ai pas perdu une minute pour prendre une très longue douche avant d’aller rapidement dîner au “Monica Restaurant” situé entre ma pension et l’entrée du fort. J’avale le plat traditionnel de l’ouest du Rajasthan servi avec des chapatis au millet et des légumes, et je termine avec un pudding au riz et à la cardamome. Un excellent repas pour 100 roupies (2 euros). Vite ! Au lit car j’ai besoin de rattraper le manque de sommeil de ma dernière nuit.

 Jaïsalmer.

“ Jaïsalmer the desert fortress rishing up out of the Thar Desert. This 12 th century ancient city of golden stone, where arid sands and water scarcity, were no obstacle for mighty Rajput rulers, who carved this formidable oases, oases to crate the medieval magic and romantic mystery, of this totally unspoiled city”.  A Jaïsalmer j’ai comme l’impression de me sentir chez moi, pourtant je n’y suis pas resté longtemps le jour de mon arrivée. Mais déjà les habitants me reconnaissent et je suis vite familiarisé avec tous les visages qui m’entourent et que je croise. La population est très gentille, en montant à pieds vers la vieille ville je rencontre des commerçants que j’avais vus il y a deux jours et qui se rappellent de moi. Rose l’anglaise loge au cœur de la vieille ville fortifiée, pour aller la rejoindre je franchis une série de grandes portes dont la splendide Surya Pol où le petit Ganesh est là pour bénir ceux qui y passent dessous. Je m’égare dans le dédale de ruelles où en l’absence de tout à l’égout les enfants font dans les coins, ils n’ont pas le choix car il n’y a pas de chiottes dans toute la vieille ville et eux n’ont pas d’argent pour rentrer dans un restaurant ou un café pour aller faire leurs besoins. En attendant ça sent la pisse à des mètres à la ronde. L’atmosphère est à la fois décadente mais vivante et colorée. Je trouve l’hôtel “Samrat“, à la réception Rose termine son courrier puis nous partons pour la découverte de Jaïsalmer. Les murailles qui entourent la ville sont construites sans mortier, les grosses pierres tiennent juxtaposées grâce à leur poids. Dans la cité il y a quelque chose comme une centaine de tours et beaucoup de temples Jaïns. Avant d’aller voir les Havelis nous nous relaxons un instant au Refreshing Point sur la grande place du fort, autour d’un assortiment de fameux gâteaux: apple strudel, banana cakes, cinnamon roll, lemon cake.........  Les havelis sont dans la ville basse. Ce sont des demeures construites au XVIII ème siècle par les riches commerçants. J’ai du mal à décrire combien la finesse des balcons est incroyablement ouvragée. Les havelis sont ornées de fresques colorées pour égayer le paysage desséché du désert environnant. La concurrence était acharnée pour posséder la plus belle ou la plus grande haveli, aujourd’hui, la plupart sont abandonnées si bien qu’il n’en reste plus que trois de visitable. La Patwan-ki-haveli est étonnante de raffinement, elle est occupée au rez de chaussée par une boutique de souvenirs. Elle est d’une richesse décorative époustouflante avec des enchevêtrements de gracieux encorbellements. La Nathmal-ki-haveli est la plus originale, elle possède deux ailes parfaitement identiques et la façade est gardée par deux éléphants. La même famille qui l’habite depuis 1880 tient une boutique au cœur même de leur foyer pour arrondir les fins de mois. La Salam Singh haveli appartenait à l’un des plus célèbres tyrans de la région redouté pour sa barbarie et sa cruauté. Salam Singh empoisonnât de nombreux courtisans, il fut assassiné à son tour en 1885, aujourd’hui un de ses descendant Monsieur K-S Motha y demeure encore. De haveli en haveli nous débouchons sur un marché hyper animé et c’est avec plaisir que j’observe les gargotes, les vendeurs de tout, les vendeurs de rien. Ici les gens sourient, s’interpellent et ne se lassent pas ne nous arrêter pour tenter de nous vendre une bricole. Nous partons nous retaper dans nos logements respectifs avant d’aller dîner ensemble ce soir dans la vieille ville.  Rose est ravissante, elle a mis sa plus belle parure pour aller dîner au “The Trio”, un des restaurants les plus chics de la ville. Nous nous installons à la terrasse sous un ciel étoilé avec une vue imprenable sur la citadelle. Soirée magique au son d’un orchestre local, ce qui favorise les rapprochements. Le serveur se présente et nous propose une multitude de mets. J’opte pour le korma, des morceaux de viandes braisées avec une sauce à base de yaourt de noix de cajou et amandes. Rose choisie le paneer, du fromage frais accommodé avec des épinards. Nous prenons en commun de l’uttapam, des sortes de crêpes épaisses de farine de lentilles farcies avec des légumes très pimentés, attention les estomacs fragiles !  Et quelle chance, il y a de la bière “Tiger” bien fraîche. Ca faisait longtemps que je n’avais plus pris d’apéritif. Rose apprécie autant que moi la bibine. Quel bonheur ! Cette soirée nous rapproche un peu plus et nous échangeons jusque à très tard.  J’ai deux jours d’avance sur mon programme et décide de rester un jour de plus à Jaïsalmer. Un jour entier dans la citadelle avec Rose pour y lécher les étalages de toutes les boutiques, et des boutiques il y en a dans tous les coins de rues, elles proposent des bronzes, des pierres, des marbres, des épices, des bijoux, des tissus, .......    J’ai de la chance et trouve des DVD en anglais sur le Rajasthan, et comme je n’ai plus le caméscope qui m’a été chapardé je m’en achète cinq sur les principales villes que j’ai adoré. Rose achète beaucoup de tissus et de nombreux souvenirs, elle peut se charger car elle retournera demain sur Bénarès. Quant à moi je poursuivrai sur Udaïpur, la ville la plus au sud du Rajasthan. Pour ce faire, avant notre dernier dîner ensemble nous rentrons dans l’agence la plus proche afin que j’y réserve mon billet de bus. Après un bon plat de spaghettis sauce tomate au restaurant « l’italiano » nous regagnons l’hôtel. Demain nous prendrons le petit déjeuner ensemble.

 Udaïpur et le City Palace.

Ce matin le ciel est truffé d’avions de combat, le taxi qui m’emmène à la gare de bus passe près du désert où sont installées une quinzaine d’éoliennes, celles qui produisent l’électricité pour la ville de Jaïsalmer. Le bus “Deluxe” est déjà sur le quai et le chauffeur est en train de charger les nombreux bagages des passagers avec qui je partagerai la route pour Udaïpur. Udaïpur est une ville merveilleuse aux maisons blanchies à la chaux et aux ruelles étroites et vivantes. La ville est entourée de hautes collines qui enserrent deux lacs artificiels. Il y a de nombreux palais baroques implantés dans des endroits fabuleux. Les habitants sont sympathiques et l’artisanat est très beau. Udaïpur est la ville la plus productrice d’étoffes, et sur le plan économique elle en tire ses fruits. Udaïpur exploite aussi des mines de zinc de marbre et de gypse. C’est aussi une ville très touristique qui reçoit un million de visiteurs par an, 80% d’indiens et 20% d’étrangers dont la moitié est composée de français. Contrairement à toutes les villes d’Inde, Udaïpur est la seule qui n’a pas été envahie par les musulmans ou les anglais. L’actuel Maharana de la ville vit entre Londres dans un hôtel particulier et le city Palace d’Udaïpur. Une lumière rouge au dessus de son palais indique sa présence. A Udaïpur je débarque dans la vieille ville à “Lake View Paying guesthouse”. Le bâtiment est une vieille haveli peinte en rose, l’entrée n’est pas très accueillante mais dès que j’arrive au deuxième étage tout est chouette. Ma petite chambre est propre et charmante, j’ai un petit balcon qui domine le lac et paye 200 roupies (4 euros). J’en ai assez de visiter des palais mais le City Palace qui m’apparaît gigantesque semble différent des autres. Il a été construit en marbre blanc et granit rose, il s’étale sur 250 mètres et est haut de 30 mètres. Il fut fondé en 1559 et n’a cessé de s’agrandir, chaque hôte voulait laisser une marque de son passage. C’est un labyrinthe de halls et de salons, un mélange d’escaliers et de cours, un dédale de jardins patios et vérandas, une symphonie de couleurs, une harmonie de nuances. J’aborde la visite en désordre et passe du musée des armes à la salle du conseil et à celle des nobles. Je grimpe vers le sommet où se trouve le Badi Mahal, un superbe jardin agrémenté de beaux arbres et d’une piscine, celle du Maharana. Un bâtiment renferme les appartements de la Reine. A quelques pas d’ici le point d’orgue de ma visite est le Mar Chowk où « cour des paons », irradié de mosaïques de verres colorés et de morceaux de miroirs. En quittant le City Palace je passe louer un vélo pour me faire les sept kilomètres de circuit autour du lac Fateh Sagar, ce lac est relié au lac de Pichola par un petit canal. Je repère les lieux car demain je consacrerai ma journée à Pichola et au Lake Palace. En attendant d’aller dîner je profite du vélo pour aller faire un tour au temple de Jagdish en passant par la ville blanche, hors du flux des touristes. Le temple est un monument vishnouïste de 1624. J’enjambe une ribambelle de marches, l’édifice central est sculpté de figurines divines, de danseurs, de frises variées et de quelques poses de kamasoutra. Autour du bâtiment central il y a quatre petits temples dédiés à Shiva, Ganesh, Durga et au soleil. Je ne manque pas de m’asperger avec l’eau de la fontaine sacrée qui est sensée porter bonheur. J’ai du mal à retrouver ma pension mais je suis très rapidement remis sur le bon chemin par un ancien de la vielle ville. Ce soir je prends mon dîner dans un lieu surprenant, les ex-garages du Maharana transformés en restaurant. La salle est circulaire de style pur rétro, c’était l’ancienne cantine des officiers dans laquelle il existe toujours la vieille pompe à essence. Je n’ai pas trouvé cuisine à mon goût et sur le chemin du retour je m’arrête au “café Edelweiss” pour manger des gâteaux. Et puis dodo.

Udaïpur et le lac de Pichola.

Ce matin je me rends à l’embarcadère pour faire une balade sur le lac de Pichola moyennant 200 roupies (4 euros), et me voila à flots. Le lac de Pichola est un lac artificiel de toute beauté, il est envahi par des jacinthes d’eau, des cormorans et quelques crocodiles. C’est agréable de visiter la ville depuis le lac. Le batelier me fait longer les Ghâts pour observer les lavandiers. Nous avançons maintenant vers le milieu du lac, droit sur le “Lake Palace Hôtel”. Pour pouvoir y débarquer il faut avoir réservé une nuit hors de prix ou choisir la formule déjeuner-buffet. Nous faisons le tour du palace et nous dirigeons vers le Jag Mandir, un superbe palais de marbre blanc et de stuc aux fines tourelles et à l’élégante façade composée de kiosques, de balcons ciselés et de fenêtres ajourées. Le grand balcon principal est encadré par huit élégants éléphants de marbre. Après une douche bien méritée je rejoins la vieille ville pour assister à un spectacle de danses au Bagore-ki-haveli, ça dure une heure pour soixante roupies (1,5 euros). Le cadre est enchanteur et le spectacle séduisant. La musique est hindoustani et les styles des danses mêlent l’expression dévotionnelle et la danse de cour. La musique et la danse sont des arts de prédilection chez les indiens, ils se pratiquaient au IVème siècle et sont maintenus aujourd’hui grâce à une tradition qui s’appuie sur la liberté de création et d’improvisation des individus. J’ai une faim de loup et surtout une folle envie de  manger de la viande, aussi, je vais au “Natural City View restaurant”, je m’attable face au lac de Pichola et commande un chiken pulao avec des stuffed tomatos et une bonne bière fraîche. Je me régale et me relaxe tout en pensant aux 5000 kilomètres que je viens d’accomplir en Inde, à tous ces bons et mauvais souvenirs qui m’ont comblé de bonheur ou carrément déstabilisé. Il me faut regagner ma pension, demain je n’ai rien de prévu et passerai un peu de mon temps pour donner de mes nouvelles à Yannis et m’organiser pour la suite de mon parcours.  Jeudi 6 mai, avant d’entamer ma monté vers la capitale Delhi je dois faire une dernière halte à Bikaner pour me reposer car j’en ai grand besoin.

«   Coucou Yannis, je n’ai pas encore chassé en totalité toutes les mauvaises images des grandes cités poubelles et continue à avancer doucement en respectant le parcours que je m’étais fixé. Mais aujourd’hui, je suis imprégné des belles images et des décors fabuleux du Rajasthan, temples et palaces somptueux, havelis richement décorées, ruelles pleine de charme et de vie. Je continue à respirer les meilleurs et les pires parfums de l’Inde. Je me suis habitué à tout ce qui grouille, bien que parfois se soit insupportable de vivre aux milieux des vaches sacrées, des chameaux, des rapaces et du bruit. Mais quel bonheur et quel plaisir de me trouver autour de tous ces gens d’une grande simplicité, ces enfants superbes, ces femmes fières vêtues de couleurs flamboyantes, ces hommes enturbannés, ces vieillards souriants. Depuis que je suis au Rajasthan j’ai adopté un rythme de vie à la hauteur de ses habitants. Je me lève très tôt le matin pour profiter au maximum de mes visites et résister aux déplacements multiples et pénibles. Le grand repos c’est généralement entre 13 h et 16 h au moment où il ne faut pas mettre le nez dehors à cause de la chaleur torride de cette région. Je ne panique plus comme lors de mes premiers jours en Inde, entre autre à Calcutta qui fut pour moi le pire des bagnes. Je croyais l’indien fier, affairiste et orgueilleux, mais c’est l’image des indiens des grandes villes. Si non ici les gens sont d’une extrême gentillesse et très chaleureux. Par contre les indiens ne sont pas généreux, sauf avec tout ce qui touche à leur religion dont je n’ai toujours rien compris. Par contre j’ai compris pourquoi les indiens ont tout le temps devant eux. L’univers avant le néant doit durer 432 000 siècles, actuellement ils en sont au 52 ème. Il ne reste donc plus que 421950 siècles pour voir la fin du monde. J’approche de mon 5000 ème kilomètre dans ce pays qui a une superficie comparable à toute l’Europe. Voila pourquoi il y a autant de différence entre un Tamoul un Bengali et un Pendjabi qu’il y a de différence entre un Suédois un Portugais et un Hongrois. Tout explique aussi qu’il y a quinze langues différentes et prés de 4000 dialectes pour un seul pays. Je serai bientôt à Bikaner puis je monterai sur Delhi, ensuite je me rendrai aux sources du Gange avant de rentrer au Népal. Quelques routards de retour de Katmandu racontent qu’il y a beaucoup de troubles au Népal, les maoïstes tentent d’approcher la capitale et ça ne plait pas du tout aux autorités népalaises, il y a beaucoup d’attentats, mais pas de panique. Ce ne sont pas les maoïstes qui me feront rebrousser chemin. Bien ! Je vis plein de bonnes choses et les conditions dans lesquelles je suis sont excellentes. Pourvu que ça dure! ..........”

Bikaner.

Il est 13 heures, j’attends mon départ à la gare routière, deux bus s’apprêtent à partir en convoi. Les chauffeurs chargent les derniers bagages sur la galerie, j’ai largement le temps de me désaltérer et faire quelques provisions pour la route qui sera longue, (environ 10 heures).  Une européenne attend pour embarquer, c’est une suisse de Neuchâtel, elle n’est pas très bavarde mais nous partagerons le trajet jusqu’à ce soir 22 h. Ce n’est pas une bonne heure pour débarquer dans une ville inconnue, alors nous bouquinons nos guides respectifs pour trouver une adresse pratique dans Bikaner près de la station de bus. Nous choisissons l’hôtel “Harasar Haveli” près du stade de Karni Singh. E-mail: harasar_haveli@yahoo.com . L’hôtel est superbe mais éloigné du centre ville. Les chambres sont spacieuses et la salle de bain est équipée d’une baignoire, ce qui est très rare dans cette contrée. C’est ma deuxième baignoire depuis mon entrée en Inde. Il y a aussi une climatisation qui marche si bien que suis obligé de la couper tellement il fait froid. Deux nuits ici seront bienvenues pour me retaper avant de monter sur Delhi. Au petit déjeuner nous organisons notre journée avec Eva. Bikaner est une ville sans charme agitée et polluée, la plus au nord du Rajasthan proche du “Great Indian Désert”. Avant d’aller découvrir la ville, Eva me propose d’aller à Deshnoke au temple de Sri Karmi Mata. Deshnoke se situe à 32 kilomètres sur la route de Johdpur. Quinze minutes de rickshaw plus une heure de bus pour sept roupies et nous voici au pied du temple. C’est le “temple des rats sacrés” unique en Inde. D’après une légende, les enfants d’une caste de la région se réincarneraient en rats. Cette légende explique la dévotion des habitants envers ces bestioles. Avant de pénétrer il faut se déchausser et alors tenez vous bien, nous traversons la cour principale à travers des centaines de rats évoluant librement. C’est impressionnant ! Eva n’a pas peur et avance nettement plus rassurée que moi. Je ne me doutais pas que j’allais vivre un “Fear Factor” en Inde. Ca grouille dans tous les coins. Autour des gamelles chargées de graines et d’offrandes les rats se chevauchent, se querellent, il y a aussi de grandes coupelles remplies de lait dans lesquelles les rats plongent. C’est affreux ! Le temple est totalement recouvert de grillage à mailles fines afin que les rapaces ne viennent perturber et dévorer les petits rats. Et attention de ne pas marcher sur l’un d’eux, leur mort pourrait entraîner les pires des tracas et coûter très cher. Passée la grande cour nous franchissons une jolie loggia pour accéder au sanctuaire dont les portes sont en argent. A droite je distingue Ganesh, Shiva etc.... à gauche, Surya, Lakshmi etc..... De nombreux fidèles sont agenouillés dans les crottes de rats face à l’autel où se trouve le feu éternel qui les éloigne. Les rongeurs ne quittent pas le temple, ils y sont trop bien, ils évoluent dans les couloirs, ne sont pas farouches, les enfants les caressent alors qu’ils font la sieste les quatre pattes en l’air. Retour en ville, nous nous dirigeons vers le “Lalgaht Palace Hôtel” construit au XX ème siècle par la Maharadjah Ganga Singh et pénétrons dans le petit musée où se trouvent des milliers d’images à la mémoire indo-anglaise, des photos noires et blanc, des menus en français, des jouets rapportés d’Angleterre, un projecteur américain de 1921, des pièces de monnaies de tous les pays, des costumes militaires, des trophées.......... Avant d’aller dîner nous prenons une tasse de thé dans la cour intérieure d’une taverne et partons visiter la vieille ville où l’animation et le trafic sont incroyables. Nous nous enfonçons dans les ruelles jusqu’aux deux havelis pour y prendre un “Pepsi” glacé. Nous finissons l’après midi dans un autre haveli de 1927. L’intérieur est de style européano-indien, les salons sont surchargés d’or et les escaliers qui mènent aux chambres sont de marbre blanc. Les chambres de 40 mètre carrés ont le sol recouvert de mosaïques, les murs sont recouverts d’immenses tableaux. Dans la grande salle de restaurant s’envole de la musique classique ou du jazz. Demain je resterai dans le douillet hôtel “Harasar Haveli” pour faire le point avant mon départ pour Delhi. Quant à Eva elle poursuivra sa route vers le Shekhawati, elle veut aller à Fatehpur Sikri et à Mandawa.

 Les femmes.

Mesdames accrochez vous bien ! Ce n’est pas une légende, il faut que vous le sachiez. En Inde, venir au monde avec le sexe féminin n’est pas très recommandé car c’est une épreuve pour le reste de ses jours. Vous ne savez pas la chance que vous avez d’être nées en France. Partout, les pieds nus sur le sable chaud, dans la boue, sur l’asphalte brûlante les femmes de tous âges se déplacent seules ou en groupes, parfois même en troupeaux avec de lourdes jarres remplies d’eau sur la tête, des ballots de bois attachés autour de la taille et des nacelles en osier remplies de cailloux sous les bras. A part une minorité de femmes cultivées que l’on rencontre dans les grandes villes, les autres n’ont leur existence proche de l’homme qu’à travers leur père, leur mari qu’elles ne connaîtront que le jour de la cérémonie de leur mariage et leur fils si elles accouchent d’un garçon. Avoir une fille est considéré comme une charge financière à cause du système de la dot, cela pousse même à des avortements tardifs dès la connaissance du sexe de l’enfant. Une fois la femme mariée, c’est la belle mère qui assure sur elle tous les droits. Plutôt que d’envoyer une fille à l’école on l’utilise pour les tâches ménagères ingrates. Outre l’autorité du mari, la femme subit les humeurs de la belle mère qui se défoule sur elle pour se venger du sort qu’elle avait aussi subit. Ca va de la violence morale à la violence physique, et si la dot tarde à arriver ça va jusqu’au meurtre par accident. A la mort du mari la femme est rejetée du foyer car la femme porte malheur. La femme indienne mange les restes de nourriture et est souvent dispensée des soins médicaux. Si vous souhaitez en savoir plus il vous faut lire l’ouvrage que j’ai trouvé en anglais mais qui existe en français aux éditions “j’ai lu” numéro 4494. Il s'agît de “la reine des bandits”.  Rien de particulier aujourd’hui si non la visite du Red Fort avec Eva. A Junagath Fort je me suis particulièrement agacé mais j’ai cependant apprécié la piscine de marbre blanc, la planche à clous des fakirs, et de multiples tapis vieux de 300 ans. Il est 15 heures, je fonce à l’hôtel pour prendre un dernier bain avant d’aller attendre le bus de nuit à couchettes. La nuit a été terrible, j’ai voulu faire l’expérience d’un tel moyen de transport mais je le regrette beaucoup. Je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit de crainte d’être éjecté dans tous les virages et de risquer de vomir sur mon voisin du dessous. J’ai passé la nuit recroquevillé sur ma banquette avec un mal au dos insupportable à attendre pointer le jour .

 Delhi.

Delhi, 6 heures du matin, j’arrive au quartier Pahar Ganj tout près de la gare ferroviaire. Je suis harassé et arrive complètement dans les vapeurs au “Sweet Dream Hôtel”, adresse: 900 Chandi Walan Street à  tél: 011-23589186. L’hôtel porte assez mal son nom, je m’y installe pour dormir trois heures avant de m’organiser pour visiter la capitale. Je n’ai plus beaucoup d’argent et je dois me rendre à un distributeur automatique pour retirer quelques roupies. J’enfonce ma carte dans la machine et au moment de composer mon numéro c’est le trou noir, je ne me rappelle plus de mon code. Cela ne m’arrange pas car j’aurai besoin de me servir de ma carte au Népal. Vite ! Internet, je vais chercher secours auprès de Yannis afin qu’il aille faire les démarches auprès de ma banque pour récupérer ce code. Parallèlement, j’envoie un Email à ma banque pour expliquer ma situation. En attendant je vivrai avec mes restes et l’hôtelier attendra mon départ pour être payé. Avant de m’aventurer à l’aveuglette dans Old et New Delhi je me familiarise avec mon quartier. Pahar Ganj est le quartier du routard proche de Connaught Place où se trouvent tous les services pratiques. Il est très animé, coloré, parfumé et bruyant. Les boutiques proposent absolument tous les produits, de la savonnette à Internet, de l’artisanat local aux gargotes aux menus variés. Delhi compte dix millions d’habitants, c’est une ville très différente des autres grandes villes indiennes, une ville d’espace et d’ordre relatif, une ville de commerce et de gouvernement. C’est l’Inde de demain, l’Inde qui s’en sortira peut être. Delhi n’est pas une ville passionnante et je n’ai pas l’intention d’y rester longtemps. A Old Delhi, connue sous le nom de Shahjahanabad je me sens réellement en Inde avec sa foule compacte, ses ruelles étroites et tumultueuses dans lesquelles je suis souvent oppressé. C’est l’ambiance des souks avec les bousculades, les bruits et les odeurs. Le coin est très réputé pour son excellente cuisine et aussi pour ses moustiques. Dans Old Delhi se trouve une impressionnante forteresse de pierres rouges “le fort rouge” construit en 1640 par Shah Jahan. A l’intérieur se trouve une longue galerie marchande couverte, un musée sans intérêt, de superbes édifices blancs dépouillés de leurs richesses, de beaux bassins, des appartements et de splendides jardins avec des myriades de fleurs. Mon endroit préféré est le Chandni Chowk, un immense bazar où l’ambiance est assurée avec un marché à l’argent, et oui on achette du fric ! mais aussi des vêtements, des appareils électriques, des épices des fruits secs et des graines. Je rencontre des saltimbanques qui font danser des singes, des fanfares à louer pour des cérémonies de mariages ou de funérailles, des femmes qui brandissent de petits drapeaux. Tout près du grand bazar, en face le fort rouge j’ai la chance de trouver ouvert l’hôpital de la charité pour oiseaux, sponsorisé par les Jaïns. Après avoir jeté quelques roupies dans la boite à donations, je prends contact avec le docteur qui m’explique qu’il reçoit ici 4000 pigeons par an souffrant de vérole, de gastro-entérites et d’accidents de l’air. Ceux qui retrouvent la santé sont relâchés après trois à quatre mois de convalescence. Bonjour le H5N1 ! Il y a aussi des perroquets, des paons mordus par les chiens et même des lapins mal en point. En plein cœur du vieux Delhi, sur une éminence rocheuse s’élève la mosquée la plus grande de l’Inde, la mosquée Jama Masjid et tout autour s’ébattent des milliers de pigeons. Au dessus de la grande salle des prières s’élancent trois grands dômes de marbre blanc striés de noir et d’assez mauvais goût. L’Imam du haut du dôme central appelle à la prière à l’aide de hauts parleurs. Du sommet du minaret sud la vue sur old Delhi et le fort rouge est fabuleuse. Pas facile pour retrouver mon chemin et regagner “Sweet Dream”. Sur ma route j’aperçois une boutique Internet, j’y pénètre et consulte mes mails pour savoir si Yannis a reçu ma demande. C’est bon ! Ma banque lui enverra une lettre recommandée dans laquelle il trouvera mon numéro de carte. Je me prélasse plus d’une heure à l’hôtel et retourne dans la rue pour me rendre au “café 100” une sorte de cafétéria dans laquelle je commande une pizza et un burger en mezzanine. Demain je flânerai dans la new Delhi.

 Gandhi.

Le Mahatma Gandhi tient une place importante dans la société indienne. Gandhi naquit le 2 octobre 1869 dans le Gutjarat où son père était premier ministre. Il se maria à l’âge de 13 ans, embrassa la carrière d’avocat et quitta l’Inde en 1888 pour s’établir à Londres. Il accepta un contrat en Afrique du sud mais se heurta à la discrimination des indiens. Il lutta alors pour l’égalité des droits des individus. Gandhi rentra en Inde en 1915 avec de fortes convictions politiques. Sa doctrine était la non-violence. Il défendit les paysans exploités du Bihar et reçut le titre de “Mahatma” (grande âme). Il lança un mouvement de protestation nationale, mais choqué par le massacre des manifestants pacifiques il le quitta. Au milieu des années 1920 Gandhi se fit relativement discret, puis reprit la lutte en 1927. Trois ans plus tard en 1930 il fascina son pays et le monde entier pour son défi au gouvernement britannique. Il fut enfermé puis relâché en 1931 pour représenter le congrès national indien à Londres et il conquit le peuple britannique. Jeté à nouveau en prison, et à sa sortie il entama une grève de la faim, quand il parut à l’article de la mort il fut libéré. Il se lançât dans un projet d’éducation en zone rurale et revint en 1942 avec la campagne “Quit India” qui exhortait les britanniques à quitter l’Inde immédiatement. Une fois de plus il finit derrière les barreaux. A sa sortie il n’avait plus les moyens d’éviter la tragédie des plans de partition, il partit en campagne pour calmer les tensions communautaires et défendre la paix. Défendre toutes les communautés ne pouvait qu’exacerber le ressortissant des extrémistes Hindous. Le soir du 30 janvier 1948 comme il se rendait à une prière publique Gandhi fut assassiné par un fanatique Hindou.  Depuis 1948 l’Inde avance à grands pas en affrontant d’énormes problèmes. Il n’y eut que trois premiers ministres de réelle envergure, Nehru sa fille, Indira Gandhi (sans lien de parenté avec le Mahatma) et son fils Rajiv Gandhi un ancien pilote d’Indian Airlines. Rajiv soupçonné de corruption fut tué en 1991 en pleine campagne électorale par un attentat à la bombe perpétré par une militante du front de libération des Tigres Tamouls. La tête du parti revint alors à Narasimha Rao en 1991 et il fut désavoué en 1997. En 1998 la présidence du congrès reviendra à Sonia Gandhi, la veuve de Rajiv. Les dernières années la politique indienne a été marquée par de multiples affaires de corruption, Narasimha Rao a été condamné à trois ans de prison, le premier ministre Vajpayee s’est engagé à faire toute la lumière en ordonnant une enquête au plus haut niveau judiciaire. Le début du nouveau millénaire reste focalisé sur l’éternel désaccord entre l’Inde et la Pakistan à propos du Cachemire. Les tensions demeurent explosives à ce sujet. L’Inde qui couvre trois millions trois cent mille kilomètres carrés se divise aujourd’hui en 29 états et 9 territoires de l’union.  Les nouvelles de France sont bonnes, Yannis a besoin d’une décharge pour aller récupérer la lettre recommandée envoyée à mon ordre. Je suis donc obligé d’envoyer un E-mail à la poste centrale de Grasse “.....Je soussigné monsieur Maurice Costantin demeurant 10 rue Paul Goby à Grasse donne autorisation à mon fils Yannis de réceptionner le pli recommandé à mon nom. La pièce qu’il renferme m’est indispensable pour poursuivre mon voyage en Inde et elle doit me parvenir avant mon entrée au Népal. Je vous remercie de votre compréhension.....”  Aujourd’hui direction New Delhi, je prends le bus N° 505 depuis Connaught Place, il me dépose sur Kasturba Gandhi Marg. En face de moi s’élève le Qutb Minar un fantastique monument haut de 72 mètres pour un diamètre de 14 mètres à la base et de 2,50 mètres au sommet, une sorte de tour de la victoire édifiée par les musulmans en 1199. Une mosquée adjacente rappelle les constructions de même type en Afghanistan. Il faut maintenant que je travaille pour organiser la poursuite de mon voyage car je ne sais pas encore comment je vais rentrer au Népal. Mon idée est de franchir la frontière ouest et continuer sur Pokara par une route infernale, mais cette zone n’est vraiment pas recommandée car c’est ici que se retirent et se réfugient les combattants maoïstes. Je repasserai donc par Delhi et poursuivrai vers Lukchow. Mais avant il me faut remonter vers la source du Gange car j’ai besoin de verdure et de fraîcheur. Avant de quitter Delhi je tiens à rendre hommage à Gandhi, le père de l’Inde moderne et me rends à Birla House, là où il a passé les derniers jours de sa vie. Je passe un moment près de sa stèle à l’endroit précis où il a été assassiné. Je peux lire les phrases suivantes: «Truth is God » et «violence is suicide ». Dans son petit musée je découvre quelque uns de ses objets personnels: ses deux dernières dents, ses sandales, la balle qui a transpercée son corps, son dhoti ensanglanté et l’urne de ses cendres. En rentrant je vais récupérer le précieux E-mail dans lequel Yannis me communique mon numéro de carte bancaire. Demain soir je prendrai la route pour Richikesh avec une Israélienne que j’ai rencontré à Pahar Ganj, elle souhaite se rendre au vert dans ce haut lieu de pèlerinage.

 Richikesh.

La deuxième partie de la route qui mène à Richikesh est dans un état déplorable. Au moment où je commence à somnoler le bus freine violemment pour éviter des ornières et je me fracasse le nez sur le dossier du siège de devant. Il est impossible de fermer l’œil, le bus fonce, personne ne parle, on sent que le chauffeur est fatigué, les passagers indiens lui demandent de s’arrêter. Je suis angoissé, j’ai vraiment peur de finir dans les bas cotés. L’israélienne est blanche de peur et ne peut fermer l’œil, nous nous remontons le moral mutuellement. Maintenant nous attendons la première lueur pour consulter “lonely planet” et choisir un point de chute à Richikesh. Au petit matin nous traversons Haridwar, Richikesh n’est plus loin. Ouf !  Nous prenons un rickshaw jusqu’à “River View cottage“, une guesthouse nouvellement construite, très propre, tenue par une famille du Ladakh. Elle est construite face à de magnifiques hautes collines avec une vue imprenable sur le Gange. Le coin est très calme malgré les longs escaliers qui permettent aux pèlerins d’accéder à la rive. Une sieste de deux heures s’impose avant d’aller savourer Richikesh. Richikesh est plantée à 360 mètres d’altitude sur les premiers contreforts de l’Himalaya, dans un décor de forêts luxuriantes. C’est la cité des “Rishis”, elle a une notoriété internationale car elle a reçu John Lennon et ses acolytes venus découvrir la méditation transcendantale. Richikesh est la capitale mondiale du yoga, elle accueille des sages et des occidentaux à la recherche de leur propre identité. La ville est le point de départ de toute une série de pèlerinages vers Gangotri, aux sources du Gange. L’israélienne s’appelle Shamia elle vient de Tel Aviv, elle a un très bon caractère et plaisante beaucoup. Nous évoquons nos trajets respectifs et nos projets de voyages. Il ne lui reste plus que neuf jours avant de rentrer chez elle et souhaite mettre les pieds au Ladakh, elle me baratine pour que j’y aille avec elle, je ne me prononce pas encore car je dois gérer mon temps pour rejoindre le Népal. Ce n’est pas impossible car de toute manière il me faudra repasser par Delhi dans quelques jours. En attendant nous descendons les longues marches à pic qui conduisent au Gange. Dans toutes les épingles il y a des boutiques qui proposent des boissons fraîches et nous faisons une halte “Pepsi”. Nous arrivons devant un magnifique pont suspendu qui enjambe la rivière, le pont   “Ram Jhula”. Des dizaines de petits singes viennent nous agresser, Shamia est effrayée mais de jeunes enfants viennent à notre aide pour les chasser. Nous stationnons un instant au milieu du pont pour admirer le site et observer la multitude de temples à des kilomètres à la ronde. Les temples se trouvent sur la rive gauche de l’autre coté du pont, là bas il n’y a pas de véhicule, seuls les vélos peuvent franchir le pont. Nous accédons aux plages et décidons de nous baigner dans le Gange. Ici le Gange est plus propre que la Siagne car nous sommes très près de sa source. En amont il n’y a ni ville ni village et l’eau est pure. Nous nous baignons habillés comme les indiens car il serait indécent de montrer notre corps nu aux religieux. L’eau est extrêmement froide nous faisons une brève trempette et nous faisons sécher sur les rochers. Une fois secs nous partons vers l’ashram où vivaient les Beatles. Richikesh est la ville des ashrams par excellence, ils permettent de goûter à la vie ascétique dans d’assez bonnes conditions à des prix raisonnables. De nombreux gourous et sâdhus transmettent un enseignement spirituel ou médical (médecine ayurvédique).  Avant d’aller dîner nous retournons à “River View” pour nous relaxer et faire un peu de courrier. C’est hyper calme, nous sommes les deux seuls clients de la guesthouse, nous disposons d’une immense terrasse ombragée  « .......Yannis, je viens de faire un grand bond car me voici au pied de la chaîne de l’Himalaya occidental. Aujourd’hui nous sommes le 12 mai et me voici à Richikesh où j’apprécie le climat et les nuits plus fraîches. Ici c’est le haut lieu des pèlerinages vers les sources du Gange. Je suis confortablement installé dans un décor merveilleux en face le ashram où les Beatles s’étaient réfugiés entre 1969 et 1972. Je m’apprête à rejoindre Gangotri à 3200 mètres d’altitude avec les moyens du coin. Demain je fêterai mon 58 ème anniversaire avec une copine israélienne avec qui j’ai fait la route depuis Delhi. J’ai quatre à cinq jours d’avance sur mon programme aussi il est possible que j’aille mettre mes pieds au Ladakh avec elle avant d’entrer au Népal. Je te tiendrai au courant..... ». C’est la tombée du jour, de multiples clochettes tintent et des feux s’allument sur les rives du Gange, c’est l’heure de la prière du soir. Nous passons au “Chotiwala” réserver deux couverts pour demain où nous fêterons mon anniversaire. Ce soir nous dînons au Ganga Kinare” où seul le chant des grillons vient perturber le silence. Nous ne nous attarderons pas car nous sommes épuisés. Demain on verra !   A l’issue d’un petit déjeuner copieux nous étudions ensemble notre itinéraire. Nous disposons de huit jours chacun et établissons le programme suivant: aujourd’hui nous resterons à Richikesh, demain nous partirons faire deux jours de treks jusqu’aux sources du Gange, il nous faudra un jour de trajet pour retourner à Delhi et nous passerons trois à quatre jours à Leh, dans la capitale du Ladakh. Avant d’aller festoyer au “Chotiwala” nous nous retrouvons pour aller à la cérémonie du feu au Triveni Ghat. A la tombée de la nuit la cérémonie des bougies attire la foule à tel point que des travaux d’élargissement du Ghât ont été entrepris pour recevoir plus de monde. L’ambiance est bon enfant, des centaines de fidèles sont alignés sur les rives du Gange les pieds nus dans l’eau froide face à des Sâdhus et des gourous qui brandissent de lourds candélabres chargés de bougies et qui entonnent des prières. Les gourous nous distribuent des pétales de fleurs destinées à être jetées dans le Gange en y faisant un vœu. A l’issue de la cérémonie les fidèles pique-niquent sur les galets à la lueur des feux de camps. Il est maintenant temps de regagner le restaurant, dés notre arrivée deux mascottes déguisées en Sâdhus nous harponnent tandis qu’un animateur s’égosille au micro. Nous nous installons à l’extérieur au bord du Gange et très rapidement des plats d’inspiration indienne et chinoise déferlent sur notre table. Nous nous régalons avec une excellente soupe et des thalis à volonté. Dès que l’assiette est vide un serveur vient la remplir jusqu’à épuisement. Nous finissons avec une glace à la vanille et des bonbons. Il est très tard et demain il faudra que nous nous levions tôt pour partir vers les sources du Gange.

 Gangotri et les sources du Gange.

Le patron de notre pension nous attend sur la terrasse pour nous communiquer toutes les consignes pour nous rendre à Musoorie et comment prendre la terrible route de Tehri en longeant la profonde vallée du Bhagirathi. Musoorie se trouve à 70 kilomètres au nord de Richikesh, il y règne un parfum d’Angleterre victorienne, c’est notre première étape avant Tehri. Des dizaines de hautes montagnes se détachent avec des pics de 6300 à 7800 mètres d’altitude, c’est impressionnant ! Nous déjeunons rapidement dans un restaurant tibétain et poursuivons vers la vallée où nous apercevons un gigantesque barrage construit à moins de quinze kilomètres de la faille indo-eurasienne. Des sismologues du monde entier se penchent sur le sort de ce barrage et se demandent s’il tiendra ou s’il ne tiendra pas. Nous voici près du cours du Bhagirathi pour une nouvelle halte, nous nous désaltérons abondamment avant d’affronter le dernier tiers de notre expédition. La route est spectaculaire au travers de belles forêts de pins. A Gangotri nous trouvons un campement aménagé pour recevoir les marcheurs. Nous avons le choix entre une hutte en planches ou une épaisse tente. Nous choisissons la tente et pour dormir confortablement nous nous rendons à la réception pour y louer des matelas et des coussins. Nous sommes à 3200 mètres d’altitude, en cette saison il n’y a pas de neige mais il fait très froid. En face de nous le pic de la Nanda Devi (7817 m) et le Bandarpoonch (6318 m) nous crèvent les yeux. Il n’y a pas beaucoup de vie ici, sinon quelques routards qui nous indiquent où nous pouvons nous ravitailler. Ce soir nous pique-niquons à la lueur de deux bougies avant de tomber dans un profond sommeil. Il fait très froid ce matin mais il faut sauter du matelas car soixante kilomètres en camionette puis seize kilomètres à pieds nous attendent pour parvenir à Gaumukh à 4225 mètres d’altitude. Nous avançons lentement dans un décor époustouflant et six heures plus tard nous apercevons le “Museau de la vache”, l’endroit où naît le fleuve sacré. Un spectacle absolument surréaliste s’offre à nous, des dizaines de Rishis (Sâdhus) à moitié nus sont alignés, en profonde méditation, de l’eau jusqu’à la taille, immobiles. La température extérieure est d’environ 16°C et l’eau du Gange doit être de 8°C.  “  Répéter son nom apporte la pureté, le regarder assure la prospérité, se baigner dans ses eaux sauve sept vies humaines. Il n’existe aucun pèlerinage comparable à celui du Gange ” (Mahabharata). Nous sommes dans la région des sages, au centre de la vie spirituelle des hindous qui étaient prêts à perdre leur vie par la fatigue, les piqûres de serpents et les morsures des bêtes sauvages pour se rendre sur le chemin du Yatra. Il y avait 200 kilomètres à parcourir à pieds dans la jungle épaisse avant d’atteindre le “Museau de la vache”. Aujourd’hui les routes qui entaillent les versants himalayens ont rendus le pèlerinage accessible à tous y compris aux vieillards qui gravissent les dernières pentes à bout de souffle.

 

 

Le Ladakh

 

C’est décidé, nous partirons au Ladakh. En attendant il nous faut retourner à Delhi. Après dix heures de route nous voici à Caunnaught Place le centre commerçant de Delhi, une grande place ronde d’où partent huit avenues coupant trois cercles concentriques. Le cercle intérieur s’appelle Caunnaught Place, celui du milieu Middle Circle et le cercle extérieur Caunnaught Circus. Dans ce quartier se trouvent de nombreux restaurants chics, des boutiques de mode et des agences de tourisme. C’est ici que nous nous installons tout près de l’office du tourisme car avant la nuit nous nous y rendrons pour négocier notre départ pour le Ladakh. Nous trouvons une gentille guesthouse “Sunny Guesthouse” aux tarifs imbattables, avec une petite chambre au plafond bas et une minuscule douche. L’ambiance semble bonne, tout est bien tenu et nous pouvons nous restaurer sur place dans une charmante cour intérieure. Une fois installés nous allons prendre des informations à l’office de tourisme qui nous envoie à Jet Airways. Pour aller à Leh, la capitale du Ladakh, le plus simple est de prendre l’avion car la route est affreuse et nous ne disposons que de très peu de temps. Nous nous envolerons demain en souhaitant que le temps soit beau car nous survolerons une bonne partie de la chaîne de l’Himalaya occidental. Le temps dont nous disposons ne nous permet pas de faire de treks, qu’importe ! Mon objectif est plus simple, c’est uniquement de mettre les pieds sur cette terre. Cette région du nord de l’Inde vaut pourtant la peine qu’on s’y attarde. Pourquoi pas l’année prochaine ? L’aéroport de Leh se trouve à 3500 mètres d’altitude. Cette région est étonnante, elle est faite des plus hauts sommets et des vallées les plus sèches du monde. L’altitude moyenne du pays est de 5300 mètres et la population n’excède pas 100 000 habitants concentrés le long de l’Indus, le “roi des fleuves”. Les chinois ont volé un bout du Ladakh à l’Inde lors de leur annexion du Tibet et les pakistanais ne se sont pas gênés pour en prendre un autre bout. Ce qui oblige l’armée indienne à maintenir en permanence plus de 150 000 soldats autour du territoire. Les Ladakhis sont bouddhistes lamaïstes, ils ont accueilli de nombreux réfugiés tibétains. L’ouverture du tourisme aux occidentaux ne date que de 1974, mais arrivé à Leh nous n’avons pas encore vu l’ombre d’un européen. Ce pays est pourtant le royaume des alpinistes tellement il y a de sommets qui dépassent 5000 mètres d’altitude. Le Ladakh ne connaît pas la mousson, mais deux saisons: l’hiver avec des températures descendant jusqu’à -35°C et l’été de mai à novembre où le climat est très sec et rude. En ces moments la température varie de + 32°C le jour à + 10°C la nuit. Le lamaïsme a été introduit au Ladakh en 632, il se divise en deux écoles, les bonnets rouges et les bonnets jaunes, comme le dalaï-lama. Les lamas jouent un rôle important dans la vie religieuse, de même que les moines au moyen âge en France. Ils ont un rôle religieux strict, un rôle d’enseignement  et un rôle social. Les moinillons sont nombreux, ils entrent dans les monastères dès l’âge de quatre ans et étudient durant trente à quarante ans avant de devenir des maîtres, des guides puis des Lamas. Les études concernent la connaissance du bouddhisme, la physique, la chimie et la médecine des plantes.

 Leh.

Seulement 400 touristes par an transitent par Leh pour faire des treks à la hauteur de leur condition physique. Leh est un bon palier pour vaincre le mal des montagnes. Le patron de la pension de Richikeh originaire de Leh nous a donné une adresse: l’hôtel “Choster“, téléphone: 01982 250055. Cet établissement comme beaucoup d’autres ne dispose pas d’électricité le jour, mais le soir des générateurs bruyants viennent troubler le calme de la ville. Nous nous installons pour 300 roupies la nuit (6 euros). Nous nous rendons à pieds au marché principal de Leh. Sur les trottoirs les villageoises vendent les produits de leur jardin tout en filant la laine, les vendeurs de Chang (sorte de bière d’orge) se font concurrence. Les commerçants sont nombreux: des petits tailleurs, des marchands d’outils, des marchands de tissus et de vêtements, des coiffeurs, des quincailliers et des salons de thé ladakhi. Leh est une petite ville merveilleuse et attachante, il est 18 heures, l’heure où le soleil fait une auréole autour des gompas. Nous partons à deux kilomètres du centre ville pour Sankar Gompa au restaurant “Tibetan Kitchen”, il sert la meilleure cuisine tibétaine de la région. Nous essayons les “momos”, de gros raviolis blancs cuits à la vapeur ou frits, arrosés au Chang. Pour conclure nous prenons notre premier thé tibétain, un mélange de thé, de beurre et de sel que j’ai du mal à avaler. Pour les tibétains comme pour les ladakhis cette boisson est nécessaire pour éviter la déshydratation et les gerçures, elle apporte aussi les lipides pour résister au froid. Demain matin nous irons visiter le monastère le plus proche de Leh, le monastère de Spituk à sept kilomètres au sud-ouest de la ville. Des mini bus partent toutes les 30 minutes du centre de Leh, nous prenons le premier venu, il nous dépose au pied d’un monastère perché sur une colline. Après une fatigante ascension nous pénétrons dans une salle sombre, la salle de l’assemblée, ornée de thangkas (peintures sur tissus), et de drapeaux poussiéreux. Des fidèles tournent en déambulant autour d’un moulin à prières géant. Tout à coté il y a des dizaines de divinités en bronze et en or. Les chortens (tombeaux) sont plaqués de cuivre et d’or, on les contourne dans le sens des aiguilles d’une montre et à l’intérieur il y a de petits pains en forme de Bouddhas, fait avec les os pilés des morts. Tout en haut de la colline se trouve le gonkhang (lieu de prière qui abrite les divinités). Il est creusé dans le roc et pour s’y rendre il nous faut traverser une cour. Nous voici dans le sanctuaire aux murs noircis par la combustion des lampes au beurre. Les visages et les masques des divinités sont terrifiants. Retour à Leh pour la visite du centre écologique crée en 1984. Il est garni de livres et de magazines sur l’écologie, l’Himalaya et la philosophie. Un guide nous explique tout sur l’énergie solaire et son emploi local (fours pour restaurants, sèche graines, serres ...). Dans la petite salle du fond est projeté un court métrage sur la mise en garde contre les dangers de l’occidentalisation et une introduction à la culture locale Après cette escapade culturelle nous regagnons l’hôtel car la température a déjà chuté de 15°. Nous nous plaisons beaucoup au Ladakh, mais le temps nous est compté et devons retourner à Delhi. Demain soir nous nous quitterons, Shamia restera un jour complet à Delhi puis s’envolera vers son pays natal. Quant à moi je partirai vers Luknow et Gorakhpur pour entrer au Népal.

En route vers la frontière du Népal.

Le train direct pour Gorakhpur est complet, cela bouscule considérablement mes prévisions. Je suis donc obligé de prendre un bus de nuit qui m’emmènera à Lucknow. Le bus part à 22 heures et la route est en bon état. Je me sens un peu seul car je n’ai plus ma compagne de voyage. Le temps de grignoter quelques sucreries, je tombe dans un profond sommeil. J’ouvre l’œil vers 4 heures du matin, les passagers dorment encore, à l’exception d’une vieille dame qui fouille dans tous ses sacs pour sortir du bétel à chiquer. Chiquer la feuille de bétel c’est quelque chose de sacré en Inde. La mémé prend une feuille, y ajoute une couche de chaux éteinte, des morceaux de noix d’arec et des écorces de chay, elle roule le tout, mâche et crache à deux reprises dans un mouchoir de tissu et avale le reste. Le bétel en Inde est aussi populaire que nos gauloises françaises, il parait qu’il favorise la digestion et permet de faire passer les plats pimentés. Si l’on s’habitue à chiquer de trop, les gencives et les lèvres deviennent rouges et le bétel est source du cancer de la bouche. Dans tous les coins on trouve des petites échoppes à bétel on y trouve aussi le sweet-yan composé des mêmes ingrédients additionnés de noix de coco et de confiture de dattes. Le soleil se lève, les passagers aussi, le bus s’arrête sur une aire de stationnement où se trouve une cantine, ça tombe bien car j’ai une folle envie de thé masala. A sept heures du matin nous approchons de Lucknow, je demande au chauffeur de me déposer près de la gare ferroviaire. A Lucknow il me faut attendre quatre heures avant de prendre un train pour Gorakhpur. Je m’installe dans la salle d’attente et m’endors. A mon réveil j’ai encore beaucoup de temps, je fais alors quelques pas autour de la gare et me présente sur le quai bien avant que le train n’arrive. Le train entre en gare à 11 heures, j’embarque et n’arriverai à Gorakhpur qu’à 19 heures. Je suis crevé et aperçoit le “Taj Hôtel” juste en face la gare, je n’ai pas la force d’aller chercher ailleurs et m’y installe. L’hôtel est sale, mal ventilé et les moustiques sont particulièrement collants. Je fonce manger une omelette et boire un thé puis retourne m’enfoncer dans mon sac à viande. J’ai tellement dormi dans le bus et dans la gare que je suis réveillé à cinq heures du matin, ça tombe bien car pour atteindre la frontière népalaise un mini bus quitte Gorakhpur à six heures pour 385 roupies (6 euros). Je sais que le trajet va être pénible jusqu’au poste frontière de Sunauli, trois heures par des routes défoncées par les moussons de l’année dernière.

 LE  NEPAL

“  Never   Ending    Peace   And   Love  ”

 

Pendant des siècles le Népal est resté fermé au reste du monde, on lui a donné plusieurs surnoms: “Le royaume ermitage”, “La demeure des dieux” ou “ Les marches qui donnent accès au paradis”. C’est un tout petit pays de légende coincé entre deux géants, la Chine au nord et l’Inde au sud. Le Népal est le carrefour mythique sur la route du sel et de la soie où se côtoient dans la paix et la tolérance une multitude d’ethnies. C’est au Népal que naquit Bouddha et que réside l’unique déesse vivante au monde. En peu de temps je me suis rendu compte que ce royaume est magique car le quotidien des népalais est encore fait d’histoires de rois, de reines et de divinités qui se transforment en animaux et d’animaux qui se transforment en dieux en géants et en démons. Les népalais se sourient, se parlent, échangent et se soucient encore les uns des autres. C’est un endroit béni ! Le Népal coincée entre la Chine et l’Inde se présente comme une étroite bande de terre rectangulaire d’environ 250 km de large sur 800 km de long. Heureusement que la chaîne de l’Himalaya constitue un rempart de premier ordre entre ces deux puissances, mais malheureusement cette chaîne est une barrière climatique avec les conséquences écologiques qu’elle engendre. Le Népal est devenu un point stratégique important sur la carte politique du monde car la construction d’une route relie maintenant Katmandou à Lhassa la capitale du Tibet. Le Népal est formé de cinq régions naturelles sur une superficie de 141 000 km2, cinq bandes longitudinales sur cinq paliers différents: Le Teraï, ou région basse est une terre d’alluvions réputée comme un enfer en raison du paludisme et pour être le repère des léopards et des tigres. La principale ressource du Teraï est la culture des céréales. Les Siwalik, juste au dessus du Teraï voient les premiers sommets de 1500 mètres. Des formations montagneuses qui se composent de crêtes séparées par de larges vallées dans lesquelles pénètre la forêt vierge. Cette région est très peu habitée. Le Mahabharata Lekh est une chaîne de montagnes dont les sommets atteignent 3000 mètres, un véritable rempart entre le Teraï et le plateau népalais. Des vallées découpent des gorges profondes et sauvages et des rivières s’écoulent descendant jusqu’à la plaine du Gange. Le plateau Népalais est le cœur du pays, il est partagé en neuf bassins naturels. C’est la partie la plus riche du pays, celle où se trouvent les plus grandes villes, Patan, Pokhara, Bhadgaon, et la capitale Katmandou.

La chaîne himalayenne possède 14 sommets dépassant les 8000 mètres d’altitude. Neuf sont situés au Népal dont l’Everest appelé “Sagarmatha” (8850 mètres), le Kanchenjunga (8598m), le Lhotsé (8571 m), le Makalu (8470 m), le Dhaulagiri (8172 m), le Manaslu (8156 m), le Cho Oyu (8153 m), l’Annapurna I (8091 m) et le Shisha Pangma (8013 m). Ils sont entourés de plus de 100 sommets de plus de 7000 mètres d’altitude. Dans cette chaîne le système d’écoulement des eaux est particulier, des torrents nés au Mustang se faufilent dans les gorges les plus profondes du monde. Les neiges éternelles commencent à 6000 mètres sur les versants exposés au sud. A 4000 mètres il y a des forêts et des cultures, à 5000 mètres des pâturages et même des fleurs. Pour les népalais ces montagnes sont sacrées et appartiennent à la mythologie populaire, elles sont considérées comme le séjour des dieux. L’Everest est appelé “déesse mère du pays”, en népalais “Chomo lungma” Le plus haut sommet du monde fut découvert d’une façon inattendue en 1849 par Sir John Everest qui étudiait les pics népalais, il fut baptisé Pic XV. C’est en 1852 lorsqu’on parvint à mesurer les altitudes que l’on découvrit qu’il était le plus élevé. Ce n’est qu’entre 1921 et 1948 que les anglais lancèrent huit expéditions par le versant tibétain et qu’entre 1950 et 1951 par le versant népalais. Le toit du monde est atteint le 29 mai 1953 par deux hommes, Hillary et le sherpa Tensing. Trois ans auparavant les français Herzog et Lachenal avaient réussi une dramatique première pour atteindre l’Annapurna I à 8091 mètres. Aujourd’hui, la population népalaise considère ces ascensions comme sacrilèges. L’expédition qui partit à l’assaut du Machhapuchhare en 1957 s’arrêta à 50 mètres du sommet pour respecter les croyances locales et ne pas profaner la demeure des dieux.

En route pour Pokhara.

Pour me rendre à Pokhara la route qui me sépare de la frontière indienne serpente sur des versants abrupts pendant près de 250 kilomètres. Il faut normalement six à sept heures pour les couvrir. Il est 15 heures, je monte dans un mini bus et m’installe à coté d’un grand garçon et de sa petite sœur, ils n’arrêtent pas de me dévisager, d’observer tous mes gestes. Je tente de discuter avec eux mais ils ne connaissent pas un mot d’anglais, nous communiquons par gestes et échangeons des biscuits. Le mini bus n’excède pas la vitesse de 40 kilomètres à l’heure, les premiers kilomètres jusqu’à Butwal se passent relativement bien mais les choses se compliquent sur la route de Tansen où les rochers qui se sont détachés des montagnes bloquent le passage. Il faut que nous patientions le temps que des ouvrières dégagent la voie. Après plus d’une heure d’attente nous reprenons la route mais dix minutes plus tard dans un creux, le bus doit traverser un gros ruisseau et puis un autre. Les grosses pluies des derniers jours ont charrié branches et cailloux et nous entreprenons un véritable slalom. Nous nous rapprochons de Tansen, la montée est rude, la nuit commence à tomber et l’éclairage du bus est très faible, nous roulons à 20 km/h. Pour des raisons de sécurité nous resterons à Tansen car au Népal il n’est pas recommandé de se trouver en pleine nuit dans les endroits isolés. Depuis novembre 2001 l’état d’urgence a été décrété par le roi suite à l’interruption du cessez-le-feu entre les maoïstes et les forces du gouvernement. Début 2002 les maoïstes déclaraient que les touristes étrangers étaient les bienvenus dans le pays mais qu’ils devaient éviter les zones de combats. A présent des actions meurtrières sont régulièrement menées vers les forces gouvernementales hors des zones touristiques et de Katmandou. Nous voici à Tansen à 110 km de Pokhara, dans une petite ville peuplée de Newars très attachés à leurs traditions et à leurs coutumes religieuses. Les passagers du mini bus passeront la nuit sur les banquettes ou à la belle étoile, quant à moi je fais cent mètres à pied pour aller à l’hôtel “The Bajra”. Le propriétaire ne parle pas l’anglais mais il a vite compris que le bus ne repartira que demain matin. Je ne traîne pas, dîne et vais me coucher car demain il faudra affronter l’abominable route défoncée qui conduit à Pokhara.

Au petit jour les passagers du bus descendent faire une toilette sommaire à la fontaine publique puis me rejoignent dans le seul restaurant de campagne ouvert pour y prendre un thé. Nous embarquons à 6 heures, les paysages sont magnifiques. Sur un dénivelé impressionnant la route est sérieusement endommagée par la dernière mousson et le pont qui enjambe le vallon a été emporté par les eaux. Un autre pont a été reconstruit provisoirement en poutres, il n’est pas très large. Le chauffeur du bus nous recommande de descendre et de passer le pont à pied, il nous récupèrera de l’autre coté. A quelques kilomètres de Pokhara le bus est arrêté à un barrage militaire. Des soldats nous font sortir pour un contrôle de papiers tandis que d’autres pénètrent dans le bus munis de détecteurs de métaux pour s’assurer que personne ne transporte des armes. Les rebelles maoïstes s’approchent souvent des grandes villes, l’armée le sait et est toujours en état de siège.

 Pokhara.

La station de bus de Pokhara est loin du centre ville, je saute dans un taxi avec deux européens et nous nous faisons déposer au lac de Phewa proche des commodités. Nous débarquons tous les trois à “Butterfly Lodge” un charmant petit hôtel parfaitement propre et calme au milieu d’une immense prairie verdoyante. De la fenêtre de ma chambre j’ai la vue sur le Machhapuchhare qui culmine à 6997 mètres. Au Népal lorsqu’un étranger veut occuper un hôtel, une guesthouse ou un lodge une fiche de renseignements très détaillée doit être remplie, ainsi, à tout moment les autorités peuvent savoir où je me trouve, d’où je viens et où je compte aller. D’un côté c’est sécurisant car si je m’aventure et que les Maoïste m’enlèvent, les autorités locales pourront aller sur mes traces. Avant les travaux d’ouverture de la route que j’ai empruntée et la création de celle qui relie Pokhara à Katmandou, Pokhara était quasiment coupée du monde à part peut être du Tibet. Aujourd’hui Pokhara est devenue une étape incontournable pour les trekkeurs avant d’aller affronter l’Annapurna I, le Machhapuchhare et le Dhaulagiri. Le lac de Phewa est un des plus grand du Népal, il est absolument splendide avec toute la chaîne de l’Annapurna en toile de fond. Ma première occupation de la journée est d’aller admirer les massifs qui se reflètent dans les eaux du lac, un spectacle inoubliable ! Il y a 25 ans le lac couvrait 600 hectares, aujourd’hui il n’en couvre plus que 400. Il perdra cinq hectares chaque année en raison de l’érosion provoquée par le déboisement. Bien heureusement il est interdit de construire des bâtiments de plus de deux étages autour du lac. Le lac de Phewa est poissonneux et c’est bon signe. Pendant la mousson il se couvre de végétation et d’algues dangereuses dans lesquelles les enfants s’empêtrent facilement. Demain je louerai une barque pour aller sur l’autre rive. Avant de visiter le centre de la ville je retourne à “Butterfly lodge” pour écrire quelques mots à Yannis.

« ............je suis resté quelques jours sans te donner de mes nouvelles car le trajet entre Delhi, la frontière népalaise et Pokhara a été très dur, je n’ai pas disposé de temps et les cyber boutiques étaient rares. Pour atteindre Pokhara depuis la frontière Indo-népalaise ça a été un vrai cauchemar, une dure aventure par une route bouchée par des éboulis et parfois inondée. Les arrêts étaient fréquents et pour des questions de sécurité le bus n’a pas roulé de nuit. Heureusement ! Par contre les sites que j’ai traversés étaient merveilleux, à droite des falaises, à gauche des précipices. J’ai traversé de minuscules villages où à la tombée du jour les gens s’éclairent à la lampe à pétrole. J’ai parcouru la jungle et les rizières en étages sur les flancs des montagnes. La température ici est agréable (entre 20 et 30 degrés), ça me change beaucoup de la canicule du Rajasthan. Le Népal semble plus propre que l’Inde. Je n’ai pas encore eu l’occasion de beaucoup communiquer avec les népalais mais apparemment ils sont moins fiers que les indiens et surtout plus honnêtes. Dans quelques jours je ne pourrai plus communiquer avec toi car je vais partir pour un trek de plusieurs jours jusqu’au camp de basse d’Annapurna I. Je ne partirai pas seul mais accompagné d’un canadien, d’une allemande et d’un guide népalais. Un autre de mes rêves se réalisera et je suis déjà persuadé que je vais vivre des moments inoubliables dans un cadre grandiose. La vie au Népal est plus coûteuse qu’en Inde, je viens de m’en apercevoir en arrivant à Pokhara. Je ne peux encore rien te dire sur la cuisine locale car je prendrai mon premier vrai repas ce soir. N’oublie pas de m’envoyer de tes nouvelles je les récupérerai à mon retour du Trek car je repasserai par Pokhara avant de me rendre dans la vallée de Katmandou............................”

Je descends à l’accueil de mon lodge et m’entretiens avec le patron pour organiser mon départ pour le trek de demain. Je mets un petit mot sous les portes des chambres du canadien puis de l’allemande pour les convier à une réunion de préparation à cette randonnée. Nous avons rendez-vous ce soir à 19 heures au restaurant “Once upon a time”. En attendant, je me rends en ville au bazar de Pokhara et ça vaut le détour car les newars, les marchands du Mustang et du Tibet se mêlent aux Gurungs (ethnie principale de la région) pour échanger toute sorte de marchandise. Avant d’aller au restaurant je vais lécher les étalages du quartier du Dam où je trouve beaucoup d’objets d’artisanat tibétain. Le marchandage est tellement pratiqué que l’on obtient toujours un bon prix. Pour me préparer au trek je trouve ici tout ce qui m’est nécessaire. Je loue un sac à dos, une paire de bonnes chaussures de marche et achète une polaire à un prix dérisoire qui doit être d’occasion ? Beaucoup de boutiques vendent de très beaux bijoux à des prix intéressants, des bagues, des colliers et des pierres importées d’Inde. Je passe déposer mes emplettes à “Butterfly lodge” et fonce au restaurant “Once upon a time” où je trouve le canadien fidèle au rendez-vous. L’allemande n’est pas encore là, elle s’est peut être dégonflée. En attendant nous testons la “thomba”, une bière tibétaine au goût de cidre fermier produite par la fermentation de graines de millet, elle est assez peu alcoolisée mais fait quand même tourner la tête si l’on en abuse. Voici l’allemande ! Nous pouvons faire connaissance. Elle s’appelle Maria et le canadien s’appelle Keshaw. Nous établissons notre trajet selon nos moyens et notre volonté avant que notre guide nous impose la sienne. Nous sommes installés au premier étage sous un grand toit de paille autour d’une table basse et bercés par une douce musique. Nous agitons la clochette qui se trouve sur la table et un serveur accourt pour prendre notre commande. Nous commandons un repas occidental et surtout de bonnes crêpes. Nous terminons le repas par un rakshi, (un alcool de riz népalais), nous regagnons notre lodge et nous nous  donnons rendez-vous pour demain à l’aube.

Six jours de trek.

Trek est un mot anglais d’Afrique du sud qui signifie “faire route”. La longue marche que je vais entreprendre durera six jours. Six jours sur la plus belle montagne du monde et j’en retournerai très certainement ébloui pour la vie. Pour pouvoir réaliser ce trek il nous a fallut un permis de circuler, c’est notre guide qui s’est chargé de nous l’obtenir auprès de l’office de l’immigration moyennant deux photos d’identité et huit euros par personne. Selon les zones les permis sont différents, ils ne sont pas délivrés pour les régions frontalières. Lorsqu’on choisit un trek il faut se renseigner avant de s’aventurer, certaines régions comme le Mustang et le Manaslu ne sont accessibles que dans des conditions spéciales, celle du Dolpo a longtemps été le théâtre de violences maoïstes. Notre guide s’appelle Bhawans, il est présent de bon matin et vérifie nos bagages. Notre portage doit être léger et contenir le principal et le nécessaire pour cette saison: une cape pour la pluie, des lunettes de soleil et des chaussettes épaisses. Nous n’avons pas besoin de tente car nous logerons toujours dans des auberges, des lodges ou chez l’habitant. Pour manger, pas de problèmes on trouve de partout une nourriture à base de féculents et de légumes. Le temps de marche que nous aurons à parcourir entre deux étapes n’excèdera jamais six heures, nous prévoyons donc des biscuits pour palier à d’éventuels coups de pompe et des pastilles de Micropur pour purifier l’eau courante. Par contre, nous ne trouverons pas de pharmacie, aussi je vérifie si je n’ai pas oublié de l’aspirine, du paracétamol, du collyre, mon cotareg, de la pommade “Tiger Balm” pour le massage des mollets et de la pommade pour les lèvres desséchées.

C’est parti pour Annapurna BC sanctuary à 4100 m d’altitude. Un taxi vient nous chercher à 13 heures. Nous roulons pendant 60 kilomètres et il nous dépose à 14 heures au bas de la première étape de notre ascension. Nous commençons par un sentier de terre qui finit au bas d’une multitude d’escaliers de pierres. Ca n’en finit plus, nous grimpons pendant 1 heure 30, le dénivelé est impressionnant et nous apercevons Pokhara toute petite au fond de la vallée. Le dénivelé s’atténue progressivement et nous voici sur un plateau où nous faisons une première halte pour nous ravitailler en eau. La pause est très brève, nous croisons des habitants surchargés de ballots qui regagnent leurs villages à pied. Nous voici au milieu d’un merveilleux paysage de verdure et de rizières en étages déployées sur les versants abrupts des montagnes. Le soleil pénètre difficilement et un petit vent frais nous oblige à porter une polaire. Nous faisons un bout de chemin avec de vieilles femmes qui suent sous le poids des ballots de riz et d’orge qu’elles remontent depuis la vallée jusqu’au village en amont. Elles sont toutes vêtues de tenues de couleurs vives et sont de type asiatique et mongolien à la fois, elles sont souriantes et marchent à vive allure. Dans les champs les hommes labourent à l’araire. Le chemin est tortueux et de toute part nous sommes encerclés de montagnes verdoyantes. La pluie commence à tomber, nous nous arrêtons pour couvrir nos sacs de plastique et enfiler nos K-Way. Il pleut de plus en plus, nous pressons le pas pour regagner un groupe de quatre bicoques de bois et de chaumes, pour nous mettre à l’abri et attendre la fin du déluge. Les habitants de ce hameau vivent dans une pièce unique qui sert à la fois de cuisine de salle à manger et de chambre. Deux vieilles dames assises adossées au mur préparent les légumes qui serviront à farcir les “momos”. Un vieillard est assis sur sa terrasse abritée et contemple les montagnes, il me tend une clope népalaise qui a beaucoup plus la saveur de foin que de tabac. Les enfants timides ne se hasardent pas et vont se retrancher sous les plis des jupes de leurs mamans. La pluie diminue d’intensité, il nous faut continuer l’ascension recouvert d’un sac plastique, nous ressemblons à des cloches ambulantes. Le deuxième palier est à 250 mètres en amont. Nous abordons une deuxième série d’escaliers glissants, la pluie cesse, les gros nuages blancs défilent à toute allure poussés par des rafales de vent et découvrent les sommets des montagnes, j’ai l’impression d’avoir le vertige. Nous voici dans le minuscule village de Dampung, il est 17 heures, le bourg est plongé dans un silence morne et semble dépourvu de vie, personne ne se dirige vers nous excepté les écoliers qui sortent de leurs cours. Namasté ! Namasté ! s’écrient les enfants tous en cœur. Namasté est une expression utilisée partout pour saluer et veut dire aussi bien “bonjour”, “bienvenu”, “heureux de vous rencontrer”, “ au revoir”, “à bientôt”, “bonne route”. Mais la signification exacte de cette formule est très précisément “Que l’ensemble de vos qualités soient bénies et protégées des dieux”. C’est les mains jointes en s’inclinant qu’elle est prononcée à travers tout le Népal. L’école reçoit vingt huit élèves, ils ont de cinq à douze ans, le prof nous invite à visiter l’établissement. Il n’y a pas d’électricité et des lampes à pétrole servent à éclairer la classe, la nursery et le bureau du prof. Tout est en bois, les murs, les plafonds, le sol et le mobilier. La propreté est absolue, ce sont les enfants qui nettoient les lieux avant leur départ, des enfants qui habitent jusqu’à cinq kilomètres à la ronde, des enfants qui s’attardent avec nous et qui n’arriveront chez eux qu’à la tombée du jour. C’est vraiment très beau et surtout très attachant. Bhaiwans nous bouscule, il nous faut quitter ce coin charmant car de nouveau, de grosses gouttes recommencent à tomber et nous devons arriver à Patana avant la nuit. Le sentier est plat, nous faisons un bout de chemin avec trois enfants, les conditions météo ne nous permettent plus de continuer et sommes obligés de rebrousser chemin pour retourner à nouveau à Dampung. Nous nous dirigeons vers l’unique auberge du village. Il n’y a que cinq chambres très simples au parquet de bois mal joint, le plafond est en rotin et de la fenêtre de ma chambre j’ai une vue plongeante sur la vallée désertique. De l’autre coté il y a un petit balcon qui domine une grande prairie où paissent des buffles détrempés. Nous sommes à 2600 mètres d’altitude, la pluie redouble et dans l’attente de l’accalmie je ne quitte pas ma chambre. On frappe à ma porte, Maria me demande de descendre les escaliers en colimaçon pour accéder à la salle à manger douillettement aménagée. Ca sent la bonne cuisine, mais en attendant de nous mettre à table nous attendons Kheshaw en jouant aux cartes et en buvant un bon thé chaud. Maria se confie un peu à moi et m’apprends qu’elle travaille à Cologne où elle entame une carrière artistique, elle conçoit et réalise des décors pour les opéras. Quant à Kheshaw qui vient d’arriver à moitié endormi, il est étudiant et consacre actuellement six mois pour parcourir l’Inde, le Népal et il rentrera au Tibet dans deux semaines. Lodeur de l’ail grillé chatouille nos narines ! La patronne nous apporte une excellente soupe à la tomate et à l’ail et un plat de “momos” au poulet.

Nous venons d’apprendre que des conflits inter régionaux se sont déclenchés dans le pays, qu’un hôtel a été plastiqué à Pokhara la nuit dernière par des maoïstes et que vingt et une personnes ont été abattues dans un bus entre Jili et Katmandou. Pas question de s’affoler ! Nous terminons avec un thé à la menthe et continuons à converser pour aborder une longue discussion sur les conditions de vie en haute montagne, sur le mariage au Népal, sur la nourriture et sur les castes. Les castes n’ont pas totalement disparues, elles divisent la population en catégories sociales. Les prêtres ou Brahmanes appartiennent à la caste la plus élevée (Bahum), celle des instituteurs et des ministres du culte qui respectent les règles des écritures saintes. La caste des guerriers, des officiels et les membres de la famille royale s’appelle chetri ou kshatriya. Dans la caste des Vaishyas on trouve tous les marchands et les agriculteurs. Celle des Shudras regroupe les artisans, les paysans ainsi que les intouchables. Dans cette dernière catégorie sont aussi rassemblés tous ceux qui ont un contact avec la peau des animaux, considérée comme impure, à savoir les bouchers, les cordonniers, les joueurs de tambour.....   Bhawans nous communique ses coordonnées: Bhawans P Adhrikars, Machhapuchhare guesthouse. Halanchock Lakeside- Pokhara. Email: bhawansP2@hotmail.com. Nous regagnons nos lits respectifs avec beaucoup de plaisir car demain le lever est prévu à six heures et la journée de marche sera dure pour atteindre Patana puis Landrung. Six heures trente, nous traversons une jungle épaisse pour nous rendre à Patana. D’épais nuages nous masquent la pointe du Machhapuchhare, nous avançons péniblement et gagnons de l’altitude sans apercevoir le moindre sommet. Après 3 heures de marche, Maria a terriblement mal aux orteils, elle se déchausse, ses pieds sont en sang. Des sangsues ont pénétré dans ses chaussettes et se sont installées entre ses orteils. Pour les lui extraire j’allume une cigarette et l’approche à un centimètre des bestioles pour qu’elles lâchent prise. Dans cette zone très humide les sangsues sont nombreuses et vicieuses, elles s’accrochent aux branches des arbres pour se laisser tomber sur les trekkeurs. D’autres montent le long des chaussures et pénètrent dans les vêtements pour s’installer bien au chaud. Beurk ! Elles sucent le sang sans que l’on s’en aperçoive car leurs mandibules ont un pouvoir anesthésiant. Nous sommes à deux pas de Deurali où nous faisons une halte chez l’habitant pour déjeuner. La maison où nous sommes reçus ressemble à toutes les autres, on pénètre dans une cour ceinturée d’un muret de un mètre de haut. Au fond de la cour à coté de la provision de bois il y a un dzo (croissement d’un yak avec un buffle). Prés de la porte de la grange un escalier de bois nous permet de monter sur une terrasse branlante. Une dame nous accueille vêtue de la shuba noire. Nous pénétrons dans une pièce dépourvue de lumière où les seuls meubles sont des étagères de bois accrochées au mur sous lesquelles pendent des ustensiles de cuisine couverts de suie. Les vêtements sont rangés dans des coffres de bois, une peau de bête est dépliée sur le plancher elle nous sert de table. Une autre jeune femme au trait fin et au regard vague sort sans manière un sein de sa shuba pour allaiter son dernier né. Dans la pièce enfumée une casserole est posée en équilibre sur trois pierres léchées par les flammes d’un feu qui sent bon. C’est pour nous l’heure de la collation constituée d’une poignée d’orge grillée et moulue et d’un bol de thé au lait. Il faut quitter ces moments attachants et reprendre notre chemin La montée est plus raide, nous traversons de jolis petits hameaux où nous sommes obligés de laisser quelques roupies aux commerçants. Pour satisfaire tout le monde, chacun d’entre nous achète une bricole à un vendeur différent. A Patana nous nous installons chez l’habitant, tout le monde est ravi et heureux de notre passage. Un groupuscule de newars nous accueille en fanfare en jouant de l’harmonica, du tambourin et du tabla. Une gamine de trois ou quatre ans danse sous nos yeux le temps de déguster le thé à la menthe de bienvenue. Après une bonne soupe aux nouilles et à l’ail et un plat de viande de yak je monte mettre au propre mes notes et écris à Yannis. Je lui enverrai ce courrier dès mon arrivée à Pokhara avant de poursuivre vers la vallée de Katmandou. Je me concentre sur tout ce que j’ai vu et ressenti depuis que je suis rentré au Népal pour essayer de lui faire partager mes rencontres, mes découvertes, mes chocs visuels et émotionnels.

« ..............L’Himalaya et le Népal ce n’est pas seulement la neige, les sommets et des paysages démesurés, ce n’est pas non plus le froid glacial et les hautes cimes avec les records des valeureux alpinistes. C’est aussi et surtout la rencontre et la connaissance de ceux qui y habitent, ces gens simples dont on tombe vite amoureux. Depuis le jour où j’ai passé la frontière Indo-népalaise dans un mini bus sommaire et une camionnette rafistolée, j’ai commencé à croiser des véhicules en piteux état, des camions bariolés sur lesquels des familles au complet étaient juchées sur des sacs de coton. J’ai traversé une campagne merveilleuse et des paysages grandioses parsemés de temples hindous et tibétain, de Bouddhas aux yeux bridés, des habitations ocres aux toits de chaume, j’ai parcouru d’innombrables sentiers et croisé des “chotens” ( édifices religieux en pierres empilées construits pour abriter les restes incinérés de Bouddha). La base d’un chorten est un mandala qui représente la terre, le dôme symbolise l’eau, la flèche évoque le feu, à la pointe une graine symbolise l’éveil. J’ai toujours en arrière plan la majestueuse beauté de la chaîne de l’Himalaya avec ses montagnes découpées. Au moment où je t’écris ces quelques mots je suis en marche vers le camp de base de l’Annapurna BC dans un environnement à la fois sublime et hostile où les gens ont réussi à maintenir leurs traditions et leur héritage. Je suis bouleversé par cette atmosphère de calme et de paix dans un décor somptueux souvent noyé dans la brume. Les détails de l’univers dans lequel je me trouve me fascinent, les “passams (ponts) sont faits de lianes tressées et de bambous, ils enjambent les flots des rivières et des torrents. Dans les villages les toitures sont surmontées d’un mât où flottent des drapeaux à l’effigie du Tâ (le cheval porteur des prières des hommes vers les dieux). Sur les marches des temples, sur les places publiques et sur les terrasses, des femmes au visage lisse ou ridé bavardent tandis que les Lamas cachés dans leurs temples mènent leur tâche religieuse au son des cymbales et des tambours. Le soir pour se chauffer les hommes apportent la bouse de yak séchée. Dans la journée quand le soleil sévit les enfants s’enduisent les pommettes d’une décoction de racines pour se protéger de ses rayons. Quand le vent s’engouffre entre ces montagnes magiques il affole les drapeaux à prières, les “loungta”, (des guirlandes de drapeaux ornés et multicolores qui tournoient). Chaque mouvement représente une prière. “Om mani padmé hum” (salut au joyau dans le lotus). “God give me a long live” (Dieu donne moi une longue vie). Chaque ondulation d’un drapeau produite par le vent envoie vers le ciel une prière, une salutation aux dieux et apporte un supplément de Karma à celui qui a noué le drapeau. Mes mots sont pauvres pour te décrire exactement cet univers, cette immensité et pour te dire aussi ce que je ressens et ce que j’éprouve vraiment. L’environnement est dur en montagne, quand on se rencontre on ne demande pas “comment vas-tu ?”   Mais “est-ce que tu as bien mangé ”?, car ici la nourriture n’est pas envisagée sur le plan de la nutrition ni du plaisir gastronomique, elle a une autre dimension car elle est vitale et difficile à obtenir. Partout où je suis hébergé c’est très simple et confortable. Bien que je sois délicat j’essaie de goûter à tout, j’ai consommé de la “tongba” une bière de millet fermenté que l’on boit chaude dans un pot en bois à l’aide d’un fin bambou en guise de paille. J’ai aussi essayé la “toukpa” une soupe épaisse à base de viande, de farine d’orge, de fromage séché et de navets. J’apprécie aussi beaucoup la viande de yak séchée. Il y a aussi les aliments du culte qui sont partagés avec les fidèles en fin de prière, c’est ce que l’on appelle le prasad....................... »

J’ai très mal aux yeux, j’éteint la lampe à pétrole et plonge dans mon lit. Demain nous atteindrons le seuil des 4000 mètres d’altitude. Il fait rudement froid ce matin et la polaire est de rigueur. Nous sommes tous les trois biens fatigués. Dans ce paysage démesuré un petit point rouge apparait devant nous, c’est le sac de Bhawans qui a beaucoup d’avance sur nous. Nous quittons progressivement la végétation et progressons sur un sentier rocailleux enserré par d’énormes montagnes qui jaillissent vers le ciel toujours menaçant. Maintenant nous n’avons plus aucun repère si non, la confiance en Bhawans. Nous longeons de gros rocher, des murs de pierres et des falaises. Des cailloux roulent sous nos pas et dégringolent les pentes, on les entend rebondir pendant des secondes. Ici parfois, les hommes au péril de leur vie grimpent aux falaises avec des échelles de fortune pour arracher le miel qui coule des nids d’abeilles géants. Nous croisons des nomades qui transportent leur attirail dans des filets où des hottes maintenues par une sangle qu’ils entourent autour de leur front. Tout en haut il y a les neiges éternelles, elles coiffent l’Annapurna, nous avons une pensée pour ceux qui l’ont ou vont le conquérir. La chaîne de l’Himalaya qui doit son nom au sanskrit « hima » neige, et « laya »séjour, s’étire sur 2400 kms, elle compte plus de 30 sommets dépassant 7600 m d’altitude. Un tiers seulement se trouve au Népal. Parmi les trois plus hauts sommets du monde l’Everest (8848 m) se trouve au Népal, le Godwin Austen (8611 m) au Ladakh et le Kangchenjunga (8598 m) au Sikkim. La chaîne himalayenne est la source de plusieurs fleuves asiatiques dont le Gange, le Brahmatoutre, le fleuve jaune, le Mekong, l’Irrawady et l’Indus. A l’altitude à laquelle nous nous trouvons il existe plusieurs espèces de fleurs dont le pavot bleu (Meconopsis betinifolia) découvert en 1933, il peut atteindre un mètre de haut. Dans les hauts hameaux la crémation des morts est impossible car il n’y a pas de bois et l’inhumation est impossible car le sol est souvent gelé. Alors on a recours aux vautours pour des “funérailles célestes”. Le corps du mort est placé en altitude, coupé en morceaux et lorsque l’âme s’est échappée pour se réincarner, les vautours viennent achever la cérémonie. Autour, des pasteurs égrènent des chapelets en récitant des mantras tandis que la famille et les proches sollicitent les dieux en agitant des clochettes.

En altitude vivent les Sherpas de type mongols venus du Tibet, ils sont célèbres en tant que porteurs. “Sher” signifie Est et “pa” peuple. Leurs caractéristiques physiques sont demeurées intactes. Une résistance exceptionnelle leur permet de marcher des heures avec des charges très lourdes. Eloignés des influences étrangères ils ont établis entre eux des rapports basés sur la discussion pour régler les intérêts de la communauté. Ils suivent des coutumes et des croyances qui leurs sont propres, n’escalade pas les montagnes pour eux même car elles revêtent un caractère sacré. Par ailleurs, avant le mariage la liberté des relations amoureuses est totale. Les femmes possèdent les mêmes droits que les hommes (même le droit au divorce). L’adultère est interdit et l’époux coupable est passible d’une lourde amende. L’idéal du sherpa est la non-violence marquée par le refus de tuer les animaux et de faire pleurer les enfants. L’essentiel pour eux n’est pas d’acquérir des connaissances ou de l’argent mais de garder le cœur pur et serein, et de rester sage et maître de soi. Le sentier qui mène à Landrung est relativement plat, nous languissons d’arriver. Ce soir après un plat de viande séchée nous allons nous coucher car demain nous entamerons la longue marche vers Chomrong. Au lever le ciel est parfaitement dégagé, du balcon de ma chambre j’aperçois le sommet de L’Annapurna sud, le Snow Pic, le Huchuli Pic et l’Annapurna I comme s’ils étaient tout près de moi. Nous rangeons nos affaires que nous avons nettoyées et mises à sécher devant les braises hier soir. Aujourd’hui nous monterons jusqu’au camp de base de Chomrong, puis nous retournerons à Landrung pour nous reposer avant d’aborder la descente sur Tolka. Il n’y a plus d’habitations avant Chomrong, les temples ont laissé place à de grandes pierres plates où sont gravées des mantras et le “Om mani padmé Hum”. Alors que nous continuons à avancer péniblement Keschaw est essoufflé, il a très mal à la tête et souhaite faire une halte. A partir de 3000 mètres et au delà, la teneur en oxygène de l’air respiré est réduite de deux tiers et peut provoquer ces symptômes qui se traduisent par des nausées et de dangereux problèmes de respiration. Alors, nous nous arrêtons un long moment, il faut qu’il s’économise, qu’il ne fasse pas d’efforts physiques importants et qu’il boive beaucoup d’eau. Si ça ne va pas mieux d’ici une demi-heure, nous serons obligés de redescendre de 200 mètres ou même d’attendre demain pour poursuivre. C’est le mal aigu des montagnes, même les montagnards les plus aguerris peuvent en souffrir. Une heure plus tard Keschaw semble aller mieux, maintenant il doit éviter les efforts inutiles et marcher lentement en respirant doucement et à pleins poumons. Cette situation m’arrange beaucoup car je suis crevé et j’ai très mal aux genoux. Nous parvenons au camp de base, nous sommes à 4200 m d’altitude, Bhawans nous montre les glaciers qui viennent mourir vers 5000 mètres. C’est au pied d’un glacier qu’une équipe de jeunes australiens comptent monter, ils ont planté leurs tentes ici, resteront un jour pour s’acclimater avant de couvrir les 900 mètres de dénivelé restant. Quant à nous, nous sommes fiers d’être arrivés jusqu’ici. Je dépose mon sac à dos m’écarte du groupe pour m’isoler quelques minutes et méditer. Mon esprit est au repos, je ne pense à rien et rêve en observant une dernière fois la beauté habituelle de ce paysage. Je refais surface et songe à la descente sur Landrung et à mon arrivée à Pokara. Nous quittons Landrung pour descendre sur Tolka et Naudula. Ce matin, il nous faut couvrir 25 Km, le ciel est chargé de gros nuages et vers 10 heures des trombes d’eau nous obligent à revêtir ce maudit sac plastique. Nous accélérons le pas pour nous rapprocher d’une masure abandonnée. Mes genoux me font de plus en plus mal d’autant que la descente est abrupte. Bhawans m’explique que c’est normal, cette violente douleur s’appelle « sahib knee », une douleur qui disparaît dès que l’on monte. Pour l’instant nous sommes loin de trouver une montée. Profitant de cette halte Bhawans me demande de lui donner une paire de chaussettes épaisses qu’il coupe en deux pour confectionner des genouillères. Il les trempe dans l’eau froide et m’invite à les enfiler jusqu’au niveau des genoux. A Tolka nous nous restaurons, il nous restera huit kilomètres à parcourir pour atteindre Naudula et retourner à la civilisation. Il pleut toujours, nous réceptionnons nos chambres, pas de chance les douches sont à l’extérieur, nous attendrons demain pour une bonne toilette. Après une omelette et une soupe nous faisons une partie de “Rumy” un jeu de carte qui ressemble beaucoup au rami. Alors que de grosses gouttes d’eau recommencent à tomber la patronne du lodge invite deux petits enfants à se mettre à l’abri. Le crâne rasé, la morve au nez, engoncés dans leur bure crasseuse les enfants me réclament “sweet sir, sweet sir...” (des bonbons). Je n’ai pas de bonbons avec moi, mais au fond de mon sac je retrouve une demi tablette de chocolat rassis que j’avais payé une fortune à la gare de Lukchow en Inde. Ce sera mon présent ! Je dois insister et défaire moi même l’emballage de papier argenté. Le goût leur convient. Après avoir léché un carré ils le remettent religieusement dans le papier et le glissent dans leur ambag (poche). Pendant des heures cette friandise sera déballée, contemplée, léchée, contemplée à nouveau, remballée. Jamais je n’aurai pensé que je venais de leur donner un tel trésor. Il est maintenant temps d’aller dormir.

Ce matin le brouillard est épais, au moment où nous mettons le nez dehors un groupuscule d’une dizaine de personnes agitent des drapeaux jaunes, ils suivent quatre hommes qui portent un cadavre. Le corps du défunt est solidement encordé autour de deux bambous, un enfant suit le cortège en jouant un air funèbre avec une corne. Nous les suivons plus d’un quart d’heure, on ne voit pas à trente mètres à la ronde. Au croisement, le cortège se dirige vers la rivière pour y bruler le macchabé, quant à nous, nous poursuivons sur Kaskikot et Sarankot. Le ciel est toujours très bouché, quel dommage ! Jusqu’à Kaskikot il est impossible d’admirer le paysage. A Kaskikot nous sommes obligés de nous arrêter et faire une longue halte pour changer nos vêtements trempés et boire un “coca” bien mérité. Cette nuit nous la passons à Sarankot et demain soir nous serons à Pokhara. Keshaw restera plusieurs jours à Pokhara pour faire ses préparatifs avant de pénétrer au Tibet via Katmandou. Maria et moi même n’y resterons qu’un jour puis voyagerons ensemble jusqu’à Katmandou. A Pokhara nous retournons à “Butterfly lodge” car nous y étions très bien lors de notre premier passage.

Aujourd’hui chacun retrouve son indépendance jusqu’à ce soir car nous avons décidé de faire un bon repas près du lac Phewa. Pour occuper ma journée je décide d’aller flâner autour des lacs de Begnas et de Rupas et d’aller au camp tibétain de Dhopahare. Je prends un taxi à quatre heures, me fais déposer devant la réserve piscicole, loue une barque pour atteindre l’autre coté du lac où je découvre des milliers d’oiseaux d’espèces différentes: des aigrettes, des hérons.... Le chauffeur m’attend toujours, je lui demande de prendre une très jolie route pour aller à Dhopahare, j’admire alors une dernière fois les hauts sommets. Arrivé à Pokhara je retrouve Maria avec qui je vais faire la réservation pour le bus qui nous emmènera demain à Katmandou puis nous retournons à notre lodge pour nous préparer avant d’aller au restaurant français “le bistrot de Caroline”. Après un repas occidental nous allons terminer la soirée devant un cocktail au “Maya Pub” bercés par des incantations tibétaines “ The méditative sound of Buddhist chants” et de la musique des montagnes “Himalayan Dawn” et “Spirit of Kashmir”. Le bus pour Katmandou partira demain matin à 9 h 30 le trajet durera sept à huit heures pour 230 roupies (3,5 euros).

Au départ du bus un employé enregistre mon nom et celui de Maria, nous serons contrôlés lors de tous les arrêts et de tous les départs. Une fois installés, un autre registre circule et tout le monde inscrit encore une fois son nom, et nous, notre numéro de passeport et la ville de provenance. Nous nous arrêtons pour un petit déjeuner, le registre circule à nouveau et lorsque nous remontons dans le bus un employé compte le nombre de passagers. Cette formalité se répète à toutes les haltes. Cette route est l’axe principal du pays, elle relie deux grandes villes, et est truffée de militaires qui filtrent la pénétration d’éventuels terroristes. Le premier tiers du trajet est monotone, je somnole jusqu’à ce que nous abordions une route sinueuse qui longe une falaise et contourne des gorges profondes, ensuite c’est la belle campagne, les petits villages pleins de charme et les rizières scintillantes. Avant de rentrer dans Katmandou le bus fait un long arrêt car la plupart des passagers ont des envies pressantes. C’est le dernier contrôle, l’entrée dans la capitale est hyper protégée, tous les véhicules attendent et c’est une queue interminable pour arriver à la station de bus. Nous appelons un taxi pour nous faire déposer à “Pilgrim guesthouse”, en plein cœur du Thamel.

 Katmandou

 Nous voici dans la capitale du pays, ça faisait longtemps que j’en rêvais. Je ne sais pas si l’image de Katmandou va correspondre à celle que je me suis imaginée depuis tant d’années. Et bien c’est fait !   Quel choc ! L’air est irrespirable et le trafic dément, les rues sont jonchées d’ordures et de détritus divers. Il va falloir que je m’habitue à ce cadre. Le site est cependant très beau et les monuments magnifiques. La vallée de Katmandou a été classée par l’UNESCO parmi les sites à sauvegarder en tant que patrimoine de l’humanité. Mais s’il fallait restaurer et protéger toutes ces œuvres d’art qui risquent la mort, le budget de la nation y passerait tout entier. Les quartiers anciens me donnent une idée de ce qu’ont pu être nos villes européennes jusqu’au XVIII ème siècle. Les habitants n’ont pas changés leur mode de vie depuis la création de la ville en 949, ils se sont seulement habitués à voir des étrangers par milliers.

Katmandou se trouve à 1350 mètres d’altitude dans une vallée au confluent de deux rivières, la Bagmati et la Vishnumati et est encerclée par des montagnes de taille moyenne. J’ai l’impression de sortir du moyen âge, et c’est peut être pour cela que je trouve un certain charme à la ville. La seule chose qui faut souhaiter, c’est qu’un jour, le centre de la ville devienne interdit aux véhicules car le Thamel et Durbar Square sont insupportables pour la circulation et le vacarme qui y règnent. “Pilgrims guesthouse” se trouve à la sortie du centre historique, elle est très agréable et très confortable. Pour se rendre à la réception il faut traverser un gentil jardin bien ordonné. Nous décidons de partager un petit appartement en étage plutôt que ces chambres sombres du rez-de-chaussée. De plus nos frais seront divisés par deux car à Katmandou l’hébergement est de deux à voire quatre fois plus cher que dans les autres villes du pays, sauf dans le quartier Freak Street où les hippies des années 70 avaient établi leurs quartiers. Aujourd’hui les routards nostalgiques et peu fortunés s’entassent dans des hôtels crados. Ce n’est pas dans Thamel que je vais trouver un Népal authentique, mais qu’importe ! Ici c’est un quartier conçu pour les touristes depuis 1980, un quartier très animé, très mercantile, bruyant mais proche de toutes les commodités. Dans le Thamel ce ne sont pas les restaurants et les Pub’s qui manquent, ni les agences de tourisme, les banques et les boutiques à souvenirs et cartes postales. Notre journée sur la route a été harassante, nous dînons à “Pilgrims” et finissons dans le petit bar au fond du jardin devant une “calsberg”. Demain nous passerons la journée dans le centre historique.

A l’issue d’un petit déjeuner copieux nous voici dans la rue hyper animée, notre première mission est d’aller changer des dollars en roupies népalaises (1 dollar = 70 Rps), et la deuxième d’aller acheter un plan détaillé de la ville. Pour nous rendre à Durbar Square, le cœur vivant de la capitale nous devons marcher pendant deux kilomètres. Ce n’est pas facile, car la rue n’est pas plus large qu’une voiture et grouille de monde. Lorsqu’un véhicule passe à la même allure que celle des piétons il faut se coller contre les vitrines ou les murs, attendre son passage et le suivre comme on suit un corbillard. Pour découvrir les extérieurs de la ville le meilleur moyen de locomotion est le tricycle à deux places, c’est très lent et très romantique, il y en a des milliers dans Katmandou, ils n’appartiennent pas à ceux qui les conduisent mais à une société qui les loue 40 roupies par jour (un demi euro). Quant aux conducteurs, ils gagnent entre 250 et 300 roupies par jour (3 à 4 euros). Au milieu de notre trajet nous faisons une pose à Thahiti Tole (place Thahiti) pour faire quelques photos de la place et des rues adjacentes. Nous poursuivons sur Indra Chowk à deux pas de Durbar Square. La rue est encore plus étroite car les vendeurs de fruits et de légumes se sont installés contre les murs. La rue s’élargit juste à notre arrivée à Makhan Tole, l’accès du centre historique.

 Durbar Square.

Durbar Square, le centre historique de Katmandou est monumental, c’est une accumulation de temples, de palais, de pagodes, de statues, le tout étrange et d’une beauté incommensurable. L’accès est payant, 200 roupies (3 euros). Sachant que je resterai longtemps à Katmandou je réclame un “Pass” que je conserverai pour éviter de payer à tous mes passages. C’est tellement beau et fascinant que j’y reviendrai encore et encore. Durbar Square est un régal, l’ambiance y est extraordinaire avec ses parfums d’encens, ses dévots affairés pour la puja, ses tintements permanents de cloches, ses échanges incessants entre les différentes ethnies, ses sourires et son accueil. Le lieu est splendide et émouvant aussi je vais y aller par petites touches. Maria part de son côté et moi du mien, nous nous donnons rendez vous pour 13 heures sur la grande place de Basantapur transformée en marché aux souvenirs alors qu’autrefois elle était le parking pour les éléphants royaux. L’endroit est féerique, c’est un véritable décor de cinéma indestructible. Dans une petite cour légèrement en retrait j’aperçois le Machendranath Bahal, un temple très curieux qui associe les cultes bouddhiques aux cultes hindouistes, il est signalé par des griffons, sur son parvis des musiciens sont rassemblés et chantent des psaumes sacrés. Je contourne le temple et me trouve au milieu de marchands de poteries, j’enjambe les vases et les gamelles pour déboucher devant l’ancien palais royal “Hanuman Dhoka”, avant d’y pénétrer par la porte d’or je me recueille un instant devant le dieu singe dont la tête est recouverte d’une pâte rougeâtre, un véritable personnage de film d’épouvante. Chacune des cours du palais est consacrée à une divinité différente et d’autres cours sont interdites au public, je n’ai pas su pourquoi ? Le musée ringard est marrant avec sa collection d’objets personnels du souverain: son lit, son aquarium, son cercueil, ses costumes..... Je quitte le palais et passe devant le plus ancien et le plus beau des temples du quartier. Trois étages de toitures en cuivre s’élèvent à plus de 35 mètres de haut. C’est le temple de Taleju dédié à la déesse des rois Malla. Situé tout à coté je m’arrête pour décrypter et méditer sur la variété des motifs érotiques et polychromes du temple Jagannath. Au pied du temple il y a la terrifiante statue du très vénéré Kalo Bhairawa, elle est faite d’une seule pierre. Impossible de voir la statue de Seto. Seto est caché toute l’année, il ne sort qu’en septembre pour le festival d’Indra Jatra, il se dissimule derrière une imposante fenêtre de quatre mètres de haut, faite de boiseries entrelacées. Je débouche sur une autre place assiégée par des milliers de pigeons gardés par trois sâdhus, les enfants se régalent à leur jeter des graines. Deux vaches sacrées sont couchées sous la terrasse qui supporte les gros tambours d’un diamètre de près de deux mètres. Ils ont été récemment recouverts d’une nouvelle peau de cuir et servent pendant le festival de Dasain. Sur le plus gros une inscription précise qu’un buffle et une chèvre doivent être sacrifiés à leur intention une fois par an. Avant de continuer ma découverte de Durbar Square je m’achète une brioche aux raisins d’Australie et m’installe à une terrasse de café pour y prendre un succulent thé masala. En face de moi il y a trois fenêtres en ivoire merveilleusement travaillées. De là, les rois observaient les défilés et les processions. De l’autre coté se trouve une imposante cloche protégée par un toit, elle ne sonne que lorsqu’il y a une cérémonie au temple de Taleju. Je longe maintenant les échoppes de Tangkhas (étoffes de soie peintes) et débouche sur les temples de Shiva et Parvati. Impossible de les louper, ils dominent tout se qui se passe sur le square depuis des siècles. Je finis sur la place Basantapur où nous avons rendez-vous avec Maria, nous passons devant le Maru-Ganesh, un sanctuaire très vénéré où il y a une représentation du dieu Ganesh qui protège la ville. Maria lèche des yeux les étalages de souvenirs, je me joins à elle, c’est alléchant mais ne me laisse pas encore tenter. J’observe, me renseigne sur les prix et on verra plus tard avant de prendre mon vol retour Katmandou - Bangkok. Nous pénétrons dans un restaurant moderne, toutes les préparations sont photographiées et affichées avec leurs prix. Je choisis des “momos” et une méga glace au coco. Maria me raconte ce qu’elle a vu, ce qu’elle a fait et je fais de même. Elle n’est pas allée à Kumari Ghar et moi non plus, nous irons ensemble après un bon thé. Kumari Ghar est une immense maison de bois du XVIII ème siècle. Deux grands lions de pierre gardent l’entrée. La cour intérieure vaut le coup d’œil, de riches motifs sont sculptés sur les portes et les fenêtres, tout est assemblé sans clou ni colle. Ce chef d’œuvre est dû à la virtuosité des ébénistes newars. Dans cette maison habite l’unique déesse vivante au monde, la “Kumari”, incarnation de la déesse Taleju protectrice divine de la cité.

Kumari - La déesse vivante.

L’incarnation sur terre de la déesse est une fillette choisie à l’âge de quatre ou cinq ans dans une caste précise. Elle doit être pourvue d’un corps sans défaut et d’un horoscope qui colle avec des critères précis. Elle vit ici enfermée, possède un ordinateur et apprend l’anglais. On exauce tous ses désirs, elle ne sort que pour de rares cérémonies religieuses. Tout le monde est aux petits soins pour elle car elle ne doit pas se blesser. L’apparition du sang signifie pour elle la fin de son règne sacré. Elle ne joue pas, ne bouge presque pas et terminera sa carrière au plus tard avec l’apparition de ses règles. On la renverra alors dans sa famille couverte de cadeaux et devra rester célibataire jusqu’à la fin de ses jours. Moyennant quelques roupies on peut la voir apparaître quinze secondes à la fenêtre du premier étage, il est formellement interdit de la photographier. La “Kumari” actuelle a cinq ans et se nomme Preeti Sakya. Avant de quitter Katmandou je retournerai la voir encore une fois quinze secondes. Nous avons passé une journée merveilleuse et devons maintenant faire deux kilomètres en sens inverse pour regagner “Pilgrims guesthouse“. Avant d’aller dîner nous organisons au mieux la poursuite de la découverte de la vallée et établissons un planning afin de ne pas manquer les lieux incontournables. Il y tellement à voir et a faire qu’il vaut mieux tout écrire pour ne rien laisser derrière nous.  Tout près de Katmandou il y a Swayambunath, Bodnath et Pashupatinath. Ente 15 et 30 kilomètres de la ville se trouvent Kirtipur, Patan et Bahaktapur et beaucoup plus loin Nagarkot. Nous ne voulons rien louper, tout faire à fond et si le temps nous le permet nous pousserons vers le parc de Chitwan.

Aujourd’hui avec l’aide de notre plan détaillé et les bons conseils de l’aubergiste nous partons pour Swayambunath. Il nous faut aller à Thahiti Tole et bifurquer à droite vers l’ouest de la ville. La ballade représente cinq kilomètres, pas de problèmes, nous sommes en pleine forme. La balade est intéressante car elle nous permet de découvrir les quartiers populaires le long de la rivière Vishnumati, là où vivent les intouchables, et où se trouvent les petits métiers et les lieux de crémation. Le dernier kilomètre est dur car Swayambunath se trouve au sommet d’une colline à 200 mètres plus haut.

 Swayambunath.

Swayambunath est appelé “Monkey Temple” (le temple des singes). Il est situé au sommet d’une colline boisée dans un cadre absolument merveilleux. Pour y parvenir nous grimpons un escalier monumental en compagnie des singes agressifs et chapardeurs qui s’amusent à glisser sur les rampes, nous croisons des vendeurs de tout et de rien, des vendeurs de pendentifs symbolisant des mantras, des vendeurs de pierres gravées du “Om mani padmé Hum” des vendeurs de moulins à prières de toute taille et des objets du culte ......... Les dernières marches glissantes sont particulièrement pénibles à gravir, nous soufflons un moment devant le guichet qui nous demande 50 roupies pour pouvoir rentrer. Ca y est, nous voila devant le plus beau et le plus ancien stûpa du Népal. D’ici la vue sur Katmandou et la vallée est saisissante. Ce lieu est mythique, il s’y passe toujours quelque chose mais surtout des pèlerinages populaires très émouvants. Le sanctuaire aurait été fondé il y a 25 siècles, il est considéré comme le plus vieux sanctuaire bouddhique du monde. L’énorme stûpa est surmonté par une flèche ronde à base carrée ornée des yeux bleus du Bouddha et de treize anneaux dorés qui symbolisent les différents degrés de la connaissance. Une espèce de point d’interrogation entre les yeux du Bouddha représente le chiffre “un” en sanskrit. La bouche du Bouddha est absente car Bouddha voit tout, sait tout mais ne parle jamais. L’édifice abrite des reliques et des documents sacrés. Le stûpa est entouré de moulins à prières, les fidèles les font tournoyer sur leur axe. Chacun d’eux renferme un texte sacré. En les faisant tourner les dévots imaginent que cette prière ou mantra est emportée par le vent pour le bien de tous les êtres. Swayambunath n’est pas uniquement un sanctuaire bouddhique mais aussi un temple dédié à Sitala déesse népalaise de la petite vérole. Outre le temple et le sanctuaire, la colline est parsemée de maisons d’habitations, de petits commerces d’offrandes, de Sikharas (tombeaux de style hindou), et de pagodons. Nous descendons sur l’autre versant en zigzaguant entre les blancs chaityas (sortes d’ex-voto) qui bordent les sentiers jusqu’à la colline jumelle de Sarasvati. Il y a trois monastères tibétains, il est 15 heures et pénétrons dans le plus grand au moment où les pèlerins vêtus de tenues colorées débarquent très nombreux en faisant tournoyer leurs moulins à prières. Nous nous joignons à la procession pour pénétrer dans le monastère. L’atmosphère est prenante, des lamas chantent d’une voix monocorde entrecoupée par l’appel strident de longues cornes au son grave et des gyalings (sortes de hautbois). Avant de regagner la vallée, nous nous relaxons sur la grande esplanade et à notre tour allons faire tournoyer les moulins à prières. A peine arrivé dans la vallée c’est de nouveau le vacarme et la poussière, nous nous promenons longuement dans les rues de Thamel, on y trouve vraiment de tout, des bouquins, des cartes détaillées de circuits de randos, des vêtements, des objets et équipements pour trekkeurs et escaladeurs. Je sympathise avec un vendeur de tee shirts, qu’il personnalise avec des fils de toutes les couleurs, grâce à sa machine à coudre à pédale. Je lui promets que je passerai une commande chez lui avant de quitter le Népal, il me remet sa carte de visite: Monalisa Traders and Exports Mrs Ramesh Siwakoti, 563/13 Thamel Marga- Bhagawati Bahal - Kathmandu. Tél,4410769. Une douche et une bière puis nous partons choisir un restaurant proche de notre guesthouse. Dans Thamel il s’ouvre au moins un restaurant par mois, certains népalais s’improvisent restaurateurs sans avoir aucune notion de cuisine. Nous veillons à trouver un restaurant qui respecte les règles élémentaires d’hygiène. Il est déconseillé de manger des crevettes importées d’Inde et tous les produits congelés pour lesquels la chaîne du froid est rarement respectée. Nous choisissons le “Yin Yang” un restaurant soigné qui propose de savoureuses spécialités Thaïlandaises, le jardin est reposant et la cuisine nickel. Demain nous passerons la journée à Pashupatinath et à Bodnath.

Pashupatinath et Bodnath.

Nous quittons Katmandou, il est 8 heures du matin et direction Pashupatinath qui se trouve à cinq kilomètres à l’est de Thamel en direction de l’aéroport en passant par le palais royal et la clinique internationale. Pashupatinath est l’un des centres des plus sacrés du pays, une ville de pèlerinage baignée par la Bagmati, “le petit Bénarès du Népal”. Pashunati est l’un des noms du grand dieu Shiva. La bourgade est superbe et d’une grande homogénéité architecturale. Pour pénétrer dans la cité il faut payer 200 roupies (3 euros). Tous les accès des centres historiques des villes du Népal sont payants. Nous longeons le temple d’or, il nous est interdit d’y pénétrer, seules les femmes hindous y sont autorisées. La rue est très animée avec des boutiques de fleurs et des bouddahseries diverses, il y a de nombreux sâdhus le front marqué de trois traits horizontaux, d’une main ils tiennent le trident de Shiva et de l’autre une sébile. Les femmes indiennes sont vêtues de tenues aux couleurs chatoyantes, elles sont nombreuses et s’apprêtent à rentrer dans le temple d’or alors que les maris devront attendre au troquet du coin. Sur la place près du temple de Batchhla Devi est érigé un lingam à l’endroit où se trouvait le puits dans lequel on pouvait voir la forme que l’on aurait et les conditions de sa nouvelle réincarnation. Pour se rendre aux bûchers des crémations il est recommandé de se faire accompagner par un guide, c’est un excellent moyen pour s’approcher des cérémonies. Une crémation est justement en train de se dérouler. A Pashupatinath c’est comme à Bénarès mais les tensions avec les touristes sont moins vives. Il suffit d’être discret pour y être accepté. Sur la droite en rentrant sont alignés les Ghâts destinés aux pauvres, les bûchers y sont dressés et attendent les morts. En voici un ! Il arrive porté sur un brancard, il est installé sur un bûcher le corps orienté vers le nord en direction de la chaîne de l’Himalaya, berceau des dieux. Le fils aîné vêtu de blanc est chargé de mettre le feu à son père après lui avoir versé de l’eau dans la bouche. Le fils du défunt devra ensuite rester douze jours après la crémation habillé de blanc. Lorsque c’est une maman qui décède c’est au fils cadet à mettre le feu. Les Ghâts de gauche sont réservés aux riches et aux célébrités, quant aux Ghâts de forme circulaire ils servent aux ablutions des sâdhus et de plongeoirs pour les gamins. Sur les escaliers qui dominent les Ghâts nous nous rapprochons de la maison du “Milk Shadu”. Cet homme se nourrit exclusivement de lait, les fidèles lui en apportent des litres. Plusieurs “Baba” vivent ici, même un français de 68 ans qui loge dans une grotte de l’autre côté de la Bagmati. Nous souhaitons le rencontrer, le guide nous fait traverser la rivière à gué en nous remettant des cannes en bambou pour nous maintenir en équilibre, il n’y a pas beaucoup de courant et les cailloux sont très glissants, nous nous entraidons pour parvenir sur l’autre rive. Nous grimpons un sentier abrupt jusqu’à l’entrée de la grotte de Jean Pierre. Jean Pierre c’est le Baba Français, il n’y a que son chien devant la taverne car il est parti porter la bonne parole dans un coin du monde, il est très connu et a même été invité par la télévision française ces dernières années. C’est un vieux Baba qui vit dans la grotte d’à côté qui donne à manger à son chien, ce vieillard habite ici et enseigne la philosophie, le yoga et la méditation. Il passe sa journée à fumer du “H”. Tradition veut qu’il nous fasse tirer quelques bouffées de son shilom que nous prenons soin d’entourer d’un mouchoir en papier. Je sympathise avec le vieux Baba, il me demande de le prendre en photo à condition que je lui envoie la photo que je lui ai prise dès mon retour en France. Il n’oublie pas de m’inscrire son adresse sur mon carnet de route: Baba Rupendra Manshing Pradham, 14/475 Chswando Tole, Zone Bagmati - Katmandou.   Extraordinaire ! En descendant vers les Ghâts, notre guide nous informe que dans une autre grotte vit un Sâdhu hors du commun qui soulève une dalle de pierre de 70 kilos avec son sexe. Nous donnons 150 roupies chacun pour assister à ce spectacle insolite. Il faut le voir pour y croire ! Après 15 minutes de profonde concentration en position du yogi le phénomène s’approche, se met à genoux devant la pierre, écarte son sari, place son sexe sous la dalle et tout doucement celle-ci se soulève. Epoustouflant ! Il doit y avoir un truc ? Son show terminé il s’éloigne, je m’approche alors de la dalle de pierre pour la soupeser et je constate qu’elle n’est pas en polystyrène, il s'agit bien d’un minéral. Bravo ! Avant de nous diriger à Bodnath nous allons à l’Hospice de mère Térésa, une belle bâtisse en cours de rénovation, c’est le refuge des défavorisés, géré par le gouvernement. J’éprouve un sentiment de tendresse et de pitié, les pensionnaires âgés attendent leurs derniers jours, ils savent qu’ils vont être brûlés tout à côté et que leurs cendres seront abandonnées à la Bagmati.

De Pashupatinath nous rejoignons Bodnath à travers une campagne urbanisée, nous montons la colline de Mrigasthali et traversons la Bagmati pour nous trouver dans un petit hameau dont j’ai oublié le nom. Sur la façade d’un établissement il y a un grand panneau sur lequel est inscrit “Lions Club International“. Le Lions club parraine une école. La maîtresse pousse le portail et nous invite à rentrer. La cour est très jolie et les façades des classes sont peintes de dessins naïfs, sur chacune des portes des classes est inscrit l’âge des enfants. La maîtresse nous autorise à visiter toutes les classes, la cantine et la nursery. Chaque fois que nous pénétrons dans une classe les enfants se lèvent joignent les mains et en cœur nous adressent plusieurs “Namate ! Namaste !...”  Les enfants portent l’uniforme, en les voyant j’ai l’impression que le pays est en bonne voie en matière d’éducation, mais malheureusement c’est tout autre, l’argent fait la différence devant le droit aux études. Au Népal rares sont les écoles gratuites dites Népali Schools. La maîtresse nous apprend beaucoup de choses, à savoir que ces écoles ne disposent que de faibles moyens et que les instituteurs sont peu payés, environ 2400 roupies par mois (35 euros). Les Boarding schools sont payantes, la qualité de l’enseignement y est supérieure et la langue anglaise obligatoire. Les étudiants des classes supérieures ne connaissent rien de l’histoire, de la géographie et de l’économie mondiale. Ils apprennent uniquement l’histoire du Népal à travers des livres indiens peu objectifs et très nationalistes. La maîtresse nous informe que nous pouvons nous engager dans le parrainage d’un enfant pour environ 9600 roupies par an (138 euros). Mais il faut s’engager sur plusieurs années et surtout s’y tenir et ne pas laisser tomber car les conséquences pourraient être dramatiques pour les gamins. Plus que dix minutes avant d’arriver à Bodnath. La ville de Bodnath appartient au monde tibétain, car les pèlerins y viennent de toute l’Asie. A Bodnath il y a quelque chose comme trente monastères tibétains et la ville est peuplée de nombreux réfugiés qui ont fuit le Tibet après l’invasion chinoise. Le gigantesque stûpa blanc et or surmonté des deux yeux de Bouddha mesure 100 mètres de circonférence, il est entouré d’un cercle de maisonnettes et de boutiques qui vendent des objets tibétains: pendentifs, colliers, bagues, ceintures en argent, poignards au manche ouvragé, tangkhas (soie peinte), calendriers, clochettes, moulins à prières, tapis et vêtements en laine de yak. Pour circuler autour du stûpa il faut le faire de telle façon que celui-ci soit toujours sur sa droite, c’est à dire dans le sens des aiguilles d’une montre. Le flux des pèlerins et des lamas avec leurs moulins à prières est impressionnant. Cet endroit est adorable et magique, je crois que j’y reviendrai une nouvelle fois avant de quitter le Népal. Nous grimpons sur les cinq terrasses pour bien nous rendre compte de la grandeur et de la splendeur du stûpa. C’est le plus grand au monde après celui de Nakhon Phathon en Thaïlande. Les bâtisseurs l’ont conçu comme gigantesque mandala que seul Bouddha pouvait contempler. Une mandala est une figure géométrique où domine le cercle qui symbolise l’eau, entouré de carrés (la terre), eux-mêmes cernés de plusieurs cercles extérieurs. La tour qui surmonte la coupole représente le feu et la couronne terminale l’air. Les treize marches qui séparent l’hémisphère du pinacle symbolisent les treize stades d’accès à la connaissance parfaite ou au Bohdi, d’où le nom de Bodnath est tiré. A l’opposée de l’entrée principale il y a le moulin à prières géant d’environ trois mètres de haut que les pèlerins ne cessent de faire tourner. Les dévots effectuent leurs prières face à une planche glissante, ils se signent, s’agenouillent, se couchent sur le ventre, se redressent et continuent de même jusqu’à épuisement. Encore une journée riche en merveille. Il nous faut regagner Katmandou. Demain nous resterons dans la capitale, Maria fera des emplettes car elle doit quitter Katmandou après demain, quant à moi je passerai ma journée à visiter la ville profonde et à me renseigner pour faire un petit trek jusqu’à Nargakot pour aller admirer le toit du monde.

 L’ ittinéraire insolite.

Tous les guides touristiques en anglais vendus dans les boutiques préconisent l’itinéraire insolite de la cité. C’et itinéraire je le ferai demain car il permet de découvrir les merveilles cachées de cette ville extraordinaire. Depuis Thamel je me rends sur Kanti Path et remonte Jyatha jusqu’au bout pour apercevoir le Chusya Bahal, un monastère bouddhique transformé en école. Je passe devant le poste de police et me retrouve sur Thahiti Tole, le carrefour actif de la ville où je suis passé plusieurs fois déjà sans avoir remarqué la fontaine aux singes et aux serpents, ni avoir fait l’effort de m’aventurer dans les ruelles où je me régale à observer les travailleurs de métaux: les ferrailleurs, les étameurs et les dinandiers. J’atterris au temple de Sigal recouvert de peintures murales et aux portes artistiquement sculptées. Je suis dans un véritable labyrinthe, j’ai l’impression de tourner en rond et suis obligé de consulter le dépliant avec le plan du quartier. Je veux me rendre au Katheshimbu et traverse alors une place où des enfants abattent les pigeons avec des frondes, de là je débouche sur ce mini Swayambunath entouré d’un festival de mini stûpas. En attendant de poursuivre mon chemin je m’installe à la terrasse d’une taverne où je rencontre un parisien qui connait bien Katmandou car il y vient au moins trois fois par an pour négocier des masques népalais qu’il revend dans sa boutique du Marais à Paris. Après un bon thé et quelques pâtisseries je dois me rendre à Kilagal Tole. Je passe devant une curieuse boule de bois percée de centaines de clous. C’est le dieu des maux de dents, il suffit de planter un clou dans la boule et la douleur dentaire s’efface. Me voici sur la placette Kilagal, elle est pittoresque et émouvante, elle ressemble à un quartier médiéval comme on en voit dans beaucoup de films. Comme me l’a conseillé le parisien, je décide d’aller voir le Bouddha Nilkanta. J’appelle un conducteur de scooter qui pour cent roupies m’emmène à douze kilomètres au nord de la ville. Ce site n’est intéressant que pour y voir la drôle de statue de cinq mètres de long représentant Vishnu couché sur un lit de serpents. Le roi du Népal qui est l’incarnation vivante de Vishnu n’a pas le droit de s’y rendre car se trouver face à sa propre image est présage de mort. Retour à “Pilgrims” où Maria vient de terminer son courrier, elle me montre les babioles qu’elle a achetées et me communique quelques adresses où je pourrai me rendre à mon tour la veille de mon départ. Demain nous nous quitterons. Avant d’aller nous faire un bon restaurant je fonce à l’agence de tourisme qui doit me désigner un guide pour m’accompagner à Nagarkot demain matin. Mon guide s’appelle Kabindra, il viendra me chercher demain matin à 6 heures à “Pilgrim”. Ce soir nous faisons dans le “chic”, nous choisissons le “Krisnarpan” un restaurant où nous pouvons goûter jusqu’à une dizaine de plats de régions différentes. Entre chacun des plats il est de tradition de boire un petit verre de rakshi, ce qui rend notre vision du spectacle plus euphorique. Le cadre et le spectacle de danses régionales sont sublimes et les serveuses aux piercings extraordinaires sont mystérieuses. L’addition est salée 1050 roupies par tête (15 euros). Au revoir Maria et bonne route !

Shanku et Nagarkot.

Il est six heures du matin, Kabindra m’attend déjà avec son sac à dos devant le portail de “Pilgrims“. Nous marchons jusqu’à Ratna Park, la gare routière de Katmandou. Le nombre de bus concentrés sur cette immense place est indénombrable, plus de la moitié sont dans un piteux état. Toutes les dix secondes il y en a un, deux ou trois qui partent pour je ne sais où en crachant des nuages de fumée noire. Heureusement que Kabindra sait comment s’y prendre. Je défie qui que se soit de trouver sa destination et son bus en moins de quinze minutes. Le bus dans lequel nous prenons place est l’un des plus délabré. Une heure et demie après notre départ il nous dépose à Shanku un magnifique vieux village dans une vallée verdoyante et luxuriante au beau milieu des rizières. Shanku est un ancien relais étape de porteurs sur la route du Tibet, il n’a pas changé depuis des siècles. Les maisons villageoises sont dans un état de délabrement avancé ce qui confère un caractère poignant au village. C’est à partir de Shanku que nous commençons notre montée à pied sur Nagarkot avec pour première halte le hameau de Jaharsing Pauwa à 1900 mètres d’altitude. Il est 13 heures, il n’y a pas le moindre restaurant ni la moindre épicerie, Kabindra négocie un modeste repas chez l’habitant, une famille fière de nous recevoir nous prépare une soupe chinoise en sachet et une omelette nature. Kabindra connaît des raccourcis mais il est risqué de les emprunter car les informations que nous avons recueillies à Jaharsink Pauwa ne sont pas des plus rassurantes. Des rebelles maoïstes armés ont assiégé plusieurs demeures, racketté et assassiné deux propriétaires qui ont manifesté une grande résistance quant à leurs exigences. Tant pis si nous arriverons plus tard à Nagarkot mais mieux vaut ne pas se trouver sur leur chemin. Nagarkot se trouve à 2540 mètres d’altitude, nous y sommes parvenus après 6 heures de marche sous une fine pluie depuis Shanku. C’est la tombée du jour, nous regagnons l’hôtel le plus haut perché du village, 350 roupies la nuit (5 euros). A cette heure nous n’avons qu’un vague aperçu en contre jour du décor montagneux, il faudra se lever très tôt demain matin pour ne pas louper le spectacle que je ne verrai peut être qu’une fois dans ma vie, “The rising sun on Everest”. L’aubergiste nous installe dans le jardin et nous apporte un succulent vin de millet, çà ressemble un peu à de l’eau de vie additionnée d’eau. Dans le poulailler tout à côté c’est la panique et l’affolement, deux chacals sont en train de saigner des poules et des poussins. C’est une grosse perte pour l’aubergiste qui vit en grande partie du commerce de ses volailles. D’ailleurs c’est un poulet qui a fait l’objet de mon repas de ce soir. Je cours me coucher dans des draps humides, mais je suis tellement fatigué que je sombre rapidement dans un profond sommeil. Vers 5 heures du matin je pousse le rideau, le ciel est parfaitement dégagé, vite, je me couvre chaudement et fonce sur la terrasse du restaurant pour attendre le lever du soleil. Toute la chaîne de l’Himalaya apparaît d'abord noirâtre tel un théâtre d’ombres et petit à petit elle se découvre majestueuse et laisse apparaître ses innombrables sommets couronnés de blanc. Je prends mon temps pour contempler et admirer ce panorama éblouissant. Je m’amuse à compter les pics de gauche à droite, il y en a 62. Le plus bas est le Dhaulagiri (5167 m), je distingue l’Annapurna I, à 8091 mètres, le Machhapuchhare à 6993 mètres, les 4 Ganesh, le Cho Oyu et le mont Everest avec sur ses côtés le Lindarksubugo et le Chobutse. En cette saison l’éclairage n’est pas des meilleurs pour discerner tous les détails, ce sera nettement mieux dans deux mois, mais je serai loin. Peu à peu le soleil monte, une brume s’installe et vient troubler le spectacle, je regagne la salle du restaurant où m’attend le petit déjeuner. Kabindra me rejoint et nous nous préparons pour descendre sur Changu Narayan. En chemin nous allons rendre visite à deux ermites qui vivent dans un minuscule monastère de pierres et de terre battue. Les deux spécimens vivent loin de tout dans une pièce de huit mètres carrés aux murs noircis par la suie du foyer qui brûle au milieu de la pièce. Ils ne voient pas beaucoup de monde, ils nous font fumer un “pétard” et nous les quittons pour ne pas arriver trop tard à Changu Narayan. Nous passons à gué la rivière Manohara avec de l’eau jusqu’aux genoux, traversons des rizières et arrivons au village où l’entrée est payante. 60 roupies (1 euro). J’ai l’impression de débarquer au milieu d’une ferme médiévale, la sérénité et la paix de ce lieu m’envahissent complètement. Des endroits comme ici il n’y en en plus beaucoup dans notre monde, je suis plongé en plein moyen âge, tout se passe dans l’unique rue et l’unique place du village. Des buffles foulent l’orge, des femmes font la cuisine dans la rue et la vaisselle dans le caniveau, les enfants jouent avec des jouets confectionnés en bambou, cordes et boites de conserves, les poules et les porcs partagent la rue avec les habitants. C’est magnifique ! A chaque point cardinal du village est construit un temple dédié à Vishnu. Tous les quatre sont admirables avec leurs poutres polychromes et leurs statues effrayantes. Nous avons deux heures à attendre pour qu’une camionnette vienne nous chercher et nous descendre à Katmandou.

 Katmandou.

Il n’est pas trop tard lorsque nous arrivons en ville, je n’ai plus l’intention de retourner à “Pilgrim” et choisis une guesthouse en plein cœur de Durbar Square tout à côté de la maison de la déesse vivante, “Kumari Guesthouse”. Cette guesthouse est une vieille maison de cinq étages avec deux petites chambres par étage. La réception communique avec l’arrière boutique d’une boucherie, l’escalier pour accéder aux chambres est en bois glissant et très abrupt. La patronne me fait remplir la fiche et me demande si j’ai besoin d’un guide pour visiter la ville, je lui explique que je suis déjà depuis quelques jours à Katmandou et que je commence à connaître beaucoup d’endroits. Son fils Harry est hyper sympa et toujours prêt à me rendre service, il me présente son voisin et copain qui se fait appeler “le docteur” parce qu’il possède une boutique de graines et plantes médicinales. A peine installé je descends dans la rue où des dizaines de maraîchers ont étalé les fruits et les légumes sur le sol. Je suis à deux pas de Kumari Ghar et de la grande place aux souvenirs. Je profite de ma bonne situation pour m’évader une nouvelle fois dans Durbar Square. Je me fais connaître par tous les commerçants du quartier car j’aurai souvent besoin d’eux. La marchande de souvenirs de la place Basantapur me prend en sympathie, c’est certainement chez elle que je ferai mes derniers achats, mais il y a tellement d’autres boutiques que c’est à la plus offrante que je m’adresserai. Ratna est tellement commerçante qu’elle me fait cadeau de quelques cartes postales et elle n’oublie pas de m’écrire son adresse: Ratna Devi Chitrakar, c/o Basantapur-Dabali, Shop N°52, Ward N°23- Katmandou.  A11heures elle me propose d’aller déjeuner avec elle et d’autres boutiquiers qui m’aiment bien. J’ai le temps d’apprendre beaucoup de choses sur la société et les mœurs des népalais. Nous abordons des sujets tabous. Les népalais contrairement aux indiens, parlent, se confient et protègent les étrangers. Nous échangeons sur un sujet qui me préoccupe, celui de la prostitution qui est un problème douloureux au Népal. Il existe un véritable trafic de femmes et de jeunes filles. Elles sont forcées de “travailler” comme prostituées dans des bordels sordides en Inde. Ce que n’apprécient pas beaucoup mes interlocuteurs c’est que je sais que bien souvent les filles sont vendues par leurs propres parents. Des rabatteurs promettent une vie meilleure aux filles et à la famille si elles acceptent de finir en Inde, notamment à Bombay. Une fille est vendue entre 40 et 500 dollars. La majorité d’entre elles retournera au Népal après avoir contracté une MST. Par ignorance elles sont souvent rejetées de leur village. 200 000 femmes “travailleraient” dans cette industrie du sexe, 5000 à 7000 par an continueraient de passer la frontière. Malgré les appels au secours de certaines ONG, l’Inde ferme les yeux et le gouvernement népalais ne met pas d’énergie pour enrayer ce fléau. Le Népal est l’un des pays les plus pauvres du monde, le revenu annuel par habitant est de 220 US dollars seulement. Le développement du tourisme avec la pratique du trekking ne profite qu’à une poignée de gens et de surcroît entraîne une augmentation du coût de la vie. 93 % des népalais vivent dans un état de dénuement, privés du droit de posséder la terre.  Je quitte mes amis vers 13 heures, Ratna m’offre un petit drapeau népalais. C’est un des rares au monde à n’être ni carré ni rectangulaire. Pour les hindous, le triangle représente le “Dharma” (loi morale, vertu religieuse et devoirs sacrés). Il est de couleur rouge, blanche et noire. Le rouge est la couleur de bon augure, le blanc et noir symbolisent la mort. Au milieu des triangles il y a la lune et le soleil qui perpétuent le souvenir des “dynasties lunaires et solaires”. Le drapeau est aussi considéré comme un support de prières, la lune et le soleil étant toujours présents dans les mantras « Fasse que la nation prospère et vive aussi longtemps que le soleil et la lune seront présents au firmament.» Demain je reviendrai manger avec ces braves gens et s’ils n’y voient pas d’inconvénients nous aborderons les problèmes politiques et économiques.  Pour occuper mon après midi je retourne à Swayambunath à vélo, accompagné de Harry. Grâce à lui je découvre des endroits où je ne serai certainement jamais allé, entre autres ce quartier qui est un méli-mélo de petites ruelles encombrées de rickshaws, un quartier agité et frénétique où les habitants ont la peau sombre et portent des saris de toutes les couleurs. J’ai l’impression de me retrouver en Inde. A Swayambunath j’achète trois CD audio, des chants bouddhistes avec une musique pour la contemplation et la réflexion: “Karma avoiding mantra”, “The Bouddha of médicine” et “The offerings of flowers and incense” et un livre de mantras à la couverture de bois. Avant de rentrer sur la ville nous sirotons un “coca” dans le grand parc du temple bouddhique où un orchestre chante des textes religieux accompagné de tambours et de saranghis (violons). Harry me laisse à la guesthouse et je vais m’enfoncer dans le Thamel, une gamine m’accoste et me demande de lui acheter de la nourriture pour sa petite sœur. Nous rentrons dans une épicerie et elle me supplie de lui prendre une grande boite de lait en poudre. Je lui en achète deux ainsi que deux paquets de biscuits. Elle me souhaite tous les meilleurs karmas pour ma future réincarnation mais quelques minutes après elle rentre dans l'épicerie pour revendre les deux boites de lait à l'épicier. Après ma "bonne" action je vais dire bonjour à Ramesh de la boutique Mona Lisa. Je lui demande de me graver “Bimbo in Népal” en trois couleurs sur un tee Shirt gris. Le temps de la confection, nous buvons un thé et il m’apprend à compter: Ek, Doui, Tin, Tchar, Pantch, Tcha, Saat, Aath, No, Dosse et à utiliser quelques mots courants de népalais: Ho (oui), Hoïna (non), Méro naam bimbo ho (je m’appelle Bimbo), Bill dinous (l’addition SVP). Bon ! Mo népali boldena, namasté (je ne parle pas népalais bye bye). Ce soir Harry et le “ le docteur ” me conseillent d’aller dans un restaurant tibétain proche de Thahiti Tole. J’y vais et fais connaissance avec Dolma, venue du pays des neiges. Sa mère est restée là bas de l’autre coté des montagnes, son père est mort de chaud en Inde. Elle est robuste, de bonne constitution et a entre 28 et 32  ans, elle tient les comptes du restaurant et emploie un cuisinier tibétain. Les tables sont recouvertes de feuilles de plastique vert et rose. La clientèle est principalement tibétaine, cheveux noirs, tresses entortillées, vêtue de la chuba noire et les doigts chargée de bagues. Je savoure une délicieuse soupe tibétaine, un plat de spaghettis et du bœuf sizzler, le tout arrosé de bière chaude. J’y reviendrai très certainement car je me suis régalé, la cuisine est bonne et l’ambiance identique à celle des hautes montagnes. De retour à “Kumari Guesthouse” vers 21 heures, le quartier est bouclé par les forces de l’ordre. Une alerte à la bombe est annoncée dans Durbar Square. Impossible de rentrer me coucher, je me mélange à la foule, tout le monde me demande d’être patient pour ma sécurité. C’est un moyen comme un autre pour faire plein de connaissances et d’évoquer les problèmes que rencontre le Népal face au terrorisme. Après l’assassinat du roi Birendra et de neuf membres de sa famille par le prince Dipendra à la suite d’un excès de folie ou d’une crise d’alcoolisme, le frère du roi défunt, Gyanendra s’est installé sur le trône et en même temps la guérilla maoïste opposée au gouvernement a fait de nombreuses victimes, notamment parmi les forces de police. En 1996 les rebelles maoïstes déclarent la guerre et sont à l’origine de 3000 victimes. En novembre 2001 le processus de paix entamé par le gouvernement est rompu faute d’accord. Le 26 novembre l’état d’urgence est proclamé et apporte à l’armée des pouvoirs supplémentaires. Début avril 2002 de nouvelles attaques tout azimut ont fait de nouvelles victimes, près de 500 morts. Un nombre croissant de civils sont pris entre deux feux, certains soupçonnés de soutenir la guérilla ont été torturés et les violations des droits de l’homme ne se comptent plus. Les enfants sont les premiers à souffrir des combats (décès, perte des parents, déplacements, abus sexuels..). La guérilla touche 35 des 75 districts que compte le Népal, il n’y a plus de gouvernement civil ni d’activité de développement économique dans quatre régions népalaises. Katmandou commence à être touchée, industriels et chefs d’entreprise sont réduits à verser l’impôt révolutionnaire au parti communiste népalais maoïste. Celui qui ne s’y plie pas risque d’être plastiqué. Il m’a fallu attendre trois heures avant le retour au calme et regagner ma guesthouse. Harry soucieux de mon retard a attendu mon retour avant d’aller se coucher.

Bhaktapur.

« .....Il y a quelque chose d’irréel dans les édifices dans lesquels on se trouve. On a l’impression de figurer sur la scène d’un théâtre, au milieu des décors. On s’attend à entendre un coup de sifflet et à voir surgir des machinistes qui soudainement enlèveront ces palais et ces temples fantastiques...... »  Alexandra David-Néel (Au Cœur des Himalaya).

Il y a plusieurs siècles cette téméraire aventurière a fait cette description de Bhakthapur qui n’a pas pris la moindre ride aujourd’hui. Pour me transporter à Bhaktapur je monte dans le trolleybus stationné prés du stade et une heure après il me dépose dans cette ville, qui à mon goût est la plus belle de la vallée d’autant qu’elle a conservé un aspect médiéval assez fantastique. Il s'agît d’un immense village peuplé de paysans et d’artisans,  inondé de palais et de temples de toute beauté ainsi que de superbes maisons. Ce site a été choisi par Bertolucci pour y tourner certaines scènes du film  “Little Buddha”. C’est ravissant de séjourner ici, de parcourir les rues, les ruelles et les nombreuses places, surtout quand la ville est désertée par les touristes. Le droit d’entré dans la cité est exorbitant, 750 roupies (10 euros), mais lorsque je me rends compte des travaux de restauration qui ont été entrepris je me dis que cela vaut le “coût”. Bhaktapur devrait retrouver son image originelle très bientôt, lorsque la circulation dans le centre de la ville sera interdite. Un site Internet est à l’étude pour avoir toutes les informations sur ce joyau, mais en attendant il est possible de tout savoir en se connectant sur l’adresse suivante: bhaktapur@htp.com.npLa fondation de la ville remonte au IX ème siècle, elle est due au roi Ananda Deva. La cité est incluse dans un “triangle magique” formé par trois temples de Ganesh. Depuis 1769 la ville vit dans un monde économiquement à part et possède une féroce indépendance. Les personnes âgées ne parlent pas le népali mais le newari, la langue la plus pure de tout le pays. Les différents quartiers s’articulent autour d’une “Tole” (une place centrale avec un puits ou une source publique et des autels religieux). Les “Toles” servent aussi au rassemblement des villageois et à la protection des produits des récoltes. Longtemps appelée “La cité des dévots” Bhaktapur a su conserver son caractère religieux, ici tout est régi par les dieux et il y règne une atmosphère particulière. Le centre historique de Bhaktapur est à la fois un musée et une crèche vivante. A l’entrée du centre historique il y a deux énormes stèles représentant Durga et Bhairawa avec des colliers de têtes de morts autour du cou. C’est curieux ! Durga a dix huit bras et Bhairawa n’en a que douze. Je ne sais pas pourquoi ? Je m’approche du bassin royal entouré de cobras sacrés et rentre dans le musée qui renferme des bijoux en or trouvés dans ce bassin. J’arrive devant deux bâtiments reliés par une splendide porte en or décorée d’une déesse à quatre têtes. C’est le palais royal qui compte prés de cent cours intérieures conçues en forme de damiers. Le noyau originel, le plus pur des bâtiments royaux est ce palais aux 55 fenêtres juxtaposées, je fais une pause tout à coté de lui pour admirer une imposante cloche de Taleju. Pour mieux m’imprégner de la splendeur de Bhaktapur je grimpe sur la plate-forme du Chyasilim Mandap un ancien temple détruit par un tremblement de terre et reconstruit en 1934 grâce à l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl. Depuis la terrasse du café Nyatapola où je suis en train de prendre un thé je contemple le plus haut temple du Népal avec cinq toits superposés. Les statues qui le gardent représentent des lutteurs, des éléphants, des lions, des griffons et des déesses. Deux lions-dragons bien montés et à l’allure féroce gardent le Bhairav très vénéré. Tout à coté se trouve le Til Mahadev Marayan dédié à Vishnou. Une légende raconte que la statue du dieu qu’il renferme fut trouvée enfouie sous un gros tas de graines de sésame chez un marchand, et malgré les ventes importantes et régulières de ces graines le tas ne diminuait jamais. Aussi, une fois par an les fidèles apportent des gâteaux de sésame au dieu. Ici c’est aussi un lieu de célébration de l’Ihi, cérémonie où les jeunes filles sont mariées symboliquement au dieu Vishnou. Les rues de la ville sont admirables, surtout l’artère principale commerçante bordée de superbes maisons et d’échoppes pittoresques. L’ensemble des ruelles et des placettes sont parsemées de temples de demeures médiévales et de monastères tel celui de “Peacock” dont les fenêtres sont ornées de paons faisant la roue. En flânant je tombe dans la rue des petits musées, celui du bois sculpté, celui du bronze et du cuivre, celui des peintures et des Tangkhas. Je retourne sur mes pas, marche une dizaine de minutes pour atterrir en plein moyen âge, à Kumalé, le quartier des potiers. Les techniques n’ont pas changées depuis des siècles si non que les tours de pierres sont remplacés par des tours plus malléables confectionnés avec des roues de camions. La terre glaise qui sert à modeler vient de Thimi un village tout proche de Bhaktapur. Une fois les poteries confectionnées, elles sont recouvertes de paille à laquelle on met le feu et elles finissent de cuire dans les cendres. Les images de la vie quotidienne sont pittoresques, les pavés des rues recouverts de tapis de légumes verts et de poivrons rouges, sont foulés toute la journée par des centaines de personnes. Il fait bon se perdre ici car on rencontre toujours un habitant prêt à t’aider à te remettre sur le bon chemin. Je viens justement de me perdre ! Pour trouver la sortie de la ville et aller à Hanuman Ghât, j’arrive à me repérer dès la vision de la rivière en contre bas. Je parcours le quartier des intouchables, traverse le pont, et là, au milieu des Chaityas (autels) se dresse le plus gros Lingam du Népal, sur le bas relief je découvre Shiva nu et très en forme. Il me reste suffisamment de temps pour remonter sur la cité et aller au musée des Tangkhas, je traverse deux places où sont érigées les statues d’Hanuman (le dieu singe) et de Narsingh (l’homme lion). Dans le musée aux tangkhas je peux mesurer tout ce qui différencie une belle tangkha ancienne d’une mauvaise copie. Cela pourra m’aider car j’ai l’intention d’en acheter une chez un commerçant de Katmandou. Ce sont les newars de Bhaktapur qui ont exporté les tangkhas jusqu’à Lhassa, ils fondèrent même des écoles pour l’enseignement de leur technique. La description des Tangkhas je l’ai puisée dans “Héritage du Tibet” des éditions Kummerly et Frey.   “.................les tangkhas sont des bannières de soie peintes, à l’origine employées dans les temples et sur les autels domestiques, dans lesquelles explosent une profusion de couleurs et de formes, utilisées de façon débridée. Les représentations sont régies par une stricte compréhension des valeurs bouddhiques. L’artiste a dû s’initier au savoir ésotérique avant de s’aventurer dans la représentation visionnaire d’un mode non rationnel. Ces œuvres d’art ne peuvent et ne doivent être comprises que par les initiés, elles sont une image transitoire au service de leurs méditations, le symbole d’un processus spirituel qui débouche sur la pure vision intérieure...........”

Hélas ! Il me faut quitter Bhaktapur et regagner Katmandou. Je retourne manger dans mon restaurant  tibétain préféré et fonce à “Kumari Guesthouse” pour mettre au propre mes notes. Avant de m’endormir je me remémore tout de ce décor exceptionnel dans lequel j’ai été transporté.

Daksin Kali.

Aujourd’hui c’est samedi, “le docteur” a fermé sa boutique, et comme il me l’avait promis, il vient me chercher à 8 heures pour m’emmener à moto à Daksin Kali, à 20 kilomètres au sud de Katmandou. Harry est déjà parti à vélo à Daksin Kali, nous le rattraperons je ne sais où ? Après cinq kilomètres de plat dans la vallée nous commençons l’ascension, je demande au “docteur” de conduire très prudemment vu l’état de la route. Arrivé à Pharping nous rejoignons Harry la tête dans le guidon et ruisselant de transpiration. Nous nous arrêtons pour nous ravitailler en eau et continuons la monté du col. Enfin au sommet nous nous enfonçons dans des gorges et dans la jungle jusqu’à un parking pour attendre Harry avant de partir à pied au temple des sacrifices où la cérémonie religieuse en l’honneur de la déesse Kali se déroule tous les samedis. Harry arrive essoufflé, nous lui laissons le temps de récupérer et abordons un chemin envahi par des vendeurs de souvenirs et des mendiants collants. Le temple des sacrifices est à ciel ouvert, c’est une cour de 40 mètres sur 50 où se rendent des centaines de népalais accompagnés de poulets, coqs, jeunes boucs et chèvres noires destinés à être sacrifiés. Le spectacle est impressionnant, le sacrificateur décapite une par une les bestioles à la machette. C’est pour calmer la soif sanguinaire de la déesse Kali et pour que le samedi (jour considéré néfaste) ne se déroule pas trop mal que les gens viennent aussi nombreux. Le sacrificateur patauge dans le sang, c’est un véritable travail à la chaîne, dès que la tête de l’animal tombe les fidèles récupèrent le corps des bêtes pour arroser de sang les bas reliefs du temple. A l’issue de la cérémonie les familles font un pique-nique au bord de la rivière, elles mangent grillées les bêtes sacrifiées et dépouillées. A l’issue de ce spectacle funeste nous grimpons de cent mètres pour atteindre un temple perché où sont sacrifiés les fleurs et les légumes. C’est plus romantique !   Pour descendre à Katmandou, Harry met moins de temps à vélo que ce que nous mettons à moto car les pneus de la bécane sont vraiment à la corde et le “docteur“ ne veut pas prendre de risques. Le temps passe, je fais le point. Il ne me reste plus que quatre jours à passer au Népal. La journée de demain je la consacrerai à la curieuse Kirtipur. J’irai ensuite deux jours dans le Teraï puis passerai ma dernière journée à Katmandou pour les emplettes.

Kirtipur.

C’est Rajesh, qui m’emmènera à Kirtipur, à pied, en bus et encore à pied. Voici son adresse: c/o Kepar-Shrestha, Block GA 2.241 Makhan Tole Katmandou.  Kirtipur n’est qu’à six kilomètres au sud-ouest de Katmandou. Le bus nous dépose au pied du village et nous marchons dix minutes jusqu’à l’ancienne forteresse. Là aussi j’ai le sentiment d’être au moyen âge, les ruelles sont bordées de maisons délabrées où subsistent de belles fenêtres sculptées. Un peu d’histoire et une curieuse anecdote: « Kirtipur fut au XVIII ème siècle une cité très importante, lors du processus d’unification du royaume, le roi de Gorkha attaqua la ville. Une flèche ayant crevé l’œil de son frère il ordonnât que l’on coupe le nez à tous les garçons de plus de 10 ans. Mais il en dispensa ceux qui savaient jouer d’un instrument de musique. Il imposa à la localité le nom de Naskatpur, ou ville des nez coupés ». Sur la place du village près du grand bassin nous visitons le Bagh Bhairawa “temple du dieu tigre” puis au bas du village un temple riche en couleurs, où des dioramas à taille humaine présentent les scènes essentielles de la vie de Gautama. Siddharta Gautama est Bouddha, il est né au Népal, à Lumbini où je me rendrai demain.

Le Teraï - Le parc de Chitwan - Lumbini.

Je prends le “blue bus” à 7 heures du matin et après moult barrages policiers et des tronçons de route affaissés, j’arrive à 11 heures dans une réserve, autrefois domaine des chasses royales. C’est l’une des plus célèbres du Népal, elle a été créée pour préserver les espèces animales menacées de disparition. Sur 800 rhinocéros il n’en reste plus que 400. Ce mois ci alors que les herbes ont été coupées, j’ai eu la chance d’en apercevoir deux. Ils sont curieux, ils n’ont qu’une corne. Ici c’est aussi le paradis des oiseaux et des tigres, eux je n’ai pas eu la chance de les rencontrer. D’après ce que l’on entend ici, la région aurait perdu de son charme depuis l’électrification et la ruée des touristes. Fini les dîners aux chandelles et le bruissement de la jungle, aujourd’hui les agences de treks et les cybercafés ont poussés comme des champignons. Pour me loger une nuit je me fais conduire à Sauraha, un village qui a grandi à une vitesse folle et qui ressemble à une ville style western. Des lodges, ce n’est pas ce qui manque dans ce ghetto à touristes. Je choisis “Himalata Safari”. A part la peinture crado, l’hôtel est propre, simple et l’accueil chaleureux. Pour une nuit ce sera très bien ! C’est à Lumbini, dans le berceau du Bouddhisme que je me rendrai demain. A Lumbimi, là où naquit il y a prés de 2500 ans Siddharta Gautama, en un mot BOUDDHA. Fils d’une famille fortunée, Siddharta découvre la misère du monde à l’âge de 29 ans au cours de quatre promenades à cheval dans la ville. Il décide alors de tout abandonner et de chercher la voie de la délivrance de toutes les souffrances humaines. Après des années d’ascèse et de méditation il reçoit enfin l’illumination qui fait de lui le Bouddha (“l’éveillé”).

Lumbini reste le lieu sacré pour tous les Bouddhistes du monde entier. La capitale universelle du Bouddhisme dessinée par l’architecte japonais Kenzo Tange aura un triste destin dans les prochaines années car une idée débile est projetée, à savoir la construction d’un aéroport. Le village de Lumbini va-t-il ressembler à une “foire exposition internationale”. Sur la colonne d’Ashoka érigée en 249 av JC est inscrit que Bouddha naquit bel et bien à Lumbini vers 560 av JC. Autour de la colonne se trouvent les jardins sacrés. De nombreux archéologues fouillent le sous-sol de cet espace pour y trouver des indices sur la jeunesse de Bouddha. La Birmanie a offert à Lumbini la statue de Bouddha en marbre, une secte japonaise a financé l’institut international de recherche sur le bouddhisme et les coréens l’ont construit. La pagode de la paix a été offerte par une organisation bouddhique japonaise et le musée de Lumbini a été offert par l’Inde. Plus question de m’attarder une minute ici, le dernier bus pour Sauraha est fin prêt à partir, ensuite il me faudra prendre une correspondance pour Katmandou.

Bye, Bye le pays des dieux.

C’est ma dernière journée au Népal. Ce matin Harry est à la réception, il attend que sa mère le remplace puis il viendra avec moi dans Thamel me conseiller pour mes achats de souvenirs. Nous passons plus de trois heures à aller et venir de boutique en boutique. Dans chacune d’elles nous sommes invités au thé traditionnel. J’en suis à mon septième et commence à être excité. Nous passons à la Thaï Airway et m’assure que mon vol pour Bangkok est bien confirmé. Je suis chargé de sacs plastiques que je vais déposer à Kumari. Je trie les gadgets : moulins à prières, calendriers népalais, livres de mantras, CD, pendentifs, pierres gravées, pipe à opium, vases, tissus, papier népalais et épices. Mon sac de voyage est bien rempli, je n’ai plus que quatre heures à passer dans Durbar Square où je vais faire mes adieux à tous les gentils commerçants qui m’ont offerts des moments inoubliables. Pendant ce temps Harry s’occupe de me commander un taxi, celui qui m’emmènera, à l’aéroport où à l’issue de nombreux contrôles sérieux je me dirige à la porte 8 où j’attendrais 30 minutes avant l’envol. Dans l’avion je choisi une place à gauche car si le ciel est dégagé il est fort possible que je jouisse d’une dernière vue aérienne sur la chaîne de l’Himalaya.

Le Népal m’a profondément marqué, j’y serai bien resté quelques jours de plus pour y faire un autre trek au nord-est de Katmandou et me rapprocher du mont Everest, mais la durée de validité de mon visa ne me le permet pas. Je reste avec les images inoubliables de tous ces sites mystérieux que j’ai découverts et j’emporte avec moi le souvenir de ces gens simples et attendrissants que j’ai rencontré. Je retournerai Népal, peut être pas l’année prochaine mais certainement dans deux ans.  

 

Dernière semaine à Bangkok ………………………………………………….

 

23 juillet 2015

ANNEE 2005: THAILANDE - MYANMAR - CAMBODGE - THAILANDE

 ANNEE  2005

                                                             Thaïlande - Myanmar (Birmanie) - Cambodge - Thaïlande

 

THAÏLANDE 

 

Départ avec Sylvie.

Neuf mois d’attente, le temps de préparer mon prochain départ. Neuf mois pendant lesquels mon cœur ne cesse de balancer entre la Malaisie, l’Indonésie et le Myanmar. Au mois de septembre ma décision est enfin prise. Je partirai pour la Thaïlande, m’envolerai pour le Myanmar et poursuivrai sur le Cambodge. Au mois de novembre, Sylvie, une collègue du service commercial de Gaz de France me présente un projet de voyage pour un séjour en Thaïlande, un circuit très bien organisé qui permet de découvrir toutes les facettes du pays: les îles du sud, la Thaïlande profonde, Bangkok et ses environs riches en originalités. Libre du choix de la période de son éventuel séjour, je la persuade de partir début avril avec moi et lui propose de lui faire visiter en dix huit jours tous les incontournables du pays du sourire avec un budget de moitié par rapport à la proposition qui lui a été faite par l’agence de voyage qu’elle avait contacté. C’est alors décidé, Sylvie partira avec moi et restera dix huit jours en Thaïlande puis rentrera en France. Quant à moi je poursuivrai sur Yangon, le nord de la Birmanie et sur le Cambodge que j’avais tant aimé en 2001.

Mardi 5 avril, Francis et Riri fidèles comme chaque année se chargent de m’accompagner à l’aéroport Nice côte d’azur où m’attend Sylvie. Le vol de la Swiss Air décollera à 17 h 45, nous arriverons à Zurich à 19 h 05. Après deux heures et demie de transit, le vol pour Bangkok décollera à 22 h 20, nous serons à Bangkok le 6 avril à 14 h 05 à l’aéroport de Don Muang.

Quelques jours à Bangkok.

Rien n’a changé à Bangkok, les formalités d’entrée sont toujours aussi faciles et le change est toujours le même: 1 euro = 47 bahts. Nous sautons dans le bus A2 qui nous dépose près de Kao San Road, à proximité du port fluvial That Atrit, là, nous empruntons le bateau bus qui remonte la rivière Chao Phraya et nous nous arrêtons au port de That Thewet. Quelques centaines de mètres à pied et sac au dos, nous nous retrouvons à Taewez Guesthouse où tout le personnel qui me connaît bien maintenant nous accueille chaleureusement. Sylvie découvre l’établissement dans lequel nous reviendrons souvent: l’accueil, la salle de restaurant, le coin communication et Internet et le bâtiment annexe où se trouvent les logements. Nous prenons tout notre temps pour nous installer et avant d’aller dîner je fais découvrir le quartier Thewet à Sylvie: le grand marché, la librairie nationale, la boutique du photographe, les échoppes, les restaurants locaux et les “seven-eleven” ouverts jour et nuit. Demain nous partirons pour la découverte du centre historique de la ville.  (....cette année je vous épargnerai le descriptif, les détails et l’historique de tous les sites et bâtiments que nous allons visiter pendant ces dix huit jours. Si vous voulez en savoir plus, il vous suffit de faire un retour en arrière sur mon récit de 2002, mon premier voyage en Thaïlande, Laos, Cambodge...) Milk shake, assiette de fruits frais, omelette, après ce petit déjeuner copieux, c’est parti pour le cœur de Bangkok. Nous descendons la rivière Chao Phraya jusqu’au port de That Chang et sommes prêts pour faire des kilomètres à pied dans la capitale. Première merveille, le temple Wat Phra Kaeo. Sylvie est émerveillée par une telle splendeur. Nous poursuivons jusqu’au Wat Pho, le repère du Bouddha couché et de l’école de massages. Pour nous rendre sur l’autre rive nous empruntons le bac à That Thien et nous voici au pied du majestueux Wat Arun (temple de l’aube). Il est maintenant temps de grignoter, et nous choisissons une cantine de trottoir près du Wat Maharaj. Sylvie commence à apprécier les premières saveurs thaïlandaises. Il fait très chaud en cette saison à Bangkok, pour éviter des kilomètres inutiles nous prenons un bus local jusqu’à Democraty monument puis grimpons sur la montagne d’or où se trouve le temple Wat Sri Sakhet. La journée bien remplie, il nous faut alors regagner Taewez, et nous relaxer avant de partir dîner sur Thanon Luk Luang, porc au caramel, légumes variés, riz blanc et puis il est temps d’aller dormir.

Aujourd’hui nous consacrerons la matinée au quartier chinois et partirons en fin d’après midi à l’est de Bangkok chez mon copain Alain. Chinatown n’a rien perdu de ses senteurs et de son vacarme. Après plus de deux heures dans les kyrielles de minuscules ruelles nous revoici au grand jour, aux abords du temple du Bouddha d’or à proximité de l’hôpital chinois. Nous nous approchons de Hua Lampong pour y prendre le bus 99 qui dessert Bangkapi. Je n’arrive plus à me repérer pour aller chez Alain. Pour ne pas tourner en rond et gaspiller de l’énergie j’appelle deux moto-taxis et en dix minutes nous voilà à l’entrée du grand stade Hua Mark. A partir d’ici je sais comment faire. Voila le Soï 7/11 de mooban seri. Alain est dans son jardin, il nous accueille chaleureusement. Je lui présente Sylvie et nous passons à l’apéro, un long apéro suivi d’un long repas. Et quel repas ! A deux heures du matin un taxi nous prend en charge et nous conduit à notre guesthouse.

Samedi 9 avril, une journée calme car demain nous prendrons le train pour aller à l’ouest de la Thaïlande à Kanchanaburi. Grasse matinée et petit déjeuner copieux puis nous partons à pied pour le parc Dusit situé à deux kilomètres de Taewez. Bien au vert et bien à l’ombre nous assistons à un spectacle de danses classiques thaï, nous nous relaxons dans le jardin tropical, visitons quelques musées et rentrons pour faire un peu de courrier et acheter des bricoles pour demain.

Départ pour Kanchanaburi - Nakhon Phathon et Damoens Saduak.

Aujourd’hui nous quittons la capitale pour nous enfoncer dans l’ouest Thaïlandais. Nous disposons de quatre jours et c’est bien suffisant pour couvrir ce circuit. Nous nous installons au bord de la rivière Kwaï dans la jungle de “C and C guesthouse”. Sylvie choisit un bungalow au fond de la propriété loin de la rivière, quant à moi je préfère passer mes nuits au fil de l’eau dans une chambre en bambous flottante amarrée à la rive. Le lendemain nous louons deux vélos pour nous rendre au pont de la rivière Kwaï. A la station ferroviaire nous prenons le petit train pour Thamkrasee et Namtok, l’ultime gare avant la frontière birmane et au retour nous allons visiter le JEEATH museum et le cimetière des alliés. Pour notre deuxième journée à Kanchanaburi nous louons une moto car le temple des tigres est loin, dans une zone aride et austère. Nous sommes accompagnés par des moines bouddhistes et nous pénétrons dans la cage aux fauves pour donner la tétée aux lionceaux. Sylvie ne brille pas, moi non plus ! Le petit tigre pèse autant que moi mais il est très attachant, sa maman est constamment surveillée par le bonze. C’est vraiment impressionnant ! Retour à “C and C” pour déguster un tom yam kung très épicé et nous reposer au clair de lune avant un dodo bien mérité. Demain nous passerons la nuit à Damoens Saduak, le plus grand marché flottant de Thaïlande. Nous faisons escale à Nakhon Phathon haut lieu du bouddhisme où se trouve le plus grand Chedi du monde après celui de Boodnath à Katmandou. Le bus N° 301 de Nakhon Phathon pour Damoens Saduak part à 11 heures et nous arrivons à 13 heures à “Little Bird Hotel” à proximité de l’embarcadère pour le marché flottant. C’est jeudi, très tôt ce matin nous louons une pirogue pour une longue balade sur les khlongs et partons assister au marché flottant, nous déjeunons sur place dans une atmosphère très colorée et pleine de vie.C’est le bus N° 78 qui nous reconduira à Bangkok. Nous resterons une journée à Bangkok car j’ai quelques formalités à accomplir pour obtenir un visa pour le Cambodge où je me rendrais après mon séjour en Birmanie. Sylvie profite de cette journée détente pour surfer sur le net. Nous enfourchons ensuite le bus N°99 pour aller au quartier Pathunam pour y faire du shopping au Pantip Plaza. Petit détour par les quartiers chics de Bangkok et nous allons à la station Nana où je connais une excellente boutique à souvenirs. Avant de regagner Taewez nous partons dîner au port de That Chang, ici les plats de spécialités locales sont innombrables. Demain nous irons à Ayutthaya.

Ayutthaya.                                                                                                                                  

Samedi 16 avril, c’est le départ pour Ayutthaya avec le train local depuis la gare centrale Hua Lampong. Il part à 8 heures et après une heure et demie de trajet nous voilà à Ayutthaya. Nous trouvons une guesthouse très bien située, les patrons de l’établissement sont à la fois ravis et surpris de notre visite parce quelle vient d’ouvrir aujourd’hui même. Nous sommes bel et bien les premiers clients de l’établissement. Nous disposons de suffisamment de temps cet après midi pour aller au Krawl aux éléphants et visiter le site archéologique. Nous dînons au night market et rentrons dans nos chambres qui sentent encore la peinture fraîche. Pour parcourir Ayutthaya le meilleur moyen est le vélo, nous pédalons sous la chaleur pour atteindre le Wat Chaiyamongkhon et le Wat Phranan Choeng à quatre kilomètres au sud-est de la ville. Nous passons par le marché pour acheter le livre d’or que nous remettrons à la patronne de la guesthouse et qui servira pour ses prochains clients. Nous récupérons nos sacs et regagnons la gare pour retourner passer une dernière nuit à Bangkok avant de partir pour l’île de Koh Chang toute proche du Cambodge.

Koh Chang.

Pas de répit, après une bonne nuit nous allons prendre le bus au terminal est de Bangkok, le bus N° 2  nous emmènera à Trat, à 320 kilomètres de la capitale. A Trat je connais bien la gérante de “HP guesthouse”, adresse: près du marché de nuit, téléphone: 039 512 270 ou 018150122. Nous obtenons des informations sur les départs des bateaux pour l’île de Koh Chang sur laquelle nous accosterons demain matin. Le bateau part à 10 heures du port de Leam Ngop à 16 kilomètres de Trat. C’est un taxi collectif qui nous y emmène et la traversée durera deux heures. Arrivés au nord de l’île un autre taxi collectif nous embarque, je demande au chauffeur de nous déposer à Khlong Phrao beach car ici on trouve des motos en location. Nous louons une moto pour notre petit séjour et partons nous installer dans des bungalows de bambous au sud de l’île, un endroit paradisiaque au confort modeste. La moto nous permet de nous rendre au village de pêcheurs de Ban Bao où nous dînons sur les pilotis d’un excellent sea food restaurant. Les deux derniers jours sur l’île nous les consacrons à la baignade, à la visite des cascades, des fermes à éléphants et à nous régaler autour de bonnes tables.

Samedi 23 avril, pour regagner Bangkok nous passons la journée de bateau en songthaew, de songthaew en bus et de bus en taxi. Sylvie quittera la Thaïlande demain dimanche 24 avril à minuit. Nous profitons de la dernière journée pour aller au marché du week end à Mochit et à Kao San Road pour les dernières emplettes. A Kao San je n’oublie pas de récupérer mon visa pour le Cambodge. L’avion de Sylvie quitte Bangkok à 0 h 15. Il ne me reste plus qu'une journée pour flâner dans la ville car demain je m’envolerai pour Yangon.

 

 LE MYANMAR  ( Birmanie )

 

Mercredi 27 avril, je quitte Taewez guesthouse à 12 heures car mon vol pour Yangon décolle à 15 h. Le vol Bangkok / Yangon dure 1 heure 30. L’aéroport de Yangon se situe à 18 kilomètres au nord de la ville. Contrairement à mes préjugés les formalités à accomplir sont très simples lorsqu’on est en possession d’un visa d’entrée. Il y a seulement un an, tous les étrangers devaient changer leurs dollars en FEC (foreign echange currencies) sortes de coupons de même valeur que le dollar mais uniquement négociable dans les établissements d’état (hôtels, gares, grands magasins...). Je sors de l’aéroport et trouve un birman qui pratique l’échange d’argent au noir, nous partons nous cacher derrière la façade nord de l’aéroport et procédons au change. Pour 100 dollars j’obtiens 90 000 kyats, en passant par une banque je n’aurai obtenu que 75 000 kyats. La différence me permettra de vivre une semaine de plus dans le pays, ce n’est pas négligeable. Le calcul est vite fait, je vais pouvoir vivre vingt huit jours au Myanmar avec 300 dollars. Me voilà donc dans le pays le plus secret et le plus étonnant d’Asie du sud-est, un pays qui n’a pas bougé depuis des siècles. J’attends près d’une heure pour trouver enfin un bus bondé et demande à être déposé au centre de la ville près de la pagode Sule. D’ici, il est facile de s’orienter même avec le plan sommaire de mon Lonely Planet. Le temps de parcourir à pied le quartier pour trouver une guesthouse, tout me paraît mystérieux, je me rends compte qu’ici il n’y a aucune similitude avec la Thaïlande, l’Inde, le Cambodge ou le Laos, c’est complètement un autre monde. Mes premières impressions vont vers l’émerveillement, face à une nation originale où l’hospitalité est sans défaut, où les couleurs sont belles et la gentillesse des gens extrême. Je ne sais pas encore ce que je vais trouver dans le Myanmar profond mais tout me laisse présager que je vais vivre des moments inoubliables qui pèseront lourd dans ma mémoire et dans mon cœur. Ce pays à peine plus grand que la France compte trois districts interdits au tourisme. Vingt huit jours suffisent pour faire le tour du Myanmar, le temps d’un visa pour traîner dans la capitale Yangon, descendre au sud dans l’état Karen, remonter vers les sites incontournables de Mandalay, Bagan et terminer plus à l’est sur le lac Inle dans l’état Shan proche de la frontière chinoise et laotienne.

Le Myanmar est dirigé par la junte, il s’ouvre à peine au tourisme, il est très pauvre et soumis à la répression permanente des généraux. Malheureusement les droits de l’homme y sont bafoués quotidiennement. Le contraste est saisissant entre la magie du pays et le régime dictatorial. (45 % du budget du pays va à l’armée). Douceur de vie exceptionnelle et rythme de vie très lent, il va falloir que je m’adapte. Myanmar signifie “les premiers habitants du monde”, la junte a choisi ce nom en 1989 afin de couper les liens avec le passé colonial de l’union birmane. Le pays compte 45 millions d’habitants, il s’étale sur 670000 km2, la capitale Yangon ou Rangoon compte quatre millions d’âmes. Le chef de l’état est le général Than Shwe depuis 1992. La religion officielle du pays est le bouddhisme théravada. L’espérance de vie au Myanmar est de 57 ans.

Yangon (ou Rangoon).

Me voilà installé à “Polo guesthouse” dans une rue perpendiculaire à Anawrahta road, proche de la pagode Sule, de la gare ferroviaire et de Mahabandoola road une artère pleine de vie. Cet après midi il fait particulièrement chaud et je dispose de beaucoup de temps pour aller découvrir le quartier et contempler ce mélange hétéroclite d’édifices coloniaux, de stupas bouddhiques, de temples hindous, d’églises et de mosquées. Yangon est une ville étonnante, contrairement aux autres capitales asiatiques que je connais, elle abonde d’espaces ombragés, d’arbres et de parcs envahis de végétation. Rien à voir avec la frénésie de Bangkok, mais aux heures d’affluence aux carrefours du centre ville s’enchevêtrent, voitures, bus, rickshaws, taxis, bicyclettes et piétons. A ces heures de pointe le concert de klaxons résonne en permanence à tel point que des panneaux spéciaux en interdisent l’usage. Mais personne ne se soucie de la signalisation, ni du bruit. Pour me déplacer en ville j’évite d’emprunter les taxis qui n’en font qu’à leur guise et dont les compteurs ne sont pas en état de fonctionnement. Les séances de négociation sur les prix sont parfois très longues pour obtenir un tarif raisonnable. Les bus urbains sont très bon marché mais il n’est pas facile de les utiliser car leur numéro et leur destination sont écrit en caractères birmans. La meilleure solution est d’emprunter les camionnettes bleues appelées mini-camionnettes-taxis qui pratiquent des prix fixes: 120 kyats pour une course à l’intérieur de la ville et 200 kyats (0,30 euro) pour une longue course.

Yangon est une ville très sure, il n’y a aucun risque à s’y balader de jour comme de nuit, pas d’agressions et pas de vols. La dictature et la répression policière contribuent certainement à cette situation favorable aux routards. En dehors des heures de pointe Yangon semble endormie. L’architecture est anarchique et tristounette, seuls les quartiers nord sont agréables et verdoyants, les lacs y sont nombreux surtout dans le quartier Golden Valley où l’on se sent à la campagne dans une épaisse végétation tropicale parsemée de superbes maisons de teck. En rentrant à Polo guesthouse sur les trottoirs d’Anawrahta street se succèdent des ribambelles de petites cuisines ambulantes, des éventaires de nourritures diverses et des marchands de pacotilles. La nuit tombe vite à Yangon et l’animation aussi, je m’apprête à aller dîner et me rends dans un restaurant Shan, le restaurant “Noodle 9999.....”, une petite gargote Shan bondée de birmans. Je choisis de manger une soupe de nouilles, l’aubergiste me demande de choisir entre les nouilles de blé, les nouilles de riz et les nouilles de soja. Celles au riz servies avec des petits carrés de tofu frit sont exquises. Le chiffre 9 porte bonheur au Myanmar voilà pourquoi le restaurant s’appelle noodles 9999...   Demain programme chargé !

Je n’ai pas pleinement profité de ma nuit tellement Polo guesthouse est bruyante, je changerai certainement d’auberge lors de mon prochain passage à Yangon. La pagode Sule au cœur de la ville est agréable à visiter, ici, on échappe au vacarme de la ville et l’on peut chiner dans les nombreuses boutiques qui l’entourent. Alors que j’effectue pour la deuxième fois le tour du stupa de la pagode j’aperçois un colossal européen qui visite le site accompagné d’un moine qui lui explique la gestuelle et le cérémonial religieux à accomplir sur les lieux saints ou sacrés. Je ne les quitte pas des yeux et tente de comprendre quelque chose, on ne sait jamais ! Je pourrais éventuellement avoir besoin de ces enseignements. Le phénomène européen est un anglais de 21 ans de 158 kilos, un “sumo” à la peau de bébé rose. Il parle le mauvais anglais de Liverpool dont je ne comprends que la moitié. Il s’appelle Kriss, c’est le portrait craché de Rooney le footballeur anglais. Kriss vit dans une charmante guesthouse à quelques pas de la pagode Sule, je m’empresse de lui demander l’adresse de celle-ci car à mon prochain retour sur Yangon je m’y présenterai: Okinawa guesthouse : N° (64) 32 nd street.  Pabedan Tsp - Yangon Téléphone: 374318. Kriss a choisi de visiter le Myanmar car son grand père a vécu dans le nord birman lors de la colonisation de la Birmanie par les anglais. Il compte se rendre à Bagan, Mandalay, Nyaungshwe et surtout à Kalaw dans l’état Shan où habitait son pépé. Kriss est un être qui adore plaisanter, il a toujours le sourire et il n’est pas complexé malgré sa morphologie hors du commun. Nous nous saluons, échangeons nos adresses E-mail. Kriss partira demain vers le nord, quant à moi il me reste une journée à passer à Yangon avant de partir vers le sud, sur Bago, Malawmyine et Kyaik Ti Yo. Il est temps de poursuivre la visite de la ville, deux kilomètres me séparent du temple de Kali, un temple hindou exceptionnel dédié à la princesse Kali, reine de la guerre. Ses adorateurs fanatiques tuèrent des centaines d’opposants lors de l’indépendance indienne. Avant de filmer et de prendre des photos je suis obligé de demander la permission à un vieux gourou. En face le temple se trouve le marché indien Thein Gyi Zei, un marché incroyablement animé à dominante Bangladeshi donc musulmane. On y trouve que de la viande de bœuf et des copies de parfums français. Ici l’atmosphère est désuète mais on s’y sent bien car la bonne humeur est de partout. Demain je me rendrai au joyau de Yangon, “la pagode Shwedagon”, mais pour l’heure je pénètre dans un restaurant de quartier tout en bois, recouvert de tôles ondulées, c’est le Aung Thu Kha, un restaurant typiquement birman où je mange au coude à coude avec employés, militaires et gens du quartier. Personne ne parle l’anglais, je me réfère donc aux assiettes déjà servies aux clients. Je me régale avec un curry bien relevé et quelques samousas.

La pagode Shwedagon.

« .........au milieu trône cette pyramide d’or en forme de cloche à long manche qui se voit de loin, sa pointe brille comme du feu et sa base qui s’élargit pour faire un cône immense ressemble à une colline toute en or.  De l’or partout, auprès et au loin de l’or se détache sur l’or....... »  Paroles de Pierre Loti.

Me voici devant la merveilleuse pagode Shwedagon, la fierté de la ville, la plus belle pagode du monde, la plus imposante, la plus grandiose. Tôt le matin les pèlerins s’y rendent et commencent leurs dévotions. Shwedagon est le centre de la vie sociale et religieuse de la ville. La pagode est belle de jour comme de nuit. Aujourd’hui de nombreuses familles y sont venues pour pique-niquer. La pagode Shwedagon est située sur une colline, j’y accède par un immense escalier. Comme au Tibet ou au Laddakh il faut contourner le stupa dans les sens des aiguilles d’une montre. Le stupa central ressemble à une gigantesque cloche renversée qui mesure cent mètres de haut, il est recouvert de 700 kilos de feuilles d’or. L’ambiance à Shwedagon est bon enfant et l’atmosphère est apaisante. Premier choc visuel ! Mon regard est comme magnétisé, c’est une symphonie d’or et de couleurs. Le stupa central est entouré de petites pagodes, de temples, de clochetons et d’oratoires. C’est une véritable forêt de récifs, de pics et d’arêtes décorées de fleurs de lotus et de bourgeons de bananiers. C’est absolument fascinant ! De partout des statues, des pavillons, des cloches dont celle de Singu haute de 22 mètres et qui pèse 16 tonnes, des coins prière pour exaucer ses vœux, l’empreinte du pied de Bouddha, des oratoires, des ogres verts, des personnages vénérés, l’arbre sacré de Bouddha.......... J’attends maintenant la tombée du jour, le moment magique où la pagode s’illumine. Je m’installe sur les marches du petit autel de Shinsawbu et m’allume un énorme cheerot (cigare birman). L’histoire de la pagode remonte à la nuit des temps, il y a 2500 ans deux marchands offrirent à Bouddha des gâteaux de miel après qu’ils eurent médité pendant 49 jours sous le banian. Pour les remercier, Bouddha leur donna huit cheveux. Les marchands remirent les cheveux à leur roi qui fit aussitôt construire le stupa pour les conserver. Un terrible tremblement de terre détruisit le stupa, sa forme définitive actuelle date de 1768. D’autres épreuves frappèrent à nouveau la pagode, un incendie en 1931, un autre tremblement de terre en 1970, le meurtre de plusieurs ministres coréens et de grandes manifestations de masse, la plus récente en 1988. Il me faut laisser de coté cet endroit magique et regagner “Polo guesthouse“. J’y retournerai sûrement avant de quitter le Myanmar après mon périple dans le nord. C’est mon dernier jour à Yangon, j’appelle une camionnette-taxi afin qu’elle me transporte au lac royal, le lac de Kanbawgyi, un très agréable lieu de promenade autour duquel se trouvent toutes les ambassades et les grands hôtels. L’hôtel Karaweik (en sanscrit: garuda, oiseau monture du dieu Vishnou du panthéon Hindou), est la reproduction d’une gigantesque barge royale s’avançant dans les eaux. Le soir au Karaweik on peut assister à des spectacles de danses traditionnelles. Je redescends au centre ville en traversant le « people’s park », le parc favori des amoureux, son entrée est payante. Et oui ! Se promener main dans la main n’a pas de prix. Je suis tout près de la gare ferroviaire et en profite pour obtenir des renseignements pour mes futurs déplacements. Il y a deux sortes de trains, les gouvernementaux aussi lents qu’inconfortables sans électricité et les “privés” qui possèdent des “ uppers classes” (classes supérieures) avec ventilateurs et sièges rembourrés de crin. Dans ceux-ci il y a l’électricité mais c’est un inconvénient car elle reste allumée toute la nuit et bonjour les moustiques! La solution des trains privés est un bon compromis si l’on a beaucoup de kilomètres à parcourir, si non il y a la solution d’aller de ville en ville avec les bus, même s’ils sont lents et inconfortables. En bus on traverse des paysages superbes et on croise la population locale. Pour prendre le bus il faut procéder par réservation au moins un jour avant le départ. Quelle chance ! Il reste quelques places pour demain pour me rendre à Bago.

Bago (ou Pegu).

Bago (anciennement Pegu) se trouve à 80 kilomètres de Yangon, deux heures et demi de trajet sont nécessaires pour s’y rendre. Bago est une escale obligée pour aller à Kyaik Ti Yo et Malawmyine. Je traverse un défilé de rizières et après cette platitude interminable j’aperçois au loin la silhouette d’un stupa géant et doré, c’est la pagode Kyaik Pun construite en 1476 par le roi Dhammazedi. La pagode consiste en quatre énormes Bouddhas en briques de vingt mètres de haut édifiés dos à dos regardant les quatre points cardinaux. Le monastère de Bago est l’un des plus grands du pays, ici les moines viennent y passer leurs examens. Pour y accéder je traverse un pont métallique et le marché. Il est 11 heures le moment intéressant du déjeuner, les bonzes sont rangés à la queue leu leu, ils attendent le gong et avancent en silence vers le réfectoire, ils se groupent par tables de six et déjeunent sans un mot. Le vénérable mange seul dans son coin. J’ai encore le temps d’aller voir le célèbre Bouddha couché de 55 mètres de long et 15 mètres de haut, il fut abandonné pendant cinq siècles et disparut sous la terre et la végétation dense de la jungle. Il fut retrouvé par hasard à la fin du XIX eme siècle par un ingénieur qui effectuait des sondages pour la construction du chemin de fer. Le regard tourné vers le sud il est en position de relaxation totale.

Kyaik Ti Yo.

Il faut que j’arrive à Kyaik Ti Yo avant la nuit, je grimpe donc dans une camionnette surchargée et après cinq heures de route elle me dépose au camp de base “Kinpun kamp”. Il est très tard, “Seasar guesthouse” est déjà fermée. Malheureusement c’est la seule guesthouse à Kinpun Kamp. Alors le chauffeur de la camionnette me propose un asile dans la grange d’une propriété sur des nattes d’osier. Heureusement que j’ai avec moi mon sac à viande pour me protéger des moustiques. Je n’ai pu dormir que trois heures, aussi je suis debout à cinq heures du matin. C’est la bonne heure pour assister au défilé des bonzes en file indienne du plus petit au plus grand en route pour faire l’aumône (seulement de la nourriture). Dés 6 heures, des centaines de birmans attendent le départ des premières camionnettes, il en part une toute les trente minutes. Je me place dans la file d’attente et avance centimètre par centimètre pour embarquer. Nous sommes une trentaine entassés dans la camionnette à ciel ouvert, assis sur des planches bancales. La route est longue et serpente pendant 30 kilomètres pour arriver à 1000 mètres d’altitude à Kyaik Ti Yo. Kyaik Ti Yo est le site du “rocher d’or”, il est très difficile d’accès mais tous les birmans s’y sont rendus au moins une fois dans leur vie. Il est une des “7 merveilles du monde birman”. Pour l’atteindre j’emprunte un long sentier en lacet sous 39°C. Une heure de marche lente avec de nombreux arrêts avant d’arriver sur l’esplanade du site. Je croise des gens merveilleux, hommes, femmes et enfants qui réalisent leur premier pèlerinage.   Très impressionnant ! Au fur et à mesure que j’avance je peux apprécier la masse de ce roc sphérique jaune or qui grossit de plus en plus. M’y voici, le “rocher d’or” comme son nom l’indique est un énorme rocher rond de six mètres de diamètre entièrement recouvert de feuilles d’or. Il se maintient en équilibre au bord d’un précipice à mille mètres et il est posé sur une base de un mètre carré. Pour les birmans c’est un des sites les plus sacrés du bouddhisme avec la pagode Shwedagon à Yangon. La légende dit  “.....que trois hommes suffiraient pour faire basculer le rocher sacré, mais il nepeut pas tomber car un cheveu ayant appartenu à Bouddha le maintiendrait et l’empêcherait de basculer......”  Les personnes âgées et les malades peuvent monter en palanquin de Kyaik Ti Yo jusqu’à l’esplanade du rocher. Le prix de la montée est fonction du poids du client à transporter. Les étrangers doivent s’acquitter d’un droit d’entrée de six dollars et de deux dollars supplémentaires pour pouvoir utiliser le caméscope. Il règne une atmosphère de piété profonde tout autour des boutiques à offrandes et des oratoires. Seuls les hommes peuvent prétendre à descendre auprès du roc pour le recouvrir de feuilles d’or, en contre partie ça leur donne des bons points pour leur prochaine vie et ils s’attirent ainsi l’indulgence et la gentillesse des nats (esprits). Les femmes restent en haut, elles passent leur temps à verser des timbales d’eau sur la tête des sept mini bouddhas symbolisant les jours de la semaine. Elles versent autant de timbales d’eau que le nombre d’années de leur vie. Il est grand temps de descendre et de me faire reconduire à Kinpun Kamp où j’ai réservé deux nuits à “Seasar guesthouse”. Je m’accorde une journée de repos pour flâner à Kinpun Kamp et demain je partirai pour Malawmyine encore plus au sud. Il fait extrêmement chaud, mais beaucoup de birmans préfèrent vivre ici plutôt qu’à l’ouest du pays où il fait actuellement 42°C. Je profite de cette journée relax pour faire du courrier et mettre à jour mes notes. En Birmanie il n’est pas facile de communiquer avec le reste du monde, les boutiques Internet ne sont pas nombreuses et bien souvent les messages sortants sont contrôlés et même interdits. Mais comme je ne communique pas en anglais vers la France, il est difficile pour un birman de déchiffrer notre bonne langue. Une autre solution consiste à communiquer depuis l’ordinateur privé d’un commerçant en utilisant son adresse électronique. Mes dernières nouvelles destinées à Yannis datent de mon arrivée à Yangon. Deux jours dans le coin c’est suffisant et déjà les villageois me connaissent. Ils connaissent tout de moi, ils savent où je loge, où je déjeune, où je vais, ce que je fais, où je dîne. Les commerçants de la seule rue principale de Kinpun Kamp m’interpellent à chaque fois que je passe et repasse. C’est sympa ! J’ai l’impression d’être une grande personnalité. Je suis persuadé que je me ferai beaucoup d’amis si je devais passer de nombreux jours ici. J’ai largement le temps d’aller me renseigner sur les départs de demain pour Malawmyine, d’aller dîner au restaurant Seasar, du même nom que ma guesthouse. Je préfère les nouilles sautées au poulet plutôt que les testicules de chevreau qui me sont proposées. J’ai maintenant besoin de repos et de bien dormir. A Seasar pas de problème car ce bâtiment possède une grande cour très calme et de plus je suis le seul client de l’établissement.

Malawmyine (ou Moulmein).

Malawmyine (ou Moulmein) est implantée dans un environnement exceptionnel, un des plus beau du Myanmar. Entourée de collines envahies par la végétation tropicale la ville s’étale le long d’un large fleuve venu du Tibet, le Salouen, qui se jette dans la mer d’Andaman. Malawmyine est la capitale de l’état Môn, elle n’est ouverte aux touristes que depuis 1948. Cette ville est une perle de l’orient, ici j’ai l’impression de remonter le temps. A mon arrivée je m’installe à “Breeze guesthouse” au bord de la rivière Salouen, un agréable hôtel à la façade peinte en blanc et bleu ciel. Il fait  chaud et ce n’est pas la grosse forme, aussi je n’ai pas le courage de sortir. J’en profite pour faire le point, écrire trois cartes postales et apprendre quelques mots courants de la langue birmane, les mots de tous les jours: bonjour c’est minglaba, merci c’est kyai zou tin ba, combien ça coûte c’est ba lau le......................... J’apprends aussi à compter jusqu’à cent. Au Myanmar les chiffres ont beaucoup d’importance. Il y a les chiffres porte-bonheur et les chiffres maléfiques. Le chiffre 9 par exemple est très bénéfique, il se prononce ko et ko veut dire “rechercher la protection des dieux”. Sur le plan du rituel religieux les offrandes se font par neuf, on dépose 9 cierges sur l’autel et non dix. Le chiffre 8 se prononce shi, il est reconnu dans le bouddhisme comme celui de l’équilibre cosmique (nombre de rayons de la roue de la loi bouddhique et de la rose des vents). Le 8 commence à devenir maléfique car la révolution populaire a eu lieu en 1988 et la répression s’est terminée par un bain de sang le 08/08/1988. Je vais profiter de cette séquence culturelle pour vous vendre quelques bons romans et récits de voyages au travers desquels vous pourrez vous plonger dans l’univers, l’histoire et la vie des birmans: “Une histoire birmane” de Georges Orwell,  “La vallée des rubis” de Joseph Kessel,  “La mort dans les yeux” de Pierre Dacourt,  “Terre d’or” de Norman Lewis,  “Les pagodes d’or” de Pierre Loti, “Railway bazar” de Paul Theroux,  “Un gentleman en Asie” de Somerset Maugham et “Mémoire de l’oubli” de Claude Shaulli, un très beau récit de voyage d’un amoureux du pays qu’il redécouvre après une longue absence. N’oubliez surtout pas “Demain la Birmanie” d’Aung San Suu Kyi. Je vous parlerai d’elle plus tard.  Il est temps de faire surface. Depuis l’embarcadère situé au nord de la ville j’embarque sur une pirogue pour aller sur la petite île du lavage des cheveux, “Shampoo Island”. Sur cette île les souverains avaient l’habitude de venir spécialement pour se laver les cheveux car l’eau tirée d’un puits est d’une extrême pureté. Les femmes considérées comme impures par le bouddhisme birman n’y ont pas accès. L’île se détacherait des flots sans reposer sur le fond. Pour l’instant elle n’a pas dérivée !  A mon arrivée je suis obligé de me déchausser pour poursuivre la visite pieds nus. L’îlot compte 70 stupas et un nombre important de statues dédiées à des divinités. Plus au nord de l’île il y a un superbe temple chinois qui abrite un bonhomme souriant et ventru. Ce dimanche soir je suis très fatigué et n’ai pas un gros appétit, je me rends cependant dans un petit restaurant sans prétention où la spécialité est le canard, au menu: braised duck, saltwater whole duck, crisp spiced duck, duck in brown sauce.... Il est 8 heures du matin, il fait déjà très chaud et je me suis levé du mauvais pied. Au programme de la journée j’ai prévu “l’île des géants“, île de Bilu Gyun où les habitants vivent dans une relative autarcie économique grâce à l’agriculture du riz, du tournesol et de l’hévéa. Du quartier Mupon je saute dans une pirogue à moteur pour me retrouver sur l’île vingt minutes plus tard. Je remonte lentement un canal boueux et évasé, je n’ai pas une grande forme mais il me faut traverser de nombreuses rizières pour parvenir au village de Ka-Hngaw, un village Môn où chacun cultive ses haricots et élève ses vaches et poulets pour assurer leur autosuffisance. Il y a cinq petits monastères pour mille moines et quelques familles Hindous. Les hommes blancs ne sont pas nombreux à mettre les pieds ici, grâce à un individu qui se prétend guide local et qui possède un vieux camion j’ai l’occasion d’aller visiter la fabrique d’ardoises scolaires et la fabrique d’élastiques en caoutchouc naturel. Douze personnes travaillent le latex provenant de l’hévéa à partir de grandes crêpes de caoutchouc naturel (le même caoutchouc qui sert à fabriquer les préservatifs et les pneus d’avion). L’atelier sent l’ammoniaque à en pleurer, je quitte donc les lieux rapidement. De retour sur la terre ferme je fonce sous la douche puis me rends près du marché, au “Peking” pour y manger chinois. Il est 20 heures je suis fondu, c’est déjà nuit noire et j’ai hâte de rentrer me coucher.

Win Sein.

Aujourd’hui je ne sais pas si je vais avoir la force de poursuivre mon programme tellement je suis hors de forces. Il n’est pas dans ma nature de rester enfermé et décide donc d’aller à Mudon, car je ne veux pas quitter Malawmyine sans aller voir la construction du plus gigantesque Bouddha couché du monde, le “Bouddha Win Sein”. En hauteur il atteint la taille d’un immeuble parisien et il mesure 200 mètres de long. Son œil unique en acier mesure sept mètres de diamètre. Ce chantier n’est pas totalement terminé, il durera encore des années. C’est au vénérable moine ascétique Bhaddanta Kesara que l’on doit cette œuvre qui défigure les belles montagnes environnantes.  Je ne prendrai pas le train pour Yangon aujourd’hui car je frise les 40 de fièvre. Je suis littéralement terrassé, si bien que le patron de la guesthouse m’embarque dans sa Toyota pour me conduire chez son copain sorcier. J’ai bien 39°5 de fièvre, le sorcier me remet un petit sachet en plastique rempli de poudre blanche que je dois diluer dans l’eau à raison de trois fois deux cuillères par jour. A peine arrivé à “Breeze guesthouse” j’avale mon premier verre et je remets ça quatre heures plus tard. Après cette over dose et trois douches froides ma fièvre commence à tomber. La poudre blanche a fait ses effets, il s'agit en réalité de paracétamol. Le personnel de la guesthouse me supplie de ne pas sortir et de ne pas manger jusqu’à demain matin. J’attends la tombée du jour au frais à la réception et me plonge dans un bouquin anglais concernant la cuisine birmane. La cuisine birmane est un mélange d’influences Bamar, Môn, Indienne et Chinoise. Le riz (htamin) est la base de tous les repas, il accompagne les plats au curry, le poisson, le poulet, les crevettes ou le mouton. Le bœuf et le porc sont rares, le bœuf dérange les Hindous et les Bouddhistes et le porc mécontente les musulmans et les esprits. Contrairement à l’Inde, les curry Bamars sont doux car il n’y a aucun piment dans leur préparation mais un masala de curcuma, gingembre, ail, sel, oignon et huile. Celui qui l’aime relevé utilise un condiment posé sur la table à base de tamarin et crevettes séchées, le tout broyé avec des piments très forts. Pour en savoir plus sur la cuisine birmane vous pouvez vous procurer cet ouvrage culinaire: “Cook and entertain the Burmese way”. Je cite: “....on entend dire parfois que les fromages et les plaisirs hermétiques qui en émanent, sont étrangement absents des cuisines d’Asie orientale. Pour faire du fromage il faut du lait et donc des troupeaux élevés avec amour; en revanche nos rivières qui s’épanouissent en immenses deltas et d’autres eaux, fourmillent de poissons de toutes sortes qui n’attendent que le filet du pêcheur. A côté des pêcheries, la longue côte birmane offre ses marais salants. De ce mariage résultent des nourritures au parfum délicieux.......” Un autre délice de la cuisine Bamar est le “Thouq”, une salade épicée à base de légumes ou de fruits crus mélangés à du jus de citron, d’oignons et de cacahuètes. La soupe aux lentilles “peh hin ye” est originaire d’Inde, on la sert rehaussée de navets, pommes de terre et d’okra. La soupe de nouilles est un mélange de nouilles au riz avec des morceaux de poulet trempé dans une sauce épicée à base de lait de coco. Pour terminer les repas les birmans mangent le “lahpeq thouq”, une salade de feuilles de thé vert humide mélangées à des graines de sésame, des petits pois frits, des crevettes séchées, de l’ail frit, des cacahuètes de la noix de coco et du gingembre pilé. A la maison, les birmans mangent assis sur des nattes de roseau autour d’une table ronde de trente centimètres de haut. Le repas est servi en une seule fois et l’on prend la nourriture avec les doigts. Au restaurant on dispose d’une fourchette et d’une cuillère. La fourchette se tient de la main gauche et l’on s’en sert pour pousser la nourriture dans la cuillère que l’on tient dans la main droite. On porte la nourriture à la bouche avec la cuillère. Les repas sont accompagnés de thé, de soda ou de bière. Il y a des marques internationales de bière: Tiger, Singha, San Miguel, et des marques nationales: la Mandalay proche des bières indiennes, la Myanmar, la Dagon et la Skol. La Mandalay strong a une teneur en alcool de 7°5. Et pour finir il y a le “toddy”, la boisson alcoolisée des paysans, issue du sommet du palmier au parfum de noisette et une succulente eau-de-vie d’orange.

Retour à Yangon.

Ça va nettement mieux, sur les coups de 10 heures me voilà à la gare ferroviaire où m’attend le train N° 82 “Down” qui me déposera à Yangon à 16 heures. A Yangon la gare n’est pas très loin de la pagode Sule à coté de laquelle se trouve “Okinawa guesthouse“, celle qui m’a été recommandée par Kriss, le gros anglais de Liverpool. C’est un petit hôtel de trois étages situé dans une rue très animée. Le fils du patron est un boute-en-train très serviable et qui a toujours une petite attention pour ses clients. Lors de tous mes passages à la réception il m’offre du thé et des fruits. Il me fournit de très bonnes informations pour mes déplacements futurs. Aujourd’hui j’ai le temps de flâner dans les coins de Yangon que je n’ai pas eu le temps d’aller explorer lors de mon premier passage. Sur les trottoirs je croise des gens au sourire sincère qui accomplissent les gestes de la vie quotidienne. Je m’arrête devant un étal à “bétel” ou kunya. Le bétel à chiquer se présente sous forme de petits morceaux de noix d’arec séchée, enveloppés dans une feuille de bétel avec de la chaux et parfois du tabac parfumé ou de la menthe. Cette préparation est destinée à être mâchée et conservée longuement dans la bouche sans cracher. La noix et la feuille viennent de deux plantes distinctes: le palmier arec et la vigne bétel. La noix contient un alcaloïde qui procure une sensation de bien-être et qui a pour effet de tuer les vers du tube digestif (les vétérinaires occidentaux s’en servaient comme vermifuge). La noix de bétel ne crée pas de dépendance mais teinte les dents en rouge sombre et l’on dit qu’elle serait cancérigène. Pour boucler ma journée je me rends au plus grand marché de Yangon, le “Theingyi Zei”, un marché typiquement local où je trouve toutes sortes d’objets usuels: tissus, bijoux, herbes médicinales. Le secteur aux serpents propose du sang et des abats de ce reptile. Le serpent local est le bungaré, un commerçant est juste en train d’en dépecer un qui servira à des fins médicinales. Le shampoing aux herbes birmanes à base de décoction d’écorce se vend en sachets aux femmes birmanes, il sert à rendre les cheveux doux.  Un court passage à “Okinawa” pour y croquer quelques fruits, y boire un thé et récupérer mes bagages. J’appelle alors un taxi pour qu’il m’emmène au terminal nord.

Mandalay.

Un court passage à “Okinawa” pour y croquer quelques fruits, y boire un thé et récupérer mes bagages. J’appelle alors un taxi pour qu’il m’emmène au terminal nord. Inutile d’essayer de m’endormir, je préfère attendre que la fatigue et que le sommeil me gagnent car il me faut résister à la conduite sauvage du conducteur. Ce bus est tout ce qu’il y a de plus inconfortable, les fauteuils sont très durs, le bruit des tôles est infernal, il fait très chaud, la télévision est nasillarde et déclenche toutes les minutes. Les arrêts sont fréquents et à trois heures du matin le sommeil me gagne, mais pas pour longtemps car nous pénétrons dans l’état Shan où l’armée nous arrête et nous demande de descendre du bus. Il s'agît d’un contrôle de papiers. Mon passeport est vérifié par quatre personnes différentes. Mon nom, mon prénom et le numéro de mon visa sont copiés sur une feuille volante qui à son tour est recopiée sur un grand registre. Le Myanmar n’est autre qu’une juxtaposition de petits états seigneuriaux. Le gouvernement semble ne pouvoir concevoir qu’une personne puisse avoir l’envie de visiter le Myanmar. Bon ! Pas de problème pour ce qui me concerne. La démarche a été longue, nous redémarrons et après quinze heures de route depuis Yangon voici enfin Mandalay. Somerset Maugham disait: “....l’intonation descendante de ce nom charmant s’est enrichi du clair obscur de la poésie”. Avec ses 150 monastères et ses 70 000 moines la “cité d’or” est la ville symbole de la foi bouddhique. C’est aussi la ville aux cinq “P” (Parcs, Pagodes, Prostituées, Parias, Prêtres), je pense qu’il faut y rajouter un sixième P, celui de Paranoïa, car la présence de la police secrète surveille constamment les leaders de l’opposition birmane, et l’ambiance ici n’est pas à la décontraction. Mandalay est une ville étape, c’est surtout ses environs avec des sites fascinants qui m’y ont attiré. A Mandalay il fait très chaud, la ville est poussiéreuse et l’air y est irrespirable. Les quartiers de la ville sont alimentés en électricité à tour de rôle, heureusement qu’au “Royal Hôtel” il y a un groupe électrogène. A peine arrivé au Royal, qui vois-je sur la terrasse ?  Kriss l’anglais de Liverpool, il vient juste de retourner de Kalaw. Avant de me faire affecter une chambre nous avalons quelques sodas. L’hôtel est superbe et bien tenu mais les chambres sont minuscules. Kriss me raconte qu’il a eut du mal à trouver un lit suffisamment grand et solide capable de supporter son poids et sa stature. Une fois installé je décide d’aller découvrir l’environnement dans lequel je me trouve en louant un vélo. Kriss ne peut venir avec moi car il ne peut pas utiliser ces fragiles vélos de location. Nous nous donnons rendez-vous pour ce soir et resterons à dîner dans le quartier. Me voici dans Mandalay où je pars m’enquérir des bonnes adresses: post office, Internet shop, bus station, et découvrir l’âme du coin. Mandalay doit son nom à la colline qui culmine à 236 mètres. C’est la deuxième ville du pays avec ses 700 000 habitants. La présence chinoise est forte à Mandalay, ville considérée comme repaire de la prostitution et de l’héroïne. La zone d’attraction de cette ville se situe près du palais royal et sur les rives de l’Irrawady. Les rues de Mandalay ne portent pas de noms mais des numéros. Par exemple, une adresse indiquée 66 th (26/27) signifie que l’endroit se trouve dans la 66 ème artère et entre la 26 ème et la 27 ème rue qui la croise. J’ai le temps de pédaler jusqu’à la pagode Paya Mahamuni à trois kilomètres de la ville. C’est la pagode “du grand sage”, elle fut construite en 1784 par le roi Bodawpaya. Le Bouddha qui l’habite a été recouvert de quinze centimètres d’épaisseur de feuilles d’or par les fervents bouddhistes. Tous les matins une équipe de moines lave le visage du Mahamuni et lui brosse les dents. Retour au centre ville, j’ai eu du mal pour retrouver le “Royal hôtel”. Kriss est déjà là en train de siroter une bière, je lui demande de m’attendre quelques minutes avant de partir dîner. Notre choix se porte sur le restaurant Aye Myit au 81 th (36/37), la salle de ce restaurant populaire est bondée, les ventilos brassent l’air chaud, nous montons au premier étage climatisé et consultons la carte dépourvue de prix. J’opte pour des cailles au Curry rouge et de gros haricots, Kriss préfère la cervelle de mouton. Demain matin nous partirons ensemble visiter la forteresse, l’après midi nous poursuivrons sur Amarapura et assisterons à une soirée spectacle divertissante appelée “Pwe” au théâtre des “Moustache Brothers”.

Par cette chaude matinée du 6 mai nous voilà partis pour une longue découverte. Nous allons à pied jusqu’à la forteresse et moyennant cinq dollars nous franchissons des murailles de briques crénelées hautes de huit mètres et épaisses de trois mètres. Chacun des cotés de la forteresse mesure deux kilomètres. Les douves qui entourent la forteresse atteignent 70 mètres de large et trois mètres de profondeur. L’intérieur renferme le palais royal et une tour de 33 mètres de haut qui surplombe la ville. Avant de nous rendre à la station de taxis nous allons visiter la fabrique de feuilles d’or au quartier Myetpaya. Ce sont ces fameuses feuilles d’or déposées sur les temples, stupas et Bouddhas par les fidèles, qui sont fabriquées ici. Le procédé de fabrication est particulièrement archaïque, toute la journée sur une planche trois hommes battent en cadence avec une masse des feuilles d’or épaisses séparées les unes des autres par un papier de bambou très résistant. Le tout est solidement ficelé, et sous les coups de masse répétés, les feuilles d’or augmentent de surface. Elles sont découpées et l’opération recommence plusieurs fois  jusqu’à ce que ces feuilles d’or deviennent plus fines que du papier à cigarettes (1/1000 ème de millimètre). Elles sont ensuite découpées en petits carrés par de jeunes filles qui s’enduisent les mains de poudre de marbre pour que l’or ne reste pas collé à leur peau. Elles travaillent 12 heures par jour.

Amarapura et le pont de U-Bein.

Voici un Taxi ! Une mini-camionnette bleue ciel plus petite qu’une Twingo. Kriss trop volumineux ne peut s’installer sur le plateau arrière, il est obligé de passer devant, et même à l’avant ce n’est pas évident pour le faire rentrer. Amarapura se trouve à quinze kilomètres à l’est de Mandalay, c’est “la capitale immortelle” au milieu de laquelle niche le charmant et magique lac de Taungthaman. Le superbe pont romantique d’U-Bein qui franchit le lac fut construit par le maire d’Ava en 1849 en récupérant tout le bois du palais d’Ava alors abandonné. Le pont sert de lien entre la ville et la campagne pendant la période des moussons. Nous grimpons sur le pont et atteignons l’autre rive après 1,2 kilomètre de marche sur des planches assemblées et soutenues par 1800 pilotis. Nous croisons des hommes, des femmes et des enfants surchargés de fardeaux qui retournent des champs et des vieillards qui poussent le vélo. Une petite birmane d’une douzaine d’années m’accoste pour tenter de me vendre un collier qu’elle a confectionné elle-même. “... bonjour mosieur, vous acheté moi un bracelet un collier. Vous êtes sur U-Bein pont long un kilomètre et a 1800 piliers en bois. Vous donne moi un dollar et vous avoir bonne chance...”.  Nous faisons un bout de chemin ensemble et arrivé au bout du pont, la gamine m’indique qu’il est possible de traverser le lac en barque. Elle m’emmène chez son papa qui en possède une et qui assure les traversées pour un dollar. Impossible pour Kriss de monter dans la barque par risque de couler. Il traverse le pont à pied en sens inverse. Le batelier m’embarque et s’approche au plus près des pilotis et me fait longer le pont de bois par dessous. Arrivés sur la rive opposée nous invitons le batelier et sa gamine à prendre un rafraîchissement et bien entendu j’achète un bracelet de perles ou plutôt de pierres verdâtres. Dans beaucoup de maisons d’Amarapura il y a des métiers à tisser qui permettent de confectionner des longyis (pièce d’étoffe à carreaux portée par les hommes, sorte de jupe qui enveloppe la taille). 90 % des hommes portent le longyi, un vêtement idéal pour le climat. La moitié inférieure peut se relever entre les jambes et se rabattre dans le dos jusqu’à la ceinture pour former un “short” permettant de nager ou de courir. Le longyi est plus qu’un vêtement, il peut se transformer en sac en bandoulière, en drap, en nappe de pique-nique, en berceau. Il peut aussi servir de lien pour grimper aux cocotiers et aux palmiers, il sert aussi de rideau de fortune pour se protéger du soleil qui chauffe à travers les vitres des bus. Avant de regagner Mandalay il nous reste un peu de temps pour aller à la pagode Kyauktagyi. Elle est superbe ! Ses fresques sont ravissantes, elles évoquent, les scènes de vie locale au bord du fleuve et le calendrier astronomique. Le taxi nous arrête à quatre kilomètres de Mandalay, nous entrons dans la cour d’une véritable caverne d’Ali Baba dans laquelle nous trouvons tous les styles de réalisations artisanale du Myanmar. Les spécialités sont: l’argent, le bois, la pierre, les marionnettes, le jade et les célèbres kalaga (tapisseries brodées). Norman Lewis pensait: “....la religion n’est pas la seule cause de pauvreté dans la création artistique. Pour moi, l’art en Birmanie a également été asservi par la magie. Dans ce pays le contenu philosophique de la religion ne s’est pas libéré des entraves de la superstition. Ce sont elles qui ont bloqué l’énergie créatrice de ce peuple....”

 Les Moustache Brothers.

Ce soir nous partons dîner près du théâtre des « Moustache Brothers ». Le monstrueux Kriss commande six sodas et un plat garni de deux rations. Les birmans qui mangent à nos cotés sont suffoqués par son appétit, ils pensent certainement que c’est normal car il faut trois birman pour égaler le poids de Kriss. Au théâtre des “Moustache Brothers “ Les Pwe “ sont des sortes d’opéras populaires où se mêlent la comédie, la danse, le mélodrame et la musique. Ce spectacle comique est varié, il s’adresse à toutes les générations et aussi aux touristes. Il est facile de comprendre de quoi il est question car les gags gestuels se passent de traduction. Les comédiens du Pwe introduisent de subtils commentaires politiques dans leurs répliques. U-Par-Par-Lay l’un des comédiens parmi les plus célèbres du pays appartient à la troupe des « “Moustache Brothers ». Il fut arrêté pour s’être laissé aller à épiloguer sur les chapeaux des paysans. Ce dernier disait: “Mon chapeau est si large qu’il protège ma tête du soleil et de la pluie” et il répliquait du tac au tac “ Le mien est si grand qu’il protège le Myanmar tout entier” en faisant référence au chapeau orné d’étoiles symbolisant la N.L.D (National League for Democraty), avant l’arrestation d’Aung San Suu Kyi en 1989. Cette réplique lui valut six mois de prison ferme. Avec treize autres comédiens de la troupe il fut à nouveau arrêté en 1996 à la suite d’une représentation donnée le jour anniversaire de l’indépendance aux abords de la résidence d’Aung San Suu Kyi au cours de laquelle les artistes tournèrent en dérision les généraux aux commandes du pays. U-Par-Par-Lay fut condamné à sept ans de travaux forcés loin de sa famille. Il a été libéré en 2001 mais interdit de se produire hors de son domicile. La troupe s’est donc produite devant les touristes en prétextant qu’il s’agissait d’une simple démonstration. Depuis cette provocation les autorités laissent les “Moustache Brothers” en paix mais leur interdisent toujours de jouer en hors de chez eux. Nous sommes devant la porte de la maison des “Moustache Brothers” et attendons l’ouverture. Il faut au moins quatre spectateurs pour que les frères se produisent. Les minutes passent et aucun client n’arrive. Nous proposons donc de payer quatre places. C’est OK !  Il nous reste maintenant à attendre la mise en place du décor et que les vedettes enfilent les déguisements. A l’extérieur un “Brother” mâche du bétel et une de leur fille vient nous tenir compagnie, elle prépare du Tanaka, le produit de beauté par excellence des birmanes. Dans tout le pays les femmes et les enfants ont les joues recouvertes de cette crème de couleur sable obtenue à partir d’une bûchette qu’elles frottent sur un mortier de pierre. La pulpe de l’arbre additionnée d’eau donne une crème qu’elles enduisent sur leur visage. La fille des Brothers trempe ses doigts dans la crème et me recouvre le visage et les avant bras de Tanaka. Outre l’effet de beauté le Tanaka protège du soleil, de la transpiration et joue le rôle d’antiseptique. Après trente minutes d’attente la porte s’ouvre, le rideau est tiré, nous voici dans une pièce de près de cent mètres carrés. Les murs sont couverts de marionnettes, de coupures de journaux et de portraits d’Aung San Suu Kyi. Le spectacle dure une heure et demi et j’ai vite compris que la troupe continue à faire un bras d’honneur à leur régime et qu’ils continuent à mener la lutte qu’a menée Aung San Suu Kyi. Nous avons passé un bon moment et nous avons appris beaucoup de choses sur ce merveilleux pays dirigé par une poignée de fachos. Nous finissons devant le pot de l’amitié franco-birmane, un verre de vin de palme local accompagné de pistaches, de cacahuètes et de petits poissons frits. En regagnant le “Royal” nous croisons de nombreuses prostituées. Nous allons boire un dernier verre, discutons et décidons de continuer ensemble le reste de notre voyage au Myanmar. Kriss tout comme moi n’est pas encore passé par le lac Inle.

Aung San Suu Kyi.

Aujourd’hui repos, j’en profite pour envoyer de mes nouvelles en France, mettre un peu d’ordre dans mon road book et pour en savoir plus sur Aung San Suu Kyi. Née en 1945, fille du père de l’indépendance du pays Suu Kyi vécut longtemps à l’étranger. Sa mère fut ambassadrice en Inde et eut un certain Rajiv Gandhi comme camarade de classe. Étudiante à Oxford, Suu Kyi rencontre son mari, un tibétologue anglais dont elle eut deux enfants. En 1988 elle rentre en Birmanie pour y soigner sa mère et devient secrétaire de la ligue nationale pour la démocratie et se trouve à la tête de la contestation au régime. Un peu plus tard elle est arrêtée et assignée à résidence. Entre temps son parti remporte les élections de 1990 avec plus de 80% des voix. Pour contrecarrer son activité politique le pouvoir s’appuie sur une loi bidon de 1947. Lauréate du prix Nobel de la paix en 1991 elle devient le symbole et le ralliement de toutes les oppositions au régime. Le régime l’isole, la prive de tout contact avec son mari et ses enfants dans le but de la contraindre à s’exiler. Rien n’entame sa détermination, elle poursuit sa stratégie de non-violence et de refus d’affrontement avec le régime, ce qui renforce le prestige dont elle jouit dans son pays mais aussi aux quatre coins de la planète. Les généraux se voient obligés de la libérer en juillet 1995. Libérée, elle reprend la tête du N.L.D avec deux vieux compagnons de lutte, si bien qu’elle se retrouve surveillée de près et interdite de meetings. Elle trouve un moyen original pour communiquer tous les samedis et dimanches depuis le portail de son domicile au 54 route de l’université. Là il y a entre 1000 et 3000 personnes à chaque fois. Le jeu du chat et de la souris continue mais ses manœuvres sont très étroites. Son parti a été décimé par la police politique et de nombreux activistes sont mis en prison. Les généraux qui voulaient la contraindre à des négociations se trouvèrent devant un refus catégorique de sa part car elle exige toujours le respect intégral du résultat des élections de 1990. Vaclaw Hovel préface son ouvrage “ Se libérer de la peur ” de la phrase suivante: “  Elle a refusé l’exil qu’on lui proposait pour racheter son silence. Assignée à résidence elle a choisi la vérité. Elle est donc le plus admirable symbole de ce pouvoir que possèdent même ceux qui semblent n’en avoir aucun. Les pressions extérieures semblent avoir fonctionnées, les discussions entre la N.L.D et la junte ont été suivies en mai 2002 par la libération de Suu  Kyi et des membres de son parti. Suu Kyi reste cependant prudente sur l’avenir du Myanmar dont elle décrit la nouvelle situation comme un difficile numéro d’équilibrisme. On peut alors espérer le début d’une période de dialogue. Seul le temps nous dira si la glace sera rompue entre la N.L.D et le régime ?

Pyin-U-Lwin (ou Maymyo).

Départ pour Pyin-U-Lwin (ou Maymyo), située à 1070 mètres d’altitude. Cette petite ville qui abrite près de 5000 népalais et 10 000 indiens doit sa réputation aux pulls tricotés à la main par les femmes. Nous accédons à Pyin-U-Lwin par une charmante route et traversons la plaine cahin-caha avant de nous engager sur les hauteurs par une route sinueuse. Les arrêts sont fréquents car il faut remplir d’eau le radiateur du bus. A mi-chemin nous nous arrêtons à un point de vue qui nous permet de découvrir de somptueux paysages. Le long de la route les villageois vendent d’énormes cubes de bois qui permettent d’immobiliser les bus et les camions stationnés en pente raide. Pour circuler dans Pyin-U-Lwin c’est un moment de plaisir avec un moyen de transport peu habituel, de minuscules voitures fermées tirées par des poneys. Situées en zone tempérée les cultures de légumes et de fleurs sont abondantes: fraises, glaïeuls, roses, dahlias, mûriers, café. Notre passage ici n’est pas pour visiter la ville qui est très ordinaire mais pour ses environs qui offrent des sites naturels attrayants, des grottes, des cascades et de petits villages Shan. Nous nous dirigeons vers les cascades d’Anisakan à huit kilomètres de la ville pour y pique-niquer. A partir du village de Anisakan nous entamons une marche de 600 mètres jusqu’à la voie ferrée, là, une piste de terre battue nous emmène au parking du site. Nous abordons la longue descente de 45 minutes à travers une belle gorge. Nous ne regrettons pas nos efforts car la cascade est spectaculaire. Elle compte cinq chutes successives admirables, surtout la troisième. La remontée au parking éprouve nos muscles et nous attendons plus d’une heure pour qu’une camionnette vienne nous chercher. Arrivé au “Golden Dream Hôtel” nous nous installons dans la courette avec nos guides respectifs pour organiser notre descente sur Bagan. Après maintes discussions nous optons pour la solution fluviale. Nous prendrons le slow boat et descendrons l’Irrawady. Le bateau doit normalement lever l’ancre demain à 5 h 30 du matin, nous estimons arriver à Bagan vers 19 h 30. Heureusement que le trajet en slow boat est plus rapide en descente qu’à contre courant.

Le fleuve Irrawady.

L’Irrawady  “fleuve éléphant” est le fleuve nourricier du Myanmar et l’artère vitale du pays. Long de 2700 kilomètres il prend sa source au Tibet dans l’Himalaya et traverse le pays du nord au sud pour se jeter dans le golfe du Bengale, il est navigable sur plus de 1600 kilomètres. Nous partons depuis la jetée de Gawwein. Le slow boat n’est pas très confortable mais l’ambiance à bord est sympathique et familiale. Nous sommes les deux seuls européens à bord et allons cohabiter pendant 14 heures. Il y a un réchaud à bord où les passagers peuvent faire leur petite cuisine. En cette saison il n’y a pas beaucoup d’eau dans l’Irrawady, c’est la troisième fois que le bateau échoue sur un banc de sable, la manœuvre est longue pour arriver à le désensabler. Chaque fois que nous accostons aux abords d’un village les passagers mettent les pieds à terre durant 15 à 20 minutes, ils descendent en équilibre sur des poutres de bois car le bateau ne peut pas s’approcher du rivage. Les enfants, eux n’utilisent pas les poutres, ils se jettent par dessus bord et regagnent le rivage à la nage. Chacun va faire de rapides emplettes et au moment où la cloche tinte c’est la ruée pour remonter à bord. A bord nous sympathisons avec tous les passagers qui ne somnolent pas, chacun d’eux nous offre à manger et pour passer le temps nous jouons avec les enfants. A Pakokku le bateau marque un très long arrêt, de nombreux passagers descendent et débarquent des tonnes de marchandises: fruits, légumes, sacs de riz, mobilier, tandis que d’autres embarquent les mêmes produits et des ustensiles de cuisine, des fagots et des cartons immenses. Ceux-ci se rendent à Bagan pour participer au grand marché. La nuit commence à tomber, le soleil est très bas, les couleurs sont féeriques, le ciel est rougeâtre et le fleuve orangé. Tout le monde appuyé à la rambarde est ébloui par ce sublime décor. Au loin les premières lumières de Bagan sont perceptibles, tout le monde rassemble ses bagages. Bientôt nous serons à quai. Le port fluvial se situe en contre bas de Bagan, pour monter sur la ville nouvelle qui se nomme Nyaung-U, des chauffeurs de motocyclettes s’arrachent les passagers. Kriss est obligé de monter à pied car personne ne prend le risque de le véhiculer. Je me charge donc de son sac et nous nous donnons rendez vous au sommet. Il faut maintenant trouver un logement car il est déjà 20 heures. A cette heure il fait encore de 34 à 36°C, beaucoup de birmans nous l’avaient dit “ Bagan et ses environs est la région la plus chaude du pays. Nous nous renseignons pour passer la nuit à “Inn Wa“, une gentille guesthouse bien tenue qui dispose de chambres climatisées, et nous n’allons pas chercher ailleurs car nous tombons de sommeil.

Bagan (ou Pagan).

Bagan est je pense le plus fabuleux site archéologique au monde après celui d’Angkor au Cambodge, il fait parti du patrimoine universel de l’humanité. A Bagan s’élèvent 2200 pagodes éparpillées dans un horizon immense (40 km2). A l’issue d’un copieux petit déjeuner nous devons nous rendre dans Old Bagan. Le seul moyen de déplacement et le plus rapide est la calèche, de plus le cavalier nous sert de guide. Kriss a beaucoup de mal à se hisser sur le marche pied de la calèche, une fois à bord il est obligé de voyager allongé car le pare soleil est très bas. Le cheval s’est tout de suite rendu compte qu’il va avoir une rude journée. Ici les couleurs changent à toute heure de la journée, à l’entrée de Old Bagan est installé un péage où nous nous acquittons respectivement de dix dollars. En échange nous obtenons un “pass” valable pour tout notre séjour ici. Depuis le début de notre ère, 55 rois régnèrent à Bagan, mais c’est à partir du III ème av JC que la région connut la civilisation Pyu de l’Irrawady puis la civilisation Môn de Thaton. Depuis tout ce temps l’architecture est un mélange d’arts d’influence: Chine, Ceylan, Inde, Birman, Mongol et Khmer. Le roi Anawratha, 42 ème monarque fut le véritable unificateur du royaume birman (1044-1077). La richesse du royaume birman intéressait l’empereur Qubilai Khan (petit fils de Gengis Khan) qui prit la ville en 1287 et la préserva. Les dégradations des vestiges proviennent des intempéries et des catastrophes naturelles: tremblements de terre, débordement de l’Irrawaddy. Ces calamités ravagèrent et détruisirent un tiers des temples. Le dernier tremblement de terre date de 1975, les principaux monuments furent bien restaurés notamment grâce à un programme de l’UNESCO. Fin mai 1990 l’ordre fut donné à tous les habitants de déménager du vieux Bagan. La population a été déplacée dans les villages environnants. Fabuleux ! Un véritable enchantement ! Chaque temple, chaque pagode possède sa propre originalité, et sa couleur particulière. Nous nous approchons du plus imposant temple, celui d’Ananda, ce modèle de temple-caverne a été construit en souvenir aux montagnes légendaires de l’Himalaya, il a la forme d’une croix grecque et s’élève à 56 mètres du sol, le cube central sur lequel il repose mesure 53 mètres de côté. Il est couronné d’un stupa en forme d’ombrelle. Les terrasses sont décorées de 550 carreaux vernissés illustrant des scènes de Jataka (récits des vies passées de Bouddha). D’énormes portes sculptées en teck séparent les salles intérieures. Une statue représentant un dieu tient entre le pouce et le majeur une boulette qui symbolise Bouddha offrant le Dhamma (enseignement bouddhique) comme un remède pour soulager la souffrance. Le temple d’Ananda est le plus vénéré de Bagan, des milliers de personnes viennent y méditer. Au cours de la célébration du grand Paya Pwe des milliers de moines viennent chanter pendant trois jours et trois nuits sans interruption. Nous partons en croisade de pagode en pagode, de temple en temple, de sanctuaire en sanctuaire et nous nous arrêtons au Patho Thatyyinnyu, le temple le plus élevé de Bagan, appelé  “temple de l’omniscience”, puis au Kyaung Nathlaung un temple hindou dédié au dieu Vishnou, au Pahto Gawdawpalin le plus endommagé lors du séisme de 1975, au Paya Mahabodi une réplique du temple Bodhgaya en Inde qui commémore l’emplacement où Bouddha atteignit l’illumination, et au Shinbin Thalyaung qui contient un Bouddha couché de dix huit mètres de long. Nous approchons maintenant du fleuve, je commence à en avoir assez de tous ces édifices. Après le Mingalazedi sur la terrasse duquel nous dominons la vieille ville, nous décidons de changer d’atmosphère et allons à Zhezigon. Il fait une chaleur torride, plus de 40°C, nous sommes harassés, par chance aux abords du Zedi central se trouvent des Zayats (lieux de repos). A l’intérieur la température est plus supportable, je m’allonge sur une natte d’osier et tombe dans un profond sommeil. Trois quart d’heure après je fais surface, je transpire, il fait encore trop chaud pour mettre le nez dehors. Sous la voûte d’accès au Zedi j’observe une jeune femme qui confectionne les cigares birmans, elle a un plateau tressé sur les genoux avec un petit stock de feuilles de tabac, de filtres fabriqués avec des palmes de bananiers et une sorte de glue. Je suis en admiration devant sa dextérité, elle doit réaliser une dizaine de cigares à la minute. Je tente d’en fabriquer un moi même mais c’est catastrophique.

Les cigares birmans s’appellent “Cheerot”, il s’agît d’énormes cigares contenant un mélange de feuilles de tabac blond broyé adouci avec de la sève de tamarin et des copeaux de bois afin que la fumée soit moins âcre et que le cigare se consume plus lentement. Roulés en forme de cône ils comportent à leur extrémité un filtre en corne enveloppé dans du papier journal. Taunggyi est la capitale du cigare birman, une usine emploie près d’une centaine de femmes, chacune roulant à la main quelques 1000 Cheerots par jour. Ces Cheerots sont bagués à la colle, ils sont vendus en bottes de 50 pièces, pour trois dollars. Avant de rejoindre Nyaung-U, nous allons lécher les étalages des boutiques à touristes. Kriss souhaite s’acheter un T-shirt, il trouve un triple XL, demande de l’essayer mais a du mal à l’enfiler. Chose faite, au moment de le rendre il n’arrive plus à le retirer car il est trop serré et colle à sa peau. Je lui donne un coup de main, mais catastrophe le T-shirt s’ouvre en deux. Kriss en est quitte pour en payer deux. Je ne crois pas qu’il trouvera T-shirt à sa taille dans tout le Myanmar. La calèche n’a plus que deux kilomètres à parcourir jusqu’à “Inn Wa guesthouse”, nous nous séparons et nous donnons rendez-vous pour 19 heures afin aller dîner. Nous choisissons les bords de l’Irrawady, le River View restaurant. Nous nous installons sur une terrasse en bambous et mangeons à la carte. Je choisis le steamed duck with mushrooms (canard à la vapeur aux champignons), Kriss prend un steamed whole fish with condiments (un gros poisson cuit à la vapeur avec de petits légumes dessus). Pour bien finir le repas et favoriser la digestion nous demandons un alcool de fleurs de fabrication maison. Demain quartier libre pour chacun. Je louerai un vélo pour aller parcourir la campagne et découvrir les villages environnants. Kriss qui ne peut monter à vélo restera à Nyaung-U.

Mercredi 11 mai, il fait déjà très chaud ce matin à 8 heures, je choisi un des meilleurs vélos et c’est parti pour une rude journée d’escapade à la campagne. L’éclairage est magnifique loin de la cohue de Nyaung-U. Ma balade est pleine d’intérêts car les paysages et les habitations sont bruts de forme, les troupeaux de chèvres et de poules se déplacent autour des templions. J’accède à Minnanthu par une piste sablonneuse si bien que je passe plus de temps à pousser le vélo qu’à pédaler. Merde ! Je viens de crever, heureusement que je ne suis plus qu’à deux ou trois kilomètres du village.  Me voici devant le portique en bambous et en palmes de cocotiers, qui signale l’accès à Minnanthu. Je contourne le temple blanc de Lemyethna. Il y a comme un parfum d’Afrique ! Dans la première paillote à gauche en rentrant il y a du monde, je montre mon vélo et aussitôt tout le monde accourt pour me venir en aide. Dans cette grande ferme se trouve un buffle qui tourne en rond attelé à un madrier relié à une roue crantée, je suis au moulin à huile de sésame. Sur la terrasse d’une maison de planches sur pilotis, une vieille dame confectionne un Cheerot pour sa consommation personnelle, elle en fait un autre qu’elle m’offre, il est immense, il doit mesurer 25 centimètres. Tout en fumant le Cheerot je contemple une dame qui travaille sur un rudimentaire métier à tisser. La réparation n’est pas terminée, j’ai largement le temps d’aller faire un tour dans le village. Les maisonnettes de bois ou de bambous sont séparées les unes des autres par des haies de cactus, je croise une jeune dame chargée de seaux d’eau et la suis jusque chez elle. Elle se retourne et m’invite à pénétrer pour m’offrir un rafraîchissement. Dans la pièce unique de sa cabane une gamine d’une dizaine d’années berce sa petite sœur dans un hamac tendu entre une table et un pilier. La maman va chercher un bocal dans lequel il y a des palm tree sugar (des bonbons birmans) qui ressemblent à de gros chewing-gum de couleur terreuse déjà mâchés. Ils sont très bons mais hyper sucrés et donnent soif. Ils sont faits à partir de la sève de palmier bouillie. La gamine m’accompagne récupérer mon vélo qui vient juste d’être prêt. La prestation étant gratuite, je donne deux dollars à la mémé qui m’a offert le Cheerot et deux dollars au jeune qui m’a réparé la crevaison. C’est reparti, je longe une fabrique de roues de carrioles et de chars à bœufs. La rustine n’a pas tenue mais je suis proche de la civilisation et trouve un semblant de mécano à qui je confie le vélo. Le temps de boire un coca bien frais je récupère mon véhicule et m’en vais à la fabrique de laques. La laque qui enduit les objets est de la sève, l’ouvrier entaille l’écorce et recueille la sève, elle est ensuite appliquée sur l’objet à laquer qui est déposé une semaine ou deux en cave pour sécher lentement. Après séchage parfait l’objet est poncé et poli avec une pierre abrasive. L’objet est à nouveau enduit de sève mélangée avec des cendres d’os de buffles et il faut attendre une nouvelle semaine pour le deuxième séchage. Les motifs décoratifs sont copiés dans les temples et gravés au stylet. La peinture est aux piments naturels, il faut appliquer une couche de sève d’acacia mélangée à des cendres de bois pétrifié. Voilà pourquoi certains objets demandent huit mois entre la confection et le dernier séchage. Certains objets sont de véritables pièces d’art gravées à la feuille d’or avec sept épaisseurs de laque. De grosses pièces ont été réalisées en quinze mois. Kriss m’attend car nous devons aller dîner dans le vieux Bagan au Nay Chi Oo, ce soir il y a une représentation de danses locales et de musiques. A notre arrivée le fils du patron nous accueille en jouant de la trompette. Il n’y a pas de carte et passons quinze minutes avec le patron pour y voir plus clair sur les plats qu’il propose. C’est fou le nombre de compositions culinaires dont il dispose: viandes diverses grillées ou en sauces, poissons, légumes à volonté, soupes, curies, pâtes ou riz, barbecues, fondue birmane..........Le choix fut difficile mais pas de regret nous sommes arrivés à notre faim. Demain il faudra que nous nous organisions pour traverser le Myanmar d’ouest en est. Douze heures de bus inconfortable pour aller à Nyaungshwe, la plus grande bourgade proche du spectaculaire site du lac Inle. Mais avant nous ferons une halte à Popa village et à Pindaya.

Le mont Popa.

Nous sommes aujourd'hui à 50 kilomètres à l’est de Bagan à Popa village et allons faire l’ascension du mont. Le mont culmine à 1520 mètres et tout à côté de lui le mont Taungkalat à 740 mètres n’est rien de plus qu’un ancien volcan éteint depuis 250 000 ans, il est la “montagne sacrée” du peuple birman, un lieu de pèlerinage depuis la nuit des temps. Les pèlerins viennent ici pour honorer les Nats (les esprits). Jusqu’au XI ème siècle les rois ne manquaient jamais de leur rendre visite avant d’entamer leur règne. Le mont Popa est toujours considéré comme le plus important lieu de concentration des esprits du pays. Sur la cheminée de lave sont construits des monastères et des sanctuaires qui me font penser aux monastères de Thessalie en Grèce. Pour atteindre le sommet nous gravissons 720 marches en faisant une halte au palais des esprits. Les esprits sont rassemblés dans le sanctuaire où les protège leur mère Mae Wunna patronne de la pharmacopée. Des centaines de singes nous gênent dans notre ascension, et nous accompagnent tout en haut où nous devons grimper à une échelle métallique verticale pour jouir d’un panorama magnifique. Popa vient d’un ancien mot sanscrit signifiant “fleur”, car ici c’est le berceau des plantes médicinales. Sur cet olympe birman séjournent 37 esprits du panthéon birman. Il est mal vu de porter des vêtements rouges ou noirs, de jurer et médire autrui, cela offense les esprits qui pourraient jeter un mauvais sort. Nous pénétrons maintenant dans l’état Shan, il couvre le quart de la superficie du Myanmar et est très montagneux. La région ne se prête guère à la culture de plaine comme le riz. La plante la mieux adaptée ici est le papaver somniferum (pavot à opium) qui constitue la principale source de revenus de l’état. Le pavot prolifère dans le nord et le sud-est, des endroits privilégiés pour les rebelles et les seigneurs de l’opium. Le gouvernement a donc interdit l’accès à ces zones. Le Myanmar est un “narco état”, c’est le premier producteur mondial d’opium (200 tonnes par an). Le roi de l’opium, Khun Sa, court toujours, il se contentait de prélever 30 à 40% sur ce commerce. En échange les trafiquants agissaient sous la protection de son armée de 7000 bonhommes. L’opium est transformé en héroïne dans des laboratoires secrets de Thaïlande. Aujourd’hui le commerce de la drogue a augmenté depuis que la junte est au pouvoir et les intermédiaires se sont multipliés. L’héroïne est un dérivé de la morphine (elle même dérivé de l’opium). La synthèse a été réalisée en 1898 par un chimiste allemand, elle était utilisée comme analgésique pour les cas de tuberculose. La “Schnouff” ne possède aucune vertu hallucinogène, elle procure un vertige brutal et violent (je vous rassure, je n’ai pas essayé ! j’ai relevé cela sur une affiche que j’ai trouvée a Chiang Raï dans le triangle d’or). Tous les dérivés donnent une dépendance psychique et physique et lorsqu’elle cesse d’agir une angoisse respiratoire se produit suivie de vomissement de transpiration et d’étouffement. Nous avançons lentement et nous voici dans le couloir de Thazi à Kalaw, dans la fraîcheur due à l’altitude. Les paysages sont agréables, nous traversons des villages peuplés de tribus Palaung et Karen noir. Les femmes Palaung sont superbement vêtues de beaux costumes bleus et rouges, elles cultivent du Thanaqhpeq, de larges feuilles pour envelopper les Cheerots. Nous passons une nuit à “Golden Lily”, une guesthouse aux chambres spartiates et rustiques, demain nous ferons un détour par Pindaya et il nous restera plus que deux heures pour arriver à Nyaungshwe.

Pindaya.

Nous trouvons un pick-up pour nous rendre à Pindaya. Pindaya se trouve à1180 mètres d’altitude, la ville est célèbre pour sa grotte aux 8094 Bouddhas. C’est pour aller la découvrir que nous avons fait ce détour. La ville est située au fond d’une vallée verdoyante encerclée de montagnes boisées. Nous marchons sur un kilomètre direction sud, pour éviter de mauvais escaliers et nous nous dirigeons vers l’ascenseur. Là haut depuis l’esplanade la vue sur la vallée est extraordinaire, des dizaines de pagodons blancs se détachent au milieu d’une nature verdoyante. Voici la grotte d’où se dégage une atmosphère à la fois envoûtante et romanesque. La grotte renferme 8094 statues de Bouddhas. Tout au long des siècles ces statues sacrées ont été déposées et accumulées dans le plus grand désordre. Dans la première salle de la grotte les statues ont été recouvertes de feuilles d’or, les lumières vacillantes éclairent les recoins sombres. A quatre pattes je pénètre dans la grotte de la méditation, Kriss s’abstient de peur de rester coincé. Je me retrouve en face de deux statues noires, les Perspiring statues (statues suintantes). Les fidèles recueillent l’humidité dont elles sont recouvertes avec des mouchoirs, afin que les esprits leur apportent protection. Dans une autre salle voûtée il y a une grande stalactite “the résonant stalactit” (la stalactite qui résonne), lorsqu’on lui frappe dessus elle émet une étrange résonance musicale. Au bout de la grotte un fidèle s’est placé au milieu d’un cercle de un mètre de diamètre, il se tient debout et fait un vœu, un autre fidèle le remplace et ainsi de suite...Avant qu’ils ne quittent ce lieu, les pèlerins ramassent une poignée de terre pour la rapporter chez eux. Elle protègerait parait-il leur maison du feu. Notre dernière étape avant de repartir est la visite de la fabrique d’ombrelles. Les ombrelles sont fabriquées à la main avec une armature en bois et recouvertes de papier Shan obtenu à partir des branches du mûrier. L’atelier est vraiment artisanal, il est tenu par une famille qui s’éclaire encore à la lampe à pétrole.

Nyaungshwe (ou Yaunghwe).

Nous poursuivons notre route et nous voici à Nyaungshwe juste avant la tombée du jour. Notre première chose à faire est de trouver une confortable guesthouse car nous passerons beaucoup de temps à Nyaungshwe et au bord du lac Inle. A cinq minutes à peine du centre de la ville dans un endroit bien calme nous apercevons une grande maison en bois de teck, c’est une magnifique guesthouse de Kgaung Taw Anouk Street, “Teck Wood Guesthouse”, elle possède quinze chambres très bien tenues. L’intérieur aussi est tout en bois, il y a une terrasse ombragée bien agréable pour le petit déjeuner. On se sent chez nous ! La patronne est agréable et serviable. A l’issue du thé d’accueil elle nous sort son album photos. Fière, elle nous montre un portrait d’elle avec Nicolas Hulot. Nicolas Hulot vient tout juste de passer treize jours chez elle avec son équipe. Si Nicolas Hulot est passé par là c’est qu’il doit y avoir de superbes découvertes à faire dans le coin. Nous nous installons confortablement dans ce petit paradis, je choisi le premier étage près de la terrasse et Kriss s’installe au rez de jardin. Nous nous retrouverons à 20 h car ce soir est un grand soir, c’est aujourd’hui que je fête mes 59 ans. J’espère que nous allons trouver un établissement à la hauteur de cet évènement. Nous sommes largués dans les rues de Nyaungshwe, passons trente minutes à l’Aungt Puppets Show, au spectacle de marionnettes et juste en face se trouve une cave à bières. La bière est servie au robinet, nous avalons plus d’un demi litre chacun et sympathisons avec un couple birman qui nous conseille d’aller dîner au Uhla Paw restaurant, Uhla Paw signifie “bavard”, et c’est le cas, car le patron prend les commandes en tchatchant avec les femmes occupées à couper les légumes. La rondelette matrone est madame Myint Myint, elle aime beaucoup les français mais m’affectionne pas trop les anglais (Kriss n’a pas de chance), elle a toujours le sourire et baragouine quelques mots de français. Elle nous conseille la spécialité de la maison, se sont des bols de nouilles bouillies agrémentées de toutes sortes d’herbes et de viandes, c’est succulent me dit Kriss. Quant à moi j’ai le nez dans un fried noodle chiken, les poulets du lac sont les meilleurs de tout le pays Ce matin nous restons à “Teck wood guesthouse” et travaillons à partir de nos guides respectifs et des bons conseils de la tavernière pour organiser notre séjour et nos déplacements dans le coin. Les incontournables sont: le lac avec ses nombreuses balades, tous les villages qui le bordent, les marchés animés et les ateliers artisanaux. Nous déjeunons à “Teck Wood” et cet après-midi nous irons nous renseigner pour louer une barque ou une pirogue. Pour accéder au lac il faut s’acquitter d’un droit de passage de trois dollars par personne. La location d’une pirogue à moteur avec le pilote coûte sept dollars. Nous sommes fixés et retournons en ville. Jusqu’à ce soir nous avons le temps de nous familiariser avec la ville. Nyaungshwe, (ou Yaunghwe) signifie “banian d’or”, c’est une petite ville plate, quadrillée qui n’a pas encore vendue son âme au diable ou aux dieux du tourisme. La ville est en retrait du lac Inle, c’est un canal de quatre kilomètres qui le rejoint. Nous attendrons qu’il soit 17 heures pour aller à Maing Thauk. Le musée est quasiment vide, nous ne perdons pas de temps et allons voir la pagode Yatamamanaug vieillotte et patinée. Le Bouddha est recouvert d’une couverture, c’est normal, il fait froid à 1100 mètres d’altitude. Dans l’enceinte de la pagode on découvre un véritable bric à brac d’objets hétéroclites et poussiéreux: ostensoirs, cloches d’éléphants, tambours chans, objets divers non identifiables.Pour retourner en ville nous passons par le marché central, à cette heure il n’est pas très animé. Il faut se lever tôt pour voir les habitants des tribus montagnardes Paos, Padaungs et Taungyas, venir vendre leurs produits ou faire leurs emplettes. C’est par une piste poussiéreuse qui longe une colline que nous allons à Maing Thauk. Le village est à moitié “terrestre” et à moitié “flottant”. Au dessous de l’orphelinat des garçons, des pierres tombales constituent les vestiges du fort Steadman de l’époque coloniale. L’endroit est paisible et nous ne passons pas inaperçus, en l’espace d’une heure nous connaissons tous les habitants et tous les habitants nous connaissent, surtout les enfants qui sont impressionnés par Kriss le colosse. Deux d’entre eux nous font visiter leur village et c’est vite fait car il n’y a que quinze maisons, le tour terminé les deux garçons nous emmènent vers une maison du village qui joue le rôle d’épicerie, de droguerie, de pharmacie, de salle de réunion, d’atelier de réparations en tous genres et de bar tabac. J’avale un coca et Kriss trois sodas.

Sur le lac Inle.

Aujourd’hui dimanche nous allons passer toute la journée sur le lac Inle et comptons bien ne pas oublier le moindre recoin. Nous sommes à l’embarcadère du canal de Myaungshwe très tôt ce matin. Le batelier que nous avons rencontré hier s’appelle Yepo, il nous attend accompagné d’un ami car il ne veut pas nous transporter tous les deux dans sa pirogue. En effet, elle ne peut pas charger plus de deux cents kilos car en cette saison le niveau du canal est très bas et la coque risque de toucher le fond. Nous partons donc avec deux pirogues. Sur le canal qui mène au lac nous longeons le village de Maing Thauk où nous étions hier, Yepo nous dépose sur l’autre rive dans une fabrique artisanale de cigares où nous prenons un thé. Nous nous éloignons peu à peu de la vie urbaine et croisons de nombreuses barques de pêcheurs qui glissent sur les eaux calmes. Le lac Inle a un charme irrésistible. Cette étendue d’eau de vingt kilomètres de long et onze de large se situe à 900 mètres d’altitude, des deux cotés s’étalent de hautes collines sombres qui lui donnent une couleur particulière. Je suis dans un décor à couper le souffle. La pirogue de Kriss avance dans le sillage de la mienne. Sur les rives du lac et sur les îlots ont été construits dix sept villages sur pilotis peuplés essentiellement d’Intha. Les Intha sont différents des Shan par leur langue et leur culture, ils sont originaire du sud du Myanmar. Selon une légende, deux frères Intha de Dawei arrivèrent en 1369 pour servir le Sao Pha (le chef Shan), celui-ci apprécia tellement leur ardeur au travail qu’il leur demanda de faire venir trente six familles supplémentaires dont descendraient aujourd’hui les Intha du lac Inle. Les Intha ont une curieuse façon de faire avancer leurs bateaux à fond plat, ils se tiennent debout à l’arrière sur une jambe, l’autre jambe entoure une pagaie qu’ils actionnent verticalement. Ils se maintiennent en équilibre tout en faisant des mouvements pour diriger la barque. Cette technique permet de reposer les bras qu’ils utilisent pour ramer durant les longues traversées. Cette position permet d’avoir de la hauteur lorsqu’il faut manœuvrer entre les kyun myaw (îles flottantes) et les beda (jacinthes aquatiques), mais aussi pour mieux apercevoir le poisson. Les pirogues à moteur sont rares pour des raisons économiques, pratiques et écologiques.      70 000 personnes vivent sur les rives et les îles du lac. Les villageois cultivent de nombreuses variétés de fleurs de légumes et de fruits: tomates, haricots, choux-fleurs, aubergines, aulx, oignons, bétel, melons, papayes et bananes. Ces cultures sont pratiquées sur des îles flottantes où le marécage a formé des masses solides d’une fertilité incroyable. Fixées au fond du lac au moyen de piquets en bambou les îles délimitent un réseau de canaux où circulent les personnes et les marchandises. Ywama est un village où les rues sont des canaux, le marché et les activités quotidiennes se déroulent à bord de canoës. Les pêcheurs utilisent des filets coniques tendus sur des cadres de bambou et remontent des carpes. Nous nous rendons à Ywama, la petite capitale lacustre du lac, aujourd’hui dimanche c’est jour de marché flottant et une foule dense s’y presse. Les femmes Intha portent de grands chapeaux évasés et les Shan des serviettes éponge qu’elles s’entourent autour de la tête. Nous effectuons la visite d’Ywama en partie en pirogue et en partie à pied par des passerelles qui relient les îlots entre eux. La pagode de Phaung-Daw construite sur pilotis date du XII ème siècle, à l’intérieur il y a un grand autel qui abrite quatre petits Bouddhas qui ressemblent plutôt à quatre champignons dorés. A l’extérieur de jeunes moinillons jouent au cerf-volant. La lenteur de la pirogue me permet de faire de belles photos. Le décor est prenant et les villageois sont très accueillants. Nous suivons la rive et Yepo nous arrête un court moment à la fabrique de pirogues, un petit chantier naval où cinq ouvriers construisent une embarcation en bois qui verra le jour dans trois ou quatre mois. Au nord d’Ywama nous allons nous recueillir au monastère “des chats sauteurs” construit sur 650 poteaux en teck. Outre la collection de Bouddhas de style Shan ou Tibétain le monastère est habité par de nombreux chats. La légende dit: «  il y a plus de trente ans, un moine vivait ici seul avec son chat, celui-ci avait l’habitude de dormir sur ses genoux pendant la méditation. Quand le moine se levait, il lui criait, saute ! et le chat sautait par dessus son bras et toujours de plus en plus haut, cela devint un véritable jeu... ». Aujourd’hui les moines apprennent à leurs chats à sauter au travers de petits cerceaux qu’ils tiennent à environ un mètre du sol. Je m’empresse de filmer cette prouesse car Yepo est pressé de repartir. Vers la pointe sud du lac un village dont je n’ai pas noté le nom se consacre à la poterie et tout proche, à Kyaing Kan, la spécialité est le tissage de robes à l’aide de fils provenant des tiges de lotus. Ces robes rares sont fabriquées spécialement pour les moines et sont très chères en raison de la courte période de cueillette de la plante de lotus. Nous n’avons plus le temps d’aller voir les fabriques d’objets artisanaux cet après midi car nous sommes tout au sud du lac et le retour à Nyaungshwe sera long pour arriver avant la tombée du jour. A cette heure le décor a complètement changé d’aspect et de couleur, beaucoup de personnes rentrent et c’est le bouchon à l’entrée du canal. Arrivé  à “Teck Wood” nous nous donnons un temps de répit avant d’aller dîner chez Hu Pin. A voir le tour de taille du patron et celui de son épouse j’ai fort à penser que la nourriture profite bien ici. La grande salle est carrelée de vert sale et le ventilateur central couine. Hu Pin est adorable et parle un peu le français. Toute la nourriture tourne autour du porc et du poulet, je me régale avec un roast pork with red spices (porc rôti avec des poivrons rouges). La bière est facturée à son prix officiel, quant au repas, on paie ce que l’on veut. Connaissant maintenant le prix moyen d’un repas, nous donnons deux dollars chacun. Tout le monde est content ! Sur le chemin du retour nous nous arrêtons pour manger une sucrerie, l’aubergiste nous installe devant une table basse de trente centimètres de haut et nous porte des tabourets en plastique. Kriss a besoin de trois tabourets pour être bien installé. Nous sympathisons et devenons vite l’attraction de la soirée, de nombreux enfants sont venus en masse pour s’ébahir devant le colossal Kriss qui a les cuisses trois fois plus volumineuses que les miennes. Nous avons bien fait rire toute la rue et rentrons, sans manquer d’acheter quelques souvenirs de pacotille aux mendiants venus spécialement pour nous soutirer quelques kiats.

Comme nous l’avons fait hier nous sommes de nouveau en quête de deux pirogues pour une dernière journée sur le lac. Direction Heya, un village artisanal, les femmes d’Heya tissent sur des métiers à tisser en bois, des longyi en soie importée de Chine et les hommes fabriquent des objets en argent et en cuivre. Sur la côte ouest du lac près de Kaung Daing nous nous arrêtons à la fabrique de nouilles, de tofu et tout autre produit à base de soja. A Seinkaung près de 80 familles vivent grâce aux forges artisanales. Sous un grand hangar en bois les forgerons fabriquent des couteaux avec la ferraille récupérée des carcasses d’automobiles, ils réalisent aussi des marteaux, pinces, hachoirs, ciseaux, coupe-coupe, et même des sabres décoratifs. Le foyer de la forge et la soufflerie sont au centre du hangar, un jeune garçon assis actionne deux morceaux de bambou reliés à des soufflets. Le travail est extrêmement exténuant, les forgerons musclés dégoulinent de sueur, ils tapent à coups de masse répétitifs sur l’enclume dans un bruit infernal. Nous déjeunons sommairement à Inn Paw Khon, un village extraordinaire avec d’imposantes maisons de bois sur pilotis implantées au milieu des eaux. Ici une entreprise familiale a monté en 1932 un atelier de tissage et de confection de tissus en soie. La patronne, madame Nang Mya Oo dirige une centaine d’ouvrières qui s’activent sur les métiers à tisser d’origine thaïlandaise fabriqués par les Intha. La plupart de ces ouvrières sont de vieilles dames assises devant leurs machines qui font un travail méticuleux. Un sentiment de travail laborieux se dégage dans cette immense salle de travail. Nous terminons dans la salle d’exposition et de vente. Sur les murs je découvre des photos dont une qui montre un défilé de mode organisé à Paris, les dames portent les créations en tissus de soie du lac Inle. Dans trois mois ce sera la fête sur le lac de Phaung Daw U, la fête durera vingt jours durant lesquels une péniche promènera quatre des cinq statues de Bouddha de village en village pour aller bénir les monastères. La cinquième statue reste à Phaung Daw U pour garder le temple. C’est la statue qui avait coulée lors d’une précédente cérémonie. Maintenant repêchée et recouverte d’algues séchées elle est dressée sur un piédestal devant son temple. Lors de cette fête des centaines d’autres embarcations de tout genre accompagnent la pirogue dans sa bénédiction et des milliers de pèlerins de tout l’état Shan viennent assister à la cérémonie la plus marquante de l’état. La pirogue s’éloigne des rives du lac, j’ai un dernier regard sur ce merveilleux environnement. C’est avec un pincement au cœur qu’il me faut quitter le lac Inle, son calme, son charme et son romantisme. Je n’oublierai jamais ce joli coin de notre planète. Kriss n’a plus que cinq jours à passer au Myanmar avant de retourner en Angleterre. Nous resterons deux jours à Yangon puis il descendra avec moi à Bangkok. Il restera trois jours avec moi dans la capitale car il tient absolument que je l’accompagne au marché du week end de Chatutchak pour aller se charger de souvenirs avant de prendre son avion. Quant à moi je resterai quelques jours de plus avant de partir pour le Cambodge.

Derniers jours à Yangon.

A Yangon je m’étais promis de retourner à la pagode Shwedagon. Pas de temps à perdre pour mon avant dernier jour au Myanmar. Je m’acquitte du droit d’entrée et vais rester toute la journée là haut, je vais faire les moindres recoins et attendre la tombée du jour et les illuminations. Je rencontre beaucoup de monde, côtoie et communique avec un maximum de birmans. Une gentille famille me demande de quel signe je suis et m’accompagne devant le chien (signe correspondant à mon année de naissance). La gamine me donne une timbale et je dois verser 59 timbales d’eau sur un mini bouddha couvert d’or (59 années de ma vie). Chose faite je suis invité à pique niquer avec eux, la gamine et son papa parlent assez bien l’anglais et j’apprends beaucoup de choses sur ce mystérieux pays. A l’issue de nos discussions engagées je m’interroge sur la réputation de ce pays face aux pays étrangers. “ Faut-il se rendre en Birmanie pour affaires ou pour y faire du tourisme ”?  Cette question résume les interrogations que se posent bon nombre d’industriels depuis des années. L’organisation mondiale du travail a quant à elle tranché, elle recommande aux organisations internationales de réexaminer leurs relations avec la Birmanie. Le motif est le recours systématique au travail forcé. Plus d’un million d’individus seraient concernés par cette pratique. La junte au pouvoir s’autorise depuis 1988 à réquisitionner des lots de travailleurs, surtout des ethnies minoritaires, au bénéfice des multinationales, telles que l’entreprise pétrolière française Total épinglée pour avoir fermée les yeux sur ces pratiques. 50 000 travailleurs “volontaires” auraient été mobilisés autour du gazoduc de Yadana pour la construction d’une voie ferrée. L’affaire a fait tellement de bruit en 1996 que les dirigeants de Pepsi-co, Calsberg, Reebok, Texaco aient d’un seul coup cessé tout investissement en Birmanie. Outre au travail forcé la population est également soumise à des violations des droits de l’homme (exécutions extra judiciaires, atteintes à la liberté d’expression, déplacements forcés de population.....). Dans un rapport publié en 2000 Amnesty dénonce le recours à la torture pratiquée de manière régulière dans toute la Birmanie, au point d’en devenir une véritable institution. La Birmanie est un pays où la liberté d’expression est quasi nulle. Le 27 décembre 2000 le journaliste d’opposition Aung Miynt a été condamné à une peine de 21 ans de prison ferme. La situation des droits de l’homme est telle aujourd’hui que l’opposante au régime Aung San Suu Kyi a appelé au boycott du tourisme dans son pays, estimant que “...les méfaits liés à l’activité touristique sont bien supérieurs aux bienfaits qu’un individu, même bien intentionné peut apporter...”.  Quant à ma pensée personnelle, c'est la suivante: aller sur place peut aussi être une façon de témoigner et d’aider à désenclaver un tant soit peu le pays. Depuis la suppression des F.EC (Foreign Exchange  Currencie) l’argent que je dépense en Birmanie profite maintenant à la population locale, contrairement à l’argent provenant d’un certain tourisme canalisé qui préfère engraisser les organismes gouvernementaux.

Dernier jour ! Le vol TG 4542 quittera Yangon à 17 h 45, il ne me reste plus que quelques heures pour arpenter une dernière fois les artères de la ville, retourner au marché, passer un instant avec les peintres, aller chez le coiffeur et siroter un dernier thé. Je regagne Okinawa pour récupérer Kriss et mes bagages et nous appelons un taxi pour rejoindre l’aéroport. Je vais laisser derrière moi ce pays rare, cette terre qui chante et vais emporter les visages et le souvenir d’un peuple simple. Je n’oublierai jamais les traditions et les gestes de ces gens, le sourire charmant des birmanes, l’humilité des bonzes en quête de nourriture, le regard fier des Inthas, le sourire tout entier de cette contrée qui est un dernier bastion d’authenticité au monde. La Birmanie a beaucoup exigé de mes forces et de mes efforts mais j’ai été récompensé au centuple tant la beauté était de partout, sur ces pagodes aux flèches d’or, sur ces paysages resplendissants, sur les couleurs éclatantes des parures, sur les reflets de l’Irrawady. Dommage qu’en Birmanie le mot liberté n’existe pas et pour cela je garderai de l’affection et un profond respect pour la figure de proue de l’opposante au régime Aung San Suu Kyi.

 

Thaïlande : Bangkok

Bangkok vendredi 20 mai à 19 h.

Nous voici à Bangkok, Kriss ne connaît rien de cette trépidante capitale mais il me fait entièrement confiance et se laisse guider jusqu’à Taewez guesthouse où je suis attendu car j’avais pris soin de réserver ma chambre “101“. Tout le personnel de l’établissement est ébahi à la vision du nouveau client, il est aussitôt pris en considération et une chambre proportionnelle à sa stature lui est affectée. Nous dînons sur place. Kriss va se coucher, quant à moi, je m’installe devant un ordinateur pour donner de mes nouvelles en France, aux amis du cavaou grasenc et à Yannis à qui je n’avais pas écrit depuis plus d’une semaine.   « ......Yannis, ça y est, je suis de retour à Bangkok et je vais rester quelques jours en Thaïlande avant de partir pour le Cambodge. Je compte passer quelques jours à Hua Hin pour me reposer au bord de la mer car mon séjour en Birmanie n’a pas été de tout repos. Je ne regrette vraiment pas d’avoir choisi cette destination, car ce pays que je viens de laisser m’a profondément marqué. J’aurai des pages entières à t’écrire pour te dire combien j’ai été ébloui par tous les coins où j’ai mis les pieds et les yeux et par la gentillesse et la simplicité de tous les êtres que j’ai rencontré. Mon caméscope et mon appareil photos ont chauffé, à mon retour j’aurai de quoi te faire partager tous ces bons moments qui m’ont ouvert les yeux sur des choses simples de la vie auxquelles on n’attache plus d’importance dans notre quotidien. Chez nous, tout ce qui est simple nous semble parfois très compliqué, chez eux tout ce qui est compliqué se passe très simplement. Les cartes postales du Myanmar que tu reçois maintenant ont quinze jours de retard et dans les prochains jours tu en recevras encore alors que je serais au Cambodge. N’oublie pas de donner de mes nouvelles à mamie, tu peux la rassurer car tout s’est bien passé, tout se passe bien et tout continuera à bien se passer. Demain à Bangkok je passerai au “Pantip Plaza” pour essayer de te trouver les CD que tu m’as demandés. Il faut que tu notes l’adresse du copain anglais que j’ai rencontré au Myanmar. J’ai trop peur de la perdre: Kriss Rowey , 53 Greenacres Fulwood - PRESTON - LANCASHIRE - PR 27 DB - ENGLAND. E.mail: prestonateng2006@yahoo.com . Téléphone: +0044-7793322 935. Je t’enverrai de prochaines nouvelles avant de partir au Cambodge et depuis le Cambodge où il est plus facile de communiquer qu’au Myanmar ............................ »

C’est le week end à Bangkok, j’ai promis à Kriss de l’emmener à Chatutchak, au grand marché du week-end. Mais avant nous passons à Pathunam au “Pantip Plaza”, le plus grand magasin d’informatique de Bangkok, un véritable super marché du Computer. On y trouve tout, du plus petit composant jusqu’à la plus sophistiquée des configurations. Le magasin est parfaitement climatisé et regorge de self services. Nous y passons un long moment avant d’aller affronter la foule et la chaleur qui plombe sous les bâches du week end market. Il y a 80% de chances que l’on se perde dans ce labyrinthe, aussi nous prenons la précaution de nous fixer un repère bien précis. Nous nous séparons et nous retrouverons dans deux heures sous la grande horloge de la section 18. Pour accéder au marché il y a 24 portes toutes identiques et le marché se divise en 28 sections. Chacune des sections est un véritable damier composé d’une douzaine d’allées numérotées. Il se vend de tout, du poulet aux serpents vivant en passant par les pipes à opium et les plantes médicinales. On y trouve aussi des vêtements traditionnels, des instruments de musique, de l’artisanat des tribus, des amulettes religieuses, des fleurs, du matériel de camping, des surplus militaires, des ustensiles de cuisine, les luminaires, des parfums et toutes sortes de souvenirs du pays. Dans toutes les sections se trouve une multitude de petites cantines et kiosques où l’on peut manger à bas prix à tout moment et pour tous les goûts. Un petit train électrique permet de passer du nord au sud, d’ouest en est et de passer de la section 1 à 14 ou de la 7 à 21 qui sont les plus éloignées. Sous la grande horloge Kriss m’attend assis à côté d’un immense sac plastique bourré de souvenirs. Nous levons le camp en taxi pour regagner Taewez afin de tout y déposer avant de terminer la journée au “Naaz”, un restaurant indien. Je commande un mouton Korma et Kriss un poulet Biryani. Pour dessert nous prenons chacun un Firni, (pudding aux noix de coco, amandes, cardamome et safran). Avant de rentrer nous allons boire une “Singha” dans un bar à l’atmosphère sophistiquée agrémentée d’une bonne musique. Pour son dernier jour de voyage Kriss ne quitte pas le quartier Thewet, quant à moi je fonce à Kao San Road pour y réserver un bus VIP pour me rendre à Trat lundi matin, point de départ pour le Cambodge. Au Cambodge je n’y resterai qu’une quinzaine de jours pour retrouver Phnom Penh que j’avais beaucoup aimée il y a deux ans, j’irai ensuite vers l’est du pays dans une région sauvage et retirée puis remonterai sur l’admirable site d’Angkor avant de rentrer de nouveau en Thaïlande par le poste frontière nord, Poïpet au Cambodge et Araniaprathet en Thaïlande.

 

LE CAMBODGE

 

Me voilà à l’étage du magnifique bus VIP qui fait escale à Trat avant de déposer les touristes à Laem Nnop. Après cinq heures de route je suis le seul passager qui descend à Trat car peu de routards prennent cet itinéraire pour rentrer au Cambodge. Je débarque à “HP guesthouse“, là où je me trouvais si bien il y a deux ans lorsque j’ai rencontré mon neveu de Dordogne avec sa copine hollandaise. La patronne est toujours la même, une véritable encyclopédie, c’est elle qui m’explique dans les moindres détails comment il va falloir que je m’y prenne demain pour arriver à Phnom Penh avant la nuit.

Mardi 24 mai, je suis debout à cinq heures du matin et me pointe à la station de mini bus pour la frontière cambodgienne. En réalité Trat est à quinze minutes seulement du Cambodge mais aucune route n’existe pour rallier Phnom Penh. Je suis donc obligé de descendre dans l’extrémité sud de la province, au poste frontière de Hat Lek. Hat Lek est un petit poste frontière où les marchandises non taxées font la navette entre les deux pays. Pour rejoindre le poste cambodgien de Krong Koh Kong, je prends une mototaxi car je n’ai pas envie de faire deux kilomètres à pied avec mon sac sous 39 °C. Le chauffeur de la moto m’aide dans mes démarches, je fais valider mon visa et il me conduit chez un copain qui change des dollars et des bahts en riel: 1 dollar = 3800 riels. Je change 50 dollars pour survivre quelques jours puis il me conduit à la station où je dois prendre un bus pour la capitale cambodgienne. Les choses se compliquent car il n’y a plus de bus et je ne compte pas perdre du temps ni passer la nuit ici. Le brave chauffeur de moto s’absente, et quelques minutes après le revoilà avec son copain le banquier en herbes. Son copain possède un petit bus en piteux état et c’est lui qui me conduira à Phnom Penh moyennant un prix exorbitant. Le trajet est pittoresque, nous sommes obligés de traverser les états de Koh Kong et de Kompong Speu en empruntant une piste carrossable de 80 kilomètres et traverser quatre cours d’eau. Pour traverser ces cours d’eau l’estafette me dépose chaque fois sur le rivage et un gros radeau de bambous géants vient charger quatre à cinq véhicules. En attendant la manœuvre j’ai le temps de manger, boire, côtoyer les habitants et fumer une cigarette de marque “Alain Delon”. Les paysages que je traverse sont superbes, la verdure tropicale se détache sur le fond rougeâtre des collines, les eaux chargées d’alluvions sont rouge orangé. Le ciel s’assombrit, nous arrivons à Phnom Penh. Je demande au chauffeur de me déposer sur la grande esplanade entre le temple Wat Phnom et le grand boulevard Norodom. Je trouve rapidement  “The last home Guesthouse” et m’y installe, adresse: Last Home 47 Ph 108  Tél: 724917 Mail: forum.org.kh. Phnom Penh est une ville charmante mais dure à vivre, elle est située au confluent du Mékong, le plus puissant fleuve d’Asie. Malgré la violence de son histoire récente Phnom Penh est maintenant en pleine renaissance, les bâtiments délabrés sont en cours de restauration, les temples reprennent vie les restaurants et les terrasses poussent comme des champignons et offrent une bonne animation à la ville. Les berges du Mékong s’embellissent et Phnom Penh bouge et pourrait devenir la “perle de l’Asie”. (Faites un retour en arrière, année2001, mon premier voyage “Thaïlande, Laos, Cambodgepour tout retrouver des sites que je vais à nouveau parcourir cette année: le palais royal, la pagode d’argent, le wat Phom, la prison, le charnier de Choeung Ek, le temple d‘Angkor........ ).

 Kratie et la province du Rattanakiri.

Avant de monter sur le site d’Angkor j’ai décidé de me rendre dans la province du Rattanakiri totalement à l’est du pays. L’escale incontournable avant de m’y rendre est Kratie, la ville où l’on mange des araignées. Kratie se trouve à 348 kilomètres au nord-est de Phnom Penh, la route pour s’y rendre est dans un état catastrophique et des travaux de grande ampleur ralentissent ma progression. Heureusement que je suis parti à 6 h 30 ce matin. A Kompong Cham je quitte le bus et prends un Pik-up pour 20 000 riels, la route est vraiment épouvantable, elle longe le fleuve jusqu’à Stung Trong où je prends un ferry pour traverser le Mékong. Le parcours est magnifique, je traverse de petits villages plein de charme et après huit heures de route me voici à Kratie. Kratie est une petite ville installée sur les rives du Mékong. Peu d’étrangers s’aventurent ici car cette zone fut l’une des premières à tomber dans les mains des khmers rouges lors de la guerre civile. Cette ville fut aussi l’un des premiers chefs-lieux libéré par les forces vietnamiennes le 30 décembre 1978 avant qu’elles ne renversent le régime de Pol Pot. A Kratie je m’installe à “Star guesthouse“, il fait une chaleur torride, il ne reste plus qu’une chambre très chaude au premier étage, j’y dépose mes affaires et prends soin de cacher ma sacoche contenant mes précieux papiers et 700 dollars, sous le matelas. Je mets la clim en marche et descends me désaltérer à la réception. Quelques minutes après je remonte faire du rangement, la chambre est un véritable four, la clim ne fonctionne plus. Je demande à la patronne de me changer de chambre mais elles sont toutes occupées, elle me propose alors de déménager et d’aller en face à “Hy Heng Ly guesthouse“. Pour un dollar de plus je déménage et m’installe au frais. Je profite de mon après-midi pour aller découvrir la ville, me renseigner sur les curiosités environnantes et sur la façon et les moyens de se déplacer dans la province. A part la “Star guesthouse” où j’ai débarqué à mon arrivée à Kratie la ville n’offre pas un grand choix de restaurants, je vais donc dîner à bon prix dans une échoppe qui ouvre le soir sur les rives du Mékong. Demain je prendrais une mototaxi pour aller à l’observatoire des dauphins d’eau douce. Devant le parvis de ma guesthouse à huit heures du matin il y a déjà deux moto-taxi qui attendent les premiers clients. Je suis le seul touriste dans le coin, aussi je n’ai pas l’embarras du choix. Je négocie une balade vers l’observatoire des dauphins d’eau douce pour 10 000 riels. Nous faisons une vingtaine de kilomètres et arrivons à Kampi, le chauffeur coupe le contact car il n’a pas le droit d’entrer avec le moteur en marche lorsqu’il arrive à la réception de la réserve. Je m’acquitte de cinq dollars, c’est à dire du droit d’entrée et de la location d’un guide avec sa barque qui m’emmènera voir les dauphins. Avant la guerre civile le Cambodge abritait un millier de dauphins, mais leur nombre s’est bien réduit sous le régime de Pol Pot, durant lequel ils étaient chassés à la dynamite pour leur extraire leur huile. C’est en pleine saison des pluies que l’on en rencontre le plus, mais le pilote de la barque est tellement rusé qu’il m’emmène dans une zone où ils se regroupent souvent. Après quarante minutes d’attente les voici de très prés. Ce sont des “trey pisault”, dauphins d’eau douce de l’Irrawady, ils font partie des espèces menacées en Asie. Outre au Cambodge, il en existe aussi au Laos, au Bangladesh et au Myanmar. Sur le chemin du retour je m’arrête dans un restaurant très agréable implanté au bord d’un petit lac quasiment asséché et je me délecte de beignets de crevettes à la sauce piquante. Arrivé à Kratie je m’installe devant une bonne bière à la terrasse de ma guesthouse et j’aperçois un européen, pressé qui se dirige vers moi avec dans les mains une sacoche identique à la mienne. Il s'agit de ma sacoche, celle que j’avais placée hier sous le matelas de ma chambre de la “Star guesthouse”. La patronne l’à récupérée et a demandé à l’allemand qui vient de s’installer chez elle de me la rapporter. C’est la femme de ménage qui l’a trouvée et l’a remise à sa patronne. Je propose une boisson à l’allemand mais celui-ci est très pressé et s’en va. Les mains me tremblent alors que je l’ouvre pour vérifier son contenu. Ouf ! Voici mes billets d’avions, mon passeport et même les sept billets de 100 dollars. D’un bond je traverse la rue et fonce à “Star guesthouse” où je demande à rencontrer la femme de ménage. Elle n’arrivera qu’en fin d’après midi. Sur les coups de 18 heures la voici qui arrive avec sa mobylette, je l’interpelle, lui adresse mes plus chaleureux remerciements puis à l’écart des clients je lui remets 30 dollars. Elle est très gênée, 30 dollars correspondent quasiment à deux mois de son salaire. A l’issue de cette heureuse nouvelle je dîne sur place et offre à boire à tout le monde. Je rentre me reposer et demain je resterai à Kratie.

Ce matin je prends mon temps pour aller au marché et je remarque que les habitants de Kratie sont tous pressés, ils ont tous des petits drapeaux dans les mains et prennent la même direction. Un enfant me donne un drapeau et je suis le mouvement, nous avançons vers le temple de la ville, il est 10 heures et pratiquement tout Kratie est aligné sur les trottoirs, certains agitent le portrait du Roi. J’ai vite compris que Sihanouk était en visite officielle au moment où des voitures noires, sirène à fond allaient pénétrer dans le temple. J’ai même eut le privilège de filmer ce moment où Sihanouk apparaissait du toit ouvrant de son véhicule. Mais je ne suis pas venu à Kratie pour y voir le Roi mais surtout pour y déguster les spécialités régionales qui sont les mygales. Dans la petite localité de Skuon les habitants mangent les mygales depuis longtemps et à tous les repas. La bourgade n’a aucun intérêt mais cette curiosité locale m’a poussé à m’y rendre. J’ai eu le temps d’observer et examiner attentivement ces bestioles offertes dans toutes les échoppes du village. Les mygales cuisinées sont empilées dans des plateaux circulaires portés sur la tête des commerçantes. Les araignées sont élevées dans des trous creusés dans le sol, on les appelle les Kate Nolan. Je ne suis pas venu pour rien ! Je fais la connaissance d’une vieille cambodgienne qui parle quelques mots de français et m’offre fièrement un cornet de mygales. L’expérience gastronomique est insolite, je regarde une gamine qui est en train de se régaler et je fais comme elle. On les mange comme l’on mange de petits crabes cuisinés, en cassant la carapace et en pressant sur les pattes pour en extraire la chair. Leur saveur se rapproche de celle des ailes de poulet bien cuites avec un arrière goût de cèpe et de miel. L’abdomen est immangeable tellement il est amer. Personne ne connaît l’origine de cette pratique, certains pensent que la population a commencé à manger ces bébêtes pendant la disette, lors du régime Khmers Rouges. Dans le village il existe encore un vieillard qui dit avoir été sauvé de la famine grâce à la teneur en protéines des bestioles. Je rentre très tard pour dîner et aller me coucher tôt car demain sera le jour de mon départ pour l’expédition dans la province du Rattanakiri. Il me faudra deux jours en pick-up moyennant 40 000 riels pour atteindre Ban Lung. Je trouve un chauffeur expérimenté et après 6 heures de route me voici à Stung Treng où je décide de passer la nuit. Le Rattanakiri est un endroit idéal pour rencontrer de nombreuses minorités ethniques dans un cadre luxuriant et sauvage. La région et surtout ses habitants ont beaucoup souffert des bombardements américains destinés à détruire la piste Hô Chi Minh et des risques de paludisme ou de dengue.

Au menu: minorités ethniques, cascades, jungle. Les principaux groupes ethniques sont les Khmers Loeu (Khmers supérieurs), les Kreungs, les Tompuons et les Jaraïs. Ils possèdent une langue et des coutumes propres. La province abrite aussi une importante population laotienne. Le Rattanakiri a servi de base aux responsables khmers Rouges pendant les années 60. Pol Pot et Leng Sary s’y réfugièrent en 1963 pour établir leur QG à Ta Veng. Un grand nombre de Khmers Rouges avaient des Khmers Loeu pour garde du corps, les familles de ces derniers se sont retrouvées dans des camps à la frontière thaïlandaise et ce n’est qu’en 1999 que la plupart ont pu rentrer au Cambodge après parfois 30 ans d’exil. Autrefois la richesse de la région était le caoutchouc, aujourd’hui elle a laissé la place à l’exploitation des pierres précieuses. On extrait du Zircon de bonne qualité.

Le trajet est encore long et surtout très fatiguant mais je ne regrette pas mon escapade car les paysages sont d’une rare beauté. J’ai maintenant hâte d’arriver à Stung Treng. Stung Treng sera vouée à recevoir beaucoup de visiteurs dans les années à venir car la ville se trouve stratégiquement bien placée pour pénétrer au sud Laos et puis, son environnement est agréable avec des décors à couper le souffle. Je m’installe pour passer la nuit dans une guesthouse propre mais qui n’a rien d’exceptionnel pour trois dollars, puis je vais dîner au restaurant Arunreas qui sert de succulents plats cambodgiens, j’opte pour une soupe de chevreau super tonique en gingembre. Demain il ne me restera plus que quatre heures pour arriver à Ban Lung. La piste qui relie Stung Treng à Ban Lung a été remise en état, elle est plane et bien nivelée, mais il en n’est pas de même en période de mousson. La poussière me dérange car je suis à l’arrière du pick-up, je m’attache un bandana autour du visage pour protéger mon nez et ma bouche. J’approche de Ban Lung, les environs sont beaux et paisibles, surtout le site de Boeng Yeak Lom où un lac circulaire occupe un cratère situé au beau milieu d’une jungle luxuriante. Les minorités de la région pensent que ce lieu se serait constitué il y a 700 000 ans, et elles le considèrent sacré. Des légendes évoquent que de mystérieuses créatures peuplent les eaux de ce lac. La transparence de son eau offre une visibilité parfaite jusqu’à cinq mètres de profondeur et l’endroit est idéal pour y faire une trempette. A cinq kilomètres à l’est se trouve Ban Lung, c’est ici que viennent les membres des minorités ethniques pour vendre leurs produits et aussi pour faire leurs provisions. A Ban Lung il n’y a pas beaucoup d’auberges ou d’établissements hôteliers.Pour cinq dollars je m’installe à “Mountain guesthouse”, au confort modeste. La propriétaire Madame Kim est très accueillante. Ce n’est pas encore la tombée du jour et j’ai le temps d’aller chercher des informations pour mes déplacements de demain.A mon retour je m’assois dans un coin de l’accueil pour faire le point sur la situation de mon voyage et écrire des cartes postales: «  Salut Yannis.....me voici dans la province la plus retirée et la plus charmante du Cambodge, ici j’ai l’impression de remonter le temps. Les trajets que j’effectue chaque jour sont très fatigants mais pleins de poésie, ils demandent une certaine expérience qui n’est pas donnée à des touristes ordinaires. Mais quelle belle aventure........ ».

Aujourd’hui je loue une moto tout terrain et passe plus d’une heure pour me familiariser avec elle avant de prendre réellement la route. Me voila parti pour la tournée des cascades, je m’attarde à celle de Chaa Ong Ong, la plus spectaculaire. Ses eaux coulent dans une gorge en pleine jungle, je poursuis ma visite à pied et grimpe derrière le rideau d’eau pour y prendre une douche tonique. Je me dirige à la cascade de Tuk Chrouu Bam Pul, celle-ci se décompose en sept niveaux, elle est toute proche de Chum Rum Bai où l’on extrait des pierres précieuses. Pour aller à Voen Sai à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Ban Lung je traverse la rivière Tonle Sap, entame une longue marche de trois kilomètres et traverse un village chinois, un village laotien et une zone habitée par des communautés tribales où les gens parlent encore leur langue maternelle. Après une heure de bateau je me trouve dans l’impressionnant cimetière Tompuon. Les membres d’une même famille sont enterrés ici, l’un à côté de l’autre. La jungle a repris ses droits sur les sépultures très anciennes. Je termine ma journée à Ta Veng, là où Pol Pot et ses chefs militaires Khmers Rouges établirent leur base. Les habitants affirment qu’il n’en reste plus aujourd’hui. Pol Pot, est un nom qui provoque un frisson d’effroi chez la plupart des cambodgiens et même chez les étrangers. Ce nom est devenu symbole de la folie sanguinaire. Il a dirigé son régime de 1975 à 1979 provoquant la misère, la souffrance et la mort de millions de ses compatriotes. Après sa défaite de 1979 son ombre a continué de planer et le peuple a vécut un profond traumatisme. Il est mort le 15 avril 1998.

Pol Pot.

Pol Pot nommé Salothar naquit en 1925 dans un petit village près de Kompong Thom, il connut une enfance relativement privilégiée. Jeune homme il obtint une bourse pour venir étudier à Paris où il passa plusieurs années avec Leng Sary, le futur ministre des affaires étrangères du Cambodge démocratique. C’est en France qu’il aurait développé sa pensée marxiste radicale pour adopter ensuite la politique maoïste extrémiste. De retour au Cambodge il n’entra en politique qu’à la fin des années 50. Sihanouk l’envoya se réfugier dans la jungle du Rattanakiri. Lorsque les Khmers Rouges entrèrent dans Phnom Penh le 27 avril 1975 rares étaient ceux qui se doutaient de l’enfer qui les attendaient. Pol Pot aidé de ses camarades fut l’architecte d’une des révolutions les plus radicales et les plus brutales de toute l’histoire de l’humanité. Il proclama 1975 “l’année zéro” et embarqua le Cambodge sur la voie de l’autodestruction afin de couper tout lien avec le passé. Complètement paranoïaque, pour sa sécurité personnelle il ne cessa de changer de résidence et la dernière année de son régime sa réputation était telle qu’un véritable culte de la personnalité se développait autour de lui. Pol Pot était un antivietnamien, les viets devinrent les plus grands ennemis des Khmers Rouges lorsqu’ils envahirent le Cambodge le 25 décembre 1978 et renversèrent le gouvernement Khmer Rouge le 7 janvier 1979. Même après son renversement Pol Pot pu reconstituer ses troupes et menacer de nouveau la stabilité du pays. Son décès fut annoncé si souvent que lorsqu’il mourut réellement, nombre de cambodgiens ne le crurent que lorsqu’ils virent sa dépouille mortelle à la télévision. Pol Pot a emporté beaucoup de secrets dans sa tombe. On ignore le nombre exact de cambodgiens massacrés par les Khmers Rouges pendant les 3 années, 8 mois et 21 jours de leur pouvoir. Selon enquêtes les pertes seraient évaluées à deux millions au moins. Outre les personnes tuées par les dirigeants, des centaines de milliers d’autres mouraient de faim et de maladies. Les repas se résumaient à une soupe de riz deux fois par jour, pour une journée de travail de quinze heures dans les champs. La maladie régnait dans les camps de travail, le paludisme la malaria et la dysenterie terrassaient des familles entières. Au vu de l’horreur quotidienne la mort constituait pour beaucoup de cambodgiens un soulagement.

Siem Reap et Angkor.

Arrivé à Siem Reap vendredi 3 juin 2005, je retrouve “Sun Rise guesthouse” celle que j’avais connue il y a deux ans. Rien n’a changé et je retrouve la ravissante Toï qui m’avait accompagné à travers les ruines du site d’Angkor. Cette année je choisi d’y retourner avec elle mais en usant en plus des services d’un jeune guide. Notre guide s’appelle Garen, c’est un pauvre cambodgien, sa seule fortune est sa moto-remorque, un engin hétéroclite, une sorte de carriole bâchée à deux places, attelée à une moto, le tout magnifiquement décoré. Garen est un être attachant et toujours souriant malgré la triste vie qu’il a mené et la dure vie qu’il mène encore. Tout jeune il a vu de ses propres yeux un Khmer Rouge trancher la tête de son père. Aujourd’hui il travaille dur avec son engin à quatre roues qu’il a acheté à crédit. Il fait vivre sa maman et ses deux jeunes frères avec six dollars par jour lorsqu’un touriste veut bien user de ses services. Je décide de lui donner dix dollars la journée et de l’inviter à déjeuner. Demain il viendra nous chercher à sept heures du matin et nous partirons à travers le décor surréaliste et envoûtant du site d’Angkor pour en goûter toute la paix et la sérénité. Les temples et édifices à ne manquer sous aucuns prétextes sont: Angkor Wat, la porte de la victoire, la terrasse aux éléphants, la terrasse du Roi lépreux, le Bayon, le Preah Neak Pean et le Tha Prohm. (Reportez vous à mon voyage, 2001 Thaï, Laos, Cambodge, pour trouver toutes les informations sur ces merveilles.) Garen vient nous récupérer devant la porte de la victoire et nous retournons à Siem Reap. Nous fonçons à « Sun Rise » pour nous reposer un instant avant la nuit. Nous choisissons une soirée dîner spectacle, Toï qui connaît bien Siem Reap me propose d’aller au restaurant Tonle Sap, il y a un grand choix de plats malais, japonais et européens. La soirée commence par un ballet de danses traditionnelles pas très raffinées, mais qu’importe, les danseuses sont gracieuses et pleine de charme. A l’issue du spectacle et du dîner nous allons prendre un pot  sur la véranda de “l’éléphant bar” où l’ambiance est bonne sans se ruiner. Demain Garen viendra nous réveiller pour nous emmener à la réserve ornithologique de Prek Toal. Garen est à l’heure, il nous attend alors que nous prenons notre petit déjeuner. Nous allons chercher la casquette et la crème solaire et nous voilà parti pour une heure de route. Garen nous arrête devant un embarcadère et nous pénétrons dans la réserve avec une barque.  Siem Reap est traversée par la rivière Siem Reap qui est enjambée par de multiples ponts. Nous restons un long moment au marché Psar Chaa et sur les coups de onze heures nous nous installons à la terrasse d’une échoppe du marché. La carte est en anglais et le prix d’un plat ne dépasse pas un dollar. Il n’y a que des préparations cambodgiennes traditionnelles. Les plats sont moins épicés qu’en Thaïlande et ont une légère saveur vietnamienne. Ils sont préparés dans d’immenses wok. A tous les repas est servie une “samla” (soupe). Aujourd’hui nous avons droit à une samla chapeck (soupe de porc parfumée au gingembre). Pour suivre je prends des khao phoune (de délicieuses nouilles de riz préparées dans une sauce au lait de coco) accompagnées de tout un assortiment de légumes. Toï choisi une salade à base de bœuf et de légumes parfumés à la coriandre, à la menthe et au citron. Des enfants affamés rodent autour des tables en quête de quelques riels ou de nourriture. Le repas terminé je me lève pour aller régler, aussitôt un des enfants s’empare des restes de mon assiette et va s’asseoir tout à coté pour dévorer les quelques légumes que j’avais laissé. Au moment de payer je demande un sachet de riz gluant que je vais apporter à l’enfant pour qu’il complète son maigre repas. Après la digestion nous allons faire une sieste au bord de la rivière où, immergés jusqu’à la taille de nombreux cambodgiens pêchent avec des filets circulaires. Il fait trop chaud et rentrons à l’ombre à “Sun Rise” pour attendre le soleil couchant. J’ai le temps de travailler à l’organisation de mon itinéraire de demain pour atteindre la frontière Thaïlandaise par la route du nord-ouest. Toï ne veut pas que je parte, elle me baratine pour que je reste plusieurs jours ici, j’ai du mal à lui faire comprendre que ma route est longue, que j’ai déjà beaucoup de retard et qu’il me reste encore beaucoup à faire. Ce soir nous dînons une dernière fois ensemble au “Lotus“, demain je me réveillerai à 5 heures. 

Pour atteindre le poste frontière je choisis de prendre le bus. La route qui sépare Siem Reap de Poipet est parsemée de nids de poules ce qui rend le trajet très inconfortable. Aux abords de Sisophon le bus tombe en panne, nous allons nous mettre à l’ombre et attendrons deux heures jusqu’à ce qu’un autre bus vienne nous récupérer. Nous approchons de Poipet, ville frontière célèbre pour sa saleté. Poipet s’est transformée en un véritable Las Vegas, elle abrite six importants casinos. La ville est devenue une destination de choix pour le pays voisin où les jeux sont interdits. Malgré tous les retards cumulés me voilà à la frontière thaïlandaise avant la nuit. Une moto m’emmène à la station d’où partent les songthaews à destination de Aranya Prathet, la première ville du territoire thaïlandais. Je trouve à me loger tout près de la gare ferroviaire car demain je prendrai le train pour retourner à Bangkok.

En route vers la frontière Thailandaise.

Après demain je quitterai le Cambodge, il ne me reste plus qu’une journée pour flâner dans Siem Reap avec Toï. On a vite fait pour faire le tour de la ville à pied et sans risque de se perdre, la grande “nationale 6” traverse le nord de Siem Reap et longe le marché central Psar Leu. Nous passons devant le grand hôtel, la poste et le tribunal. Juste en face se trouve la résidence royale avec la villa blanche, celle où le Général De Gaulle séjourna en 1966 lors de sa visite à Angkor. Sihanouk l’avait invité, mais pas son ministre de la culture, un certain André Malraux qui écrivit “La voie Royale” un récit romancé de son expédition archéologique qu’il mena à Angkor. Et puisque je suis dans les récits, si vous souhaitez tout connaitre dans les moindres détails sur les ruines d’Angkor, il vous faut lire “Un pèlerin d’Angkor” de Pierre Loti, il s'agit d’un admirable journal écrit en 1901.

THAÏLANDE

Hua  Hin - Triste rencontre.

A Bangkok je passe ma première journée à Taewez guesthouse pour faire du rangement dans mes affaires personnelles. Il ne me reste plus qu’une semaine avant de retourner en France. J’ai peur de m’ennuyer six jours dans la capitale et décide d’aller passer quelques jours à Hua Hin, une petite station balnéaire paisible où je vais pouvoir profiter de la mer. Je me rends donc à la station de Thomburi pour y prendre le train de 13 h 30. Le trajet jusqu’à Hua Hin qui se trouve à 340 kilomètres au sud de Bangkok est très long car le train s’arrête dans tous les moindres villages. A Ratchaburi une ravissante passagère embarque et vient s’installer à mes cotés. Elle parle bien l’anglais et est très bavarde, nous faisons rapidement connaissance. Elle s’appelle Noon, elle a 36 ans et habite à Hua Hin. Le courant passe bien entre nous, aussi le trajet nous parait plus court. Je fais mine de ne pas connaître Hua Hin alors que j’y suis déjà allé deux fois et lui demande de me guider dans ma démarche pour trouver une guesthouse à mon goût. Le train entre en gare, il est 18 h 30, j’appelle un taxi. Noon questionne longuement le chauffeur et après quelques minutes de route je me rends compte que nous ne nous dirigeons pas vers les plages. J’interroge Noon et elle me répond que nous passerons d'abord chez elle pour y déposer ses valises. Elle loue une chambrée tout près du marché central dans un petit immeuble bien tenu. Elle m’abandonne plusieurs minutes et s’en va faire une petite toilette. A son retour elle me propose de m’installer chez elle. Pourquoi pas ! Je serais en bonne compagnie et tout aussi bien qu’à “Twenty one guesthouse” où j’étais il y a deux ans. Deux de ses amies et voisines de palier se pointent, nous prenons l’apéritif et dînons tous ensemble. Les deux invitées nous quittent et nous terminons la soirée à la lueur de deux bougies devant une bouteille de Whisky. Noon sort une boite de préservatifs..... Le lendemain au petit jour je n’en reviens toujours pas de cette rencontre et de l’heureux déroulement de ma soirée. Désormais Noon ne me quittera plus d’une semelle. Nous allons à la plage en amoureux, nous déjeunons et dînons ensemble. Elle est très fière de se promener avec moi et me fait connaître tous les recoins de sa petite ville.

Hua Hin a perdue de son charme, aujourd’hui de grandes chaînes hôtelières telles que Hilton, Hyatt et Mariott accueillent un grand nombre de touristes occidentaux. La ville ne manque pas d’expatriés venus pour travailler dans les restaurants, cafés et bistrots français, italiens, espagnols, allemands qui jalonnent la ville. Cette croissance rapide n’a pas épargné Hua Hin de l’industrie du sexe, les bars à hôtesses ont envahi une petite allée du centre de la ville. Nous longeons la côte sur Thanon Naretdamri où se trouvent encore de charmantes maisons de bois et poursuivons pieds nus sur le sable chaud jusqu’à Hat Khao Takiap où mouillent de magnifiques bateaux de pêcheurs. Après le déjeuner nous faisons une agréable balade jusqu’au temple de Kao Kai Lad, édifié au bord de l’eau. De retour en ville vers 17 heures nous nous accordons une heure de repos avant d’aller flâner dans Hua Hin “by night”. Nous dînons à “l’Italiano” et allons passer plus d’une heure au clair de lune sur la plage du Sofitel. Noon ne veut pas admettre que je dois la quitter après demain. Comme beaucoup de Thaïlandaises elle est très possessive et très fière, elle me supplie de rester plus longtemps avec elle, mais ça ne me sera pas possible car je dois absolument retourner à Bangkok pour y rencontrer Alain et monter à Mochit au marché du week end une dernière fois avant mon départ. La nuit porte conseil ! Au petit matin c’est décidé, je quitterai Hua Hin demain matin au train de 6 h 30. Sur les coups de neuf heures après un bon petit déjeuner nous partons louer une moto pour nous rendre dans le parc national de Khao Sam Roï Yot, surnommé “Three hundred mountain peaks” (Parc des 300 cimes). Pour profiter de la vue spectaculaire sur les lagunes, nous gravissons les 600 mètres qui mènent au sommet du Khao Kracham. Pour trouver plus de fraîcheur nous empruntons une petite embarcation qui nous dirige à la grotte de Tham Phraya Nakhon dans laquelle venait se reposer le roi RamaV et nous retournons à pied par un petit sentier escarpé pour récupérer la moto et rentrer sur Hua Hin. En attendant la nuit, avant d’aller au karaoké nous allons siroter une Singha au bord de mer. Noon qui n’a toujours pas digéré mon départ imminent veut m’accompagner à Bangkok, mais sachant que j’aurai trop à faire en deux jours je refuse sa proposition. Les choses se gâtent ! Nous frappons à la porte de ses deux copines et nous nous dirigeons vers le karaoké et là, je constate que toutes les trois chantent très bien.  Vers 23 h 30 Noon disparaît et me laisse seul avec ses deux copines qui ne comprennent pas les raisons de sa fuite. Je retourne chez elle en pensant la retrouver, mais c’est en vain, la porte est fermée. Il est 1 heure du matin je suis bel et bien à la rue, mes papiers et mes billets d’avions sont enfermés chez elle et à 6 heures du matin je dois prendre le train pour Bangkok. Furieux je fonce au bureau de la police touristique et explique ma situation. Les flics ne pourront pénétrer chez elle qu’à 6 heures du matin et cela ne me convient pas du tout. Après plus d’une heure au commissariat de police une brillante idée me vient, je simule un malaise, les autorités me portent à boire et je leur explique qu’il faut absolument qu’ils aillent me récupérer mes affaires à l’intérieur desquelles se trouvent des médicaments que je dois prendre en toute urgence. Le grand chef donne l’ordre d’exécution et vingt minutes après les voila de retour avec mon sac et mes précieux papiers. Les flics me conduisent à la gare où je passerai deux heures à dormir profondément sur un banc en attendant le train.

Le train dans lequel j’ai passé 4 h 30 à dormir arrive à Bangkok, je fonce à Taewez pour y dormir encore deux heures avant de me rendre chez Alain à qui je narre ma bonne aventure qui avait si bien commencé mais qui s’est très mal terminée. Ce soir je ne traînerai pas jusqu’à 2 heures du matin comme j’ai l’habitude de le faire lorsque je suis chez Alain. A 23 h 30 je commence à tomber de sommeil, Alain appelle un taxi afin que je puisse regagner Taewez.

 Mon dernier jour de voyage.

Dimanche 19 juin 2005, pas même le vacarme du marché de la rue Sri Ayutthaya a réussi à me réveiller. Je fais surface à 10 h 30, m’empresse de prendre mon petit déjeuner avant de partir au marché du week end à Mochit pour y faire mes dernières emplettes. Je mets de côté 1000 bahts qui me seront nécessaires pour quitter Bangkok: 250 bahts pour le taxi jusqu’à l’aéroport Don Muang, 500 bahts pour régler la taxe d’aéroport et 200 bahts pour boire un dernier verre. Le reste de mon argent me servira à acheter des T-shirts pour Yannis et Sarah et un tas de souvenirs de pacotille.

Deux heures avant d’aller à l’aéroport je me rends au marché de Thewet pour y prendre de la citronnelle, de la bergamote et des feuilles de kafir que je congèlerai à mon arrivée. Je vais ensuite trouver la vendeuse de sauterelles, cafards et autre insectes de tout genre pour y acheter un assortiment de bestioles que Yannis m’a demandé de lui ramener. Je prends mon dernier repas à Taewez Guesthouse et monte récupérer sac et valise avant de faire appeler le taxi qui me conduira à l’aéroport Don Muang.

Comme chaque année je redoute ce voyage retour, il me parait deux fois plus long que celui de l’aller. Plein de bonnes choses trottent dans ma tête ! Pourvu que j’attrape rapidement le sommeil !

 Arrivé à Zurich j’appelle Francis pour lui reconfirmer mon arrivée dans deux heures à l’aéroport de Nice Côte d’Azur. 

 A la une...................Yangon  (AFP)  26/09/07

 La junte birmane réprime les manifestations: 4 morts et 100 blessés.

La junte en Birmanie a commencé mercredi à réprimer le mouvement de protestation mené par des bonzes contre le régime militaire, faisant charger des manifestants à Rangoun où au moins quatre personnes -un civil et trois bonzes- ont été tuées et cent autres blessées. Un des bonzes a été tué par un coup de feu alors qu'il tentait de désarmer un soldat tandis que les deux autres religieux ont été battus à mort, a indiqué un responsable birman ayant requis l'anonymat. Un second responsable a précisé que les incidents avec des bonzes s'étaient notamment produits près de la célèbre pagode Shwedagon, point de ralliement des moines qui ont pris la tête de défilés quotidiens contre la junte depuis le 18 septembre à Rangoun. Une centaine de manifestants, dont la moitié de bonzes, ont aussi été blessés et quelque 200 personnes arrêtées. Signe d'une préoccupation grandissante de la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU a été convoqué d'urgence pour des consultations sur la Birmanie mercredi à 15H00 (19H00 GMT), a annoncé à New York le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, dont le pays assure ce mois-ci la présidence tournante du Conseil. Mais dès avant cette réunion, les Etats-Unis et l'Union européenne se sont déclarés "profondément troublés" par les informations provenant de Birmanie et ont appelé la junte à cesser les violences contre les manifestants, dans un communiqué commun publié à Bruxelles. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a décidé d'envoyer d'urgence son émissaire spécial pour la Birmanie, Ibrahim Gambari, dans la région, tout en invitant les autorités birmanes "à coopérer pleinement avec cette mission".

Le parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, assignée à résidence depuis 2003, a accusé pour sa part la junte d'avoir commis "une faute irréparable" au regard de l'Histoire, en chargeant des manifestants pacifiques, dont des bonzes. Les premiers incidents ont été signalés vers 12H00 locales (05H30 GMT), lorsques les forces de sécurité ont chargé quelque 700 personnes, principalement étudiants mais aussi des bonzes, qui commençaient à se rassembler non loin de la pagode Shwedagon. Les manifestants ont été frappés indistinctement à coups de matraque. Un peu plus tard, dans le quartier de la pagode Sule, des policiers et des soldats ont tiré en l'air et ont fait usage de gaz lacrymogène, avant de procéder à des tirs de sommation. "Ils insultent même notre religion et nos moines", a protesté un quinquagénaire en s'enfuyant à l'écart des nuages de gaz. Une heure plus tard, des dizaines de milliers de personnes, dont des bonzes, se regroupaient ailleurs dans le centre-ville, tandis que des tirs retentissaient dans d'autres quartiers, selon des témoins.
Confrontés à une montée en puissance des manifestations menées par des moines bouddhistes - 100.000 personnes sont descendues dans les rues respectivement lundi et mardi -, les généraux ont profité de la nuit de mardi à mercredi pour annoncer par haut-parleur un couvre-feu entre 21H00 à 05H00 locales (14H30 à 22H30 GMT).

La première ville de Birmanie a aussi été placée sous un régime d'accès restreint, un statut spécial ressemblant à l'état d'urgence. Mandalay, deuxième ville du pays située dans le centre, a fait l'objet des mêmes restrictions.
Plus tard dans la nuit, deux personnalités soutenant le mouvement de protestation, Zaganar, le plus célèbre des comiques birmans, et Win Naing, un homme politique modéré ont été arrêtés. Ces deux personnalités avaient été vues ces derniers jours à Rangoun en train d'offrir de la nourriture et de l'eau aux moines qui défilaient. Le mouvement de protestation avait été lancé le 19 août par des opposants après une augmentation massive des prix.

A la une........................Yangon  (AFP)  27/09/2007

Les forces de sécurité birmanes sont une nouvelle fois entrées en action jeudi à Rangoun où neuf personnes, dont un journaliste japonais, ont été tuées et des centaines d'autres arrêtées, alors que la junte tentait, non sans mal, de briser un mouvement de protestation.Au moins 50.000 personnes, en majorité des jeunes et des étudiants, ont encore bravé jeudi une interdiction de manifester contre la junte, selon des estimations citées par des témoins. Le bilan de neuf morts a été donné en fin de journée par la télévision nationale, contrôlée par les généraux."Les protestataires ont lancé des briques, des bâtons et des couteaux en direction des forces de sécurité" qui "n'ont eu d'autre choix que de procéder à des tirs de sommation", a affirmé la chaîne officielle.Kenji Nagai, un vidéo-reporter de 50 ans travaillant pour l'agence APF basé à Tokyo, est le premier étranger tué depuis le début des violences à Rangoun. Une source hospitalière birmane a indiqué qu'il aurait succombé à des blessures par balle.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) s'est dite "horrifiée".La Chine, proche alliée de la Birmanie, a appelé le régime militaire et les manifestants à faire preuve de "modération", tout en s'abstenant de condamner la répression.

 Les Etats-Unis ont, de leur côté, exigé que la junte birmane mette fin immédiatement aux "violences contre les manifestants pacifiques" et ont de nouveau appelé la communauté internationale à renforcer la pression sur les militaires au pouvoir.
Malgré l'interdiction de tout rassemblement, des milliers de manifestants ont convergé jeudi vers le centre de Rangoun où ils se sont retrouvés face à des policiers anti-émeute et des soldats armés.Les protestataires ont lancé des slogans liés au héros de l'indépendance, le général Aung San, père de l'opposante Aung San Suu Kyi, maintenue en isolement dans sa résidence depuis 2003."Le général Aung San n'aurait jamais ordonné à l'armée de tuer des gens", criaient-ils, en référence aux victimes de la veille. Ils ont finalement été dispersés après des tirs de sommation et un ultimatum particulièrement ferme.Au moins cent personnes ont été arrêtées sur place et forcées de monter à bord de camions militaires, alors que d'autres manifestants s'enfuyaient dans les rues adjacentes en courant.

La télévision nationale a accusé la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi d'avoir fomenté des troubles en payant des personnes pour qu'elles participent aux manifestations.
Elle a indiqué que deux membres de la LND, Hla Pe et Myint Thei, avaient été interrogés, ainsi que deux responsables de partis ethniques, Htaung Ko Htan et Chin Sian Thang, pour leur rôle dans le "soulèvement".D'autres tirs de sommation se sont produits à l'est de Rangoun où des groupes de protestataires étaient descendus dans la rue, selon des témoins.
Des échauffourées ont éclaté dans au moins trois endroits distincts alors que les forces de l'ordre tentaient d'appréhender des moines pour les placer par la contrainte dans des camions. Les religieux ont reçu le soutien d'habitants qui ont tenté de s'interposer.
De nombreux bonzes ont, par ailleurs, été interpellés dans leurs monastères et conduits, par camions, en dehors de la ville, vers une destination inconnue, dans le but évident de les empêcher de participer aux défilés. Des témoins ont relaté avoir vu au moins six camions chargés de moines. Au total, jeudi, les manifestations et les violences ont duré six heures. Une centaine de bonzes avaient déjà été arrêtés dans la nuit de mercredi à jeudi par les forces de sécurité qui avaient lancé un raid contre un monastère de l'est de Rangoun, selon des témoins. Certains moines ont été "battus sévèrement", ont indiqué des sources diplomatiques britanniques.

A la une..............................Yangon  (AFP)   28/09/2007

La junte militaire birmane a continué vendredi d'étouffer un mouvement de protestation populaire en dispersant par la force de nouvelles manifestations et en coupant la principale liaison à l'internet. Depuis mercredi, au moins treize personnes, dont un vidéo-journaliste japonais, ont été tuées, selon des sources officielles. Mais le Premier ministre britannique a estimé vendredi que le nombre de tués est "bien plus important" que le bilan officiel.
Malgré deux jours de répression de la part des autorités, plusieurs milliers de personnes sont encore descendues dans les rues de Rangoun, la plus grande ville de Birmanie. Comme mercredi et jeudi, elles ont fait face à des charges policières et à des tirs de sommation. La junte militaire a nié cette mobilisation. Les médias officiels ont comptabilisé vendredi 120 manifestants.
Les nouvelles violences se sont produites notamment près de la pagode Sule, dans le centre-ville où la plupart des commerces étaient fermés. Selon des témoins, les forces de sécurité ont donné l'ordre par haut-parleur à quelque 10.000 protestataires, en majorité des jeunes, de quitter les lieux avant de les chasser à coups de matraque. Elles ont aussi tiré en l'air. La principale liaison internet en Birmanie a brutalement arrêté de fonctionner vendredi, officiellement à cause d'un "câble sous-marin endommagé".
Mais selon une source occidentale fiable à Rangoun, la coupure aurait été ordonnée par la junte qui cherche à empêcher la diffusion, hors de Birmanie, d'informations, de photos et de vidéos sur la répression en cours. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a estimé que le régime tentait "d'imposer un huis clos".
Des moines bouddhistes, qui avaient été le fer de lance de la contestation avant d'être interpellés par centaines ces derniers jours, étaient rares vendredi dans les rues de Rangoun, quadrillées depuis le matin par la police. "Les moines ont accompli leur tâche et, désormais, nous devons poursuivre le mouvement", affirmait un leader étudiant. Des témoins ont indiqué que quatre bonzes avaient encore été arrêtés dans un raid contre un monastère dans la banlieue de Rangoun.
Cette répression aurait provoqué des "actes d'insubordination" au sein de l'armée, selon des sources diplomatiques. "Nous avons entendu que certains militaires auraient refusé d'obéir à des ordres et que d'autres se seraient même rangés du côté des manifestants", a dit un diplomate. Des milliers de jeunes ont aussi manifesté sur des deux-roues vendredi à Mandalay, la deuxième ville de Birmanie. Ils ont été dispersés par des soldats du régime. Des témoins encore choqués ont, par ailleurs, raconté vendredi comment des soldats birmans avaient tué la veille huit manifestants, en ouvrant le feu à l'arme automatique, dans une foule de plusieurs milliers de personnes qui protestaient contre une attaque menée contre un monastère."Des gens ont commencé à lancer des pierres en direction des soldats", a déclaré à l'AFP un témoin. Pendant une trentaine de minutes, la foule a conspué les militaires qui ont semblé, à un moment, céder à la panique et ont commencé à tirer à l'arme automatique. Le vidéo-reporter japonais a été tué dans un autre quartier. Une télévision japonaise, Fuji TV, a affirmé images à l'appui vendredi que le reporter avait été abattu délibérément et à bout portant, d'une balle dans le cœur, par un soldat.
Les pressions internationales se sont poursuivies vendredi avec notamment un appel conjoint du président américain George W. Bush et le Premier ministre britannique Gordon Brown à la junte pour qu'elle cesse de réprimer par la force les manifestations.
Mais la Russie, qui comme la Chine, dispose d'un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, a jugé vendredi "prématuré" de parler de sanctions contre la Birmanie, par la voix de son président Vladimir Poutine. L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Ibrahim Gambari, est pour sa part attendu samedi en Birmanie. La Maison Blanche a pressé la junte birmane de lui permettre de rencontrer qui il voudra en Birmanie, y compris l'icône de l'opposition et Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Une session extraordinaire du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies doit se tenir mardi prochain à Genève.

 

 

22 juillet 2015

ANNEE 2006: THAÏLANDE - VIETNAM - THAÏLANDE

ANNEE 2006

 

 Thaïlande - Vietnam - Thaïlande

 

THAÏLANDE

 

Le Départ

Sept avril, nouveau départ de Nice avec cette année un vol Alitalia à 11 heures 30. Arrivée à Rome à 13 h 40. Départ de Rome après quatre heures d’attente, avec China Airlines. L’avion survole Istamboul, la mer Caspienne à 11300 mètres d’altitude puis je plane sur Kaboul, Bénares, Calcutta et Yangon pour arriver à Bangkok le 8 avril à 16 heures 30.  Me voici à nouveau dans la capitale trépidante de la Thaïlande. Vite ! Un tuk-tuk et direction de la rivière Chao Phraya pour y prendre un long-trail boat et remonter le courant jusqu’au quartier Thewet, loin du vacarme des grandes artères de la ville. C’est parti ! me voici maintenant replongé dans la sérénité des vestiges des cités anciennes et la spiritualité des temples bouddhiques somptueusement décorés. J’ai retrouvé mes amis et mes amies et commence à apprécier leur grande hospitalité. Mais ce ne sera pas pour longtemps car dans cinq jours je m’envolerai pour Hanoï, la capitale du nord Vietnam. Je resterai 28 jours au Vietnam, le temps d’aller rencontrer les nombreuses tribus du nord situées tout près de la frontière sud de la Chine. Je rejoindrai de nouveau Hanoï et irai passer quelques jours dans la baie d’Along et sur l’île de Cat Cat. Tout doucement je m’enfoncerai dans les terres via Haïphong et Ninh Binh puis descendrai à Hue, Danang et Hoï An. Je traverserai ensuite le pays d’est en ouest par la zone démilitarisée pour atteindre Savanakhet au centre du Laos. Enfin, je regagnerai Bangkok pour un bref séjour avant de m’envoler vers le triangle d’or, aux confins des trois frontières (Thaïlande, Birmanie, Laos). En attendant je savoure les meilleurs plats de la cuisine Thaï, et profite des massages bienfaiteurs et de l’atmosphère parfumée des échoppes de trottoirs. Sous 37 °C je vais et je viens dans la capitale dans tous les sens et dans tous les recoins. Je suis toujours envoûté par la douceur de vivre des habitants, leur art de vivre et leur sourire. Je m’en vais du temple de l’aube au temple du Bouddha couché et du temple au Bouddha d’émeraude à la montagne d’or. Je fais des kilomètres sur les canaux pour plonger au plus profond du Bangkok historique, me prélasse au calme dans les grands jardins verdoyants et le soir venu  m’attarde dans la ville moderne truffée de restaurants, de boutiques animées, de boîtes de nuit et de gogo girls bar.

Bangkok s’appelait autrefois “Bang Makok” (lieu des olives). La ville devint capitale du pays en 1782. Aujourd’hui Bangkok s’appelle “Krug Thep” (la cité des anges). C’est ma cinquième visite de Bangkok, une ville que j’affectionne beaucoup tellement elle est passionnante et remplie de contrastes. Elle mêle les vestiges de la culture traditionnelle avec les agréments d’une ville moderne. Ce que j’apprécie à Bangkok c’est que je suis sûr de ne pas m’y ennuyer. Pour me déplacer j’ai maintenant tout compris, je n’ai plus besoin du plan de la ville. Je connais tous les contours et me suis fait de nombreux repères, et si d’aventure je m’égare il y a toujours un thaï pour me remettre sur le bon chemin. Je navigue en bus, en tuk-tuk, en songthaew en bateau et en ski-train. Il fait terriblement chaud aujourd’hui, j’avale des litres de “nam yen” (eau fraîche) et un peu moins de “Singha” (excellente bière locale). Il est facile de communiquer depuis la Thaïlande et j’en profite le soir à Taewez guesthouse, depuis mon computer pour vous faire partager un peu de mon périple. Chose qui sera plus difficile depuis le Vietnam et le Laos. Il est 19 heures (heure locale), 14 h en France. Ici il fait déjà nuit noire et m’en vais dîner au port fluvial de That Chang avant d’aller assister à un spectacle de danses classiques, et puis je finis ma soirée à Kao San Road où l’ambiance bat toujours son plein. Kao San Road est une rue piétonne de 300 mètres où des milliers de noctambules vont et viennent éblouis par les enseignes lumineuses clignotantes et assourdis par un mélange de musiques anglo-saxonnes. La rue est truffée de cabarets, de salons de massages, d’agences de tourisme, de boutiques à souvenirs, de bureaux de change et de restaurants occidentaux et locaux. En Thaïlande la nourriture tient une place de choix, restaurants ou cantines ambulantes proposent des plats aux arômes et parfums très divers. La cuisine Thaï a sa propre originalité influencée par ses voisins, la Chine, l’Inde et la Malaisie, aussi, elle abonde d’ingrédients naturels. En Thaïlande manger est un plaisir “Sanuk” plaisir de partager de la nourriture avec autrui. La gastronomie thaïlandaise repose sur la recherche de l’équilibre parfait entre les aliments. Seuls les aliments frais sont utilisés très peu cuits afin qu’ils restent croquants et qu’ils conservent leur vraie valeur nutritive. Les graisses sont très peu utilisées et toutes les nuances des condiments et des épices allient, la douceur de la noix de coco avec les brûlants curry qui enflamment la bouche et aussi l’estomac. Le riz est au cœur de tous les repas, il joue un rôle central car il répond aux exigences d’une alimentation saine et équilibrée car il ne contient pas de cholestérol. De plus, le riz trouve en Thaïlande des conditions idéales pour son développement. Les pâtes alimentaires sont à la base d’une multitude de préparations. On distingue les vermicelles chinois (à base de farine de germes de soja), les pâtes au riz (à base de farine de riz), les pâtes à l’œuf de cane ou d’oie (à base de farine de blé). Les principaux légumes utilisés sont: les aubergines, les pousses de bambous, les piments, les pleurotes, le pak-chai (chou), le haricot thaï qui mesure un mètre de long, le shitake (champignon), les châtaignes d’eau, le soja, le liseron d’eau et le basilic. Les sauces de base sont le nam plaa (sauce de poisson), la sauce de haricot, la sauce de canard, la sauce de soja, la sauce d’huître, la sauce chili et la sauce hoisin. Pour agrémenter les plats il faut alors jongler avec le galanga, le gingembre, la limette, la coriandre, la noix de coco, le sucre de palme, le tamarin, la ciboulette, la citronnelle la bergamote et le basilic. Toutes les viandes sont présentes en Thaïlande depuis le porc, le bœuf, les volailles et le poisson. S’il n’est pas fraîchement pêché, le poisson est vendu séché. La soupe de poisson “Thom Yam Kung” est un délice à la citronnelle fortement épicée. Dans un mois et demi lorsque je serai de retour du Vietnam je m’inscrirai à un stage de cuisine Thaïlandaise dans la province de Chiang Maï. Je ne manquerai pas de vous délivrer les recettes des principaux plats les plus populaires de Thaïlande, mais en attendant, demain je me rendrais au Wat Pho à l’école de massages........Le “Raksa Thaang Muat” (traitement par massages) est un système complet qui conjugue le pétrissage des muscles, la manipulation du squelette, les pressions des tendons et des ligaments dans le but d’équilibrer les quatre éléments du corps: la terre, parties solides du corps (os, nerfs, muscles, vaisseaux), l’eau, parties liquides du corps (sang, sécrétions), le feu (digestion et métabolisme), l’air (respiration et circulation).  Aujourd’hui les massages purement traditionnels ont laissé place à une manière de se relaxer et même à un but récréatif quand ils constituent un complément à la prostitution. La pharmacopée traditionnelle thaï utilise plus de 700 plantes seules ou en combinaison. Les plus couramment utilisées sont: le “yaa klaang baan” (plante grimpante), utilisée contre l’excès de fièvre, le “raak chaa phluu” (racines de poivrier), utilisé contre les douleurs d’estomac, le “yaa hawn” utilisé contre les douleurs et maux de tête, le “chantha lulaa” utilisé contre les affections respiratoires et la grippe. Le poivre noir et le basilic constituent un anti flatulences. Tous ces remèdes sont en vente partout. D’autres thérapies d’appoint sont basées sur la méditation, la visualisation et l’hypnose. Il s'agit du “raksaa thaang naï” ou guérison interne. Par exemple, avant de faire un long voyage il faut se nouer une cordelette de coton au poignet. Cela a pour but de lier le voyageur à ses 32 “Khwan” (esprits gardiens personnels). Je ne savais pas que je voyageais accompagné ! Les esprits sont avec moi, je peux m’envoler demain pour Hanoï sans le moindre souci.

 

 LE  VIETNAM

Hanoï                                                                                                              

Nous sommes le14 avril, je quitte Taewez guesthouse à 5 heures du matin dans un taxi qui m’emmène à l’aéroport Don Muang pour 240 bahts (5 euros). Il faudra que j’attendre deux heures avant le départ de mon vol pour Hanoï. J'arriverais alors à l’aéroport Noï Baï de Hanoï à 10 heures. Chose faite, Il me faut maintenant regagner le cœur de Hanoï. J’apprends qu’au bout de l’aéroport se trouve le bus jaune N°7 qui m’emmènera au centre de la ville pour 5000 dongs (1/2 euro). Le bus est archi bondé, je suis collé à deux étudiantes vietnamiennes qui parlent un bon anglais. Celles-ci me proposent de me guider jusqu’au “Old Darling café hôtel”. Adresse: so 10 Dao Duy Tu - Hoan Kiem district - Hanoï.

Dien Bien Phu, Piste Ho Chi Minh, Apocalypse Now, Good Morning Vietnam, L’amant, Entre ciel et terre, ces quelques mots évoquent ce pays de culture qui a été ruiné par 30 années de combats pour gagner son indépendance. Le Vietnam a chassé de son sol deux puissantes armées, l’armée française et l’armée américaine. Aujourd’hui il se met doucement en marche bien que le mot démocratie reste encore un rêve. Le pays est splendide, il a la forme d’un dragon dans lequel tout est rizières, bambous et chapeaux coniques. C’est un pays où voyager n’est pas facile compte tenu des infrastructures parfois réduites au minimum. Ce pays revient de loin et maintenant tout change trop vite et trop imprudemment. Il semble vouloir rattraper le temps perdu mais au risque de se perdre à nouveau. 85 millions d’habitants vivent sur 330 000 km2, principalement à Hanoï, Ho Chi Minh et Hué. Les vietnamiens vivent avec 400 euros par an et par habitant, ils sont dirigés par le parti communiste unique représenté par Tran Duc Luong. 3500 kilomètres séparent les hauts reliefs du nord où vivent de nombreuses minorités ethniques, du sud où se jette le Mékong. Le Vietnam est couvert pour 3/4 de collines et de montagnes, avec pour point culminant le Fan Si Pan à 3143 mètres d’altitude. A l’est se déroulent 3200 kilomètres de côtes. Cinq sites du pays sont classés patrimoine de l’Unesco: la baie d’Along, la cité impériale de Hué, la vieille ville de Hanoï, le sanctuaire de My Son et le parc national de Nha Bang. C’est à bras ouverts que les vietnamiens accueillent les visiteurs. Arrivé à Hanoï, au cœur de la ville moderne je me rends rapidement compte que les gens ici sont profondément attachés à leur passé et je me trouve plongé 50 ans en arrière. Les motos, les portables, les mini-jupes cohabitent avec les pagodes et la foi religieuse basée sur le culte de l’ancêtre. Pour traverser à pied l’artère principale qui rejoint mon hôtel, ça relève de l’expédition, il faut y aller franchement et sans hésiter car les vélos, les motos, les cyclo-pousses et les rares voitures ont appris à éviter les piétons. On ne s’entend plus ! Le bruit est permanent, ça klaxonne à tout va, les téléviseurs et les radios portables sont au maximum, dans les rues les coqs chantent les chiens aboient et le soir venu les karaokés démarrent très tôt.

Hanoï est la ville la plus authentique d’Asie, sa physionomie n’a guère évoluée depuis 1954. La ville ancienne est quasiment intacte car le centre a été épargné par les bombardements américains. Hanoï est charmante, bruyante et colorée, pourvu qu’elle ne tombe pas trop vite dans les griffes du progrès. Je suis installé tout près du petit lac de Hoan Kiem dans un quartier que j’aime beaucoup et où l’on peut boire dix bières “Bia Oï” pour un euro. Dès demain je commencerai par la découverte des vieux quartiers et après demain je le consacrerai à la périphérie. « Old Darling Hôtel » n’est pas la meilleure adresse du coin, le confort des chambres est satisfaisant, mais le vacarme, les va-et-vient incessant et le claquement des portières ne permettent pas d’y passer une nuit reposante. Aussi je décide de m’installer vingt mètres plus loin sur le même trottoir à “Namh Durg Guesthouse” pour cinq dollars la nuit. Le moyen de transport le plus pratique et le plus populaire pour se déplacer en ville est le cyclo-pousse. Pour 10 000 dongs (1 euro) je me fais déposer sur les rives du lac Hoan Kiem. Hoan Kiem signifie “épée restituée”. Très tôt ce matin il y a déjà des personnes âgées qui font de la gymnastique ou du footing autour du lac. Au milieu du lac il y a un îlot, “l’île de la tortue”, et tout au nord sur la montagne de jade j’aperçois un admirable petit temple, le temple de Ngoc Son. Pour parvenir sur l’île je franchis un romantique pont de bois tout rouge, “le pont du soleil levant”. Tout près de la première tourelle je croise une tortue géante de deux mètres de diamètre qui pèse 250 kilos. C’est la tortue qui a repêché la fameuse épée du guerrier. Le site est absolument merveilleux. Depuis l’îlot j’observe le rivage planté de superbes flamboyants géants et la repoussante façade du théâtre de marionnettes. A pied, je me dirige dans le fascinant quartier des corporations puis au grand marché. Me voici dans un treillis de ruelles de trois mètres de large. Chacune des rues représente un métier. C’est à l’aide de mon “lonely planet” que je m’organise pour ne rien manquer du coin et je commence la ronde des ruelles: la rue des montres, la rue du poisson grillé, la rue des bannières religieuses, la rue de la chaussure, la rue de la mercerie, la rue du carton, la rue des balances, la rue des stèles funéraires, la rue du sucre, la rue des médicaments, la rue des vermicelles, la rue du chanvre........ A l’extérieur de ce labyrinthe me voici devant d’admirables maisons chinoises, je m’arrête pour prendre un thé avant de rentrer dans le grand marché Don Xuan construit par les français. Ici on trouve de tout: des plantes, des épices, des poissons, des oiseaux, (je ne m’y attarde pas car ça craint la grippe aviaire), des bestioles de tout genre, serpents et geckos utilisés pour la pharmacopée locale traditionnelle. Quel spectacle étonnant et envoûtant ! C’est le quartier du Hanoï éternel et inoubliable. A l’issue de cette journée bien chargée en images insolites je décide d’aller dîner au restaurant “Bat Dan”. Au menu il y a beaucoup de curiosités culinaires: des grenouilles, du serpent, des anguilles. J’opte pour le serpent et n’en suis pas déçu. C’est bien meilleur que les sauterelles et cigales thaïlandaises. Pour terminer ma digestion je m’en vais acheter un billet pour assister au spectacle quotidien de marionnettes sur l’eau, il m’en coutera 40 000 dongs (4 euros). Le spectacle est passionnant et charmant. Toute l’âme de la rizière vietnamienne s’exprime avec des personnages, des animaux, des dieux et des génies. Le spectacle est une succession de sketches mettant en scène la vie quotidienne des paysans. Les acteurs cachés sont de véritables virtuoses qui manient les marionnettes à distance. Il est grand temps de regagner ma nouvelle guesthouse pour y passer une meilleure nuit.

Aujourd’hui avant de m’en aller vers la périphérie je dois me rendre à la gare centrale pour  réserver une place dans le train de nuit qui me conduira demain soir au nord tout près de la frontière chinoise. Chose faite ! C’est parti pour une longue ronde dans Hanoï. Pour aller au nord de la ville j’enfourche un Xe-com (moto-taxi). Je me fais déposer devant la plus ancienne pagode de la ville, la pagode Tran Quoc où je découvre l’histoire du bouddhisme en bandes dessinées, les tombes où reposent les bonzes célèbres et la montagne aux bonsaïs. Quelques minutes plus tard me voilà au temple taoïste de Quan Thanh baigné dans d’épais nuages d’encens. Je suis à deux pas du mausolée de Hô Chi Minh, là où fut proclamée le 2 septembre 1945 l’indépendance du pays. Ici il ne faut plus parler, se démunir de son appareil photos, avancer en silence les bras le long du corps, passer devant la garde d’honneur pour arriver à la dépouille mortelle de l’oncle Hô qui repose dans un cercueil de cristal. C’est très émouvant ! Je me sens plus à l’aise dehors devant l’emblème de la ville, l’adorable pagode au pilier unique dressée au milieu d’un bassin fleuri de pousses de lotus. Je poursuis à pied jusqu’à l’ancien palais du gouverneur de style néo renaissance française et vers les maisons de Hô Chi Minh. Dans l’une d’elles Hô y résida de 1954 à 1958, dans l’autre en bois de teck Hô y mourût en 1969. Elle est superbe ! Bâtie sur pilotis au milieu d’une forêt d’arbres plus que centenaires. Une halte s’impose à la tour hexagonale du drapeau, elle mesure soixante mètres et est érigée au milieu d’une place où trône la statue de Lénine. Pour une poignée de dongs j’avale une “Pho” (une soupe), et descends plus au sud pour aller visiter le temple de la littérature construit en 1070. Il mesure 350 mètres de long sur 70 mètres de large et comprend cinq vastes cours. De porte en porte je parviens au pavillon de la pléiade et au puits de la clarté céleste. Ce temple recevait les enfants des mandarins, on y enseignait pensée et morale confucéenne. Dans la quatrième cour décorée de bonsaïs je me trouve devant le portique des bons résultats entouré de grues et de tortues symbolisant la longévité. L’après-midi a vite passé, avant de regagner ma guesthouse j’assiste en plein air à un concert de musique traditionnelle puis m’en vais dîner au “Bit Têt”. Dans un décor bric-à-brac je commande un bifteck en sauce accompagné de frites. Le restaurant voisin sert du “thit chô”, viande de chien, une spécialité tonkinoise considérée comme fortifiante. Le chien est préparé de différentes façons: en soupe, grillé, en ragoût et en saucisses. Le repas est accompagné d’un verre d’alcool additionné de sang ou de bile, un breuvage sensé donner des forces. Seuls les hommes consomment du chien. Le menu à plat unique coûte trois euros. Ca vaut la peine de tenter l’expérience ! Mais je ne me suis pas laissé tenter. 

Aujourd’hui pas question d’entreprendre une trop grande randonnée en ville, car ce soir je dois être à l’heure pour prendre mon train. Une petite promenade vers l’opéra, un bâtiment construit en 1911 et inspiré du palais Garnier. Il a été entièrement rénové en 1997 par les vietnamiens, les français et les italiens pour accueillir le sommet de la francophonie. Pour redescendre vers mon quartier je fais un détour par le pont Long Bien (ex pont Paul Doumer) construit en 1682 par les français. Ce pont n’est accessible que par les piétons, les deux roues et les trains, il traverse le fleuve Rouge et fut bombardé 175 fois par les américains. En attendant 20 heures, l’heure du départ de mon train de nuit pour Lao Caï, je me rapproche de ma guesthouse pour écrire quelques cartes postales et envoyer des E-mail à mes proches.

Sapa - Nord Vietnam

Mon sac est fin prêt, j’attends à la réception une moto-taxi qui va me conduire à la gare centrale. Pour m’engager sur le quai je dois donner quelques dongs afin d’obtenir le privilège de devenir prioritaire. Chose faite, un “guide” m’accompagne à mon wagon et je prends aussitôt possession de ma couchette. Trois espagnoles voyageront avec moi, elles parlent un peu le français, ainsi le voyage me paraîtra plus court. Les couchettes sont très confortables et j’ai passé une très bonne nuit pour me réveiller à Lao Caï, terminus du train vietnamien. Avec les espagnoles nous nous mettons en quête pour trouver un bus pour Sapa. Lao Caï est ville frontière avec la Chine du sud, la province du Yuman, d’ici il est facile de rentrer en Chine à pied lorsqu’on est en possession du visa. La route qui sépare Lao Caï de Sapa est magnifique. Une heure trente de descente et me voici à Sapa, à 450 kilomètres au nord de Hanoï et à 1650 mètres d’altitude dans un cirque montagneux appelé “pays bleu”. Je m’installe dans cette ancienne petite ville coloniale fondée en 1922 par les français au « Royal Hôtel Sapa » pour 4 dollars la nuit. Adresse: Cau May Str - Sapa - Lao Caï - Vietnam Tél: (84) 20 871 303. E-mail: royal hotel_sapa@yahoo.com. Je vais passer beaucoup de mon temps à vivre dans cette campagne reposante pour y faire de nombreux treks car c’est entre trois et vingt kilomètres de la ville que je rencontrerai les principales minorités ethniques qui vivent ici.  La température est agréable dans la journée mais les soirées sont fraîches. Il n’est pas loin de midi et il me faut aller au marché pour acheter un blouson pour quatre euros. Les ethnies sont sur la grande place près du marché couvert pour vendre leurs produits. Les Hmongs noirs représentent les deux tiers de la population de Sapa, ils sont reconnaissables à leurs bandes molletières qu’ils portent en guise de guêtres et à leurs turbans bleus. Les femmes portent plusieurs boucles d’argent aux oreilles. Quant aux Dzao rouges, ils se promènent avec leurs sacs à pompons rouges, c’est la tradition ici. En âge de se marier (aux alentours de 14 ans) les adolescentes se rendent au marché de nuit des amoureux où les attendent les jeunes garçons coiffés de trois turbans colorés. Ce rituel est indispensable pour la cohésion sociale de ces tribus, il est un facteur déterminent pour la reproduction du groupe afin d’éviter la consanguinité. Les femmes Hmongs sont moins farouches et moins timides que les femmes Dzao. Les Hmongs sont divisés en cinq branches: les blancs, les fleurs, les noirs, les rouges et les verts, en fonction de leurs coutumes et dialectes. Leurs villages comptent une douzaine de familles de même lignée, leurs habitations sont en bois. Les Hmongs se sédentarisent, ils se nourrissent principalement de maïs et de riz, ils cultivent le chanvre le coton, le ginseng, les pêches et les prunes. Les femmes ne possèdent que de très peu de droits et deviennent chefs de famille à la mort de leurs époux. Les femmes accouchent accroupies et le placenta est enterré sous le lit si le nouveau-né est une fille mais sous l’autel des ancêtres si le nouveau-né est un garçon. Ils pratiquent le culte des esprits et croient en la réincarnation. Les Dzao vivent à plus haute altitude, là où règnent les brumes éternelles. Les femmes se rasent la tête qu’elles enduisent de cire et recouvrent de beaux fichus rouges ornés de pièces d’argent. L’éclairage de leurs habitations est produit par de micros générateurs placés dans les ruisseaux. Les Dzao pratiquent le culte de l’ancêtre et honorent les génies du vent, du feu, de la rivière, du riz et des montagnes.  Je viens d’apprendre qu’il est possible de me rendre cet après midi dans deux villages Hmongs et de retourner avant la tombée du jour. Je décide donc d’aller à Cat Cat et à Xin Chaï. Toï ce vietnamien homme à tout faire de l’hôtel parle bien le français, il me propose de m’accompagner. Dès le premier kilomètre je commence à être fasciné par ce décor verdoyant, cette vue plongeante sur la vallée, ce paysage entièrement recouvert de rizières en étages. La balade est superbe, nous passons un long pont de bois suspendu pour atteindre une cascade et une rivière où les générateurs produisent le courant pour les hameaux hauts perchés. La montée sur Sapa est épuisante, à mi-chemin des motos-taxis tentent de persuader les étrangers de monter avec eux. Le décor est tellement sublime que je préfère continuer à pied pour en profiter au maximum.  Pour me mêler à la population locale je choisis d’aller dîner dans les nombreuses gargotes situées sous le marché, dans l’une je prends un plat de cerf accompagné de champignons, dans l’autre une sorte de quiche aux grenouilles. Je regagne alors le Royal Hôtel où je suis très confortablement installé. Demain je partirai pour un trek de trois jours et deux nuits loin de tout.

Trek dans les rizières.

Gom a 24 ans, elle parle très bien l’anglais, c’est elle qui sera ma guide. Dès 6 heures elle m’attend à la réception, me conseille d’emporter le minimum d’affaires et me propose de passer par le marché pour y acheter des chaussures plus confortables que celles que je possède. Gom est chargée, elle profite de faire ce trek pour apporter des denrées à sa maman qui vit très sommairement dans un village isolé. Elle se rend une fois par semaine à Lao Chaï seule ou accompagnée de touristes. Ce trek représente 23 kilomètres de marche avec une première étape de sept kilomètres pour passer la nuit dans le village de Lao Chaï chez la maman de Gom, une deuxième étape de huit kilomètres jusqu’à Ta Van pour passer une nuit chez une famille Dzao et une troisième étape de huit kilomètres pour regagner Sapa. A un kilomètre de Sapa avant d’aborder la longue descente nous faisons une pause dans un café de bord de route pour y prendre un petit déjeuner et fumer un tabac local à l’aide d’une pipe longue de 80 centimètres de fabrication artisanale. La descente vers les plantations de riz est magnifique et le chemin parfaitement praticable sans la moindre difficulté. Gom s’arrête dans un champ pour y cueillir une plante que je méconnais, elle me frotte le creux de la main avec ses feuilles et une minute après, ma main devient bleu sombre. Il s'agit de méthylène, une plante qui est utilisée par les femmes comme produit de beauté. Nous ne sommes plus qu’à quelques minutes des rizières, Gom, à l’aide de deux feuilles de bambous confectionne un instrument de musique et me joue “frère Jacques”. Le chemin est maintenant plus pentu, plus étroit et très glissant, nous descendons avec prudence jusqu’à un cabanon où des fillettes Hmongs vendent des bracelets. Nous profitons de cette étape pour assouvir notre soif. Gom me rapporte une poignée de champignons et me met en garde de ne surtout pas les porter à la bouche car il s'agit de champignons hallucinogènes. Très souvent des gamins imprudents ont eu des comportements étranges après en avoir ingurgité. Nous approchons de Lao Chaï, traversons un pont suspendu à des lianes pour aller visiter l’école. Les enfants me réservent un accueil chaleureux et la maitresse m’explique le fonctionnement de l’enseignement dans ces coins retirés. Les enfants se rendent à l’école seuls et à pied, ils vont de hameau en hameau, ils font jusqu’à cinq kilomètres tous les matins quelques soient les conditions atmosphériques. Les cours durent quatre heures puis il faut retourner. Tous équipés d’imperméable ou de parapluie, de leur cartable et de leur gamelle de riz ils s’en retournent les pieds dans la boue jusqu’aux chevilles. Nous escaladons d’interminables marches en terre boueuse pour arriver à la maison de Gom. Il s'agit d’une grande baraque de bois et bambous recouverte de tôles rouillées. Gom me présente sa maman, son petit frère et sa petite sœur. En attendant l’heure du dîner nous allons visiter son village, le tour en est vite fait car seulement quinze familles vivent ici. Nous allons cueillir des amandes, celles qui nous serviront à préparer la sauce qui accompagnera le maigre poulet. J’ai très bien dormi sur une épaisse paillasse, derrière le rideau qui délimite le coin chambre de la grande pièce unique. Mais me voila réveillé très tôt par le chant du coq. Une épaisse brume recouvre les rizières. En attendant le petit déjeuner je vais faire une petite toilette dans le ruisseau puis m’installe au sommet d’un mamelon de terre pour admirer la beauté changeante de ce paysage brumeux que nous n’avons pas le privilège de voir en France. Gom est réveillée, il nous faut attaquer maintenant les terribles marches boueuses qui mènent à Ta Van. Les hommes sont déjà dans les rizières, de l’eau jusqu’aux cuisses, ils poussent le lourd araire tirée par des buffles noirs. Ce travail très pénible est indispensable trois fois par an si l’on veut avoir une bonne récolte. Ils travaillent de dix à douze heures par jour quelque soit l’humeur de la météo locale. Ensuite se sera aux femmes de repiquer le riz et de le ramasser. Alors que nous traversons un hameau composé de cinq habitations, nous sommes alertés par les cris déchirants d’un enfant qui vient de se couper un doigt avec une machette. Gom qui est équipée d’une trousse de premiers soins vient au secours de l’enfant. Elle alertera l’infirmière du dispensaire de Ta Van dès que nous y arriverons. Je propose à Gom d’accélérer le pas, sans toutefois prendre de risques, surtout lorsqu’il nous faut traverser les dalles de pierres lisses d’une longue cascade. Ce raccourci nous a permis de gagner près de trois kilomètres. Ta Van est en vue, il nous reste à dévaler la longue descente dangereuse où je m’étale dans la boue. Avant d’aller trouver la famille d’accueil, nous fonçons à l’infirmerie pour y trouver la seule infirmière qui assure à pied les urgences sur près de douze hameaux situés entre deux et cinq kilomètres de Lao Chaï. Mission accomplie ! Nous nous présentons chez l’habitant où nous sommes accueillis chaleureusement. Je prends possession d’une chambre sommaire située en haut d’un escalier de bois d’où je domine la grande pièce d’en bas qui sert de cuisine et de salle à manger. Le sol est en terre battue et dans un coin est creusé un petit trou entouré de pierres plates. C’est le foyer, celui dans lequel nous préparerons le repas de ce soir. La maîtresse de maison s’appelle Troï, c’est une femme Dzao d’une trentaine d’années, elle nous explique comment cuire le riz à la vapeur, faire la farce des rouleaux de printemps et les confectionner, préparer les pousses de bambous, et émincer la viande. Son époux est dans les rizières, il rentrera très tard. Les toilettes et les WC sont au fond du jardin dans une petite cabane en bambous alimentée en permanence par l’eau d’un ruisseau. Derrière la réserve à bois se trouve le poulailler et une grange occupée par trois chèvres noires. Le jardin potager est luxuriant, tout ce que nous allons déguster ce soir provient d’ici. Le chef de famille apparait recouvert de boue séchée, il se rend près de la réserve d’eau pour y faire une rapide toilette avant d’aller chercher deux bouteilles d’alcool de riz. Pendant “l’apéro” deux petits enfants terminent leurs devoirs perturbés par ma présence, puis nous passons à table. Une table entièrement recouverte de divers plats et de plusieurs sauces, bref ! un véritable festin et qui plus est, un excellent festin. Troï, la maîtresse de maison aime bien plaisanter et picole comme un homme. Nous trinquons moultes fois avec ce mauvais alcool qui me laissera quelques séquelles au lever. Le petit déjeuner matinal est un véritable cérémonial, Troï prépare la pâte à pankakes, Gom fait fondre du chocolat, Bimbo fait sauter les crêpes. Troï aurait bien aimé que je reste un jour de plus mais Gom n’est pas d’accord. Il nous faut aujourd’hui grimper huit kilomètres sur l’autre versant pour atteindre Supam où se trouve une route à voie unique. A Giang Ta Chaï nous avalons une soupe de nouilles chinoise en sachet et faisons du “Stop” pour regagner Sapa. Sapa où je resterai la matinée de demain avant de prendre le bus pour Lao Chaï et le train de nuit pour Hanoï.

Baie d’Along - Île de Cat Ba.

A 6 heures 30, à peine arrivé à Hanoï, la patronne de ma guesthouse m’informe qu’elle m’a trouvé un départ pour la baie d’Along à 8 heures. J’ai juste le temps de faire une rapide toilette et de foncer sur une moto pour me faire transporter au terminal des bus pour Haïphong. Haïphong se trouve à deux heures à l’est de Hanoï en direction de la côte, tout près de Along city, de la baie d’Along et de l‘île de Cat Ba. Après une nuit dans la rue Vuon Dao à l’hôtel Hoa Anh Dao j’embarque pour une mini excursion de deux jours dans la baie. Ca fait seulement une quinzaine de minutes que je suis en mer et commence à apercevoir les premiers rochers qui jaillissent de l’eau. Ici c’est un paysage des plus célèbres d’Asie, près de 2000 pains de sucre de toutes les formes et de toutes les tailles émergent de la mer et s’étendent sur des centaines de kilomètres. Au fur et à mesure que le bateau avance le paysage change sans cesse d’aspects. L’atmosphère est étrange et lunaire, j’ai du mal à imaginer que je navigue en mer, les montagnes envahissent les eaux et prennent des formes fantastiques.

Halong signifie “descente du dragon”, d’après la légende “...le dragon serait descendu dans la baie  pour y domestiquer les courants marins. Avec les violents mouvements de sa queue il entailla la montagne, le niveau de la mer monta brutalement et laissa apparaitre les cimes...”  Le bateau avance tout doucement et longe un magnifique petit village flottant de pêcheurs, il jette l’ancre, le temps d’observer les viviers dans lesquels grouillent des crustacés et d’énormes tourteaux. Le bateau est équipé de couchettes individuelles très confortables, la salle de restaurant n’est faite que de bois verni, sur le toit l’aménagement est propice au farniente et à observer ce décor insolite. Le soleil couchant pointe et tout le monde est sur le toit. C’est magique, une nouvelle fois le décor se transforme. Les seules jonques qui naviguent encore dans la baie de la huitième merveille du monde ne sont plus que des reproductions des jonques de pêcheurs, elles sont aujourd’hui destinées aux excursions touristiques. Depuis Bai Chaï le bateau longe le port minier de Hon Gaï puis un autre village de pêcheurs blotti au pied de son pain de sucre, il s’approche de petites îles surmontées de statues de Bouddhas et pénètre dans une petite crique à la Robinson Crusoë où se trouve la grotte des trois palais. J’escalade des échelles et un escalier abrupt pour atteindre une salle où foisonnent des stalactites et stalagmites évoquant des amoncellements de cire de bougies. Nous quittons la crique pour faire une nouvelle escale dans une sorte de petit lac intérieur de forme circulaire. Pour y parvenir nous sommes obligés de passer sous une voûte rocheuse d’à peine cinq mètres de haut. Le lac est doté d’une mer bleu émeraude, je suis dans “la baignoire des fées”. Tout le monde est invité à se baigner sous les yeux des mouettes et de nombreux singes. Au nord de la grotte un rocher me rappelle le profil de François Mitterrand. Ma mini croisière s’achève à la “grotte des surprises”, j’escalade un petit belvédère en bois pour surplomber la crique où sont amarrés des dizaines de bateaux. Quel beau coup d’œil !Le bateau s’arrête pour la nuit au beau milieu des eaux. L’aubergiste vient prendre les commandes, il demande à chacun  “...Pour combien de dollars voulez vous manger de poisson ou de fruits de mer ?.....”  Il pèse ensuite le poisson ou les fruits de mer pour  adapter les repas individuellement. J’opte pour cinq dollars, et quelques minutes après il m’apporte un copieux plateau de fruits de mer accompagné bien entendu d’un bol de riz.

Dès cinq heures du matin je suis le premier sur le toit du bateau et attends le lever, le moment de bonheur où les premiers rayons du soleil se frayent un passage entre les pains de sucre. Le canadien avec qui j’ai dîné hier soir, moins matinal que moi arrive après le spectacle. Nous naviguons vers Cat Bat à travers de charmantes habitations flottantes bleu turquoise. Ici la vie est au fil de l’eau, même l’école est flottante. Au loin nous apercevons la côte sud de l’île de Cat Ba avec ses immeubles et ses nombreux hôtels. Avec le canadien nous allons nous installer à l’hôtel Khach San Tra My. Adresse: New port - Cat Ba town - Haïphong city.  tél: 84-31 888650. Pour aller visiter une île déserte au large de Cat Ba nous choisissons de louer des kayaks. L’île nous paraissait très près, mais après plus d’une heure passée à ramer nous ne sommes qu’à la moitié du trajet. Plus nous avançons plus nous apercevons une plage de sable parfaitement blanc, j’ai l’impression de voir de la neige sur le rivage. Nous profitons d’être dans ce cadre pour faire une trempette. Les singes en liberté sont agressifs, il est difficile de rester sur la plage aussi nous décidons de rebrousser chemin. Il nous faudra deux heures pour atteindre le rivage de Cat Ba.  Cat Ba est une île aux reliefs escarpés couverte d’une forêt touffue, ce petit paradis englobe des formations marécageuses au pied des collines, des mangroves côtières, de nombreux lacs d’eau douce et des récifs de corail au large. Les eaux du littoral abritent des phoques, des dauphins et une multitude d’espèces de poissons et de mollusques. Le canadien fait surface, nous prenons un taxi pour nous rendre de l’autre côté de la baie y trouver un “sea food”, un restaurant flottant dans le port de Ben Beo. Le restaurant Xuan Hong est un peu moins touristique que les autres, sa terrasse sur pilotis surplombe des eaux parfaitement propres. C’est une ferme piscicole, aussi la fraîcheur des produits est garantie. Les poissons sont pêchés à la commande et les prix sont calculés en fonction du poids et de l’espèce. Nous prenons chacun un copieux assortiment de produits de la mer pour huit dollars. Ce soir je suis particulièrement fatigué, les quatre heures passées à ramer et la chaleur m’ont accablé. Je ne me fais pas prier pour regagner l’hôtel, d’autant que demain je prendrais un bateau très tôt pour retourner sur terre et rejoindre Haïphong.

Ninh Binh -(La baie d’Along terrestre).

J’ai besoin de repos avant de descendre au sud du Vietnam, alors je m’arrête à Ninh Binh où je resterai trois jours. Depuis Haïphong, j’ai deux heures de bus à accomplir, il est déjà très tard et arriverai de nuit à l’hôtel Xuan Hoa de Ninh Binh pour 4 dollars la nuit. Adresse:  31 D.Phô - Minh Khaï - Phuong Nam Thanh - Ninh Binh Town. Tél: 030-880970. Email: xuanhoahotel@hotmail.com  Ninh Binh est un gros village implanté au milieu d’une campagne merveilleuse et très calme.  Tout proche se trouve Hoa Lu et le site de Tam Coc, considéré comme la “baie d’Along terrestre”.

Ce matin la patronne du “Xuan Hoa” me propose d’utiliser le vélo pour me rendre à Tam Coc, un minuscule village où les habitants se sont organisés en coopérative pour assurer les balades sur la rivière. Je choisis une balade de quatre heures aller-retour. Quelle merveille ! Les paysages sont d’une extrême sérénité, d’immenses pains de sucre plongent abrupts dans la rivière. Les roches sont déchiquetées et creusées à leur base en épousant des formes bizarres. La dame qui conduit et qui dirige la barque parle quelques mots de français “attention à la tête..”, nous passons sous un mini-pont de bois et naviguons au beau milieu des plantations de riz. Ma pilote, comme beaucoup d’autres, rame à l’aide de ses pieds, une technique traditionnelle propre à cette région. Rivière et rizière se confondent, les canards batifolent, les cabris gambades. Les admirables petites maisons typiques sont ancrées au pied des falaises. La barque flotte vers une large grotte, une sorte de tunnel découpé par l’érosion. La tête baissée nous passons cet obstacle de 200 mètres et réapparaissons de l’autre côté au milieu d’une forêt de bananiers. Je me fais déposer au niveau d’une grande cavité qui abritait un hôpital Viêt-Cong. Toutes les grottes et les moindres cavités servaient de cache aux vietminh. On y trouve encore des slogans vietminh gravés dans la pierre. Le retour est tout aussi beau que l’aller, nous croisons de nombreuses autres barques, les femmes qui pilotent font le trajet ensemble et discutent entre elles. La barque m’arrête au petit port de Tam Coc où j’ai déposé mon vélo. J’enfourche la “bécane” pour aller à Hoa Lu et une meute d’enfants me harcèlent afin que je leur achète des cartes postales, des nappes brodées et bien d’autres babioles. Je poursuis le chemin à pied car la piste est trop défectueuse. Après cinq kilomètres j’arrive devant la pagode de Dich Long. Cette pagode est décorée de céramiques vertes vernissées, sur le faîte le traditionnel dragon veille sur le site. Le tombeau du roi se trouve au sommet d’un piton rocheux, je dois grimper un escalier de 300 marches glissantes pour parvenir au sommet.  Trois kilomètres plus à l’est je me retrouve devant la grotte de Thai Vi, un genre de temple troglodyte où les viets viennent nombreux faire brûler de l’encens. Sur le bas côté j’aperçois la rivière sur laquelle je naviguais il y à deux heures. De retour à l’hôtel je rencontre une hollandaise complètement désorientée, elle vient juste d’arriver, elle s’appelle Syfret et compte s’installer ici avant de monter dans le nord. Je lui propose qu’elle me rejoigne vers 18 heures à la réception pour aller dîner ensemble et pour lui fournir des renseignements sur la région. Durant notre modeste repas nous échangeons nos connaissances personnelles sur les voyages. Elle a pas mal baroudé et connais bien la Thaïlande et le Cambodge. Nous décidons de louer une moto pour demain, je l’emmènerai à Tam Coc où elle fera la même balade en barque que j’ai faite cet après midi, puis nous irons ensemble au village flottant de Kenh Ga.

Kenh Ga signifie “canal aux poulets”. Autrefois un grand nombre de poulets sauvages peuplaient ce village. L’endroit est idyllique, sur la rivière Hoang Long les habitants rament avec leurs pieds, allongés dans leurs barques en regardant le paysage. Les gens d’ici passent la majeure partie de leur vie sur l’eau, ils s’occupent de leurs élevages piscicoles flottants, récoltent des algues pour nourrir les poissons, écument les eaux peu profondes à la recherche de coquillages, vendent des légumes de bateau à bateau. Les enfants qui se rendent à l’école en bateau sont très chaleureux, ils crient  “Tay oi” (occidental) à tous les étrangers mais aussi à tous les vietnamiens. Le cadre montagneux de Kenh Ga est inégalable, Syfret est ravie, depuis qu’elle remonte le Vietnam depuis Hô Chi Minh jusqu’ici elle n’avait pas encore trouvé un coin aussi beau et si reposant. Ce soir alors que nous regagnons l’hôtel nous décidons de garder la moto car demain nous irons à Phat Diem.

Phat Diem se trouve à trente kilomètres au sud de Ninh Binh et abrite une cathédrale remarquable par ses dimensions et son architecture sino-vietnamienne d’inspiration européenne. Il existerait dans la région 120 000 catholiques. La voûte de la cathédrale est impressionnante, elle est soutenue par des colonnes de bois de un mètre de diamètre et de dix mètres de haut. Les nefs latérales sont ornées de curieuses statues de bois et de pierre. L’autel est taillé dans un seul bloc de granit. Demain Syfret partira pour le nord: Haiphong, Hanoï, Sapa, avec tous les tuyaux, et les précieux renseignements que je lui ai fourni. Quant à moi je partirai vers le sud avec les bonnes adresses que Syfret m’a donné. Pour aller à Hué je prendrai un bus via Dong Ha où je ferai une halte dans la zone démilitarisée.

 La zone démilitarisée et le bilan désastreux de la guerre.

La zone démilitarisée est un “no man’s land” situé au niveau du 17 éme parallèle, elle séparait le nord Vietnam du sud Vietnam depuis 1954. (Juste après la fin de la colonisation française de1859 à 1954). De 1954 à 1975, le fleuve Ben Haï fît office de ligne de démarcation entre la république du Vietnam (Sud Vietnam), et la république démocratique du Vietnam (Nord Vietnam). De chaque côté du fleuve s’étirait une zone de cinq kilomètres de large baptisée zone démilitarisée (DMZ). Au fur et à mesure que le conflit s’intensifiait, cette zone allait devenir l’une des plus militarisée au monde.  Pour échapper aux forces américaines, les vietnamiens creusèrent des kilomètres de réseaux de tunnels extrêmement complexes. Les tunnels de Vinh Moc n’ont guère changé depuis 1966 même si certaines de leurs entrées ont été consolidées ou envahies par la végétation. Construit sur trois niveaux ces abris se trouvaient entre 15 et 26 mètres sous le sommet de la falaise. Les tunnels ont été sans cesse bombardés par les américains mais les bombes n’étaient pas perforantes. Une seule bombe atteignit le tunnel et n’explosa pas. Les habitants transformèrent le trou percé par l’engin en bouche d’aération. Si la guerre est finie depuis longtemps, la mort et le risque de graves blessures sont toujours d’actualité dans la DMZ car de nombreuses mines et obus trainent encore non désamorcés. Hors des sentiers battus il faut regarder où mettre les pieds et faire attention aux restes des obus au phosphore, matière hautement inflammable qui ne s’altère pas au contact de l’air, même exposés de manière prolongée aux intempéries.  Aucun pays au monde au cours du XX ème siècle n’a connu une guerre si destructrice, un tel déluge de feu et de bombes. Comment peut-on renaître de ses cendres ?  Peut être à la manière du Phénix, cet oiseau mythique et légendaire. Près de quinze millions de bombes ont été larguées sur le Vietnam entre 1962 et 1975 (4 fois le tonnage lâché pendant la seconde guerre mondiale). Ce qui équivaut à 450 bombes atomiques de Hiroshima ! 150 000 tonnes d’engins n’auraient pas encore explosé. Depuis la fin du conflit ces engins auraient fait plus de 100 000 victimes. La croûte terrestre du Vietnam est trouée, mouchetée par 20 millions de cratères de bombes. Selon les experts vietnamiens les américains auraient “arrosé” le Vietnam, le Cambodge et le Laos de 72 millions de litres de produits chimiques, défoliants, napalm et compagnie, sur leurs territoires. Près de la moitié de ce lugubre tonnage serait le célèbre “agent orange”, un liquide à base de dioxine, la substance la plus toxique au monde (souvenez vous de Seveso !). 16 % des terres ont été touchées par ce produit qui ravage tout sur son passage tuant les hommes, les animaux, les plantes et les arbres, (20 000 km2 de forêts ont disparu) et qui provoque encore aujourd’hui des cancers et des malformations génétiques. Dans la DMZ, 50 % des terres ont été victimes de ces produits.  Du côté vietnamien cette guerre impitoyable a causé la mort de 4 millions de civils (5% de la population) et de 440 000 combattants. Du côté américain 58 000 combattants seraient morts ou portés disparus et 320 000 blessés. Tout un gâchis pour rien !  La guerre d’Indochine (1946-1954 ) a coûté 16 milliards d’euros à la France. La guerre du Vietnam (1954-1975 ) a coûté aux américains plus de 150 milliards de dollars en dépenses directes et le double si l’on ajoute les dépenses indirectes.  “  ...Je crois que le Vietnam est ce que nous avons eu à la place d’une enfance heureuse. “ Extrait d’un chef d’œuvre que je vous recommande de lire absolument: “ Putain de mort “ de Michael Herr aux éditions Albin Michel 1980. Ouvrage publié pour la première fois en Amérique sous le titre de “Dispatches".

Population Vietnamienne et religion.

Malgré cette atroce guerre le Vietnam est le treizième pays le plus peuplé du monde (95 millions d’habitants) et le taux de natalité grimpe sans cesse (1 million de nouveau-nés par an en moyenne). En 2010 ils seront 100 millions. Ca fait beaucoup de bouches à nourrir ! Le tiers du pays a moins de 20 ans, ça promet pour l’avenir ! 86 % de la population est d’origine vietnamienne, 2 % d’origine chinoise et le reste est composé de 53 ethnies différentes. Les vietnamiens vivent depuis des siècles dans un univers religieux basé sur les valeurs issues du culte des ancêtres, du bouddhisme, du confucianisme, tu taoïsme et du christianisme. Le culte des ancêtres leur a inculqué l’obligation de bien se comporter et de rester fidèles aux valeurs transmises par leurs ascendants. Le bouddhisme leur a donné les vertus essentielles: patience, détachement, tolérance, non-violence, concentration, jugement et pensée juste, compassion. Du confucianisme ils ont conservé l’idéal de l’homme bon qui se perfectionne sans cesse dans le respect de l’ordre social dans lequel il vit.  Le culte des ancêtres est antérieur au bouddhisme et au confucianisme et nombreux s’en contentent car pour honorer leurs ancêtres, pas besoin d’aller à la pagode ni de sortir de chez soi. Il suffit de rester à la maison et de prier ses ascendants devant un autel qui leur est destiné. Tous les vietnamiens pratiquent ce culte domestique, même les militants athées les plus durs du parti communiste. Ils se prosternent devant un petit meuble tout simple sur lequel ont été disposés des photos, des fruits, des fleurs et des bâtonnets d’encens à la mémoire des ancêtres. Les vietnamiens considèrent que les âmes de leurs parents survivent après leur mort et qu’elles protègent leurs descendants. C’est aux âmes que l’on s’adresse pour demander guérison d’un enfant, succès dans les affaires, réussite aux examens........ Le Vietnam compte aussi une toute petite communauté musulmane principalement concentrée à Hô Chi Minh. Ceux-ci pratiquent une religion allégée de contraintes: ils ne prient que le vendredi, ne suivent le Ramadan que trois jours et surtout, ô les bienheureux ! Ils peuvent boire de l’alcool.

Hué et la cité impériale.

Il est grand temps de reprendre la route, je ne suis plus très loin de Hué la capitale impériale. Dans vingt minutes le bus me déposera au sud de la rive gauche de la “rivière des parfums”. J’avoue que je suis un peu perdu, je consulte mon road book où j’ai noté l’adresse que m’a donné Syfret. Un charmant hôtel très confortable pour cinq dollars la nuit situé au fond d’une ruelle bien calme et à deux pas du cœur vivant de Hué, adresse: Hôtel Halloc, Trieu Thi Quy,10A/66-Lé Loï, Tel: 054.829371. Email: huehalo@yahoo.com.  Juste après avoir pris possession de ma chambre je m’en vais me familiariser avec ce quartier dans lequel je resterai plusieurs jours. J’ai maintenant mes repères et retourne à “Halloc” pour organiser mon séjour ici. Le moyen le plus pratique pour visiter Hué et ses environs c’est de trouver un bon guide motorisé et de le conserver s’il est sympa et compétent. La patronne de “Halloc” me propose quelqu’un de sa famille, un nommé Dung, elle lui téléphone pour qu’il vienne me rencontrer. Dix minutes d’attente et Dung apparait avec un press book sous le bras rempli d’innombrables photos. Nous devons convenir ensemble des services que j’attends de lui et établir un programme de toutes les visites que je désire faire à Hué et dans les environs. OK pour la plage de Taung An, le circuit des tombeaux et pagodes, la cité impériale, les tombeaux impériaux, la rivière des parfums et le site Cham de My Son. Dung est tout de suite mis à l’épreuve, je lui propose de m’emmener finir cet après midi sur la plage de Taung An. La plage quasiment déserte s’ouvre sur un splendide lagon, une gargote vend des boissons fraîches, nous nous y reposons un instant. Je me fais prêter un short de bain et fonce me baigner dans une eau à 32 degrés. Trois enfants informés de ma présence se pointent pour me vendre des fruits frais et m’accompagnent pour une longue balade sur le sable. Il me faut rebrousser chemin pour aller récupérer Dung.  Halloc hôtel” ne dispose pas de restaurant, mais le long du Lé Loï et dans les rues adjacentes des gargotes en veux-tu en voila. Je me fais servir une copieuse soupe garnie de crevettes, de légumes divers et de raviolis chinois. Je goutte aussi à cette macération de carottes, ail, échalotes, citrons verts et soja, dans de l’eau additionnée de vinaigre blanc. Ma première nuit à Hué est bienvenue, j’espère qu’elle sera réparatrice. Demain Dung viendra me chercher et nous partirons faire le tour des pagodes et des tombeaux.

La tournée des pagodes.

Dung est ponctuel, il arrive alors que je suis en train de prendre mon petit déjeuner. La moto est devant l’entrée, pas une minute à perdre, nous traversons le pont Trang Tien juste en face le grand hôtel “Saïgon Morel” et longeons les remparts ouest de la citadelle. Voici la campagne, nous nous arrêtons aux abords de la pagode Thien Mu appelée aussi “pagode de la vieille dame céleste”. L’essentiel de l’édifice est une tour octogonale de sept étages consacrés aux sept réincarnations de Bouddha. A gauche de la tour tout à côté d’une énorme tortue de granit se trouve une grosse cloche qui sonne 108 coups tous les jours, les 108 illusions de la vie. Je plains les voisins ! Au sommet de quelques marches un long portique accueille les génies du bien et du mal et dans le jardin qui se situe juste derrière, quatre généraux bien colorés évoquent le caractère de l’homme, à savoir: le rouge pour la colère, le noir pour la méchanceté, le jaune pour la sagesse et le blanc pour le flegme. Le jardin est superbe, il renferme de nombreuses essences et fleurs: l’ixora, le lantana, le cycas, la rose de noël, les nénuphars blancs, le jardin des bonsaïs et le carambolier qui dévore les briques avec ses racines. Je redescends les larges escaliers qui plongent dans la rivière et vais rejoindre Dung avec qui nous partons aussitôt vers la pagode Tu Hieu. Nous y arrivons au moment de la cérémonie. Pour ne pas troubler les pèlerins, Dung m’emmène vers un charmant pagodon sur pilotis de bois implanté au milieu d’un parterre d’eau recouvert de nénuphars. Le coin est très romantique. De l’autre côté de la passerelle de bois nous débouchons sur l’aile gauche de la pagode qui renferme une minuscule cour entièrement couverte de pots et de jarres de bonsaïs de toutes formes. Avant d’aller au tombeau de Tu Duc nous laissons passer la longue procession des pèlerins qui quittent la pagode pour retourner chez eux. Nous passons rive droite de la rivière des parfums et prenons l’avenue Dien Bien Phu pour foncer au sud, jusqu’au tombeau de Tu Duc appelé “tombeau de l’éternité”. Le grand parc est planté de frangipaniers, de jacquiers, de longaniers et de litchis.  Tu Duc fut un étrange souverain qui fît tuer tous les membres de sa famille en 1848 et de son vivant fît édifier son propre tombeau. Tu Duc avait l’habitude d’aller dans le jardin pour y réciter les poèmes de sa composition, il en aurait écrit 1600. Un intellectuel opposé à sa cruauté aurait laissé ces vers: “ Quelle sorte d’éternité est cette éternité ? Ses murs sont construits d’os de soldats......ses fossés sont remplis du sang du peuple...”. Depuis l’imposante porte d’entrée je longe le lac Lun Kiem pour accéder au palais de la modestie. Dans le palais se trouve le bureau de Tu Duc et derrière, les appartements privés impériaux, la salle à manger et le théâtre impérial tout en bois. Pour parvenir au tombeau je dois contourner le pavillon des banquets construit sur pilotis. J’accède à une grande arche en terre cuite vernissée et aux portes de bronze protégeant le tombeau d’une étonnante sobriété. Devant lui se trouve un brûle-parfum ciselé. Il paraîtrait que Tu Duc ne serait pas enterré sous son propre tombeau mais dans une forêt des environs. Les fossoyeurs furent tués pour qu’ils ne révèlent pas l’emplacement. La question que je me pose est la suivante: mais qui liquidait les soldats qui les liquidèrent ?

La région est réputée et spécialisée dans la confection des baguettes d’encens. Nous nous arrêtons dans une échoppe de bord de route justement pour observer comment les femmes roulent la pâte d’encens avec leurs mains, et comment elles le colorent. Les étalages de bâtonnets d’encens de toutes les couleurs sont remarquables de très loin sur cette route peu fréquentée qui mène au village de Chan Chu où se trouve le tombeau de Khaï Dinh. Ce tombeau est de tout autre style, il a été construit par paliers aux flancs d’une colline. Khaï Din ne le vît pas achevé puisqu’il mourut au début de son édification. Cet empereur mégalo pas très aimé de son peuple se distinguait par le sens de sa frime et de l’ostentation, de plus il augmenta de 30% les impôts de son pays. Son tombeau est situé à la 127 ème marche d’un grand escalier, dans une pièce qui est un vrai délire: festival de mosaïques diverses, statues en bronze grandeur nature à son effigie, baldaquins en béton, couronnes mortuaires en métal.  Pour retourner nous nous arrêtons dans un petit hameau pour y siroter un thé. Un panneau indicateur signale “Arène aux tigres 150 mètres”. Je demande à Dung de m’y emmener par un chemin de terre abominable. Un escalier nous permet de monter sur le mur d’enceinte. Les pierres sont glissantes, il y a de nombreux nids de poules et la végétation a envahi les murs. C’est très dangereux, mais de cet endroit nous pouvons deviner la forme circulaire de l’arène. Elle ne servait pas aux combats de gladiateurs mais aux bagarres sans merci entre les tigres et les éléphants. Les éléphants parfois sérieusement blessés finissaient par vaincre les tigres. Le spectacle était arrangé car les griffes des tigres étaient préalablement limées. A 150 mètres d’ici se trouve le “lieu du barrissement des éléphants” avec son temple dédié aux pachydermes. Il a été construit à la mémoire des deux éléphants vaincus dans l’arène. Dung mérite bien une boisson ! Ça fait sept heures que nous faisons cette randonnée culturelle, aussi, je décide de rentrer car j’ai envie de me faire un bon restaurant ce soir. J’informe Dung de ne pas venir me chercher demain car j’irai à la citadelle et à la cité impériale avec un vélo de location.

Retour en ville.

Hué est une petite cité moins austère et moins fiévreuse que Hanoï. Hué symbolise l’histoire, la poésie, la littérature et la brillante vie culturelle. A Hué on y rencontre les filles les plus ravissantes de tout le pays, un dicton dit: “Les filles de Hué sont comme de petites plantes de quelques centimètres de haut qui poussent dans les champs autour de la ville, dès que l’on touche leurs feuilles, celles-ci se recroquevillent sur elles-mêmes”. Un autre adage vietnamienparle des trois perfections du Vietnam: la cuisine chinoise, les bâtiments français et les filles de Hué. (En France nous avons les filles de Camaret). A Hué le sang royal coule dans les veines des habitants. Chaque année la population honore leurs prestigieux ancêtres. Au XIX ème siècle les souverains collectionnaient les concubines par centaine. Gia Long en eut 31 et Tu Duc 103. Quant au roi Minh Mang, il couchait avec cinq à la fois. On dit qu’il pouvait en féconder quatre par nuit grâce à une boisson aphrodisiaque chinoise. (Certainement l’ancêtre du Viagra !). Voila pourquoi aujourd’hui les gens de Hué affirment descendre des empereurs.  Il fait chaud ce soir dans la capitale du chapeau conique. Près de 700 familles sont spécialisées et vivent de la fabrication de ces célèbres chapeaux coniques. Ils les fabriquent à l’aide de cerceaux de bambou et de feuilles de latanier, certains sont ensuite vernis avec de la sève de pin.

Rencontre de Nhoc.

Alors que je suis en train de sucer une glace dans le parc qui longe le Lé Loï et la rivière des parfums, une nommée Nhoc vient s’asseoir à mes côtés pour échanger quelques mots d’anglais avec moi. Faut dire que le coin se prête aux rencontres ! Nous parlons de tout.et de rien. Quelques gouttes d’eau viennent nous perturber si-bien que nous devons quitter notre banc public. Nhoc m’abrite sous son parapluie et m’accompagne au “Stop and go café”. L’idée me vient d’inviter Nhoc, celle-ci accepte volontiers. Nous montons à la salle en terrasse, l’atmosphère de ce café restaurant est bohême, le patron est un artiste peintre, il a couvert tous ses murs de ses œuvres d’art. Nhoc est de bon conseil, je lui laisse le soin de me composer le menu: des “banh khoaï”; délicieuses galettes de riz salées et des “nem lui”; des brochettes grillées à rouler soi-même et à tremper dans une sauce aux cacahuètes. Un régal ! Je profite de cet instant pour faire un peu de baratin à Nhoc. Elle ne pourra pas venir avec moi demain pour visiter la cité impériale car elle travaille très tôt dans une fabrique d’objets laqués où je suis invité demain après midi. Elle me remet ses coordonnées: Email: nhoctdvt@yahoo.com  Phone: 0905-113116   “Glad to meet you...” !      Il fait déjà très chaud. A 8 heures 30 du matin je m’en vais louer un vélo pour balader en ville et aller visiter la citadelle. La cité impériale ouvre sa porte, “la porte du midi” dès 7 heures. Je m’approche du guichet de gauche, celui qui est destiné aux étrangers et je m’acquitte de 55000 dongs (5 euros). Le guichetier me remet une brochure avec la carte du site. Des guides sont postés à l’entrée mais je m’en passerai ! La cité impériale de Hué est la seule des cités impériales du Vietnam encore existante. Elle fut construite de 1804 à 1833 à l’initiative de Gia Long, le fondateur de la dynastie des Nguyen, sur un carré de dix kilomètres de périmètre, sur le modèle des palais impériaux chinois.  La ville comprend trois enceintes, celle de la ville impériale, celle de la cité royale et celle de la cité pourpre interdite. 60000 personnes vivent à l’intérieur de la citadelle. Jadis la porte du midi était réservée à l’empereur et à sa famille, aujourd’hui je peux la franchir pour découvrir ces deux grands bassins qui séparent la voie centrale et “l’esplanade des grands saluts” menant au palais du trône appelé aussi “palais de la suprême harmonie”. Le palais du trône est de tous les palais le seul qui ait échappé aux bombardements des américains en 1868. Sa toiture est faite de tuiles patinées, elle est aussi admirable que la charpente sculptée et que l’immense salle aux 80 colonnes laquées rouge et or. Seul l’empereur pouvait accéder à la cité pourpre interdite accompagné de la reine et des eunuques. Aujourd’hui c’est la désolation, sur 67 édifices importants, 42 furent totalement détruits en 1968 lors de la terrible bataille du Têt. Un peu avant l’ancien théâtre royal se trouve le pavillon de lecture restauré en1990 par l’Unesco, dans l’axe ouest “ la porte de la vertu” fermée et dans l’axe est “la porte de l’humanité” qui ne mène nulle part. J’emprunte un chemin qui longe de jolis prés verts pour aller au temple du culte des empereurs Nguyen. Le porche est très élégant et de couleur rouge, à l’intérieur dix autels célèbrent chaque roi de la dynastie. Au fond il y a des urnes dynastiques, chacune pèse deux tonnes, il y en a neuf, illustrées d’animaux, de fleurs ou de paysages. Devant, s’élève le pavillon de “l’éclatante bienveillance venue d’en haut”, bâtiment le plus haut de la citadelle. Je ressors et me dirige vers le nord pour aller au “palais de la reine-mère“, au “palais de la longue sécurité” et au “palais de la longévité“. Je quitte la cité impériale mais suis toujours dans la citadelle pour y visiter le musée de l’art royal de Hué. Dans la cour du musée sont exposés des canons de bronze. Le musée est doté de très beaux objets, des antiquités de la dynastie Nguyen: un kim chi ngoc diep avec les branches en or et les feuilles en jade, des plateaux en argent et ivoire, des boîtes de noix d’arec et de bétel, des vêtements des rois et des reines, des armes anciennes, des chaises à porteurs, le lit royal, des objets usuels incrustés de nacre et une collection de pièces de monnaie.

Les laques.

La fabrique de laques dans laquelle travaille Nhoc n’est pas tout près. Le plus pratique pour s’y rendre est de prendre une moto-taxi. Je téléphone à Nhoc pour lui dire que j’arriverai dans une vingtaine de minutes. Je me pointe donc à la réception de la fabrique et la demande. Elle accourt le sourire aux lèvres et fière de me recevoir. Elle me met dans les mains d’une de ses copines qui va m’accompagner durant ma visite.  Au Vietnam, la laque est une passion nationale et une très vieille activité artisanale remontant au XIV et XV ème siècle. La laque est une substance d’origine végétale, une sorte de résine extraite par incision d’un arbuste, le Cay Son ou Laquier, qui pousse en abondance dans le nord du Vietnam. La sève est un liquide crémeux et blanchâtre qui est malaxé pendant deux jours avec un mélange de colophane. La laque obtient alors son éclat. A ce stade elle est teintée avec des colorants chimiques, autrefois elle l’était avec des colorants naturels: cinabre, graine de Perse, or et argent et feuilles de nacre. La technique de laquage comporte plusieurs étapes. Il faut choisir le bois (teck ou contre-plaqué). Le bois est ensuite entoilé, c’est à dire recouvert d’une toile imbibée de laque pure. On laisse sécher le tout pendant une semaine, puis commence l’opération de masticage. C’est alors que sont apposées onze couches de laque successives sur l’objet ou le meuble. A chaque couche il faut poncer la surface avec des os de sèche et de la pierre ponce. C’est un travail très minutieux. La décoration et l’incrustation ne se font qu’après la huitième couche. La décoration représente des scènes bucoliques du style “clair de lune sur la rizière”, les artisans utilisent aussi des coquilles d’œufs de cane pour faire leurs “effets”. A l’issue de cette visite complète je suis abandonné dans une grande salle expo-vente envahie par des laques de toutes les formes et tous les volumes que l’on puisse imaginer, du petit galet de plage à l’armoire familiale, du tableau traditionnel incrusté de nacre, au cendrier..... Je demande à ma guide d’appeler Nhoc et nous convenons de nous retrouver vers la fin de l’après midi au Lé Loï, même parc, même banc public, comme hier soir. J’ai donc le temps de passer à “Halloc” pour y prendre une douche, faire un peu de courrier, mettre à jour mes notes dans mon road book et envoyer des E-mail. A 17 heures juste avant que Nhoc n’arrive il me vient une brillante idée. Je me pointe à la cabine de l’embarcadère des bateaux pour la rivière des parfums et achète deux billets pour faire une balade aller-retour jusqu’aux tombeaux royaux. La rivière des parfums tient son nom des nombreuses herbes médicinales qui poussaient sur ses rives. Le soleil a commencé à descendre, la température aussi. Nous voici sur les flots. Nhoc est très contente de cette surprise. Le bateau est tout simplement une grande terrasse de café flottante, nous sirotons un coca et une bière et observons le paysage. Pour survivre, de nombreuses familles vietnamiennes plongent dans l’eau avec des paniers et inlassablement récupèrent le sable dont elles remplissent leurs bateaux. Un travail épuisant et peu rémunérateur. Nous longeons de nombreux villages avec leurs petits autels et les offrandes sur le toit à l’attention des génies des eaux. Ici c’est une procession de “sampans“, ces bateaux lourdement chargés de sable. Pendant une heure et demi nous avons eu le temps de beaucoup discuter, j’ai appris que la famille de Nhoc vivait à Danang à 110 kilomètre au sud de Hué et qu’elle s’y rendait quasiment tous les week-end. Ca tombe très bien ! Car après demain je quitterai Hué pour Hoï An via Danang. Mon road book me dit qu’après demain ce sera samedi. Nhoc est OK pour faire la route avec moi après demain matin.

Demain Dung et sa moto viendront me chercher à l’hôtel pour aller à My Son. Je ne l’ai pas oublié ! Sept heure du matin, le voila ! Je prends vite mon petit déjeuner. Nhoc part travailler et j’enfourche la moto direction My Son. Le site de My Son fut découvert par l’archéologue Parmentier à la fin du XIX ème siècle. C’est le site le plus important de la civilisation Cham. Il s'agit d’un lieu saint créé par l’empereur Bhadravarman fin du IV ème siècle. Les sanctuaires construits en bois brûlèrent tous et ce n’est qu’au VII ème siècle que l’on construisit en dur. Ces temples étaient édifiés en l’honneur des dieux hindous, surtout de Shiva. A l’origine il y avait 78 édifices, mais les intempéries et la guerre détruisirent la plupart d’entre eux. Aujourd’hui il n’en reste plus qu’une douzaine. La société Cham était inspirée de la société indienne, son art, sans atteindre la magnificence et le monumental des temples Khmers, présente une grâce, une élégance et une poésie en tout point séduisantes. Le Kalan, une tour carrée de plusieurs étages ressemble au Sikhara indien et son toit au mont Merou, domicile des dieux. Le Kalan se compose de trois parties: le bhurloka (fondations) qui représente le monde terrestre, le bhurvaloka (corps de la tour) qui représente le monde spirituel et en haut le svaloka qui représente le monde sacré. La tour est entièrement construite en briques assemblées par une technique de liant composé de substances végétales et animales. Il fait une chaleur torride sur le site et j’estime avoir suffisamment fait le tour de cette civilisation. La route est longue pour rejoindre Hué mais nous prenons le temps de nous arrêter à chaque fois que nous trouvons un coin ombragé. Ce soir Nhoc doit venir me chercher pour organiser notre départ pour Hoï An. Je lui avais demandé de passer à “Halloc”, mais comme j’ai beaucoup de temps devant moi je choisi d’aller la chercher à la fabrique de laques. Nous passons ensuite à “Hallo” pour nous désaltérer et allons faire les boutiques que j’avais repéré pour y acheter une pipe d’époque et une bouteille de “Snake wine” (Real speciality of Vietnam), un mini cobra de 70 centimètres macère dans de l’alcool de riz et des racines de ginseng. Il a entre les dents un autre petit serpent de 30 centimètres. L’usage de cette boisson est bénéfique pour les rhumatismes et les lumbagos. Posologie: une cuillerée à soupe chaque jour avant le repas du soir. Après les emplettes nous partons dîner au “Lac Thien” tenu par une famille accueillante dans une sorte de gargote de plusieurs étages spécialisée dans le “Banh Khoaï”, littéralement: “le gâteau du plaisir extrême”. Il ne s’agit pas d’un dessert, mais de succulentes galettes bourrées de viande, crevettes et soja, accompagnées de salade et de nuoc tuong (épaisse sauce marron, certainement au tamarin). A l’issue du dîner nous allons manger une glace dans la guinguette du parc du Lé Loï. Nous rentrons tôt car demain, départ pour Hoï An.

 Danang  et  Hoï An.

La gare des bus est à l’extrême ouest du Lé Loï, nous sommes obligés de passer par les deux guichets, un est destiné aux vietnamiens, l’autre aux touristes. En attendant le bus nous buvons un café chez Pho. Cent huit kilomètres séparent Hué de Danang, trois heures à passer sur les hauteurs en direction du col des nuages. La route est sinueuse avec de remarquables panoramas sur la baie entrecoupée de promontoires. Ce col très souvent sous les nuages marque une frontière climatique entre le nord et le sud. Nous plongeons sur le village de pêcheurs de Lang Co situé au bord d’une lagune. Nhoc connaît bien ce coin car il est tout proche de sa ville natale. Danang est étendue au pied des montagnes au fond d’une baie. C’est la troisième ville du Vietnam, une ville jeune et plaisante. Nous nous rendons chez les parents de Nhoc. Sa maison est au 310 de Hoang Dieu, un peu excentrée au sud de la ville, elle est alignée à sept autres maisonnettes et possède un lopin de terre d’une trentaine de mètres carrés. La maman de Nhoc est âgée, elle me reçoit les mains jointes devant la poitrine en s’inclinant à plusieurs reprises. Pendant que Nhoc s’occupe d’elle et prépare une soupe aux raviolis chinois, je m’en vais dans Danang. Avant la guerre du Vietnam, Danang était dénommée la “Saïgon du nord”. Danang est une ville moderne, la circulation est intense, les magasins sont très chics, l’atmosphère n’y est pas déplaisante du tout. Le centre de la ville est très animé avec de petits cafés et des marchands de glaces. J’ai à peine le temps d’aller visiter le musée de la culture Cham, de réputation internationale. Il abrite une collection de sculptures comptant parmi les plus belles du monde. Je suis ébahi par les détails d’une extrême finesse des sculptures d’autel, de lingam, de garuda, de ganesha et par les représentations de Shiva de Brahma, de Vishnu, du prince Rama en train de rompre l’arc sacré et des apsaras (vierges célestes) qui dansent et offrent des fleurs aux jeunes mariés. Avant de retourner chez Nhoc, je m’arrête au temple de Caodaï, en face le Grand hôpital. Il dispose de deux entrées différentes, l’une réservée aux femmes, l’autre aux hommes. Dans le sanctuaire les femmes se tiennent à gauche, les hommes à droite. Quant au prêtre et à la prêtresse ils pénètrent par la porte centrale. Derrière l’autel siège un gigantesque globe orné de l’œil divin, emblème du caodaïsme. Un écriteau porte l’inscription “Van giao nhat ly” signifiant: “toutes les religions ont la même raison“. A coté de ces lettres d’or sont représentés les fondateurs des cinq grandes religions mondiales: Mahomet, Lao-Tseu, Jésus, Bouddha et Confucius. Il faut que je retourne chez Nhoc avant 17 heures car nous devons prendre le bus pour Hoï An. Je longe les quais où beaucoup de gens vivent sur leurs bateaux puis j’accélère le pas pour rejoindre Hoang Dieu.

La montagne de marbre.

Le bus local pour Hoï An passe par la montagne de marbre. La montagne de marbre est un ensemble de cinq collines calcaires d’où les vietnamiens extraient un très beau marbre, le même qui a servi à la construction du mausolée de Hô Chi Minh à Hanoï. Après une succession de beaux panoramas, j’embrasse du regard les monts et la superbe rivière Han qui coule en contrebas. Les collines portent le nom de l’un des éléments qui a contribué à la création de notre planète: le mont de l’eau, le mont du fer, le mont de la terre, le mont du bois et le mont du feu. Nous amorçons la descente et arrivons au bord d’une pinède derrière laquelle s’étend une plage sur des kilomètres. Ici c’était le lieu de “de-stressing” des GI pendant la guerre. Hoï An apparaît ! C’est la plus charmante des petites villes du Vietnam, un petit joyau truffé d’admirables demeures de grands bourgeois et de riches commerçants chinois. Il est temps de trouver où loger ! Nous préférons un petit hôtel occupé par de la clientèle vietnamienne, le “My Chau” adresse: 04 Tran Cao Van St - Hoï An town - Quang Nam - Téléphone: (84) 0510 916307. Mobile: 0905 113116.  Nous sommes tout près du canal et du fleuve Thu Bon qui longe le sud de cette charmante ville. Hoï An a miraculeusement survécu aux destructions de la guerre et a retrouvée petit à petit sa beauté cachée. Près de 800 édifices de caractère occupent la ville dont de magnifiques demeures bourgeoises restaurées avec goût. Il est trop tard pour aller découvrir la ville, nous nous contentons d’aller dîner au “Good morning Vietnam”. Malgré son nom, il s’agit d’un restaurant italien. Sous les lampions, devant notre table nappée de rouge et blanc nous commandons lasagnes et panzerotti farcis à la courge, pour dessert nous prenons un excellent tiramisu. Cuisine parfaite, service rapide, prix élevé, et manque d’attention du patron milanais qui parle le français. A demain pour découvrir la ville. Petit déjeuner très simple à “My Chau” et nous voilà partis à pied pour le centre ville. Le centre historique de Hoï An est classé au patrimoine de l’Unesco, il est entièrement réservé aux piétons. A l’office du tourisme nous achetons un plan qui nous facilitera la visite et nous évitera les services d’un guide.

Visite de Hoï An.

Cette petite ville portuaire qui déborde de charme est un véritable musée vivant. Au fur et à mesure de notre visite nous sommes envahis par un parfum d’histoire. La ville est fermée et le guide que nous avons choisi nous trace l’itinéraire qui nous permet de découvrir les principaux sites en une demi-journée. Nous nous rendons à la pagode Phac Hat, au départ de l’itinéraire, on ne peut pas la manquer tellement ses façades sont recouvertes de céramiques et de peintures colorées. Nous bifurquons vers la droite pour aller à la chapelle de la famille Truong, dédiée aux ancêtres de Monsieur Truong, couverte de plaques commémoratives. Un peu plus loin dans la rue principale nous voilà devant la maison privée de Tran Phu avec une cour entourée de boiseries finement sculptées. Plus au sud à la nouvelle intersection se trouve le musée de la céramique où sont exposées des pièces bleues et blanches de la période Daï Viet. Une superbe mosaïque orne le fronton au dessus du bassin de la cour intérieure. Bien plus loin nous visitons les maisons des congrégations chinoises, fondées en 1773. Une, accueillait les cinq congrégations de Hoï An: Fujian, Canton, Hainan, Chaozhou, et Hakka. Nous nous retrouvons maintenant sur l’artère principale où se dresse le temple Quan Cong, un temple chinois au toit décoré de carpes, symbole de la patience dans la mythologie chinoise. Tout près de lui, le musée d’histoire abrite une collection de carillons, de gongs et de canons de bronze. Entre les numéros 22 et 73 de la rue, le sympathique Monsieur Duong, professeur de mathématique à la retraite nous invite à visiter sa demeure et nous raconte son histoire en français. Nous voilà enfin devant le pont couvert japonais, en dos d’âne, de vingt mètres de long, dont le toit est recouvert de tuiles vernissées vertes et jaunes. Ce pont relie le numéro 155 (dernier numéro de la rue Tran Phu) avec le numéro 1, (premier numéro de la rue Thi Minh Khaï). Fidèle au style japonais et d’une solidité à toute épreuve il fut conçu pour résister aux tremblements de terre. Sa sobriété contraste avec la richesse de ses décorations vietnamiennes et chinoises. Selon la légende, il existait jadis “ un monstre géant du nom de Cu, dont la tête se trouvait en Inde, la queue au Japon et le corps au Vietnam. Chacun de ses mouvements provoquait au Vietnam une série de catastrophes naturelles. Les habitants auraient alors érigé un pont sur le talon d’Achille de la bête afin de la tuer. Après sa mort, la population prise de pitié, aurait construit un petit temple sur la partie nord du pont, pour rendre hommage à son âme....”. Pour regagner le point de départ nous longeons les quais de la rivière et prenons le temps de prendre un verre au “Tam Tam café”. Nous profitons d’être ici pour aller prendre des renseignements sur les promenades en bateau à faire sur le fleuve Thu Bon. Ainsi demain nous occuperons notre journée sur les flots. Il est 14 heures, il fait très chaud, une sieste s’impose avant d’aller tester les spécialités culinaires de Hoï An. Le “cao lâu” est un plat de nouilles épaisses cuites avec des pousses de soja, des herbes et des morceaux de porc, servi dans des bols de taille moyenne. Pour suivre nous demandons des “hoanh thanh”, raviolis à la farine de blé fourrés d’un hachis de crevettes, le tout arrosé de “Bia Oï”, (bière locale).

A l’aube, nous nous en allons vers le quai qui se trouve le long du grand marché et louons une barque avec un rameur pour deux dollars l’heure. Nous demandons au rameur de descendre le fleuve et de nous emmener à la plage de Cua Daï, bordée de palmiers. C’est le week-end, il y a du monde, bien que la baignade soit dangereuse. Les sables blancs et fins s’étirent sur trente kilomètres jusqu’à Danang. De nombreux kiosques bordent la plage et vendent des fruits de mer, des fruits de terre et des boissons fraîches. Ce soir Nhoc doit retourner à Danang chez sa maman et repartir demain très tôt pour Hué où son travail l’attend. Quant à moi je resterai un jour de plus à Hoï An avant d’entreprendre le long trajet jusqu’à la zone démilitarisée. Je passerai une nuit à Dong Ha, point de départ des bus qui traversent le Vietnam d’est en ouest jusqu’à la frontière laotienne.

Le poste frontière de Lao Bao (Vietnam-Laos), est un point de passage couramment emprunté par les commerçants viets et lao. Ce n’est pas une mince affaire pour s’y rendre. A Dong Ha, où j’ai passé une sale nuit, je suis obligé de prendre un bus local disloqué qui dessert Khe Sanh, trajet de une heure et demi pour 15000 dongs (3 euros). A Khe Sanh il me faut attendre un autre bus qui va à Lao Bao, trajet de deux heures pour 20000 dongs (4 euros). A Lao Bao je m’apprête à faire deux kilomètres à pied sac au dos sous 38°C, pour arriver au poste frontière Viet, et la chance me sourit quand un douanier à moto me propose de m’y emmener. J’accomplis des formalités et il ne me reste plus que 500 mètres à faire à pied pour atteindre le poste frontière laotien. Good bye Vietnan !

Méfiez vous de la mère patrie, c’est une mère qui n’aime pas beaucoup ses enfants et qui joue gaiement avec leur vie, surtout quand ils ont vingt ans.

 

                                             CHANTE UNE FEMME

Dors mon amour mon fils unique

Chante une femme en Amérique

Chante en Amérique une femme

A son garçon mort au Vietnam.

 Chante une femme à son petit

Dors mon amour, dors mon chéri

J’irais à la place où tu dors

T’y bercerais jusqu’à ma mort

Je t’apporterais des cadeaux

Ton vieux train et ton mécano

Et l’étoile en papier d’argent

Dors mon amour dors mon enfant

 Chante une femme en Amérique

Sur l’autre bord du Pacifique

Une mère au petit matin

Réveille l’enfant vietnamien.

 Debout mon fils, debout mon garçon

J’entends revenir les avions

Il faut reprendre nos bagages,

On va faire un petit voyage.

Surtout ne lâche pas ma main

On va courir très loin, très loin,

Toi tu portes ton oiseau gris

Moi les couvertures et le riz.

 Dans son fauteuil diplomatique

A Washington en Amérique

Je dois rentrer dans mon argent

Déclare monsieur le président

 Comme un monsieur qui joue aux dames

Il fixe les bombardements

Et la marche des régiments

Il pose son doigt sur un point,

Courrons, ne lâches pas ma main

Il a posé son doigt ici..................

Dors mon garçon, dors mon petit

Dors mon amour , mon fils unique                                                                                

Chante une femme en Amérique,

Chante en Amérique une femme

A son garçon meurt au Vietnam.

 

                                                                            - LAOS -

 

Court séjour au Laos:

Me voici donc au royaume du million d’éléphants dans une région que je ne connais absolument pas. (En 2001 j’étais resté 16 jours dans le nord du Laos et en 2003 autant dans le sud). Ici c’est le centre, la région la plus austère, 200 kilomètres séparent ce poste frontière laotien du poste frontière Thaïlandais, un coin de la Thaïlande où les touristes sont rares. Je change 10 euros, (120000 kips). Au Laos une nuit en guesthouse coute 36000 kips et un repas 12000 kips. Le Laos couvre 235 000 km2 et compte 5,2 millions d’habitants. C’est une république populaire communiste depuis 1975 où l’espérance de vie est de 53 ans. Le pays est tranquille, nonchalant, et possède un charme subtil. C’est une nation fière de son passé qui cherche sa voie pour se développer tout en préservant son identité. Pour mieux le connaître je vous invite à aller sur mon blog http://www.bimbolaos.canalblog.comCe n’est pas tout, j’ai les pieds au Laos, mais maintenant je dois trouver le bus qui me conduira à Savanakhet. Du poste frontière je dois faire deux kilomètres à pied sous le soleil et rejoindre la petite localité de Dan Savanh. M’y voici, je me désaltère abondamment et trouve une assiette de riz accompagné de grenouilles, de quoi reprendre des forces. A mes côtés, l’homme qui déjeune n’est autre que le chauffeur de bus pour Savanakhet. Il partira dans deux heures, deux heures d’attente pendant lesquelles les passagers avec qui je partagerai le voyage sont en train de charger leurs bagages et leurs provisions sur le toit du bus. Pendant ce temps je sympathise avec le chauffeur qui me réserve une place de choix dans son bus à ses cotés. De grandes bâches imperméables sont maintenant étendues et solidement ficelées sur le chargement. Le chauffeur bloque son klaxon pour appeler les passagers dispersés dans le village. Le bus démarre enfin ! 350 kilomètres séparent Dan Savanh de Savanakhet avec une escale à Sepon. Le trajet me coûtera 35000 kips (5 euros) et si tout se passe bien j’arriverai à destination vers 18 heures. A la première halte, deux dames avec des plateaux sur la tête pénètrent dans le bus pour proposer des “cookey” (des brochettes d’insectes), heureusement que j’ai pensé à manger un morceau à Dan Savanh. Non loin de Sepon le bus s’arrête, c’est la panne ! Tout le monde descend et je ne comprends plus rien de ce qu’il se passe. Un autre bus en provenance de Sepon doit venir à notre secours. Durant notre attente nous sommes accueillis dans la grande salle d’un restaurant et des bouteilles d’eau nous sont offertes. Après plus d’une heure d’attente voici le nouveau bus, mais il nous faudra patienter encore près d’une heure pour décharger le premier bus et recharger l’autre. C’est reparti ! Il nous reste 80 kilomètres à couvrir pour voir enfin Savanakhet à 20 heures. Le premier hôtel qui me tombe sous la main est le “Savanakhet Hôtel” où je suis bien accueilli. Une chambre m’est affectée. Vite une douche et je regagne la réception où je rencontre deux étrangers, un français nommé Eric et un canadien de Toronto. Ensemble nous partons dîner sur les berges du Mékong. En urgence nous demandons une bière fraîche et commandons deux gros poissons grillés. A une table proche de la nôtre dînent deux “nanas”, j’ai grand envie de leur demander de se joindre à nous, Eric me le déconseille fortement car il s’agirait de “lady boys”. J’ai du mal à le croire tellement elles sont belles. Nous poursuivons notre festin quand l’une d’entre elles descend les marches de bois de la terrasse pour aller faire “pipi”. Eric avait raison, le “canon” en question est en train de pisser  debout contre un muret. Pour me remettre, je commande une nouvelle bière. Nous regagnons l’hôtel vers minuit. Demain matin j’irai me renseigner sur les horaires et les prix afin de prendre le ferry pour Mukdahan, je me reposerai et prendrai mon temps pour écrire et pour envoyer de mes nouvelle en France et à mon copain Alain de Bangkok car il m’attend pour mon repas d’anniversaire. 60 ans ça se fête ! Mukdahan est le poste de frontière de la Thaïlande sur le Mékong en face Savanakhet. La traversée se fait en une demi-heure pour 50 bahts (1 euro). A Mukdahan je ne resterai qu’une journée. Le trajet Mukdahan Bangkok est tellement long que je préfère prendre un bus VIP et m’arrêter à Phi Maï, d’autant que je connais très bien ce coin pour m’y être arrêté trois jours il y à quatre ans.

 

 THAÏLANDE

 

 

Je suis de nouveau en Thaïlande, et y resterai tout le reste de mon séjour. Mon programme est maintenant établi, après Phi Maï j’irai à Bangkok pour fêter mes 60 ans avec mon copain Alain et sa famille. Je quitterai Bangkok pour Hua Hin, remonterai de nouveau à Bangkok avant de m’envoler pour le triangle d’or où je ferai le circuit suivant: Chiang Maï, Maé Hong Son, Tathon, Chiang Raï. Je descendrai la Thaïlande par la route en faisant étape à Sukhothaï, Ayutthaya et passerai ma dernière semaine à Bangkok.

8 et 9 mai 2006 (Phi Maï): A Phi Maï je n’ai pas eu de mal à retrouver “Old Phi Maï guesthouse”, la même dans laquelle je m’étais arrêté en 2003. Je n’y resterai que deux jours, le temps d’aller flâner dans la propriété du temple Khmer “Prasat Hin Phi Maï” et de retourner sur le charmant site du banian géant sacré, là où j’avais rencontré les deux berlinoises il y a trois ans.

10 au 15 mai 2006 (Bangkok): Pour ma première journée à Bangkok j’ai décidé de rester dans mon quartier pour mettre de l’ordre dans mes affaires, rassembler toutes les notes que j’ai prises, consulter ma messagerie électronique, envoyer des E-mails et écrire des cartes postales.

11 mai: Je rencontre Com, une fleuriste de Thewet market, téléphone: 05 115 8277. Ensemble, nous partons sur le bateau bus qui descend la Chao Phraya jusqu’au port fluvial de Ratchawrongsee et regagnons “Chinatown”. (Chinatown, voir année 2002, page 6).

12 mai: Com et moi même allons passer la journée sur l’île des potiers à Nonthaburi. (Ile des potiers, voir année 2002, page27)

13 mai: J’embarque vers 10 heures dans le bus N° 99 pour aller à Bangkapi où Alain m’attend à l’arrêt situé entre le Mac Do et le Mall. Nous allons récupérer Puk son épouse, et ses deux enfants, pour aller déjeuner dans un restaurant de quartier très typique. Nous sommes cinq sous une immense tonnelle et en peu de temps la table est recouverte d’une multitude de plats: cuisses de poulets panées, poissons grillés farcis d’herbes aromatiques, soupe de poissons locale, tranches de porc en sauce aigre-douce, grosses crevettes en sauce piquante, rouleaux de printemps et bien entendu du riz. Alain réclame la note et m’interdit de payer. Ce repas frugal pour cinq personnes lui a coûté 2300 bahts (45 euros). Nous passons l’après midi à la maison où Puk prépare le repas du soir. Vers 18 heures nous partons au Mall avec Alain et nous nous rendons dans une boutique de vins et spiritueux. On y trouve des vins français de qualité, des vins italiens et des vins corses. Nous quittons le magasin avec deux bouteilles de rosé. A 19 heures, Alain sort le pastis et nous nous mettons à table. De nouveau, une succession de petits plats délicieux viennent recouvrir la table. A l’issue du repas Puk demande aux enfants d’éteindre la lumière et elle apparait avec un superbe gâteau décoré de six bougies (6 fois 10 ans). Sur le gâteau est inscrit: “Happy Birthday Bimbo - 60 th years”. Je souffle les bougies et, cerise sur le gâteau, Alain apporte une bouteille de “cordon rouge”, nous faisons péter le bouchon et les enfants entonnent Happy Birthday en Thaïlandais. C’est à une heure du matin, en taxi que je regagne Taewez.

14 mai: Je passe la journée à faire des emplettes au marché du week-end de Chatuchak.

15 mai: Je prends le train pour Hua Hin à la gare de Thonburi. Le train quitte la gare à 13 heures pour arriver à Hua Hin à 18 heures. Je retrouve ma guesthouse très calme, “21 poker’s guesthouse” pour 200 bahts la nuit (4 euros). Adresse: 10 Selakham Road - Hua Hin - Prachuapkhirikan 77110. Tél: (032)5310243.

16 et 17 mai 2006 (Hua Hin):Pourvu que je ne rencontre pas cette copine de l’an dernier qui m’avait fermé la porte au nez et conservé mes papiers et billets d’avion pour que je ne parte pas. Les deux journées à Hua Hin je les ai passées à me baigner dans de l’eau à 32°C et à manger des pizzas et des spaghettis.

18 au 20 mai 2006 (Bangkok):Trois jours dans la capitale pour flâner de Mémorial Bridge à Kao San Road, de Pathunam à Siam, de Hua Lampong à Thewet et de Thewet à Dusit. Demain j’irai me renseigner sur les prix et les horaires des bus, des trains et des avions pour Chiang Maï, j’achèterai le T-shirt manga pour Sarah et le T-shirt Billabong pour Yannis. A Pantip plaza je demanderai s’ils possèdent un Evercool de Watercooling pour l’ordinateur de Yannis. A l’agence de voyage de Kao San Road j’ai bien noté les coordonnées du site sur lesquels je peux réserver mes billets de vols domestiques: www.nokair.com

21 au 25 mai 2006, (Chiang Maï):

21 mai: 12 heures, je m’envole pour Chiang Maï. Les thaïlandais, mais aussi les étrangers affectionnent beaucoup Chiang Maï. C’est une belle cité fortifiée ceinte de remparts et de montagnes où abondent mystères et légendes. A 14 heures je m’installe à “Midtown guesthouse” car il n’y a plus de place à “Sarah guesthouse”. Midtown est une excellente adresse très bien située, proche de Ta Phae Gate et du marché de nuit. adresse: Midtown House 7 soï 4 Thapae Gate, A.Muang, Chiang Maï, Tél: 66-53-209062, Email:info@cm-midtown.com. Elle est bon marché, (120 bahts = 2,5 euros), la patronne, Jill, possède des mines d’informations sur la région. J’établi avec elle le programme de mon séjour ici: une journée au temple Wat Doï Suthep et au village de Doï Puy, une journée de trek dans Mae Wang Aréa et une journée de cours de cuisine thaïlandaise à “Pad Thaï cookery school”.

22 mai: Visite du temple Wat Doï Suthep et du village de Doï Puy, (Doï Suthep et Doï Puy, voir année 2002 page 21).

23 mai: Un minibus vient me chercher à Midtown. Il fait du ramassage de guesthouse en guesthouse, d’hôtel en hôtel et prend les touristes qui ont réservé cette journée de trek. Je me retrouve alors avec trois sud-coréennes, un couple de belges, un néo-zélandais, un malaisien et une australienne. Nous faisons rapidement connaissance et après deux heures de route nous entamons une rude montée de 45 minutes pour arriver au village Méo de Ban Man Win en traversant une plantation de litchis. Nous en profitons pour reprendre un peu des forces. Arrivé au village nous visitons le musée de l’opium installé dans une petite cabane en bambou. Les Méo passent leur temps à abattre des arbres pour améliorer leur habitat. Nous redescendons prudemment pour rejoindre le minibus qui nous conduit à l’éléphant riding camp pour une longue promenade à dos d’éléphant. Pour grimper sur l’animal je monte sur une tourelle de bois et bambou. Le cornac emmène l’animal tout contre la tourelle et je m’installe sur la nacelle de bois inconfortable mais solidement fixée autour du corps de l’animal. Les pachydermes capricieux préfèrent dévorer les feuilles des hévéas plutôt que d’avancer. Le cornac maîtrise la bête et c’est parti à travers une jungle épaisse. Ce n’est pas facile de prendre de belles photos tellement je suis balancé de tout côtés, je préfère utiliser le caméscope. Une nuée de taons s’attaquent au troupeau mais aussi à mes jambes nues. L’éléphant écrase tout sur son passage, nous descendons dans la boue, l’éléphant glisse et s’enfonce jusqu’aux genoux. J’en ai assez, mais ne peux rien faire sinon attendre le retour au camp. Le cornac nous fait traverser un cours d’eau, pourvu que l’éléphant ne chavire pas ! J’en ai de plus en plus marre, je suis excédé, fort heureusement j’aperçois au loin les toitures des tourelles d’embarquement qui bientôt seront les tourelles de débarquement. Ouf ! Les minibus nous dirigent maintenant au village de Shanti pour y déjeuner. A Shanti il n’y a qu’un seul restaurant qui nous a préparé le menu unique du jour. C’est dégueulasse! et c’est bien la première fois que je suis autant assailli par une colonie de mouches. Je préfère me serrer la ceinture et je me contente d’un paquet de biscuits et d’une bouteille d’eau. Avant d’aller vers la rivière Yen nous nous faisons déposer dans un village de white karen pour y observer les femmes en train de tisser. Non loin du village nous continuons à marcher une quinzaine de minutes et parvenons à une sublime cascade de 40 mètres de haut et de très fort débit. Le coin est paradisiaque ! Nous voici au bord de la rivière Yen où trois longs radeaux de huit mètres nous attendent. Nous sommes trois par bateau et le pilote muni d’une longue perche de bambou nous dirige sur le cours d’eau capricieux. A deux reprises un choc violent réussit à renverser à l’eau les coréennes et le malaisien. Nous amorçons les rapides, le pilote debout tente de diriger le radeau, il maîtrise parfaitement l’engin. En contrebas nous apercevons une mini cascade, le pilote préfère la passer seul. Il nous dépose, et une jeep nous transporte un peu plus bas pour de nouveau embarquer et terminer la descente là où la rivière s’élargit et où les eaux deviennent plus calmes. Une heure trente là dessus c’est bien suffisant ! Nous sommes trempés mais deux heures plus tard en arrivant à Chiang Maï tout le monde est parfaitement sec. Crevé par cette rude journée je ne m’attarderai pas longtemps ce soir au marché de nuit, seulement pour y prendre un diner kantoké et rentrer à pied à “Midtown”.

24 mai: Alors que je suis inscrit aux cours de cuisine thaï, la prof nous emmène au grand marché de Chiang Maï pour y faire les courses, elle nous explique beaucoup de choses sur les principaux ingrédients qui composent la cuisine thaï et tout ce que nous allons utiliser pour réaliser les principaux plats les plus populaires du pays. Maintenant que nous savons tout sur les Curry, les aromates, les légumes, les riz, les pâtes et les fruits nous pouvons commencer. Les cours commencent à 9 heures, ils se passent dans une immense salle équipée d’une longue table qui peut recevoir douze élèves. Le long du mur il y a douze réchauds au gaz, douze woks et tous les ustensiles que nous allons utiliser. Les cours sont en anglais et nous allons réaliser: les Pad Thaï, le poulet au curry vert et aux pousses de bambou, le poulet frit aux noix de cajou, le Thom yam kung et les rouleaux de printemps.

Comme je vous l’avais promis, voici les recettes. Je les ai rédigées moi-même à l’aide des notes que j’ai prises et avec les images que j’ai visionné de mon caméscope.  (Recettes pour 1 personne)

PAD  THAI   ( Nouilles frites style Thai )

INGREDIENTS:                                                                                                      SAUCE:

 

                              2 cuil soupe d’huile                                                          1/2 tasse d’eau  ou bouillon

                              2 gousses d’ail écrasées                                                    1 cuil soupe sucre brun

                              4 crevettes décortiquées                                                   1 cuil soupe sauce poisson

                              2 cuil à soupe de tofu coupé en petits dés                        1,5 cuil soupe pâte tamarin

                              1 a 2 cuil à soupe de cacahuètes grillées                                         (ou sauce tomate)

                              100 gr de nouilles au riz

                              1 cuil soupe carottes râpées

                              1 cuil à soupe crevettes séchées

                              1/2 jus de citron vert

                              30 gr de germes de soja

                              1/2 oignon en lamelles

                              1 oeuf

                              2 cébettes

                              1/2 citron vert coupé en quartiers

 

PREPARATION:

Sauce:     Dans un bol mettre la sauce poisson, le tamarin, l’eau (ou bouillon) et le sucre. Agiter jusqu’à ce que le sucre soit fondu.

Mettre l’huile dans le wok, ajouter le tofu et le faire frire 20 secondes puis ajouter l’ail, les crevettes  (ou le poulet), les carottes râpées, les crevettes séchées et remuer jusqu’à demi cuisson.

Placer le tout sur un coté du wok et casser l’œuf de l’autre coté. Cuire l’œuf jusqu’à ce qu’il soit sec. Mixer l’omelette avec le tout et remuer pour finir la cuisson.

Placer le tout sur un coté du wok. Ajouter la sauce de l’autre coté et y jeter les nouilles. Remuer sans cesse jusqu’à ce que les nouilles absorbent la sauce.

Baisser le feu, ajouter les cacahuètes grillées, les germes de soja, l’oignon et mélanger le tout.

Servir avec 2 cébettes, 1/4 de citron vert (ou des fleurs de bananier) et un peu de gingembre râpé.

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 PANANG CURRY KAÏ         “Poulet au curry vert”     GREEN CURRY CHICKEN

 

INGREDIENTS:

                              2 cuil soupe d’huile

                              1 cuil soupe de curry vert

                              200 gr de poulet émincé

                              1 tasse de crème de coco

                              1 cuil soupe de sauce poisson

                              1 cuil café de sucre brun

                              2 feuilles de kafir ciselées

 

PREPARATION:

 Dans le wok, Faire chauffer à feux moyen l’huile avec le curry vert  et remuer sans arrêt.

Dès que ça mijote jeter le poulet et le cuire jusqu’à changement de couleur.

Ajouter la crème de coco et remuer constamment jusqu’à ébullition.

Ajouter la sauce de poisson, le sucre et continuer à remuer jusqu’à épaississement.

Ajouter les feuilles de kafir et remuer.

Eteindre le feu et servir  avec du riz blanc.

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 PAD KAI MED MA MUANG:     (Poulet frit aux noix de cajou)    FRIED CHICKEN WITH CASHEW NUTS

 

 INGREDIENTS:

                              2 cuil soupe huile

                              2 gousses d’ail écrasées

                              200 gr de poulet finement coupé

                              1 tasse d’oignon émincé

                              2 chilis rouges coupés en 3 cm

                              1 cuil café de sauce d’huître

                              1 cuil café de sauce soja

                              1 cuil café de sucre blanc

                              2 cuil à soupe d’eau

                              1 petit oignon coupé  (4 cm )

                              15 noix de cajou rôties à l’huile

 

 PREPARATION:

 

Mettre l’huile dans le wok et la chauffer à feu moyen pendant 20 secondes

Ajouter l’ail, remuer jusqu’à ce qu’il dore

Ajouter le poulet, l’oignon et remuer 20 secondes

Ajouter la sauce d’huitre, la sauce soja, le sucre

Remuer et ajouter l’eau

Cuire 1 minute

 

FINALEMENT: ajouter les lamelles d’oignon, les noix de cajou et les chilis

Remuer quelques secondes  et éteindre le feu.

 

Servir avec du riz au jasmin

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THOM  YAM KUNG   (Soupe crevettes au lait de coco)   PRAWN IN COCONUT MILK SOUP

(Pour 1 personne)

INGREDIENTS:

 

                              2 tasses de lait de coco

                              1 à 2 gousses de citronnelle

                              4 rondelles de galanga

                              4 crevettes décortiquées  (ou 150 grs de poulet)

                              4 champignons de souche coupés en deux

                              2 chilis rouges

                              4 feuilles de kafir

                              1 cuil café jus de citron

                              1 cuil café sauce poisson

                              3 feuilles coriandre

                              1 petite tomate coupée en 4

 

PREPARATION:

Dans le wok mettre à bouillir à feu moyen le lait de coco

Ajouter citronnelle, galanga,  et remuer constamment

Ajouter les crevettes et cuire jusqu’à changement de couleur

Ajouter la tomate, champignons, kafir et chili ( éventuellement ajouter de la pâte à curry rouge et de la crème coco)

Cuire 3 minutes

Arrêter la cuisson et ajouter le jus de citron et remuer

Verser la soupe dans un bol et décorer avec la coriandre fraîche

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PO PIAH TOD    ( Rouleaux de Printemps )   FRIED SPRING ROLLS

 

INGREDIENTS:

 

               2 cuil soupe d’huile

               4 à 6 gousses d’ail écrasées

               20 gr de carottes hachées moyen

               30 gr de chou blanc haché moyen

               2 cuil à soupe de champignons de souche hachés

               20 gr de tofu haché

               1/2 tasse de nouilles au riz (trempées  dans de l’eau froide puis essorées et coupées en 5 cm)

               1 tasse de chou de Bruxelles

               2 cuil soupe de coriandre hachée

               1 cuil soupe de sauce de soja

               1 cuil café de sucre blanc

               sel/ poivre

               6 feuilles de sping rolls à rouler

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SAUCE AUX CACAHUETES:                                                  Préparation:

 

               1 tasse d’eau                                                                    ( Mettre l’eau à feu moyen, y jeter:

               4 cuil soupe de sucre blanc                                  le sucre, le sel. Ajouter le tamarin

               1/2 cuil café de sel (maximum)                                           le chili.  Apres 5 minutes de cuisson

               3 cuil soupe de pâte de tamarin                                           laisser refroidir et ajouter les

               1/4 cuil café de chili en poudre                                           cacahuètes )

               2 à 3 cuil soupe de cacahuètes grillées et écrasées

 PREPARATION:  Pour faire la farce:faire frire l’ail dans le wok ajouter les ingrédients dans l’ordre

                                  suivant:  carottes, chou blanc, champignons, tofu, coriandre, sauce soja, sucre,

                                  poivre, sel.

                                  Faire mijoter une minute et ajouter le chou de Bruxelles et les nouilles.

                                  Faire mijoter 20 secondes.

 Prendre une feuille de sring roll, poser une grosse cuil à soupe de farce dans le tiers inférieur de la feuille. Rouler la farce jusqu’au milieu, rabattre les bords rouler jusqu’à la fin et coller pour fermer avec du jaune d’œuf battu.

Mettre l’huile dans le wok à feu moyen, déposer un à un les rouleaux dans l’huile, les retourner jusqu’à ce qu’ils deviennent bruns.

Servir avec la sauce aux cacahuètes.

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LES HUIT DIVINITES: (Les ingrédients par ordre d’utilisation)

 

INGREDIENTS: 4 cuil à soupe d’huile végétale, 2 cuil à soupe de farine de maïs, une demi tasse de bouillon de poulet

Viandes:  2 calamars coupés en tranches,  8 crevettes décortiquées,  100 gr de porc émincé,  100 gr de foie de porc en fines tranches,  100 gr de blanc de poulet en tranches.

Assaisonnement:   5 cuil à soupe de sauce d’huître,  une demie cuil à café de poivre moulu,  une demi cuil          à café de sauce Maggi,  une demi cuil à café de sauce soja,  une demi cuil à café de sucre en poudre.

Légumes:   2 cuil à soupe de poireaux coupés en petits morceaux,  3 cuil à soupe d’oignon coupé en petits morceaux,  une demi tasse de chou blanc émincé.

 

PREPARATION:

 

Dans le wok faire chauffer l’huile et faire dorer les viandes et fruits de mer pendant 5 minutes. Diluer la farine de maïs dans un peu d’eau, verser sur les viandes et mélanger. Ajouter les assaisonnements et remuer 3 minutes. Dans un autre wok jeter les légumes et le bouillon de poulet et porter à ébullition.

 

Mélanger le tout, et servir très chaud.

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BON appétit  !

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Mes derniers jours en Thaïlande.

25 mai: Pour occuper ma dernière journée à Chiang Maï je loue un vélo pour aller à Bosang, visiter les diverses fabriques d’objets artisanaux. Bosang se situe à six kilomètres à l’est de Chiang Maï, c’est là que se trouvent tout ce qui est vendu aux touristes sur le sol Thaï: laques, ombrelles, argenterie, tissus, osiers, éventails, bois sculpté....... Je déjeune sur le marché de San Kamphaet puis retourne à Chiang Maï pour faire la tournée des principaux temples de la ville. Je passerai la soirée à “Food Street” près du marché de nuit et regagnerai “Midtown” car demain la route sera rude et longue jusqu’à Maé Hong Son.

26 au 28 mai 2006, (Maé Hong Son):Le bus journalier pour Maé Hong Son part à 7 heures pour 127 bahts. C’est un bus local qui emprunte l’infernale route aux 1600 virages sur 250 kilomètres. (voir 2002, page21). Comme en 2002, arrivé à Maé Hong Son, je m’installe à “Friend guesthouse” tout près du petit lac dans lequel se mire le temple Wat Chong Khlang, d’inspiration birmane. (voir 2002, page 22).

27 mai: Je m’en vais louer une moto en face “Friend guesthouse” car je tiens à retourner à Ban Soï Noï, ce petit village Karen qui m’a beaucoup marqué en 2002 lors de ma première incursion chez les femmes girafes “long neck”. Situé à 30 kilomètres de Maé Hong Son, le village de Ban Noï Soï est un camp de réfugiés tout à fait autonome sur le plan économique. Deux cents mètres avant de pénétrer dans le village un responsable du Karéni culture département me donne un reçu et inscrit sur un registre, mon nom, mon numéro de passeport et mon pays de résidence. Je m’acquitte de 200 bahts (4 euros), cet argent est redistribué indirectement à la tribu, il sert à l’approvisionnement en nourriture et à assurer les soins médicaux. Les quelques premiers mètres que je parcours sont désertés, mais dès qu’apparait la première habitation j’aperçois un groupe de femmes girafes en train de puiser de l’eau à l’aide d’une pompe actionnée manuellement. Sur le pas de leur porte des fillettes long neck apprennent à tisser et de jeunes enfants jouent dans la boue et la poussière. Je m’enfonce dans le village et m’arrête devant le logement de la doyenne, une dame âgée au très long cou qui parle bien l’anglais et semble gérer la vie sociale et communautaire du village. Elle accepte de m’accueillir pour me fournir des informations sur les coutumes et les mœurs de sa tribu. Elle ne voit pas d’inconvénient à ce que je l’interroge et que je la filme. Les anneaux que les femmes portent autour du cou ne sont pas des anneaux mis un à un et les uns contre les autres autre, il s'agit d’un ressort à grosses spirales en bronze massif qui pèse de cinq à sept kilos. Il est composé de trois parties, une conique qui repose sur les clavicules, une centrale cylindrique et une partie haute sur laquelle repose le menton et le bas de la nuque. D’après les femmes girafes le port de ces parures n’a aucune conséquence pour leur état de santé. Contrairement à ce que l’on croit, les anneaux ne sont pas portés toute la vie, les femmes girafes peuvent les retirer et les remettre à leur guise. Personne ne sait réellement pourquoi ces femmes portent de telles parures. En voici quelques versions: ils sont mis pour repousser les hommes des autres tribus ou portés pour ne pas que les tigres les trainent par le cou comme ils le font de leurs proies, où bien ils sont portés en hommage au dragon femelle, symbole de toute beauté C’est ce que l’on dit ? Sur 7000 femmes girafes recensées au Myanmar, 3000 ont trouvé refuge en Thaïlande. Aujourd’hui, leur gagne pain est de se faire photographier devant leurs métiers à tisser.  Au bout du village un nouveau bâtiment est en cours de construction. De nombreux enfants participent à la construction de leur nouvelle école. Ces travaux sont dirigés par un thaïlandais et un français qui n’est autre que le médecin du village. Celui-ci va de village en village pour soigner ces peuplades qui sont loin de tout. Il passe tous les quinze jours dans chacun des villages et se déplace en urgence lorsqu’il est appelé pour quelque chose de grave. Si non, il a formé une dame du village qui joue le rôle d’infirmière capable d’assurer les premiers soins. Ce docteur appartient à l’AIME ( Agence d’Information et de Médiation pour l’Enfance). Son siège est: 44 av de la république - 94120 - Fontenay-sous-bois.

Qu’un enfant soit abandonné dans sa douleur ou enfermé dans sa souffrance n’est pas humainement acceptable. L’équipe de AIME, met en œuvre dans ce village des actions pour soulager les souffrances physiques et morales des enfants en situation de détresse. L’association entreprend des actions pour que l’enfant devienne autonome. AIME agît dans les domaines: de l’alimentation et malnutrition, de l’hébergement, de la santé, de l’hygiène, de la scolarisation, de l’éducation et de la formation. Aucune infrastructure ne me permet de manger ou dormir dans ce village. Le docteur m’emmène chez la doyenne qui accepte de me nourrir avec une boîte de sardines à la tomate qu’elle plonge dans de l’eau bouillie accompagnée de piments. A l’issue de ce modeste repas je m’en vais au sommet de la petite colline où se trouve la minuscule chapelle chrétienne de “Saint Joseph” toute en bambou et en planches. Alors que je redescends, je croise un vieillard en train de confectionner des instruments de musique à l’aide de bambous de tous les diamètres. En contrebas une fille d’une vingtaine d’années est plongée dans un dictionnaire Thaï-Anglais. Elle apprend l’anglais et le parle très bien. Cette fille est très intelligente, c’est certainement la seule du village qui est consciente de son sort. Elle a très bien réalisé qu’elle sera vouée à rester toute sa vie ici et n’en sortir que pour se rendre dans la province de Maé Hong Son. Impossible d’aller ailleurs en Thaïlande. Ces tribus sont acceptées par le gouvernement Thaïlandais mais elles sont très surveillées. Elles resteront là tant que les autorités les accepteront, sinon, elles seront obligées de retourner dans le pays qu’elles ont fui au risque de graves représailles. Cette gamine me demande de lui offrir un lecteur de CD audio, je n’ai pas emporté de lecteurs avec moi mais je lui promets que je lui en enverrai deux dès que je rentrerai en France. Elle m’inscrit son adresse sur une feuille volante: Sarach  19/25 Naï Soï - Long neck - Kayan village - Maé Hong Son - Thaïland - 58000. De toute façon je reviendrai à nouveau à Ban Noï Soï et ne l’oublierai pas.

28 mai: J’ai gardé la moto, car aujourd’hui j’ai beaucoup de déplacements à faire, monter au temple Wat Doï Mu, aller chercher des informations sur les moyens de transport pour me rendre à Chiang Raï en transitant par Thaton et pour aller passer la fin d’après-midi à Hoï San Thao, un autre village de réfugiés.

Rencontre de Peggy.

29 mai: Pour quitter Maé Hong Son je ne peux faire autrement que reprendre la route infernale et m’arrêter à Mae Ma Laï. Deux heures de route, et à Paï le bus tombe en panne. Pour continuer je dois attendre une bonne heure. Pendant ce temps je rencontre un européen, un grec nommé Andréas qui connaît parfaitement la région pour y être venu deux fois et qui veut aussi se rendre à Thaton. Un songthaew qui doit descendre à Chiang Maï apparaît pour nous transporter. Nous nous entassons à l’arrière et nous voilà parti. Il est quatre heures de l’après-midi lorsque nous arrivons à Mae Ma Laï où nous sommes obligés de faire deux kilomètres à pied pour aller à l’arrêt du bus qui se trouve sur la route principale qui relie Chiang Maï de la pointe nord de la Thaïlande. Sur notre chemin nous rencontrons une allemande de Berlin. Elle s’appelle Peggy, comme nous, elle cherche cet arrêt car elle veut aller à Chiang Raï par cet itinéraire. Nous voilà trois et voilà le bus qui est quasiment vide. Tant mieux ! Nous pouvons prendre nos aises et dormir une heure et demie. Andréas et Peggy ont choisi comme moi d’aller à Chiang Raï par voie fluviale pour profiter des magnifiques paysages que longe la rivière Kok. Pour cela nous devons passer une nuit à Thaton. Nous cherchons un logement près du quai d’embarquement des pirogues, ainsi demain nous n’aurons pas beaucoup à marcher. Nous trouvons le “Thaton garden river” sur la rive gauche de la rivière, un peu plus cher que les guesthouses, 350 bahts la nuit (7 euros). L’endroit est super-cool, un mini paradis au milieu de verdure et de fleurs. J’opte pour une hutte basse en pierre située au bord de la rivière. Chacun de nous trois s’installe et nous nous retrouverons à la réception pour faire le point. Avant d’aller dîner nous pensons qu’il est préférable d’aller de suite acheter le billet du bateau. Nous rejoignons l’embarcadère et là, je suis scotché par la beauté du paysage, je tire l’appareil photo de sa sacoche et plouf ! Il tombe dans la rivière Kok. Pas une seconde à perdre, je me jette à l’eau et réussi à le repêcher. Je fonce à “Garden River” pour demander un sèche-cheveux et tenter de le sauver. L’appareil s’allume mais je crains qu’il ait un grave problème optique. J’attendrais d’être à Chiang Raï pour le faire voir à un réparateur. Entre temps Andréas et Peggy m’ont acheté le billet. Nous sommes maintenant tranquilles. Nous avons un petit creux et dînons dans le restaurant de notre auberge. Nous ne ferons pas de vieux os car demain le bateau quittera Thaton à 7 heures.

30 mai: Sept heures du matin, le décor est magnifique, la pirogue nous attend, elle ne prend que cinq passagers, Peggy, Andréas, Bimbo et deux jeunes moines. La rivière Kok est très agréable surtout lorsque le temps est beau et que les compagnons de voyage sont très sympas. Les deux jeunes moines sont banquiers à Bangkok, ils ont choisi le monastère de Thaton pour accomplir leur retraite religieuse, (tous les “bons” thaïs doivent passer par là !). L’un d’eux portera la robe un an et l’autre seulement trois mois. Il n’y a pas beaucoup d’eau, ça fait deux heures que nous descendons quand tout à coup la pirogue touche le fond, nous sommes obligés de mettre les pieds à l’eau pour alléger l’embarcation. Cette pirogue est très effilée et nous sommes assis inconfortablement le dos scié par les bords tranchants. Le trajet dure trois heures, il ne nous en reste plus qu’une à supporter. Nous nous arrêtons sur les rives d’un éléphant riding camp, ici il y a de quoi manger et s’amuser avec les pachydermes. Les moines offrent des bananes aux éléphants, je m’éloigne vers deux grandes cages en fer avec des barreaux aussi gros que ceux d’une prison. Dans ces cages il y a deux monstres, deux boas aussi gros que mes cuisses et long de quatre à cinq mètres. Nous rembarquons pour arriver à Chiang Raï où un songthaew vient nous chercher pour nous transporter au centre ville. Andréas connaît une guesthouse, il nous y conduit mais pas de bol, il n’y a plus qu’une chambre de libre. Nous l’abandonnons et partons en quête d’un toit. Sans trop de mal nous trouvons la “Chat House”, adresse: 3/2  soï Sang Kaéo Trirat Road - tél: 711-481. Nous sommes dans un quartier populaire, la patronne de l’établissement qui nous reçoit est un “canon”. L’ambiance est sympathiquement bordélique mais les chambres sont calmes et propres. Nous nous installons et ce soir irons dîner au marché de nuit. Peggy est prête, il n’y a que dix à quinze minutes à faire à pied pour rejoindre le Night Bazar où l’ambiance est assurée. Le bazar de nuit s’étend sur cinq cents mètres, il est composé de deux gigantesques places entièrement couvertes de tables et de chaises, elles sont cernées par une succession de stands où l’on peut trouver tout se qui se mange en Thaïlande. C’est démentiel ! Il suffit de passer commande et d’apporter son assiette sur une des tables libres. Peggy passe par deux stands différents et revient puis c’est à mon tour d’aller au ravitaillement. J’ai tellement la fringale que je passe par cinq stands différents. Nous sommes installés au bord du podium où un guitariste anime une partie de la soirée et il cède ensuite sa place à un spectacle de danses. Toutes les danseuses sont des “Lady boys”, on s’y tromperait ! Sur l’autre place c’est plus romantique, ce sont des groupes de musiciens qui se produisent avec leurs instruments typiques de la région du nord. Ici on ne voit pas le temps passer, il y a aussi une multitude de “shops” tenues par les peuplades des minorités ethniques. Il est temps de rentrer car demain nous rentrerons au Myanmar.

 Incursion obligée au Myanmar.

29 mai: Mon visa expire dans deux jours, il me faut donc sortir de Thaïlande. Ici c’est facile car je ne suis qu’à une demi-heure de la frontière du Myanmar. Peggy est partante pour m’accompagner et mettre un moment ses pieds sur le sol birman. Maé Saï est la ville frontière côté thaï, pour nous y rendre nous prenons un bus local pour 30 bahts (0,40 euro), puis un songthaew pour 8 bahts. Au poste frontière du Myanmar nous devons payer 250 bahts (5 euros) et déposer notre passeport aux autorités. Le chef douanier accroche nos passeports à l’aide d’épingles à linge sur un fil tendu dans son bureau. Nous n’avons que dix heures pour passer la frontière rester un moment en Birmanie et revenir récupérer nos précieux papiers. Et il faut être à l’heure car le poste frontière ferme à 18 heures. Nous sommes en Birmanie, il pleut abondamment. Vite ! Nous fonçons au marché et achetons un parapluie. Quel contraste avec la Thaïlande, les hommes portent le longuy, les femmes et les enfants ont le visage couvert de tanaka. (Voir: Birmanie année 2005 page 4 à 24). Au marché birman on trouve toutes sortes de gadgets et de souvenirs: tentures brodées, marionnettes, bijoux, vêtements, lampions......et des contrefaçons: parfums, savonnettes au tamarin, Lacoste, préservatifs, Viagra...... Un œil sur la montre, il est temps de rentrer en Thaïlande pour récupérer nos papiers et aller faire tamponner notre passeport. Ca y est ! Le tour est joué, je peux à nouveau rester quinze jours de plus en Thaïlande.

30 mai:Il faut que j’aille en ville chez le photographe que m’a conseillé la patronne de la guesthouse. Ce n’est pas bien loin, juste à côté du marché de nuit. Et oui ! Tout le bloc optique de mon numérique est atteint et il me faudra attendre demain pour effectuer la réparation. Peggy passera la journée dans Chiang Raï et moi, je louerai un vélo pour aller à “Bouddha Image Cave” et au village de Tupa. C’est parti pour Douze kilomètres sous la chaleur pour trouver une grotte minable et sans intérêt. Je rentre donc retrouver Peggy avec qui nous partons dîner au bazar de nuit. Au nigth bazar, alors que nous léchons les étals des échoppes, nous tombons sur le grec Andréas. Il se joint à nous pour faire un véritable festin. Avant d’aller nous coucher nous entrons dans les coulisses du théâtre en plein air pour photographier les acteurs qui sont ravis de nous accueillir. Demain Andréas retournera à Chiang Maï et nous, nous irons à Sop Ruak, au carrefour des trois frontières.

31 mai: Au terminal des bus nous prenons le N° 4, celui qui part à 7 heures 30 de la plateforme 6. Après plus d’une heure de route pour 29 bahts (0,40 euro), nous nous arrêtons à Chiang Saeng pour prendre un songthaew pour Sop Ruak. Un colossal temple kitch en forme de paquebot domine le Mékong, sa proue s’avance dans les flots. Il est laid et surmonté d’un gros Bouddha doré. A quelques pas d’ici nous allons visiter le musée de l’opium et montons jusqu’à l’arche sur laquelle est écrit “Golden Triangle”. Nous sommes aux confins des trois frontières: Thaïlande-Birmanie-Laos, proche de la petite ville de Maé Saï, extrême ville du nord de la Thaïlande où en 2003 des attentats à la bombe ont fait quatre morts dans le vis-à-vis birman. Il est cependant possible de se rendre à Tachileik, à Kengtung ou à Mengla pour deux semaines moyennant le règlement d’un droit de séjour de dix dollars. Sur le chemin du retour nous nous arrêtons à Chiang Saeng pour manger un morceau et boire à volonté. Ce soir nous retournerons dîner au night market et demain nous descendrons sur Chiang Maï. Je quitterai Peggy qui restera ici une semaine quant à moi, je prendrai un train pour Sukhothaï.

De Chiang Maï à Sukhothaï

1 er juin:Journée à Chiang Maï pour donner de bons tuyaux et de bonnes adresses à Peggy. Je profite aussi de cette journée pour donner signe de vie à mes proches.

2 juin: Pour aller de Chiang Maï à Sukhothaï je suis obligé de prendre le bus. A l’origine je comptais mi rendre en train mais il n’y a plus de train pour au moins trois mois. Une terrible inondation a gravement touchée la région de Sukhothaï et emporté une bonne partie des voies ferrées. A quelques kilomètres de Sukhothaï je peux déjà remarquer l’ampleur des dégâts. Si-non, rien n’a changé dans la ville moderne et je retrouve facilement la “Banthaï guesthouse” au bord de la rivière Yom. Tél: 0 5561-0163 Mail: guesthouse_banthai@yahoo.com.

Du 3 au 7 juin, (Sukhothaï):

3 juin: Je m’associe à un groupe de routards qui ont loué des vélos pour une longue randonnée jusqu’au temple Wat Tawat et au village des potiers.

4 et 5 juin:Il faut bien deux jours pour parcourir le parc historique, (voir site archéologique de Sukhothaï, année 2002, page15). Le site compte 21 monuments historiques dont le Wat Mahathat, le plus grand de la ville, entouré de murailles de briques et agrémenté d’un admirable bassin aux lotus. Après avoir parcouru le domaine à pied et à vélo et visité douze merveilles, je fonce me reposer au parc de Suam Luang, un superbe espace de verdure relax et populaire. De retour à Sukhothaï je passe à Banthaï pour quelques minutes avant d’aller sur le marché très animé, truffé de cuisines de trottoirs. J’avale un cornet de cigales avant de rentrer dans le “Dream Café” pour y prendre un “Play Boy”, un cocktail vitaminé qui donne jeunesse et vitalité.

6 juin: La ville de Phitsamulok n’offre pas beaucoup d’intérêt, je préfère la tranquillité de la gentille bourgade de Kamphaeng Phet où la spécialité locale est le “kluay kaï”, (bananes petit doigt à l’œuf). Les remparts de la ville sont appelés “muraille de diamant”, ils entourent des temples monumentaux et des Bouddhas livrés aux intempéries toujours vénérés et drapés de toiles safran. Pour déjeuner je me contente de quelques “satay”, (brochettes de poulet couvertes de sauce aux cacahuètes).

7 juin: Journée de repos avant de me rapprocher de Bangkok.

8 juin: Aujourd’hui je fais le trajet de Sukhothaï à Ayutthaya qui ne se trouve qu’à une heure en train de Bangkok. Le bus part à 9 heures 45 pour arriver à 16 heures pour 255 bahts (5 euros).

 9 et 10 juin: Je consacre ma première journée à Ayutthaya à visiter l’ancienne capitale royale. Le 10 juin alors que je marche à pied non loin de la gare ferroviaire, un chien errant se jette sur ma jambe droite et me plante par deux fois ses crocs dans le mollet. Le sang coule abondamment et un commerçant me reçoit pour me désinfecter la plaie, il tente aussi de joindre le dispensaire du coin, lequel ne répond pas. Je me contente d’aller dans une proche pharmacie pour acheter des pansements et du désinfectant. J’attendrai demain mon retour sur Bangkok pour aller dans un hôpital et si la plaie ne sèche pas rapidement je me ferai vacciner.

Bangkok et la cérémonie royale.

Du 11 au 18 juin, (Bangkok):

Bangkok est en pleine effervescence, 90 % de la population porte le T-shirt jaune sur lequel est inscrit “Long Life the King”. Ce week-end à Bangkok est historique pour toute la Thaïlande. Demain ce sera l’anniversaire des 60 ans de règne du Roi. Pour fêter cet évènement toute la ville restera illuminée pendant un mois, toute la Thaïlande portera le T-shirt du matin au soir et pour longtemps (tout le monde à prévu le rechange), tous les carrefours seront décorés de gigantesques portiques surmontés de la photo du souverain. Bumibol Albdelayeb est le seul Roi au monde qui a eut le plus long règne, et ce n’est pas fini car malgré ses 79 ans il est toujours vaillant et dynamique. 90 % des thaïlandais vénèrent leur Roi comme ils vénèrent Bouddha.

12 juin: C’est le grand jour ! Aujourd’hui les barges royales remonteront la rivière Chao Phraya en embarquant avec elles les 25 grands souverains de notre planète, à savoir les princes et Rois du: Bahrain, Belgium, Bhutan, Great Britain, Bruna, Cambogia, Denmark, Japan, Jordan, Kuwwait, Lesotho, Liechtenstein, Luxemburg, Malaysia, Maroco, Monaco, Netherland, Norway, Oman, Qatar, Spain, Swaziland, Sweden, Tonga, Unit Arab Emirate. Le seul manquant à l’appel est le roi du Népal, (tant pis pour lui !). Depuis 60 ans de règne les barges royales ne sont sorties que douze fois de leurs hangars, elles ont été dépoussiérées et remises à neuf pour l’évènement. Dès l’aube le quart de la ville de Bangkok est déjà dans la rue et campe sur les berges de la Chao Phraya, les ombrelles et les parasols sont déployés, les glacières et les sacs à pique-nique jonchent les pelouses et les murets. A dix heures il est déjà impossible d’approcher des coins stratégiques et il faut encore attendre cinq heures car c’est à 15 heures que le coup d’envoi est prévu. Je me sors de la foule avec bien de difficultés pour aller dans les artères adjacentes, mais là aussi c’est bondé de curieux qui attendent la fin de la cérémonie pour voir passer les voitures officielles lorsqu’elles quitteront la tribune d’honneur pour se rendre au palais royal. La foule est en délire, je ne vois pas grand chose mais j’ai vite compris que les premières barges venaient de partir. Tout le monde agite son petit fanion jaune, la couleur de la royauté. J’appréhende tellement le moment où la cérémonie se terminera et que tout ce monde quittera les lieux au même moment que j’anticipe et m’éloigne à près de deux kilomètres vers mon quartier réputé calme. Oui mais, aujourd’hui tout le monde est dans la rue. Je ne me suis jamais trouvé dans un tel bain de foule, pourtant au mois d’avril lorsqu'il y avait la fête de l’eau c‘était aussi le délire.

13 juin: La fête n’est pas finie, aujourd’hui la délégation royale ira de réception en réception et finira par le grand banquet. Le peuple s’amusera au parc de Sanam Luang pour le grand concert et en soirée le cortège royal fera le tour de la ville. Tous les quartiers de Bangkok déclencheront les feux d’artifice à la même seconde. La ville s’est enflammée tout le monde songe à rentrer. Vivement demain pour le retour au calme !

14 juin: J’ai grand besoin de repos et m’en vais dans le parc de Lumpini à l’est de la ville. Dans les rues, dans le bus et le métro aérien tout le monde porte le T-shirt jaune, pour ne pas paraître ridicule j’en achète un avec l’inscription en thaïlandais “I Love the King”. Lorsque je le porterai en France je dirai qu’il y a écrit dessus “I Love Thaïland”.

15, 16 et 17 juin, (mes derniers jours à Bangkok):

Il ne me reste plus que trois jours à passer loin de le France. Le Vietnam et le triangle d’or sont déjà loin mais toutes les images et tous les décors sont bien présents en moi, tout ces gens que j’ai rencontré resteront gravés dans ma tête et dans mon cœur. J’ai encore quelques souvenirs à acheter à Kao San Road, quelques personnes à aller voir une dernière fois et demain le taxi viendra me chercher, il m’emmènera à l’aéroport Don Muang et je m’envolerai alors pour Rome et pour Nice côte d’azur. Une fois encore je n’ai pas apprécié les treize heures de vol qui séparent l’Asie de la France. C’est seulement lorsque j’arrive à Nice que je me rends compte que chez nous tout est compliqué. Chaque fois que je sors de cet aéroport j’ai envie d’y rentrer à nouveau, de monter aux “Départures” et reprendre un avion pour retourner là bas, d’où je viens.

Les copains sont présents, ils devront attendre car je suis tombé sur un douanier qui fait du zèle. Après la cohue et le vacarme de Bangkok de ces derniers jours, une fois arrivé à Grasse j’ai l’impression de me retrouver dans une tribu désertée. Il va bien me falloir un mois pour me remettre.

 A l’année  prochaine!

 Je suis retourné au Népal avec Sylvie. Ce pays m’avait tellement fasciné il y a deux ans. Sylvie a décidé de repartir avec moi, je la mets en garde sur les conditions de vie et de confort qui ne sont pas les même que celles qu’elle a vécu lorsqu’elle est venu en Thaïlande avec moi. Connaissant le Népal pour m’y être rendu en 2003, je l’informe en lui annonçant toutes les précautions à prendre dans ce pays et pour qu’elle sache que certaines scènes de la vie locale sont parfois choquantes et dures à supporter.

Je suis retourné avec elle sur tous les sites qui m’avaient particulièrement marqués et une fois encore j’ai été comblé par ce merveilleux pays. Je vous invite à vous reporter sur la partie de mon récit de voyages   (année  2004  ). Mais aussi d’aller surfer sur : http://www.bimboasie2.canalblog.com

 

Notre voyage s’est déroulé de la façon suivante :

En Thaïlande :  Le 10 avril : vol Nice Bangkok.  Du 11au 14 avril :  journées à Bangkok

Au Népal :  Le 15 avril : vol Bangkok-Katmandou.  Du 16 avril au 3 mai : Népal

En Thaïlande : Le 4 mai : Bangkok.   Les 5-6-7-8 mai : Chiang Maï.  Les 9-10-11-12 mai : Maé Hong Son.         

Les 13-14-15 mai : Bangkok.

Le 16 mai Sylvie rentre en France, quant à moi je poursuis une semaine seul dans l’extrême ouest de la Thaïlande à Kanchanaburi et à Sangkhanburi jusqu’au col des 3 pagodes à la frontière birmane.

Du 26 au 28 mai : Bangkok.  Du 29 au 31 mai : Hua Hin.  Du 1 au 3 juin : Bangkok. 

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21 juillet 2015

ANNEE 2007: THAÏLANDE - LAOS - THAÏLANDE

ANNEE  2007

 

THAÏLANDE - LAOS - THAÏLANDE

 

 

Cette année je ne dispose que de deux mois et demi. Deux mois et demi pour parcourir la Thaïlande et me rendre sur tous les sites où, entre le 13 novembre et le 13 décembre prochain j’accompagnerai six couples d’amis. J’ai en effet pour mission d’organiser un itinéraire, prendre de nombreux contacts et faire des réservations. Je consacrerai aussi le plus de mon temps dans le nord de la Thaïlande dans la province de Chiang Mai et de Mae Hong Son pour vivre une extraordinaire aventure auprès des femmes girafe de Nai Soi où je suis attendu par Sarach et sa famille. A la pointe nord de la Thaïlande je pénétrerai tout au nord du Laos et descendrai le magique Mékong jusqu’à Luang Phrabang. Je continuerai par la route jusqu’à la capitale Vientiane et descendrai tout au sud du Laos.

Dès mon arrivée à Bangkok, pas une minute à perdre, je commence par travailler à l’organisation de mon prochain voyage et à réserver six chambres doubles à Taewez guestouse. Je me suis aussi rendu à Samuk Phrakan sur le site de Muang Borang pour recueillir le maximum d’informations qui me seront chères pour organiser une journée à vélo dans le parc. J’ai même eut le temps de rendre visite à Alain, Puk et les enfants avec qui nous avons passé un agréable après midi à Ladpro.

Après quatre jours à Bangkok un avion de Nok Air m’a déposé à Chiang Mai, la perle du nord où j’ai été reçu par Jill mon amie de Midtown guesthouse. Ensemble nous avons mis en forme un superbe programme pour visiter la région. Mes amis français ne seront pas déçus par son contenu, ils pourront profiter de toutes les facettes du pays. Durant mes quelques jours à Chiang Mai je suis monté au Wat Doi Suthep et j’ai passé des moments délicieux à Doi Puy chez les tribus Méo. Pour finir j’ai savouré mon dimanche à la kermesse du week end de Tha Phae Gate. Pour me rendre à Mae Hong Son j’ai choisi de prendre un vol domestique afin d’éviter la longue et pénible route aux 1600 virages. A Mae Hong Son aussi j’ai continué ma prospection et procédé à des réservations. Je me suis reposé une longue journée avant de rejoindre Nai Soi où je suis attendu demain.

Séjour chez les femmes girafe.

La province de Mae Hong Son est paisible et chargée de poésie, tout autour de cette minuscule ville se dressent de hautes montagnes où se dissimulent des dizaines de villages de réfugiés birmans qui ont fuit le régime de Yangon. Ces villages sont difficiles d’accès et sont occupés par des Shan des Karen et des white Karen. J’ai coutume de me rendre à Nai Soi, la route qui mène au village est asphaltée sur huit kilomètres et se termine par une mauvaise piste de quatre kilomètres, mais je connais très bien le trajet. Après 45 minutes de moto me voici devant le portique d’entrée du village. Je m’acquitte du droit d’accès  (250 bahts soit, 5 euros). Sans trop attendre je me dirige chez Sarach qui me reçoit en larmes. Très ému par cet accueil attendrissant, il m’a fallut plusieurs minutes pour refaire surface et réaliser que j’allais vivre trois jours ici à partager tous les instants de la vie quotidienne des femmes girafe. Je ne sais rien de ce que me réserve ce séjour, mais je tiens fortement à vivre cette expérience. Les quelques européens qui ont mis les pieds ici par pur hasard ou par simple curiosité n’ont pas vu les choses telles que je les ai vues et n’ont jamais partagé les moments que j’ai eu le privilège de voir et de partager.Ce privilège je le dois au fait que j’ai entretenu des relations via Internet et par téléphone avec Sarach qui est une rare personne qui pratique correctement l’anglais à Nai Soi. Bien qu’il n’existe aucune infrastructure pour recevoir des étrangers au village, Sarach m’a invité chez elle et m’a mis en garde sur les conditions d’hébergement. Cela fait maintenant trois années que je fréquente ce village et je ne m’en lasse pas. Je n’avais jamais osé dormir ici mais cette année c’est décidé je vais m’y installer. Les 150 habitants qui peuplent Nai Soi me connaissent tous, les petits enfants ont grandi, deux sont morts de malaria, l’instituteur a quitté le village et il n’y a pas de nouvelles têtes. L’infirmière est toujours là, la mémé qui fabrique des guimbardes a pris quelques année mais est toujours vigoureuse et souriante, la chef des white Karen est toujours assise sur les mêmes planches de son balcon et sa gamine tresse toujours les palmes de bambous pour recouvrir le toit de sa hutte. Sarach aussi a changée, elle est devenue une femme, une maman admirable qui élève toute seule son petit Gowit aidée par sa maman et sa petite sœur.

Alors que je me trouvais à Bangkok le 23 avril j’ai réceptionné un e-mail provenant de Marion Gauchard et Lionel Martinez domiciliés, 9 rue de Peyresourde 31170 Tournefeuille. lioneletmarion@free.fr .  Voici le contenu de cet e-mail :

«  Nous sommes deux toulousains et revenons d’un long voyage autour du monde. En Thaïlande notre route a croisé celle de Sarach au village des longs necks près de Mae Hong Son. C’était autour du 20 janvier, nous sommes allé à la rencontre des femmes girafe à Naï Soï et nous avons longuement discuté avec Sarach qui allaitait un bébé, elle venait d’accoucher 15 jours auparavant d’un petit garçon qu’elle a prénommé Gowit. Elle se portait très bien, elle était rayonnante et le bébé aussi. Lorsqu’elle a su que nous étions français, elle nous a parlé de vous et nous a demandé si nous pouvions lui rendre un service. A cause du bébé, elle ne peut se déplacer pour se rendre en ville pour vous donner de ses nouvelles, ni par écrit, ni par e-mail. Elle nous a donc confié votre adresse postale et votre adresse e-mail, et nous a remis un cadeau qui vous est destiné et que nous vous envoyons aujourd’hui. Elle va bien, elle est très heureuse, très souriante. Lorsque nous sommes arrivés elle jouait de la guitare pour endormir son bébé. Elle nous a également dit de vous dire qu’en réponse à votre question, à savoir ce dont elle avait besoin pour elle et pour le bébé, elle n’a besoin de rien de particulier. Sa mère l’aide beaucoup. Par contre elle serait ravie d’avoir une montre. Nous vous adressons donc le cadeau qu’elle nous a confié, ainsi qu’une photo du bébé à la maternité et un papier sur lequel elle explique les raisons pour lesquelles elle est séparée du papa de l’enfant. Si vous avez d’autres interrogations n’hésitez pas de nous joindre.  Marion et Lionel. »         

Ce n’est qu’en rentrant en France que j’ai trouvé dans ma boite à lettres un paquet avec une écharpe de soie accompagnée d’une photo et d’un petit mot qui m’a bouleversé. L’écharpe de soie est celle dans laquelle avait été enveloppé le petit Gowit à sa sortie de la maternité. Aujourd’hui je suis toujours dans l’interrogation, je ne comprends toujours pas la portée de ce cadeau. J’attendrai novembre prochain pour tenter d’en savoir plus.

Sarach tient une minuscule boutique en planches et bambous, elle confectionne des écharpes de soie ainsi que des bracelets en bronze (le même bronze destiné à fabriquer les terribles anneaux qu’elle porte autour de son cou et autour des ses mollets). Sarach confie son bébé à sa petite sœur et nous partons vers la cabane de sa maman. Sa maman est ravie de me recevoir mais la communication est difficile.Le temps de manger une pastèque coupée en dés, et nous partons parcourir le village jusqu’à la cabane qui sert d’infirmerie. L’infirmière se souvient de moi et moi de même. Elle travaille pour l’organisation A.I.M.E, elle est très à l’aise avec moi et me supplie d’aller lui procurer des médicaments de base, indispensables pour traiter les enfants qui souffrent de maux de ventre et de dysenterie. Je propose alors à Sarach de descendre à moto jusqu’à Mae Hong Son pour lui acheter ces médicaments et par la même occasion des denrées pour la famille qui se fait un honneur de me recevoir. Je n’avais jamais pensé qu’un jour je me promènerai en ville avec une long neck. Profitant de mon passage à Mae Hong Son, je me rends à Friend Guesthouse pour y récupérer quelques effets personnels qui me seront utiles là haut. A la pharmacie de Mae Hong Son je me procure de l’amoxycilin, de l’aluminium et de la cloxacilin et repars avec quinze flacons, 1000 tablettes gélules et 20 sachets de poudre. Le tout m’a couté 2100 bahts soit, 42 euros. Quarante euros représente cinq mois de salaire de l’infirmière. En novembre prochain je renouvellerai l’opération et n’arriverai pas les mains vides. Je n’oublierai pas non plus une belle montre pour Sarach, des cartes à jouer pour les longs necks et des chamallows pour les enfants.

En retournant au village nous nous arrêtons pour acheter des victuailles, des légumes, du riz, de la viande, des jus de fruits et du poisson séché. Alors que Sarach donne le bain au bébé dans une bassine en plastique je m’occupe avec sa maman à préparer le repas du soir qui sera composé de riz, d’une soupe de nouilles aux herbes, de porc à l’ananas et de poisson séché à la sauce piquante. Le coin cuisine se trouve sous les pilotis de la cabane, à même la terre battue. Tous les ingrédients sont cuits au feu de bois dans de grandes marmites noirâtres léchées par les flammes des bambous brulants. Pour s’approvisionner en eau il faut aller à la pompe publique située à cent cinquante mètres du logement. Sarach vit à l’étage de sa boutique dans une pièce unique dépourvue de mobilier, les cloisons sont en bambous tressés et tapissées de posters représentant des portraits de femmes girafe, des portraits de bébés et de vedette du karaoké thaï. Alors que Gowit dort à poings fermés sur une couverture à même le sol nous entamons une partie de rami avec Sarach et deux de ses copines à la lueur de deux bougies. Il n’y a pas d’éclairage à Nai Soi et dès 19h30 il fait nuit noire. En face, des habitations laissent entrevoir l’éclairage vacillant des lampes à alcool. Un silence angoissant plane sur Nai Soi et à 21h30 tout le monde est couché. Difficile de fermer l’œil cette nuit, ce n’est pas dans mes habitudes de dormir par terre, je n’arrive pas à m’endormir, je suis préoccupé par l’environnement dans lequel je me trouve et il fait très chaud. Je réalise que je suis dans un autre monde et un tas d’interrogations meublent mes pensées. Au moment où j’allais m’endormir Gowit se met à chialer. A 4h30 du matin je me lève et sors dans le village désert pour attendre les premières lueurs. A 5h30 je suis sur la colline qui jouxte la cabane et m’en vais cueillir des ananas pour le petit déjeuner. Les premiers bruits montent du village et les coqs en concert sonnent le réveil. Je regagne ma hutte, Sarach est entrain de donner le sein à Gowit. Les femmes Karen allaitent pour des raisons d’hygiène et pour des raisons économiques.

La toilette matinale est une véritable cérémonie, chacun arrive sur la place publique avec sa cuvette, sa serviette, sa savonnette, son dentifrice et sa brosse à dents. Tout le monde autour de la pompe collective tire de l’eau et entame sa toilette. Les femmes vêtues d’un long sari coloré noué au dessus de leur poitrine font discrètement leur toilette. Les femmes Karen sont très coquettes elles terminent en passant un long moment à se lustrer les anneaux et à enduire leur visage de Tanaka (sciure de bois de santal mélangée à l’eau). Le Tanaka est signe de beauté et protège des rayons du soleil. Aujourd’hui alors que Sarach s’occupe de son bébé je prends mon temps pour errer dans le village et pour rendre visite à tous les habitants. C’est merveilleux, les jeunes mamans prennent grand soins à leurs bébés, elles leurs donnent à manger et jouent avec eux. Les femmes plus âgées débordent d’activité, elles préparent le petit déjeuner nettoient le linge et montent ramasser toutes les herbes pour préparer les repas. Ici l’on mange lorsqu’on à faim, seul le repas du soir est un moment de réunion et d’échanges. Durant le temps que j’ai passé à parcourir toutes les pistes du village j’ai été invité à huit reprises à des petits déjeuners et puis je m’en suis allé garder la boutique de Sarach pendant plus de deux heures. Je n’ai pas vu le temps passer bien que je n’ai pas eu un client mais j’étais entouré de tous les enfants du village curieux de ma présence. Ma deuxième nuit à Nai Soi je l’ai abordée différemment. Pour ne pas me coucher trop tôt à la lueur d’une bougie j’ai mis de l’ordre dans mes notes pour alimenter mon road book qui me servira à enrichir mon blog exclusivement destiné à mon séjour chez les longs necks.  Adresse à consulter: http://www.bimbotriangledor.canalblog.com

Le lendemain, même scénario, un silence angoissant plane de nouveau sur Nai Soi troublé par les hurlements des chiens errant et les cris des geckos. Vers 2 heures du matin je réussis à m’endormir mais dès 5h l’activité reprend. Cet après midi je quitterai Nai Soi avant la tombée du jour mais en attendant j’ai encore beaucoup de visites à faire. Suivi par une dizaine de bambins je m’en vais tout en haut du village avec mon caméscope et commence mon petit court métrage sur Nai Soi. Dans la petite chapelle chrétienne construite en bambous et chaumes il n’y a toujours que quatre bancs, de quoi recevoir douze fidèles et sur le mur à droite de l’autel, la photo du nouveau Pape a été accrochée il n’y a pas très longtemps. Dans les escaliers abrupts qui descendent dans le quartier des white Karen un petit cobra noir me coupe le chemin. Les white Karen vivent concentrés et cohabitent très bien avec les Karen, les femmes portent de lourdes boucles d’oreilles. Le trou formé dans le lobe de leurs oreilles mesure quatre centimètres de diamètre et leurs costumes sont de véritables patchworks aux couleurs flamboyantes. Les hommes ne sont pas nombreux au village, ils sont probablement dans les champs à des kilomètres à la ronde et lorsqu’ils arrivent surchargés comme des mulets ils rentrent se reposer après que leurs épouses les aient massé. Dans l’artère principale un papa tire ses deux petits enfants qui ne marchent pas encore dans une carriole en bois. D’autre enfants plus grands jouent avec des jouets sommaires confectionnés avec du bois et des bouteilles en plastique, les adolescentes se promènent main dans la main et arpentent en long et en large la piste principale qui ne doit pas faire plus de trois cents mètres de long. Tout ce petit monde s’occupe tous les jours, toujours de la même façon. Les Karen ne peuvent pas quitter la province de Mae Hong Son, ils ne vont que rarement en ville à pied ou en mobylette car ils sont très contrôlés. Le gouvernement Thaï veut bien les accueillir mais ils sont limités dans leurs déplacements. Ce soir Sarach et sa copine « Maman » (Maman est le nom de sa copine) ont apporté leurs guitares et entonnent quelques mélodies locales, il y a beaucoup de monde autour d’elles. Dans la boutique d’en face qui sert d’épicerie je vais acheter une vingtaine de paquets de fruits séchés et des canettes de jus de fruits pour régaler les spectateurs qui me sont reconnaissant en me faisant une démonstration de leurs gestuelles locales. Sous les pilotis de la hutte d’à coté deux petits enfants viennent de trancher la gorge à un poulet et récupèrent le sang dans une cuvette. Le sang sert à préparer un potage local, quant au maigre poulet il ne doit pas nourrir plus de deux personnes. Chacun dîne sur le pas de sa porte et les bonnes odeurs d’ail frit se mélangent aux redoutables odeurs des poissons séchés. Ca converse de porte en porte et Sarach me traduit son dialecte Kayan en anglais. Il est 18h et c’est avec un pincement au cœur que je quitte Nai Soi, tout le village m’accompagne à la moto et Sarach fond de nouveau en larmes. Nous garderons le contact et en novembre je viendrai de nouveau la retrouver ainsi que tout ce peuple adorable. Lorsqu’on rencontre ces gens pour la première fois il n’est pas facile de les approcher, mais dès que la confiance s’établit on est vite adopté et respecté. Tout devient alors plus facile excepté la communication. Ces moments merveilleux vécus à Nai Soi je ne pourrai les oublier, ils resteront à jamais gravés en moi.         

A peine de retour en ville je fonce à Friend Guesthouse pour une douche bien méritée et m’en vais au night market tout près du romantique lac de Wat Chong Khlang pour acheter un superbe couvre lit fait à la main et je rejoins le restaurant « Across the Road » pour me régaler devant une bière pression. Demain j’irais à l’aéroport pour m’envoler sur Chiang Mai où j’ai pris rendez-vous chez le dentiste pour me faire extraire une mauvaise dent qui me taquine. A Chiang Mai je dispose de deux jours pour continuer mes démarches et procéder à de nombreuses réservations pour l'année prochaine, à savoir une demie journée de mini croisière sur la rivière Pink agrémentée d’un déjeuner aux fruits, une soirée dîner Kantoké avec spectacle de danses classiques régionales, une séance de massages traditionnels dans un grand salon, un repas sea food dans la poissonnerie du marché de nuit, un dîner au cœur d’un jardin tropical au Tamarind et le « One day Tour » où nous irons à la rencontre des Hmong et où nous descendrons la rivière Yen en radeaux jusqu'à un éléphant Camp pour une promenade à dos des pachydermes.  Le dentiste que m’a conseillé Jill se trouve à 200 mètres de ma guesthouse. Pour entrer il faut se déchausser et utiliser des mules désinfectées. Le dentiste assisté de trois nanas n’a pas trente ans, son cabinet est ultra moderne et j’ai l’impression d’être dans la cabine de pilotage d’un avion long courrier. L’extraction s’est parfaitement déroulée si bien que deux heures après j’ai pu dévorer une excellente soupe aux nouilles et aux crevettes à food street. Demain un tuk tuk m’emmènera à la gare routière pour y prendre un bus pour Chiang Khlong, la dernière ville Thai avant la frontière nord du Laos.

A 8h30 le bus pour  Chiang Khlong est bondé, je décide donc de différer mon départ et de ne partir qu’avec celui de 13h30. Cela bouscule considérablement mon programme car lorsque j’arriverai, vers 19h30, il n’y aura plus de bateau pour rentrer au poste frontière de Huay Xai de l’autre coté du Mékong. Il faudra que je passe une nuit à Chiang Khlong. Je n’ai pas eu de difficulté pour trouver un logement « Bamboo guesthouse » tout près des départs des bateaux pour le Laos (une nuit pour 300 bahts soit 6 euros). Au restaurant situé juste en face la guesthouse je viens d’apprendre qu’un terrible ouragan venait de ravager le golfe de l’Irrawaddy et une partie de Yangon en Birmanie. Cela explique les deux journées épouvantables que j’ai eu avant-hier, des bourrasques de vent très puissantes accompagnées de trombes d’eau. La télévision birmane se garde bien de montrer des images de la catastrophe, par contre la télé Thai diffuse beaucoup d’images. L’ampleur du cyclone a été très impressionnante ainsi que les conséquences subies par la population complètement désœuvrée. Personne ne peut savoir qui et quand les nations frontalières leur viendront en aide. Les autorités birmanes refusant toute intrusion dans leur pays.  A partir de demain matin je vais vivre sur le Mékong, je vais rester deux jours à Huay Xai car l’environnement est sublime et doucement je descendrai le Mékong jusqu’à Luang Phrabang via Pakbeng.

 

LAOS

        

Le Laos est une république démocratique populaire qui s’ouvre prudemment au tourisme. C’est un des pays des plus pauvres du Monde. Pour l’apprécier il faut être discret, ce n’est pas un pays spectaculaire mais une nation fière de son passé qui cherche à se développer en préservant son identité. En l’an 2001 je remontais le Laos par la route depuis la capitale Vientiane, jusqu’à Luang Phrabang. Cette année j’ai projeté de descendre le Laos depuis la pointe nord du pays jusqu’à Vientiane en transitant par Luang Phrabang et en empruntant la voie fluviale. Ça fait déjà plusieurs années que j’ai cette envie folle de vivre des moments magiques sur le Mékong.

Le Mékong.

Le Mékong est le quatrième fleuve d’Asie par son débit de 475 kilomètres cubes d’eau par an. Il coule sur près de 4 900 kilomètres, prends sa source à Lasagongma au Tibet à 5224 mètres d’altitude et arrose successivement la province du Yunan en Chine, le Myanmar, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. Son bassin draine 810 000 kilomètres carrés où vivent 70 millions d’habitants. Le Mékong est utilisé pour l’irrigation, le drainage, la pêche, la pisciculture et la production électrique.  Il est appelé « Mae Nam Khong » par l’ethnie Thai, ce qui signifie « Mère de tous les fleuves ».  Près de sa moitié coule en Chine où il est appelé « fleuve turbulent », en raison de ses gorges et ses précipices. Il quitte la Chine à, à peine 500 mètres d’altitude et forme alors la frontière avec le Myanmar et le Laos sur 200 kilomètres. Il rejoint son affluent le Ruak au triangle d’or. Là, il sépare la Thaïlande et le Laos puis coule uniquement au Laos, il est caractérisé par des gorges, des rapides et sa profondeur d’à peine 50 centimètres lors de la saison sèche. Il s’élargit au sud de Luang Phrabang où il a inondé la région jusqu’à 100 mètres de profondeur sur un rayon de quatre kilomètres. Il reforme la frontière lao-Thai et finit au sud du Laos dans la région de Si Phan Don « quatre mille îles » avant de rentrer au Cambodge. Au Cambodge il reçoit le Tonle Sap et le Brassac au niveau de Phnom Phen. Au Vietnam il se divise en deux bras qui finissent dans la mer de Chine par neuf estuaires.

Frontière Thai-Laos et Huay Xai.

La petite ville de Chiang Khong se trouve au nord de la Thaïlande sur la rive droite du Mékong juste en face de Huay Xai, première petite bourgade du Laos. Chiang Khong n’a rien d’attrayant et compte tenu que le trajet depuis Chiang Mai à été épuisant je ne me fais pas prier pour dîner et aller me coucher dans une paillotes infestée de moustiques sur les rives du Mékong. A l’aube je me rends à pied à l’embarcadère de Tha Bak tout au nord de la ville. Pour traverser le Mékong embrumé je choisis d’embarquer sur un « long tail boat ». Il m’en coûtera un dollar pour une traversée de dix minutes. Ca y est ! J’ai maintenant les pieds sur le sol laotien. Après le contrôle de mon passeport et de mon visa au bureau d’immigration, je m’en vais changer un peu d’argent. Pour 50 dollars (30 euros), j’obtiens 430 000 kips. Je suis complètement perdu entre les euros, les bahts, les dollars et les kips. J’ai l’impression d’être très riche mais m’aperçoit très vite que ce n’est pas le cas lorsque j’achète un sandwich pour 10 000 kips.

Me voici dans la province du Bokéo qui ne compte que 145 000 habitants. Bokéo signifie « mine de pierres précieuses », elle doit son nom à des gisements de saphir dans le district de Huay Xai.  Le Bokéo abrite 34 ethnies dont des Lao Huai, des Kamu, des Akha, des Hmongs et des Lahu que l’on rencontre généralement au nord du Myanmar. Le centre de Huay Xai est tout petit et truffé de pensions et de boutiques avec pour arrière plan des montagnes verdoyantes. Beaucoup de routards passent par Huay Xai avant de remonter le Mékong pour rentrer au Yunan en Chine où bien pour descendre le Mékong jusqu’à Luang Phrabang, comme je vais le faire dans quelques jours. A Huay Xai je m’établis à « Hueixay GH » au milieu de l’unique artère principale qui traverse la ville, près des commodités et du port d’embarquement d’où partent les bateaux qui descendent le Mékong.  Je vais passer deux jours ici, au premier étage, fenêtre sur rue. Alors bien installé, je m’en vais en quête d’un moyen de locomotion pour assurer mes déplacements. Il est de coutume de demander les services d’un conducteur de tuk tuk, et j’en trouve un qui est très gentil et qui connaît quelques mots d’anglais. Je lui demande alors de venir me chercher demain matin à « Hueixay GH ».   Les lao huay qui vivent ici construisent leurs habitations en palmes de bambou et vivent plusieurs familles ensembles. Ils irriguent leurs rizières à l’aide de pompes hydrauliques en bois et cultivent le pavot pour leur propre consommation. Les femmes portent une grande pièce de monnaie suspendue à la chevelure longue et raide et n’ont pas de sourcils car elles s’épilent dès l’âge de quinze ans. Mon chauffeur et guide à la fois, est sous ma fenêtre dès 7 heures, je lui règle les 5euros pour la journée et nous partons pour visiter les villages Kamu. Ce matin en guise de petit déjeuner j’ai eu droit à du riz collant, des légumes, des œufs et du sang de canard épicé servi en soupe. Le ventre plein, nous nous approchons de Ban Nam Sang ou je dois demander l’autorisation au chef du village pour utiliser mon caméscope. Le chef du village est l’instituteur du village, il me reçoit et m’offre un godet de lao-lao. Ensemble nous nous rendons dans son école où il est fier de me présenter aux élèves. Sur les 22 enfants qui fréquentent cette école, 10 habitent à Ban Nam Sang, les12 autres viennent des hameaux environnants et font 5 à 6 kilomètres le matin pour venir aux cours et de même à 14 heures lorsqu’il faut rentrer à la maison. Je m’entretiens longuement avec l’instituteur qui m’apprend beaucoup de choses sur la vie quotidienne du peuple Kamu. Nous reprenons la route et nous nous dirigeons vers un tronçon du Mékong où se trouve une importante zone destinée à la pêche au poisson-chat géant, nommé « Pqabeuk ». Le Pqabeuk est probablement le poisson d’eau douce le plus gros du monde. Adulte il atteint presque les 3 mètres et pèse jusqu’à 300 kilos. Sa chair est appréciée pour son goût subtil entre le thon et l’espadon. C’est en cette saison qu’ils sont plus nombreux, ils sont pêchés et vendus pour 40 dollars le kilo, puis finissent dans les assiettes des restaurants de Bangkok.  Quatre kilomètres plus au nord nous nous arrêtons au « noodle village », le village des nouilles. Ici, toutes les familles fabriquent ces nouilles de farine de riz que l’on retrouve à tous les repas laotiens et qui sont vendues sur le grand marché de Huay Xai.  A dix minutes du village des nouilles il y a le village de l’alcool où est fabriqué le lao-lao, un alcool de riz à 45 degrés qui a pour réputation de rendre fou. Avant de regagner Huay Xai, mon chauffeur me propose d’aller avec lui chercher son fils à l’école, il est très fier et me présente à la maitresse et aux nombreux enfants dont je me régale à fixer sur mon appareil photo. De retour à ma guesthouse je donne rendez-vous à mon chauffeur pour qu’il vienne me chercher demain et je fonce au port fluvial pour y prendre tous les renseignements pour mon trajet d’après demain et réserver une place sur le bateau. Chose faite, je sympathise avec le gérant de l’agence de voyage qui me propose d’aller manger la soupe de poissons chez lui. Nous enfourchons sa moto et en pleine nuit noire sans éclairage, nous parcourons 3 kilomètres dans la campagne du Bokéo. A l’issue du repas il me reconduit en ville et finissons dans une brasserie sur pilotis au bord du Mékong entourés de trois charmantes laotiennes qui ne refusent pas quelques « beer lao ».

Aujourd’hui il fait particulièrement chaud, le thermomètre frise les 38 degrés. Mon chauffeur est fidèle au rendez-vous. A 8 heures les femmes et les enfants Kamu et Lenten se promènent déjà avec leur parapluies ou ombrelles pour se protéger des premiers rayons du soleil. Nous empruntons une route encadrée de montagnes, le décor est splendide et la zone facile à explorer. Tiens ! Mon téléphone sonne. Dois-je répondre ? Oui, c’est mon copain Francis Canépa de Genève, il vît actuellement en Thaïlande à Hua Hin, il pensait que je me trouvais déjà à Bangkok. Nous convenons de nous rencontrer chez lui à Hua Hin lorsque j’aurai bouclé mon périple au Laos, probablement le premier juin.   Mon chauffeur me dépose après 45 minutes de route et je m’en vais à pied. Le paysage est spectaculaire, des séries de falaises grises en forme de pachydermes se détachent sur le fond verdâtre des collines. Rien d’autre à faire que d’admirer ce décor de toute beauté et de méditer sur tout ce que je vois et ressens. Après 40 minutes de marche je m’arrête aux abords d’une cantine de trottoir pour avaler du riz gluant servi sur des feuilles de bananiers fraîchement coupées. Assis sur mon banc de bambou j’observe le va-et-vient des animaux de compagnie qui grouillent à mes cotés: poules, coqs, chiens, chats porcs et chèvres noires. Les enfants nus jouent avec les jouets rudimentaires qu’ils ont fabriqués eux-mêmes. Ici il n’y a pas de touristes occidentaux, a part Bibi ! Il n’y a aucune attraction sinon une poignée d’habitants qui ne parle pas un mot d’anglais, ni de thai, ni de lao (ni même de français). Sur le chemin du retour je me fais arrêter au grand marché où tout est en vrac, les produits de consommation courante sont mélangés aux babioles d’importation chinoise. On peut sortir d’ici avec toutes sortes de denrées allant de la nourriture, de la quincaillerie, de la pharmacie et des tissus. On y trouve même des mobylettes chinoises à moindre coût et des gadgets d’aucune utilité. Ce soir pour dîner, mon choix est vite fait, je rentre dans le « River side houay restaurant » dont la terrasse surplombe le Mékong pourpre et scintillant, j’interpelle le restaurateur, un petit bonhomme très caractériel, et lui demande de m’apporter une cascade des ses meilleurs plats locaux. Je patiente près d’une demie heure devant un verre de « lao lao », cet alcool qui rend fou surtout si on le consomme additionné de poudre de pierre à briquet, de bois de chevreuil ou de panse d’ours. Ça y est ! La table est maintenant recouverte de bols remplis de divers condiments et d’assiettes remplies de nouilles sautées, de viande de buffle, de poisson frits croustillants, d’une omelette nature, d’herbes diverses et de gâteaux aux crevettes frites. J’arrose le tout avec une délicieuse « beer lao », source de fierté du pays. Les lao l’adorent et se laissent souvent à dépasser la dose. Demain je commencerai la descente du Mékong très tôt, aussi, je m’empresse de rentrer à ma guesthouse.

Le trajet de Houay Xai à Pakbeng.

Cinq heures trente du matin, je descends la longue rampe d’escaliers qui mène au port fluvial et cherche mon bateau parmi des dizaines qui sont stationnés. Il y a déjà beaucoup de monde sur le quai et je me mélange à la foule. Avant de mettre les pieds sur le pont, comme beaucoup de passagers je m’en vais acheter un coussin moelleux pour mon confort personnel, car je sais que le trajet sera long, généralement 6 heures, sinon 8 heures selon si la quantité des marchandises et de matériel à décharger et recharger est conséquente lors des nombreuses haltes. Le « slow boat » est très long, tout est en bois verni, de la coque au pont, des bancs à la toiture, des rambardes aux colonnes qui maintiennent le toit. La planche qui permet d’accéder au pont est bancale, la dame surchargée de fardeaux et de son bébé ont des difficultés pour monter à bord, je prends le petit dans les bras et nous montons ensemble. Je m’installe à l’avant avec elle sur mon précieux coussin à même le sol. Rejoindre Pakbeng est une expérience en soi, le trajet qui représente 125 kilomètres s’accompli en 6 ou 8 heures pour 9,5 dollars. Le slow boat lève l’ancre tandis qu’à quai les familles adressent de chaleureux bye bye avec des mouchoirs à la main. La croisière commence à travers des falaises rocheuses escarpées, des plages de sable blanc ou rouge, et des montagnes recouvertes de forêts denses. Nous croisons de nombreux petits villages de pêcheurs l’un plus mignon que l’autre.  Les paysages sont somptueux, le vert des forêts épaisses se détache sur le rouge de la terre, le blanc des plages formées par les alluvions et le noir des rochers. Je comptais dormir un moment mais pas question car je ne veux pas louper ce merveilleux spectacle. Beaucoup de touristes dorment et ne profitent pas de ce décor à couper le souffle. De temps en temps j’adresse un sourire au bébé et à sa maman mais il est difficile de communiquer excepté au moment où je sors mes paquets de biscuits et de fruit séchés que je partage avec eux. Le soleil est maintenant très bas et les couleurs ne sont plus les mêmes, c’est merveilleux, je finis le trajet sur la pointe avant du bateau et commence à voir apparaître les premières petites lueurs de Pakbeng. A peine arrivé à quai une meute de rabatteurs tentent de m’influencer sur le choix d’un logement, tandis que d’autre me proposent de la drogue pour ma soirée à Pakgeng, bourgade de transit. En effet, le slow boat ne peut naviguer de nuit, le Mékong est trop dangereux, et puis, il n’est pas très profond et la nuit est trop noire dans son lit.

Pakbeng.

Pakbeng signifie « embouchure de la Beng », c’est un tout petit bourg champêtre au confluent du Mékong et de la Nam Beng. Les maisons pour la plupart sont en bois et accrochée sur le versant de la falaise. C’est une bourgade quelconque où il n’y a qu’une rue qui part du port, qui monte sur 400 mètres et se meurt au bout du village. Les guesthouses sont nombreuses car beaucoup de monde transite par ici pour aller sur Luang Phrabang. Je choisis « Phantavong guesthouse » assez loin du port, et m’y installe pour 5 euros la nuit. Des restaurants en veux-tu, en voila, je préfère celui où se trouve la pancarte suivante : «  Bienvenue ! Ici nous avons de très bons plats de toutes sortes, végétariens ou non végétariens. Venez goûter la cuisine de ma femme et vous comprendrez pourquoi je l’ai épousée. Et nous parlons français !  Kop chai (merci en laotien »). Voici en quoi consistent ces bons plats: végétal sandwich pour 8000 kips, cheese sandwich pour 10000 kips, meat sandwich pour 12000 kips. « In all hour sandwich we put, lettuce, onion, cuncumber, tomato, babana flowers, mayonnaise and special we used anchar ». Après ce maigre repas je mets le nez dehors, il fait nuit noire et il n’y a pas d’éclairage public à Pakbeng. Les quelques lampes sont alimentées par des groupes électrogènes. Quelques établissements disposent aussi de groupes mais par malheur pas ma guesthouse. Il y a quelques bougies le long des marches qui mènent à l’étage, j’en dérobe deux pour me permettre de trouver le trou de ma serrure, voir où je mets les pieds et trouver la porte de mes toilettes. Je prends beaucoup de précaution pour éviter d’enflammer la moustiquaire de tulle rose et ne me fais pas prier pour faire dodo, d’autant que demain le slow boat quittera le port à 8 heures. Tout cela est très romantique et a son charme, mais heureusement que ce n’est que pour une nuit.

A 6 heures et demie je descends mon sac à la réception, ainsi j’ai le temps d’aller prendre un petit déjeuner continental au premier café que je trouve ouvert et je fais durer le plaisir quasiment une heure. J’aperçois déjà des voyageurs qui descendent vers le port, je retourne récupérer mon sac pour me joindre à eux. Le slow boat qui partira à 8 heures est bien plus grand que celui d’hier, c’est à penser qu’il y aura beaucoup de monde à embarquer. Pour descendre à Luang Phrabang il faut compter 10 heures, fort heureusement l’ambiance à bord est délicieuse et les décors à crever les yeux. La majorité des passagers sont des routards car le plus grand nombre d’entre eux ne veut pas quitter le Laos sans passer par Luang Phrabang, la perle du pays. Cette province possède l’un des paysages les plus divers de la région du nord. A l’ouest le Mékong traverse une jungle épaisse, au sud d’imposants massifs jaillissent de terre jusqu’au nord de Vientiane, la Nam Ou coule jusqu’à Luang Phrabang encadrée d’impressionnantes falaises karstiques, et à l’est la voie s’ouvre vers de douces collines.  A bord je partage un maigre repas avec le copilote, il sort une bonbonne de dix litres de lao-lao qu’il va faire goûter à tous les passagers étrangers. L’alcool délie les langues et favorise le dialogue et la communication, l’ambiance devient plus chaude et les quelques voyageurs qui dormaient font surface.  Nous avons accomplis plus de la moitié du trajet, le fleuve magique est plus gonflé et plus profond, le slow boat devient spead boat et dans deux heures nous mettrons les pieds sur terre. Là bas tout au fond des derniers méandres quelques lumières scintillent, Luang Phrabang n’est plus loin. A Luang Phrabang je sais où se trouve ma guesthouse pour y être passé en 2001, depuis le port il ne me reste plus qu’à faire 400 mètres à pied pour y parvenir. L’enseigne en caractères rouges sur fond jaune est en vue « Oudomphong guesthouse », 65/4 Ban Houaxieng- Tel : 071 252419 ». La patronne est toujours là, elle mène à bien son affaire, entourée de son mari fainéant et de ses deux enfants très dynamiques. La guesthouse se trouve dans une minuscule ruelle en cul-de-sac, un endroit très calme à cinq minutes à peine à pied du centre stratégique de la ville et du marché de nuit.

 Luang Phrabang.

Luang Phrabang, ou « Muang Sua » signifie « Java », car les javanais avaient envahit une partie du Laos à l’époque khmère. La ville est bâtie à l’intersection du Mékong et de la rivière Nam Kane. Cette cité est la splendeur du Laos. L’électricité n’y est apparue qu’en 1990 et la première moto n’y a roulée qu’en 1994. Le meilleur moyen pour s’imprégner du climat de la ferveur religieuse qui y règne est de la visiter à pied. La beauté de ses temples est impressionnante. Ma petite chambre est située à l’angle du bâtiment, ma fenêtre donne sur la ruelle, en face du balcon de ce vieux pépé qui baragouine quelques mots de français et qui est fier de le parler, car il a fait la guerre à nos cotés. En 2001 il n’y avait pas beaucoup de touristes à Luang Phrabang car la route qui la reliait à la capitale était dans un piteux état. Aujourd’hui il est facile de remonter de Vientiane, aussi, les guesthouses ont poussé comme des champignons, mais la capacité d’accueil n’est toujours pas suffisante à la bonne saison. Les premières images qui ont attirées mon attention et qui m’ont émerveillées ont été les couleurs de la ville: la couleur blanche des fleurs de frangipaniers, la couleur rouge écarlate des flamboyants qui longent les rives du Mékong, la couleur orange safran des parures des moines et la couleur rouge et or des temples éblouissants. Il me faut passer à la banque, et j’en sors millionnaire, j’ai un million de kips dans la poche, c'est-à-dire 120 euros, de quoi passer 7 jours tout compris dans ce beau pays.

Luang Phrabang compte 26000 habitants, la ville est classée au patrimoine mondial de l’humanité, elle est le premier site touristique du pays, même les touristes les plus blasés tombent sous son charme et sont séduits par les toits scintillants des temples, les vestiges de l’architecture coloniale, la diversité ethnique de la population et la gentillesse des habitants. Malgré l’afflux des touristes la vie nocturne n’a rien de trépidant, le couvre feu s’applique à 23 heures et le silence règne à minuit. Le mont Phou Si est visible de toute la ville, c’est lui qui me sert de repère à partir de l’artère principale, l’avenue Th Sisavangvon, là où se trouvent les cybers cafés depuis lesquels je peux communiquer avec mes proches et travailler à mon blog de l’année dont voici l’adresse : http://www.bimbolaos.canalblog.com  .  De février à mai la fumée commence à envahir la ville en raison des cultures sur brûlis pratiquées dans les collines et sur les montagnes environnantes. Elle peut devenir si épaisse en mars et avril qu’elle attaque les yeux, provoque des difficultés respiratoires et empêche de prendre des photos du haut du mont Phou Si.

Aujourd'hui dès six heures du matin me voici déjà dans Sisavangvong. Au lever du soleil des centaines de moines défilent à la queue leu leu et s’en vont faire l’aumône auprès de la population toujours très généreuse. Je me suis laissé prendre par une mémère habile qui me tend un panier rempli de bananes et de sachets de riz pour faire donation aux moines. La procession terminée, sans vergogne elle me réclame cinq dollars, de quoi faire manger au moins une vingtaine de moines. Je n’aurais pas du arriver les mains vides et faire comme tout le monde, c'est-à-dire, passer par le marché et acheter pour un dollar de victuailles. Considérant que j’ai fait ma bonne action je suis persuadé que mon Karma sera meilleur pour cette journée et pour les jours à venir. Le spectacle en vaut la peine, les bonzes et les moinillons tous vêtus d’orange présentent leurs larges urnes en terre aux fidèles agenouillés, ces derniers distribuent à chacun du riz, des fruits et des restes de nourriture de la veille. Le défilé dure quinze à vingt minutes et les religieux regagnent leurs temples respectifs. Les moines m’ont attisé la faim et j'enchaîne ma journée par un copieux petit déjeuner avant d’aller faire la tournée des temples. Des temples il y en à une trentaine mais je ne me contenterai que des incontournables. Je réserverai le joyau de la ville, le Wat Xieng Thong pour demain soir.  C’est parti pour le Wat Ho Pha Bang richement travaillé, le Wat Visoun le plus ancien au toit unique, le Wat Mai Suvannaphumaham doté d’une véranda remarquable, le Wat Manolom qui abrite un Bouddha de six mètres de haut qui pèse deux tonnes et le Wat Xieng Muan transformé en école bouddhique. En passant devant « Big brother mouse», j’achète cinq livres que je donnerai aux enfants, c’est plus profitable que des bonbons et ça favorise l’alphabétisation. Je longe de superbes maisons coloniales franco-lao, traverse un petit marché et me retrouve au bord du Mékong où de nombreuses boutiques de trottoir vendent des baguettes de pain à la française. Je fais une halte au « Tamarind» pour y prendre un rafraîchissement et poursuis vers le centre culturel des enfants, qui récupèrent les bouteilles d’eau en plastique vides pour les vendre afin de récupérer les fonds qui serviront à des activités parascolaires. Je grimperai les 320 marches de la colline de « Phou Si » une autre fois, car ça en vaut la peine. Pour l’heure, j’ai terminé ma tournée des temples, je regagne alors ma guesthouse. Il me faut aller dîner, ce soir j’ai envie de me faire un petit plaisir et rentre dans un élégant restaurant, le « La la café » pour déguster une salade épicée au poisson-chat et à la mangue, et un curie massanam. Il est 23 heures, c’est bientôt le couvre-feu, je regagne Oudomphong guesthouse. 

Aujourd’hui, je quitte le cœur joyeux la guesthouse pour une journée de rêve à 35 kilomètres de Luang Phrabang. Pour aller aux cascades de Kuang Xi, le seul moyen est de prendre un tuk tuk, mais tout seul ce n’est pas du tout économique. Tout le monde le sait, alors les routards se pointent tôt pour essayer de se grouper et partager la note. Ce matin il n’y a pas grand monde, seulement deux étrangères en train de prendre leur petit déjeuner. Je vais les interpeller et leur explique la combine, ma proposition les intéresse, elles me demandent de les attendre un instant, le temps de passer à leur guesthouse pour récupérer le maillot de bain. Je n’y avais pas pensé, alors j'en profite pour faire de même. Nous voila trois et traversons l’avenue pour aller négocier un tuk tuk et son chauffeur. Chose faite au lieu de donner 60 000 kips tout seul, nous ne donnerons que 20 000 kips chacun. Patricia est allemande et Roseline française elles se sont rencontrées à Vang Vieng où elles ont passées quelques jours ensembles. Toutes les deux monteront ensuite le Mékong à contre-courant. Bon courage !   Le chauffeur du tuk tuk a toujours le sourire, il connait bien sa région pour avoir baladé de nombreux touristes, il est complètement à notre disposition pour toute la journée, aussi, lorsque nous voulons nous arrêter pour prendre de jolies photos il le fait de bon cœur. Les 32 kilomètres qui séparent Luang Phrabang de Kuang Xi sont magnifiques mais nous avons hâte d’arriver pour nous baigner tellement la chaleur est insupportable. Kuang Xi, est une superbe cascade qui descend sur plusieurs niveaux. La rivière coule au milieu d’une végétation dense et fleurie, face à des formations calcaires en creusant une succession de bassins à l’eau turquoise. L’endroit aussi est splendide car tout en bas il y a un parc public agrémenté de tables de pique-nique et juste après l’entrée un enclos abrite des ours malais et un tigre confisqués à des braconniers et gardés ici pour les protéger. Au premier niveau nous découvrons un superbe plan d’eau où sont aménagées deux minuscules plages. Sans plus attendre nous avançons prudemment en nous accrochant aux lianes et essayons de poursuivre juste dessous la première cascade pour y prendre une douche. L’eau n’est pas des plus chaudes et il n’est pas recommandé d’y rester trop longtemps dedans. Une fois le maillot sec nous empruntons un sentier qui grimpe à travers la forêt jusqu’au second niveau moins fréquenté car la plupart des visiteurs restent en bas. Ici aussi il y a un bassin assez grand pour y prendre un bain.  Derrière la cascade une grotte s’enfonce sur 10 mètres. Maintenant le sentier devient plus glissant, en montant vers le sommet de la cascade j’aperçois le cours d’eau qui l’alimente.  En redescendant nous demandons au chauffeur de nous arrêter à Ban Tat Paen pour y prendre un verre puis nous allons nous aventurer dans la campagne profonde où nous apercevons des dizaines de fillettes d’une douzaine d’années qui travaillent comme des bêtes dans les champs avec des outils aussi grands qu’elles. Dans le joli village Khamu il y a un cours d’eau et plusieurs petites cascades, nous prenons un dernier bain avec les enfants fous de joie de nous accompagner. Nous nous désaltérons de nouveau et discutons un long moment. Nous avons passé une si agréable journée que nous convenons de nous retrouver ce soir.

Ça tombe bien car aujourd’hui je viens de boucler ma 62 ème année et ce sera l’occasion d’aller faire la fête. Patricia l’allemande est comptable à Berlin et Roseline la française travaille dans un laboratoire de biologie alimentaire. Comme moi, elles adorent voyager mais elles ne disposent pas d’autant de temps que moi pour pouvoir savourer à fond un pays. Il n’est pas très tard et Roseline est d’accord pour que nous montions au mont Phou Si et que nous allions visiter le temple Wat Xieng Thong au bout de la presqu’île. Pour atteindre le temple du mont Phou Si, il faut grimper 320 marches et s’acquitter de 10 000 kips à l’arrivée. La grimpette en vaut la peine car de là haut le spectacle est remarquable, on a une vue panoramique sur tout Luang Phrabang et de plus l’atmosphère y est reposante. Nous observons la presqu’île et apercevons le Wat Xieng Thong qui nous attend car bientôt ce sera l’heure de la prière. La descente est rapide, il nous reste 1500 mètres à parcourir et nous nous trouvons devant de larges marches peintes en blanc qui aboutissent sur l’esplanade du temple. Le Wat Xieng Thong est incontestablement le plus somptueux de la ville. Wat Xieng Thong, signifie « ville de l’arbre de l’illumination ». Construit en 1560 par le roi Setthathirat il est le plus riche de la ville. Tout proche de lui se trouve la chapelle du Bouddha sacré dite « chapelle rouge ». Elle est superbement décorée et incrustée de mosaïques de verre d’inspiration japonaise. Sur la façade arrière du temple je suis en admiration devant une autre belle mosaïque de verre représentant l’arbre de Boddhi « arbre de l’illumination ». A l’intérieur, des fresques racontent la légende de Thao Chanthaphanith, elles représentent les supplices infligés aux damnés: les ivrognes sont ébouillantés, les voleurs sciés en deux, les menteurs pendus par la langue et ceux qui ont trompés leur femme grimpent à un arbre épineux. Nous ne resterons pas longtemps à la cérémonie, nous attendons seulement l’arrivée des moines et les coups de gong qui appellent les fidèles. Les mantras que chantent les religieux sont monotones et gâchent un peu notre joyeuse journée.

Happy Birthday Bimbo.

Il est temps de regagner nos guesthouses pour nous faire une beauté pour ce soir. En arrivant à Oudomphong GH, la réception est dans l’obscurité et la fille de la patronne n’est pas derrière son bureau. Curieux ! Je pénètre et toute la famille sort de la pièce de service avec un gâteau colossal multicolore sur lequel est inscrit « Happy Birthday Maurice COSTANTIN  May 13/1946  ». Je ne sais plus où me mettre, le fiston m’apporte un gros couteau et c’est à moi de découper le gâteau et à en tendre une part à chacun. J’ai été très touché par cette surprise, la patronne qui n’a pas loin de mon âge s’est permise de regarder ma date de naissance sur la fiche que j’avais remplie à mon arrivée et a eut cette délicate attention. J’en ai encore la chair de poule à ce moment même où je rédige mon récit. Je n’ose pas m’échapper comme un sauvage, car dans une demi-heure je dois rejoindre Patricia et Roseline, j’explique alors que j’ai réservé un restaurant pour ce soir avec une amie française et doucement je fais diversion. Patricia et Roseline sont assises à la buvette du night market à coté de la poste, elles m’attendaient pour passer à l’apéro, nous nous attardons devant une délicieuse « beer lao » très fraîche. Toutes les deux, sachant que c’est mon anniversaire ont comploté un bon plan pour ce soir. Mais en attendant nous partons dîner typiquement lao dans une romantique paillotte qui surplombe le Mékong. Au menu: algues au sésame frites, friture de poisson-chat et salade de poulet épicée, le tout accompagné de riz et d’une nouvelle « beer lao ». Etre laotien, c’est être mangeur de riz. Dans toutes les bouches on peut entendre « Kih Khao Le Bo ? », ce qui signifie, « Tu as mangé ton riz ? ». Le mot famine chez les lao se traduit par « Oet Khao » (être en manque de riz). Le riz est appelé Khao nio, c'est-à-dire, (riz gluant diététiquement complet, cuit à la vapeur). L’eau de trempage du riz est excellente pour la santé du cheveu, elle sert à laver les cheveux des jeunes filles. Le riz se mange avec du Padek (saumure de poisson), insupportable pour le nez et le palais des occidentaux. Le petit déjeuner local est à base de blé et de riz, le « Mi » (jaune), et le « Pho » (blanc). Outre le riz les plats populaires sont la soupe de nouilles et de viande, le « Thom Yam », soupe de poissons à la citronnelle très épicée et le « Mak Houng », une salade de papayes. Et pour ceux qui aiment les sensations fortes il y a toute sorte de bizarreries: les saucisses sucrées, les œufs de fourmis crus ou en omelette, les cigales et sauterelles frites, la tortue en soupe, le serpent en soupe, le porc-épic en ragoût, la peau de buffle aux algues du Mékong, le pangolin en ragoût (écureuil) et le potage à la chair de varan. En ce qui concerne les boissons tonifiantes il y a le « Lao Kap Ké » (alcool de riz dans lequel macère un gecko), et bien d’autres alcools dans lesquels macèrent scorpions ou serpents. Et puis il y a ce drôle de fruit, le « Durian », un très gros fruit à épines, une sorte de grosse pomme de pin géante qui renferme une chair blanchâtre et filandreuse répartie dans différentes alvéoles. C’est au moment de la dégustation qu’il faut avoir le cœur bien accroché, car il dégage une odeur de putréfaction, de mauvais camembert et de pieds sales. Mais pourtant ! Il faut l’apporter à la bouche le nez bouché, et alors nait un arôme subtil.  A l’issue de notre dîner Patricia et Roseline me révèlent leur plan pour terminer la soirée. Discrètement elles ont contacté le chauffeur de tuk tuk qui nous a promené toute la journée pour lui demander de nous emmener à quatre kilomètre du centre ville dans une discothèque locale très réputée.  Il est 21 heures, l’heure où la discothèque ouvre ses portes. L’établissement fermera à 23 h 30 because les gérants sont obligés de respecter le couvre feu. Durant 2 heures et demie nous nous sommes régalés à observer danser les jeunes lao. Un orchestre composé de six musiciens et d’une chanteuse ont enflammés la soirée avec des musiques européennes et nous nous sommes mêlés aux danses, principalement des tangos, des tcha tcha, du madison et des rock and roll. Les pas sont les mêmes que les notre mais le rythme n’est pas très dynamique. Nous étions les seuls étrangers dans cette discothèque bondée et nous avons fait sensation si bien que l’orchestre à enfin adapté son Rythme à nous. Un quart d’heure avant la fermeture l’orchestre s’est mis à jouer « Happy birthday to you » en l’honneur de mes 62 balais. C’est Patricia et Roseline qui ont comploté ça avec l’orchestre. Nous avons passé une agréable soirée et avant de nous quitter nous avons décidé de nous retrouver demain pour nous rendre ensemble aux célèbres grottes de Pak Ou.

Les grottes de Pak Ou

Les grottes de Pak Ou se situent à l’embouchure de la Nam Ou, à 25 kilomètres de Luang Phrabang. Le moyen le plus facile pour s’y rendre est d’y aller en tuk tuk.. Nous partons retrouver le chauffeur qui nous a conduit hier et lui demandons ses services. Moyennant 10 000 kips chacun, nous lui demandons de faire une halte à Ban Xai Hai, le village des fabricants de jarres. Les habitants du coin s’activent à remplir des jarres de lao-lao, qu’ils distillent eux-mêmes. Dans ce village des archéologues australiens ont mit au jour des poteries datant d’au moins 2000 ans. En face de Ban Xai Hai la petite bourgade de Ban Thin Hong dispose d’un petit port avec un quai d’où partent de grandes barques qui traversent le Mékong pour rejoindre la falaise où sont nichées les grottes de Pak Ou. A Ban Thin Hong, une autre grotte a été fouillée et a livrée des objets vieux de 8000 ans dont des outils en bronze, en pierre et en métal, ainsi que des ossements, des poteries et des tissus. Durant la saison sèche les villageois pagaient jusqu’aux bancs de sable et cherchent de l’or. Nous sommes quatre sur la barque et traversons lentement le Mékong pour nous rendre en face, là où se trouvent les deux grottes dans la partie inférieure de la falaise. Un petit ponton est aménagé pour accéder à une plateforme d’où débutent des marches qui donnent accès à la plus grande, la grotte de Tham Phum. Cette grotte est remplie d’effigies de Bouddhas de tous les styles et de toutes les tailles (des Bouddhas debout de pur style Luang Phrabang). Une autre envolée de marches conduisent à l’autre grotte, celle de Tham Ting éclairée par la lumière du jour, plus profonde et plus sombre que la précédente. Le pilote de la barque nous récupère pour rejoindre Ban Thong Hong et nous partons visiter le joli village de Ban Xang Khong qui abrite de nombreux ateliers de tissage et des boutiques qui vendent des tissus d’excellente qualité à bon prix. Les maisons sont éparpillées le long de la piste en terre battue et courent parallèlement au Mékong, des familles fabriquent du papier à partir de palmes de bananiers trempées et séchées et du papier de soie avec des inclusions de pétales de fleurs. Avant de regagner Luang Phrabang le chauffeur nous dépose dans un village dont j’ai oublié le nom où la spécialité est la fabrique de spiritueux à basse d’alcool de riz dans lequel macèrent toutes sortes de bestioles: reptiles, scorpions…. Demain journée relax ! Patricia et Roseline feront leurs valises et remonteront le Mékong.

La cabane de bois de la Croix rouge lao est transformée en salon de massages traditionnels aux herbes ou aux huiles. Pour mon tonus personnel je décide d’y passer plus d’une heure pendant lesquelles, à cinq reprises consécutives j’ai droit à dix minutes de massages et cinq minutes de pause thé. Au Laos la pratique des massages est chose courante, elle vient d’Inde et de Chine, elle est liée à la tradition bouddhique mise en pratique à travers les quatre états de l’esprit divin enseigné par « l’illuminé »: la bonté, la compassion, la joie de vivre et la sérénité. Les massages sont très répandus dans le pays comme en Thailande. La mère apprend à ses filles à masser leur père qui à leur tour les masse. On se masse entre soi le plus naturellement du monde, c’est un acte quotidien et familial de réconfort et de convivialité. Il existe de nombreuses fondations et des écoles de massages où sont enseignés les trois principaux types de massages: massage du pied, massage traditionnel des jambes, des bras et de la nuque aux herbes et massage du corps aux huiles. Ces massages sont tout à fait sages et de bonne qualité. A la tombée du jour je remonte au Mont Phou Si pour admirer le coucher du soleil, le ciel passe du gris bleu à l’orangé puis de l’orangé au rouge et tout en bas les premières lumières de la ville s’allument et les cloches de monastères tintent. Une fois encore je ne regrette pas la longue et pénible montée sur ce site religieux le plus important de la ville tout au long de l’histoire de Luang Phrabang. Demain  il me faudra quitter cette région charmante pour continuer mon chemin vers le sud avant de regagner Vientiane de bus en bus. Je me dirige vers la province de Xieng Khouang, évite un gros orage et m’arrête à Bane Tiane, un village de potiers où quasiment tout le village vit du travail de la terre glaise.  Des récipients de toutes dimensions sont fabriqués à la main à l’aide de tours rudimentaires et sont disposés au soleil pour sécher progressivement avant d’être enfournés dans des fours à bois. Les potiers se sont aujourd’hui reconvertis à la fabrique de tuiles nécessaire pour la rénovation des toits des temples. En aval du fleuve je croise des orpailleuses. Avril, mai juin sont des mois propices à cette activité car les eaux sont basses. Sur le rivage des femmes creusent la terre puis la lavent pour en extraire de la poussière noire dans laquelle scintillent de microscopiques pépites d’or. Après leur maigre récolte elles ajoutent du mercure et chauffent le tout pour que le mercure en s’évaporant libère l’or. Cet or est alors vendu aux bijoutiers de la ville.

Le seul bus quotidien qui descend sur Vang Vieng parcourt le trajet en 7 heures et les conditions de confort sont très pénibles. Il passe par Kasi, une bourgade où des attaques sont courantes entre les Hmong et les militaires pour le conflit du contrôle de la drogue. Le chauffeur du bus s’arrête pour faire le plein, mais au moment de payer il ne dispose pas de suffisamment d’argent pour régler le pompiste. Il demande alors à tous les passagers de lui régler la course, c'est-à-dire 1,20 euro par personne. Nous sommes 32 dans le bus, il récolte donc 38 euros, de quoi poursuivre notre route. (Pour information, le carburant revient à 0,65 euro le litre). Une demi-heure après, une nouvelle halte forcée s’impose, les freins sont brulants et le moteur fume abondamment. Le chauffeur se transforme en mécanicien, il profite de cet arrêt pour remplir le radiateur d’eau et pour graisser les essieux. Et puis il y a de nouvelles haltes, celles qui sont nécessaires pour assouvir les besoins physiologiques des petits et des grands, et pendant ce temps là des dames viennent à l’assaut pour proposer des brochettes d’insectes (des coquerelles), des chauve-souris, des fruits et du stiked rice (du riz gluant que l’on mange en roulant de petites boulettes avant de le porter à la bouche). Dans le dernier petit village avant Vang Vieng les habitants vendent des assiettes garnies d’un œuf au plat, de poulet, de tomates, d’oignons émincés et de concombres. Les premier pains de sucre apparaissent, ils se dressent au fond des immenses rizières, Vang Vieng n’est plus très loin.

Vang Vieng.

La petite bourgade de Vang Vieng est située près de la rivière Nam Song. Le site est superbe et peuplé de Yao. Vang Vieng est le lieu des grottes sacrées et des pèlerinages. Le paysage est enchanteur, il est composé d’imposantes falaises calcaires verdoyantes, ce qui lui a valu  le nom de « Baie d’Along du Laos ». Pour profiter à fond de ce coin je décide de m’installer pour quelques jours à « Dok Boua guesthouse », une maison à colonnes toute blanche et aux portes et fenêtres bleues. Elle se situe au fond d’une impasse à l’écart du bruit, et du bruit, ce n’est pas ce qui manque à Vang Vieng. La ville a perdu de son âme à cause de sa croissance trop rapide, elle est envahie de pensions à plusieurs étages, de bars à télévision et de menus « happy ».

Demain, pour échapper à cette ambiance je quitterai la ville très tôt car son environnement est superbe.  A l’aube, la patronne de « Dok Boua » me remet le vélo que je lui ai loué pour 1 euro et je décide d’aller parcourir le maximum de kilomètres dans toutes les directions pour ne rien rater des alentours de la ville car les paysages en font son principal attrait. Vang Vieng est le paradis des amateurs de spéléologie, les falaises dissimulent des galeries et des cavernes encore inexplorées. Les grottes jouent un rôle dans la mythologie locale, elles sont toutes supposées abriter des esprits, quant aux falaises elles comptent parmi les meilleurs sites d’escalade de la région. Il fait quelques gouttes ce matin, le ciel est douteux mais cela ne m’empêche pas de m’aventurer dans la campagne profonde. La route est relativement en bon état et de très longs ponts de bois traversent les nombreuses rivières. Les laotiens sont de véritables funambules, ils passent les ponts à vélo, les européens poussent le vélo car ces ponts ne font pas plus de soixante centimètres de large et ne possèdent pas de barrières de protection. Je fais de nombreuses haltes pour m’immobiliser en admiration au milieu de ce décor unique et reposant. Le vent se lève, le ciel noircit je continue ma route le long de la Nam Song, là où sont alignées de gentilles paillottes bâties entre les flamboyants dont le rouge agressif se détache au milieu de cette verte campagne. Le vent redouble d’intensité et les épais nuages couvrent la vallée. De grosses gouttes commencent à tomber et j’accélère ma cadence pour aller me réfugier dans un hameau où une nuée d’enfants nus s’ébattent sous la pluie. Une boutique m’accueille alors que des trombes d’eau s’abattent et remplissent les caniveaux. C’est un déluge d’une violence inhabituelle, j’ai l’impression que se sont des sceaux d’eau qui se déversent du ciel, même les enfants sont obligés se stopper leurs ébats et de venir se refugier dans la boutique. Je profite de la situation pour faire une séance photos. L’eau passe à travers les chaumes de la toiture qui ont pourtant la réputation d’être parfaitement étanches. Après plus d’une heure d’attente, de gros nuages blancs à mi-montagne annoncent l’accalmie. Je reprends la route sous une faible pluie car il me reste douze kilomètres pour arriver à la grotte de Tham Phapouak. La grotte n’a rien de curieux mais depuis la falaise la vue sur la vallée est de toute beauté. Ce n’était pas prévu, mais comme beaucoup de gens, j’abandonne le vélo et descends sur le bord de la rivière où je loue une immense bouée (une chambre à air de camion) et me laisse emporter sur les flots pour dériver au gré du courant de la Nam Song.  Ce moyen de déplacement est insolite, il permet d’admirer l’activité au fil de l’eau, de croiser les pêcheurs, les enfants qui viennent se baigner et les personnes âgées qui viennent faire la lessive. C’est superbe !  Le courant me transporte au terminus où un tuk tuk me récupère pour que j’aille récupérer mon vélo à Tham Phapouak. Ce sport s’appelle « Tubing » il en coûte 40 000 kips, soit 4 euros pour descendre la rivière sur sept kilomètres. L’orage et cette attraction imprévue m’ont fait perdre beaucoup de temps et je rebrousse chemin pour regagner Vang Vieng. Avant d’aller dîner je m’arrête chez le barbier, il s’est installé sur le trottoir de l’artère principale qui traverse la ville. Ce dernier me conseille un bon restaurant local et comme il n’est pas facile de trouver un établissement correct ici je lui fais confiance et rentre au « Nokéo », un des derniers vestiges d’antan qui propose un bon laap, un plat courant au Laos (salade composée d’un hachis de viande de volaille au citron vert, accompagnée de riz gluant sauté, d’oignons et de feuilles de menthe). Pour le manger il faut rouler un peu de laap dans des feuilles de manguiers cuites à la vapeur. C’est un délice ! Ici, au moins ce n’est pas comme dans certains repères de routards où le bonheur est un état d’esprit car les pizzas et les milk-shakes sont agrémentés de marijuana et parfois même de « yaba », (une amphétamine), ou de champignons hallucinogènes. Beaucoup de voyageurs passent 24 heures dans un état second sans en comprendre la raison. Pourtant tous ces établissements annoncent sur leur carte leurs plats « happy » et les présentent en anglais comme « ecstatic ». Il est temps de rentrer à « Dok Bua » car demain avec une moto automatique je partirai faire la longue boucle ouest.

Il est à peine sept heures trente ce matin, j’enfourche la moto, le ciel est de nouveau menaçant. Le long pont de bois qui traverse la Nam Song est à péage (1 euro), de l’autre coté une piste mène à un hameau où petits et grands fabriquent des fusées artisanales pour la grande fête des fusées. Une dame fait cuire de la viande sur de la braise, ça sent rudement bon et me laisse tenter pour quelques kips. La dame me montre du doigt son chien qui se trouve à ses cotés et m’avertit qu’elle fait cuire du chien « hot dog ». Curieux et carnivore à la fois je prends mon courage à deux mains et croque dans la viande dure et insipide qui doit être meilleure marinée. Je croque une deuxième fois pour mieux m’imprégner de saveur canine puis donne le reste au chien de la dame.  Il faut absolument que je boucle mon circuit avant la tombée du jour, mais le ciel redevient menaçant. La piste que j’emprunte est spectaculaire mais dangereuse, le paysage est envoutant et le contre-jour prononcé donne un aspect de paysage de peinture chinoise. Tout est noir, aussi bien le premier plan formé de bicoques et d’arbres que les falaises quartziques déchiquetées qui se dressent en arrière plan. Les villages sont rares et très dispersés, ils se résument souvent à quatre ou cinq cabanes de bois. De grâce, me voici à la grotte de la fleur dorée où je me réfugie pour laisser passer le nouvel orage. La piste devient caillouteuse jusqu’à Ban Phon Sai, la seule bourgade où il y a un peu de vie. Je m’y arrête pour prendre un rafraichissement et pour me renseigner sur la suite de mon itinéraire pour atteindre la grotte du Python. Je prends un peu de mon temps pour regarder une BD avec quelques enfants du coin et j’enfourche la moto. Il ne me reste plus que cinq kilomètres à couvrir pour arriver à la fameuse grotte que je ne verrai jamais car la chaîne de ma moto vient de dérailler. Rien d’autre chose à faire que de rebrousser chemin et pousser la moto jusqu’à Ban Phon Sai où par bonheur un habile bricoleur vient à mon aide. Par crainte d’un nouvel orage ou d’une autre panne, je décide de ne pas refermer la boucle et retourne par la même piste jusqu’à Tham Phu Kham. Je m’arrête pour faire le plein, l’essence est vendue à la bouteille et c’est le pompiste qui assure le remplissage des motos. Parfois c’est très long, surtout lorsqu’il doit faire le plein d’un tracteur. Avant le pont à péage il y a toujours la même dame qui vend la viande de chien, elle me reconnait, mais cette fois je ne m’arrêterai pas. Il n’est pas trop tard lorsque j’arrive à Vang Vieng, le temps de passer à « Dok Boua » pour écrire deux mots à Yannis, Sarah et Julia :

« ….Je t’écris un peu plus longuement. J’ai quitté Luang Phrabang avec tristesse, là bas je me suis régalé et j’ai fêté mes 62 ans heureux et bien entouré mais un peu triste à la pensée d’avoir pris une année de plus. J’ai laissé quelque chose de moi, là bas à Luang Phrabang et je suis arrivé à Vang Vieng. Ce soir je suis un peu triste et dans un état nerveux, ce n’est pas dans mes habitudes, mais aujourd’hui j’ai eu pas mal de déboires loin de la civilisation au milieu de paysages angoissants et surréalistes. Je suis parti ce matin avec une moto de location à travers des pistes inconfortables, il y avait du brouillard et de gros nuages noirs, les arbres ressemblaient à des fantômes, je me suis senti loin et oppressé, mais c’était joli. La végétation qui borde les pistes était abondante, j’ai pris des chemins dangereux, j’ai longé des crêtes, j’ai traversé un pont suspendu et puis je suis tombé en panne loin de tout. Au retour le trajet m’a semblé très long pour arriver à Vang Vieng. A Vang Vieng, je suis bien installé, mais le cœur de la ville est détestable. Parfois je me demande si tout ce que je fais et tout ce que je vois est bien réel. Je suis attaché à ma civilisation mais j’adore courir ces coins d’Asie autrement que le font les touristes de « Thomas Cook » ou autre, Je ne sais pas si tu as déjà  consulté mon dernier blog, mais j’ai été heureux à plusieurs reprises d’apprendre que mes récits et mes photos avaient fait plaisir. Je continue à écrire, prendre des tas de photos et filmer, mes documents feront de beaux souvenirs. Mes mots me paraissent quelconques aujourd’hui, il arrive que ma cervelle se trouve fatiguée, ne m’en voulez pas, demain ça ira certainement mieux lorsque je me serai bien reposé.  J’envisage maintenant de descendre sur la capitale en passant par la plaine des jarres. A Vientiane je prendrai un bon Hôtel et retrouverai la civilisation. Ensuite je traverserai le Mékong pour de nouveau remettre les pieds sur la terre Thaï, car il est plus facile de rentrer au sud du Laos par les routes Thaïlandaises. Le Mékong est plus romantique que le Gange, mais il est plus capricieux, surtout au sud où il s’ouvre en plusieurs bras et passe de nombreux rapides. Je le quitterai alors avec peine car il est magique, sur le fleuve comme sur les rives tout ce qui s’y passe est enchanteur et les gens du Mékong sont extraordinaires de simplicité et de gaité. J’espère que tout se passe bien pour vous trois, je languis de Julia qui a du beaucoup changer depuis mon départ. Pensez à m’envoyer rapidement de nouvelles photos d’elle………….. ».

Ce matin la patronne de « Dok Boua » m’informe qu’un songthaew viendra me chercher à 9h30 pour m’emmener à la gare routière située à quatre kilomètres de Vang Vieng. Sans plus attendre je boucle mon sac à dos et m’en vais prendre un petit déjeuner. Agréable surprise ! un mini bus climatisé me conduira à Phonsavan, le point de départ pour se rendre dans la plaine des jarres. La route m’a parue longue jusqu’à Phonsavan le chef lieu de la province de Xieng Khuang. Cette ville n’offre guère d’intérêts et est truffée de bâtiments quelconques. Comme toutes les villes de cette province, Phonsavan fut bombardée entre 1964 et 1973 par des obus de mortier, des capsules de phosphore, des mines antipersonnel et des bombes à fragmentation d’origine française, chinoise, américaine, russe et vietnamienne. Ces vestiges tragiques de près de 100 ans de guerre continuent de provoquer des accidents mortels et empêchent l’exploitation de la terre. Un nombre alarmant d’UXO restent dissimulés dans les rizières, sous les écoles, les maisons, les terrains de jeux et même dans les branches des bambous. Actuellement 40 % des cinquante accidents annuels frappent les enfants. En dépit des mises en garde répétées les jeunes continuent à jouer avec ces engins dispersés par les bombes à fragmentation qui ressemblent à de petits ballons. En 1969, mille cinq cents bâtiments de la ville de Xieng Khuang et plus de deux mille habitations de la plaine des jarres furent rasés lors d’un raid aérien dans le cadre de la guerre secrète contre le Laos par l’armée américaine et la CIA. La population entière du se réfugier dans des grottes. « Les bombes tombaient comme des graines que l’on sème », racontent les survivants.

Cachée loin de l’artère principale la pension « Kong Keo » m’accueille dans un séduisant bungalow et le propriétaire s’empresse de m’organiser pour demain matin un circuit vers la plaine des jarres. Dans la plaine des jarres, d’énormes jarres d’origine inconnue sont dispersées sur une douzaine de sites différents. Ces jarres ont été taillées dans la pierre, pour la plupart dans une molasse du tertiaire et quelques-unes dans le granit. Elles sont de différentes tailles et de différentes formes. Les plus petites ont été dérobées par des collectionneurs mais il en reste plus d’une centaine sur les cinq sites principaux. Le site « 1 » en compte 250, pesant de 600 kilos à une tonne. La plus grande pèse six tonnes et serait un trophée du mythique roi Jeuam. Le site « 2 » en compte 90. Pour me rendre sur le site « 3 » déminé, je parcours deux kilomètres à pied sur les digues des rizières à flanc de coteau. Ici les jarres sont étalées sur des étendues herbeuses et rien ne laisse supposer que leur fonction était de servir de sarcophages ou de récipients destinés à la fermentation. Madeleine Colani une archéologue française a consacré 3 ans à étudier la plaine des jarres dans les années 1930, elle a découvert dans l’une des jarres une figure en bronze de forme humaine ainsi que de minuscules perles en pierre. On estime ces jarres vieilles de 2000 ans mais pas avec certitude. La légende dit que ces jarres auraient été moulées dans un ciment fait de peau de buffle, de sable, d’eau et de sucre de canne, et cuites dans une grotte qui aurait servi de four.  En redescendant sur Muang Kham je me fais déposer sur le grand marché Hmong et poursuis jusqu’à Tham Piu pour aller voir la grotte dans laquelle 200 à 400 personnes furent tuées par une roquette le 24 novembre 1968. La plupart des victimes furent des femmes et des enfants laotiens. Après cette émouvante visite je traverse plusieurs villages Hmong, traverse une forêt et longe un petit torrent puis un barrage d’irrigation au pied d’une imposante falaise. Il est temps de regagner ma hutte car demain j’entreprendrai la descente sur la capitale.

Il fait un temps épouvantable ce matin, les grosses gouttes d’eau qui ruissellent sur les glaces du bus me gâchent la vision de la beauté du paysage tourmenté et entrecoupé de rizières et de montagnes verdoyantes. Plus j’approche de Vientiane, plus la pluie accompagnée de rafales de vent redouble d’intensité. J’approche des méandres du Mékong et aperçois de nombreux bâtiments coloniaux. Me voici à Vientiane.

 VIENTIANE

Je ne resterai que très peu de temps à Vientiane, le temps de retourner sur les principaux sites de la ville que j’ai particulièrement apprécié en 2001. Il est toujours agréable de se retrouver sur des lieux qui ont marqués la mémoire, de  revoir des décors particuliers d’Asie du sud-est et de rencontrer des êtres chers. Même si tous ces souvenirs ont été éphémères je dois une fois encore m’imprégner de cette vie particulière à Vientiane capitale du pays ville nonchalante à l’allure d’une petite ville de province.

Pour regagner la Thaïlande juste en face, de l’autre côté du Mékong, cette année j’ai choisi de le faire par avion car la route qui sépare Nong Khaï de Bangkok est très longue et j’ai encore beaucoup à faire dans la capitale pour mener à bien ma mission de l’année prochaine. Je dois m’assurer que tous les contacts que j’ai pris ont bien été pris en compte aller de nouveau négocier définitivement mes réservations.

A l’année prochaine !

 

20 juillet 2015

ANNEE 2008: THAÏLANDE

 

ANNEE 2008                                  

THAÏLANDE

Cette année pour la première fois, je pars en voyage avec douze amis et je me charge de leur faire connaître la Thaïlande. J’ai longuement travaillé sur ce projet dans le courant de l’année et mon objectif est de leur faire aimer ce merveilleux pays aux mille facettes. Le circuit que j’ai choisi de leur faire faire est basé sur ma connaissance des lieux et des sites que j’ai déjà beaucoup parcourus ces six dernières années, à savoir :  Bangkok – Chiang Maï – Mae Hong Son – Bangkok – Hua Hin – Bangkok – Kanchanaburi – Bangkok.  Le groupe dont j'ai la charge est composé de 13 personnes: Robert Beltrando,  Joelle Nibodeau,  Mylène Mottier,  Claude Houel,  Jean Paul Willemez,  Eva Matusova,  Jean Claude Cassagranda,  Marie jeanne Casagranda,  Sylvie Henry,  Jean François Preaubert,  Hélène Lelet,   Anita et Bimbo.

Aujourd’hui alors que nous quittons Grasse,  Julia n’a que sept mois. Julia c’est ma petite fille, elle est née le 16 mars 2008 et lorsque je retournerai, elle aura dix mois. Yannis et Sarah m’ont promis de m’envoyer régulièrement des nouvelles ainsi que des photos d’elle afin que je ne languisse pas trop durant tout ce temps.

VOYAGE EN THAILANDE:     Bye  Bye Papy  !!   Bon voyage !

Pour découvrir la Thaïlande allez sur les blogs suivants:http://bimboasie.canalblog.com  et  http://bimboasie3.canalblog.com

Voici les information que j'ai transmise à tout le groupe.  Besoins pour ce voyage:   Un passeport en cours de validité, le visa d'entrée sera délivré à l'aéroport.

LE BUDGET PREVISIONEL:

Vol Nice/Bangkok aller retour..................... 800 euros

Vol Bangkok/Chiang Maï/Mae Hong Son A/R:..120 euros

Logement/Guesthouses.............................200 euros

Repas.........................................................180 euros

Divers (boissons, déplacements, visites...)....100 euros

Déplacements (Taxi, bus, songthaews.....)....100 euros

Séjour à "Ganesha Park"..............................60 euros

Bimbo.....................................................100 euros

                                          TOTAL..........1660 euros

COTE PRATIQUE  Téléphone:    Pour téléphoner à vos proches depuis la Thaïlande l'idéal est d'acheter une carte téléphonique "LENSO PHONECARD" à votre arrivée. A partir de toutes les cabines téléphoniques jaunes généralement situées devant les "Seven/Eleven". Vous pouvez donc les joindre en composant: 001 809 33 suivis du numéro du correspondant sans le 0. Par contre, si vous avez beaucoup d'appels à effectuer en Thaïlande même, il est préférable d'acheter un téléphone local avec 15 euros et une carte SIM locale à 1 euro.  En arrivant à Bangkok j'équiperai mon portable d'une carte SIM thaïlandaise. Un numéro de téléphone me sera affecté. Je vous le communiquerai afin de me joindre si par hasard vous vous perdriez au cours d'une journée ensemble. Vous n'aurez qu'à vous rendre dans une cabine locale rouge (il y en a beaucoup à toutes les entrées des magasins seven/eleven ouverts jour et nuit). De là, en me communiquant les  coordonnées de l'endroit ou vous vous trouvez j'irai vous récupérer.

Vaccination et santé: Aucune vaccination n'est demandée pour la Thaïlande. Emporter cependant un antidiarrhétique, on ne sait jamais ! D'une façon générale aucun problème, la nourriture est fraîche et saine et il y a des bouteilles d'eau de partout "nam yen" (eau fraîche). Pour des douleurs quelconques dans tous les seven/eleven vous trouverez des pastilles « Sarah » très efficaces, c'est du paracétamol.

Matériel à emporter: Inutile de s'encombrer de choses superflues, on trouve de tout et de partout en Thaïlande.  Vêtements léger, affaires de toilette, médicaments personnels, appareil photos, papiers et argent suffisent.

RECIT DU VOYAGE        

 Jeudi 13 Novembre:  Vol NICE/Bangkok                                               

Nous sommes parti de Grasse à 11 h. L'enregistrement s'est effectué à l’aéroport Nice Côte D’azur à 12h15. J'avais prévu un vol assuré par Austrian Airlines qui est parti à 14 h 20 pour arriver à Vienne à 16 h 15. Sept heures d’escale nous ont permis d’aller flâner dans le cœur piétonnier de Vienne, visiter les places fortes de Vienne et y déguster de la charcuterie locale avec une bonne bière.  A 23 h 20 on s'est envolé pour la Thaïlande pour arriver à BANGKOK le lendemain, vendredi 14 novembre à 15h10. Arrivé à Bangkok au nouvel aéroport international de Sawarnabumi, nous avons accomplis les formalités de rigueur et changé quelques euros en Thaï Bahts. Tiwa un ami qui a un commerce au quartier thewet est venu nous chercher avec son mini bus pour nous véhiculer jusqu’à notre logement. Le trajet a duré 1 heure . Ce trajet de l'aéroport jusqu'au quartier Thewez que je commence à bien connaître m'a paru un peu long. J'ai compris pourquoi, Tiwa nous à perdu à deux reprises en n'empruntant pas la Toll Road. Mais ça y est !  nous voici installé à "Taewez Guesthouse", une guesthouse située près de la bibliothèque nationale et du grand marché Thewet.  Vous pouvez voir sur le site: www.taewez.com    Les Coordonnées de Taewez Guesthouse:   Interlocutrice: Hathaikan Ooh: (Ooh Hathaikan)  Adresse :  23/12 Si Ayudhaya Road  Wachiraphrayaban, Bangkok - 10300.  Son mail perso:  rainning17@hotmail.com       Son Téléphone perso : 02 280 8856

A la réception Ooh nous a accueilli chaleureusement, nous avons présenté nos passeports, quant au règlement des nuitées, il interviendra à l'issue du séjour. (C'est à dire le lundi 17 novembre au matin).  Sitôt installés nous sommes partis découvrir le quartier Thewet et ses diverses commodités: (commerces de proximité, le Seven/eleven, le port fluvial et le typique marché local). Nous avons pris un drink au port fluvial puis nous sommes montés dans un  TukTuk pour aller à Dusit voir le  temple de marbre. Nous sommes retournés dîner au quartier Thewet dans une cantine de trottoir "chez Sheun",  le papi qui fait les meilleures "noodles soup" de Bangkok. (une excellente soupe Thaï très nourrissante). Et puis dodo !

Aujourd'hui samedi 15 novembre nous avons pris le petit déjeuner à Taewez, visité le marché local plein de couleurs et d'odeurs et embarqué en bateau bus au port de That Thewet pour nous rendre au port de That Chang.  Extraordinaire ! ce matin nous sommes tombés sur une grande manifestation en l'honneur de la journée de l'incinération de la sœur aînée du roi de Thaïlande (elle était décédée en avril dernier, mais rassurez vous elle a été maintenue au frais). C'est peut être par superstition mais en Thaïlande il est courant de brûler les morts en novembre. Cette journée nous a permis de déjeuner  à l'œil de boire à l'œil et ce soir ce sera de même, nous dînerons a l'œil.  Il fait particulièrement chaud aujourd'hui, environ 33 degrés. Pour le moment pas de moustiques, pas de mouches. Nous pénétrons dans l’enceinte du parc du temple Wat Pra Kaeo et du grand palais (le temple du Bouddha d'émeraude).  Accès 250 Bahts (5 euros). Le Wat Phra Kaeo est un temple des plus important et des plus vénéré en Thaïlande. Il contient le Bouddha D'émeraude qui est sculpté dans un unique jade au XVeme siècle. Ce Bouddha a été découvert en 1431 dans un temple de Chiang Raï. Deux lions de bronze sont postés à l'entrée du temple, apportés du Cambodge. La base du temple est ceinturée de statuettes de garudas (aigles géants mythiques) plaquées d'or tenant deux nâgas entre leurs griffes. 

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A l’issue de deux heures de visite nous nous sommes dirigés à pied jusqu'au Wat Pho, pour visiter le temple et ses annexes (le temple Wat Pho est le temple du Bouddha couché), puis l'école de massages qui était fermée aujourd’hui, tant pis ! On se fera tripoter une autre fois. Le Wat Pho est le temple du Bouddha couché, c'est l'un des plus ancien de Bangkok, il est construit sur une superficie de huit hectares. Sa statue représente Bouddha sur son lit de mort au point d'accéder au nirvana. Il mesure 43 mètres de long et 15 mètres de haut. Ses pieds sont incrustés de nacre représentant les 108 états de Bouddha.

Cet après midi nous avons pris le bateau bus au départ de That Chang pour nous rendre à That Thien, nous avons traversé la rivière Chao Phraya et visité le  Wat Arun (le temple de l'aube) où nous avons gravi les terribles marches de l'escalier qui grimpent au sommet du Stupa pour dominer la rivière Chao Phraya qui traverse tout Bangkok, un peu comme la Seine traverse Paris. Le Wat Arun.................  Avant de quitter les lieux, Marie Jeanne, Eva et Bimbo se sont  déguisés avec des costumes traditionnels Thaïlandais, et bien entendu nous avons eut droit a la traditionnelle photo insolite et à la risée des nombreux touristes Thaï.  De retour nous sommes retournés à That Chang pour faire une  promenade jusqu'à Démocraty Monument en passant par le parc Sanam Luang où de nombreux enfant jouent avec des cerf-volants très colorés et de toute taille. Nous avions décidé de nous rendre dans le grand parc pour tenter de dîner à l'œil. Et bien non ! On s'est complètement planté, impossible de rejoindre le lieu des festivités. Nous sommes tombés dans un incroyable bain de foule, une marée humaine indescriptible. A l'occasion de cette crémation près de 90% des Thaïs étaient dans la rue vêtus de noir et quasiment tout le monde portait des offrandes devant le mémorial de la pauvre sœur du roi. Même pas le jour de l'anniversaire des 60 ans de règne de Bumibol AdelaJied (Roi de Thaïlande), il n'y avait autant de monde dans les rues de Bangkok. Avec beaucoup chance nous avons pu nous frayer un chemin dans la foule pour atteindre le dernier bateau du port de That Chang.   Avant d'aller au dodo nous avons dîné à That Chang où là aussi la foule était aussi dense. Alors, un peu raz le bol de cette fête dont nous ne nous attendions pas, nous avons eu de la chance de pouvoir rentrer par le dernier bateau pour regagner notre logement, si non c'était quatre kilomètres à pied. Une dernière partie de belote à Taewez, une bibine et puis dodo.

Muang Borang, ancienne cité.

Aujourd'hui Dimanche 16 novembre, après le petit déjeuner à Taewez nous nous sommes rendus avec les transports locaux au parc de Ancient city (Muang Borang). Depuis notre quartier nous avons pris le bus local bleu bondé,  N° 99 jusqu'à Ratchatewi (durée 20 minutes). Nous avons pris le Sky Train (métro aérien) jusqu'à son terminus Est "On Nut".  A "On Nut" nous sommes descendus pour prendre le bus local qui mène à Samuk Phrakan (durée 40 minutes). Durant une bonne partie du trajet nous avons roulé dans 40 centimètres d'eau, tout un quartier était inondé, les gens avaient de l'eau jusqu'aux genoux.  A Samuk phrakan un songthaew N° 36 nous a conduit à l'entrée du parc (Entrée: 300 Bahts: 6 euros). Nous avons loué une bicyclette pour la journée, c'est le meilleur moyen pour faire à fond ce parc immense et merveilleux. Jean François s'est fait faucher le vélo de location et par conséquent nous avons été obligé d'en faucher un autre au bord  de la route, si non, l'un d'entre nous aurait été obligé de rentrer à pied. Ce matin, nous avons donc visité la partie Est du parc et nous avons déjeuné au marché flottant à l'aide de jetons pré-payés. L’après midi nous avons poursuivi la visite par la partie Ouest. Le site de Ancient city est remarquable.................

De même qu’à l’aller nous avons fait le trajet retour sur Bangkok avec tous les moyens de transport locaux. Ce soir un  terrible orage s'est abattu sur Bangkok, si bien que nous avons été obligé de dîner à Taewez, nous avons pris deux plats chacun tellement nous étions affamés et nous avons un peu forcé sur la bière Chang, nous avons payé par tête de pipe 170 THB, c'est à dire 3,5 euros, c'était excellent.  Dodo ! Car demain départ pour le quartier mercantile de Bangkok pour le shopping.

Lundi, c'est notre dernier jour à Bangkok nous avons tous réglé nos 4 nuitées (900 Bahts par tête soit: 18 euros). Nous sommes partis prendre le bus local N° 99 jusqu'à Pantip Plaza pour découvrir le quartier Pathunam où se trouve le Pantip Plaza "world computer" un incroyable grand magasin spécialisé dans la vente de tout ce qui touche au son, à l'image, aux composants électroniques, aux ordinateurs....Puis nous avons léché les étals des commerces de rues de tout le quartier (essentiellement des vêtements). Au "Grand Platinum" nous avons déjeuné au 6 ème étage où  toute la cuisine de tous les pays d'Asie du sud-est est servie, nous avons payé à l'aide d'une carte prépayée. Une fois rassasié nous avons pris un café sur les grands boulevards au même prix que ceux pratiqués en France.  Pour rejoindre l'Ouest de Bangkok le plus pratique est de prendre le  bateau longue queue qui sillonne les khlongs (canaux), jusqu'au pied de Golden Mountain, ça sent mauvais sur ce canal mais cela évite le stress de la circulation. Arrivé à Golden Mountain nous avons grimpé les 320 marches pour atteindre le Wat Si Sakhet appelé "Montagne d'or", là, nous avons fait une donation dérisoire à Bouddha pour pouvoir entrer, et du haut de cette colline d’or nous avons dominé tout Bangkok.  Nous sommes retournés à pied au port fluvial de That Athrit pour remonter la Chao Phraya et rentrer en bateau bus à Taewez Guesthouse. Ce soir nous avons dîné sur la terrasse du restaurant "In Love" qui surplombe la Chao Phraya. Ce n’était pas un bon choix, car pour ce qui concerne la cuisine nous avons été relativement satisfait, mais bonjour l'organisation, car nous sommes tombés sur des "voleurs" qui nous ont fauché 600 Baths (12 euros), pour nous ce n'est pas grand chose, mais pour eux oui, soyons tolérants ! mais c’est fini je crois que nous n’y retournerons plus jamais. Dodo bien mérité après une journée hyper bien remplie et de plus demain il faudra se lever tôt pour notre départ pour Mae Hong Son et Chiang Maï.

Séjour à Mae Hong Son

Ce matin après un petit déjeuner rapide à Taewez nous avons pris 4 taxis Meter pour monter à l'aéroport domestique de Don Muang. Nous sommes partis de Taewez à 9 h 50, pour arriver à l’aéroport domestique à 10 h15. Notre vol depuis Chiang Maï pour Mae Hong Son est parti à 12 h 50, pour Arriver à Mae Hong Son à 13 h 20. C'était un petit avion particulier de 12 places à hélices, un vol assuré  par une jeune pilote de 27 ans accompagnée de son copilote israélien.  Pour nous rendre au cœur de Mae Hong Son à "Friend Guesthouse", nous avons choisi 4 tuk Tuk. Friend Guesthouse est une ancienne maison Thaï en bois de teck, située au bord d’un romantique petit lac, en face le ravissant temple d'inspiration birmane,  le Wat Chong Khlang.  Friend Guesthouse se situe20 Phadit Chongham  T.Chongham Maung - Mae Hong Son - 58000.  Son numéro de téléphone téléphone fixe: 053 620 119   et  Mobile: 086 920 3312. Là nous avons présenté nos passeports et réglé de la nuit du 18 novembre (150 Bahts, soit 3 euros). J’ai retrouvé ma copine bimane et sa gamine, elle est la réceptionniste de Friend Guesthouse et prépare les petits déjeuners. Ça fait déjà plusieurs années qu’elle travaille ici mais elle compte bien s’installer à Chiang Maï dans quelques années.  Cette fin d’après midi nous avons fait la balade autour du lac, puis sommes partis dîner au centre de la ville au restaurant « Across the Road » où nous avons bien mangé et laissé une empreinte sur les poutres du restaurant. En effet tous les routards à l'aide d'une craie écrivent des noms ou des phrases courtes sur les poutres brunes des cloisons.   Dodo !   Nous sommes mercredi 19 novembre  à 8 h nous pris le  petit déjeuner à Friend Gueshouse. Ici chacun marque le numéro de sa chambre, le nombre de nuits passées et ses consommations sur un registre, chacun se fait sa note et va régler la patronne. Nous avons donc réglé la nuit du 19 et sommes allé rejoindre le taxi collectif que j’avais retenu la veille. A l’origine nous devions nous rendre à Naï Soï à moto mais ça n'a pas été possible tellement la piste d'accès au village était inondée et particulièrement dangereuse.  Le village de Naï Soï se trouve à 30 km au nord de Mae Hong Son, tout contre la frontière birmane. De Ban Nai Soi à Nai Soï il y a 5 kilomètres de piste. Pour accéder au village nous avons réglé 250 baths à l'entrée, cet argent soutiré aux rares touristes sert à payer les compléments alimentaires pour le peuple Karen. J’ai retrouvé ma copine Sarach que je connais depuis maintenant 4 ans avec son bébé Gowit.  La rencontre a été très touchante car elle n'était pas au courant de ma venue. Elle a passé une merveilleuse journée entourée de nous tous car elle sait très bien que dans son village elle n'aura aucun avenir. Sarach est une rare Karen qui parle quelques mots d'anglais, elle nous a fait visiter son village et nous lui avons donné 200 bahts chacun pour elle et sa famille qui nous a reçue très chaleureusement. Aujourd'hui Sarach a décidée de ne plus porter les anneaux autour de son cou.

Histoire de Sarach une réfugiée birmane:    (dit par Sarach en anglais et traduit par Bimbo)  "......J'avais à peine quelques années.....  je suis née en Birmanie (actuellement Myanmar) avec ma famille nous sommes venus nous réfugier en Thaïlande pour fuir l'abominable régime militaire qui nous a fait subir les pires des atrocités. Le gouvernement thaïlandais nous a permis de nous établir dans la province de Mae Hong Son, dans le minuscule village de Naï Soï, situé tout près de la frontière de mon pays natal. Je m'appelle Sarach, je suis Kayan de la tribu des long necks (femmes girafe). Dans mon village nous sommes aujourd'hui 150 habitants (100 Kayans et 50 white karen). Nous vivons en bonne harmonie et survivons grâce à la récolte d'ananas, de bananes et de cannes à sucre. Grâce aussi à la pêche et à la chasse. Nous confectionnons aussi quelques objets de pacotille et tissons des écharpes destinées à être vendues sur le marché local de Mae Hong Son. Les anneaux que nous portons autour de notre cou pèsent jusqu'à 7 kilos. Certains disent qu'il est nécessaire de les porter pour qu'ils nous protègent des attaques des tigres, d'autres pensent que seules les femmes nées un mercredi de pleine lune doivent les porter. Les anneaux chez nous sont un témoignage de beauté féminine. Ici, mon horizon est très limité car je n'ai pas le droit de me déplacer au delà de ma province. Alors j'ai beaucoup de temps au village pour apprendre l'anglais à l'aide d'un tout petit dictionnaire. Nous sommes trois à connaître l'anglais: la doyenne du village, l'infirmière et moi. J'ai grandi avec tous les enfants de mon âge entourée de ma famille, une maman et deux papas. J'ai deux petites sœurs et toutes les trois n'avons aucun projet d'avenir car nous sommes vouées à demeurer ici jusqu'à la fin de nos jours.  A vingt ans j'ai rencontré Bimbo qui arrivait de Chiang Maï à moto. J'ai eu l'occasion d'échanger avec lui en anglais et je lui ai fait part de tous les problèmes que rencontre notre peuple. Je lui ai aussi beaucoup appris sur nos mœurs et nos coutumes. Bimbo depuis quatre ans vient me voir régulièrement au moins une fois par an et mon cœur se met à battre différemment lorsqu'il est là. Bien qu'il n'y ait pas d'infrastructures pour recevoir chez nous et que certains le voient d'un mauvais œil, j'ai proposé à Bimbo de venir vivre quelques jours avec moi et de partager des heures de bonheur à accomplir tous les gestes de ma vie quotidienne et à vivre aussi modestement que ce que je vis ici. Bimbo a accepté cette expérience en mars 2007 et aujourd'hui il connaît tout le monde et tout le monde le connaît, l'infirmière, l'instituteur, la gestionnaire, la doyenne, les commerçants et tous les enfants. En décembre 2007 j'ai accouché d'un petit garçon qui s'appelle Gowit. C'est un peu grâce à lui que je survis car ici je n'ai plus aucun avenir et je m'accroche alors à lui. Ce qui me rend triste et qui me fait très souvent pleurer, c'est que Gowit aussi n'aura aucun avenir. Il grandira ici sans jamais voir autre chose que les collines qui nous environnent, les cloisons en chaume de nos habitations et la seule piste de 300 mètres qui traverse le village. Je ne descends que très rarement à Maé Hong Son car les long neck ne sont pas très appréciées par les Thaïs. L'avant dernière fois que je m'y suis rendue c'était pour mon accouchement, le 27 décembre 2007 et la dernière fois c'était avec Bimbo le 20 mars 2007 pour aller faire vacciner Gowit à l'hôpital.  Cette année j'ai 25 ans, Bimbo est venu me rendre visite, il a été surpris de ne pas m'y trouver. Je suis actuellement dans un camp de réfugiées. Les Thaïs veulent nous utiliser à des fins commerciales et nous donner en pâture aux tourisme grandissant. Ils veulent faire de notre village une vitrine à devises, et ceux qui n'acceptent pas leurs conditions, sont déplacés dans des camps de réfugiés. Bimbo par l'intermédiaire de l'infirmière s'est débrouillé à me faire signaler son arrivée. J'ai aussitôt quitté le camp pour aller le retrouver. Quelle émotion ! Bimbo m'a présenté les dix amis avec qui il voyage cette année et je leur ai fait visiter mon village. J'ai le cœur gros lorsque j'arrive à Naï Soï, la hutte dans laquelle j'ai grandi est détruite et un de mes papas ne m'adresse plus la parole car il n'a pas accepté que je refuse les conditions dictées par les autorités Thaïs  Le courrier que m'envoie Bimbo je ne le reçois pas, il ne m'est pas distribué. Je ne peux même plus me rendre à Mae Hong Son pour utiliser internet. Alors je ne sais plus comment communiquer avec lui. Je sais qu'il reviendra l'année prochaine mais pendant un an je n'aurai plus de ses nouvelle et il n'aura plus de mes nouvelles.  Aujourd'hui j'ai passé une journée pas comme les autres. Bimbo et ses amis m'ont apporté beaucoup de chaleur et j'ai tout oublié de mes tristes journées au camp. J'aurai tant aimé que Bimbo revoit Gowit, mais comment faire? Au camp les visites des Thaïs et des étrangers sont interdites. Ce soir lorsque je rentrerai je sais déjà que je vais pleurer et que je vais avoir le cœur gros.  Bimbo connaît bien mon histoire et je sais très bien qu'il plaisante lorsqu'il me propose de m'enfuir avec lui et de prendre l'avion pour abandonner ma triste destinée. Si seulement une fée pouvait me transformer en un tout petit être, si petit que je puisse me cacher dans sa valise. Alors je n'hésiterai pas une seconde pour tout abandonner et partir là bas avec lui....."

(.......à 4 heures de l'après midi Sarach est montée avec moi dans le Pik Up. Je devais la raccompagner au croisement de la route qui mène à son camp. Je l'ai abandonné au bord de la route, elle est partie toute seule à pied, sans se retourner, j'ai couru après elle pour lui remettre 1500 bahts collectés auprès de chacun de mes amis. Avec cet argent (30 euros), Sarach et Gowit pourront vivre mieux pendant trois mois, elle pourra aussi rembourser une partie des dettes quelle a été obligée de faire pour payer son accouchement. Le cœur gros j'ai abandonné Sarach à son triste quotidien, le pik up m'a emmené à Mae Hong Son, la tête et le cœur débordant d'attendrissantes pensées........).   Nous sommes rentrés très attristés à "Friend Guesthouse" puis après une bonne heure de relaxation nous avons dîné de cantines en cantines sur le Night Market autour du petit lac dans lequel se mire l'éblouissant temple Wat Chong Khlang illuminé tel un arbre de Noel.   Pour savoir plus de choses sur mon séjour particulière émouvant avec Sarach à Naï Soï  vous pouvez aller sur le blog suivant: http://www.bimbotriangledor.canalblog.com

Aujourd'hui Jeudi 20 novembre nous n'avons rien fait de particulier si non une petite grimpette au Wat Doï Moo où la vue plongeante sur Mae Hong Son offre un panorama unique sur la région. Avant de rentrer nous sommes allé prendre un drink au "Bar rétro", un magnifique établissement où les petites tables rondes sont disposées autour de mini bibliothèques et de petits meuble chargés de babioles, de cartes postales et de T-shirt portant l'inscription "1634 curves", le nombre de virages depuis Chiang Maï jusqu'à Mae Hong Son. De nouveaux nous avons dîné au night market, tellement les senteurs sont bonnes et ouvrent l'apêtit. Cette nuit un geko sur le mur de ma salle de bain m'a tenu compagnie. Jeudi 20 novembre, après le petit déjeuner à Friend Guesthouse, nous avons réglé la nuit du 20 novembre. Matinée cool, nous avons marché  pour monter au Wat Doï Moo d'ou le panorama sur la région est unique. Nous sommes retournés déjeuner proche du marché et avons pris un café au bar rétro.  Après midi relax au bord du lac Chong Khlang. Nous avons dîné au night market et avons lancé un mini ballon dirigeable dans le ciel de Mae Hong Son en faisant des voeux. Demain ce sera le départ pour Chiang Maï.

Vendredi 21 novembre, notre dernier petit déjeuner à Friend Guesthouse. Avant-hier j’avais négocié un mini bus pour nous rendre à Chiang Maï par la route infernale aux 1634 virages, 5 à 6 heures pour faire 2405 kilomètres. Aux environs de Sopong, juste avant d'arriver à Paï alors que nous avions décidé de nous arrêter pour faire une pause café et pipi nous avons eut de la chance car nous sommes tombés sur une manifestation folklorique donnée par les peuplades ethniques du nord de la Thaïlande, des black Lao, des Lissus, des Yaos des Hmongs et des Karen. Nous avons passé près d'une heure à apprécier les danses et à admirer les travaux d'artisanat locaux. Cette halte nous ne l'avons pas regrettée, mais nous avons perdu beaucoup de temps car la route a été très longue pour atteindre Chiang Mai. Un songthaew nous a emmené à "Midtown Guesthouse", tout près du centre vital de Chiang Maï. Nous avons présenté nos  passeports et réglé la nuit du 21 novembre (même tarif qu'à Friend House: 150 Bahts soit 3 euros). Une fois installé nous nous sommes rendus  au Wat Bupharam, à Thapae Gate et au Wat Chedi Luang.  Dès notre retour j'ai fait toutes les réservations auprès de Jill pour notre séjour à Chiang Maï à savoir: le One Day Tour, la soirée dîner Kantoke, la séance de massages et le restaurant Tamarind puis et je suis allé réserver les 11 vélos pour dimanche.

Coordonnées de Midtown House:  Midtown House   Jill la patronne:  7 soi, 4 Thapae Road - A Muang    Chiang Mai - THAILAND 

Ce soir nous avons dîné Thaï a Thapae Gate et poursuivi par la découverte du Night Market.  Au night market j'ai pensé à réserver le restau Sea Food pour lundi 24 novembre. Tout le monde est Rentré à pied, et dodo !  Quant à moi j’ai décidé de partir à la recherche de ma copine Aoy. Après près d’une heure j’ai enfin retrouvé le quartier où j’avais connu Aoy l’année dernière, comble de chance, elle travaille toujours dans le même établissement. Nous sommes donc rentrés ensemble à Midtown. Elle restera avec moi durant ce court séjour à Chiang Maï. Aoy que j'ai rencontré à Thapae  s'appelle,  CHUTIMA PHAYACHAI   Adresse: 158 m 6 Bandboshalee - A. Hot - CHIANG MAI 50240. Phone: 00 66 (0)86 185 4489.   Mail: payachai@hotmail.com .  Aoy a une fille de 6 ans qui s’appelle Nonney. Demain Aoy partira avec nous dans la zone de Mae Aw.

Journée dans Mae Aw Area.

Aujourd’hui nous sommes 14 au lieu de 13. J’ai présenté Aoy à mes amis et nous voilà partis.  Le mini bus nous a pris en charge à la guesthouse et nous a conduit dans le parc national de Mae Aw Area. Nous avons marché pendant 1 h 30 dans la jungle pour atteindre un village tribal Hmong. Nous avons traversé des zones avec des paysages merveilleux, des rizières des jungles épaisses et des cours d’eau dangereux, nous avons traversé une forêt de raboutants et bien sûr nous avons ramassé ces fruits sucrés et plein de vitamines. Le mini bus nous a ensuite emmené à la ferme aux éléphants pour une balade de 1 heure 30 à dos des pachydermes, ce n’était pas très confortable et les taons m'ont dévoré les cuisses. Aoy qui n'était pas équipée comme nous a cassé les talons des ses chaussures et a eut beaucoup de difficultés pour poursuivre la journée. Nous avons déjeuné dans un village perdu de la zone puis sommes repartis découvrir une coquette cascade. Nous avons terminé la journée en descendant la rivière Yen à l'aide de radeaux en bambous. (Pour information, le One Day tour coûte 800 Bahts soit: 16 euros). Au retour j'ai eut droit à un petit massage de délassement avant d'aller dîner Kantoke. Un dîner Kantoke est un dîner typique ou il est possible de déguster toutes les spécialités de la région et l’originalité c’est que nous avons été servis  sur des feuilles de bananiers. Le repas est agrémenté par des danses folkloriques qui ont chacune une signification différente. Aoy nous a guidé dans nos choix et nous a donné beaucoup d’explications sur les mœurs et coutumes de sa région. A l’issue de cette journée très intense, nous avons regagné Midtown pour un massage et un dodo bien mérité.

 Wat Doï Suthep et village de Doï Puy.

Dimanche 23 novembre, nous nous sommes  levés à 8 h et pris le petit déjeuner à Midtown. Aujourd’hui Aoy nous sera fort utile pour nous guider dans nos déplacements. Nous sommes allé récupérer les vélos de location pour nous rendre à l'ouest de Chiang Maï près du zoo national (7 km). Là, nous avons pris un Songthaew rouge, (une copie de mini voiture de pompiers) qui nous a conduit à 1100 mètres d'altitude pour aller dans un des lieux des plus sacré de Thailande, le Wat Doï Suthep. Nous avons ensuite couvert une dizaine de kilomètres sur une route défoncée pour atteindre le village tribal de Doï Puy peuplé de Hmongs . A Doi Puy des vendeurs à la sauvette tentent de nous vendre des pierres précieuses, principalement du jade birman. Nous avons déjeuné dans une cantine située dans les escaliers de Doi Suthep. Le wat Doï Suthep....................

 Nous avons regagné assez tôt Chiang Maï car le dimanche se déroule le Sunday market, et là, ambiance garantie. Court repos à Midtown en attendant la kermesse. A la kermesse nous avons dîné dans les jardins du temple Wat Phra Sing de stand en stand. Nous nous sommes fait masser les pieds sur les trottoirs (180 bahts l'heure soit 4 euros). Au night market j’ai acheté une jolie robe à Aoy ainsi qu’une paire de chaussures pour qu’elle se fasse belle demain pour le barbecue Thaï. Après la pause café nous sommes retourné à pied à Midtown pour un dodo bien mérité.

Journée River Ping et Night market.

Lundi 24 novembre, nous avons marché jusqu'au port fluvial et fait une mini croisière sur Ping River pour aller faire un repas uniquement avec des fruits dans la réserve agricole. Le bateau est parti à 11h, nous nous sommes présentés une heure avant. La remontée du fleuve a duré 40 minutes. Au retour sur le bateau Aoy a profité du long trajet pour me faire une séance de manucure. L'après midi nous avons bénéficié d'une excellente séance de massage traditionnel dans un salon recommandé (les hommes d’un coté, les femmes de l’autre). Nous avons terminé la soirée au night market pour les derniers achats et pour dîner à l'extérieur de Chiang Maï dans un immense barbecue Thaï recommandé par Aoy. Aoy nous à rendu un immense service en nous aidant dans les différents choix proposés dans ce type de restaurant. Nous sommes retournés en songthaew à Midtown.

Bosang et l'artisanat.

Aoy est aussi un peu ma secrétaire particulière, elle fait les comptes pour la journée. A l'issue du petit déjeuner à Midtown nous sommes partis tous ensemble jusqu'à Bosang en songthaew (12 km). Nous avons visité une fabrique d'ombrelles et d’éventails, une fabrique de soie, une fabrique de laques. Nous avons déjeuné tout proche à San Kamphaeng et sommes retourné à Midtown.  Cet après chacun était libre, j'en ai profité pour rester avec Aoy avant notre soirée au Tamarin. Au restaurant "Tamarin" nous avons dîné au bord de la piscine du Ressort un endroit au cadre romantique. Aoy à rarement eut l’occasion de dîner dans un restaurant de ce standing et a fortement appréciée cette soirée. Nous sommes retourné à pied par le coeur de Chiang Maï et dodo. Demain nous nous envolerons pour Bangkok.

BANGKOK:

(3 Jours: 26 - 27 - 28  novembre )

Mercredi 26 Novembre:  Journée arrivée à Bangkok

Dernier petit déjeuner à Chiang Maï et transfert à l'aéroport en  Songthaew. Le vol Chiang Maï-Bangkok (Durée 1h) Départ à 10h45.  Arrivée à Bangkok où 4 taxis nous ont acheminé  jusqu'à Taewez Guesthouse car Tiwa n’a pas pu se libérer pour venir nous chercher avec son mini bus. Nous avons présenté les  passeports. Le règlement des nuitées interviendra à la fin du séjour, c'est à dire le 28 novembre.  Après le déjeuner nous sommes allés arpenter les quartiers chics de Bangkok, (Siam et Nana). Nous sommes rentrés pour attendre le mini bus qui nous a conduit au port. Passage obligé, nous avons gouté à l'assortiment d'insectes divers (sauterelles, cigales, vers de bambou,.....).   Dernier passage à Taewez pour nous préparer pour cette soirée musique, dance, et dîner en bateau sur la Chao Phraya. Un mini bus est venu nous chercher à la Guesthouse et nous avons traversé une grande partie de Bangkok pour arriver au port fluvial d’où partent ces immenses bateaux restaurant. De ravissantes hôtesses nous ont indiqué notre table et un cocktail de bienvenue nous a été servi avant l’ouverture d’un immense buffet. Le bateau remonte la Chao Phraya jusqu’au port de Thewet et tourne après le pont Rama IX. Durant la descente nous avons pu admirer Bangkok by night et fini avec diverses danses. Le mini bus nous a retourné à Taewez en passant par Chinatown ou tout était illuminé. Nous sommes arrivé très fatigués et après une dernière "Chang", vite au dodo !

La cité antique de Ayutthaya

Après le petit déjeuner à Taewez nous sommes partis à 7 h 45 pour la gare centrale de Hua Lampong avec le bus local N° 53.  Nous avons pris le train pour Ayutthaya, départ du train à 8h20 (durée 1h15). Arrivée à Ayutthaya nous avons loué des vélos près de la gare pour aller visiter le Wat Mahatat, le Wat Chaï Mongkol et le Phrang aux éléphants.    Le site de Ayutthaya........

Pas de chance nous avons loupé le premier train de l’après midi. Aussi nous sommes arrivé à Bangkok à 17 h 30.  Soirée diner cantine de trottoir + bière du Seven/Eleven.

Marché flottant et Rose Garden                      

Aujourd'hui vendredi 28 nous avons pris le petit déjeuner à Taewez et règlé les 3 nuitées, à savoir, 675 Bahts par tête de pipe (14 euros ).   Nous avons été pris en charge par un mini bus pour rejoindre la région de Ratchaburi afin d'aller passer une matinée au marché flottant de Damoens Saduak. Le marché flottant de Damoens Saduak...........

 Nous avons déjeuné sur la route qui conduit à "Rose Garden". Cet après midi à Rose Garden nous avons assisté à un spectacle varié de danses classiques, de boxe thaï, d'une reconstitution d’un mariage thaï, de défilés, et nous avons regardé le travail des éléphants et la peinture sur ombrelles. Nous sommes retournés à Taewez avec le mini bus. Pour notre soirée à Siam Paragon, nous nous y sommes rendus avec bus local N°16. Nous avons visité ce grandiose magasin où nous devions faire un trajet en bateau à fond transparent dans les sous sols du magasin. (Trop tard ! fermeture du sous sol à 21 heures). Nous sommes montés visiter le centre Imax au sixième étage où se trouve une géode et 12 salles de cinéma.  Nous avons dîné au food center du Siam Paragon où se trouvent toutes les compositions des plats Thaï possible. Nous sommes passés à la pâtisserie et rentré avec le bus N°99 de Ratchathewi. Bimbo a quitté le groupe pour aller rejoindre Aoy qui était descendue de Chiang Mai pour faire un stage d'animatrice au "Tower in Hôtel". Et dodo bien mérité car cette journée a été bien chargée. Bimbo a retrouvé le groupe le lendemain matin à Taewez.

SEJOUR A HUA HIN: ( 3 Jours: 29 - 30 novembre et 1 décembre )

Samedi 29 Novembre: Jour d'arrivée, plage et découverte de Hua Hin

Ce samedi 29 novembre après le petit déjeuner à Taewez  nous avons fait le trajet en train pour nous rendre à Hua Hin, une station balnéaire située à 240 km au sud de Bangkok. Le transfert c'est fait par le bus local N°53 jusqu'à la gare centrale de Bangkok (Gare Hua Lampong).  Le train est parti à 9 h10 pour arriver à Hin à 13h et direction notre logement. Nous nous sommes installé à "Jing's guesthouse" dans le Soï Selakam. La Guesthouse est tenue par un hollandais nommé Peter Helpick qui est en ménage avec une Thaïlandaise nommée Jing.   Adresse: Jing's Guesthouse- Soï Selakham. Phone: 032 516 594 Mail:  jing@jings.in.th  

Nous avons présenté nos passeports et réglé la nuit du 29 novembre (500 THB pour la nuit , c'est à dire 11 euros). L'après midi nous l'avons passée à la plage puis nous sommes allé découvrir Hua Hin à pied entre autre, la rue des plaisir qui n'est pas très animée à cette heure ci. Massages obligé dans un chic salon juste en face Jing's. Je comptais bien aller chez Francis et Pet mais ce dernier ne s'est pas rendu en Thaïlande cette fin d'année. Nous nous sommes régalés dans une taverne Sea Food du night market et nous avons flâné dans la rue des plaisirs, et là, j'ai retrouvé Nok qui a un peu réduit ses activité dans le Soï Selakam, elle est maintenant la responsable de l'établissement et gère les girls. Elle a un peu plus de liberté qu'avant. J'ai attendu la fermeture du gogo girls bar et m'en suis allé avec elle prendre un drink dans un bar proche du Hyatt. Nok dispose d'un scooter et demain soir elle m'enmenera là ou elle loge dans un superbe condo, à seulement 4 kilomètres du centre de Huan Hin. Je suis rentré à l'aube récupérer mes amis et fort heureusement que la journée de demain ne sera pas trop chargée.  Ma copine Nok: Coordonnées:  Nom: SUKANYA RATCHASI     Phone: 086 706 6086  Adresse: Valhalla bar  5/3 Soi Selakam HUA-HIN  Hua Hin - Pratchom Kirikan- 77110

Aujourd’hui Dimanche 30 Novembre, malgré ma courte nuit  je parts consulter mes messages et comble de joie je viens de recevoir cinq photos de Julia, elle a beaucoup changée, elle est belle dans une petite robe beige, ça fait chaud au cœur. Je m’empresse de les imprimer et suis fier de les montrer à la patronne de la guesthouse qui reste en admiration devant le bébé européen.  Petit déjeuner assez tard à "Jing's guesthouse", et après avoir règlé la nuit du 30 novembre nous avons passé la matinée sur la plage du Hilton, une matiné transat et drink. J'ai un peu somnolé sous mon parasol pour récuperer un peu de sommeil. Nous sommes partis déjeuner dans Hua Hin, une bouffe locale Thaï dans Naresdamri Road au succulent restaurant nommé "Moon Rise".  De nouveau baignade cet après midi, mais la mer etait particulièrement agitée. Avant d'aller diner chez Roberto (Pizzeria et spaghetti) j'ai fait une nouvelle petite sieste. Avant d'aller rejoindre Nok qui m'attend pour 22 heures je suis allé dans la discothèque du Hilton. Nok est à l'heure devant la réception de son établissement et nous enfourchons le scooter pour nous rendre au condo construit il n'y à que deux ans seulement. Le cadre est merveilleux avec une multitude de petit lampions de toutes les couleurs, de mini cascades et une végétation purement tropicale. Soirée très reposante et romantique, j'avais besoin de cà pour me reposer un peu pour être en forme pour demain.   Ce matin lundi, je suis arrivé à "Jing's guesthouse" au moment où mes amis étaient en train de prendre leur petit déjeuner. Je suis allé rapidement prendre une douche et me changer pour partir à Kao Tapiak avec trois songthaews et aller déjeuner sur la plage. Nous avons dégusté un bon repas sea food, les poissons et crustacés d'une fraicheur exceptionnelle. Cet après midi sous une chaleur accablante nous sommes  montés à pied jusqu’au temple chinois où nous avons passé près d'une heure à lècher les vitrines des vendeurs de coquillages et à nous amuser à regarder les ébats des singes. Il y en a des centaine et cà pue, car les moines jettent toutes les denrée aux bestiolles mais ne nettoient jamais les routes. Les songthaews sont venus nous chercher plus tard, et au moment de partir, nous n'avons plus trouvé Anita, ou plus exactement Anita s'est perdue. Cela nous a beaucoup perturbé car la nuit commençait à tomber au moment où ça s’est passé. Nous avons passé au peigne fin tous les endroits du site mais en vain car Anita qui s’est imaginée que nous étions partis sans elle a commencé la descente à pied avant de faire du stop pour regagner le centre de Hua Hin. L’ambiance entre nous s’est quelque peu détériorée. Nous avons cependant vite tout oublié et sommes partis dîner au night market. Demain il faudra se lever tôt car nous devons retourner à Bangkok.

Mardi 2 Décembre:  Jour d'arrivée à Bangkok

Départ à 7 h de notre guesthouse juste après notre petit déjeuner. Un mini bus nous a pris en charge pour nous déposer 4 heure plus tard à Taewez guesthouse vers 12 h 30.  Nous nous sommes installé et avons mangé à la Guesthouse un masamam assez relevé. Cet après midi c'était quartier libre, chacun était libre de ses mouvements, j'en ai profité pour communiquer avec la France et donner un peu de mes nouvelles. Avant une nuit de repos bien méritée, nous avons avalés une excellente soupe de trottoir chez Sheun en compagnie de deux jeunes rats qui n'ont pas cessé de nous amuser.

Bangkok, marché aux fleurs et Chinatown

Mercredi 3 décembre. Petit déjeuner et règlement des deux nuitées (A savoir: 450 Bahts soit 9 euros). Nous sommes partis en bateau bus du port de that Thewet pour le port de Mémorial Bridge.  Tout à coté des quais se trouve le magnifique marché aux fleurs, ici, les orchidées sont déchargées à la fourche tellement il y en a, l'activité bat son plein, les femmes confectionnent des colliers et des bracelets de fleurs qui sont destinés à être pendues aux rétroviseurs des voiture pour porter chance.  De nouveau  à Mémorial Bridge nous avons pris un autre bateau  bus jusqu'au port de Ratchawronsee et marché à pied 15 minutes, pour atteindre Yorawat Road et le quartier chinois. Quartier favorable à l'achat de gadgets et aux senteurs d'épices, de viandes et de poissons séchés. Nous avons déjeuné dans une gargote de Yorawat et dégusté des fruits australiens. Le jus de grenades pressées est succulent et plein de vitamines et ça nous a fait grand bien. A plusieur reprises nous nous sommes egarés dans ces quirielles de ruelles étroites où passent les clients, les motos et les diables chargés de marchandises diverses. Ce n'est pas facile de s'orienter, toutes les boutiques se resemblent et il n'y a pas le moindre repère.  A l'issue de cette galère, nous avons remonté la Rivière Chao Phraya jusqu'au dernier port de Nonthaburi pour son important marché. Le retour à Taewez nous l'avons aussi fait en bateau bus. Ce soir nous avons décidé de faire une petite promenade nocturne: départ en bus N°3 jusqu'au Wat Phra Kaeo. Passage par That Chang. Détour par la rue des amulettes jusqu'à Phra Chang et direction Sanam Luang Parc. Nous sommes descendu sur That Athrit pour une courte promenade sur les quais de la rivière. Nous sommes rentrés sur Kao San Road par la rue piétonne pour aller dîner « chez Madame Jo », un des seuls restaurants de Bangkok qui propose un menu, et celui-ci permet de goûter aux differentes saveurs de la cuisine Thaï, pimenté, sucré, salé, amer..... Avant de retourner à Taewes nous sommes rentré dans une taverne où la bière est servie dans une tour réfrigérée, la tour contient 3 litres, nous n'avons pas laissé la moindre goûte et sommes rentrés.

SEJOUR A KANCHANABURI :  5 Jours: 4 - 5 - 6 - 7 - 8 décembre.

Jeudi 4 Décembre: Jour d'arrivée et canoë sur la rivière Kwai

Après le petit déjeuner nous sommes partis avec 4 taxis jusqu'au mini bus qui part derrière Kao San Road. Le trajet de Bangkok à Kanchanaburi à duré 2 heures. Nous sommes arrivée à Kanchanaburi pour nous installer dans de modestes bungalows dans la campagne de C and C Guesthouse dont voici les coordonnées:  C and C River Kwai - 265/2 Tanon Maenamkwai  Tamol Thamakhan Maung - Kanchanaburi  Tél fixe: 034 624 547.  J'ai choisi de m'installer dans un bungalow flottant en bambous , c'est plus romantique. Nous avons présenté nos  passeports et réglé de la nuit du 4 décembre (150 Bahts/pers soit: 3 euros).  Cet après midi nous avons loué 4 canoës pour aller faire une balade sur la rivière Kwai bien en amont du célèbre pont immortalisé par Pierre Boule. Anita voulant en faire à sa tête m’a fait péter les plombs à bord du canoë qu’elle n’arrivait pas à maîtriser.  Nous avons fait une longue promenade dans Kanchanaburi et nous en avons profité pour réserver des vélos pour la journée de demain. J'ai profité d'une longue halte pour téléphoner à mon ami Pop pour l'informer de notre arrivée et lui demander de passer nous voir. Nous sommes aller dîner au nigth market et avons pris un Barbecue Thaï.  La guethouse C and C s'appelle maintenant: TANAVILL RIVER KWAI GUESTHOUSE.  Je ne suis pas rentré avec le groupe car je n'avais pas sommeil et je suis allé flâner dans la rue des plaisirs. A l’angle de l’artère qui mène à C and C, je suis allé prendre un drink au Candy Bar et j’y ai retrouvé Noon avec qui j'avais eut quelques relations les années précédentes à Kanchanaburi.

Vendredi 5 Décembre:  Promenade à vélo et Fête sur le pont de la rivière Kwaï.

Ce matin très tôt, bien avant le petit déjeuné J’ai accompagné Noon à son travail, je lui ai fixé rendez vous pour demain et j'ai regagné C and C pour récupérer le groupe inquiet de ne pas me voir à l'heure. Nous sommes partis récupéré les vélos de location et entamé le circuit prévu: le pont de la rivière Kwai, le JEATH Museum, le Cimetière des alliés, le temple chinois. Près des rives de la Kwai Noï nous avons pris le transbordeur pour aller manger dans un restaurant flottant. Avant de retourner à la guesthouse nous avons traîné au night market. Ce soir je suis parti récupérer Noon et tous ensemble nous avons assisté aux feux d'artifices donnés pour l'anniversaire du Roi et nous avons assisté à un magnifique spectacle de reconstitution de toute l'histoire du bombardement du pont. Le spectacle était de toute beauté et nous avons eut des places de choix. En arrivant à C and C, quelqu'un avait pénétré dans notre bungalow et avait dérobé 900 Bahts dans le sac de Noon. Qu'elle déception pour elle, 900 Baths pour une Thaï peu fortunée c'est important (près de 40 euros).  Après la colère apaisées nous avons plongé dans notre matelas et fait un gros dodo dans notre romantique chambre flottante amarrée au rivage.

Samedi 6 Décembre: Thamkrasee, Namtok, Sai Yok Noi et "Somnuk éléphant Camp".

Petit déjeuner à C and C Guesthouse. Le train de la mort passe à la gare de Kanchanaburi, nous avons quelques minutes d'avance pour nous désaltérer  et acheter un peu de victuailles pour tenir les 2 heures trente qui nous séparent de Thamkrasee. A 10 h30 la cloche de la gare de Kanchanaburi tinte et nous voilà parti. Le trajet en train a duré 2h jusqu'à Thamkrasee, mon ami Pop est venu nous chercher avec un songthaew. Avant de partir nous avons passé un long moment à admirer les hautes falaises qui surplombent la rivière Kwaï et nous avons marché quelques 400 mètres sur la voie du chemin de fer pour atteindre une grotte où beaucoup de fidèles viennent se recueillir devant le Bouddha paré d'or.  En route, nous nous sommes arrêtés aux cascades de Sai Yok Noï  pour faire une petite trempette et admirer le site. L'eau ruisselle le long des parois rocheuses jaune ocre et se meurent dans un grand bassin où les enfants se baignent avec leurs parents. Les week-end ici c'est le rendez-vous des villageois qui fuient le coeur des agglomérations. Nous avons pris beaucoup de retard et il nous faut maintenant partir pour "Somnuk éléphant camp".    "Somnuk éléphant Camp". Téléphone: 081 942 4256 Téléphone personnel de Pop: 085 795 4208.   Pop et Peung:  Adresse:  SOMPOP SUANSAKAEW - 2/15 Soï English - Thanong Mae Nam Kwaï - Tamakham Muang - KANCHANABURI - 71000  Phone: 085 795 4208     E-mail: popthailande@hotmail.fr . Après l'affectation de nos bungalows flottants Pop nous a fait visiter le camp où nous allons passer des moments insolites avec les cornacs. A la terrasse ombragée du camp nous sommes les seuls aventuriers, toute la propriété nous appartient, nous sommes chez nous et c'est Peung, l'épouse de Pop qui nous prépare le dîner. Et quel dîner ! Nous avons longuement échangé avec mon ami Pop puis ce fut l'heure d'aller se coucher.

Dimanche 7 Décembre:  Journée aux cascades d'Erawans

Ce matin à l'aube une brume épaisse recouvrait la campagne, alors que mes amis faisaient la grasse matinée je m'en suis allé avec les cornacs faire la toilette des éléphants, il y avait cinq éléphants. A l'aide d'un escabeau j'ai grimpé sur le dos d'un éléphant et je me suis dirigé vers la rivière où les enfants étaient déjà présents pour m'aider à faire la toilette. Avec un balais brosse que l'on tempe abondamment dans l'eau j'ai frotté énergiquement le dos de mon éléphant pendant près de vingt minutes. Avant de remonter sur terre je me suis occupé de ses jambes. Quant aux enfants, ils grimpent sur le dos des pachydermes et plongent dans la rivière boueuse. J'ai regagné le campement pour prendre le petit déjeuner avec mes amis. Un songthaew nous à véhiculé jusqu'aux cascades d'Erawan par une route magnifique à travers des paysages à couper le souffle. Arrivé sur le site nous avons fait le point dans les jardins avant d'entreprendre la marche dans ce parc national de toute beauté. Nous sommes montés jusqu'au 7 ème niveau des cascades. Beaucoup de Thaïs viennent ici le dimanche en famille pour s'oxygéner et profiter pour se baigner dans les vasques creusées par l'érosion. Après cette longue marche nous avons dégusté du poulet grillé dans une gargote sur le site et nous sommes retournés au camp où Peung nous à préparé un succulent repas. Nous avons fait une veillée aux lampions avant de regagner nos bungalows.

Lundi 8 Décembre: (Temple des tigres et sources d'eau chaude)

Ce matin nous avons eu beaucoup de temps devant nous car les portes du tempe des tigres ne s'ouvrent qu'à 11 heures. Je suis retourné au bord de la rivière pour voir une dernière fois la cérémonie de la toilette des éléphants. Vers 10 heures un mini bus nous a pris au camp pour nous diriger au temple des tigres. La journée comprenant le trajet et l'accès au temple nous ait revenue à 8 euros.  Au temple, la soupe est gratuite mais il est de coutume de faire sa propre vaisselle. La visite et les shows du temple des tigres sont décevants. Oui, ont peut caresser les petits et les gros tigres, on peut aussi les tenir  par la chaîne qui entoure leur cou et les promener  j'usqu'à l'arène, c'est amusant, juste pour quelques photos souvenir. Avant de rentrer nous nous sommes arrêté sur un marché local pour y acheter les denrées pour ce soir afin que Peung  nous prépare le dîner.  A l'issue du dîner nous avons tous eut droit aux massages des pieds et de la face par Peung. Nous avons alors regagné nos logements flottants amarrés sur le cours d'eau, c’est très original, on  est sans cesse bercé par le cours d’eau et l'on s'endort vite. Sans attendre demain nous avons payé les prestations de notre guide Pop pour ces 3 journées (200 Bahts  chacun soit: 4 euros chacun). Nous avons fait une surprise à Pop et Peung, nous leur avons préparé une enveloppe avec de l’argent car je savais qu'ils se marieraient le 23 décembre.

DERNIER SEJOUR A BANGKOK:  4 Jours: 9 - 10 - 11 - 12 déc.

Mardi 9 Décembre:  Trajet retour sur Bangkok.

Pop nous a réservé un bus pour retourner sur Bangkok.  Sitôt fini le petit déjeuner nous avons embarqué pour Bangkok nous sommes arrivés à midi et avons donc déjeuné à Taewez guesthouse.  Plus que 3 jours à Bangkok avant le retour en France de mes amis, nous avons alors réglé les dernières nuitées et fait le point pour préparer leur proche départ. Cet après midi nous l'avons passé au  Zoo national de Bangkok et avons pris le repas et passé la soirée à Taewez.

Mercredi 10 décembre:  Bangkok, déjeuner avec Alain et Puk à Bankapi.

Ce matin après un petit déjeuner continental nous avons quitté Taewez pour prendre le bus local N°99 pour nous rendre à Bangkapi/Hua Mark pour aller déjeuner chez mon copain Alain. Arrivé à Bangkapi, en attendant mon copain Alain, nous avons mis les pieds dans Le grand magasin "The Mall" pour passer le temps. Ensuite nous avons marché sous une chaleur étouffante pendant 2 km pour nous rendre au restaurant conseillé par Alain. Heureusement que Alain était là, car ici toute la carte est en caractères Thaïs. Les plats de toutes les spécialités des régions Thaï ont déferlé sur notre table, nous avons pu savourer près de quinze plats différents. Au retour, avant même d'avoir fait la digestion nous avons grimpé dans le bus N° 113 pour Phatunam et nous sommes rentrés à Taewez avec le N°23. La soirée et le dîner était à la convenance de chacun, mais nous avons choisi d'aller à la fête de la bière sur l’esplanade de Central World. Toutes les grandes marques de bières étaient présentées (Chang, Singha, Leo, Tiger , Eineken et même Asahi). Il se fait tard, nous sommes très fatigués alors nous n'avons pas attendu le bus N° 99 mais avons choisi de rentrer en Tuk-Tuk.

Jeudi 11 Décembre: Les derniers achats.

Rien n'était prévu aujourd'hui si non d'en profiter pour  aller faire les derniers achats. Selon le souhait du groupe nous sommes allé à Phatunam pour tout ce qui concerne du matériel photo et vidéo, à Kao SanRoad et Chinatown pour tout ce qui est gadgets et souvenirs divers. Nous sommes allé dîner dans une cantine de trottoir de Phitsanulok Road. Pour clôturer en beauté notre  séjour nous avons fini à une soirée cabaret, c’est un  mini bus qui nous y a conduit depuis Taewez. Le spectacle était assuré par des Lady Boys, la chorégraphie de qualité et l'ambiance très bonne. Demain mes amis rentreront en France, quant à moi, je continuerai seul une dizaine de jours.

Vendredi 12 Décembre:  Jour du RETOUR pour mes amis.

Le matin nous sommes restés dans le quartier Thewet pour faire le point. Il faudra faire les valises pour quitter la chambre avant 12h, heure du Check Out dans tous les établissements en Thaïlande). Cependant Taewez gardera les bagages jusqu'à ce soir. Nous avons déjeuné au port de that Chang et retourné par Kao San Road. L'après midi a été cool car mes amis quitteront Bangkok 3 heures avant le vol. Avant le départ nous avons mangé une bricole dans le quartier car le dîner leur sera servi dans l'avion. Le trajet de Taewez à Savarnabumi international airport dure en général 1h, et il faut se présenter 2 heures avant l’heure du départ. Donc: départ de Taewez Guesthouse avec le mini bus de Tiwa à 20h. Présentation à l'embarquement à 21h30. Départ de l'avion à 23h55. Arrivée Vienne à 05h55. Départ Vienne à 10h55.  Ils arriveront à Nice côte d'Azur à 12 h 45.

Alors que tout le monde est rentré en France, je continue ma route pour me rendre à Trat et sur l’île de Koh Chang. Je retournerai en suite à Bangkok où je tiens à me rendre plusieurs soirées sur l’esplanade de Central World pour l’ambiance festive des veilles de fêtes de Noël et jour de l’an.

19 juillet 2015

ANNEE 2009 : THAÏLANDE - VIETNAM - THAÏLANDE

ANNEE 2009

 

Thaïlande – Vietnam - Thaïlande

 1 er GROUPE (11 personnes)

Marcel / Simone . Loulou / Marie Jeanne . Roger / Dany . François / Marie France . Gérard / Jeannine Bimbo

2eme GROUPE ( 7 personnes ) André / Viviane . Jean Claude / Marie Jeanne . Jean Paul / Eva/ Bimbo

 

En attendant l'arrivée de mes amis français j'en ai profité pour aller à la rencontre de mes amis et amies Thaï de Bangkok et de Kanchanaburi. J'ai aussi passé beaucoup de mon temps dans les coins que j'affectionne particulièrement en Thaïlande et j'ai partagé une multitude de bons moments avec les gens des quartiers qui me reconnaissent maintenant car ils ont pris l'habitude de me côtoyer depuis maintenant 7 ans que je fréquente leur pays. Ces dernières semaines, je ne les ai pas vue passer tellement j'avais des occupations, si bien que nous voilà au 14 novembre et c’est demain que mes amis arriveront.

Dimanche 15 novembre : Arrivée de mes amis à Bangkok

Ce dimanche matin 15 novembre je suis parti très tôt en ce début d'après midi pour être présent à l'aéroport de Savarnabumi pour l'arrivée du vol afin d'accueillir mes amis. L'avion a atterrit à 15 h 10 et compte tenu du temps qu'ils ont passé au bureau d'immigration et à la récupération de leurs bagages, j'en ai profité pour flâner dans les couloirs de l'aéroport. Dans le grand hall sous le panneau du "Meeting point", les voici ! Nous sommes allés changer quelques euros en Thaï Bahts. André était tout drôle, il avait l'air complètement dans les nuages et se déplaçait bizarrement, je n'ai rien dit, j'ai simplement pensé qu'il n'avait pas bien dormi dans l'avion, ou qu'il avait mal  supporté le décalage horaire. J'ai abandonné un moment mes amis à l'étage inférieur pour aller commander 2 Taxis qui nous ont emmenés à Taewez Guesthouse. Après 1 h 15 de route nous sommes arrivés au cœur de Bangkok au quartier Thewet où ils se sont installés: Taewez GH - 23/12 Sri Ayudhaya road - Wachiraphrayaban - Dusit - Bangkok. Interlocutrice: Ooh Hathaikan. E-MAIL: rainning17@hotmail.com    Téléphone:02 280 8856 (fixe).  08 9890 6534 (mobile). Ils ont accompli les formalités de rigueur et réglé les deux nuits qu'ils passeront ici. Une fois prêt pas une minute à perdre je les ai emmené au quartier "Siam" à « Siam Paragon », un des magasins des plus luxueux de Bangkok. Il y avait déjà les illuminations des fêtes de fin d'année avec un gigantesque arbre de Noel de près de 35 mètres de haut et de nombreuses aires de jeux pour les enfants. Sur cette esplanade de "Central World" il y a la fête de la bière, elle dure du mois de novembre jusqu'au jour de l'an. L'ambiance est à son comble, de prestigieux orchestres de musique moderne crachent les décibels et la bière coule à flots, elle est généralement servie dans des mini tours de 3 litres, "des girafes".

LUNDI 16 NOVEMBRE: Le Bangkok Historique - Pathunam - Golden Mountain

Aujourd'hui j'ai prévu la visite du Bangkok Historique et la montée de la colline de "Golden Mountain". Comme cette Journée sera chargée en visites, nous sommes partis tôt, juste après le petit déjeuner, mais avant je me suis rapproché de Ooh pour qu'elle me réserve 3 taxis pour demain.  C'est parti pour la journée, nous nous sommes fait un premier plaisir en traversant le typique marché local de Thewet, un véritable bric-à-brac. On y trouve de tout, une variété incroyable de fruits et légumes, de la viande fraîche, des chaussures, des étals à épices, du poisson séché, des poissons vivants qui frétillent dans de larges cuvettes, des crapauds propres à la consommation, des gadgets pour les enfants, des montagnes d’œufs durs.....  Derrière les escaliers qui enjambent le canal se trouve le port fluvial d'où partent et arrivent les bateaux-bus qui montent ou descendent la rivière "Chao Phraya" qui traverse Bangkok. Aux heures de pointe il y a un bateau toutes les cinq minutes, mais aux heures creuses et le dimanche il faut parfois attendre vingt minutes. C'est toujours un plaisir  de se retrouver sur la Chao Phraya, c'est très tumultueux mais passionnant d'observer l'activité intense qui y règne. Il y a les bateau-bus, mais aussi les pirogues longue queue très rapides pour se rendre plus loin au nord ou au sud de Bangkok. Des embarcations plates n’assurent que les traversées, elles peuvent contenir une centaine de passagers. Parfois on peut observer le va et vient de barques jaunes motorisées, elles servent à nettoyer la rivière. A l'aide de longues perches, les hommes retirent de l'eau toute la mauvaise végétation arrachée par les fortes pluies qui descendent  bien en amont de Bangkok. André et Viviane qui n'ont jamais mis les pieds à Bangkok sont ébahis par cette ambiance. Le bateau bus nous dépose au port de That Chang, et là nous débouchons sur un ravissant marché bondé de monde, principalement des "Farangs", des étrangers. La place est recouverte de terrasses de restaurants, de bancs chargés de produits frais, de merveilleux fruits et de boissons diverses. Nous choisissons de déjeuner ici tellement les bonnes senteurs donnent l'eau à la bouche. A l'issue d'un repas satisfaisant nous regagnons Phitsanulok Road pour y prendre le bus N° 99 et nous faire déposer au quartier Pathunam où nous avons décidé de nous séparer l'espace de deux heures pour aller lécher les étals où bon nous semble. Le rendez-vous est prévu devant l'entrée 3 du Platinum, un immense magasin où l'on trouve surtout de l'habillement à prix moyen. Pour trouver des vêtements meilleurs marchés il faut aller en face dans la mimi ruelle qui donne sur la tour Bayoke, la tour la plus haute de Bangkok uniquement réservée à des bureaux. Au sommet se trouve une  brasserie et un restaurant d'où l'on domine tout Bangkok. Certains se sont rendus au Panti Plazza, le plus grand magasin world computer, d'autre ont préféré les mini shop et les boutiques à babiolles. Personne ne sait perdu et nous nous retrouvons au point de rendez-vous pour aller prendre un dessert au septième étage du Platinum. Pour basculer du quartier où nous nous trouvons et aller au Wat Si Sakhet, ce n'est pas une mince affaire, à cette heure il faut compter 1 heure en taxi, en bus où en songthaew. Alors la meilleure solution est de prendre un bateau-bus qui emprunte le Khlong  le plus sale de Bangkok. Cà pue certes, mais seulement 15 minutes de trajet.

Le wat Si Sakhet est le temple de Bangkok situé sur une colline qui surplombe la ville, il est appelé "Golden Mountain". Pour accéder au temple il nous faut grimper les 330 marches qui mènent à l'entrée. La montée est agréable et ombragée, durant l'ascension de petits hauts parleurs diffusent les prières des moines. Tout au milieu des escaliers un gigantesque gong fait l'attraction des enfants et même des plus grands. Sur la gauche on peut sans cesse admirer la vue plongeante sur Bangkok, sur la droite un immense mur blanc de 50 mètres de haut encercle le cœur du temple. Les dernières marches sont plus raides et débouchent dans la salle d'accueil où une urne attend les donations, chacun est libre de donner ce qui lui convient. Pour atteindre le stupa tout recouvert de feuilles d'or il faut se hisser sur des marches abruptes. Ainsi on a accès à la terrasse qui contourne le stupa, et d'en haut on a l'impression d'être sur le sommet d’un phare car l'on peut tout observer de Bangkok. Beaucoup de fidèles viennent au Si Sakhet pour se recueillir et déposer des offrandes. A tout moment de la journée on peut participer à des Tchats et dialoguer avec les bonzes qui vivent ici. Il faut contourner le stupa dans le sens des aiguilles d'une montre. Pour redescendre c'est pareil il faut toujours tourner à droite. A mi chemin entre le sommet et la base du temple se  trouve une agréable buvette à la terrasse décorée avec des figurines qui n'ont rien à voir avec la religion. Au bas de la colline, pour nous diriger vers la grande artère principale de Bangkok qui est un peu les champs Elysées de la capitale, nous avons longé les vendeurs de billets de loterie, le seul jeu d'argent en Thaïlande avec la Boxe Thaï. Nous nous sommes trouvés devant Democraty Monument, une espèce d'obélisque avec quatre ailes jaunes, couleur de la royauté. Pour rentrer à Taewez nous avons longé les quais de la Chao Phraya pour déboucher à That Atrit et emprunter une minuscule ruelle qui donne dans Rambutri street qui ne manque pas de bars de shops à souvenirs et de restaurants pas très Thaïs. Passage obligé à Kao San Road où déjà la fureur des soirées se fait sentir à l'approche de la nuit. A Kao San c'est le délire et le vacarme non stop, un coin de Bangkok qu'il faut voir pour ne pas mourir idiot mais où il est impossible de rester longtemps. A Kao San ça ne sent pas la Thaïlande mais tous les coins du globe, ici il n'y a pas de musique traditionnelle mais des musiques anglo-saxonnes et même des musiques métal ou hard rock. La bière et les cocktails coulent à flot ce qui crée parfois des échauffourées et casse la fête. Pour retourner au calme nous sommes allés dîner au restaurant du pont Rama VIII, une cuisine mi Thaï, mi européenne et puis c'était l'heure de rentrer. Tout le monde a regagné Taewes, quant à moi je suis allé au port de Thewet au restaurant Tha Thaï pour y retrouver une vieille connaissance, la ravissante  Mimi que j'avais invité l'année dernière sur le River Cruise Boat pour une soirée romantique. Mimi est toujours aussi ravissante et n’à gardé de moi que de bons souvenirs, elle travaille toujours au restaurant, elle est maintenant responsable de quatre serveuses. Elle a un peu plus de liberté qu'avant, ainsi j'irai la retrouver souvent pour finir des soirées en amoureux. Demain notre vol pour Hanoï s'envolera à 6 h55.

VIETNAM

Mardi 17 novembre: vol Bangkok / Hanoï.

A quatre heures du matin les 4 taxis sont déjà devant l'entrée de la Guesthouse, à cette heure le petit déjeuner n'est pas servi. Nous allons acheter quelques biscuits au seven-Eleven et après avoir chargé les taxis nous voilà en route pour l'aéroport international. A 5 h 30 les boutiques de l'aéroport sont ouvertes ce qui nous permet de prendre un café avant l'embarquement. Le vol FD 3700 quitte alors la piste à 6 h 55. Arrivé à Hanoï à 8 h 40. Nous avons remis les passeports à l'officier du service des immigrations qui nous a apposé le visa moyennant le règlement de 25 dollars. Un guide de l'organisme « Hanoï voyage » nous a reçu pour nous diriger au minibus qui nous a emmené l'Hôtel "Ho Guom" en plein cœur du centre ville. Le trajet jusqu'au centre de Hanoï nous à déjà donné un avant goût du trafic dans cette ville. A l'hôtel nous avons réglé les 50 % des prestations du séjour restant à notre charge, environ 330 euros et du visa provisoire qui avait été financé par l'organisme, 15 dollars. Le plan de la ville nous a été remis avec un recueil d'informations et des explications pour bien s'orienter dans Hanoï. Nous avons pris possession de nos chambres et nous nous sommes donné rendez vous à la réception pour partir ensemble nous imprégner de l'ambiance de Hanoï et aller changer quelques euros en dongs. Comme il était convenu dans le package de notre séjour le dîner du premier jour sera un dîner offert par l'organisme en présence du directeur de « Hanoï voyages » qui nous a donné toutes les informations utiles pour que notre séjour se passe au mieux. Franchement nous n'avons pas été déçus de l’établissement ni de la qualité du menu qui nous a été servi.

Aujourd'hui Mercredi 18 novembre il fait relativement froid pour cette saison, les habitants d'Hanoï prétendent qu'il n'a jamais fait aussi froid au mois de novembre depuis au moins cinquante ans. Nous nous couvrons plus de d'habitude et quittons Hanoï pour nous rendre à Ninh Binh, l'ancienne capitale du Vietnam au X ème siècle. Ninh Binh est surnommé "La baie d'Halong terrestre". Cet après midi nous négocierons une barque, mais en attendant nous sommes allé visiter les deux temples dynastiques, celui de Dinh et celui de Le. Nous nous sommes ensuite dirigés au village de Van Lam pour y déjeuner. Une multitude de vendeurs à la sauvette nous proposent de quoi faire un pique-nique mais pas de chance pour eux, car nous avons déjà déjeuné. Le guide que nous a affecté Hanoï Voyages a un nom très difficile à prononcer et à retenir aussi nous avons décidé de l'appeler Georges. C'est un Viet pro Ho Chi Minh très cultivé qui connait parfaitement l'histoire de son pays. Nous voila au petit port où se trouvent des dizaines de sampans, les femmes nous harcèlent pour nous avoir comme clients. Nous avons besoin de quatre sampans. Après moult tiraillements et l'aide de notre guide Georges nous embarquons pour faire un long trajet de deux heures à travers des canaux tracés à même les rizières. Le décor est saisissant et l'environnement spectaculaire, nous sommes bel et bien au milieu des rizières entourées de hautes montagnes karstiques. C'est autant avec leurs jambes qu'avec leurs bras que les femmes rament, cette pratique est propre à ce site. Parfois le sampan s'arrête pour nous faire mesurer combien les paysages que nous traversons sont sublimes. Nous admirons la faune et la flore de ce site privilégié et tout tranquillement nous sommes obligés de baisser la tête, voire même de nous allonger dans le sampan au moment où il nous faut traverser des excavations rocheuses, des grottes qui ne font pas plus de un mètre de haut et qui débouchent dans d'autres canaux. Tout au bout de notre excursion se trouve l'étourdissante grotte de Tam Coc à côté de laquelle se trouvent les vestiges d'un ancien hôpital de fortune creusé dans le roc. C'est ici que se faisaient soigner les Viet Ninh pendant la guerre. Il faut maintenant retourner au point de départ, j'ai fortement l'impression que l'on est perdu, mais de canaux en canaux nous avançons vers le port. Les femmes qui promènent les touristes sur le site sont très peu payées. Aussi, bien avant d'arriver au port, elles sortent un attirail de broderies et d'objets divers, même des perles et des pierres semi-précieuses pour se faire un peu d'argent. Si le touriste n'achète rien, avant même de se retrouver à quai elles réclament un pourboire qu'elles méritent bien. Une fois les pieds sur terre et après un rafraichissement bienvenu nous regagnons Hanoï pour nous préparer avant le spectacle de ce soir que Georges nous a négocié. Nous avons dîné dans les ruelles du vieil Hanoï juste après avoir fait une cure de bière "Bia Oï", une sorte de bière fermentée servie avec de la petite friture. Le théâtre où se déroule tous les soirs le spectacle de marionnettes sur l'eau est tout près du petit lac de Hoan Kiem sur lequel se trouve un petit îlot.  On peut se promener sur cet îlot en enjambant le ravissant petit pont japonais peint de rouge et d'or. Pour pénétrer dans le théâtre c'est un peu l'anarchie, chacun veut la meilleure place au risque de se faire piétiner. Le spectacle est sublime et passionnant, il s’agît de tableaux typiques de la culture vietnamienne, il se compose d'évocations de scènes de vie quotidienne et de légendes. Le spectacle est très divertissant, les marionnettes sont drôles et gracieuses et l'eau met merveilleusement l'intrigue en valeur. La troupe qui a monté ce spectacle insolite se produit dans toutes les capitales du Monde. Soirée culturelle terminée nous regagnons à pied l'hôtel Ho Guom, et c'est là que nous nous sommes rendus compte du trafic si intense dans la ville un enchevêtrement de deux roues avec et sans moteurs et quelques voitures. Traverser une grande artère relève parfois de l'exploit tellement le flux est dense et incessant. Nous sommes parvenus à regagner notre hôtel et demain nous découvrirons Hanoï avant de prendre le train de nuit pour le nord du Vietnam.

Jeudi 19 novembre, cette journée nous allons la passer avec Georges à découvrir en profondeur les places fortes de la capitale du Nord Vietnam au charme rétro. Pour profiter au maximum de la ville il faut beaucoup marcher. Le lieu de pèlerinage le plus vénéré du Vietnam est le mausolée de Ho Chi Ninh, un monument rébarbatif parfaitement carré et sans charme. Pour aller voir l'oncle Ho dans son cercueil de verre ce n'est pas une mince affaire, Georges nous avait averti ! Sur l'esplanade qui mène à l'entrée nous croisons des dizaines de gardes présents pour faire respecter les règles qui s'imposent. Il faut se débarrasser des sacs et des appareils photos, avancer à la queue leu leu durant tout le trajet et lorsque l'on se trouve à l'intérieur pour contourner le cercueil il faut avancer les bras et mains le long du corps et surtout ne pas parler. Ce bâtiment a été érigé entre 1973 et 1975. Plus charmant, à quelques enjambées du mausolée de Ho Chi Minh, l'empereur Ly Thai Tong qui régnât de 1028 à1954 fit édifier la Pagode au pilier unique. Affligé de ne pas avoir de descendance l'empereur rêva que Quan The Am, déesse de la miséricorde assise sur une fleur de lotus lui tendait un enfant mâle. Peu après Ly Thai Tong épousa une jeune paysanne qui lui donnât un fils. En témoignage de sa gratitude, il fit ériger cette pagode en 1049. La pagode dans un joli pars arboré se dresse sur un pilier unique de un mètre de diamètre au milieu d'un grand bassin. La pagode n'est pas très haute, elle est construite entièrement en bois, on y accède en grimpant un escalier en maçonnerie d'une vingtaine de marches. Consacré au culte de Confucius et aux lettrés, dans un véritable havre de paix nous avons découvert le temple de la littérature. Ici fut inaugurée en 1076 la première université du Vietnam destinée à l'instruction des fils des Mandarins. Avant d'aller déjeuner nous sommes allé faire un tour au temple de Quan Thanh et à la pagode Tran Quoc. Dans un site ombragé nous avons traversé des parterres de verdure, longé des bassins immenses, franchis de nombreuses portes pour accéder à l'intérieur de la pagode où se trouvent de nombreuses statuettes, des autels à offrandes, des poteries chinoises, des masques horribles et des instruments de musique. Nous avons rencontré un groupe de six étudiantes avec qui nous avons perfectionné notre anglais et fait un bout de visite ensemble. L'heure est venue pour aller déjeuner rapidement avant d'aller visiter le merveilleux musée de l'ethnographie, le fruit d'une coopération franco-vietnamienne. Sur la pelouse des jardins du parc deux jeunes mariés posaient pour les photographes, nous en avons aussi profité. Et puis nous nous sommes rapprochés de notre hôtel en mettant les pieds sur la petite île du lac Hoan Kiem et Ngoc et profiter de l'heure dont nous disposions pour faire un tour de cyclo-pousse dans le vieux quartier des corporations, l'un des plus fascinant quartier de Hanoï avec notamment la célèbre rue des soie (Hang Caï) et d'aller nous équiper de vêtements plus chauds, car le froid persiste surtout le soir. De plus, sachant que demain nous nous trouverons dans le nord du pays où la température est encore plus basse qu'à Hanoï nous nous sommes acheté un K-way, un anorak, un pantalon d'hiver et des chaussures montantes chaudes. Maintenant vite à l'hôtel pour récupérer nos bagages et aller à la rencontre de Georges qui doit nous emmener à la gare ferroviaire de Hanoï. Ce soir dîner au lance pierres !  Georges est à l'heure pour notre transfert à la Gare, grâce à lui nous avons évité de faire une longue queue pour obtenir les billets, et comme nous avons été vite servis nous avons pu sans nous presser tirer derrière nous nos valises en traversant 8 voies de chemin de fer pour atteindre notre train de nuit "Tulico" de grand confort en compartiment couchettes de catégorie supérieure. Pour votre information allez sur: http://www.hanoivoyage.com/transport-ferroviaire/ Nos cabines sont climatisées, le décor très soigné avec de petites lampes de chevet et des cloisons en bois verni, le couchage est douillet et confortable, l'entretien est  irréprochable. Tous les ingrédients pour passer une bonne nuit. De plus le petit déjeuner est inclus.

VENDREDI 20 NOVEMBRE: Sapa - Cat Cat - Sin Chai - Thac Bac.

Le train couchette qui avait quitté Hanoï hier soir à 21 h 45 vient d'arriver aujourd'hui vendredi 20 à la minuscule gare de Lao Caï à 6 h du matin. Nous avons tellement bien dormi que nous sommes tous en pleine forme. Lao Caï est la ville la plus au nord du Vietnam à la frontière de la province du Yunnan en Chine. Il fait terriblement froid ce matin, un épais crachin couvre toute la région, heureusement que nous nous sommes bien équipés avant notre départ d'Hanoï. Pour aller à Sapa un mini bus privé est venu nous récupérer à la descente du train et après une heure et demi de route nous voici à Sapa où nous nous sommes rendus à "Holiday Hôtel" occuper notre chambre de catégorie standard. Un très grand hôtel bien tenu avec des chambres et salles de bain spacieuses et un personnel très convivial. L'hôtel n'est chauffé qu'une partie de la journée, les couloirs et les chambres sont glacés. Dans le grand hall il y a plusieurs poêles à bois qui dégagent tellement de fumée que les yeux nous en pleurent, c'est ce qui est le plus désagréable.

Sapa est une station d'altitude fondée par les français au début du siècle dernier. Sapa abrite plus de 30 minorités ethniques et possède le plus haut sommet du Vietnam, le Mont Fansipan qui culmine à 3143 mètres d'altitude. L'environnement est spectaculaire, nous allons prendre beaucoup de plaisir durant les quelques jours que nous allons passer ici, nous allons profiter au maximum de tout ce qui s'offre à nous. Après les formalités et un petit déjeuner copieux nous nous rendons dans une salle où nous attend Georges pour nous expliquer le déroulement de notre séjour ici. Concernant les trekkings, pour de bons marcheurs il est possible d'entreprendre des randonnées de 10 à 12 kilomètres par jour, mais d'autres treks de 4 à 5 kilomètres par jour sont réalisables par de moins bons marcheurs avec la possibilité à tout moment d'être repris par un véhicule. Aujourd'hui pour notre premier petit trek nous avons décidé de nous rendre à Cat Cat et à Shin Chai, deux villages hmong. Un trek magnifique de 7 à 8 kilomètres aller retour. La descente est dangereuse, des dalles de pierres polies par l'érosion sont extrêmement glissantes, heureusement que nous avions acheté de confortables chaussures de marche. Durant toute la descente nous avons fait de nombreuses haltes tellement les scènes de vie locale nous ont passionné. Des vieillards rangent le bois de chauffage le long des murs de leurs habitations, les plus jeunes récupèrent des pierres plates pour améliorer le confort de leurs pas de porte. De tout petits enfants se donnent la main et marchent longuement pour regagner leurs maisons. Les maisons sont sommaires, toutes sur pilotis pour être protégées des importantes coulées d'eau ou de boue, les toitures sont généralement en tôles ondulées. Nous avons fait un bout de chemin avec des familles qui chaque jours empruntent ce même trajet pour se rendre au marché de Sapa. Les enfants avec des bottes en plastique bien souvent plus grandes que leur taille se régalent à patauger dans l'eau, ils jouent dans les nombreux caniveaux avec des bambous taillés en forme de pirogues. Les tout petits restent à la maison et nous observent du haut des balcons bien souvent sans rambardes. Tout en bas au bout de cette randonnée se trouve une magnifique cascade débordante d'eau car les dernières pluies de la veille l'ont alimentée, la puissance de la chûte forme des embruns et il faut éviter de trop s'y approcher. Vers la moitié du trajet retour nous traversons une petite route délabrée, et ici des jeunes avec des motos proposent leur service aux randonneurs essoufflés, moyennant une poignée de dongs ont peut se faire remonter à Sapa. Pour le fun j'ai fait ce choix et j'avoue que le trajet est une véritable épreuve.

Au sommet de la côte je me fais déposer pour observer tout en bas mes amis faire péniblement le dernier kilomètre. Une fois ce mini trek bouclé, nous sommes allé en tuk tuk à Thac Bac pour y voir les plantations des herbes qui servent à obtenir le liquide bleu indigo qui sert à colorer les tissus. Un bleue très foncé à la sortie du bain mais qui s'éclairci peu à peu. Des dizaines de draps et tissus divers reposent sur les barrières en bambous qui longent les propriétés. A Thac Bac des petit enfants nous ont accompagné tout au long de notre visite, nous avons même joué au ballon ensemble. Il continue à faire un épais crachin, tout le monde possède un parapluie, quant à nous qui n'avions rien prévu nous sommes obligé de presser le pas pour atteindre le véhicule qui nous a déposé au pied de notre hôtel. Avant d'aller dîner en ville nous nous sommes délassés un instant à l'hôtel. André nous a invité dans sa chambre pour nous servir un Pastis 51, André avait tout prévu et nous avons apprécié cet apéro surprise. A l'issue du dîner, personne ne s'est fait prier pour rentrer à l'hôtel Holiday et regagner le lit de sa chambre froide. Fort heureusement les lits de cet hôtel sont équipés d'une pellicule chauffante située sous les matelas et c'est fort agréable de se jeter dans les draps. Demain le lever sera tôt car nous attaquerons le trek de 3 jours dans les rizières.

Ce matin nous avons prévu l'équipement pour le trek de 3 jours que nous allons faire au cœur des rizières. Après le petit déjeuner nous attendons Georges qui ne tarde pas à arriver et qui s'empresse de contrôler si nous n'avons rien oublié. Devant le parvis de l'hôtel des femmes et des enfants de minorités ethniques essaient de nous persuader que nous aurons besoin d'aide durant la marche et nous proposent leur service. Elles sont une trentaine, il y a des hmong, des Giay, des Dzao.... et tous les matins elles attendent la sortie des hôtels. Chacun d'entre nous choisis une compagne de marche et nous voila partis sur l'asphalte. C'est après avoir parcouru un kilomètre sur la route que nous amorçons le sentier qui plonge à pic vers les rizières en étages. Et là, commencent les difficultés. Le sentier est boueux, sablonneux, trempé et rocailleux. Pour éviter les glissades un bonhomme au départ du sentier vend des piquets de bois en guise de cannes, il nous parait utile de s'en procurer un. Chacun achète son piquet de bois, sauf moi qui ne veut pas m'embarrasser les mains pour être plus à l'aise pour photographier et filmer nos exploits. Le sentier est de plus en plus raviné, ce sont les fortes pluies des quatre derniers jours qui les ont rendus dans cet état. Nous avançons prudemment et nos compagnes de trajet nous tiennent parfois par le bras pour nous aider, elles nous font voir où il faut mettre les pieds pour ne pas glisser. Elles ne sont pas équipées comme nous, elles descendent en tongs alors que nous, nous avons de la difficulté  avec nos bonnes godasses. Maintenant nous sommes sur une partie plane mais le sentier ne fait que 40 centimètres de large. Sur la gauche une rizière, sur la droite une rizière, il ne faut pas se louper au risque de s'enfoncer jusqu'aux cuisses. Nos compagnes de marche sont à l'aise et se moquent gentiment de nous, elles nous donnent des consignes mais nous ne comprenons pas un mot de ce qu'elles nous racontent. Il nous reste encore une quinzaine de rizières à contourner, tout en bas on aperçoit le petit village de Lao Chai, le village de minorité hmong noir dans lequel nous passerons une bonne heure pour nous rendre compte des conditions de vie de ses habitants. L'humidité et le crachin de ce matin s'estompe lentement, les rayons du soleil apparaissent pour découvrir un merveilleux paysage. En contre bas des hommes de l'eau jusqu'aux cuisses dans les rizières labourent à l'araire tirée par des bœufs. Encore deux kilomètres et encore un passage très difficile et extrêmement glissant, Eva, André et Bimbo se sont retrouvés les fesses dans la boue. Nous sommes près du but le sentier s'élargit et nous voilà près du lit de la rivière où des enfants viennent à notre rencontre pour nous guider jusqu'au village, se sont les enfants de notre famille d'accueil. Une des femmes qui a fait le bout de chemin avec nous portait sur son dos son bébé entortillé dans de longues écharpes colorées. Le bébé a dormi durant tout le trajet malgré les situations difficiles, et là, subitement il se met à chialer, il doit avoir faim. Le village qui nous accueille s'appelle Ta Van et c'est ici que nous allons passer une bonne soirée. Nous aussi nous avons la fringale, mais avant il faut que nous nous installions. Georges nous présente toute la composante de notre famille d'accueil, ils sont nombreux, hommes femmes et enfants ravis de nous accueillir. Le bas de la bicoque est en briques et béton, la partie haute en bois, en bas se trouve une grande pièce qui sert de cuisine, il n'y a pas d'appareils ménagers, la cuisine se fait au feu de bois à même le sol sur la terre battue. Notre dortoir est à l'étage, il est équipé de matelas très épais posés sur le plancher et il ne manque pas de couvertures très chaudes. Pour notre toilette personnelle il y a une petite douche accolée au bâtiment, l'eau chaude n'existe pas car durant une longue période de l'année elle est tiède naturellement. Lorsque le soleil se cache derrière les montagnes, la température baisse brusquement et la polaire est de rigueur. Avant d'aller donner un coup de main à préparer le dîner j'en profite pour aller décrouter mes chaussures et brosser mon pantalon recouvert de boue. La préparation du repas a durée deux heures, nous avons tous contribué à aller ramasser des bambous pour confectionner le foyer, à nettoyer les légumes et les découper, à émincer les viandes pour confectionner les nems et nous avons préparé la crème qui reposera toute la nuit et servira à faire les pancakes pour le petit déjeuner de demain. Nous étions 14 à table, toute la proche famille et les enfants, une multitude de petits plats ont déferlés sur la table pour le plaisir de nos papilles. Le repas s'est terminé par le digestif, cette espèce d'alcool de riz pas très bon à mon goût et très poussé en degrés. Après cette longue journée chargée en plaisirs et en émotion nous ne nous sommes pas fait prier pour aller sous nos couettes et plonger dans un profond sommeil. Bien avant le chant du coq j'ai entendu du bruit qui venait d'en bas, un chien errant à pénétré dans la cuisine pour tenter de dérober quelques restes de la veille. J'en ai profité pour aller tourner la pâte à crêpes et à réactiver le foyer où les braises de hier soir étaient encore fumantes. Tout le monde s'est levé tôt pour le petit déjeuner gargantuesque. Dehors la brume matinale et l'épais brouillard cachaient les rizières, le temps de terminer le festin le ciel s'était dégagé et je suis resté longuement assis sur les marches de la terrasse pour admirer ce paysage comme j'ai rarement vu. Ici les gens vivent heureux et très simplement malgré les heures qu'ils passent à travailler dans de dures conditions, ils sont toujours les pieds dans l'eau pour le repiquage et la récolte du riz. La région est propice à la culture, il y a trois à quatre récoltes par an et n'ont pas le temps de s'ennuyer. De plus chacun a son petit lopin de terre pour produire ses légumes et élever des poulets des porcs et des canards. Il est grand temps maintenant de rassembler nos affaires et d’enfiler nos chaussures encore humide pour reprendre notre marche pour nous rendre à Giang Ta Chaï. Aujourd'hui il nous faut grimper plus d'un kilomètre pour arriver dans la forêt de bambous. La zone dans laquelle nous nous trouvons est occupée par un grand nombre de Dzao Rouge. Ici aussi nous avons partagé notre randonnée avec les femmes et les enfants. Les Dzao rouge portent une large coiffe rouge enturbannée et des vêtements très colorés, un mélange de bleue turquoise de noir et de jaune orangé. Les femmes  Dzao portent aussi des pantalons bouffants généralement noirs brodés de blanc à la hauteur des chevilles. Elles marchent très rapidement et ont toujours le sourire, les enfants sont éveillés et joueurs. Nous passons vraiment de bons moments à leur côté. Dommage que ces instants inoubliables et attachants ne dureront que le temps d'une journée. Il faut se faire une raison et demain nous les retrouverons au marché de Sapa. A quelque deux cents mètres du village de Ban Ho à l’abord d'une habitation sommaire un enfant  s'est coupé le doigt en jouant avec une machette. Fort heureusement Georges avait dans son sac de quoi lui donner les premiers soins avant qu'il soit acheminé à dos d'homme à la piste en amont de Ban Ho où une jeep l'a pris en charge pour l'emmener à l'hôpital de Sapa. Aujourd'hui Jean Claude n'est plus très jovial comme il a l'habitude de l'être, c'est peut être la vue du sang et la souffrance de l'enfant qui l'ont affectés ou alors c'est l'alcool de riz qu'il a ingurgité hier qui fait ses effet. En attendant, il a beaucoup de mal à grimper ce dernier kilomètre pour atteindre la piste où un véhicule 4x4 doit nous récupérer pour rejoindre Sapa. Les secousses de la piste défoncée n'ont pas arrangé les choses, Jean Claude ressent des douleurs vives dans le bas ventre. Arrivé à l'hôtel nous regagnons nos chambres respectives, Jean Claude est toujours souffrant. Nous décidons donc de le faire évacuer  à l'hôpital. Un employé de l'hôtel propose de l'emmener à moto, mais nous refusons catégoriquement. Nous avons eu du mal à trouver un véhicule, mais avec l'aide des réceptionnistes de l'hôtel nous y sommes parvenus. Un mini bus à été mis à notre disposition et le voilà parti avec Marie Jeanne et Jean Paul. Quant à moi je resterai avec André, Viviane et Eva pour aller dîner dans un petit restaurant situé juste en face l'hôtel et nous attendrons le verdict du médecin. La nuit gagne Sapa, il fait froid il est près de 22 heures et les voilà de retour, Jean Claude à eu droit à un scanner qui a décelé un problème de vésicule. Il fallait s'y attendre car déjà quelques mois avant son départ de Grasse le docteur l'avait mis en garde par rapport à des antécédents concernant sa vésicule biliaire. Bon ! Demain Jean Claude restera au chaud à l'hôtel et nous, nous irons sur le Mont Ham Rong non loin de Sapa. Il nous reste deux journées avant de regagner Hanoï, nous allons monter au Mont Ham Rong aujourd’hui et demain nous resterons à Sapa car ce sera le jour de marché. Jean Claude à passé une bonne nuit, les calmants y sont pour quelque chose, il faudra cependant qu'il fasse attention à ce qu'il mange. Pour ne pas faire une trop longue marche un taxi nous a conduits à l'amorce du sentier pédestre où il y a beaucoup de monde qui attend les minibus, les 4x4 et les Jeep, ici c'est le lieu de rencontre des peuples ethniques qui attendent des moyens de transport pour regagner leurs villages isolés. Des femmes et des gamines de six ans à sept ans sont chargées comme des mulets, elles remontent des champs avec sur le dos des hottes surchargées de longs bambous, elles déposent ces bambous et redescendent en récupérer d'autres. Le long des escaliers de pierres qui montent au sommet du mont il y a une multitude de petits stands qui proposent de la victuaille et des boissons. Le sommet du mont Ham Rong est un vaste plateau où fourmillent d'admirables jardins de fleurs disposés entre des sortes de menhirs couleur gris foncé. En grimpant quelques marches abrupte nous nous trouvons au point de vue d'où l'on peut admirer tout l'environnement. En bas on aperçoit Sapa toute petite, les toitures de notre hôtel et celles de l'hôpital où est passé Jean Claude hier soir. En face, à hauteur des yeux une grande chaîne de montagne cache le mont Fansipan et plus à l'ouest une colline est surmontée d'un immense rocher qui représente parfaitement la tête d'un dauphin, franchement la grimpette en vaut la chandelle. Sans trop tarder nous regagnons l'hôtel pour retrouver Jean Claude qui semble en pleine forme. Durant toute la journée il a été bichonné par les hôtesses d'accueil de l'hôtel, elles lui ont porté ses médicaments, l'ont nourri avec du riz blanc. Il s'est bien reposé sur la petite terrasse qui jouxte la véranda de sa chambre. Demain nous resterons à Sapa car ce sera le jour du marché. 

Nous nous sommes levés plus tard ce matin et avons trainé au petit déjeuner. Jean Claude va mieux et il viendra avec nous au marché. Il fait un temps admirable et ensoleillé, l'ambiance est à son maximum sur le grand parking de Sapa où une multitude de peuplades venues de tous les villages environnants viennent faire leurs emplettes, les femmes portent leurs plus beaux costumes, les jeunes filles et les jeunes garçons en quête de trouver un fiancé ou une fiancée sont merveilleusement vêtus. Pour éviter toute confusion, les filles mariées portent une sorte de bavoir très voyant et très décoratif autour de leur cou. Depuis très tôt ce matin les commerçants ont chargé leurs bancs, des poulets plumés et des pièces de porcs sont entassés sur les tables. Des montagnes de champignons de toutes les tailles et de toutes les couleurs sont disposées sur des bâches à même le sol. Un immense barbecue dégage les bonnes senteurs des poulets grillés, des brochettes de porc et de poisson. Un autre moins imposant cuit les maïs, les œufs et les châtaignes. Pas besoin d'aller au restaurant ce midi, ici l'on peut goûter à tout et tout est excellent. Il y a aussi le coin aux épices et là aussi ça sent bon. Un coiffeur est installé dans les escaliers qui mènent dans le grand hall, il n'est pas très équipé, mais une chaise, un peigne, un ciseau et un petit miroir suffisent. Il a un succès fou, les gens font la queue et attendent leur tour pour se faire faire une beauté. Dans le grand hall des dizaines de femmes devant leurs machines à coudre confectionnent  des robes resplendissantes, des nappes merveilleusement décorées. J'ai longuement attendu mais je me suis fait confectionner le cadeau pour ma maman, une superbe nappe aux dimensions de sa table de salle à manger. Nous ne traînons plus maintenant, il nous faut préparer nos valises pour notre retour dans quelques heures à la gare ferroviaire de Lao Caï pour ne pas rater notre train de nuit pour Hanoï. Même confort qu'à l'aller et bien fatigués de notre séjour à Sapa nous avons vite sombré dans un profond sommeil.

Retour à Hanoï.

Ce matin, mardi 24 novembre à l'aube, nous avons retrouvé l'hôtel Huo Gom du vieil Hanoï. Dès que nous avons fini de nous installer, et vu que nous avons tous passés une excellente nuit, nous sommes fin prêts pour une escapade d'une journée dans les proches environs de Hanoï. Le minibus que nous a commandé Georges nous emmène à l'entrée de Dong Ho et nous partons à pieds au village des peintres où nous avons tous participé aux travaux de l'artiste peintre local. Nous avons enchaîné par une agréable ballade à travers la campagne tonquinoise pour atteindre la ravissante pagode de But Thap. La petite bourgade de But Thap doit sa réputation aux poteries et pour agrémenter notre journée nous nous sommes fait acheminer au cœur du village par un char tiré par un robuste buffle. Les poteries de But Thap sont merveilleusement décorées de style chinois, certaines mesurent jusqu'à 2 mètres de haut. La fin de l'après midi nous l'avons consacrée à la visite du village de Quan Ho, sans trop d'intérêt, et du village de Ding Bang qui bénéficie du magnifique temple de Do et renferme des figurines de marbre et de jade. Nous nous sommes arrêtés pour dîner dans un restaurant très classe avant de regagner Hanoï et l'hôtel Huo Gom. De main nous resterons à Hanoï car la ville est étendue et nous n'avons pas encore tout vu.

Aujourd'hui nous restons à Hanoï pour traverser une fois de plus le charmant et romantique pont de Hoan Kiem pour y faire la traditionnelle photo souvenir. Ensuite nous avons marché sans nous soucier de l'endroit où nous allions atterrir, parfois ça a un intérêt, ça nous a permis de rencontrer la population locale, de découvrir des lieux où peu de touristes n'ont l'habitude de se rendre. Nous avons pu mesurer à quel point le vélo fait partie de la vie locale dans cette ville. Les vélos sont équipés différemment selon ce que les habitants ont à transporter. Certains sont montés de très gros portes bagages en fer pour pouvoir charger jusqu'à 50 ou 60 kilos de fruits, d'autres ont des portes bagages circulaires en osier pour recevoir des fleurs, certains sont équipés de gros bidons en plastique dans lesquels ont peut introduire tout ce que l'on veut, un autre dispose d'un plateau de plus de un mètre carré qui sert d'étalage des marchandises pour aller au marché. Tiens ! À l'angle de la rue une dame vend des baguettes de pain à la française quelle se procure chez le boulanger. Nous sommes maintenant dans le quartier des corporations où se trouvent des dizaines de ruelles: la rue du cuir, la rue du métal, la rue des épices, la rue des plaques funéraires, la rue des tissus, la rue des chaussures, la rue des orfèvres........ Avant d'aller dîner Viviane et André sont allé acheter un magnifique sac de voyage rouge. Partout dans les ruelles des femmes font la cuisine assises sur de petit tabouret, on trouve de tout: omelettes, poulet grillé, diverses salades, poisson frit, tofu, tripes, soupes..... C’est mieux que la carte des restaurants ! Nous avons préféré un restaurant qui a la réputation de faire les meilleures nouilles de la ville, nous n'avons pas été déçus. Demain nous nous trouverons dans l'incontournable Baie d'Along.

Centre Vietnam , baie Along.

Aujourd'hui nous sommes le 25 novembre, nous allons quitter le nord Vietnam pour descendre  plus au sud et découvrir la baie d'Along en transitant par Haïphong. Pour aller dans la baie il nous faut prendre une jonque au port de Along city. Notre jonque privée nommée "Anh Duong" est une jonque de qualité supérieure en bois de teck construite à l'identique des jonques traditionnelles. Ce n'est pas une mince affaire pour embarquer tellement le trafic des bateaux de tous genres est dense. Pour mettre les pieds sur notre jonque il faut traverser plusieurs autres jonques alignées les unes contre les autres. Nous y voilà, chacun de nous va s'installer dans sa cabine privée puis grimpe sur le pont supérieur pour assister au départ. La baie d'Along compte 1969 îlots qui baignent dans la turquoise mer de Chine. La baie a été reconnue comme "beauté naturelle" et classée au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO depuis 1994. Along signifie "descente du dragon". Selon la légende, un dragon serait descendu dans la baie pour domestiquer les courants marins. Avec les violents mouvements de sa queue, il entailla profondément la montagne, puis il plongea dans la mer. Le niveau de l'eau monta, ne laissant apparaître que les plus hauts sommets. Ca y est, nous nous laissons maintenant bercer par la brise pour découvrir le charme infini de la baie. La jonque avance lentement et longe les villages flottants exclusivement habités par des pêcheurs, parfois elle s'arrête pour nous inviter à descendre et partager un moment avec les familles qui vivent ici où même pour acheter du poisson. Pas besoin de faire nos emplettes car ce soir nous dînerons sur notre jonque privée. Mais en attendant le dîner la jonque commence à s'enfoncer dans les pains de sucre qui se font nombreux maintenant. L'éclairage naturel n'est pas terrible, très souvent la baie d'Along est dans la brume, il faut vraiment choisir le bon moment de l'année pour la voir découverte. Mais pas d'importance, le manque d'éclairage lui donne un aspect étrange et mystérieux. Les pains de sucre sont de plus en plus proches les uns des autres et on commence à découvrir une grande concentration de bateaux. D'autres jonques chargées de touristes sont amarrée à un long ponton sur pilotis pour permettre aux passagers de descendre à quai et entamer une série d'escaliers pour atteindre une grotte bondée de monde et sans gros intérêt. Que de temps perdu ! Le ciel s'assombrit et le capitaine cherche une crique pour jeter l'ancre car c'est bientôt l'heure de l'apéritif. Comble de bonheur, ce soir c'est l'anniversaire d'André, il commande deux bouteilles de vin, un vin français du bordelais et un vin Viet de Dalat. Le vin de Bordeaux qui reste en permanence sur la jonque et qui est très mal conservé n'a rien à envier au Dalat qui est excellent. Quant au repas rien à dire sinon que les fruits de mer qui nous ont été servis par l'équipage attentionné étaient de qualité et le service soigné. Avant de rejoindre nos cabines nous sommes restés un long moment sur le pont supérieur à rêver en admirant ce décor inhabituel et angoissant. Alors que tout le monde à regagné le lit douillet de sa cabine je suis resté encore plus d'une heure rêvasser à penser à tout ce que nous avons vécu depuis notre entrée au Vietnam, à me remémorer les bons moments passés dans les rizières du nord, à me replonger dans le Hanoï profond et à penser que nous avons encore beaucoup à faire plus au sud.

A cinq heures du matin je m'équipe chaudement pour monter  sur le pont et tenter d'assister au lever du soleil entre les pains de sucre. Une barque est déjà en train de ramasser les détritus flottants que les touristes irresponsables jettent dans les eaux verdâtres. J'ai le sentiment que la brume épaisse qui couronne les rochers va s'estomper et que notre journée jusqu'à Cat Cat sera magnifique. Une bonne odeur de pain grillé monte des cuisines et je ne me fais pas prié pour descendre rejoindre mes amis. Avant que la jonque ne lève l'ancre une petite embarcation se rapproche de nous, une dame monte à bord chargée de sacs et nous déballe une dizaine de boites remplies de pierres semi-précieuses, de colliers et de bracelets en perles de culture blanches et noires, une admirable panoplie qui fait craquer Marie Jeanne et Viviane. Aussitôt que la dame à tout rangé et descendue dans sa barque, la jonque lève l'ancre. C'est le moment magique où le soleil fait lentement son apparition derrière les pains de sucre, la mer ressemble à un lac qui passe de couleur pourpre à orangée et argentée au moment ou nous sortons de la crique. Nous allons entamer notre mini croisière. Nous sommes loin de tout rivage et nous décidons pour nous relaxer ou pour bouquiner sur le pont. Quant à moi j'en profite pour mettre un peu d'ordre dans mes notes. Nous voici à nouveau au beau milieu d'un village de pêcheurs, celui ci est immense et plein de vie, toutes les maisons flottantes sont d'un bleue turquoise qui tranche devant les falaises vertes et grises des pics rocheux. Au loin on aperçoit l'île de Dau Nguoi et tout à côté celle de Con Coc. Avant de nous y rendre avec des canoës kayak, la jonque va accoster dans la baie de Tu Long pour visiter une grotte. Chacun de nous grimpe sur son canoë, le départ est difficile mais très rapidement nous arrivons bien à le maitriser. La plage de sable blanc que l'on apercevait au loin nous semblait tout à coté, mais non ! Nous sommes à contre courant et avons du mal à avancer. Il faut pourtant arriver au but pour un bain bien mérité. La température de l'eau frise les 30 degrés, aussi nous profitons au maximum de ce court instant de délassement. L'île est infestée de singes agressifs, il vaut mieux rester à l'eau. Le retour s'est mieux passé que l'aller mais je crois bien que demain nous aurons quelques courbatures. La Jonque vient nous récupérer et il est maintenant temps de regagner le port de Along city. Le minibus est à l'heure, il nous reste maintenant à prendre la route pour regagner Hanoï, dîner et aller faire dodo.

Plus au sud Hué et Hoï An

Ce matin très tôt à la descente du train le guide chargé de nous accompagner durant notre séjour sur Hué et Hoï An est bien présent, nous avons décidé de l'appeler Georges 2. En attendant que les chambres soient libérées nos bagages ont été rangés dans une chambre déjà libre. Nous avons eu le temps d'aller prendre un petit déjeuner sans nous presser et Georges 2 nous à accompagné au "Sport Hôtel où nous resterons 3 nuits. Une fois bien installés, sans plus attendre nous sommes allés découvrir un tout petit village tout près de Hue, spécialisé dans la fabrication des bâtons d'encens obtenu à partir de substances végétales. De longues baguettes de bambous se déploient au soleil afin que la Pâte sèche. Les filles, du matin au soir, roulent la pâte colorée autour des bâtonnets. Ici une senteur permanente suave et envoutante flotte dans l'air. Tout à coté se trouve le village de Phu Cam spécialisé dans la fabrication des célèbres chapeaux coniques avec notamment le "chapeau à poèmes". Avant de rejoindre l'hôtel nous avons fait une  promenade pour trouver le marché de Don Ba et le collège national de HC au bout de l'artère principal de Hué, appelé Le Loï. Hue représente l'un des principaux centres culturels, religieux et d'enseignement du pays, il a fallu attendre 1990 pour que les autorités locales prennent conscience du potentiel touristique de la cité. La ville s'étend de part et d'autre de la rivière des parfums. Sur la rive nord se trouve la citadelle entourée de douves sur un périmètre de dix kilomètres. Ses remparts s'inspirent des fortifications de Vauban. A l'intérieur une grande partie est vouée à l'agriculture. Pour pouvoir pénétrer nous nous sommes acquittés de 55 000 dongs au guichet destiné aux touristes, près de la porte de Ngo Mon surmontée des cinq phénix. Nous avons beaucoup marché pour ne rien louper des magnifiques palais, des résidences, des temples, des musées, dont celui de Ho Chi Ninh. Au cœur de la citadelle nous n'avons pas oublié la cité pourpre interdite qui était réservée uniquement à l'usage personnel de l'empereur. Cette cité ne pouvait accueillir que les eunuques, lesquels ne menaçaient en rien la vertu des concubines royales. Elle renferme aussi la bibliothèque impériale et les fondations du théâtre royal. La visite nous a pris beaucoup de temps et nous avons encore bien d'autres visites à faire. Après un déjeuner à la sauvette nous nous sommes rendus au tombeau de l'empereur Minh Mand qui régna de 1820 à 1840 et au tombeau de l'empereur Tu Duc. Pour rejoindre notre minibus nous avons longuement marché en longeant un camp de réfugiés. Des gamines derrière les barbelés pour récolter un peu d'argent, nous ont vendues des bananes. Il est temps de rentrer car nous sommes épuisés tellement nous avons fait des kilomètres sans nous en rendre compte. Après le dîner sur Le Loï nous sommes vite rentrés.

Aujourd'hui lundi 30 novembre nous allons visiter une des plus anciennes et des plus belles constructions religieuse de Hué, la pagode Thien Mu. Pour nous y rendre Georges 2 nous propose d'y aller en sampan par la célèbre rivière des parfums. La pagode Thin Mu rend hommage  aux empereurs Nguyen. Son sanctuaire et ses annexes furent érigés en 1821. Les superbes structures en bois ont été restaurées en 1998. Un petit groupe de moines y réside encore. Quant aux tombeaux, ce sont des ensembles architecturaux composés de portes, de ponts, de templions, de petits parcs et de pièces d'eau. Cet après midi nous avons choisi d'aller sur la plage de Thuam An par la route. Nous étions les seul sur une plage déserte et sans perdre une seconde nous nous sommes jetés à l'eau. Jean Claude sans prendre de précautions en plongeant dans les rouleaux des vagues a perdu ses lunettes dans les flots, et impossible de les retrouver. Demain lorsque nous arriverons à Hoï An nous irons faire un tour chez un opticien. Nous sommes donc retournés à Sport Hôtel pour préparer nos bagages et dîner sur le Loi en face le pont métallique qui enjambe la rivière des parfums et avons assisté aux jeux de lumières. C'est par la route mandarine via le col des nuages que nous nous rendons à Hoï An. Nous avons traversé des paysages magnifiques avec plusieurs arrêts pour pouvoir admirer tout en bas la côte battue par de terribles vagues et un panorama à couper le souffle sur Danang et ses environs. Au loin se dessine la péninsule de Lang Co parsemée de villages de pêcheurs. C'est à plusieurs reprises que cette zone à été en partie dévastée par des raz de marée. Après une pose au sommet du col pour acheter quelques babioles sculptées dans le marbre nous avons entamé la descente sur Danang. Une dernière halte nous a permis de visiter une soierie nous avons suivis toutes les étapes de la fabrication des étoffes depuis la formation des cocons par les vers à soie jusqu'a la teinture des bobines et au tissage des robes, des foulards, des nappes, des cravates...... A l'issue d'un pique-nique improvisé nous avons franchis la montagne de marbre, appelée aussi "montagne des cinq collines", cinq collines portant chacune le nom d'un des éléments constituant notre planète, la montagne de l'eau, du fer, de la terre, du bois et du feu. Nous sommes allés découvrir des grottes abritant des divinités Bouddhistes et Taoïstes. Arrivé à Hoï An nous avons pris possession de nos chambres de catégorie supérieure dans le ravisant Hôtel  "Thuy Duong 3".

Ce matin nous allons consacrer quatre heures à flâner pour découvrir la vieille ville de Hoï An, avec ses maisons basses pleines de charme aux façades colorées et aux balcons de bois. Hoï An est un véritable musée vivant qui déborde de charme dans son cadre enchanteur. La ville est agréable pour les piétons car elle est fermée aux voitures et les hôtels sont distants du centre. Le patrimoine architectural de Hoï An est très riche, avec de nombreuses maisons de congrégation chinoises, des temples, des pagodes, des musées et ce charmant et célèbre petit pont couvert japonais. Il fut construit en 1593 par la communauté japonaise pour relier le quartier chinois situé sur l'autre rive. Il est de forme convexe et doté d'un toit pour que les citadins puissent s'abriter de la pluie ou du soleil. Pour terminer la matinée nous sommes allés visiter une fabrique de lanternes où nous avons construit nous même notre propre lanterne puis un atelier de calligraphie en relief sur bambou. Les artisans sont à la fois des calligraphes autant que des sculpteurs qui manient avec dextérité le ciseau à bois. L'après midi nous avons continué à explorer le charme de la ville et sommes allés en quête d'un restaurant pour aller dîner ce soir. Le restaurant que nous avons choisi tout près du pont japonais fut un bon choix tant les plats étaient raffinée, le personnel d'une extrême gentillesse et l’addition plus que raisonnable.

 Aujourd’hui jeudi 3 décembre est notre dernier jour à Hoï An. Nous avons décidé d'une journée libre à chacun pour ses occupations personnelles, profiter des plaisirs de la plage, aller au marché pour faire des emplettes et penser à acheter quelques souvenirs du Vietnam car nous n'aurons que peu de temps pour notre dernier jour à Hanoï, mais aussi, pour assister Jean Claude et Marie Jeanne pour négocier une paire de lunettes. La soirée nous nous sommes donné rendez-vous au Ba Le Well, le même restaurant où nous sommes régalés hier soir. Et puis retour au dodo au "Thuy Duong 3". Encore quelques heures à Hoï An ce matin avant de rejoindre l'hôtel pour récupérer nos affaires et rejoindre Georges 2 pour le transfert à l'aéroport de Danang. L'avion à décollé à 16 h 30 et nous sommes arrivés à Hanoï une heure plus tard pour retourner à "Ho Guom" hôtel.

Dernier passage à Hanoï avant le retour en Thaïlande.



Ce sera notre dernier passage et notre dernière journée à Hanoï avant de quitter la terre Viet, nous n'avons plus grand chose à explorer sinon de nous imprégner une dernière fois de toute l'activité qui règne dans cette ville. Tous les trottoirs sont occupés par des cantines ambulantes et tout le monde est bien organisé pour offrir le meilleur de leur cuisine. L'équipement est démentiel: bombonnes de gaz, réchauds, barbecues, des bocaux, des marmites démesurées où mijotent des ragoûts, des tabourets en plastique, il n'y a pas de tables, on pose son assiette sur les genoux. Su le trottoir d'en face, assis à même le sol le cordonnier répare les semelles usées, devant sa vitrine un homme confectionne des gerbes mortuaires, assise en tailleur une vieille dame écosse les petits pois. Le chausseur du coin occupe tout le passage par son étalage de chaussures d'occasion. Une jeune fille trie les poux sur le crane des enfants et des mémés. Sur l'esplanade du lac de Hoan Kiem en face le théâtre de marionnettes c'est le rendez vous des femmes enceintes, il y en a des dizaines en train de se faire photographier, il y a aussi beaucoup de personnes âgées qui font du footing. Sans faire du footing nous sommes partis pour contourner le tour complet du lac, nous avions estimé la distance à 3 kilomètres, mais nous avons couvert 6 kilomètres. Vite nous regagnons notre hôtel pour une douche bien méritée et ce soir nous irons dîner en ville. La nuit les piétons doivent se méfier, plus de la moitié des deux roues n'ont pas d'éclairage. Nous rasons les murs et nous nous nous arrêtons à une cantine de trottoir où les bonnes senteurs nous ont données l'eau à la bouche. Il n'y a pas de carte, je demande donc à nos voisins ce qu'ils ont dans l'assiette et qui me parait bien alléchant. Je commande le même plat et ingurgite alors du chien d'élevage très bien préparé, avec une sauce légèrement citronnée et pimentée, un vrai régal. Aucun de mes amis a voulu tenter l'expérience, tant pis pour eux.

Retour en Thaïlande : Bangkok

Samedi 5 décembre, à 6 h 30 nous voilà prêts pour notre transfert à l'aéroport de Hanoï. Notre vol FD 3701 est parti à 9 h 10 pour arriver à Bangkok à 11 h 10. A l'aéroport Savarnabumi nous avons sauté dans nos taxi pour rejoindre Taewez Guesthouse. Nous déjeunons à Taewez et enchaînons pour partir visiter le "Wat Benjanabipitr" ou Temple de marbre, situé à 15 minutes à pied de notre guesthouse. Le temple de marbre est construit avec du marbre de carrare et les tuiles vernissée viennent de chine. Il est superbe au milieu d'un grand jardin bien entretenu où coule un romantique canal parsemé de pont convexe rouge. Nous resterons dans le quartier pour ne pas tarder à rentrer et nous reposer un peu. Quant à moi je vais rejoindre Mimi au port de Thewet pour savoir quel sera son jour de congé. Nous voici donc de nouveau à Bangkok, passage obligé d'une journée car mes amis quitteront la Thaïlande demain. Nous sommes dimanche 6 décembre et chaque week end à Bangkok c'est le jour du week end market à Chatutchak. Chatutchak se trouve tout au nord de Bangkok et il est facile de s'y rendre depuis Taewez par le bus local N°3. On peut aussi y aller en SkyTrain jusqu'à la station Mochit. C'est parti ! Je suis obligé de donner quelques consignes à mes amis car il est courant de se perdre dans cet immense labyrinthe qui compte quelques 1800 échoppes. Les allées sont toutes les mêmes et ça grouille de monde. Notre point de repère c'est la Clock Tower qui se situe au centre du marché. Alors rendez vous à midi et bonnes emplettes à tous. Il fait très chaud et sans s'en rendre compte il faut beaucoup marcher et le temps passe vite. Il y a de tout dans ce marché: des souvenirs, des vêtements, des animaux, des ustensiles de cuisine, des fleurs, des bijoux de pacotille, et des mini restaurants et stands de boissons. Fort heureusement nous avons réussi à rester groupés et à l'heure du déjeuner nous sommes sortis du labyrinthe pour aller déguster quelques gambas au barbecue à l'autre bout du marché. Quatre heures à Chatutchak il faut les supporter, on en a tous un peu marre et vite nous sautons sur le bus N°3 pour regagner Taewez. Nous avons pas mal de temps pour nous relaxer avant ce soir où nous irons dans le grand parc se Sanam Luang où un grand rassemblement et une grande fête en l'honneur du Roi. Le Roi de Thaïlande est né un 5 décembre et chaque année le week en de sa naissance toute la Thaïlande est en furie, partout il y a des spectacles de danses classiques Thaï, des expositions retraçant la vie du monarque, des centaines de cantines de trottoirs qui proposent toutes les spécialités du pays. Aussi bien au Nord qu'au sud du pays à 22 heures tous les quartiers s'enflamment de feux d'artifices, un peu comme le 14 juillet chez nous. Ce soir à Sanam Luang nous avons eut du mal à trouver un endroit pour s'assoir en attendant le grand défilé sur la plus grande artère de Bangkok. On nous a distribué des cierges qui sont destinés à être allumés tous ensemble et tous au même moment lorsque la limousine royale passera. En attendant nous avons écouté de la musique lancinante et beaucoup communiqué avec les familles Thaï toutes présentes pour cet évènement. Au moment où le cortège des voitures de luxe vient de passer, tout le monde s'est levé et la procession à commencée dans un véritable bain de foule. Nous n'avons pas fait plus de 20 mètres et nous sommes sorties du milieu de la marée humaine pour regagner Taewez avant que le trafic soit bloqué.  

Ce matin encore la fête n'était pas terminée, devant notre guesthouse au moment du petit déjeuner des centaines d'étudiants de l'université défilaient accompagnés des ouvriers en tendant d'immenses drapeaux Thaï. Ce soir mes amis s'envoleront, je n'oublie pas de commander les deux taxis qui les accompagneront à l'aéroport. Nous avons consacré la fin de la matinée  et le début d'après midi pour les derniers achats de souvenirs à Kao San Road, Phatunam, et Chinatown. Il faut faire le point, dépenser le reste des thaï bahts car ils ne sont plus négociable en France. Bien souvent je rachète les restes d'argent car j'en ai besoin pour poursuivre mon séjour.  Mes amis ont dîné légèrement avant leur départ car ils auront un repas dans l'avion une heure après l'envol. Le vol N° OS026 d'Austrian Airlines a décollé à 23 h 55, ils arriveront à Nice à 10 h 45.

 

 

 

 

18 juillet 2015

ANNEE 2010 : THAÏLANDE - LAOS - CAMBODGE - THAÏLANDE

2010

 

THAÏLANDE - LAOS - CAMBODGE - THAÏLANDE

 

Groupe   (Thai-Laos-Cambodge-Thai)  12 pers

 

Robert / Joelle

Albert / Angèle

Jean Claude / Marie Jeanne

Gérard / Dolores

Mylène / Claude

Hélène

Bimbo

17 juillet 2015

ANNEE 2011 : THAÏLANDE

2011

THAÏLANDE

 

 

Groupe  (6 personnes ):   Thaïlande

Michel / Jackie

Jacqueline

José

Pierre

Bimbo

Inondations à Bangkok.

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RECITS DE MES VOYAGES EN ASIE DEPUIS 2002
  • Mes récits de voyages en Asie du Sud Est depuis 2001. Pays Visités: Thaïlande chaque année, Laos 3 fois, Cambodge 3 fois, Inde 2 fois, Népal 3 fois, Birmanie 2 fois, Malaisie 3 fois, Vietnam 2 fois.
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